Merci, madame.
Bonjour à tous.
[Traduction]
Mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de votre invitation.
Je suis heureux de pouvoir vous parler du mandat et des activités du Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement. Mes collègues et moi-même sommes reconnaissants de la confiance que vous nous témoignez, et nous attendons avec impatience l'occasion de relever les défis et de saisir les occasions qui se présenteront.
J'ai le plaisir de vous présenter Oriana Trombetti, ombudsman adjointe, qui a bien voulu se joindre à nous aujourd'hui. Mme Trombetti est membre du Barreau de l'Ontario et a travaillé pour le gouvernement fédéral durant de nombreuses années, notamment au ministère de la Justice où elle a occupé des postes comportant de plus en plus de responsabilités. Avant de se joindre au Bureau, elle occupait le poste d'avocate générale et directrice associée des Services juridiques du ministère des Transports.
Madame, la meilleure façon de commencer serait peut-être de vous dire quelques mots à mon sujet. Je suis comptable agréé et examinateur agréé en matière de fraude. Je suis titulaire d'une maîtrise en sciences politiques et d'un diplôme professionnel de droit. J'ai travaillé pendant 28 ans au Bureau du vérificateur général du Canada, dont 14 en tant que vérificateur adjoint. Durant cette période, j'ai eu le privilège de travailler avec la vérificatrice générale actuelle, Mme Sheila Fraser, ainsi qu'avec les trois vérificateurs précédents. J'ai beaucoup appris au contact de ces personnes. J'ai participé à la vérification de quelque 25 ministères, organismes et sociétés d'État, ainsi qu'à la préparation de plus d'une centaine de rapports, dont beaucoup portaient sur les marchés publics.
En juillet 2005, dans le cadre d'un échange de personnel de direction, j'ai accepté une affectation au sein de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada en vue d'établir la fonction de gestion des risques. À titre d'agent principal de gestion des risques, j'étais membre du comité de direction et je relevais directement du sous-ministre. Je ne participais pas aux activités quotidiennes, mais j'ai assuré la gestion des programmes de gestion des risques, d'éthique, d'enquête sur la fraude et de divulgation interne jusqu'en septembre 2007.
En septembre dernier, à la suite d'un processus de sélection annoncé à l'échelle nationale, j'ai été nommé au poste d'ombudsman de l'approvisionnement désigné. Le 5 mai, à la suite de l'entrée en vigueur du règlement concernant l'ombudsman de l'approvisionnement, j'ai été nommé, par voie de décret, à mon poste actuel d'ombudsman de l'approvisionnement.
Comme vous le savez, la Loi fédérale sur la responsabilité envisageait la nomination d'un ombudsman de l'approvisionnement qui exercerait ses fonctions indépendamment des ministères, en vue de promouvoir l'équité, l'ouverture et la transparence des processus d'approvisionnement fédéraux. Le mandat du Bureau, comme il est stipulé dans la loi, comporte quatre volets.
D'abord, effectuer des examens des pratiques en matière d'approvisionnement des ministères et organismes, et élaborer des recommandations détaillées afin d'améliorer l'équité, l'ouverture et la transparence des marchés publics. Le Bureau effectuera également quelques analyses comparatives et rendra compte des pratiques exemplaires en matière d'approvisionnement en citant des modèles de réussite. Il s'agit de l'élément proactif de notre mandat.
Deuxièmement, répondre aux plaintes des fournisseurs concernant l'attribution et l'administration des marchés. En ce qui concerne les plaintes ayant trait à l'attribution des marchés, notre mandat se limite aux marchés d'une valeur maximale de 25 000 $ pour des biens et de 100 000 $ pour des services. En outre, notre capacité de traiter les plaintes portant sur l'administration des marchés n'est pas limitée à la valeur pécuniaire de ces derniers.
Le Bureau doit également mettre sur pied d'autres mécanismes de règlement des différends. Cela devrait permettre au gouvernement et aux fournisseurs d'éviter des poursuites coûteuses en cas de conflits.
Enfin, le gouverneur en conseil ou le ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux peut demander au Bureau d'exécuter d'autres tâches ou fonctions qui ont trait aux pratiques des ministères en matière d'approvisionnement.
Le mandat stipulé par la loi est précisé dans le Règlement. Notre mandat concerne la plupart des ministères, l'article 3 précise que nous ne pouvons pas examiner les pratiques d'approvisionnement ou enquêter sur les plaintes qui concernent l'attribution et l'administration des marchés relatifs au Service canadien du renseignement de sécurité ou au personnel du Sénat et de la Chambre des communes.
L'article 2 stipule que l'ombudsman de l'approvisionnement ne peut examiner une plainte ou proposer d'autres mécanismes de règlement des différends pour un problème qui a surgi avant l'entrée en vigueur du Règlement, le 1er mai 2008.
Et puisque notre mandat est régi par l'Accord sur le commerce intérieur, nous ne pouvons pas traiter les plaintes se rapportant à certains types de marchés et entités qui sont exclus de cette entente.
Lors de l'élaboration du Règlement, les représentants du gouvernement nous ont informés que notre mandat ne nous donne pas le pouvoir de passer en revue l'acquisition de locaux au moyen d'une location, d'un bail-achat ou d'un achat ferme. Depuis, nous avons eu connaissance que le Tribunal canadien du commerce extérieur étudie présentement la question, à savoir si son pouvoir englobe la location. Les résultats de cette étude auront certainement une incidence importante sur notre mandat. Nous avons entamé des consultations avec un conseiller juridique indépendant sur cette question.
L'ombudsman de l'approvisionnement n'a pas le pouvoir d'annuler ou de modifier une décision du gouvernement. Toutefois, nous pouvons formuler des recommandations. À mon avis, il ne s'agit pas d'une lacune, mais plutôt d'un avantage. Nous réussirons si nous pouvons convaincre les intervenants que nous ne sommes pas les lobbyistes des fournisseurs, pas plus que nous ne ferons l'apologie du gouvernement.
En définitive, il nous faut gagner la confiance des fournisseurs et des fonctionnaires participant au processus d'approvisionnement. Pour en arriver là, nous devons être perçus comme un bureau indépendant, neutre, professionnel, bien informé et utile qui répond rapidement et efficacement aux plaintes des fournisseurs et qui formule des recommandations concrètes, réalisables et abordables afin d'améliorer les pratiques d'achat des ministères.
Depuis ma nomination en septembre dernier, mes collègues et moi-même avons travaillé pour créer une telle organisation. Je suis heureux d'annoncer que nous sommes prêts à relever les défis reliés à notre mandat. Nous avons formé une équipe solide et multidisciplinaire ayant des compétences en matière d'approvisionnement, d'enquête, d'examen et de communication. Nous avons élaboré des normes, des pratiques, des méthodes, des critères, des points de référence et des mesures de rendement afin d'assurer que notre travail est effectué avec soin et rigueur, et qu'il résistera à l'examen du public.
Nous comptons également afficher les résultats de nos efforts sur notre site Web afin de permettre aux fournisseurs et au milieu de l'approvisionnement de tirer profit des leçons apprises.
Mes collègues et moi-même avons mis sur pied un modèle fonctionnel et des liens fondés sur la technologie qui permettront aux fournisseurs d'accéder facilement à l'ensemble de nos services. Une attention particulière a été portée à l'accessibilité des petites et moyennes entreprises.
Les règlements gouvernementaux en matière d'achat sont complexes et les fournisseurs, en particulier les PME, ne savent pas toujours qui contacter ou comment réagir lorsqu'un problème survient. Ils ne comprennent peut-être pas le jargon des achats et des marchés. Dans les pires cas, ils peuvent refuser de croire les explications reçues d'un ministère ou d'un organisme par manque de confiance. Ils ont peut-être l'impression que déposer une plainte causerait des préjudices à leur entreprise. Ces questions doivent être abordées par le truchement d'un processus approprié de traitement des plaintes. Nous croyons que les fournisseurs ont le droit de formuler une plainte lorsqu'ils croient que quelque chose n'a pas été fait de manière appropriée, et leur plainte devrait être entièrement et indépendamment examinée. Un bon traitement de ces plaintes pourrait contribuer à modifier et à améliorer le processus d'approvisionnement en le rendant plus transparent aux yeux des Canadiens.
Notre but est de créer une fonction d'assurance de la qualité fiable qui assure que les recommandations et les rapports d'examen sur les pratiques sont fondés sur des preuves tangibles et répondent à des normes professionnelles strictes. Par ces démarches, nous souhaitons être perçus comme une organisation indépendante, neutre et professionnelle, capable de mener des enquêtes complètes et impartiales.
Afin d'aider à établir des bonnes relations et de gagner la confiance des intervenants, nous avons rencontré environ 25 sous-ministres, de même que plusieurs représentants de la collectivité des fournisseurs. Nous avons également rencontré des ombudsmen provenant d'autres ordres de gouvernement pour nous renseigner sur leurs opérations et leurs pratiques exemplaires. Il importe d'éviter la duplication avec les activités d'autres organismes de surveillance des achats. À cette fin, nous avons tenu de nombreuses réunions avec des représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor, du Bureau du vérificateur général du Canada et nous avons consulté le Tribunal canadien du commerce extérieur. En plus de confirmer que nos rôles et mandats sont distincts, mais complémentaires, ces réunions nous ont permis d'établir une base solide pour nos futures relations d'affaires avec ces organisations.
J'aimerais maintenant aborder une dernière question très importante: comment pouvons-nous assurer que le Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement exerce ses fonctions d'une manière indépendante et neutre, et qu'il soit perçu comme tel.
Le gouvernement a déjà adopté une série de mesures afin d'assurer l'indépendance et la viabilité du Bureau. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, j'ai été sélectionné à la suite d'un concours annoncé à l'échelle nationale, et ma nomination s'est effectuée par voie de décret. De plus, le Bureau a obtenu un budget de fonctionnement raisonnable pour le lancement de ses activités. La Loi fédérale sur la responsabilité stipule que l'ombudsman présente un rapport annuel au ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, qui doit à son tour le présenter au Parlement dans un délai de 15 jours.
Comme l'exigent la Loi et le Règlement, nous présenterons des exemplaires de nos rapports sur les pratiques d'approvisionnement et les enquêtes sur les plaintes au ministère de TPSGC ainsi qu'au ministre concerné. Il faut toutefois signaler que nous ne sommes pas un agent du Parlement et que nous n'avons pas été constitués en tant qu'entité distincte aux termes de la Loi sur la gestion des finances publiques.
Le financement du Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement provient de crédits de TPSGC. Par conséquent, les responsabilités du sous-ministre de TPSGC en matière de gestion des fonds publics, de biens immobiliers et de ressources humaines, ainsi que son rôle d'agent comptable en chef, s'étendent au Bureau. Afin d'assurer l'indépendance du Bureau dans le cadre de ses activités, le sous-ministre de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et moi-même avons signé un protocole d'entente à cet effet. Ce PE établit clairement les rôles et les responsabilités de chacun.
Nous avons également pris des mesures supplémentaires en vue d'assurer notre indépendance. Par exemple, à la suite de discussions avec le ministère de la Justice, nous avons entrepris d'obtenir notre propre aide juridique. Nous rédigeons et distribuons nos documents de communications sans autorisation préalable du gouvernement. Nous sommes de plus en plus responsables de notre propre vérification interne et de notre gestion du risque. Tous les services reçus conformément aux modalités du PE conclu avec TPSGC le seront à la suite d'une demande de notre part et il y aura des frais associés.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, comme vous pouvez le constater, il s'agit d'une situation unique. Bien que nous jouissions d'une grande souplesse quant aux questions d'ordre administratif et d'une indépendance complète relativement aux problèmes liés au programme, nous appartenons à l'organe exécutif du gouvernement. Toutefois, nous sommes persuadés que les dispositions de la Loi fédérale sur la responsabilité et du Règlement concernant l'ombudsman de l'approvisionnement, complétées par un protocole d'entente et les autres mesures que j'ai abordées, nous procureront l'indépendance requise tout en respectant d'autres réalités.
Pour conclure, je trouve très encourageant le soutien que nous avons reçu des fournisseurs et le fait que des hauts fonctionnaires, notamment ceux de TPSGC, du ministère de la Justice, du Conseil du Trésor et du Bureau du Conseil privé, ont démontré beaucoup de bonne volonté et fourni un appui solide lors de la création du Bureau.
La tâche qui nous incombe est imposante, mais pas impossible. Après tout, le gouvernement du Canada consacre des milliards de dollars chaque année à l'achat de biens et de services, et il conclut environ 400 000 ententes contractuelles. Mes collègues et moi sommes honorés et enchantés de faire partie de cet effort continu visant à renforcer la confiance de la population canadienne envers l'équité, l'ouverture et la transparence du processus d'approvisionnement du gouvernement.
Nous sommes maintenant à votre entière disposition pour répondre à vos questions. J'aimerais toutefois souligner que notre mandat est de mettre sur pied les sections pertinentes de la Loi fédérale sur la responsabilité et du Règlement connexe. Nous ne formulons pas de politiques. Il se peut que nous ne puissions répondre à des questions d'ordre politique portant sur l'élaboration de la Loi fédérale sur la responsabilité ou du Règlement concernant l'ombudsman de l'approvisionnement. À l'exception des commentaires fournis au sujet des aspects opérationnels du Règlement, le Bureau n'a pas participé aux discussions sur les politiques et ne peut donc pas les traiter.
Merci de votre attention.
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Madame la présidente, cette question nous obsède depuis le premier jour, celui de ma nomination, le 10 septembre. Nous nous sommes demandé comment nous pouvions non seulement paraître indépendants mais l'être réellement? Si nous tenons à ce que les fournisseurs nous fassent confiance, il faut en effet qu'ils nous perçoivent comme indépendants et nous devons agir comme tels.
Ici, j'aimerais apporter une légère correction. Je ne relève pas du sous-ministre des Travaux publics mais bien du ministre lui-même, tout comme le sous-ministre. Le ministre des Travaux publics s'est vu confier des responsabilités uniques dans notre système d'approvisionnement en biens et services dans l'ensemble de l'administration gouvernementale.
Dans les faits, les sommes que nous recevons nous sont acheminées au moyen d'un crédit de Travaux publics — à peu près 5 millions de dollars. Ce ministère s'occupe d'affectation de crédits totalisant plus de 2,2 milliards. Il ne nous a donc pas semblé très pratique de disposer d'une affectation de crédit distincte. Il ne nous a pas semblé utile non plus de créer un fonds administratif qui ne servirait qu'à cela, qu'à mettre sur pied une section de la paye et une autre des comptes créditeurs. À cet égard, nous pouvons nous prévaloir des services du ministère des Travaux publics d'une manière ponctuelle, selon nos besoins, quand nous en faisons la demande et contre paiement. La question administrative est donc un enjeu. La question administrative est donc un enjeu.
Toujours au sujet des ressources, il faut aussi se rappeler que si l'on veut influer quelque peu sur le travail de quelqu'un ou d'un service, sur le plan pratique, il faut tenir les cordons de la bourse. C'est en effet si l'on a la haute main sur les ressources et les budgets qu'on peut le faire.
Les sommes que nous avons reçues nous ont été affectées grâce à un arrangement spécial intervenu avec le Conseil du Trésor. Le ministère des Travaux publics n'y a pas accès et ne peut donc les réduire. Nous ne nous adresserons jamais à ce dernier pour obtenir de l'argent, et d'ailleurs, nous ne sommes pas autorisés à le faire. S'il nous manque des ressources, nous en demanderons au Conseil du Trésor. Nos ressources font donc l'objet de surveillance de la part d'un tiers.
Dans le protocole d'entente signé avec le sous-ministre des Travaux publics, il est établi très clairement que nous devons fonctionner en toute indépendance, conformément à la Loi fédérale sur la responsabilité. Ces documents respectent toutes ces choses.
Sur certains points essentiels, nous tenions à notre indépendance, ainsi qu'à la fonction juridique, car nous voulions obtenir nos propres conseils juridiques. Nous ne voulions pas les recevoir de ceux qui conseillaient aussi le ministère au sujet des approvisionnements.
Nous tenions aussi à nos propres services de communication. Il se pourrait en effet que des passages de nos rapports critiquent le gouvernement. Nous ne pourrions donc pas demander à ce dernier de les autoriser d'avance. Nous avons donc pris des dispositions en ce sens.
Nous allons effectuer notre propre vérification.
Il y a donc beaucoup de souplesse chez nous, tant en ce qui a trait au programme et...
Maintenant, pour ce qui est de faire rapport au ministre, permettez-moi d'apporter certains éclaircissements. La loi précise très clairement qu'à certains égards, nous devons avoir des liens avec le ministre. Premièrement, nous devons lui présenter notre rapport annuel, après quoi, dans un délai de 15 jours il doit à son tour le déposer au Parlement. Il ne s'agit toutefois pas de son propre rapport, sans vouloir lui manquer de respect.
En second lieu, lorsque nous terminons notre examen de plaintes et que le rapport est rédigé, nous le lui faisons parvenir ainsi qu'à tout autre ministre concerné. C'est ainsi que fonctionne notre système. De même, si nous effectuons un examen des activités, nous lui faisons parvenir un exemplaire du rapport qui en découle.
Au quotidien, il n'y a pas d'interaction avec le ministre. Nous avons toute la latitude pour décider de ce que nous faisons, où nous le faisons, quand nous le faisons et comment nous en faisons rapport.
Par conséquent, étant donné que notre bureau n'est ni un mandataire du Parlement, ni un organisme indépendant établi en vertu de la Loi sur la gestion des finances publiques, c'est peut-être le mieux que nous pouvions faire.