HUMA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 1er avril 2003
¹ | 1540 |
La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)) |
M. Alastair Macphee (consultant, Congrès des peuples autochtones) |
La présidente |
Mme Danette Starr-Spaeth (directrice générale du Secrétariat à l'éducation et à la formation, «Federation of Saskatchewan Indian Nations») |
¹ | 1545 |
¹ | 1550 |
¹ | 1555 |
La présidente |
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne) |
M. Alastair Macphee |
M. Monte Solberg |
M. Alastair Macphee |
M. Monte Solberg |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Monte Solberg |
º | 1600 |
Mme Danette Starr-Spaeth |
La présidente |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.) |
La présidente |
M. Monte Solberg |
º | 1605 |
M. Alastair Macphee |
M. Monte Solberg |
M. Alastair Macphee |
La présidente |
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.) |
M. Alastair Macphee |
M. Raymond Simard |
M. Alastair Macphee |
M. Raymond Simard |
M. Alastair Macphee |
º | 1610 |
M. Raymond Simard |
M. Alastair Macphee |
M. Raymond Simard |
M. Alastair Macphee |
M. Raymond Simard |
La présidente |
M. Norman Doyle (St. John's-Est, PC) |
M. Alastair Macphee |
º | 1615 |
La présidente |
M. Norman Doyle |
Mme Danette Starr-Spaeth |
º | 1620 |
M. Norman Doyle |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Norman Doyle |
La présidente |
M. Raymond Simard |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Raymond Simard |
Mme Danette Starr-Spaeth |
La présidente |
º | 1625 |
M. Monte Solberg |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Monte Solberg |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Monte Solberg |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Monte Solberg |
Mme Danette Starr-Spaeth |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Gurbax Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.) |
La présidente |
M. Alastair Macphee |
º | 1630 |
M. Gurbax Malhi |
M. Alastair Macphee |
M. Gurbax Malhi |
M. Alastair Macphee |
M. Gurbax Malhi |
M. Alastair Macphee |
M. Gurbax Malhi |
M. Alastair Macphee |
M. Gurbax Malhi |
M. Alastair Macphee |
M. Gurbax Malhi |
La présidente |
CANADA
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 1er avril 2003
[Enregistrement électronique]
¹ (1540)
[Traduction]
La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)): Mesdames et messieurs, bonjour.
Je sais que nous avons encore des problèmes au niveau de la vidéo. Nous allons toutefois aller de l'avant avec la réunion. Je vais demander à M. Alastair MacPhee, du Congrès des peuples autochtones, de nous présenter son exposé.
Monsieur MacPhee, vous pouvez commencer. Nous entendons ensuite le témoin de Regina.
M. Alastair Macphee (consultant, Congrès des peuples autochtones): Madame la présidente, messieurs et mesdames les membres du comité, chers collègues, bonjour. Je m'appelle Alastair MacPhee. Je travaille comme consultant auprès du Congrès des peuples autochtones. Je tiens à vous remercier de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
Le Congrès des peuples autochtones est une organisation autochtone nationale qui représente les intérêts des Autochtones vivant hors des réserves. Anciennement connu sous le nom de Conseil national des Autochtones du Canada, le CPA défend les intérêts collectifs et particuliers de ses membres par le biais de ses associations, présentes depuis 32 ans dans toutes les provinces et dans tous les territoires.
D'après le CPA, les capacités de lecture, d'écriture et de calcul sont essentielles à la participation au marché du travail et au bien-être social. Nous savons que toute lacune à ce chapitre réduit les perspectives d'emploi et empêche une personne de participer pleinement à la société. Elle empêche aussi nos membres de prendre part à la vie économique du pays. Les employeurs s'inquiètent de ce que les travailleurs ne possèdent pas les compétences de base que requièrent les industries de plus en plus axées sur la technologie.
À l'heure actuelle, aucun programme d'alphabétisation n'est offert par le CPA ou ses organisations affiliées. Nous avons essayé d'en mettre sur pied dans le passé, mais sans succès. Néanmoins, il existe un lien direct entre l'alphabétisation, en tant qu'enjeu politique, et bon nombre des secteurs dans lesquels nous intervenons : mentionnons, par exemple, la santé, les mesures de soutien pour les personnes handicapées, l'emploi. Nous devons améliorer l'alphabétisation en milieu de travail. La question qu'il faut se poser est la suivante : comment y parvenir?
Il est essentiel de comprendre, lorsque nous parlons de cet enjeu politique qu'est l'alphabétisation en milieu de travail, que nos préoccupations ne se limitent pas uniquement à des questions d'emploi et de revenu. Le CPA prône l'adoption d'une approche holistique qui met l'accent sur l'employabilité, les aptitudes utiles pour la vie, l'éducation, le logement, la sécurité du revenu, la pauvreté, la santé et la guérison, les mesures de soutien pour les personnes handicapées, le racisme et l'aliénation culturelle.
En effet, cette approche essentiellement holistique permettrait à nos membres de travailler dans un milieu où ils bénéficieraient de conseils et d'outils d'apprentissage, et qui tiendrait compte aussi des traditions autochtones. L'alphabétisation doit être envisagée dans un contexte qui ne se limite pas uniquement à l'emploi.
Le problème de l'alphabétisation est, à bien des égards, un problème vaste et complexe qui pourrait être jugé insurmontable si ce n'était des mesures discrètes prises par les Autochtones pour le surmonter.
Nous devons, si nous voulons relever ce défi, compter sur la participation des Autochtones, tenir compte de leurs valeurs, de leurs principes et de leurs pratiques, et intégrer ceux-ci dans toute politique et initiative mises en oeuvre à l'échelle nationale.
Merci.
La présidente: Nous allons maintenant entendre Mme Danette Starr-Spaeth, qui représente la Federation of Saskatchewan Indian Nations. Danette est la directrice générale du secrétariat à l'éducation et à la formation.
Bienvenue au comité. Nous avons hâte d'entendre ce que vous avez à dire sur la question.
Mme Danette Starr-Spaeth (directrice générale du Secrétariat à l'éducation et à la formation, «Federation of Saskatchewan Indian Nations»): Bonjour. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de vous présenter les vues des Premières nations de la Saskatchewan.
Comme on l'a déjà mentionné, je suis la directrice générale du secrétariat à l'éducation et à la formation de la Federation of Saskatchewan Indian Nations. La FSIN représente 74 Premières nations de la Saskatchewan, et défend surtout les intérêts des Autochtones vivant à l'intérieur des réserves. Nous nous occupons également des programmes offerts aux Autochtones qui vivent à l'extérieur des réserves. La Saskatchewan compte un plus grand nombre d'Autochtones, par habitant, que bon nombre des autres provinces, ce qui a pour effet d'alourdir notre charge de travail. Outre l'éducation, nous nous occupons des jeunes, des initiatives qui s'adressent aux jeunes et des programmes de formation.
Nous aimerions aborder un certain nombre de questions touchant l'alphabétisation en milieu de travail et l'emploi. Toutefois, comme on l'a déjà mentionné, il ne faut pas limiter la discussion au seul secteur de l'emploi. Il ne faut pas traiter cette question en vase clos.
En Saskatchewan, 25 p. 100 des jeunes sont Autochtones. Il s'agit d'un pourcentage énorme. Les tendances démographiques doivent être examinées de plus près, tout comme les rôles et les responsabilités que nous devons assumer en vue de répondre aux besoins en main-d'oeuvre et remplacer les travailleurs du baby-boom qui vieillissent.
Les Autochtones composent actuellement 13 p. 100 de la population de la Saskatchewan. Ce pourcentage ne cesse de croître. Nous savons que ce taux de croissance est nettement plus élevé que celui de la population générale. Nous savons aussi que le gouvernement, l'industrie et le milieu des affaires doivent s'attaquer aux problèmes et être attentifs aux préoccupations formulées par les collectivités des Premières nations.
Notre souci premier demeure, bien entendu, le financement des programmes d'alphabétisation des Autochtones. Ce n'est que lorsque j'ai commencé à travailler avec la Commission de mise en valeur de la main-d'oeuvre de la Saskatchewan, il y a deux ans, que nous avons pris connaissance de l'existence de ce financement. J'ai eu l'occasion de participer, de concert avec la Commission, à l'élaboration d'un programme d'apprentissage en milieu de travail, qui a pour objet de venir en aide aux travailleurs. Malheureusement, ce programme exclut les personnes qui ne font pas partie de la population active, et pour nous, cela représente un grand nombre d'Autochtones. Il faut accorder plus d'attention à ce groupe cible.
Nous sommes conscients du fait qu'il y a des travailleurs qui ont besoin d'aide. À cet égard, nous devons multiplier les initiatives d'alphabétisation en milieu de travail et les initiatives d'alphabétisation des Autochtones. Toutefois, nos efforts ne doivent pas s'arrêter là. Comme je l'ai mentionné, les personnes qui ne font pas déjà partie de la population active sont exclues de certaines des initiatives qui sont mises sur pied, et cela constitue une source d'inquiétude.
Par ailleurs, nous tenons à préciser que les Premières nations doivent être informées des programmes qui leur sont offerts. C'est là un point très important, car nous constatons de plus en plus que les collectivités des Premières nations ne sont pas au courant des programmes qui existent. Nous savons qu'en Saskatchewan, les collectivités sont conscientes des besoins qui existent. Elles ont cerné bon nombre des secteurs d'activité sur lesquels il faut se concentrer davantage. Nous aimerions avoir la possibilité d'en discuter avec vous.
Nous sommes également inquiets du fait que les collectivités des Premières nations n'ont pas accès aux fonds qui sont consacrés aux programmes d'alphabétisation en milieu de travail, et notamment aux initiatives d'alphabétisation des Autochtones. Les collectivités des Premières nations ont beaucoup à offrir sur le plan de la conception et de la mise en oeuvre de programmes, ainsi de suite. Nous aimerions que le financement et les programmes répondent davantage aux besoins des Premières nations, besoins qui ont déjà été cernés par nos collectivités. Nous aimerions aussi que les Premières nations participent davantage aux programmes, que les fonds et les programmes soient plus accessibles, et qu'on informe davantage les Premières nations sur la façon d'y avoir accès.
¹ (1545)
L'alphabétisation en milieu de travail devrait également mettre l'accent sur l'apprentissage des langues. Nous ne faisons pas allusion, ici, à l'anglais langue seconde, car bon nombre de nos membres, surtout ceux qui habitent dans le Nord, parlent une langue autochtone qu'ils considèrent comme leur langue maternelle. Il est important de ne pas confondre cette langue avec l'anglais langue seconde. Il faut toutefois offrir des cours de langue aux Premières nations qui ont de la difficulté à maîtriser l'anglais, ainsi que des cours de lecture, d'écriture, ainsi de suite.
Il faut faire plus dans ce domaine, car si les grands-parents et les parents ne peuvent comprendre ce que font leurs enfants, il sera difficile pour eux de participer à leur éducation. Nous savons que le rôle joué à ce chapitre par les parents et la collectivité est important, que les parents et les collectivités doivent s'intéresser à l'éducation de leurs enfants. Il est très difficile pour eux de le faire s'ils ne savent ni lire ni écrire, et s'ils ne maîtrisent pas l'anglais.
Nous avons déjà cerné ce domaine comme un des domaines où il faut faire plus. Le gouvernement fédéral en est lui aussi conscient. Il a été question, dans le budget fédéral, de l'adoption de mesures qui contribueraient à améliorer les programmes de formation des Autochtones et à accroître la participation des collectivités et des parents. Ce facteur est très important. Lorsque les parents s'intéressent davantage à l'éducation de leurs enfants, à leurs résultats scolaires, cela a un impact positif sur les jeunes et les étudiants. Donc, il faut se concentrer davantage sur l'alphabétisation des familles, aider les parents et les grands-parents—qui sont souvent les fournisseurs de soins—à maîtriser davantage l'anglais, à collaborer de plus près avec les jeunes étudiants. La participation de la collectivité et des parents est donc essentielle.
Nous éprouvons quelques inquiétudes au sujet du document qu'a diffusé à l'échelle nationale DRHC, Le savoir, clé de notre avenir - Le perfectionnement des compétences au Canada. Ce document a servi de base à notre stratégie emploi jeunesse. Or, bien qu'il mentionne, ici et là, les peuples autochtones, il n'insiste pas sur le rôle joué par les Autochtones au sein de la population active, sur la nécessité d'accroître la main-d'oeuvre autochtone, ou encore sur la nécessité d'accroître et de conserver les effectifs autochtones. Nous aurions aimé qu'il y ait un chapitre sur la question. Bien entendu, nous sommes conscients du travail qu'a demandé la préparation de ce document. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec la ministre Stewart lors d'une conférence sur l'évaluation des connaissances acquises, qui a eu lieu à Charlottetown, l'an dernier. Je lui ai communiqué certaines des préoccupations que soulevait le document, et insisté sur le fait que les Autochtones en étaient exclus. Comme je l'ai indiqué, sauf pour ce qui est du chapitre sur l'immigration, il est très peu question des Autochtones dans le document. Nous aurions aimé qu'il consacre un chapitre aux Autochtones, au rôle qu'ils jouent et aux mesures qu'entend prendre le gouvernement fédéral pour accroître leur participation à la société.
À la suite de la publication du document, DRHC a décidé de réduire le financement accordé aux stratégies emploi jeunesse. Ces réductions ont eu un impact très négatif, ce qui nous inquiète beaucoup. Le financement du programme travail-études, une des stratégies emploi jeunesse mises sur pied par la Saskatchewan, a été réduit de moitié. Il s'agit là pour nous d'une préoccupation majeure, car ce programme est très efficace.
En effet, la Saskatchewan offre ce programme depuis cinq ans. Il a été élaboré par la Fédération, de concert avec le ministère de l'Éducation de la province. Il est également offert dans d'autres régions. Ce programme s'adresse aux étudiants de la 7e à la 12e année. Il s'agit d'un programme travail-études accrédité, ce qui veut dire qu'il permet aux étudiants du secondaire qui le suivent d'obtenir un crédit. Comme je l'ai mentionné, le programme a été élaboré par la Fédération et le ministère de l'Éducation de la Saskatchewan. Bien entendu, il s'adresse de façon précise aux Premières nations. Il comprend une composante travail de six semaines. Les étudiants passent de la salle de classe au milieu de travail. La composante études permet aux étudiants d'apprendre comment préparer un résumé, comment s'affirmer, comment mettre à profit ses capacités de lecture et d'écriture en milieu de travail. La Fédération a élaboré un programme d'études détaillé qui a été approuvé par le ministère de l'Éducation.
¹ (1550)
Bien entendu, la décision de réduire le financement va avoir un impact très négatif sur nos activités, ce qui nous inquiète beaucoup. À l'heure actuelle, nous avons 15 points d'accès en Saskatchewan, dans les collectivités des Premières nations, au niveau des bandes, et dans les écoles secondaires. Le ministère de l'Éducation en a un. Il compte, dès cet automne, offrir le programme dans toutes les écoles communautaires. La province sera donc en mesure d'y avoir accès.
Toutefois, en raison de la réduction du financement que subiront les collectivités des Premières nations, les bandes, nous ne serons pas en mesure d'offrir le programme comme nous l'avons fait l'an dernier. Cela nous inquiète beaucoup, et nous aimerions que le gouvernement fédéral commence à tenir compte des préoccupations des collectivités des Premières nations.
Nous avons tenu toute une série de consultations avec les parents, les enseignants, les leaders, ainsi de suite. Nous avons passé la dernière année à consulter les intéressés, à cerner les problèmes, à proposer des solutions. Ainsi, nous souhaitons que le gouvernement fédéral tienne des consultations avec les collectivités des Premières nations, qu'il prenne en considération les préoccupations que nous avons et les solutions que nous proposons.
Mes cinq minutes sont probablement écoulées. Je vais donc m'arrêter ici. Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous faire part de nos vues.
¹ (1555)
La présidente: Merci. Je tiens à vous dire que le gouvernement est à l'écoute, et que cette rencontre fait partie du processus de consultation. Nous avons entendu le témoignage de nombreuses collectivités des Premières nations de toutes les régions du Canada. Je suis certaine que notre rapport fera état des préoccupations que vous avez formulées.
Il y a autour de cette table des représentants de l'Alliance canadienne, du Bloc Québécois, du Parti conservateur et du Parti libéral. Nous allons commencer avec M. Solberg, qui représente l'Alliance canadienne. Nous allons avoir des tours de six minutes.
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne): Merci, et merci aux deux témoins. Votre point de vue nous intéresse beaucoup.
Ma première question s'adresse à M. MacPhee. Vous avez dit que le CPA a déjà offert des programmes d'alphabétisation, mais que ceux-ci ont été suspendus. Pouvez-vous nous dire pourquoi? Quel était le problème?
M. Alastair Macphee: Il s'agissait d'un programme vidéo qui visait à mobiliser les leaders, à les sensibiliser à la question de l'alphabétisation. Nous avons pu avoir accès aux fonds en présentant tout simplement une demande. Or, je pense que l'initiative a été abandonnée parce que personne n'a voulu s'occuper de la proposition, y donner suite. C'est la meilleure réponse que je peux vous donner.
M. Monte Solberg: De toute évidence, si vous êtes ici, c'est parce que la question vous préoccupe. À votre avis, est-ce que le CPA est prêt à jouer un rôle à ce chapitre, à donner le ton, à faire avancer le dossier?
M. Alastair Macphee: Absolument. L'alphabétisation a une incidence sur presque tous nos programmes. C'est un facteur qui doit être pris en compte dans tous nos programmes, que ce soit dans le domaine de la santé... Par exemple, je m'occupe d'un programme qui s'adresse aux diabètes de type 2. Nous devons faire en sorte que les documents que nous préparons puissent être compris par les personnes qui ont un faible niveau d'alphabétisation.
M. Monte Solberg: Madame Starra-Spaeth, vous avez dit que vous aimeriez qu'un plus grand nombre de programmes soient conçus par et pour les Premières nations. Je voudrais savoir s'il existe des exemples de programmes qui fonctionnent vraiment bien. Est-il possible de les utiliser comme modèle? Avez-vous des exemples de programmes conçus par les Premières nations, ou par d'autres personnes, qui semblent bien fonctionner?
Mme Danette Starr-Spaeth: Oui, nous en avons. Il y a, par exemple, le programme de réforme de l'éducation, une initiative de cinq ans qui découle du plan d'action Rassembler nos forces. Il a pris fin hier. La dernière année de financement était 2002-2003.
Les collectivités ont été en mesure d'élaborer des programmes de réforme de l'éducation. Bon nombre d'entre elles ont mis sur pied des programmes qui reposaient sur la participation des aînés—des programmes qui encourageaient les aînés, les collectivités, les parents à s'intéresser à l'éducation de leurs enfants. L'alphabétisation représentait évidemment un volet important de ce programme.
Donc, oui, nous avons des programmes qui sont efficaces, qui constituent des modèles à suivre. Bon nombre d'entre eux découlent d'initiatives entreprises dans le cadre du plan d'action Rassembler nos forces.
M. Monte Solberg: Pourriez-vous en dire un peu plus long à ce sujet?
[Note de la rédaction: difficulté technique]
º (1600)
Mme Danette Starr-Spaeth: Je peux vous voir, mais je ne peux pas vous entendre. Nous avons l'image, mais pas le son.
La présidente: En attendant que la connexion soit rétablie, je vous rappelle que jeudi nous allons recevoir des représentants d'employeurs et d'employés dans le cadre d'une table ronde. Ces représentants proviennent de Avon Foods, en Nouvelle-Écosse, de la Commission scolaire de Montréal, du Québec bien sûr, de Durabelt Inc., de l'île-du-Prince-Édouard, de La Ronge Motor Hotel, de la Saskatchewan, de National Silicates, de l'Ontario et de Palliser Furniture, du Manitoba. Nous aurons donc une bonne représentation de...
M. Monte Solberg: Vont-ils être ici ou seront-ils...?
La présidente: Ils seront ici jeudi.
M. Monte Solberg: Je ne veux pas dire qu'une vidéoconférence ne fonctionne pas bien.
La présidente: Celle de mardi s'est très bien déroulée.
M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.): Nous obtenons un très mauvais service. La connexion n'est pas rétablie, madame la présidente. Nous payons pour obtenir un service que nous n'obtenons pas. Je commence à être un peu fâché. Prenez-en note.
La présidente: Je vais demander à chacun d'entre vous s'il a des questions à poser à M. MacPhee. Si certains en ont, ils les poseront. Ensuite, si nous pouvons ravoir la connexion avec Mme Star-Spaeth, nous lui poserons nos questions.
Monsieur Solberg, aviez-vous d'autres questions pour M. MacPhee?
M. Monte Solberg: Oui. Je vais lui poser la même question que je viens de poser. Je croirais que les collectivités autochtones sont notamment à la recherche de modèles qui ont fonctionné ailleurs. Y a-t-il une initiative qui fonctionne et qui ressort vraiment parmi d'autres que vous pourriez peut-être mettre en oeuvre à votre tour? Dans votre cas, peut-être s'agit-il d'une initiative entreprise dans une réserve que vous mettriez en place hors réserve.
º (1605)
M. Alastair Macphee: Un des programmes que j'ai aimé s'appelait «Youth Helping Youth». Ce programme était fondé sur le réseau social naturel des jeunes autochtones et sur les relations, le partage et le respect. Le concept des conseils donnés par les pairs s'appuie sur le fait bien documenté que les jeunes demandent généralement des conseils et des renseignements à des amis et à des pairs plutôt qu'à des adultes.
Le réseau social des jeunes autochtones ne se trouve pas nécessairement à l'école. Il est important de faire remarquer que l'aide provenant de personnes non autochtones pourrait ne pas convenir. Les jeunes autochtones s'adresseront à des pairs de leur propre groupe culturel pour obtenir des conseils, et ces conseillers joueront un rôle important. Je crois que ce type de programme peut très bien être mis en application à l'intention des jeunes autochtones vivant en milieu urbain.
M. Monte Solberg: Possédez-vous des données empiriques sur la réussite de ce programme? Existe-t-il une étude qui révèle que X nombre de jeunes ont fait appel au programme et sont passés du niveau 1—ou autre—au niveau 3, par exemple, si c'est de cette façon dont vous évaluez ce genre de programme? Détenez-vous de telles données?
M. Alastair Macphee: Non. Je crois qu'il s'agit d'un programme qui était en vigueur il y a quatre ou cinq ans. Je viens juste d'en apprendre l'existence et j'ai pensé qu'il avait du mérite.
La présidente: Monsieur Simard, la parole est à vous.
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): Merci, madame la présidente.
Mes questions s'adressent à M. MacPhee, s'il peut y répondre, mais je crois qu'elles concernent probablement les deux témoins.
Vous avez soulevé un point très intéressant, monsieur MacPhee, au sujet de la position des dirigeants autochtones au sujet de l'alphabétisation. Je veux savoir si les dirigeants autochtones ont examiné ce problème et estiment qu'il s'agit en effet d'un problème. Je veux aussi savoir quelle priorité ils accordent à l'alphabétisation.
M. Alastair Macphee: Je ne peux pas parler au nom de tous les dirigeants autochtones, mais lors de notre dernière assemblée générale annuelle, nous n'en avons pas discuté. Ces assemblées durent généralement deux jours, alors il est impossible d'aborder toutes les questions.
Néanmoins, le sujet de l'alphabétisation est lié à presque tout ce que nous faisons. Ce n'est pas un sujet dont nous faisons abstraction; nous sommes tous conscients du problème. En fait, certains des dirigeants autochtones sont analphabètes et certains des dirigeants de la génération précédente, ...
M. Raymond Simard: Je sais que les dirigeants autochtones ont beaucoup de pain sur la planche ces jours-ci, mais il est important qu'ils abordent le sujet, selon moi. Il s'agit d'une discussion importante qu'ils devraient tenir.
Ma deuxième question concerne le fait qu'il y a des Autochtones qui vivent dans les réserves et d'autres hors réserve. Dans les réserves, le marché est plus captif, ce qui peut faciliter la tâche. Je crois que vous avez dit que vous travaillez beaucoup avec les collectivités hors réserve, et je me demande quels types de difficultés vous connaissez sur le plan... Je fais référence au fait que les Autochtones hors réserve sont dispersés un peu partout. Comment allez-vous faire pour les intéresser au programme? Avez-vous pensé à cela?
M. Alastair Macphee: Dans les grands centres urbains, les Autochtones se trouvent habituellement dans des secteurs précis. Par exemple, à Vancouver, ils se trouvent surtout dans la partie est du centre-ville. Les centres d'amitié sont des lieux dans la ville que fréquentent beaucoup d'Autochtones. Alors, il y a en effet...
M. Raymond Simard: Il existe certains endroits où les Autochtones se concentrent.
M. Alastair Macphee: Oui. Ils ne sont pas dispersés un peu partout dans les villes.
º (1610)
M. Raymond Simard: Estimez-vous que les stratégies utilisées à l'égard des Autochtones habitant dans les réserves sont différentes de celles employées à l'intention des Autochtones vivant hors réserve? Par exemple, dans une ville, votre objectif est peut-être de faire en sorte que le taux d'alphabétisation chez les Autochtones devienne suffisamment élevé pour que ceux-ci puissent obtenir un emploi, tandis que dans les réserves, votre objectif concerne peut-être davantage la collectivité. Je me demande si vous avez pensé à cela également.
M. Alastair Macphee: Oui, c'est exact. Les jeunes Autochtones vont s'établir dans les villes en raison des possibilités qui y existent. Je crois que l'essentiel est de détenir une approche globale, qui tient compte de la culture. Ce sont des programmes fondés sur la tradition et la culture que nous mettrions en place dans les réserves.
M. Raymond Simard: En parcourant la documentation, j'ai remarqué que plusieurs organismes gouvernementaux s'occupent dans une certaine mesure de l'alphabétisation. Il y a Développement des ressources humaines Canada, Affaires indiennes et du Nord Canada, Patrimoine canadien, le Bureau des relations avec les Autochtones et le Secrétariat national à l'alphabétisation. Il me semble que si nous avions à élaborer une stratégie, toutes ces entités pourraient participer à son élaboration et faire en sorte qu'elle fonctionne, au lieu que chacune d'elles travaille de son côté.
J'ai aussi remarqué que, dans bien des cas, les Autochtones vivant hors réserve ne profitent pas d'un grand nombre des programmes. Je ne sais pas si vous avez une solution à proposer quant à la façon d'amener toutes ces entités à se concentrer sur une stratégie qui fonctionnerait à long terme pour les Autochtones.
M. Alastair Macphee: Tout à fait. Les Autochtones vivant hors réserve ne profitent pas des programmes. Nous disposons de très peu de ressources pour... Nous ne pouvons mettre en oeuvre qu'un nombre limité de programmes. En ce qui me concerne, j'offre souvent mes services pour mettre en oeuvre certains programmes, mais il ne s'agit pas d'une solution efficace.
Il vaudrait mieux que toutes ces entités soient réunies ensemble à une même table. Nous avons participé à des groupes de travail autochtones où étaient présents, disons, trois ministères, et nous avons été en mesure d'élaborer une stratégie. La première étape consisterait certainement à nous entretenir avec les parties concernées, à écouter ce qu'elles ont à dire et à mettre une stratégie sur pied.
Du bon travail a été effectué par le passé. Dans le cas de l'alphabétisation, de nombreux projets intéressants ont été menés. Peut-être le temps est-il venu de tenter d'élaborer une nouvelle stratégie.
M. Raymond Simard: Merci beaucoup.
Merci, madame la présidente.
La présidente: Monsieur Doyle, la parole est à vous.
M. Norman Doyle (St. John's-Est, PC): Je veux vous poser une question au sujet des Autochtones qui habitent dans la région du Labrador. J'imagine que vous connaissez bien la région de Davis Inlet. La collectivité de cette région a connu de nombreux problèmes—problèmes sociaux, problèmes d'alcoolisme, entre autres, et bien sûr beaucoup de problèmes concernant les enfants également.
Cet hiver, la plupart de la collectivité de Davis Inlet a été déménagée dans un nouveau secteur de la partie continentale du Labrador, où ont été construits des maisons, des systèmes d'aqueduc et d'égout et d'autres infrastructures. Malgré cela, il semble qu'un grand nombre des problèmes persistent, à en juger par l'intérêt qu'ils suscitent auprès du public. Un grand nombre des mêmes problèmes sociaux existent encore.
Étant donné la dure réalité que vivent certains Autochtones, surtout en raison du climat au Labrador, il est très difficile d'inciter les jeunes autochtones à ne pas abandonner l'école. Avez-vous des idées à nous faire part sur le sujet? Comment est-il possible de réaliser des progrès dans de telles circonstances? Que peut-on faire pour sortir les Autochtones de leur situation, les convaincre de s'éduquer davantage et les convaincre que l'éducation est très importante? Comment s'y prendre?
L'éducation est un réel problème dans cette région, et le gouvernement a tenté d'y remédier du mieux qu'il peut, mais la situation demeure la même. Avez-vous des idées quant à la façon d'inciter les jeunes autochtones à s'éduquer davantage et à considérer l'éducation comme un moyen de se sortir du milieu dans lequel ils vivent?
M. Alastair Macphee: Dans le cadre de mon travail, j'ai participé à cinq programmes élaborés par Service jeunesse Canada. Tous ces programmes s'adressaient à des Autochtones. L'un d'eux s'adressait aux Inuits, un autre aux Autochtones habitant dans les réserves, un autre aux Métis, etc.
Pour qu'un programme réussisse, un lien doit être établi entre la culture traditionnelle et les aînés, et j'ai donc veillé à ce que chaque programme comporte un tel lien.
Les jeunes autochtones qui arrivent dans un milieu urbain sont tout à fait étrangers à la culture urbaine, qui les abasourdit. Certains d'entre nous ont fait l'expérience de quitter un milieu rural pour aller s'installer dans un milieu urbain. Ce qui s'avère un choc. Mais le choc est beaucoup plus grand lorsque vous êtes un jeune autochtone, que vous arrivez dans une grande ville comme Vancouver et que vous vous établissez dans la partie est du centre-ville. Vous êtes complètement à la dérive.
Le lien avec la culture et la sagesse des aînés est donc le secret. Je suis certain que vous savez très bien à quel point la population autochtone est jeune. Cela nous pose un problème. Dans une société dysfonctionnelle, où des familles éclatent et des jeunes se joignent à des gangs dans les villes, il est difficile de trouver des aînés pour participer aux programmes.
º (1615)
La présidente: Monsieur Doyle, je veux vous dire que nous pouvons maintenant communiquer avec Mme Starr-Spaeth. Si vous avez des questions à lui poser, elle peut maintenant vous entendre.
M. Norman Doyle: J'ai une question à vous poser.
Je crois que je vous ai entendu dire que les Premières nations ne connaissent pas toujours les programmes qui existent et le financement qu'elles peuvent obtenir pour certains types de programmes d'éducation.
Que devrait faire le gouvernement, le cas échéant, pour s'assurer que les Autochtones connaissent très bien les programmes qui existent pour eux dans certaines régions?
Y a-t-il des initiatives, des changements ou quoi que ce soit que le gouvernement pourrait effectuer pour mieux renseigner les collectivités autochtones au sujet des programmes qui existent à leur intention? Vous avez donné l'impression que vous n'êtes pas toujours au courant des programmes qui existent.
Mme Danette Starr-Spaeth: Ma réponse serait d'établir une plus grande communication par l'entremise des organismes qui représentent les Autochtones.
La FSIN représente les Premières nations de Saskatchewan, et, à ma connaissance, il existe d'autres organismes comme nous dans chaque région. Il existe aussi des organismes qui représentent les Métis, les Autochtones vivant hors réserve et ceux habitant dans les réserves. J'estime donc qu'une plus grande communication avec les organismes qui représentent les Autochtones constituerait certainement une première étape. Je sais qu'au niveau national, il existe aussi des organismes qui représentent chacun des groupes que j'ai mentionnés.
En Saskatchewan, nous avons un réseau très bien établi. Je vais vous donner un exemple. J'ai une rencontre demain avec les coordonnateurs de l'enseignement postsecondaire. Il y en a un pour chaque Première nation.
Il existe 74 Premières nations, comme je l'ai signalé, et nos rencontres rassemblent habituellement de 60 à 65 coordonnateurs. Je les rencontre environ tous les deux à trois mois. Je rencontre aussi les directeurs d'éducation. Il y a un directeur pour chaque école de bande, et nous les rencontrons régulièrement.
Il y a une bonne communication à l'échelon des gouvernements des Premières nations, mais il n'y en a aucune entre eux et les gouvernements fédéral et provinciaux. Il s'agit d'une réelle lacune. Nous sommes aux prises avec un vrai problème.
Le gouvernement fédéral, par l'entremise de DRHC, par exemple, communique avec la Saskatchewan Labour Force Development Board, mais est-ce que l'information qu'il transmet est partagée avec les organismes autochtones? Ce sont ces organismes qui représentent les Autochtones.
Selon moi, il existe une grande lacune. Je ne peux pas parler pour les autres régions, mais j'ai constaté cette lacune dans le milieu de l'éducation, dont j'ai l'expérience. Mais je ne suis pas en mesure de parler pour les autres régions, bien entendu.
L'existence d'un réseau est fondamental. Un réseau doit être en place. En Saskatchewan, nos parents et nos collectivités sont prêts, disposés et aptes à assumer le défi de rencontrer des représentants du marché du travail et d'amener nos jeunes à intégrer ce marché. Mais nous devons faire savoir cela et il faut qu'on écoute quels sont nos besoins et quelles solutions nous proposons. Nous savons que nous détenons les solutions. Nous voudrions avoir la possibilité d'en faire part au gouvernement, mais nous estimons ne pas l'avoir.
º (1620)
M. Norman Doyle: J'imagine que, quand vous comparez la situation d'il y a 10 ans à celle d'aujourd'hui... Estimez-vous que l'information circule beaucoup mieux et que vous êtes davantage renseignée au sujet des mécanismes de financement? Est-ce le cas?
Mme Danette Starr-Spaeth: Voulez-vous dire par rapport à il y a 10 ans? D'après ce que je constate, l'amélioration est minime. Il y a eu des changements, mais je ne dirais pas qu'ils ont été énormes. Il est certain qu'il y a beaucoup à faire encore. Je crois que le travail qui est effectué en ce qui concerne l'alphabétisation des Autochtones est probablement l'un des meilleurs exemples que j'ai constaté, du moins dernièrement. Mais la communication doit être accrue, et le réseautage également.
M. Norman Doyle: D'accord, merci.
La présidente: Je vais donner l'occasion à M. Simard de vous poser une question, et ensuite je vais donner la parole à M. Solberg.
M. Raymond Simard: Merci, madame la présidente.
Je crois que l'une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés est le fait que les collectivités des Premières nations sont dispersées dans l'ensemble du Canada et encore plus dispersées dans le Nord canadien. Je ne sais pas si vous avez pensé à un moyen de joindre ces collectivités.
Dans le cas des programmes en matière d'alphabétisation, je ne sais pas si l'enseignement doit être fait en personne ou s'il peut être effectué à l'aide de la technologie, quoique nous éprouvions beaucoup de problèmes à joindre ces collectivités à l'aide de la technologie.
Y a-t-il une stratégie qui existe déjà et qui permet d'offrir les programmes en matière d'alphabétisation aux collectivités?
Mme Danette Starr-Spaeth: Je vais parler plus particulièrement de la Saskatchewan et vous avez raison de dire que géographiquement nous couvrons toute la province. Je le répète—notre système de réseautage est tout à fait impeccable. Nous sommes en mesure de transmettre l'information qui nous est donnée presque immédiatement à nos collectivités.
Je recommanderais une collaboration plus grande en matière d'éducation avec les groupes nationaux également. Le comité des chefs sur l'éducation dont le sigle est le CCOE en est un. Un représentant de chaque région assiste à ces réunions de même qu'un technicien : un représentant politique et un représentant technique de chaque région. L'information qui en découle est transmise aux régions. À ce que je sache de toute façon, en Saskatchewan, ce fut très concluant.
Nos collectivités ont choisi les deux personnes qui siègent au niveau national à ce comité des chefs sur l'éducation de même qu'au Conseil national indien de l'éducation. Le CNIE est l'organisme technique tandis que le CCOE est l'organisme politique. Je crois comprendre que chaque région dispose d'un système similaire de sorte qu'il y aurait également un comité des chefs sur le développement économique qui fait bien sûr intervenir les travailleurs et le marché de l'emploi. Ce serait une excellente instance pour le gouvernement pour prêcher la bonne parole et transmettre l'information aux collectivités.
Il va sans dire que la technologie pose un problème. Je ne dis pas le contraire. Mais pour nous en Saskatchewan, nous sommes encore en mesure de communiquer avec toutes les personnes requises de même qu'avec toutes nos collectivités.
M. Raymond Simard: Est-ce qu'il s'agirait d'un programme d'alphabétisation, pour ce qui est d'être en mesure d'offrir des cours par exemple? Est-ce que c'est un problème?
Mme Danette Starr-Spaeth: Je ne pense pas qu'il s'agira d'un problème aussi important que ce fut le cas par le passé. Nous nous dirigeons vers la technologie moderne dans certaines de nos collectivités éloignées; il y a aussi le programme Rescol. Bien sûr, ce programme est propre aux écoles.
Industrie Canada a aussi mis de l'avant le Programme d'accès communautaire, le PAC-- à ne pas confondre avec le Congrès des peuples autochtones. L'acronyme elle-même. Le PAC a été très efficace. En effet il a permis de créer un site Internet dans chaque collectivité, un point d'accès public. À ce que je sache, nos collectivités l'exploitent au tant qu'elles le peuvent. Ces sites existent et fonctionnent très bien.
Tout à fait, même dans le domaine de l'éducation, nous offrons certains cours par satellite, des cours télévisés de même que par l'entremise de l'Internet. À ce que je sache, ils ont été très populaires.
La présidente: Monsieur Solberg.
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M. Monte Solberg: Merci beaucoup. madame la présidente.
Je veux reprendre là où j'ai laissé, je suppose, avant que la communication soit coupée. Si vous remontez où nous étions il y a longtemps, au tout début, ce dont nous parlions alors c'était du programme que vous offrez maintenant. Vous sembliez dire qu'il était assez populaire et que vous aviez l'impression qu'il fonctionnait assez bien.
Mais j'essaie de déterminer le taux de succès de ces programmes. Tenez-vous des statistiques qui nous diraient, par exemple, que sur un nombre x d'élèves qui ont participé à vos programmes d'alphabétisation, un certain nombre ont progressé d'un certain niveau de lecture à un autre ou d'une certaine capacité de calculer à une autre? Gardez-vous des données empiriques de ce genre? Dans la négative, comment évaluez-vous le succès de ces programmes?
Mme Danette Starr-Spaeth: Nous n'avons jamais offert de programme d'alphabétisation par l'entremise de la Federation of Saskatchewan Indian Nations. Je faisais allusion à notre programme d'alternance travail-études. Est-ce à ce programme que vous songez?
M. Monte Solberg: Je suis désolé, je suppose qu'il s'agissait de ce programme. Je crois que c'est vous qui avez dit que vous croyez en fait, très fermement...le programme d'apprentissage en milieu de travail...
Mme Danette Starr-Spaeth: Oui.
M. Monte Solberg: Très bien. Par l'entremise de ce programme, les élèves amélioraient leurs aptitudes à la lecture. Est-ce fondamentalement l'idée.
Mme Danette Starr-Spaeth: Le programme d'apprentissage en milieu de travail porte le nom de Saskatchewan Labour Force Development Program dont le sigle est le SLFDP. Il s'agit d'un programme qui relève du gouvernement provincial. On m'a demandé de siéger au sein comité pour trancher sur les propositions qui sont présentés. C'est dans le cadre de ces fonctions que j'ai appris qu'il existait un programme canadien d'alphabétisation à l'intention des Autochtones. Il ne s'agit pas de notre programme. Je ne sais pas de quelles données disposent le SLFDP portant sur l'apprentissage en milieu de travail.
Si j'en ai parlé, c'était pour vous part de notre préoccupation. Si on ne m'avait pas demandé de siéger au sein de ce comité, l' Education and Training Secretariat ignorerait encore l'existence des programmes d'alphabétisation nationaux.
J'ai aussi fait allusion à notre programme d'alternance travail- études qui, en passant, a été très populaire. J'ai aussi fait allusion au fait que les aptitudes et l'apprentissage avaient des répercussions sur le programme. Oui, nous avons des chiffres et des statistiques pour témoigner du succès de ce programme.
M. Monte Solberg: D'accord, c'est fantastique. Je crois qu'il est vraiment important de suivre l'évolution de ces choses. Si le programme donne de bons résultats, de toute évidence, nous aimerions reproduire l'expérience ou suggérer à d'autres groupes de le faire.
Vous n'avez probablement pas tous ces chiffres devant vous, j'en suis certain, mais nous serait-il possible d'y avoir accès. Peut-être pourrait-on les intégrer aux données que nous examinons pour formuler nos recommandations. Est-il possible d'obtenir cette information?
Mme Danette Starr-Spaeth: Je viens tout juste de vous perdre il y a environ 30 secondes. Une fois de plus, je ne vous entends plus. La technologie moderne!
M. Monte Solberg: M'entendez-vous maintenant?
La présidente: Non, la communication est coupée.
Je ne sais pas, monsieur Solberg, mais je commence à me poser des questions à votre sujet.
M. Monte Solberg: Je sais. C'est la plaque de métal dans ma tête!
La présidente: Oh, d'accord.
Nous leur donnerons 30 secondes.
Monsieur Malhi, si vous avez des questions à poser à M. MacPhee, nous pouvons commencer.
M. Gurbax Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.): Merci, madame la présidente.
Votre organisme a-t-il adopté une définition particulière de l'alphabétisation? Est-il possible de n'avoir qu'une seule définition de l'alphabétisation pour tous les organismes?
La présidente: Il vous demande si vous avez une définition de l'alphabétisation.
M. Alastair Macphee: Y a-t-il une définition de l'alphabétisation? Je penserais que oui. Nous pourrions tous nous entendre sur une définition de l'alphabétisation et de la capacité de calculer. Je ne crois pas que cela pose un problème particulier.
º (1630)
M. Gurbax Malhi: Avez-vous eu une chance de collaborer avec les autres organismes avec lesquels vous avez travaillé auparavant à cet égard, à savoir n'avoir qu'une seule définition?
M. Alastair Macphee: Je crois que la définition de l'alphabétisation ne constitue pas un très grand problème pour le Congrès des peuples autochtones. Je ne dirais pas que cela pose un problème. Je ne sais pas quelle définition vous suggérez en fait.
M. Gurbax Malhi: Les témoins que nous avons entendus ont défini l'alphabétisation de différentes façons. C'est la raison pour laquelle je vous pose la question.
M. Alastair Macphee: Je vois. C'est une question intéressante. Je ne suis pas tout à fait sûr de ce que serait cette définition dans le contexte autochtone. Cependant, je n'ai jamais abordé cette question.
M. Gurbax Malhi: Vous sollicitez l'appui du gouvernement fédéral en matière d'alphabétisation. Quel genre d'aide ou de financement obtient votre organisme auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux?
M. Alastair Macphee: Comme le Congrès des peuples autochtones est un organisme autochtone national, tout son financement provient du gouvernement fédéral. Patrimoine canadien assure notre financement de base. Nous présentons ensuite des propositions à l'égard de divers programmes et nous les administrons.
Mais dans chacune des provinces et des territoires nous avons un organisme affilié qui traite avec les provinces. J'ai vérifié auprès de tous ces organismes avant de venir ici et aucun d'entre eux n'offre un programme d'alphabétisation.
M. Gurbax Malhi: Il arrive parfois que le milieu des affaires ont de la difficulté à recruter des gens, à les former étant donné leur bas niveau d'alphabétisation. Que suggéreriez-vous au milieu des affaires à cet égard et quel genre de collaboration obtenez-vous de lui?
M. Alastair Macphee: Obtenir la coopération de qui?
M. Gurbax Malhi: Du milieu des affaires.
M. Alastair Macphee: Je me suis penché sur les divers modèles qui existent, les programmes d'alphabétisation que diverses entreprises ont mis de l'avant; l'approche est trop étroite, fondamentalement, et n'est pas au centre des préoccupations des Autochtones. Il s'agit simplement d'apprendre suffisamment ou d'améliorer vos compétences afin d'être en mesure de travailler à l'usine ou d'apprendre à utiliser la nouvelle technologie dont peut disposer une entreprise.
Par conséquent en ce qui concerne l'alphabétisation dans le cas des Autochtones, il faut élargir le cadre et intégrer les valeurs culturelles traditionnelles de même que tout le contexte dans lequel la personne évolue. C'est le problème que j'ai constaté en ce qui concerne les programmes d'alphabétisation en milieu de travail.
M. Gurbax Malhi: Merci.
La présidente: D'autres questions pour M. MacPhee? Il semble que nous avons perdu Mme Starr-Spaeth pour l'avenir prévisible.
Comme il n'y a pas d'autres questions, la séance est levée. Je vous remercie.