:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je suis heureux de vous rencontrer aujourd'hui pour vous parler de mon tout premier rapport annuel déposé le 15 mai et de vous en présenter les faits saillants.
Avant de commencer, j'aimerais féliciter le comité d'avoir pris l'initiative de visiter les communautés de langue officielle en situation minoritaire et de faire rapport de leur vitalité. Le rapport que vous avez publié donne de précieux indices sur leurs réflexions et leurs préoccupations.
L'avant-propos du rapport annuel résume ma vision de la place qu'occupent nos deux langues nationales dans la société canadienne et du rôle du commissaire aux langues officielles.
Je pars du principe que nos deux langues officielles, le français et l'anglais, appartiennent à l'ensemble de la population canadienne. Nous vivons dans un pays où l'on parle 150 langues, dont certaines depuis bien avant l'arrivée des Européens. Cependant, le dialogue national se déroule en français et en anglais. Selon moi, nos deux langues officielles appartiennent à tous les citoyens canadiens et sont des outils formidables pour ériger des ponts entre nous. Cette notion s'appuie sur le respect. Le respect des citoyens unilingues, des communautés de langue officielle, du public qui reçoit des services du gouvernement fédéral et des employés qui y travaillent.
La grande majorité des Canadiens et des Canadiennes appuie volontiers la politique des langues officielles, même si on n'en saisit pas toujours très bien l'application. Le rôle d'éducation et de promotion que me confère mon mandat sont donc primordiaux. Il ne faut pas oublier que ces deux activités principales sont complémentaires à mes responsabilités de défense des droits et d'évaluation de la performance du gouvernement.
Dès son entrée en fonction, l'administration actuelle a envoyé des signaux positifs à l'égard du respect de la dualité linguistique canadienne. Les interventions publiques au Canada et à l'étranger du , qui commence souvent ses allocutions en français, en sont un exemple éloquent. Mentionnons aussi que la , Josée Verner, a déclaré à plusieurs reprises, y compris ici-même, que le Plan d'action pour les langues officielles était un minimum que le gouvernement ne remettait pas en question.
Ces messages positifs sont toutefois ternis par des démarches qui diminuent sensiblement leur rayonnement. En effet, je note un écart appréciable entre les paroles et les gestes du gouvernement. Je m'entretiendrai avec vous de certaines actions gouvernementales prises depuis un an.
Les compressions budgétaires annoncées en septembre dernier ont provoqué le dépôt d'une avalanche de plaintes à mon bureau par des gens qui considéraient que certaines de ces mesures auraient un impact négatif sur les communautés de langue officielle. L'abolition du financement du Programme de contestation judiciaire, en particulier, porte un dur coup à la capacité des minorités linguistiques de défendre leurs droits. L'élimination du Fonds d'innovation de la fonction publique est un autre exemple probant des mesures navrantes prises en septembre dernier.
Vous avez sûrement entendu parler de la portée de notre rapport d'enquête préliminaire sur le Programme de contestation judiciaire. Tel que vous avez pu le remarquer, nous avons constaté que le gouvernement n'avait pas évalué l'impact de la suppression de ce programme sur les communautés de langue officielle. Nous tiendrons compte des commentaires des plaignants et des institutions en cause au moment de la rédaction de notre rapport final.
[Français]
D'autre part, nous attendons toujours de connaître la suite que donnera le gouvernement actuel au Plan d'action pour les langues officielles, qui prévoyait des investissements de 787 millions de dollars sur 5 ans dans plusieurs secteurs essentiels au progrès de la dualité linguistique. Ce plan d'action arrivant à terme le 31 mars prochain, l'inquiétude grandit chez les intervenants. L'injection récemment annoncée de 30 millions de dollars sur deux ans à l'appui des communautés de langue officielle peut difficilement remplacer un plan qui a donné lieu à des interventions majeures dans plusieurs domaines stratégiques.
À moins d'une réaction rapide de la part du gouvernement, l'élan donné aux langues officielles en 2003 me semble compromis.
Je recommande donc que la , en collaboration avec les communautés, les provinces et les territoires, conçoive au cours de la prochaine année une initiative pour succéder au Plan d'action pour les langues officielles et consolider les acquis. Durant le processus de conception, le gouvernement fédéral devra considérer attentivement l'élargissement de la portée du plan d'action pour inclure, notamment, les domaines des arts et de la culture, des initiatives jeunesse et de nouvelles mesures visant la promotion de la dualité linguistique.
Le gouvernement fédéral a effectué des changements notables à la structure de gouvernance des langues officielles. Depuis février 2006, la ministre des Langues officielles s'est vue confier deux rôles distincts, soit la coordination de l'ensemble des activités des institutions fédérales liées aux langues officielles et la gestion des programmes d'appui aux langues officielles de Patrimoine canadien.
Un autre changement important a été le transfert du Secrétariat des langues officielles du Bureau du Conseil privé au ministère du Patrimoine canadien.
Finalement, le Comité des sous-ministres responsables des langues officielles a été aboli. Ce comité appuyait le greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet dans son rôle de leadership au sein de l'appareil fédéral en vue de la concrétisation des objectifs de la politique linguistique canadienne.
Je crains que ces changements n'affaiblissent la gouvernance horizontale.
Je recommande donc que la revoie le Cadre d'imputabilité et de coordination en langues officielles en tenant compte des changements apportés à la gouvernance des langues officielles et des nouvelles obligations des institutions fédérales qui découlent des modifications législatives de novembre 2005.
Bref, les actions du gouvernement et, dans certains cas, son inaction sèment le doute quant à son véritable engagement à l'égard de la mise en oeuvre de la nouvelle partie VII de la Loi sur les langues officielles. Et pourtant, nous nous souvenons tous de l'appui de taille qu'avait reçu ce projet de loi du parti politique qui est maintenant à la tête de ce gouvernement.
En décembre 2005, le greffier du Conseil privé a écrit aux institutions fédérales pour les inciter à examiner dans quelles mesures elles s'acquittaient de leur mandat relativement à la nouvelle partie VII et à apporter les améliorations requises. Depuis ce temps, Patrimoine canadien a fait une tournée de sensibilisation et a publié un guide qui vise à « orienter les institutions du gouvernement fédéral dans l'exercice de leurs responsabilités à l'égard de la mise en oeuvre de l'engagement du gouvernement énoncé à l'article 41 ». Je félicite le greffier du Conseil privé et Patrimoine canadien d'avoir pris ces initiatives et je les encourage à aller plus loin en établissant des objectifs clairs pour les institutions et en mettant en oeuvre mes recommandations.
Je recommande que la veille à ce que Patrimoine canadien revoie ses mécanismes de reddition de comptes pour la mise en oeuvre des articles 41 et 42 de la loi afin de mettre davantage l'accent sur les résultats.
Je recommande également que la veille à ce que Patrimoine canadien adopte une approche plus transparente lors de la mise en oeuvre de l'article 41 de la loi lorsqu'il déterminera quelles institutions ont le plus grand impact sur les communautés et la promotion de la dualité linguistique.
En ce qui concerne le service au public, je crains une application moins rigoureuse de la Loi sur les langues officielles au sein de la fonction publique fédérale. Sans un leadership soutenu de la part des dirigeants, nous assisterons à un recul imminent.
Dans ce contexte, je ne peux que m'inquiéter des données recueillies sur le service au public et la langue de travail présentées dans nos rapports annuels. Je crains une accélération de ce relâchement si, en plus de perdre des outils requis pour fournir un service de qualité, la fonction publique doute de l'engagement du gouvernement à l'égard des langues officielles.
Je recommande que les administrateurs généraux des institutions fédérales s'assurent que le personnel de première ligne et tous les agents qui répondent aux demandes de la clientèle offrent activement, dès le premier contact, les services dans les deux langues officielles afin de favoriser l'utilisation par le public de la langue officielle de son choix.
Je demande au gouvernement de se pencher sur ces cinq recommandations, qui lui permettront d'assumer un leadership clair et de concentrer son action sur des initiatives porteuses de résultats.
[Traduction]
Le mandat du commissaire, énoncé dans la Loi sur les langues officielles, consiste à veiller au respect et à la mise en oeuvre intégrale de la loi, à protéger les droits linguistiques de la population canadienne ainsi qu'à promouvoir la dualité linguistique et le bilinguisme au pays.
En tant qu'ombudsman, j'ai examiné au cours de 2006-2007 près d'un millier de plaintes, dont 774 étaient recevables et ont fait l'objet d'une enquête. Au cours de cette même année, nous avons aussi fait des vérifications et publié, entre autres, un rapport de vérification sur la mise en oeuvre de la partie VII de la loi au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.
Le Commissariat a également mené plusieurs travaux de recherche. Notamment, nous avons publié en janvier dernier une étude sur les perceptions du public saskatchewanais à l'égard de la culture française et de l'apprentissage du français langue seconde.
Au cours de la prochaine année, je compte me pencher, entre autres, sur le rôle des établissements postsecondaires dans l'apprentissage de la langue seconde, les indicateurs de l'épanouissement des communautés et la place des langues officielles dans le renouvellement de la fonction publique.
Nous assumons un rôle de vigile en participant à l'élaboration de lois, de règlements et de politiques. Durant la dernière année, nos interventions ont touché principalement la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada et la Loi fédérale sur la responsabilité. En ce qui a trait aux tribunaux, le Commissariat a participé à quelques recours judiciaires pendant l'année, notamment la cause de la Fédération franco-ténoise.
Depuis que la Loi fédérale sur la responsabilité a reçu la sanction royale, le Commissariat doit relever de nouveaux défis. À cet effet, le mois de mars dernier, je me suis présenté devant le Comité consultatif sur le financement des hauts fonctionnaires du Parlement, communément appelé le Panel, dans le but de demander des ressources supplémentaires pour élaborer et mettre en oeuvre des initiatives gouvernementales majeures: l'accès à l'information et la vérification interne. J'ai bon espoir que ma demande de fonds supplémentaires soit approuvée. À moyen terme, le Commissariat devra relever de nouveaux défis qui nous amèneront à reconsidérer nos besoins opérationnels habituels.
Le début de mon mandat constitue l'occasion idéale de revoir la manière dont le commissaire exerce son rôle d'ombudsman et d'examiner son efficacité pour favoriser la réalisation des objectifs de la loi. Le Commissariat doit absolument continuer d'assurer l'application de la Loi sur les langues officielles. Afin de veiller au respect du paragraphe 41(2) de la loi, nous devrons surveiller l'engagement du gouvernement à l'égard de la dualité linguistique et de la participation des communautés à l'élaboration des politiques gouvernementales.
Nous devrons aussi contrôler la façon dont il s'acquitte de la mise en oeuvre de la partie VII et du développement d'un nouveau plan d'action. Il nous faudra surtout insister sur la promotion de la dualité linguistique auprès des communautés majoritaires de langue officielle.
Merci de votre attention.
[Français]
Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le commissaire, je vous souhaite la bienvenue à notre comité, ainsi qu'aux personnes qui vous accompagnent.
Tout d'abord, je tiens à vous féliciter pour ce premier rapport. Vous venez tout juste d'entrer en fonction et vous avez su quand même bien préciser, mettre l'accent sur la majorité sinon la totalité des préoccupations que nous avons à la Chambre et particulièrement en comité.
Deux choses nous ont beaucoup préoccupés: l'une que vous avez mentionnée en détail, soit la fin du Programme de contestation judiciaire, et l'autre, qui concerne le plan d'action qui avait été mis sur pied il y a cinq ans par M. Dion, à l'époque où il était ministre responsable des Affaires intergouvernementales du gouvernement libéral.
J'aimerais vous poser des questions par rapport à ce plan d'action. Nous savons qu'il arrivera très bientôt à échéance. J'ai moi-même présenté une motion au comité, qui sera discutée après cette réunion, pour inviter les ministres responsables à nous dire où ils en sont. Toutefois, compte tenu des recommandations que vous avez formulées dans votre rapport, pourriez-vous nous dire quels sont les défis qui existent encore au pays, que ce soit en français, langue minoritaire, ou en anglais, langue minoritaire au Québec, qui pourraient nous motiver et motiver les ministres à continuer ce plan d'action et même à augmenter son budget et ses objectifs?
Toujours par rapport à la dualité linguistique, je sais que depuis votre nomination, vous avez voyagé partout au pays. Selon vous, quels sont les types de résistance qu'il pourrait y avoir au bilinguisme, au développement des communautés minoritaires de langue officielle au pays, autant chez les francophones que chez les anglophones? Comment une continuation et une amélioration du plan d'action pourrait contrer ces poches de résistance au pays?
Il s'agit donc de se concentrer sur le plan d'action et sur les possibilités que celui-ci nous amène à quelque chose de précis et de concret, si jamais le gouvernement conservateur décidait de le reconduire, ce qui ne semble pas évident au moment où nous nous parlons.
:
Merci beaucoup, madame la députée. Vous avez posé un bon nombre de questions. Je pourrais prendre beaucoup plus que le temps alloué pour y répondre.
D'abord, je tiens à vous remercier pour les félicitations. Ma prédécesseure, Dyane Adam, m'a laissé une équipe très forte qui m'a énormément aidé à comprendre les enjeux.
En ce qui concerne le plan d'action, j'ai été impressionné par les réseaux de santé en français qui ont été créés ou renforcés à l'extérieur du Québec. J'ai aussi été frappé par le fait que grâce au plan d'action, 4 000 employés du réseau de la santé au Québec ont pu suivre des cours spécialisés, élaborés par l'Université McGill, afin de pouvoir offrir des services en anglais à la minorité anglophone. Ces services en sont toujours à l'étape initiale, donc assez fragiles. Je pense qu'il est important de faire en sorte que ces acquis ne soient pas perdus.
Dans le domaine de l'éducation, l'objectif voulant que 50 p. 100 des finissants des écoles secondaires soient bilingues était assez ambitieux. Ça exige une forme de coordination entre le fédéral et les provinces. Aussi, quand j'ai mentionné dans ma déclaration que j'allais examiner de près la question de l'éducation postsecondaire, j'ai remarqué que très peu d'incitatifs existaient à ce niveau pour encourager les étudiants du secondaire à continuer d'étudier leur langue seconde. Je pense que pour les encourager, on devrait se pencher sur le choix des incitatifs.
Le gouvernement actuel a annoncé l'automne dernier un programme visant à encourager l'immigration francophone dans des communautés minoritaires. J'ai constaté, en visitant les communautés en situation minoritaire à l'échelle du pays, à quel point l'immigration demeurait cruciale pour leur vitalité. On comprend cette constatation, et il y a dans ces communautés une attitude d'accueil, une énergie et une vitalité qui m'ont impressionné. On est prêts, mais il faut qu'il y ait un suivi à ces annonces, de façon à ce que la volonté d'accroître l'immigration francophone dans les communautés minoritaires se maintienne.
Pour ce qui est de la petite enfance, un des défis consiste à assurer que ceux ayant le droit d'envoyer leurs enfants dans les écoles de la minorité utilisent ce droit. La petite enfance est une importante porte d'entrée vers l'école de la minorité, surtout dans le cas des familles exogames. En effet, certains parents ont ce droit, mais ont perdu leur langue. Pour certains d'entre eux, la langue maternelle à la maison n'est pas la langue de la minorité. Des études ont démontré — et l'expérience du gouvernement de l'Ontario, qui a réalisé certains projets-pilotes, est particulièrement significative — que la petite enfance était un facteur très important.
Par ailleurs, dans le cadre d'une réunion regroupant tous nos employés de même que des représentants des communautés minoritaires, quelqu'un du Quebec Community Groups Network a soulevé l'importance de l'employabilité des anglophones en situation minoritaire au Québec. Je pense que la situation est la même dans les communautés en situation minoritaire.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie le commissaire, M. Fraser, d'être ici, ainsi que son équipe et tous les gens qui travaillent au commissariat dans différents endroits au Canada pour essayer d'être les gardiens de nos deux langues officielles. En réalité, vous êtes les représentants du Parlement, et non du gouvernement du Canada, et vous êtes là pour nous faire rapport. Vous avez aussi le pouvoir d'aller en cour.
Revenons au Programme de contestation judiciaire. C'est l'outil qui a donné la chance à des communautés de survivre aujourd'hui. Je ne veux pas dire de paroles méchantes, mais un rapport ne peut être qu'un rapport. Si le du Canada n'a pas l'intention d'en suivre les recommandations, cela n'ira nulle part.
À plusieurs reprises, on a gagné des droits devant la cour, et le gouvernement a été forcé de faire des choses. Il suffit de penser aux écoles à l'Île-du-Prince-Édouard, à l'Hôpital Montfort à Ottawa. On peut en nommer plusieurs, mais je ne prendrai pas mes sept minutes pour le faire.
Dans votre rapport, il est assez clair que vous pensez que le gouvernement aurait eu l'obligation de faire une étude. La fin de semaine dernière, Mme Verner a décidé qu'elle voulait faire une tournée nationale pour aller rencontrer les francophones, les minorités. Elle devrait plutôt lire notre rapport. Nous avons déjà fait ce voyage et nous lui avons remis un rapport, qu'elle a complètement ignoré jusqu'à maintenant. Si elle s'était renseignée auprès des médias, elle saurait que beaucoup de gens au Canada sont fâchés à cause de ce qu'a fait le gouvernement, surtout en ce qui concerne le Programme de contestation judiciaire.
Voici la question que je vous adresse, monsieur Fraser. Premièrement vous dites dans votre rapport, et je cite:
Le commissaire a entamé une enquête, qui se poursuit. Il a demandé un moratoire pour annuler l’abolition du financement du Programme de contestation judiciaire, mais en vain.
Cela signifie que le gouvernement n'est pas intéressé.
Le commissariat, donc vous-même, avez le pouvoir d'aller en cour. Pourquoi laissez-vous la communauté aller en cour sans argent? Pourquoi laissez-vous aller en cour les gens du Nouveau-Brunswick, par exemple, qui n'ont pas d'argent? Ils n'ont pas d'argent du Programme de contestation judiciaire: on leur a enlevé l'outil. Pourquoi le commissariat n'irait-il pas en cour?
:
Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence ici aujourd'hui, monsieur Fraser. Merci aussi à tous les membres de votre bureau.
Dans votre rapport, vous dites, et je cite:
Durant le processus de conception, le gouvernement fédéral devra considérer attentivement l’élargissement de la portée du Plan d’action pour inclure, notamment, les domaines des arts et de la culture, des initiatives destinées aux jeunes et de nouvelles mesures visant la promotion de la dualité linguistique.
Comme bon nombre de ces sujets ont été abordés lors de l'étude sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire et que ces sujets ont d'excellentes chances de faire partie de nos préoccupations futures dans le cadre de nos travaux comme gouvernement, pourriez-vous nous donner plus de précisions sur votre vision de cet élargissement? Par exemple, que pensez-vous d'une politique de trilinguisme?
[Traduction]
À propos du remplacement du Plan d'action sur les langues officielles du gouvernement, vous avez dit que le gouvernement devrait considérer l'élargissement de la portée du plan. Que pensez-vous de l'utilisation par le gouvernement de son pouvoir d'application des ressources afin d'inciter les provinces à adopter une politique trilingue? Chaque élève du secondaire, chaque élève d'un collège — chaque diplômé de ces établissements — devra connaître trois langues, les deux langues officielles du Canada, bien sûr, la troisième serait
[Français]
leur choix.
[Traduction]
Vous créerez une situation courante dans l'Europe occidentale contemporaine.
Beaucoup de gens prétendraient que ce n'est pas faisable, mais je suis à moitié européenne par mes origines; ma mère était européenne. Après la Deuxième Guerre mondiale — il n'y a que 50 ans de cela — personne ne parlait une autre langue que sa langue maternelle. Aujourd'hui, en Europe occidentale, il est pratiquement impossible de ne pas parler anglais. Dès qu'ils reconnaissent votre accent, les gens vous parlent en anglais. Ils l'ont fait là-bas.
Ce serait une excellente façon de régler les problèmes d'unité nationale et de conformité à la Loi sur les langues officielles. et un atout considérable pour la diversité. Supposons que vous êtes un Canadien autochtone; ce serait un moyen exceptionnel de conserver certaines de vos langues. Si vous êtes Canadien d'origine chinoise, ce serait une façon remarquable de préserver votre langue. Ce serait pareil pour les Canadiens d'origine italienne ou espagnole.
Et ce serait un atout pour le commerce international. Nous parlons du fait que nous sommes une nation commerçante — les Phéniciens du monde moderne — pourtant nous sommes remarquablement unilingues en comparaison à beaucoup d'autres pays.
Je pose cette question parce que nous sommes souvent myopes au comité. Nous nous concentrons sur des sujets très précis. Souvent, nous ne reculons pas pour avoir une vue d'ensemble et poser ce genre de questions. Je me demande si cette idée, bien qu'elle soit ambitieuse, ne mérite pas considération.
Avez-vous pensé à cela et aux coûts et aux défis potentiels liés à la mise en oeuvre d'un tel projet?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Fraser, de même que votre équipe, d'être parmi nous aujourd'hui.
Je suis originaire d'Acadie, et je trouve, bien sûr, que les enjeux dont nous avons discuté sont très importants. Nous sommes préoccupés par quelques dossiers, entre autres le Programme de contestation judiciaire, qui, je le répète, est très important pour nous.
Par contre, vous avez souligné autre chose dans votre rapport et votre exposé. Vous avez commencé par applaudir les discours de et de , mais vous avez dit ceci:
Ces messages positifs sont toutefois ternis par des démarches qui diminuent sensiblement leur rayonnement.
Je compte six points importants qui ne sont pas positifs à l'égard du plan d'action ou de la loi. C'est relié dans quelques cas à des coupes. Mais il y en a deux qui m'intéressent beaucoup. Peut-être aurez-vous le temps de me donner des explications, de façon à ce que je comprenne clairement ce qu'il en est. Il s'agit des cinquième et sixième points. On dit ceci:
Un autre changement important a été le transfert du Secrétariat aux langues officielles du Bureau du Conseil privé au ministère du Patrimoine canadien.
En quoi est-ce que c'est plutôt négatif à l'égard du plan et des lois? Je me pose la même question en ce qui concerne la phrase suivante:
Finalement, le Comité des sous-ministres responsables des langues officielles a été aboli.
Par ailleurs, on remarque à la page 45 que dans le cadre du bulletin de rendement, les résultats indiqués pour le service au public ne sont pas bons. J'ai des enfants, et ça me préoccupe. On dit que c'est la raison d'être principale des lois. Je me demande pourquoi la gestion obtient des notes supérieures à celles du service au public.
Enfin, je vois à la page 67 que chez nous, au Nouveau-Brunswick, plus de 24 ou 25 p. 100 des plaintes concernent la langue de travail. C'est de 14 p. 100 supérieur à la moyenne nationale. Je me demande pourquoi les plaintes portant sur la langue de travail sont plus fréquentes au Nouveau-Brunswick et ici, à Ottawa, que dans le reste du pays.
:
C'est bien. Je vous remercie.
Monsieur le commissaire, j'aimerais vous entendre sur le sujet suivant. Je parle peut-être d'un domaine qui ne relève pas directement de vous, ou pas du tout de vous, mais sur lequel vous avez peut-être une influence. Je viens du monde de l'enseignement. J'ai enseigné le français aux francophones au Québec, en Saskatchewan et en Ontario.
Je pense, par exemple, à la Saskatchewan, où seulement 18 p. 100 des élèves fransaskois fréquentent les écoles fransaskoises. Par conséquent, 82 p. 100 de ces élèves se trouvent dans d'autres écoles, tantôt en immersion, tantôt en anglais langue première.
Des efforts sont faits pour recruter des élèves — ce qui est malheureux — parce qu'un élève vaut un certain montant d'argent. Une commission scolaire ne va pas laisser partir ceux dont le français est la langue maternelle vers une école qui leur revient de droit ni même encourager la chose par l'intermédiaire de leurs parents, etc.
Faites-vous des discours ou entreprenez-vous des démarches pour dire aux gens de Canadian Parents for French, par exemple, que l'immersion et le fait que les anglophones apprennent le français, c'est très bien, mais que... Je ne veux pas utiliser des mots durs, mais c'est quand même là où on trouve beaucoup de nos jeunes, et l'assimilation est très importante dans les communautés d'un milieu très fragilisé. Je voudrais savoir si vous faites des approches, si vous prononcez des conférences ou si vous avez des discussions avec des gens de Canadian Parents for French — je pense à cet organisme parce qu'il existe, qu'il fait de la promotion et qu'il tente de recruter des jeunes chez nous — pour faire des nuances et voir s'il n'y a pas une façon d'en venir à une bonne entente pour nous aider à récupérer, chez les minorités, le plus grand nombre possible d'élèves. Je sais que l'éducation est du domaine provincial.
:
Je veux dire au niveau des deux langues officielles, pas des allophones ou autres Canadiens dont la première langue n'est pas l'une des deux langues officielles. L'opinion publique et la tendance générale veulent que le français est de moins en mois utilisé et que l'anglais l'est de plus en plus.
C'est la tendance générale constatée au cours des 100 dernières années et elle continue. Le nombre — heureusement et cela donne des raisons d'espérer — des personnes bilingues augmente aussi. Nous avons, cependant, un gros problème, c'est qu'officiellement le gouvernement fédéral, ses institutions, ses organismes, ses sociétés d'État, ses secteurs d'administration directe sont bilingues, mais sur le terrain, au pays, la réalité est que la grande majorité des Canadiens ne sont pas bilingues.
il y a donc un écart entre les institutions nationales qui emploient plus de 400 000 personnes et le système d'éducation qui n'exige pas que les étudiants soient bilingues. Donc, dans notre pays, nous créons réellement deux systèmes: un pour une élite qui a accès à un enseignement bilingue et qui peut s'exprimer dans les deux langues et un pour tous les autres qui ne parlent qu'une langue officielle. Il me semble qu'à long terme, ce problème est énorme.
Finalement, si l'on veut accéder aux échelons supérieurs de la fonction publique, des sociétés d'État et des entreprises similaires, on ne le peut pas et c'est la réalité. Je pense qu'il y a un problème structurel au sein de notre société et qu'il faudra le régler à long terme. À mon avis, la meilleure façon de le régler sera au moyen du système d'éducation.
Je suis en faveur de la préservation du français au Canada. Cependant, il me semble, qu'une lacune existe entre le système d'éducation, qui n'exige pas des étudiants qu'ils connaissent l'autre langue officielle pour obtenir leur diplôme, et les institutions nationales du pays. Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas un plus grand consensus pour résoudre ce problème.
Si le système d'éducation créait des diplômés incapables de lire, d'écrire ou de calculer ou des diplômés jugés incompétents par les entreprises, celles-ci diraient à hauts cris que les universités et les écoles secondaires canadiennes ne sont tout simplement pas à la hauteur et que ce problème doit être réglé. Seulement voilà, le plus grand employeur national n'exige pas que les employés qui vont recevoir une promotion parlent les deux langues officielles et le fait que nous ne demandons pas à notre système d'éducation de former des étudiants bilingues est, à mon avis, un monumental problème structurel.
Je suis curieux de savoir si le Commissariat avait ou a fait des recherches pour savoir ce qu'il en coûterait, ce qu'il faudrait, pour que le gouvernement fédéral utilise son pouvoir d'application des ressources afin d'encourager les provinces à exiger la connaissance des deux langues officielles pour l'obtention d'un diplôme et je pense pour composer avec la diversité croissante de notre pays, faire ce que les Européens font, c'est-à-dire parler deux autres langues en plus de la langue maternelle.