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Mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de nous avoir invités à prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Je suis accompagnée de la sous-ministre du ministère du Patrimoine canadien, Mme LaRocque, de mon collègue, le ministre O'Connor, et du chef d'état-major de la Défense, le général Hillier.
Nous sommes ici pour vous présenter les avantages du nouveau Modèle de transformation du programme des langues officielles, et nous pourrons répondre à vos questions par la suite.
J'aimerais d'abord vous rappeler qu'à titre de ministre de la Francophonie et des Langues officielles, je suis, d'une part, responsable des programmes du ministère du Patrimoine canadien relatifs à la dualité linguistique et, d'autre part, de la coordination de l'ensemble des activités fédérales en matière de langues officielles.
J'assure la cohérence globale des efforts de notre gouvernement à ce sujet et j'entends continuer d'assurer le leadership et de montrer la voie à suivre pour que nos deux langues officielles occupent la place qui leur revient dans nos communautés et nos institutions fédérales.
Au cours de la dernière année, j'ai collaboré — et je collabore toujours — avec mes collègues du Conseil des ministres pour faire en sorte que la dualité linguistique fasse partie intégrante de l'élaboration des politiques et des programmes.
Tout en comptant sur mon appui, mes collègues s'assurent que les institutions dont ils sont responsables se conforment pleinement à la Loi sur les langues officielles. Ils sont redevables devant le Parlement, ils consultent les communautés et ils entretiennent de bonnes relations avec le Commissariat aux langues officielles.
Mes collègues et moi pouvons aussi compter sur le président du Conseil du Trésor, qui joue un rôle important en matière de langues officielles au sein de la fonction publique.
Comme vous le constatez, notre gouvernement est fermement engagé à promouvoir nos deux langues officielles. Pour nous, la dualité linguistique est un fondement de notre identité. Elle est un atout économique, social et culturel, et ce, tant pour la société canadienne que pour le Canada sur la scène internationale.
Durant la dernière année, notre gouvernement est passé à l'action de façon tangible et positive pour concrétiser notre engagement. J'ai d'ailleurs plusieurs réalisations à mon actif. Par exemple, j'ai signé des ententes en éducation avec chaque province et territoire, des ententes en matière de services dans la langue de la minorité, ainsi qu'une entente de collaboration avec la communauté anglophone du Québec. J'ai appuyé la création de l'Assemblée de la francophonie de l'Ontario et j'ai participé aux efforts de relance du Festival franco-ontarien. J'ai accordé un financement à la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada pour l'organisation de leur sommet en 2007. J'ai versé des fonds à la Ville d'Ottawa pour l'aider à offrir des services en français. J'ai travaillé de près avec mes collègues pour mettre sur les rails le projet de loi en vue de permettre à un accusé d'être entendu par un juge ou un jury dans la langue de son choix. J'ai présenté, avec le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration de l'époque, Monte Solberg, le Plan stratégique pour favoriser l'immigration au sein de communautés francophones en situation minoritaire. Enfin, notre gouvernement a accueilli avec empressement le nouveau commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.
Nous avons fait la preuve, et nous continuons de prouver par nos actions et nos gestes, que le respect de la Loi sur les langues officielles au sein de tous les ministères, y compris celui de la Défense nationale et des Forces canadiennes, est une priorité pour nous.
Nous visons un seul et même but, celui d'atteindre les objectifs de la Loi sur les langues officielles au sein de ce ministère. J'irai même plus loin. Notre intention est de nous assurer que tous les employés civils et militaires du ministère soient dirigés, formés, gérés et appuyés dans la langue de leur choix, quand et où le prévoit la loi.
[Traduction]
L'ancienne commissaire aux langues officielles, Dyane Adam, a constaté à plusieurs occasions qu'au cours des dernières années, le ministère de la Défense nationale a eu du mal à créer un milieu de travail où les employés, tant civils que militaires, peuvent utiliser la langue officielle de leur choix. L'ancien modèle universel n'a pas permis aux Forces canadiennes de se conformer en totalité à la Loi sur les langues officielles. Dyane Adam l'a reconnu. Nous l'avons reconnu.
Le nouveau commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, a d'ailleurs déploré que cette approche n'ait pas donné les résultats escomptés. Quand nous arrivons à ce constat, il est temps de changer de cap.
C'est pourquoi j'ai été heureuse de constater qu'après avoir pris connaissance de l'analyse et des recommandations de l'ancienne commissaire, mon collègue, le ministre O'Connor, est passé à l'action de façon concrète. Grâce à son esprit de leadership, le ministre de la Défense nationale et les Forces canadiennes pourront mettre de l'avant une approche fonctionnelle qui convient mieux à leur structure opérationnelle, en vue de se conformer complètement à la Loi sur les langues officielles.
[Français]
Contrairement à la perception qui prévaut ces temps-ci, ce changement n'est pas synonyme d'abandon. En fait, nous agissons pour que les dispositions de la loi soient véritablement mises en pratique. Et le nouveau modèle tient non seulement compte des recommandations du rapport de l'ancienne commissaire, il répond aux exigences de la loi.
Nous sommes en train de nous donner les moyens de faire une vraie différence pour les francophones et les anglophones de la Défense nationale et des Forces canadiennes.
Je suis ce dossier de près et je suis heureuse de pouvoir collaborer avec le commissaire aux langues officielles pour promouvoir cette richesse et cet atout inestimable que sont le français et l'anglais au Canada. J'ai eu l'occasion de m'entretenir à ce sujet avec M. Fraser il y a quelques semaines et je sais qu'il porte toute son attention à ce dossier.
Vous aurez d'ailleurs l'occasion de le rencontrer lors de sa comparution le 1er mars. Le commissaire accueille le nouveau modèle de transformation avec intérêt. Comme moi, il reste à l'affût des résultats de cette démarche, qui a le mérite d'être novatrice, concrète et tournée vers l'avenir.
Je peux vous assurer que notre gouvernement tiendra compte des recommandations du commissaire et que nous, le ministre O'Connor et moi-même, les étudierons avec soin.
[Traduction]
J'aimerais conclure en vous assurant que j'accorderai un appui solide au ministre O'Connor et à toutes les personnes qui ont à coeur l'avenir de la dualité linguistique au sein du ministère de la Défense nationale, des Forces canadiennes et du gouvernement du Canada.
[Français]
Je cède la parole au ministre O'Connor, qui pourra aborder plus en détail le Modèle de transformation du programme des langues officielles, et je pourrai par la suite répondre avec lui à vos questions.
Je vous remercie.
:
Bonjour, mesdames et messieurs.
Comme Mme Verner l'a expliqué, le Modèle de transformation du programme des langues officielles marque l'arrivée d'une toute nouvelle approche pour la gestion des langues officielles au ministère de la Défense nationale et dans les Forces canadiennes. Tout comme mon honorable collègue, je porte un vif intérêt personnel à cette initiative et je me réjouis d'avoir la chance de vous en parler.
Comme vous le savez, le modèle de transformation entrera en vigueur au début d'avril. Je suis persuadé que le modèle permettra de réviser et de faire progresser le programme des langues officielles au ministère de la Défense nationale et dans les Forces canadiennes.
L'approche précédente pour répondre aux exigences de la Loi sur les langues officielles a échoué. Notre nouvelle approche permettra de résoudre les problèmes antérieurs et sera plus réaliste. Je crois aussi que ce modèle permettra d'améliorer considérablement notre niveau d'observation de la Loi sur les langues officielles.
[Traduction]
Je tiens tout d'abord à vous assurer que je sais combien il est important d'encourager et de défendre l'utilisation des deux langues officielles. J'estime que pour atteindre nos objectifs, il nous faut une équipe de défense bien intégrée, une équipe au sein de laquelle les francophones et les anglophones civils et militaires peuvent travailler harmonieusement. Je suis également conscient du fait que la capacité pour l'armée canadienne de fonctionner dans les deux langues peut représenter un avantage important dans la direction d'opérations aux quatre coins du monde et est absolument nécessaire dans nos opérations au Canada.
[Français]
Les Forces canadiennes reconnaissent depuis longtemps l'anglais et le français en milieu de travail. En 1914, bien avant qu'on ait même pensé à une loi sur les langues officielles, le Royal 22e Régiment est officiellement devenu le premier régiment de langue française.
[Traduction]
Lorsque la Loi sur les langues officielles a été adoptée en 1969, l'armée canadienne a aussi officialisé son système de désignation d'unités anglophones, francophones ou bilingues. Ces désignations ont été quelque peu révisées en 1988 lorsque la Loi sur les langues officielles a instauré un système régional pour la désignation linguistique des milieux de travail fédéraux. La région de la capitale nationale, l'est et le nord de l'Ontario et certains secteurs au Québec et au Nouveau-Brunswick ont été désignés régions bilingues par le gouvernement fédéral aux termes des dispositions législatives concernant la langue de travail.
La hiérarchie militaire revoit périodiquement la désignation linguistique de toutes ses unités afin de s'assurer qu'elle respecte bien la loi.
[Français]
En outre, pour répondre à leurs besoins opérationnels, les Forces canadiennes ont créé un certain nombre de milieux de travail bilingues à l'extérieur des régions désignées bilingues. Les unités de Trenton, de Halifax, de Winnipeg et d'Esquimalt en sont de bons exemples. Ces désignations ont aidé les Forces canadiennes à bâtir et à maintenir une solide présence bilingue dans les 10 provinces et dans tous les territoires. Cependant, la désignation linguistique de certaines de nos unités n'a pas été le seul changement que nous avons apporté en réponse à la Loi sur les langues officielles.
Les Forces canadiennes ont adopté une approche universelle pour le bilinguisme, c'est-à-dire que les Forces canadiennes se sont donné comme objectif d'offrir l'enseignement d'une langue seconde à chaque membre des forces armées régulières pour que l'ensemble de l'institution puisse être entièrement bilingue.
[Traduction]
Globalement, l'armée canadienne a une capacité bilingue énorme. Plus d'un tiers de nos hommes et de nos femmes en uniforme sont bilingues jusqu'à un certain point. Toutefois, la capacité bilingue de l'armée est éparpillée. Elle n'est pas concentrée dans les fonctions ni aux niveaux requis par la loi. Aussi, l'universalité ne semble-t-elle pas la solution pour l'armée. Cela gaspille la capacité dont je parlais.
Le rapport annuel de 1990 du vérificateur général laissait également planer un doute sur le bien-fondé de cette règle pour notre armée puisqu'elle ne semblait pas permettre de satisfaire aux exigences de la loi.
[Français]
Alors, pourquoi l'approche universelle n'a-t-elle pas été couronnée de succès? Eh bien, plusieurs raisons expliquent cet échec, et j'aimerais en souligner quelques-unes pour vous.
D'abord, l'approche universelle était trop ambitieuse et elle était donc irréalisable. Il n'est pas réaliste de croire que les Forces canadiennes pourraient avoir la capacité d'offrir la formation linguistique nécessaire pour rendre les Forces canadiennes entièrement bilingues, malgré l'investissement considérable que nous avons déjà effectué et que nous poursuivons dans la formation linguistique. Comme les activités de formation linguistique visaient l'ensemble des Forces canadiennes, elles n'ont pas ciblé les endroits où le bilinguisme était nécessaire pour que la loi soit respectée.
[Traduction]
Deuxièmement, dans le contexte des institutions fédérales, le rôle et la structure des Forces canadiennes sont uniques. Pour des raisons opérationnelles, le personnel militaire fait l'objet de pratiques d'embauche, de formation et d'emploi très différentes de celles qui s'appliquent aux employés de l'État.
Par exemple, pour la dotation en personnel, l'armée a une démarche fonctionnelle, gère son personnel par unité plutôt que par poste. Chaque unité opère en équipe pour exécuter la mission qui lui est assignée. Les commandants ont le droit de déplacer le personnel au sein de leurs unités, en fonction des besoins, pour s'acquitter desdites missions. Ils peuvent ainsi déplacer du personnel bilingue dont les qualifications linguistiques peuvent être nécessaires dans différentes fonctions pour satisfaire aux obligations concernant les langues officielles. Le personnel militaire n'est pas et ne peut pas être employé à des postes fixes comme les fonctionnaires.
[Français]
Les Forces canadiennes ont été prises à partie par ce comité pour ne pas avoir doté ses postes bilingues, mais je veux souligner le fait que la Loi sur les langues officielles ne mentionne pas les postes. Elle stipule simplement que les institutions fédérales sont tenues de maintenir une capacité bilingue suffisante pour assurer la prestation de services et la supervision dans les cas prévus par la loi.
[Traduction]
Notre armée fait un travail incroyable sur ce front mais les affectations et déploiements opérationnels fréquents inhérents à la vie militaire exacerbent les défis auxquels elle fait face en essayant de constamment satisfaire aux exigences de la loi. Il n'est tout simplement ni réaliste ni réalisable pour l'armée de satisfaire à des exigences qui vont au-delà des attentes de la loi, comme des exigences de dotation en personnel attachées à la fonction publique.
Je suis absolument convaincu qu'il nous faut changer notre façon de faire si nous voulons améliorer notre bilan en matière de langues officielles. Toutefois, ce n'est pas en comptant le nombre de militaires bilingues qui se voient attribuer des fonctions bilingues, comme on le fait dans le reste de la fonction publique, que l'on peut mesurer si ces fonctions sont exécutées dans les deux langues officielles. Cela ne marche tout simplement pas dans l'armée. Ce qu'il faut, c'est une formation linguistique mieux ciblée là où elle est nécessaire et un système de mesure de rendement qui permette d'évaluer les résultats et de déterminer précisément si la supervision, la direction et la formation sont offertes dans les deux langues officielles dans les circonstances et aux endroits où l'exige la loi. C'est exactement ce que vise ce modèle de transformation.
[Français]
Le commissaire aux langues officielles a récemment publié deux rapports. Le premier portait sur l'incidence de la langue de travail sur le recrutement, les nominations et les mutations de personnel unilingue dans des postes bilingues des Forces canadiennes, et le second portait sur une vérification de la langue de travail au quartier général de la Défense nationale. Dans les deux cas, le commissaire a relevé plusieurs points faibles où les Forces canadiennes n'étaient pas en conformité intégrale avec la loi.
[Traduction]
Toutes les recommandations de la commissaire dans ces deux rapports ont été prises en considération et intégrées dans le modèle de transformation. J'insiste à nouveau sur le fait que le but est de mieux se conformer à la loi.
Comme l'a indiqué Mme Verner, le commissaire aux langues officielles va suivre la mise en oeuvre du modèle de transformation avec intérêt. Ce nouveau modèle présente à la fois le plan stratégique et la direction à suivre pour que notre programme des langues officielles soit plus conforme à l'esprit de la loi. Il tient compte de la nature intégrée du ministère et des Forces canadiennes.
La partie civile du programme des langues officielles du ministère restera fermement enracinée dans les politiques et directives de la fonction publique découlant de la Loi sur les langues officielles et de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique. Les Forces canadiennes, qui ne sont pas assujetties à la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, doivent se doter de leurs propres politiques, directives et procédures en matière de langues officielles, conformément à la loi. Il en a toujours été ainsi.
Pour les Forces canadiennes et le ministère de la Défense nationale, la mise en oeuvre de ce modèle de transformation permettra d'affecter à l'endroit et au moment voulus le personnel linguistiquement qualifié. Les membres de l'armée sont parfaitement au courant de leurs droits et de leurs obligations en matière de langues officielles et l'on surveille de très près la façon dont nous nous efforçons de satisfaire aux exigences de la Loi sur les langues officielles.
[Français]
À ce point-ci, je dois mentionner le projet d'examen de la désignation linguistique des unités, des postes civils et des fonctions militaires des Forces canadiennes actuellement en cours. L'examen vise à vérifier que la Défense nationale a déterminé exactement quels sont les fonctions des Forces canadiennes et les postes civils à l'intérieur de ces fonctions que l'on doit désigner bilingues, et quel doit être le niveau de compétence linguistique.
[Traduction]
Lorsque cet examen sera terminé, ceux qui sont employés à ces fonctions et postes bilingues recevront une formation en langue seconde s'ils n'ont pas déjà atteint le niveau requis.
Comme vous le savez, l'article 91 de la Loi sur les langues officielles, énonce le principe que les exigences linguistiques pour la dotation en personnel doivent être objectivement déterminées. Cet examen se poursuit en toute objectivité, en stricte conformité des critères de l'article 91.
Le modèle insistera également beaucoup sur la hiérarchie militaire. Les officiers supérieurs reçoivent et continueront de recevoir un accès prioritaire aux cours de langue seconde. J'insiste là-dessus parce que certains semblent croire à tort que le bilinguisme ne sera plus une condition de service aux échelons supérieurs.
[Français]
Depuis 2005, au moins 70 p. 100 des colonels et des capitaines de vaisseaux nouvellement promus, doivent atteindre un niveau supérieur de compétence linguistique au cours de l'année qui suit leur promotion, et les Forces canadiennes ont dépassé ce but chaque année. Cet objectif sera encore en vigueur dans le cadre du modèle de transformation.
[Traduction]
Le modèle exige que tous les officiers supérieurs servant dans des régions bilingues ou dans des fonctions bilingues atteignent un niveau supérieur en langue seconde, tout comme les hauts fonctionnaires. Les Forces canadiennes atteindront cet objectif ambitieux d'ici à 2011, et immédiatement pour les grades supérieurs de généraux et d'officiers généraux.
Je répète que le modèle fixe des étapes claires pour le bilinguisme des officiers supérieurs. La maîtrise des deux langues officielles continuera de s'améliorer parmi les hauts gradés dans le cadre de ce modèle.
Une autre fausse impression laissée par ce modèle est qu'il pourrait avoir un effet négatif sur la carrière des francophones. C'est faux. Environ 24 p. 100 des Canadiens ont le français comme première langue mais les francophones représentent 27,4 p. 100 de l'ensemble des forces armées. Ils représentent 32,9 p. 100 des adjudants-chefs — c'est-à-dire, le deuxième grade, le grade des sous-officiers — 28,4 p. 100 de tous les officiers généraux.
[Français]
Les francophones sont donc très bien représentés au sein des Forces canadiennes et ils continueront de l'être à l'avenir. En effet, le modèle de transformation aura une incidence favorable sur la carrière des francophones et des anglophones.
[Traduction]
Il est garanti que toute formation professionnelle soit toujours offerte dans les deux langues officielles, d'un océan à l'autre, et que les services personnels offerts aux membres de l'armée le soient dans les deux langues officielles, où qu'ils servent, au Canada et à l'étranger. Ceci va au-delà des politiques et pratiques actuelles fédérales, qui font que la formation et la plupart des services ne sont offerts dans les deux langues officielles que dans les régions bilingues.
L'objectif des Forces canadiennes quant à l'offre de services et de formation bilingues sera facilité par ce modèle de transformation. Il y parviendra mieux en ciblant mieux la formation en langue seconde sur ceux qui doivent être bilingues pour satisfaire aux exigences de la Loi sur les langues officielles. Cette démarche ciblée permettra aux Forces canadiennes de mieux s'acquitter de leurs obligations au titre des langues officielles.
[Français]
J'ai indiqué comment nous réaliserons le premier objectif du modèle de transformation. Nous veillerons à ce qu'une personne qualifiée sur le plan linguistique soit disponible au bon endroit et au bon moment. Le Modèle de transformation réglera deux autres questions très importantes, le premier étant le manque de connaissance des droits et des obligations linguistiques.
[Traduction]
La seconde question est l'absence d'un mécanisme approprié pour mesurer la capacité bilingue et l'aptitude à fournir services, formation et supervision là et quand l'exige la loi dans les deux langues officielles.
Tout d'abord, le modèle de transformation prévoit la mise sur pied d'un programme amélioré de sensibilisation et d'information en matière de langues officielles. Ceci pour que le personnel civil et militaire soit parfaitement informé de ses droits et obligations linguistiques. Le modèle prévoit aussi l'instauration d'un système de mesure du rendement fondé sur les résultats qui permettra de suivre de façon précise la façon dont sont assurés les services, la direction et l'instruction bilingue aux yeux de la Loi sur les langues officielles.
Plutôt que de compter les militaires bilingues en fonction des postes bilingues, cette nouvelle méthodologie permettra de savoir si le personnel militaire et civil de la Défense nationale satisfait effectivement à ses obligations en matière de langues officielles en milieu de travail. Je suis certain que ce modèle de transformation va régler les problèmes qu'a signalés le commissaire aux langues officielles et calmera les inquiétudes de ceux qui s'y sont récemment opposés.
[Français]
J'aimerais maintenant vous donner un aperçu de l'avenir. Nous favoriserons activement une culture de respect pour l'utilisation des deux langues officielles partout à la Défense nationale.
[Traduction]
Les anglophones et les francophones qui servent dans des fonctions bilingues se verront offrir un accès plus facile et égal à des cours en langue seconde afin que tout les militaires puissent recevoir la formation professionnelle et des services personnels dans la langue de leur choix, où qu'ils servent, et que les membres des Forces canadiennes puissent être dirigés dans la langue de leur choix, partout où l'exige la Loi sur les langues officielles. Le changement nécessite un certain temps mais nous estimons que la mise en oeuvre de ce modèle est essentielle si nous voulons transformer l'avenir en réalité. Il permettra par ailleurs d'améliorer l'efficacité opérationnelle de l'armée canadienne.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je voudrais remercier Mme la ministre Verner
[Traduction]
ainsi que le ministre O'Connor d'avoir rapidement répondu à notre demande de comparution devant le comité. Nous semblons tous sur la même longueur d'ondes en ce sens que nous voulons que notre armée soit bilingue.
Monsieur le ministre, j'aimerais clarifier ma position. Je suis une ancienne linguiste et je vous ai écouté, en particulier à la fin de votre discours, je vous ai entendu dire des choses que l'on disait il y a 20 ans quand on parlait de rendre l'armée canadienne bilingue. Il me semble que l'on remonte 20 ans en arrière quand on parle de rendre l'armée bilingue et il est donc évident qu'il y a quelque chose qui ne marche pas. Je suis donc tout à fait d'accord avec vous et Mme Verner à ce sujet.
[Français]
Je pense que tous ici avons une grave inquiétude au sujet du bilinguisme au sein des Forces armées canadiennes, compte tenu du fait que d'autres comités avant nous ont travaillé, il y a des années, très fort pour que les gens qui y travaillent deviennent bilingues, à l'image de la population canadienne. Le reflet de notre pays est important ici et à l'étranger. Je pense qu'on en convient tous.
Lorsqu'un programme de langues ne fonctionne pas, on doit se pencher sur plusieurs éléments pour en trouver la cause. On peut voir si les résultats qu'on attendait étaient hors de portée, si les outils de travail qu'on s'était donnés étaient appropriés et si la motivation des personnes qui apprenaient l'autre langue était suffisante.
Je suis parmi ceux et celles qui croient que tout le monde peut apprendre une langue. Je parle ici aux deux ministres. C'est une question de motivation, et il faut avoir en sa possession les outils pertinents à l'apprentissage.
Monsieur le ministre, quand vous dites qu'il n'y a que les officiers supérieurs des Forces armées qui devront apprendre l'autre langue, d'une part, je pense qu'il faudrait commencer beaucoup plus tôt et, d'autre part, cela peut vouloir dire qu'on tient pour acquis que les officiers subalternes sont incapables d'apprendre une langue, ce sur quoi je suis en désaccord.
À la lecture de votre document et après avoir entendu votre allocution, il y a trois éléments qui m'interpellent concernant la Loi sur les langues officielles et les Forces canadiennes, soit les parties IV, V et VI de la loi.
La partie IV traite des services au public; la partie V, de la langue de travail au quartier général; et la partie VI, de l'accès à la promotion des soldats, surtout les francophones.
Je constate dans vos propos et dans ce que j'ai lu que le Modèle de transformation touche particulièrement les services au public, c'est-à-dire la partie IV. Pourtant, ce comité et d'autres comités sur les langues officielles avant nous ont bien analysé les parties V et VI, c'est-à-dire la langue de travail et la promotion des gens bilingues et des francophones, en particulier.
Ma question s'adresse donc aux deux ministres. Pour quelle raison devrait-on mettre l'accent sur les services au public, alors que cela me semble être un élément mineur? Pourquoi ne met-on pas plutôt l'accent sur la langue de travail au quartier général, ce qui me semble être un élément majeur dans les services à l'interne, non seulement pour l'image que veulent se donner les Forces canadiennes, mais pour la promotion des francophones et des personnes bilingues?
C'était la première partie de ma question.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, madame LaRocque, monsieur le ministre, monsieur Hillier, monsieur Milot, bonjour.
Dans ma famille, trois de mes oncles et mon père ont participé à la Deuxième Guerre mondiale. Ils sont tous revenus avec tous leurs morceaux; c'est assez particulier. L'un était dans l'aviation, l'un dans la marine, et mon père et mon oncle Claude ont fait le trajet, si on veut, Normandie-Berlin.
Cela dit, j'ai voulu être un soldat, moi aussi. À l'été 1980, je me trouvais à Arnprior, en Ontario — parce que je suis franco-ontarien d'origine —, et le deuxième jour, j'ai posé une question en français lors d'une séance de formation. On m'a répondu : « Sorry, we don't speak foreign languages here. » C'était en 1980. Vous pouvez être sûrs que le soir venu, étant, comme tous les Nadeau, fier de ce monde, de ma langue et de ma culture, je n'ai pas porté un toast to the Queen of Canada. Et le lendemain, on m'a payé le trajet Arnprior-Ottawa en taxi et le trajet Ottawa-Hawkesbury en autobus. Pour moi, c'était fini, les Forces armées canadiennes. C'est une anecdote imagée.
Aujourd'hui, je me retrouve porte-parole de mon parti en matière de langues officielles. Moi, j'ai choisi un pays, j'ai choisi le Québec, mais tant qu'on fera partie du Canada, vous pouvez être sûrs que l'aspect de la langue française demeurera très important.
Je veux vous rappeler ce dont vous nous parlez depuis tout à l'heure, c'est-à-dire que le bilinguisme coûte cher, c'est épouvantable. Vous faites la démonstration que vous n'êtes pas tellement fiers de ce pays. En effet, quand on est fier d'un pays et qu'on veut le représenter, on ne dit pas que les services coûtent cher. On dit qu'on investit dans notre pays, et c'est ce qu'il faut faire.
Vous dites avoir fait des aménagements, avoir constaté que cela ne fonctionne pas et décidé de diminuer les exigences. La loi dit une telle chose, mais on peut la contourner pour réduire le plus possible les exigences. Seuls les généraux et les lieutenants-généraux devront être bilingues. Les autres hauts gradés n'auront pas à être bilingues. Cela nous ramène dans l'esprit des années 1980, et je présume que si mon père était ici pour vous parler de son expérience dans les Forces armées canadiennes, il vous dirait que ça n'a pas beaucoup changé. Lui, il y était durant la Deuxième Guerre mondiale; vous connaissez les dates aussi bien que moi.
C'est la volonté qui me semble inexistante. On diminue les exigences. Quand on examine les statistiques — je n'irai pas dans tous les détails parce que je ne dispose que de sept minutes, monsieur le président —, de 39 à 44 p. 100 des postes désignés bilingues étaient occupés par des personnes unilingues anglophones. Ce sont des statistiques que le Commissariat aux langues officielles nous offre. Ce que vous nous apportez, c'est une mesure visant à réduire les exigences pour faire en sorte de tempérer quelque chose et faire en sorte que tous ceux qui occupent des postes importants, les hauts gradés de l'armée, n'aient pas à connaître les deux langues officielles. De cette manière, on rit carrément des francophones, des gens bilingues, qu'ils soient anglophones ou francophones, qui sont dans l'Armée canadienne et qui se retrouvent à un moment donné dans une situation où un unilingue anglophone, encore une fois, passera devant eux alors que tous sont censés être égaux. Et l'égalité des deux langues officielles, vous en faites encore la démonstration, est un mythe, et vous perpétuez le mythe en diminuant les exigences.
J'ai entendu votre discours de tout à l'heure, monsieur O'Connor. J'ai entendu votre discours, madame Verner : « volonté —, bla-bla —, on va faire des choses — » Mais voilà, la Loi sur les langues officielles remonte à 1969, elle a 38 ans! Cela fait un quart de siècle qu'on a rapatrié la Constitution canadienne qui reconnaît que les deux langues officielles sont égales pour les gens qui travaillent au palier fédéral et grâce à laquelle des services sont offerts dans les deux langues. Or, aujourd'hui, vous nous arrivez avec une diminution des exigences. Il y a même un militaire haut gradé à la retraite, M. Landry, qui parlait de ghettoïsation. Il y aura une armée pour les francophones, une armée pour les gens bilingues, une armée pour les anglophones unilingues, et vous dites que le travail d'équipe est important. De quel genre d'équipe parlez-vous? De trois sortes d'équipes dans un même pays? C'est ma réaction.
Vous réduisez les critères. En réalité, vous ne faites que vous dégager davantage de vos responsabilités. Vous ne respectez pas les demandes du commissaire aux langues officielles qui vous accorde de très mauvaises notes pour tout ce qui s'appelle « postes bilingues » dans les Forces armées canadiennes.
C'était mon laïus, je n'ai pas de questions à poser après tout ce que je viens de dire, mais vous pouvez répondre à mon propos. J'ai déjà une idée de votre position politique sur ce sujet, mais dans les faits, c'est encore francophones versus anglophones, et les chances sont meilleures pour les anglophones que pour les francophones.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Premièrement, j'aimerais remercier le ministre O'Connor et la ministre Verner de s'être joints à nous aussi rapidement ce matin pour discuter de ces sujets importants.
J'aimerais commencer par expliquer que j'ai servi au sein des Forces canadiennes pendant 20 ans. Je me suis engagé à l'âge de 17 ans, au rang d'élève-officier, et j'ai pris ma retraite au rang de lieutenant-colonel.
[Traduction]
Je tenais à préciser ceci pour que vous sachiez que je connais bien le système militaire, que je l'ai vécu à tous les niveaux, depuis le niveau d'officier subalterne jusqu'au niveau d'officier supérieur. Contrairement à mes collègues, et surtout à ceux d'en face, je comprends parfaitement le système, ce qui marche et ce qui ne marche pas.
J'écoute mes collègues et même s'ils peuvent être très bien intentionnés, il est évident qu'ils ne comprennent pas l'armée. Ils ne comprennent pas pourquoi l'armée est unique et ne comprennent pas pourquoi l'ancienne politique sur les langues officielles n'a pas marché dans l'armée. Je regarde M. Nadeau. Il a parlé de tas de choses mais son expérience dans l'armée n'a pas duré un jour.
Je puis vous dire que l'ancien système ne marchait pas — et je ne suis pas le seul à le dire.
[Français]
La dernière commissaire aux langues officielles, Dyane Adam, a fait une révision de la politique de bilinguisme du dernier gouvernement et a été très déçue des résultats. Le nouveau commissaire aux langues officielles a aussi décrit la dernière politique de bilinguisme comme un échec.
On a fait des dépenses considérables afin de donner de la formation en langue seconde, soit 20 millions de dollars par année, et cela s'est soldé par un rendement minimal : une mauvaise sélection des candidats formés à des niveaux insuffisants et employés aux mauvais endroits. Oui, c'est un échec majeur.
[Traduction]
Qu'enseigne notre armée à ses soldats et à ses officiers dans ce genre de situation? Si quelque chose ne marche pas, il faut apporter les changements nécessaires pour effectuer la mission. Si le plan A échoue, il faut mettre au point et en oeuvre un plan B. Après avoir entendu l'opposition, il semble que celle-ci préconise de maintenir le plan A, d'y consacrer davantage de ressources. C'est le plan A ou rien, même si cela ne marche pas.
C'est ridicule. Nous avons eu deux commissaires aux langues officielles qui nous ont dit que les systèmes mis en place par les gouvernements précédents avaient échoué, alors apportons les changements nécessaires pour atteindre l'objectif.
[Français]
Pouvez-vous nous rappeler quels étaient les éléments inefficaces et inappropriés de l'approche universelle qui ont justifié la mise en oeuvre du Modèle de transformation actuel?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord vous remercier de comparaître aujourd'hui. Je tiens à vous dire que j'ai apprécié, monsieur O'Connor, le fait que vous vous soyez efforcé de parler français au début de votre discours. Ayant été un francophone qui ne parlait pas l'anglais, je tiens à reconnaître la chose.
Colonel Milot, vous dites que le fait de ne pas imposer le bilinguisme aide à faire respecter la Loi sur les langues officielles. C'est illogique. Je ne vous demande pas de répondre à cela, mais je peux vous dire que c'est l'inverse qui est vrai.
Madame Verner, vous avez parlé d'actions concrètes. À l'article 2 du projet de loi S-3, on dit ceci :
43. (1) Le ministre du Patrimoine canadien prend des mesures pour assurer la progression vers l’égalité de statut et d’usage du français et de l’anglais dans la société canadienne et, notamment, toute mesure [...]
Quand on parle de « toute mesure », ça signifie qu'il faut faire tout ce qui est possible pour atteindre l'égalité de statut en matière d'usage du français et de l'anglais. On ne parle pas de réduire des mesures de bilinguisme. Vous avez dit plus tôt que votre gouvernement avait pris des mesures concrètes. Je ne vais pas vous féliciter. L'élimination du Programme de contestation judiciaire est peut-être pour vous une mesure concrète et ça l'est peut-être, en effet, pour votre gouvernement, mais ce n'est certainement pas une mesure positive.
Monsieur O'Connor, vous avez parlé d'efforts que vous faisiez en matière de bilinguisme et vous avez mentionné qu'il y avait des sections respectivement francophones, anglophones et bilingues. Or, on ne pourra pas toujours regrouper les francophones avec d'autres francophones, les anglophones avec les anglophones et les gens bilingues avec d'autres gens bilingues.
Monsieur le ministre, pouvez-vous m'expliquer comment, dans des situations difficiles comme celle à laquelle le Canada fait face présentement, vous pourrez assurer la santé et la sécurité de nos soldats?
J'aimerais que vous me répondiez en français.