Je vous souhaite la bienvenue à tous.
[Traduction]
Je déclare ouverte la 20e séance du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier 2021. Les membres du Comité seront présents en personne ou par le truchement de l'application Zoom.
Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
[Traduction]
Pour ceux qui participent virtuellement, voici quelques règles à suivre. Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix; des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Si vous perdez contact avec l'interprétation, veuillez m'en informer immédiatement; nous veillerons rétablir le service avant de poursuivre.
Quand vous parlez, et je le dis encore plus pour moi que pour vous, veuillez parler lentement et clairement afin de faciliter la tâche difficile des interprètes ici présents. Quand vous ne parlez pas, veuillez désactiver votre micro.
Le greffier et moi-même allons faire de notre mieux pour que tous les membres du Comité, qu'ils participent virtuellement ou en personne, puissent prendre la parole.
Avant de commencer nos travaux, nous avons quelques questions urgentes à régler. C'est quelque chose que nous reportons depuis environ un mois, mais nous devons vraiment nous en occuper. Cela ne devrait prendre que quelques minutes.
Nous devons adopter le budget relatif à l'étude des répercussions de la COVID-19 sur les activités des FAC. Vous avez tous reçu le budget détaillé par courriel. Cela comprend les dépenses des témoins, les repas et les lignes téléphoniques.
Êtes-vous d'accord pour adopter le budget proposé de 3 000 $ pour notre étude sur l'accès aux services de santé mentale dans les Forces armées canadiennes?
Des députés: D'accord.
La présidente: Êtes-vous d'accord pour adopter le budget proposé de 2 775 $ pour l'étude des répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les activités des Forces armées canadiennes?
Des députés: D'accord.
La présidente: Merci.
Madame Vandenbeld, allez-y.
:
Bonjour, madame la présidente et mesdames et messieurs du Comité. Je vous remercie de prendre le temps d'entendre mon témoignage aujourd'hui.
Je profite de cette tribune pour remercier tous les militaires actuels et anciens des Forces armées canadiennes au service de notre grand pays.
Je m'appelle Raymond Trotter. Je suis capitaine de corvette dans la Marine royale canadienne, en service à la BFC Esquimalt. J'ai 21 ans de service dans la Marine. J'ai également servi dans l'Armée. Je me suis porté volontaire au plus fort du conflit en Afghanistan et j'ai servi à Kandahar en 2008-2009. Je souffre encore aujourd'hui d'un trouble anxieux généralisé et d'une grave dépression à la suite de cette expérience.
Je crois que j'ai été convoqué devant le Comité pour répondre à des questions et pour parler de mon expérience récente dans le cadre de l'opération Honour et du signalement d'inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes. Mon exposé préliminaire répondra peut-être à certaines de vos questions.
Comme bien d'autres militaires, j'ai été ébranlé lorsque j'ai appris qu'il y avait des allégations d'inconduite sexuelle contre le général Vance, notre ancien chef d'état-major de la Défense. Après un travail acharné pour éradiquer le harcèlement sexuel et les inconduites sexuelles parmi les militaires, cela a été un coup dur pour les Forces armées canadiennes.
Peu après la publication des allégations concernant le général Vance, le 3 février, j'ai eu une conversation avec une militaire qui m'a raconté un incident traumatisant impliquant l'actuel chef d'état-major de la Défense, l'amiral Art McDonald, et a formulé des allégations d'inconduite sexuelle grave.
La plaignante craignait de signaler l'incident. Lorsque je lui ai dit que j'avais l'obligation de transmettre l'information, puisqu'il s'agissait d'allégations très graves d'inconduite de la part d'un autre membre des Forces armées canadiennes, elle m'a dit qu'elle comprenait, mais m'a imploré de garder son nom et ses renseignements confidentiels.
Je me suis retrouvé dans une situation très difficile. Je savais qu'il était de mon devoir, juridiquement et éthiquement, comme officier, de signaler ces graves allégations, mais je ne voyais pas très bien à qui je devais signaler des allégations concernant le chef d'état-major de la Défense. L'affaire était d'autant plus compliquée que la plaignante avait des craintes et souhaitait que son nom ne soit pas révélé.
J'ai informé mon supérieur le jour même. Je lui ai dit qu'une grave allégation contre un officier supérieur m'avait été signalée, mais que je devais garder les détails confidentiels. Je lui ai également dit que je prendrais les mesures utiles pour signaler cette affaire délicate et que je voulais simplement qu'il en soit informé. J'ai la confiance de mon supérieur, et il s'est dit convaincu que je ferais ce que dois.
Pendant le reste de la journée, j'ai réfléchi à ma ligne de conduite. Il n'y a pas de consignes dans les directives de l'opération Honour pour une situation comme celle-là. Normalement, une allégation d'inconduite sexuelle doit être signalée au supérieur hiérarchique du défendeur, mais, dans ce cas, il n'y en avait pas dans l'armée.
Le chef d'état-major de la Défense est au sommet de la hiérarchie. Je ne me voyais pas non plus signaler l'affaire au Service national des enquêtes des Forces canadiennes, puisqu'il appartient à la chaîne de commandement et relève, au bout du compte, du chef d'état-major de la Défense. Après réflexion, j'ai décidé de faire le signalement au Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle, ou peut-être au cabinet du ministre de la Défense nationale.
Le lendemain, le jeudi 4 février, à la première heure, j'ai appelé le CIIS, le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle. J'ai expliqué que je voulais signaler un cas d'inconduite sexuelle impliquant un officier supérieur. L'agente de réception m'a informé que le CIIS n'est pas un organe de signalement et que son rôle est de conseiller, d'orienter et de soutenir les plaignantes.
J'ai ensuite téléphoné au cabinet du ministre de la Défense nationale à Ottawa. J'ai parlé à quelqu'un qui, d'après ce que j'ai compris, était un employé civil faisant, en quelque sorte, office de standard. Je me suis identifié et lui ai expliqué que je voulais parler à quelqu'un au cabinet du ministre, car je voulais signaler un cas grave d'inconduite sexuelle impliquant un officier de haut rang. J'ai dit que je devais protéger les détails de la situation jusqu'à ce que je parle à quelqu'un ayant l'autorité qui convient.
J'ai été mis en attente, puis c'est son superviseur, je crois, qui a pris la ligne. Il m'a demandé de confirmer mon grade, mon nom et mon service, ce que j'ai fait. Il a vérifié dans la base de données des Forces canadiennes, le réseau étendu de la défense, pour confirmer mon identité.
J'ai expliqué de nouveau que je devais signaler au cabinet du ministre une grave allégation d'inconduite impliquant un haut gradé et que l'affaire était délicate. Le superviseur a pris mon numéro de téléphone et m'a dit qu'on m'appellerait du cabinet du ministre.
Quelques heures plus tard, ce même 4 février, l'agente de réception du CIIS m'a rappelé pour m'expliquer que, après vérification à plusieurs niveaux de sa structure hiérarchique, elle pouvait confirmer que le CIIS n'était pas un mécanisme de signalement. Je devrais plutôt faire le signalement au cabinet du ministre de la Défense nationale ou au SNEFC.
J'ai expliqué mon malaise à l'idée de m'adresser au SNEFC, puisque le défendeur avait un grade très élevé et que le Service risquait d'être en conflit d'intérêts. L'appel s'est terminé sur cette note.
Plus tard le même jour, une personne m'a appelé depuis le cabinet du ministre. Elle s'est présentée comme la cheffe de cabinet. J'ai cru à ce moment-là être en contact avec l'autorité qui convenait et je lui ai dit que je devais signaler des allégations d'inconduite sexuelle contre le chef d'état-major de la Défense. Elle m'a répondu que des allégations contre le général Vance avaient déjà été signalées dans la presse. J'ai précisé que les allégations concernaient l'actuel chef d'état-major de la Défense, l'amiral Art McDonald. Je me souviens de sa grande surprise.
La personne qui s'est identifiée comme cheffe de cabinet m'a demandé de signaler l'incident au CIIS. J'ai répondu que je l'avais déjà fait et que le CIIS m'avait déjà dit à deux reprises qu'il n'était pas le mécanisme de signalement approprié. J'ai expliqué que le CIIS m'avait suggéré de signaler l'incident au cabinet du ministre, puisqu'il n'y avait pas de grade au-dessus du chef d'état-major de la Défense. Celle qui s'était présentée comme la cheffe de cabinet du ministre m'a dit qu'elle examinerait la question et me rappellerait.
Avant d'avoir d'autres nouvelles du cabinet du ministre, j'ai été appelé par un adjudant du Service national des enquêtes des Forces canadiennes à Ottawa. Il m'a demandé des renseignements sur la plainte, et j'ai cru comprendre qu'il avait été informé de la situation par le CIIS. À ce stade, j'avais l'impression d'avoir tourné en rond toute la journée et j'ai dit que j'étais prêt à parler. L'adjudant m'a informé que le SNEFC, le Service national des enquêtes des Forces canadiennes, à Esquimalt, ma base, communiquerait avec moi.
Le dernier appel que j'ai reçu ce jour-là est venu, encore une fois, du cabinet du ministre. La personne qui s'est identifiée comme cheffe de cabinet m'a dit qu'elle avait parlé à un expert au bureau du sous-ministre et que le CIIS était, selon eux, l'intermédiaire qui convenait pour répondre à une plainte comme celle-là. J'ai rappelé en détail mes échanges avec le CIIS et lui ai dit que l'expert qu'elle avait consulté était, à mon avis, dans l'erreur. Étonnée par mes propos, elle m'a dit qu'elle parlerait elle-même de cette allégation au ministre.
Le lendemain, 5 février, j'ai été contacté par le Service national des enquêtes des Forces canadiennes à Esquimalt. On m'a invité à une entrevue le jour même. J'y ai fait une déposition. Environ trois semaines plus tard, l'amiral Art McDonald quittait ses fonctions de chef d'état-major de la Défense.
C'est très difficile pour moi, parce que j'essayais de faire mon devoir envers les Forces armées canadiennes et envers la plaignante. J'aurais aimé être mieux conseillé. Il existe de nombreuses politiques, mais je ne suis pas certain que l'opération Honour ait été largement acceptée au sein des Forces armées canadiennes.
J'ai fait un autre signalement d'inconduite sexuelle plus tard en février, c'est-à-dire la semaine suivante, et j'ai été déçu de cette expérience également, parce que certains cadres supérieurs ont minimisé l'incident. En fait, j'ai été réprimandé de façon très humiliante pour avoir fait cette démarche. Je crois que j'ai été traité ainsi parce que la plainte concernait également un haut gradé. J'en suis sorti très découragé et déçu.
Cela étant, je peux effectivement comprendre pourquoi tant de victimes d'inconduite sexuelle hésitent à se manifester.
Merci, madame la présidente. Voilà qui conclut mon exposé préliminaire.
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier le capitaine de corvette Trotter de son courage. Je lui en suis très reconnaissant.
Vous incarnez ce que l'on attend de tous les membres des Forces armées canadiennes: la vérité, la vaillance, la bravoure et l'honneur. Vous faites tout ce qu'il faut et vous défendez les victimes d'inconduite sexuelle. Je vous en félicite.
Je sais qu'il y a beaucoup d'autres personnes dans les Forces armées canadiennes, des hommes et des femmes, qui feraient exactement la même chose, et vous montrez l'exemple.
Nous sommes au courant de votre appel avec Amelie Armstrong, et vous nous en avez parlé.
Madame la présidente, c'est maintenant une personne d'intérêt. Je crois que nous devons l'inviter à comparaître devant le Comité afin de connaître sa version des faits. Vous aviez certainement l'impression de parler au bureau du ministre. Ayant été moi-même secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale, je peux vous dire que le bureau du chef d'état-major du ministère de la Défense nationale est plus près du bureau du ministre que celui du secrétaire parlementaire.
Je sais que Mme Vandenbeld serait d'accord avec moi. Nous avons un bureau à l'autre bout de l'étage, mais tout le monde se trouve au même étage, à l'étage de la direction du ministère de la Défense nationale, et rien ne dit que Mme Armstrong ne s'est pas rendue au bureau du ministre, de l'autre côté des ascenseurs, et qu'elle n'a pas eu cette conversation avec le personnel du ministre. C'est pourquoi nous devons lui parler.
Vous avez mentionné, monsieur, le traitement spécial que les commandants semblent obtenir et les exemptions qui leur sont accordées à la suite d'allégations d'inconduite sexuelle. Je ne sais pas si vous avez vu le reportage de l'émission The Fifth Estate hier soir. Il était question de... Y a-t-il une sonnerie ou est-ce simplement la fin de la séance?
Je suis désolé.
Je recommence; le reportage portait sur des femmes victimes d'agressions sexuelles et d'autres formes d'inconduite sexuelle. Dans le cadre de l'opération Honour, au lieu d'imposer des mesures punitives appropriées, on se contente trop souvent de mesures administratives, et la carrière des auteurs d'inconduites peut se poursuivre.
Diriez-vous, monsieur, qu'il n'y a pas de ligne de conduite assez dure pour changer la culture des Forces armées canadiennes en matière d'inconduite sexuelle?
:
Merci, madame la présidente et membres du Comité.
Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invité de nouveau pour cette séance de deux heures.
J'espère que tous les membres du Comité sont d'accord sur certains points. L'inconduite sexuelle et le harcèlement sont inacceptables. Ils ne sont pas acceptables dans la société canadienne, ni au Parlement du Canada et certainement pas dans les Forces armées canadiennes ou au ministère de la Défense nationale. Nous voulons les empêcher et nous appuyons le réseau de prévention. Nous voulons nous assurer que les personnes qui dénoncent une situation de harcèlement ou d'inconduite sexuelle se sentent en sécurité et en confiance au moment du signalement et de l'enquête.
L'élimination de toutes les formes d'inconduite et d'abus de pouvoir et la création d'un milieu de travail sécuritaire pour tous les membres de l'équipe de la Défense ont toujours été ma priorité absolue en tant que ministre de la Défense nationale. Cependant, des reportages récents dans les médias montrent qu'encore trop de membres des Forces armées canadiennes ne se sentent pas en sécurité pour faire un signalement.
Je tiens à préciser que je n'étais pas au courant de ces allégations avant qu'elles ne soient rapportées dans les médias. Je sais, et nous savons tous, qu'il faut en faire plus pour que tous les membres des Forces armées canadiennes se sentent en sécurité pour faire des signalements, et nous serons prêts à les appuyer s'ils le font.
J'ai passé ma vie au service des Canadiens, comme détective de police, comme Canadien en uniforme et comme député. Je sais que les agresseurs doivent être tenus responsables. Je sais que toute organisation, y compris les Forces armées canadiennes, doit travailler fort pour éliminer la masculinité toxique qui crée une culture inacceptable. Nous avons pris des mesures pour changer cette culture et nous attaquer à l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes, mais nous avons encore du travail à faire et toutes les possibilités sont sur la table. Pour nos membres et pour tous les Canadiens, nous nous devons de bien faire les choses.
Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas d'accord avec M. Walbourne sur certaines parties de son témoignage concernant notre rencontre en 2018. La semaine dernière, l'ancien ombudsman a présenté sa version des faits. Dans mon témoignage précédent, je voulais respecter le caractère confidentiel de mes rencontres avec lui, mais à la lumière de son témoignage, il y a des choses que je dois clarifier.
J'ai rencontré M. Walbourne le 1er mars. À la fin d'une réunion ordinaire avec le personnel, M. Walbourne m'a demandé de le rencontrer seul. La majeure partie de cette réunion privée n'a pas porté sur le général Vance. M. Walbourne a plutôt passé la plupart du temps à parler de l'enquête sur les allégations d'inconduite le mettant en cause, lui et son bureau.
Comme je l'ai déjà dit, toute enquête doit suivre son cours, quel que soit le grade ou la position des personnes concernées. Elle doit être exempte d'ingérence politique. Cela s'applique également à l'enquête sur le bureau de l'ombudsman, comme je le lui ai dit à ce moment-là. Il n'est pas bon que des politiciens s'immiscent dans une enquête.
À la toute fin de notre conversation privée, M. Walbourne m'a fait part de préoccupations au sujet de l'inconduite de l'ancien chef d'état-major de la Défense. Il ne m'a pas donné de détails et je ne lui ai pas permis de m'en donner. J'ai très délibérément respecté le processus d'enquête pour qu'il demeure indépendant.
Il aurait été incorrect et dangereux de mêler un élu, un politicien, au déroulement d'une enquête. La politisation de toute enquête compromet une issue juste pour les personnes qui dénoncent les abus. Compte tenu de son poste et de son expérience, M. Walbourne aurait dû le savoir. Dans notre société, la dernière chose que nous voulons, c'est que les élus prennent des décisions que les enquêteurs doivent prendre de façon indépendante.
Dans son témoignage, M. Walbourne a déclaré qu'il était venu me demander conseil sur ce qu'il fallait faire. Je lui ai dit exactement quoi faire. Je lui ai dit qu'il devait utiliser les pouvoirs et les processus déjà en place pour traiter la plainte. Comme M. Walbourne l'a dit dans son témoignage, il connaissait les pouvoirs qu'il avait en tant qu'ombudsman.
Selon les directives qui régissent son bureau, dans les cas d'acte criminel potentiel ou d'infraction au code de discipline militaire, l'ombudsman peut signaler les plaintes au juge-avocat général, au grand prévôt ou à la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire. À ma connaissance, M. Walbourne n'a soumis de plainte à aucun de ces organismes.
J'ai donné à M. Walbourne les conseils qu'il avait demandés. Les enquêtes sur des plaintes de ce genre devraient commencer au bureau de l'autorité d'enquête compétente, et non pas à celui d'un élu.
Afin de fournir un soutien supplémentaire à M. Walbourne, les hauts fonctionnaires du Bureau du Conseil privé ont été informés de la plainte concernant l'ancien chef d'état-major de la Défense. De son propre aveu, M. Walbourne a été invité à fournir des détails sur cette plainte aux autorités compétentes dès le lendemain. Malheureusement, il ne l'a pas fait. Il a dit qu'il cherchait une protection de niveau supérieur pour montrer à la plaignante que nous prenions cette allégation au sérieux.
Madame la présidente, c'est parce que j'ai pris cette préoccupation tellement au sérieux, comme je le ferais dans le cas de toute allégation d'inconduite, que je l'ai soulevée auprès de l'autorité indépendante compétente, à l'extérieur du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes.
M. Walbourne a laissé entendre que s'il avait reçu une rétroaction, il serait retourné voir la plaignante pour lui demander de fournir des renseignements précis. En fait, nous avons fourni cette rétroaction. À aucun moment, selon le témoignage de M. Walbourne, n'a-t-il dit qu'après sa rencontre avec les hauts fonctionnaires, il était retourné voir la plaignante pour lui demander si elle était prête à déposer une plainte officielle. J'ai appris que les autorités compétentes n'ont jamais reçu d'information.
Enfin, M. Walbourne a déclaré qu'il n'y avait pas eu de suivi. Ce n'est pas vrai. Les hauts fonctionnaires ont fait un suivi. On a demandé des informations concrètes. Elles n'ont n'a pas été transmises. Au cœur de nos systèmes démocratique et judiciaire, il y a la conviction que toute enquête sur un acte répréhensible potentiel ne devrait jamais être soumise à l'influence politique. Une intervention politique peut compromettre une issue juste pour les personnes qui dénoncent des faits. Quand des préoccupations ou des allégations sont portées à mon attention, je suis toujours les procédures appropriées. Je ne voudrais jamais être la raison pour laquelle une personne n'a pas obtenu le résultat juste qu'elle mérite.
Quant à la suggestion selon laquelle une commission d'enquête ou une enquête sommaire serait un moyen approprié, elle est tout à fait inadéquate. En fait, en vertu des directives et ordonnances administratives de la défense concernant les commissions d'enquête et les enquêtes sommaires, il nous est interdit de recourir à une commission d'enquête ou à une enquête sommaire pour obtenir des preuves relatives à un manquement possible au code de discipline militaire ou pour attribuer une responsabilité criminelle.
Madame la présidente, permettez-moi de citer l'article 2.7 de la directive 7002-0 :
2.7 Une [commission d'enquête] ou une [enquête sommaire] ne doit pas être menée si elle a notamment pour but:
a. soit d'obtenir des éléments de preuve relatifs à tout manquement possible au Code de discipline militaire;
b. soit d'attribuer une responsabilité criminelle.
De plus, il est interdit à la commission d'enquête de recommander qu'une accusation soit portée. Ce sont là des points essentiels.
Quand une personne porte plainte, elle s'attend à juste titre à ce qu'on y donne suite en respectant ses souhaits et, si cela est justifié, à ce que les accusations appropriées soient portées en vertu du code de discipline militaire ou à ce que des accusations criminelles soient portées. Toute ingérence dans ce processus, comme cela a été suggéré, compromet un résultat juste. Cela signifierait qu'un plaignant, un survivant, pourrait se voir refuser l'issue juste qu'il mérite.
C'est pourquoi il aurait été extrêmement inapproprié et dommageable de discuter d'une allégation avec le général Vance.
Un résultat juste, c'est ce que les gens qui portent plainte méritent, un résultat auquel s'attendent les Canadiens, y compris les membres des Forces armées canadiennes, un résultat dont notre société a besoin, un résultat que moi, et tout le gouvernement, voulons. Nous avons des processus pour enquêter, quel que soit le grade ou le poste de la personne concernée.
Cependant, malgré les protestations de certains députés, les enquêtes ne devraient pas être politisées, ni par un ministre, ni par quiconque occupe un poste politique. Toute enquête devrait être menée de façon indépendante par les autorités compétentes. C'est un élément fondamental de notre système de justice, un principe que certains députés semblent oublier.
J'ai toujours insisté sur le fait que nous avons encore beaucoup de travail à faire pour que tous les membres des Forces armées canadiennes se sentent en sécurité en dénonçant des inconduites. Bien que nous ayons réalisé des progrès significatifs, nous devons accélérer les changements. Nous avons besoin d'un changement de culture radical, Nous devons améliorer nos politiques et nos processus pour prévenir l'inconduite et les abus de pouvoir.
C'est pourquoi nous allons de l'avant avec un examen externe indépendant, afin de pouvoir résoudre efficacement le problème des membres qui ne se sentent toujours pas en sécurité pour signaler des situations d'inconduite. Comme nous l'avons dit, nous allons mettre en place une structure de signalement indépendante pour examiner les allégations d'inconduite. Toutes les possibilités sont sur la table. Pour les victimes d'inconduite, nous ferons tout notre possible pour rebâtir la confiance que nous avons perdue.
Nous mettons tout en œuvre pour prévenir et éliminer les inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes. Nous aurons un changement de culture en profondeur. Nous éliminerons la culture de masculinité toxique qui existe toujours. Nous veillerons à ce que les victimes d'inconduite se sentent en sécurité et appuyées quand elles dénoncent des actes répréhensibles. Nous bâtirons des Forces armées canadiennes plus inclusives qui reflètent et représentent mieux les Canadiens qu'elles protègent chaque jour.
Merci, madame la présidente.
:
Madame la présidente, je vous remercie beaucoup de cette question.
Dès le début, nous avons pris à coeur de créer un environnement inclusif dans lequel tous ceux qui s'enrôlent dans les Forces armées canadiennes, en particulier les femmes, puissent servir, réaliser leur plein potentiel et consacrer ce potentiel aux Forces armées canadiennes.
Dans le cadre de nos conversations sur le traitement des incidents, nous n'avons pas beaucoup parlé des femmes qui ont eu le courage de signaler des incidents. Il nous reste beaucoup de travail à faire.
Nous avons modifié les politiques en vigueur pour que les gens soient tenus responsables de leurs actes. La police militaire a maintenant une unité spéciale chargée d'enquêter sur des situations d'inconduite sexuelle comme celle-ci. Nous avons également adopté la Déclaration des droits des victimes, le projet de loi , pour qu'elles reçoivent un soutien efficace.
Madame la présidente, je pense que la chose la plus importante qui ressort de tout cela, c'est que nous avons besoin d'une plus grande représentation à tous les niveaux supérieurs. Dès le départ, je me suis concentré sur la création d'un bassin de femmes qui pourront accéder aux niveaux supérieurs. Lorsque je suis devenu ministre de la Défense nationale, nous avions six femmes générales. Aujourd'hui, nous en avons 14. Nous devons continuer à augmenter ce nombre, parce que nous savons qu'une fois que nous aurons plus de femmes, et surtout plus de femmes qui occupent des postes importants, la culture des Forces armées changera, parce qu'elles auront leur mot à dire.
:
Madame la présidente, permettez-moi de répondre très directement à cette question.
Je vous prie de ne permettre à aucun autre député d'interpréter mon expérience ou mon service dans les Forces armées canadiennes. Je n'aime pas que d'autres hommes me disent ce que j'ai vécu.
Je peux vous assurer, et je suis désolé de me fâcher en disant cela, que je m'en prendrais à n'importe qui, quel que soit son grade ou son poste, si l'on présentait des allégations contre cette personne.
La raison... et vous avez dit que l'enquête n'avait pas commencé. Je ne suis pas d'accord avec vous. Lorsque l'ombudsman reçoit une plainte, le processus s'enclenche. Le fait d'accepter des renseignements à ce moment-là constitue une ingérence dans l'enquête.
Je suis désolé, madame la présidente, mais je vous prie de ne pas demander à ce député de décrire mon expérience dans les Forces armées canadiennes ou ce que j'y ai vécu. Je n'essaierais pas de décrire ce qui s'est passé dans votre vie, n'est-ce pas? Je suis désolé. Beaucoup de gens, beaucoup d'hommes blancs, ont essayé de me décrire ce que j'ai vécu.
Pour l'instant, je veux parler des femmes et de ce que nous pouvons faire pour améliorer leur situation.
Je vous prie de ne pas toucher à cela, monsieur Garrison.
:
Monsieur Garrison, avec tout le respect que je vous dois, l'ombudsman avait de nombreuses options à sa disposition et, ce qui est encore plus important, lorsque le BCP a été informé des allégations pour que les personnes compétentes fassent les recommandations appropriées, on a du le lui dire. Il y a beaucoup de choses qui auraient pu être faites.
Je n'ai pas à faire des suppositions. Tout ce que je peux faire, c'est m'assurer que toute allégation est immédiatement examinée, et c'est exactement ce que nous avons fait.
Je peux vous assurer, d'une part, que je ne me soucie pas du poste ou du grade d'une personne. Je me soucie des personnes qui ont été lésées et je veux m'assurer qu'elles obtiennent un résultat équitable.
C'est pourquoi, lorsque j'étais en service, c'était ma priorité, pendant que je servais dans la police, et c'est pourquoi, maintenant, en tant que ministre de la Défense nationale, c'est ma priorité depuis le premier jour.
Lorsque nous avons consacré le premier chapitre de la politique de défense à nos employés, cela a été fait pour mettre l'accent là-dessus, pour dire à toute la chaîne de commandement, à toute la structure, que tout ce qu'elle fait doit être axé sur eux, tant en ce qui concerne le changement de politique, que les ressources et les façons d'éliminer ce genre de comportement.
Voici où je veux en venir. Je sais combien c'est important pour vous et j'ai vu que cela vous tenait à coeur, mais vous savez que cela me tient à coeur également. Nous voulons améliorer nos processus. Nous avons encore beaucoup de travail à faire et nous le ferons.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur le ministre, d'être ici aujourd'hui.
Je voulais vous faire part d'une chose, monsieur le ministre, pour faire suite à ce que vous avez dit à M. Garrison. J'ai passé un certain temps à étudier votre carrière. Je sais que vous avez passé votre carrière à protéger les gens à titre de détective, à Vancouver, et de chef des Forces armées canadiennes. Je sais aussi, d'après les mesures que vous avez prises — vous avez parlé de certaines d'entre elles aujourd'hui —, à quel point vous êtes déterminé à faire en sorte que tous les groupes en quête d'équité, notamment les femmes, se sentent en sécurité et protégés. Je tenais à vous en remercier, et je voulais exprimer ma confiance dans votre travail à cet égard.
Je voulais également rectifier les faits. Je crois que M. Garrison a indiqué que le était au courant des allégations. Aucune preuve n'a été présentée au Comité à ce sujet, et je pense qu'il est tout à fait inapproprié que M. Garrison laisse entendre ce genre de chose.
Je veux aussi vous poser une question, monsieur le ministre. Un gazouillis de Mercedes Stephenson, du 3 mars 2021 dit ceci:
[...] la preuve dont parle l'ancien ombudsman militaire. Il ne s'agit pas d'une allégation d'agression sexuelle. C'est la chaîne de courriels entre le CEMD de l'époque et une caporale où il aurait proposé d'aller dans une destination de vacances où les vêtements sont optionnels.
Pouvez-vous confirmer, monsieur le ministre, que ce que l'ombudsman a essayé de vous montrer n'était pas ce que Kellie Brennan a allégué?
:
Merci de votre intervention rapide le jour même ou le lendemain. Je vous remercie également de la sensibilité dont vous faites preuve en vous assurant de ne pas intervenir techniquement et de ne pas permettre à un agresseur de s'en tirer à cause d'un détail technique.
La grande étude, le gros problème que nous examinons ici — et je pense que tous les membres du Comité seront d'accord avec moi —, c'est que nous voulons que les femmes dans les forces armées soient à l'aise, qu'elles puissent se manifester, qu'elles soient traitées équitablement, que leurs agresseurs reçoivent des peines appropriées, et que cela ne nuise pas à leur carrière.
J'aimerais que vous nous parliez de votre passion à ce sujet dans un instant, mais je sais que vous avez déjà fait beaucoup — peut-être plus que jamais par le passé — dans le cas du projet de loi , de la création du CIIS, de la stratégie Sur la voie de la dignité et du respect, et de la coordination des interventions et du soutien pour les membres des FAC. Tout cela a été fait avant même que nous ne débutions nos audiences, mais évidemment ce n'est pas suffisant ni pour les membres du Comité ni pour vous-même, comme vous l'avez dit.
Il nous faut de nouvelles solutions. Je pense que des députés de tous les partis ont soulevé cette question. Il faut clarifier les procédures et, surtout — comme tous les experts l'ont dit —, il faut changer la culture.
J'aimerais que vous me parliez de votre passion, de votre intérêt. Je sais que les membres du Comité, tous partis confondus, ont cette même passion. Ils ne peuvent pas imaginer qu'une femme se retrouve dans une situation terrible au cours de sa carrière et qu'elle ne se sente pas à l'aise de se manifester dans le cadre de notre système actuel, comme nous l'avons vu dans une grande partie de la documentation présentée au Comité.
Parlez-nous de votre intérêt à résoudre ce problème ou à faire avancer ce dossier le plus possible. Je sais que les membres du Comité partagent cet intérêt avec vous.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Avec tout le respect que je vous dois, monsieur le ministre, tout votre argument aujourd'hui semble tourner autour de l'existence de ce que j'appellerais une « licorne », c'est-à-dire l'autorité magique et indépendante qui existe pour enquêter sur les allégations d'inconduite sexuelle contre le chef d'état-major de la défense.
Vous citez le bureau de l'ombudsman, mais nous savons que l'ombudsman militaire n'a aucun pouvoir législatif. Il a été créé à la suite d'une directive ministérielle et il relève du ministre. Comme je l'ai déjà mentionné, le BCP, lui, relève du premier ministre et, en ce qui concerne les nominations par décret, il ne fait vraiment pas plus que rassembler les curriculum vitae et vérifier les références. Il ne s'agit pas du tout d'un organisme d'enquête.
Ma dernière preuve que cet organisme n'existe pas, c'est que dans son rapport sur l'inconduite sexuelle dans l'armée canadienne, datant d'avril 2015, la juge Deschamps a demandé la création d'une autorité indépendante qui se verrait confier la responsabilité des services aux victimes, la responsabilité des plaintes et la responsabilité des enquêtes.
Il y a près de six ans, nous avons recommandé la création d'une telle autorité indépendante. Aujourd'hui, vous essayez de nous dire qu'elle existe déjà, mais si tel était le cas, pourquoi Mme Deschamps a-t-elle fait cette recommandation? Et si tel n'est pas le cas, alors pourquoi n'avons-nous pas donné suite à sa recommandation six ans plus tôt?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci de votre présence, monsieur le ministre.
Monsieur le ministre, nous savons que vous avez passé toute votre carrière à protéger les gens et à servir, à servir notre pays et notre peuple, et que votre dévouement à l'égard de l'égalité et de l'inclusion est quelque chose qui s'est manifesté tout au long de votre carrière. Il est évident aujourd'hui que vous avez déployé tous les efforts possibles pour vous assurer que cette enquête ne soit pas politisée et que les processus appropriés soient suivis.
En fin de compte, quand quelqu'un ne veut pas déposer plainte et ne veut pas d'enquête officielle, cela nous indique — et nous l'avons entendu ailleurs — qu'il y a un problème au sein des Forces armées canadiennes, que des gens, pour une raison ou une autre, ont peur de se manifester. Ils ont peur des représailles. Ils ont peur des conséquences sur leur carrière. Je sais que vous avez parlé de toutes les options qui sont sur la table et de la nécessité de continuer à faire le travail important pour régler ce problème.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé d'un examen externe indépendant. Vous avez aussi parlé de structures de reddition de comptes indépendantes. Y a-t-il autre chose? Par exemple, nous savons que le soutien par les pairs est très important. Nous savons que les femmes ont parfois besoin de parler à d'autres personnes qui ont vécu la même chose, parce que cela peut être très difficile quand on a l'impression d'être la seule. Je sais que des bénévoles très courageux ont apporté ce genre de soutien par les pairs.
Est-on en train de préparer quelque chose pour contribuer à débloquer des fonds ou pour apporter un soutien à de tels groupes, un peu comme cela s'est fait dans le cas de vétérans traumatisés de retour du combat? Faites-vous quelque chose en ce sens?
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C'est essentiellement sur cela que nous devrions nous concentrer, c'est-à-dire sur la façon d'améliorer la vie des femmes et des hommes des Forces armées canadiennes, en particulier des femmes d'ailleurs, qui ont dû faire face à des situations horribles...
Même si nous avons fait de grands progrès, par exemple, en ce qui concerne la représentation et la création d'un bassin de femmes pour occuper ces postes. J'approuve les promotions des officiers généraux. Nous avons commencé avec six officiers généraux et nous en avons maintenant 14, et nous allons avoir une vice-cheffe d'état-major de la Défense.
Mon objectif était de faire en sorte que la tendance à une plus grande représentation des femmes se confirme aussi au sein des Forces armées canadiennes, mais nous devons nous intéresser à ce qui nous attend. Nous devons instaurer un système où les gens ne se feront pas balader. Nous sommes encouragés par des cas comme celui-ci, où les gens ont su exactement à qui s'adresser pour être entendus et poursuivre leur cause. Quant à celles et à ceux qui ne veulent pas aller plus loin, eh bien, ces gens-là auront la possibilité d'obtenir le soutien dont ils ont besoin et, plus important encore, de recevoir des conseils juridiques et d'être mis en contact avec la police au besoin. Nous travaillons dans le sens d'un guichet unique.
Nous devons également garantir l'indépendance des enquêtes. Aujourd'hui, force est de constater d'après les exemples les plus récents, que les gens craignaient des représailles. Même si nous nous sommes attaqués très énergiquement à ce problème, il est clair qu'il reste encore beaucoup à faire. Un examen indépendant de la justice militaire est en cours, mais, au bout du compte, je crois qu'un changement de culture total se produira quand nous compterons plus de femmes solidement appuyées au sein des Forces armées canadiennes, de sorte que l'ancien système disparaîtra de lui-même. Dans une telle situation, tout le monde saura que chacun a la capacité de se manifester — parce qu'on ne pourra jamais dire qu'il ne faut pas le faire — et de savoir que des mesures seront prises. Si on ne prend pas les plaignants au sérieux, il y aura des conséquences pour quiconque intervient.
C'est à cela que nous devons parvenir. En fait, cela se fait déjà, mais, de toute évidence, cela ne se fait pas autant que nous le voudrions.
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Au bout du compte, quand je parle... Je sais que les femmes membres des Forces armées canadiennes nous regardent probablement en ce moment, et qu'elles voient des hommes se disputer entre eux, alors que nous devrions parler des moyens à mettre en œuvre pour améliorer leur sort.
Depuis le jour où j'ai assumé ce rôle, je me suis concentré sur la façon d'améliorer les choses. L'une de mes premières décisions a été d'accorder la priorité aux personnes dans notre politique de défense, ce à quoi les membres du Comité ont contribué. Nous avons apporté des changements. Nous avons appris des choses sur les politiques mises en place.
Imaginez ceci: sous les gouvernements précédents, les femmes qui voulaient avoir une famille avaient droit à un congé de maternité, qui n'était par contre pas compté dans leurs états de service. Elles devaient servir plus longtemps, pour racheter leurs mois de grossesse. Elles devaient ajouter ce temps à leur service. C'est ridicule. Nous avons corrigé cela.
Il y a bien de choses dont nous pourrions parler, mais au bout du compte, cela ne concerne pas ce que nous avons fait dans le passé. Nous devons parler de ce que nous allons faire maintenant et dorénavant pour instaurer un changement de culture pour toutes les femmes.
Le courage des femmes qui ont dénoncé devrait amener tous les membres des Forces armées canadiennes à voir comment nous prenons cela au sérieux. Chaque victime survivante d'un type quelconque de conduite inappropriée devrait sentir qu'elle peut se manifester, qu'elle sera entendue, que la police fera enquête et qu'elle sera protégée. Si elles ne veulent pas le faire tout de suite, elles auront le soutien nécessaire pour le faire plus tard.
Nous voulons leur redonner le pouvoir dans ce cas-ci, mais au bout du compte, nous voulons apporter un changement de culture complet pour que, en entrant dans les Forces armées canadiennes, elles sachent qu'elles vont être protégées et qu'elles pourront avoir de l'avancement.