:
Je déclare la séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne ouverte. Conformément à l'ordre de renvoi du vendredi 30 novembre 2007, le comité reprend l'étude du projet de loi S-203, Loi modifiant le Code criminel (cruauté envers les animaux), et débattra de la question.
Il y a plusieurs témoins avec nous aujourd'hui. Je tiens à tous les remercier de leur présence.
Sans plus tarder, je vous présente d'abord les représentants de la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux, soit Mme Shelagh MacDonald, directrice de programme, et M. Hugh Coghill, inspecteur-chef.
Le représentant de la Ontario Federation of Anglers and Hunters est M. Greg Farrant, gestionnaire des Relations gouvernementales.
Les représentants du Fonds international pour la protection des animaux sont Mme Barbara Cartwright, gestionnaire des campagnes, et Mme Kim Elmslie, spécialiste des campagnes.
La Canadian Professional Rodeo Association est aussi représentée, par M. Jim Pippolo, directeur général par intérim.
Finalement, la Canadian Association for Humane Trapping est représentée par M. Don Mitton, directeur de projet.
Bienvenue à tous.
Commençons en suivant l'ordre indiqué sur l'ordre du jour, c'est-à-dire par le témoignage de Mme MacDonald, qui représente la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux.
Mesdames et messieurs les députés, bonjour et merci de nous donner l'occasion aujourd'hui de vous entretenir de ce sujet très important.
La Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux, qui a été créée en 1957, est un organisme national de bienfaisance voué au bien-être des animaux. C'est la seule voix nationale des sociétés de protection des animaux et des SPCA au pays. Le mandat des sociétés de protection des animaux et des SPCA est dicté par une loi provinciale et consiste à faire enquête sur les cas soupçonnés de cruauté envers les animaux et à faire respecter le Code criminel fédéral ainsi que les lois provinciales relatives à la protection des animaux.
Selon la loi actuelle, seulement 0,5 p. 100 des enquêtes sur la cruauté envers les animaux débouchent sur des poursuites judiciaires. Je tiens à préciser que la fédération n'est pas un organisme de défense des droits des animaux et n'embrasse pas une telle philosophie. Notre organisme se consacre au bien-être des animaux et préconise un traitement responsable et non cruel à leur endroit, traduisant ainsi les valeurs de la majorité des Canadiens. La fédération respecte la nécessité de préserver les activités traditionnelles au Canada, comme l'agriculture, la pêche, la chasse et la trappe.
Comme vous le savez, la fédération s'oppose fermement au projet de loi S-203. Nous ne comprenons pas pourquoi le Parlement voudrait adopter une loi de 1892 à peine rajustée pour tenir compte de l'inflation. J'aimerais vous parler de quelques problèmes qui découlent de la loi actuelle.
Selon nous, la négligence délibérée est le plus grave problème qu'entraîne la loi actuelle, car il faut prouver qu'une personne avait l'intention de négliger ses animaux, ce qui est pratiquement impossible. C'est absurde.
Il y a des lacunes dans la loi qui nous empêchent de poursuivre en justice les responsables de combats d'animaux, ce qui est une activité particulièrement horrible et sanglante...
:
Bien sûr, je suis désolée.
Troisièmement, il est actuellement contraire à la loi de tuer son animal sans une excuse légitime — soit l'agriculture, la pêche, la chasse, la trappe, la recherche ou la protection de la vie ou de la propriété —, mais il n'est pas contraire à la loi de tuer sans excuse légitime un animal dont on n'est pas propriétaire. En ce moment, la cruauté envers les animaux est considérée comme une infraction contre les biens aux termes du Code criminel. La grande majorité des Canadiens estiment que les animaux doivent être protégés parce qu'ils peuvent souffrir, et ce, qu'ils appartiennent à quelqu'un ou non.
À l'heure actuelle, aucune disposition ne définit l'acte odieux de tuer un animal de manière brutale et violente comme une infraction. Ce type de disposition s'avère pourtant nécessaire pour mettre un terme à ces crimes — très rares, on l'espère, mais tout de même très violents — qui échapperaient autrement aux sanctions et qui montrent vraiment qu'il existe des crimes violents dans notre société dont il faut s'occuper.
Le fait que la loi contienne une section distincte portant sur le bétail est complètement aberrant au XXIe siècle, et la mention de divers types d'animaux comme les oiseaux, les chiens et les coqs ne fait pas très actuelle. Nous croyons que des modifications s'imposent. Il y a également des dispositions prévoyant des sanctions insuffisantes, problème que règle le projet de loi.
Selon nous, la loi actuelle du Canada sur la cruauté envers les animaux est une honte: elle est périmée, inefficace et truffée de failles. L'adoption du ne réglera en rien la honte que cette loi suscite, ni son inefficacité, ni ses failles.
Il semble que les pressions soient fortes en faveur de l'adoption du . La plupart des politiciens en ont assez de discuter des amendements à apporter au projet de loi sur la cruauté envers les animaux et veulent adopter quelque chose. Mais adopter des mesures archaïques et insuffisantes pour le simple plaisir d'adopter un projet de loi n'est pas ce que les Canadiens attendent de notre Parlement.
Les Canadiens se sont prononcés massivement contre le plus d'une fois. Le cas horrible dont on a parlé il y a un an et demi environ, celui de Daisy Duke, un chien de Didsbury, en Alberta, qui a été battu, attaché et traîné derrière une voiture, a incité les gens à lancer une pétition l'an dernier. Cette pétition contre le projet de loi S-203, appelé à l'époque le S-24, a été signée par 111 000 Canadiens, ce qui représente un très grand nombre de signatures.
Un sondage national mené par SES Research en novembre 2006 a révélé que plus de 85 p. 100 des Canadiens croyaient que les animaux errants ou sauvages devaient être protégés contre les actes de cruauté. La réponse a été pour ainsi dire la même dans toutes les régions du pays, à la ville comme à la campagne, ainsi que chez les pêcheurs et les chasseurs.
Plus de 76 p. 100 des Canadiens sont en faveur de modifier la loi afin que la cruauté envers les animaux ne constitue plus une infraction contre les biens. En fait, la population rurale, les chasseurs, les pêcheurs et les gens qui votent habituellement pour les conservateurs sont même davantage en faveur d'un tel changement.
Comme vous le savez, Mark Holland a déposé le , qui est presque identique au projet de loi qui a reçu un appui généralisé en 2003. N'oublions pas que ce projet de loi avait l'appui de tous les partis politiques de la Chambre, des organisations de protection des animaux, des vétérinaires, des associations policières et de la majorité des secteurs utilisant les animaux, comme les agriculteurs, les trappeurs et les chercheurs. Or, vous envisagez aujourd'hui d'adopter un projet de loi qui est loin de recueillir un appui d'une telle ampleur.
Un milieu assez puissant, celui des chasseurs et des pêcheurs, n'a pas appuyé le projet de loi en 2003 et a même demandé une exemption spéciale de l'application des dispositions du Code criminel portant sur la cruauté envers les animaux. C'est comme demander le droit d'être cruel envers les animaux. Il est tout à fait inapproprié d'exempter qui que ce soit du Code criminel. Je suis certaine que la plupart des chasseurs et des pêcheurs n'ont aucunement le désir d'agir cruellement envers les animaux, alors ils n'ont certainement pas besoin d'une telle exemption. Ce n'est pas acceptable.
Ces groupes puissants, les pêcheurs et les chasseurs, ont réussi à convaincre les politiciens qu'un projet de loi comme le ferait de la chasse et de la pêche des activités illégales parce qu'ils estiment qu'elles ne seraient pas considérées comme une excuse légitime. C'est pour cette même raison que ces groupes sont ici aujourd'hui pour tenter de vous convaincre d'adopter ce projet de loi. Mais en fait, l'expression « excuse légitime » signifie « conforme à la loi ». Il est ridicule de dire que des activités traditionnelles comme la chasse, la pêche ou la trappe ne seraient plus jugées légales.
Les groupes qui s'opposent au ne le font pas en raison des mesures qu'il contient, mais plutôt en raison de celles qu'il ne contient pas. C'est justement pourquoi vous devriez vous y opposer, et c'est pourquoi nous nous y opposons.
De nombreuses personnes ont reconnu que ce projet de loi ne réglait pas tous les problèmes, mais pensent qu'il faut aller de l'avant avec ce projet quitte à corriger le reste plus tard. Vous qui êtes politiciens, vous savez qu'il y a peu de chances pour que cela arrive. Vous savez qu'il faudra des années, voire des décennies, avant que le Parlement soit prêt à étudier d'autres amendements sur la cruauté envers les animaux.
La décision vous appartient: allez-vous appuyer un projet de loi tout à fait déficient simplement pour dire que vous avez fait quelque chose, ou allez-vous écouter les Canadiens et les SPCA de tout le pays qui appliquent les lois et rejeter ce projet de loi archaïque et imparfait qui n'améliorera pas le sort des animaux victimes d'abus?
Je passe maintenant la parole à Hugh, l'inspecteur-chef pour la SPCA de l'Ontario.
:
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant les honorables membres de ce comité.
Je suis ici aujourd'hui en ma qualité d'inspecteur-chef de la Société de protection des animaux de l'Ontario, pour parler au nom de nos quelque cinquante divisions et sociétés affiliées, qui représentent plus de 250 000 personnes dans l'ensemble de la province.
Fondée en 1873, la SPA de l'Ontario figure parmi les plus anciens organismes de lutte contre la cruauté envers les animaux au Canada. Elle fait partie de la Fédération des sociétés canadiennes d'assistance aux animaux et de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals. À l'instar de la FSCAA, la SPA de l'Ontario n'est pas un organisme axé sur les droits des animaux. La Loi sur la Société de protection des animaux de l'Ontario, qui a été adoptée initialement en 1919, confère aux inspecteurs les pouvoirs d'un agent de police leur permettant d'exécuter les lois en matière de protection des animaux. Aucune disposition de cette loi ne porte sur la poursuite des personnes qui s'en prennent à un animal, à l'exception de l'article ajouté en 2002 au sujet des usines à chiots et à chatons. L'article du Code criminel qui traite de la cruauté envers les animaux était, jusqu'à récemment, le seul recours possible en Ontario.
Dans cette perspective, nos 200 agents ont une expérience considérable des poursuites intentées en vertu de notre très vieux Code criminel. Nous savons trop bien que certains termes utilisés dans la loi limitent considérablement notre capacité de porter des causes devant les tribunaux. Nous consultons régulièrement des procureurs de la Couronne en vue de faire tout ce qui est en notre pouvoir, compte tenu des faiblesses de la législation fédérale actuelle.
Parmi plus de 15 000 plaintes ayant fait l'objet d'une enquête en 2006, 517 ont mené à une mise en accusation, dont 355 en vertu du Code criminel. La SPA de l'Ontario a émis plus de 2 000 ordonnances à l'endroit de personnes possédant des animaux qui subissaient des conditions inacceptables. Dans bon nombre de cas, la première mesure prise par la SPA consiste à sensibiliser les propriétaires aux soins adéquats à apporter à leurs animaux. La poursuite des contrevenants est un dernier recours.
Prenons un cas signalé en Ontario où un propriétaire avait poussé son chien au sol avec une telle force que l'animal en a eu la patte cassée; un vétérinaire a indiqué que l'animal avait subi un impact aussi fort que s'il avait été frappé par une voiture. Le juge a rejeté l'accusation portée en vertu du Code criminel parce qu'il estimait que l'accusé n'avait pas volontairement cassé la patte de son chien, et n'avait donc pas eu l'intention de lui causer de la douleur et des souffrances.
Lorsque les propriétaires d'un petit zoo ont simplement abandonné les animaux qui y vivaient parce qu'ils ne rapportaient pas suffisamment d'argent, les condamnant ainsi à la famine, le tribunal a rejeté l'accusation aux motifs qu'ils n'avaient pas délibérément privé les animaux de nourriture.
Lorsqu'un homme a tué par balle un chien errant sans raison apparente, il n'a pas fait l'objet de poursuites parce que notre inspecteur n'a pas réussi à prouver que l'animal était gardé pour une fin légitime, puisque son propriétaire n'a jamais été retrouvé.
Sauf votre respect, je tiens à souligner que la situation de l'Ontario et du Canada dans les années 1800 était bien différente de la réalité d'aujourd'hui, et les lois qui gouvernent la bonne conduite doivent tenir compte des politiques, de la société, des besoins et des crimes de notre époque. Ce serait une erreur d'adopter le projet de loi S-203, et au nom de la SPA de l'Ontario, je vous implore de ne pas l'adopter. Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Au nom de l'Ontario Federation of Anglers and Hunters, de nos organismes affiliés de la Colombie-Britannique, du Manitoba, de la Saskatchewan, de la Nouvelle-Écosse, du Québec, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve-et-Labrador, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, ainsi que de l'Association canadienne de la pêche sportive et de la Delta Waterfowl Foundation, je vous remercie de me donner l'occasion de me présenter devant vous aujourd'hui pour commenter le projet de loi S-203, déposé par le sénateur John Bryden le 17 octobre 2007.
Vous avez sous les yeux une copie de mes commentaires originaux, mais en raison des contraintes de temps, je vous en présente une version abrégée. J'aimerais en même temps parler d'un débat semblable qui a eu lieu tout récemment dans une autre administration — que M. Coghill a déjà mentionné — et faire un parallèle avec la situation dont il est question aujourd'hui.
Comme le sénateur Bryden l'a déjà fait remarquer à maintes reprises — et selon nous, à juste titre —, les Canadiens conviennent généralement que les peines actuellement prévues dans le Code criminel pour cruauté envers les animaux sont insuffisantes, qu'elles ne reflètent pas la gravité de ces crimes, et qu'elles ne constituent pas des moyens de dissuasion efficace. Nous partageons cet avis. Le débat relatif aux modifications à apporter au Code criminel touchant la cruauté envers les animaux, qui a commencé il y a dix ans, n'a pas réussi à faire progresser le dossier de quelque façon que ce soit. L'adoption du nous donne la possibilité de corriger la situation.
Le projet de loi fournit le moyen de répondre au besoin d'accroître les amendes et les pénalités pouvant être imposées aux personnes qui maltraitent des animaux, sans modifier les infractions matérielles actuellement prévues par le Code criminel. Toutes les défenses et tous les droits existants, y compris les droits des Autochtones, sont protégés. On peut alors être certain de l'interprétation de la loi grâce à l'existence d'une jurisprudence bien établie. Si un projet de loi plus important était adopté, de nouvelles infractions seraient définies sans élément de jurisprudence pour les appuyer.
Le projet de loi permet également de donner suite à la nécessité de modifier le Code criminel afin d'éliminer les mesures punitives disparates qui sont actuellement appliquées au pays.
En juin 2007, la SPAO a protesté contre l'incapacité des tribunaux ontariens d'imposer une peine sévère à une personne qui avait maltraité un animal. Elle a fait remarquer que, si cette personne avait résidé en Alberta, en Colombie-Britannique ou au Nouveau-Brunswick, elle aurait été passible des peines mêmes que propose le sénateur Bryden dans ce projet de loi, car ces provinces ont déjà adopté des mesures visant à renforcer les lois provinciales.
Le gouvernement de l'Ontario suit d'ailleurs l'avancement du avec grand intérêt. L'automne dernier, le ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels a déclaré que l'on envisageait des modifications à la Loi sur la SPAO, dont la suppression du plafond actuellement applicable aux ordonnances interdisant à des contrevenants de posséder des animaux, mais que ces modifications ne seront peut-être pas nécessaires si le projet de loi S-203 est adopté.
Les peines plus sévères proposées dans le reflètent celles qui figuraient dans plusieurs projets de loi d'initiative ministérielle antérieurs et sont fondées sur une étude approfondie des lois analogues adoptées ailleurs. Les modifications proposées dans le projet de loi S-203 sont compatibles avec l'orientation adoptée par d'autres administrations dans ce domaine, ainsi qu'avec le régime de détermination de la peine qui s'applique dans le Code criminel en général. Selon un haut fonctionnaire de la Justice, elles représentent une amélioration importante par rapport à la loi actuelle touchant la détermination de la peine, amélioration que tous les Canadiens approuveraient.
Le sénateur Bryden et d'autres personnes ont déjà parlé amplement du , et en tant que législateurs compétents, vous comprenez tous sa portée et ses limites. J'utiliserai donc le temps qu'il me reste pour examiner le cas dont j'ai fait mention un peu plus tôt.
En 2002, dans la province de l'Ontario, on a déposé deux projets de loi en vue de modifier la SPAO. Le premier visait simplement à accroître les amendes et les peines imposées aux usines à chiots illicites. Le deuxième projet de loi présentait des dispositions semblables au sujet des peines. Cependant, il allait bien au-delà de la simple augmentation des amendes et des peines en proposant une réforme d'envergure qui risquait d'avoir des répercussions négatives sur les pratiques légales et réglementées.
L'objectif du premier projet de loi était comparable à celui du . Le second était semblable à bien des égards à des projets de loi d'initiative ministérielle antérieurs qui ont été soumis au Parlement au cours de la dernière décennie, mais qui n'ont pas été adoptés. En Ontario, le projet de loi le plus simple a été adopté grâce à notre appui et à celui de nos collègues de l'Ontario Farm Animal Council. Bien sûr, au départ, la SPAO a appuyé le projet de loi le plus complet, mais au bout du compte, elle a réalisé qu'un certain progrès valait mieux que rien du tout et a donné son appui à l'autre projet de loi pour aller de l'avant.
Depuis l'adoption de ce projet de loi, des usines à chiots illicites ont fait l'objet d'une surveillance accrue, et on a renforcé la capacité de porter des accusations.
Au cours des deux dernières semaines, des articles parus dans différents médias dans l'ensemble du pays vantaient les mérites des deux projets de loi d'initiative ministérielle précédents et du projet de loi déposé par le député d'Ajax—Pickering. Ces mêmes articles soulignaient que l'adoption du marquerait un jour bien triste.
Il est inconcevable qu'une loi simple permettant d'accroître la capacité des tribunaux d'imposer des peines plus sévères aux personnes qui s'en prennent aux animaux puisse être perçue de cette manière, à moins qu'il y ait un autre programme en jeu.
Ma confusion était apparemment partagée par un ancien inspecteur chargé d'enquêter sur les cas de cruauté envers les animaux, qui a réagi avec indignation à ces mêmes articles. Dans sa lettre aux médias, il a indiqué que les cas cités dans les articles pouvaient déjà faire l'objet de poursuites en vertu de la loi en vigueur. Donc, pour quelle raison voulait-on faire adopter des nouvelles lois? Sa remarque est étayée par des statistiques fournies par un témoin précédent ayant cité les chiffres du rapport annuel de la SPAO, qui montrent que le nombre d'accusations portées tend à augmenter. Il y a déclaration de culpabilité dans 80 p. 100 à 90 p. 100 des poursuites intentées en vertu de la loi en vigueur. L'ancien inspecteur qui a réagi aux articles a fait valoir qu'il serait suffisant de rendre simplement les peines plus sévères, ce que prévoit le .
La semaine dernière, en faisant référence aux projets de loi précédents émanant du gouvernement qui n'ont pas été adoptés, une personne qui a témoigné devant ce comité a souligné que des piètres textes de loi ne peuvent compenser les lacunes de la loi actuelle. Nous sommes fortement d'accord, comme l'est apparemment l'inspecteur chargé d'enquêter sur les allégations de cruauté envers les animaux dont j'ai parlé plus tôt, qui a fait remarquer que les mauvaises lois ne protègent pas les animaux, contre la cruauté, mais que l'application plus sévère des lois et l'imposition de peines plus longues le pourraient.
Au pays, les nouvelles peines présentées dans le projet de loi S-203 bénéficient d'un appui vaste et solide, tant au sein du gouvernement qu'auprès du grand public. Le projet de loi a déjà été approuvé par le Sénat. Il offre la meilleure occasion en dix ans d'adopter une loi qui répondra aux préoccupations légitimes du public au sujet des actes odieux de cruauté envers les animaux et ce, d'une manière plus efficace qu'à l'heure actuelle.
Malgré le fait que certaines personnes font malheureusement référence au projet de loi comme étant le moindre de deux maux, ce qui n'est clairement pas le cas, l'adoption du projet de loi changera l'état actuel des choses et donnera aux tribunaux les moyens de condamner les personnes reconnues coupables d'infractions criminelles visant des animaux à des peines plus sévères et proportionnelles à la nature de ces crimes.
L'occasion de faire ce qui s'impose est sur le point de se présenter à nous. La volonté d'effectuer des changements existe manifestement. Le débat sur cette question traîne depuis assez longtemps. Vous en trouverez la preuve devant moi. Voici tous les débats que nous avons tenus en Chambre sur ces projets de loi au cours des dix dernières années, et pourtant aucun progrès n'a été fait.
Il convient d'applaudir la tentative du sénateur Bryden de proposer une solution viable. Son projet de loi ne satisfait peut-être pas les attentes de tout le monde, mais il marque un progrès énorme et doit être adopté tel quel. Autrement, le débat se poursuivra sans fin, et on aura laissé passer la meilleure occasion offerte jusqu'ici de faire quelque chose de valable.
Je vous remercie de nouveau monsieur le président et messieurs et mesdames les membres du comité du temps que vous m'avez accordé, de votre courtoisie et de la possibilité que vous m'avez donnée de témoigner devant vous aujourd'hui.
:
Je vais commencer, puis je vais céder la parole à Kim. Merci.
Honorables membres du Comité de la justice et des droits de la personne, je vous remercie de me permettre de témoigner devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Barbara Cartwright et je suis la gestionnaire de la Campagne du Fonds international pour la protection des animaux. Je souhaite vous expliquer pourquoi je m'oppose au projet de loi S-203 et pourquoi ce projet ne protégera pas efficacement les animaux contre les délits de cruauté. Ma collègue, Kim Elmslie, vous présentera ensuite un rapport qui montre le retard du Canada en matière de législation, comparé à d'autres pays dans le monde.
Le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) oeuvre à améliorer le bien-être des animaux sauvages et domestiques dans le monde entier, en réduisant leur exploitation commerciale, en protégeant l'habitat de la faune, et en aidant les animaux en détresse. L'objectif de l'IFAW est de sensibiliser le grand public afin d'éviter la cruauté envers les animaux et de promouvoir les politiques de conservation et de protection animale qui font progresser le bien-être des animaux et des êtres humains.
L'IFAW compte sur l'appui de plus de deux millions de personnes et bénéficie de l'expertise professionnelle de 300 employés parmi lesquels on peut compter divers responsables de campagnes, conseillers politiques et légaux et scientifiques de renommée internationale, tous répartis aux quatre coins de la planète dans 16 bureaux différents. Le bureau canadien de l'IFAW compte à lui seul 45 000 sympathisants.
Comme notre nom l'indique, l'IFAW est une organisation qui veille au bien-être des animaux, et non pas une organisation de défense des droits des animaux. Nous nous appuyons d'abord sur la science et travaillons de pair avec divers industries et gouvernements afin de fournir des points de vue constructifs en ce qui a trait aux politiques et pratiques usuelles.
Au cours des neuf dernières années, l'IFAW a travaillé de concert avec les parlementaires canadiens pour proposer une législation moderne et efficace en ce qui concerne la cruauté envers les animaux. Nous souhaitons poursuivre ce travail pour parvenir à un projet de loi qui réponde aux attentes des Canadiens.
L'IFAW s'oppose au projet de loi S-203 car il s'agit d'un texte de loi inefficace, qui n'améliore qu'en apparence les lois désuètes et inadéquates traitant de la cruauté envers les animaux, sujet dont se préoccupe la majorité des Canadiens. Le projet de loi S-203 perpétue les lacunes et insuffisances de la législation actuelle, et l'inaptitude de parvenir à des condamnations. Moins de 1 p. 100 des plaintes concernant la cruauté envers les animaux aboutissent à des condamnations. Le fait d'augmenter le montant des amendes ne permettra aucunement de parvenir à davantage de condamnations, ce qui est inacceptable.
On répète sans cesse qu'il s'agit d'une question qui revêt une haute importance pour les Canadiens. Notre bureau est inondé d'appels et de courriels de nos adhérents et du public qui demandent à l'IFAW de faire quelque chose pour protéger les animaux contre la cruauté. Les Canadiens veulent que les contrevenants soient punis. Toutefois, pour être punis, ils doivent d'abord être condamnés. Une enquête effectuée en 2006 par SES Research a établi que plus de 85 p. 100 des Canadiens veulent une loi en vertu de laquelle il sera plus facile aux organismes d'application de la loi de poursuivre en justice les personnes qui commettent des actes de cruauté envers les animaux sauvages et errants.
Au cours de la dernière session du Parlement, une pétition a été déposée à la Chambre. Celle-ci comptait 111 000 signatures de Canadiens qui s'opposaient à l'adoption du projet de loi S-213, celui présenté avant le projet de loi S-203. Tout récemment, notre bureau a reçu plus de 170 000 lettres et cartes postales de personnes manifestant leur opposition au projet de loi S-203.
Bien que les Canadiens continuent à exiger des changements substantiels pour que la législation protège réellement les animaux d'actes de cruauté, le Sénat défend une législation qui ne compense absolument pas les insuffisances que tout le monde connaît, et n'améliore en rien le Code criminel. La simple augmentation de la sévérité des peines n'est pas une question cruciale, mais la création d'une loi efficace, exécutoire et exhaustive, elle, l'est.
Des témoignages durant les travaux du Comité indiquent que certains se contenteraient de faire voter le projet de loi maintenant, pour l'amender plus tard. Il est irresponsable de voter un texte de loi dont on sait qu'il sera inefficace et inapplicable, dans l'espoir que quelqu'un l'améliorera par la suite.
Il est tout à fait possible d'adopter une législation forte et détaillée qui protège les animaux contre les actes de cruauté, et en même temps d'avoir une industrie prospère qui utilise les animaux, et une société de chasse et de pêche. De nombreux pays l'ont fait sans pour autant menacer les activités d'élevage, de pêche, de recherche et de chasse.
Je cède maintenant la parole à ma collègue Kim Elmslie, qui va vous en dire davantage sur ce sujet.
Je m'appelle Kim Elmslie et je suis la responsable de la campagne contre la cruauté de l'IFAW. Nous sommes réunis aujourd'hui parce que des délits horribles de cruauté envers les animaux sont commis pratiquement chaque jour. Durant les deux premières semaines de janvier, trois incidents très médiatisés se sont produits: un chat domestique a été tué par quatre adolescents qui l'ont placé dans un micro-ondes, cinq chiots ont été laissés dans la cuve d'une toilette publique pour qu'ils y meurent, et un homme a tué un autre chiot avec un marteau.
De telles histoires éveillent l'indignation et la colère des Canadiens et suscitent chaque fois de nouvelles demandes pour une législation moderne et efficace. L'IFAW a récemment publié un rapport intitulé Le Canada à la traîne: étude comparative des lois nationales sur la cruauté envers les animaux. L'IFAW a comparé la législation du Canada en matière de cruauté envers les animaux avec celle de 13 autres pays, soit l'Autriche, la Croatie, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, les Philippines, la Pologne, le Portugal, l'Afrique du Sud, la Suisse et l'Ukraine.
Ce rapport a révélé des faits surprenants. Ainsi, le Canada est le seul pays où il est pratiquement impossible d'engager des poursuites en cas de négligence; le Canada se classe au dernier rang, quel que soit l'objet de la comparaison; le Canada est le seul pays qui n'offre, pour ainsi dire, aucune protection aux animaux sauvages et aux animaux errants; la législation canadienne ne contient pas de définition claire du terme « animal », alors que la législation des autres pays est explicite; le Canada est le seul pays qui ne protège pas les animaux que l'on entraîne pour qu'ils se battent entre eux.
Une mise à jour efficace du Code criminel du Canada fournira aux tribunaux et à la police des moyens clairement définis pour intenter des poursuites et rendre des verdicts de culpabilité, ce qui réduira éventuellement l'incidence des actes inacceptables de cruauté envers les animaux. Cette mise à jour permettra également aux politiciens de répondre au désir de la grande majorité des Canadiens qui, peu importe leurs préférences politiques, sont indignés par les actes de cruauté ignobles perpétrés envers les animaux.
Finalement, une législation moderne et efficace visant à protéger tous les animaux permettra au Canada de se mettre à niveau eu égard aux normes que l'on observe à l'échelle internationale.
Vous avez devant vous un copie de notre rapport. Je vais présenter brièvement quelques exemples. Les dispositions du Code criminel du Canada sur la cruauté n'ont pas été mises à jour depuis 1892. Certains termes du Code sont désuets et vont à l'encontre de son esprit. Un exemple flagrant et l'utilisation de l'expression « négligence volontaire ». Cette formulation implique que les tribunaux doivent prouver qu'un délit de négligence était intentionnel. Les tribunaux ne sont tenus de démontrer qu'un acte de négligence était intentionnel dans aucun des 13 autres pays dont la législation a été examinée dans le cadre de notre rapport. Au contraire, la tendance que l'on observe dans les autres pays consiste à veiller à ce que les personnes qui sont responsables d'animaux respectent des normes minimales en matière de soins.
Par exemple, en Nouvelle-Zélande, la Loi sur la protection des animaux prévoit que toutes les personnes qui gardent un animal ou en sont responsables doivent prendre toutes les mesures raisonnables pour s'assurer que les besoins liés à sa santé physique ainsi que ses besoins comportementaux sont satisfaits, grâce au recours à des pratiques appropriées et aux connaissances scientifiques pertinentes. Cela signifie qu'il importe peu de savoir si une personne avait l'intention d'enfreindre la loi ou de commettre un acte de négligence. Les actions ou l'inaction des contrevenants suffisent pour que des accusations de négligence soient portées contre eux. De la même manière, aux terme de la Loi sur la protection des animaux de la Norvège, la négligence subie par un animal ne doit pas nécessairement avoir été commise délibérément par le propriétaire. Les actes eux-mêmes suffisent pour qu'un délit ait été commis.
Au Canada, la présence à un combat d'animaux constitue une infraction criminelle. Cependant, en raison de vides législatifs qui remontent à longtemps, il est toujours légal d'élever et d'entraîner des animaux de combat, ou de tirer un gain du combat d'animaux.
Parmi les 14 pays sur lesquels porte notre enquête, la Grande-Bretagne, avec sa Loi sur la protection des animaux de 2006, a adopté une position parmi les plus progressistes en ce qui concerne la cruauté envers les animaux. Cette loi agit comme une force de dissuasion à l'encontre des combats d'animaux et de l'entraînement d'animaux en vue de les rendre agressifs. Au terme de l'article 8, une infraction est commise par toute personne qui organise un combat d'animaux, perçoit des droits d'entrée relatifs à un tel combat, fait de la publicité ou de la promotion pour des combats d'animaux, informe une autre personne de la tenue d'un combat d'animaux, est en possession d'un bien utilisé aux fins d'un combat d'animaux, garde et entraîne des animaux de combat, tient un local destiné à la tenue de combats d'animaux, ou assiste à un combat d'animaux.
Cette loi érige également en infraction le fait de fournir, de rendre accessible sciemment, de présenter sciemment ou de posséder, sans excuse légitime, la vidéo d'un combat d'animaux.
L'entraînement d'animaux de combat constitue également une infraction criminelle en Autriche, en Croatie, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, en Ukraine et dans d'autres pays.
À l'échelle mondiale, on observe que la protection des animaux est de plus en plus considérée comme une priorité sur le plan politique. Au cours des dernières décennies, bien des pays ont édicté des lois qui ont extrait les animaux du domaine de la propriété, domaine auquel ils appartiennent au Canada — et le projet de loi S-203 ne modifie pas ce statut — et ils leur ont conféré un statut d'être vivant en droit de bénéficier de normes minimales de protection. Il y a, au coeur de la notion de protection des animaux, l'idée que la société a l'obligation de s'assurer que des conduites responsables sont adoptées à l'endroit des animaux qu'elle utilise.
L'IFAW demande au Comité de la justice de s'opposer au projet de loi S-203, parce qu'il ne suffit pas à protéger les animaux des actes de cruauté gratuits et qu'il ne fournit pas aux responsables de l'application des lois les outils dont ils ont besoin pour intenter des poursuites débouchant sur des condamnations. Le projet de loi S-203 n'est pas en phase avec les autres lois nationales édictées pour prévenir la cruauté envers les animaux et il ne tient pas compte des attentes de la grande majorité des Canadiens.
Je vous remercie encore une fois de nous avoir permis de faire valoir notre point de vue aujourd'hui.
:
Je m'appelle Jim Pippolo et je suis le directeur général par intérim et l'administrateur des rodéos de la Canadian Professional Rodeo Association, qui a son siège à Calgary, en Alberta.
C'est un honneur pour nous d'être présents aujourd'hui et de pouvoir donner notre opinion sur le projet de loi S-203. Nous remercions M. Hanger et tous les membres du comité de nous avoir invités.
La Canadian Professional Rodeo Association est l'organisme de sanction officiel pour le rodéo professionnel au Canada. Chaque année, nous sanctionnons de 55 à 60 rodéos au Canada environ, et nos dépenses annuelles s'élèvent presque à 5 millions de dollars. Près d'un million de personnes assistent à nos événements chaque année.
Notre association compte environ 1 400 membres qui, chaque jour, s'occupent de milliers de têtes de bétail, que ce soit leurs animaux ou qu'ils appartiennent aux gens pour qui ils travaillent. Nos membres travaillent sur des fermes d'élevage et ils côtoient du bétail depuis leur tendre enfance. Les ancêtres de certains d'entre eux travaillaient déjà sur des exploitations d'élevage aux premiers temps de ce merveilleux pays qui est le nôtre.
Nous considérons nos membres comme des experts pour ce qui est du soin du bétail. Le rodéo fait partie du style de vie que nous avons choisi; c'est une tradition qui nous a été léguée par nos ancêtres, qui ont inventé le rodéo et en ont fait une compétition. Qui pourrait monter le cheval indomptable? Qui était le meilleur au lasso? Qui possédait le cheval le plus rapide? Toutes ces questions sont devenues des composantes de notre sport favori: le rodéo. Le rodéo a évolué au fil des ans et nous le considérons maintenant comme un sport propre à notre culture, comme le sont, pour nos amis citadins, le hockey, le football, la crosse, l'athlétisme et tant d'autres sports.
Le conseil d'administration de la Canadian Professional Rodeo Association régit ce sport au Canada. Les membres du conseil sont assistés par 20 juges de rodéo professionnels et par 11 directeurs. Nos juges doivent assister à des séminaires, ce qui nous permet de nous assurer que nos règlements sont mis en application de manière juste et uniforme, et que le code de pratique concernant la manutention du bétail de rodéo est respecté. Nous avons environ 60 règlements qui concernent la sécurité et la protection de nos animaux de rodéo, qui sont en fait des concurrents au même titre que nous-mêmes lors des compétitions.
Les mesures disciplinaires prennent la forme d'amendes, de suspensions, de disqualifications ou d'une combinaison de ces sanctions. Notre association ne prend pas à la légère les infractions qui y donnent lieu.
Depuis le projet de loi C-17, et jusqu'au S-203, notre association a suivi de près les débats entourant les projets de loi concernant la cruauté envers les animaux. À notre avis, le projet de loi S-203 pourrait nous permettre de protéger tous les animaux contre les actes de cruauté ou de négligence intentionnels. Il rendra les peines plus sévères, qu'il s'agisse d'amendes ou de peines d'emprisonnement. Il prévoit le retrait des animaux sous la garde d'une personne reconnue coupable et, en vertu de ses dispositions, les auteurs de crimes graves pourraient être frappés d'une interdiction à vie de s'occuper d'animaux d'élevage, ou d'en posséder. Il donnera aux procureurs la possibilité d'opter pour une mise en accusation ou pour une déclaration de culpabilité par procédure sommaire, selon la gravité des cas. Il habilitera les tribunaux à rendre des ordonnances de dédommagement, si les frais encourus peuvent être facilement déterminés.
La Canadian Professional Rodeo Association appuie cette loi progressiste et bonifiée, qui améliore la protection des animaux contre la cruauté et les mauvais traitements sans compromettre l'utilisation légitime des animaux dans nos activités quotidiennes, qu'il s'agisse d'élevage, de saut d'obstacles, de travaux agricoles, de courses de chevaux, de rodéos, etc. Le projet de loi S-203 fait tout cela. Il est temps que les lois soient mises à jour.
Malheureusement, la cruauté envers les animaux n'a pas été éliminée et elle ne le sera peut-être jamais, mais le raffermissement de l'autorité de lois déjà bien établies est un important progrès pour tous les Canadiens. Je crois qu'il est arrivé à tout le monde, à un moment ou un autre de sa vie, d'être réellement ému par un animal, que ce soit par un chat, un chien, un cheval ou, comme ce fut le cas pour moi, par un animal de rodéo. Nous conserverons notre vie durant le souvenir de ce moment unique.
Au nom de la Canadian Professional Rodeo Association, de ses membres et des millions d'amateurs de rodéo, je vous remercie de nous avoir permis de donner notre avis à ce comité sur ce que nous considérons véritablement comme un pas dans la bonne direction pour éliminer la cruauté envers les animaux: le projet de loi S-203.
Merci.
:
Bonjour, mesdames et messieurs, et merci de m'accueillir aujourd'hui pour vous parler des modifications proposées aux articles du Code criminel concernant la cruauté envers les animaux.
Je m'appelle Don Mitton et je suis directeur de projet pour la Canadian Association for Humane Trapping.
Depuis 1954, la Canadian Association for Humane Trapping encourage et appuie avec diligence et de façon responsable la recherche et le développement de pièges permettant de prendre des animaux sans douleur et sans les faire souffrir, en préconisant l'adoption de mesures législatives appropriées et en favorisant l'éducation des trappeurs.
Les dispositions actuelles du Code criminel sur la cruauté envers les animaux sont archaïques et ne correspondent plus depuis de nombreuses années au point de vue des Canadiens sur les animaux et la façon de les traiter. Une réforme s'impose depuis longtemps. Mais il serait illogique de modifier les peines sans redéfinir certaines infractions.
L’un des problèmes est que la loi actuelle considère comme une infraction le fait de tuer un animal sans excuse légitime, mais seulement si la personne qui tue l’animal en est le propriétaire. La CAHT pense que tous les animaux devraient jouir de cette protection, y compris les animaux sauvages, puisque des activités comme la chasse, le piégeage, la pêche et la recherche scientifique font déjà partie de la définition d'excuse légitime.
Comme vous le savez, on cherche depuis plus de huit ans à moderniser les dispositions législatives fédérales concernant la cruauté envers les animaux. Tout a commencé en 1999 par le dépôt d'un projet de loi en ce sens par le gouvernement libéral de l'époque. Les mesures proposées alors ont suscité beaucoup de discussions au cours des années qui ont suivi, tant dans les milieux politiques que parmi les divers intervenants. Les partis politiques ont trouvé un compromis en acceptant quelques amendements en 2003. Presque tous les intervenants étaient d’accord.
Il faut rappeler que le projet de loi jouissait d'un appui extrêmement vaste en 2003. Les sociétés de protection des animaux, la SPCA, les organismes veillant au bon soin et au contrôle des animaux, d'autres groupes de protection des animaux, les vétérinaires et les associations policières étaient convaincus depuis le début.
Mais certains groupes de l'industrie faisant usage des animaux craignaient de se voir exposés à des poursuites s'ils continuaient de se livrer à leurs activités habituelles aux termes de la nouvelle loi proposée. Les amendements acceptés en 2003 ayant apaisé leurs inquiétudes, des dizaines d'organisations nationales représentant des agriculteurs, des trappeurs, des chercheurs et d'autres occupations ont accordé leur appui au projet de loi.
Bon nombre de ces groupes d’utilisateurs des animaux ont formé une large coalition qui a fait pression à plusieurs reprises sur le gouvernement pour qu’il présente à nouveau son projet de loi mort au Feuilleton. Je crois savoir que vous avez entendu parler de cette coalition la semaine dernière. Malheureusement, le seul groupe à faire entendre une note discordante, l'Ontario Federation of Anglers and Hunters, a eu le toupet de demander une dérogation spéciale au Code criminel. Demander une dérogation aux articles du Code criminel portant sur la cruauté envers les animaux c'est comme demander la permission d'être cruel envers les animaux.
L'idée d'une loi sur la cruauté envers les animaux, c'est d'interdire aux gens de causer intentionnellement et par négligence des souffrances aux animaux, de tuer des animaux sans excuse légitime et d'abandonner un animal ou de négliger d'en prendre soin. Pourquoi aurait-on besoin de pouvoir se soustraire à cette interdiction? Est-ce que les policiers et les joueurs de hockey peuvent commettre des voies de fait impunément? Pas du tout. Le Code criminel doit s'appliquer à tous.
La CAHT pense que l'attitude radicale adoptée par les puissants lobbies représentant les chasseurs et les pêcheurs à la ligne est à l'origine du . Ces groupes ont réussi à convaincre des politiciens que le projet de loi qui avait reçu tellement d'appuis en 2003, et qui porte maintenant le numéro , rendrait la pêche et la chasse illégales.
Sans vouloir offenser qui que ce soit, je trouve que c'est une idée absurde. Il n'y a absolument rien dans la loi qui nous permettrait de penser que la chasse, la pêche et le piégeage deviendraient des activités illégales, pas plus que l'agriculture, la recherche scientifique et l'euthanasie pratiquée sur les animaux ne l'ont été au cours de 115 dernières années. L'expression « excuse légitime » autorise les activités légitimes.
Le Code criminel punit les crimes commis contre les animaux, pas les activités légitimes au cours desquelles on doit tuer ou utiliser des animaux. Des normes raisonnables et généralement admises dans l'industrie, suivant lesquelles on doit éviter d'infliger des souffrances et des blessures inutiles, constitueraient une excuse légitime.
Chaque année, plus de 400 millions de bêtes sont élevées et tuées au Canada conformément à la loi ou aux règlements ou pour une quelconque raison légitime. Bon an mal an, la SPCA et d'autres sociétés pour la protection des animaux euthanasient dans les règles des milliers d'animaux non désirés ou malades, comme les lois provinciales les autorisent à le faire.
La loi permet aux occupants d'une maison de tuer les souris, les rats et autres animaux nuisibles au sens de la loi. Les abattoirs sont autorisés par les autorités fédérales ou provinciales à tuer du bétail. Les chercheurs peuvent tuer des animaux de laboratoire conformément aux directives du Conseil canadien de protection des animaux. Les chasseurs, les trappeurs et les pêcheurs à la ligne pourvus d'un permis délivré par le gouvernement provincial peuvent tuer des animaux sauvages et des poissons.
Mais il reste que nul ne doit causer de la douleur, de la souffrance ou des blessures inutiles à des animaux par quelque moyen que ce soit. C'est là un principe fondamental qui continuera de s'appliquer universellement au lendemain de l'adoption d'un projet de loi tel que le .
La CAHT prie le comité d'écouter attentivement ce que lui disent la majorité des Canadiens, de même que la SPCA et les autres sociétés de protection des animaux au Canada, ceux-là mêmes qui utilisent et qui appliquent la loi. Ces organisations ne cherchent pas à défendre les droits des animaux; elles veulent juste favoriser leur bien-être.
La CAHT sait que les Canadiens souhaitent voir améliorées les lois relatives à la cruauté envers les animaux. Ils se sont déjà prononcés contre le .
Nous espérons que le comité comprendra qu'une bonne loi, ce n'est pas seulement une question de sanctions. Compte tenu de la polarisation de la question, une décision hâtive serait à la fois mal avisée et contraire au processus démocratique.
Merci.
Tout d'abord, je m'excuse d'avoir manqué la première partie de vos exposés, mais il y avait un débat à la Chambre sur les certificats de sécurité. Il arrive que le comité siège pendant qu'on dispose de projets de loi dont sont responsables certains comités ou certains comités proches.
Le caucus du Bloc québécois reconnaît la supériorité du projet de loi de M. Holland en termes de définition et en termes de portée. Il n'y a pas de doute qu'on ne peut pas comparer ces deux projets de loi. La discussion doit se faire relativement au statu quo. On dit qu'il s'agit de peines de six mois à cinq ans. Il peut y avoir des ordonnances de dédommagement. On définit ce que veut dire infliger des peines cruelles causant de la douleur. Il nous apparaît que le projet de loi dont nous sommes saisis n'est pas incompatible avec le projet de loi de M. Holland, que l'on étudiera plus tard s'il n'y a pas de modification. Plus on écoute les témoins, plus on a la conviction que vous nous invitez à voter contre ce projet de loi. Dans le fond, les deux projets de loi ne sont pas incompatibles. Si on avait à faire un seul choix et qu'on disait que pour un certain nombre d'années, un seul projet de loi sera porté à la considération des élus, il est évident que le projet de loi de M. Holland serait beaucoup plus satisfaisant. Compte tenu de son inscription dans l'ordre des travaux de la Chambre, doit-on vivre avec le statu quo, ou attendre le projet de loi de M. Holland? Pourquoi ne pas se prévaloir d'une mesure intermédiaire comme le projet de loi qui nous est proposé, qui représente une nette amélioration par rapport au statu quo? Je suis ouvert à tout argument. Peut-être faut-il que Mme Freeman et moi plaidions autre chose à notre caucus, mais nous croyions que nous devions voter en faveur de ce projet de loi, qui n'est pas incompatible avec celui de M. Holland, et, ultimement, adopter celui de M. Holland.
Je constate que ce n'est pas le point de vue des gens qui se présentent devant le comité depuis quelques jours. Je commencerais par vous, Mme Elmslie. Nous confortez-vous dans notre stratégie ou si vous nous invitez à l'abandonner?
:
Vous avez tout à fait raison. Je vous remercie de la question. Je ne partage pas cet avis, pas plus que les personnes que je représente. Soyons réaliste: je ne crois pas que quiconque à cette table suggérerait que l'adoption du projet de loi mettrait fin au débat sur la question, que ce soit maintenant ou dans un avenir prévisible.
La question que vous devez vous poser est la suivante: cela fait dix ans que le ministère de la Justice a diffusé son document de consultation au sujet des amendements éventuels, ou des amendements proposés, sur la question, et nous en débattons encore aujourd'hui ici même. Rien n'a progressé pendant tout ce temps.
Nous connaissons tous les aléas du Parlement. Nous savons également que vous êtes tous assujettis à ce qu'on appelle, pour employer un euphémisme, la plus vaste consultation populaire qui soit, c'est-à-dire des élections générales. Selon la rumeur qui court sur la Colline, des élections pourraient bien avoir lieu bientôt. Si tel devait être le cas, et que des élections devaient avoir lieu plus tôt que nous le souhaitons, ces deux projets de loi seraient perdus et nous nous retrouverions une fois de plus à la case départ.
Le projet de loi a atteint à la Chambre une étape bien plus avancée que celle à laquelle nous étions parvenus pendant tout ce temps. Avec tout le respect que je dois à l'honorable député d'Ajax—Pickering, son projet de loi se retrouve bien plus loin dans la liste des travaux de la Chambre.
Le projet de loi qui vous est présenté aujourd'hui nécessite un vote à l'étape du rapport lorsqu'il reviendra du comité, en troisième lecture, et ce sera chose faite. Dans ce cas, au moins, si des élections générales devaient avoir lieu...
:
Bien sûr, je vous remercie de poser la question, car vous me fournissez l'occasion de clarifier ce point.
Il m'arrive assez souvent d'aller en cour. Au cours des 31 ans, ou presque, pendant lesquels j'ai travaillé pour la SPA de l'Ontario et des quatre ans passés au service de la SPA de la Colombie-Britannique, j'ai porté de nombreuses accusations en vertu du Code criminel et des lois provinciales. Je crois que la confusion vient des chiffres cités, ou peut-être alors de statistiques comparées. Si je ne m'abuse, la SPA de l'Ontario mène entre 15 000 et 16 000 enquêtes par année en matière de cruauté envers les animaux. Nous portons de 500 à 600 accusations par année. C'est de là, je crois, que vient le chiffre de 0,1 p. 100. Il ne s'agit donc pas nécessairement d'un taux de condamnation, mais plutôt d'un taux de poursuites. Il s'agit d'accusations que nous nous estimons en mesure de soumettre à la cour ou de porter devant les tribunaux, compte tenu des lois existantes et des lacunes qu'elles comportent dans leur libellé.
Il est vrai que les accusations que nous avons portées ont connu une hausse de 43 p. 100 en 2004, mais il y a deux raisons à cela. Tout d'abord, la SPA de l'Ontario s'est vu octroyer, en 2002, le pouvoir d'imposer des pénalités en vertu de la Loi sur la Société de protection des animaux de l'Ontario. L'augmentation de 43 p. 100 ne concerne donc pas uniquement les accusations portées en vertu du Code criminel, mais également celles qui ont été portées en vertu de lois provinciales. Nous avons donc commencé à porter des accusations en vertu de la législation sur les « usines à chiots » en Ontario. Ces accusations sont incluses dans le chiffre global. Voilà pourquoi il est un peu trompeur de citer ces statistiques.
Oui, notre taux de condamnation est très élevé, se situant entre 80 et 90 p. 100. Je n'ai pas le chiffre exact, mais il est très élevé pour plusieurs raisons, dont la principale est que nous n'engageons pas de poursuites judiciaires pour des motifs frivoles.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence et de leurs mémoires. Nous avons tous eu, j'en suis certain, l'occasion de les lire et d'écouter vos témoignages. Tout cela est très intéressant.
J'ai reçu la visite de représentants du Fonds international pour la protection des animaux (FIBA), et nous avons discuté un peu de ce sujet. Ce projet de loi nous met dans une situation un peu particulière. Le Parlement a des règles que vous commencez probablement à bien connaître grâce au débat sur la cruauté envers les animaux. Chaque projet de loi est étudié par un comité comme celui-ci. Habituellement, quand un comité étudie un projet de loi, peu importe sa nature, l'examen est axé sur le projet de loi en question.
Habituellement, nous ne choisissons pas les projets de loi. C'est ce qui complique les choses. Pour une raison ou une autre, délibérément ou non, on a laissé les parlementaires choisir une mesure législative plutôt qu'une autre, mais ça ne fonctionne pas comme ça en temps normal. Habituellement, nous étudions un projet de loi et nous décidons ensemble de l'appuyer ou non. Puis, nous décidons d'autres choses à d'autres moments. Nous pouvons uniquement prendre des décisions à propos de ce qui est devant nous.
Mon collègue, M. Bagnell, a posé la question suivante aux témoins : êtes-vous en faveur de l'augmentation de la peine pour des infractions de cruauté envers les animaux? Je n'ai entendu personne dire qu'il s'y opposait. Je n'ai entendu aucun membre du comité dire qu'il s'y opposait.
Nous sommes confrontés à un problème, et c'est le fait que le projet de loi que nous avons devant nous ne fait sans conteste qu'une chose : augmenter la peine pour les actes de cruauté envers les animaux. Des témoins disent que nous devrions augmenter les peines pour des actes de cruauté envers les animaux, toutefois on nous dit de ne pas appuyer le projet de loi. J'aimerais savoir comment résoudre un tel paradoxe.
Certains témoins ont dit qu'ils préféraient un autre projet de loi. D'accord. Toutefois, le problème que nous avons, c'est que nous n'étudions pas ce projet de loi aujourd'hui. Je peux simplement vous dire que nous pouvons uniquement étudier le projet de loi que nous avons devant nous.
Le comité a étudié toutes sortes de projets de loi, notamment celui sur les crimes commis au moyen d'armes à feu. À ce sujet, la police et les associations juridiques ont témoigné. Sur la question de la conduite avec facultés affaiblies, MADD Canada, le Barreau du Québec et les groupes de victimes ont témoigné. Nous ne présumons jamais que notre comité n'aura jamais plus à se prononcer sur un projet de loi relatif aux armes à feu ou à la conduite avec facultés affaiblies.
Les témoins se présentent et disent qu'ils appuient un projet de loi parce qu'il fait ceci ou s'y opposent parce qu'il fait cela. D'habitude, nous ne voyons pas des témoins dire qu'ils sont d'accord avec ce que fait le projet de loi, mais ensuite s'y opposer parce qu'il ne fait pas tout ce qu'ils veulent, et nous dire de ne pas l'appuyer. Je n'ai jamais vu quelqu'un dire cela auparavant.
J'aimerais écouter les observations des témoins à propos de cette situation particulière à laquelle nous sommes confrontés. Le projet de loi fait quelque chose que vous nous demandez tous de faire, mais certains nous demandent de nous y opposer. Est-ce que quelqu'un a des commentaires à ce sujet?
:
Je vous remercie d'être parmi nous cet après-midi.
Je vais reprendre les paroles du secrétaire parlementaire du ministre de la Justice. Nous avons devant nous un projet de loi bien particulier, soit le projet de loi . Naturellement, on peut toujours le comparer à des projets de loi antérieurs, mais même si ceux-ci étaient bons, voire excellents, ils sont tous morts au Feuilleton, et on n'en parle plus aujourd'hui. On essaie d'attirer votre attention sur quelque chose qui, selon moi, est important. Un projet de loi a été préparé, et il parle de protection de la vie. Or, les animaux font partie du groupe auquel nous appartenons.
Monsieur Farrant, lorsque vous avez lu le projet de loi déposé par le sénateur Bryden, vous êtes-vous arrêté sur le fait qu'on augmentait les peines? Je ne fais qu'exprimer ma pensée. Ce n'est pas nécessairement ce que vous vouliez dire. Il y a une différence entre une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire — et dans ma province, c'est pratiquement la seule mesure qu'on applique — et un acte criminel. Si on parle d'un acte criminel, le procureur représentant le gouvernement sait qu'il peut obtenir une peine de cinq ans de prison, dans certains cas. Ça ne veut pas dire que tout est parfait, mais n'est-ce pas un avancement?
Au lieu d'exiger une amende ridicule, le juge va pouvoir imposer une peine d'emprisonnement. La chose va être publiée dans les journaux et mieux publicisée. Les gens vont en prendre conscience. Ce ne sera pas comme dans ma province, où la Société protectrice des animaux a de la difficulté à survivre parce que personne n'en entend parler. Les amendes sont ridicules. On n'arrive même pas à faire fermer les usines à chiots ou à chiens. Le fait qu'en première page des journaux on puisse lire qu'une personne a écopé de trois ans de prison, ce qui ne peut pas se faire présentement dans le cas de certaines infractions, ne constitue-t-il pas un avancement?
Monsieur Farrant, j'aimerais connaître votre opinion à ce sujet. Pour ma part, je crois que c'est vraiment un avancement, même si ce n'est pas parfait. Par la suite, je voudrais connaître l'opinion de Mme Barbara Cartwright. Elle semble dire que ce n'est pas acceptable. Je peux vous dire que dans ma province, ça va nous aider. Quand un individu aura été condamné à trois ans de prison, il ne commettra pas deux fois la même faute.
:
Merci monsieur. Je vous remercie de vos propos. Oui, je crois qu’il y a du progrès.
C’est intéressant, Mme Freeman a demandé à plusieurs témoins les amendements qu’ils suggéreraient. Je remarque, avec un peu d'ironie, que les amendements qui ont été suggérés nous ramènent au et aux projets de loi du gouvernement précédent.
D’après ce que je comprends des intentions du sénateur Bryden, ce projet de loi — c’est pourquoi nous l’avons appuyé depuis le début — non seulement fournira aux tribunaux des mesures plus sévères pour punir les actes de cruauté envers les animaux, mais il aura aussi, nous l’espérons, et je crois que c’est aussi ce que le sénateur espère, un effet dissuasif lorsque ce que vous suggérez se produira — c’est-à-dire, lorsqu'un cas sera exposé en page couverture du Toronto Star, de La Presse, ou dans tout autre cas où l’on annoncera qu’un individu a été condamné à cinq ans de prison pour avoir frappé un chien sur la tête avec un marteau.
Si vous voulez envisager des amendements au projet de loi, personne n'a suggéré « Pourquoi ne pas augmenter davantage les pénalités et les amendes pour obtenir un effet dissuasif plus important? ». Je crois que vous pourriez aller dans cette direction. Mais cela va certainement bien au-delà de ce dont les tribunaux et les procureurs disposent actuellement, et espérons-le, cela aura à son tour un effet dissuasif pour ce genre de personnes.
Merci, monsieur.
:
Si je peux me permettre de répondre... Je ne suis pas au courant de ce cas en particulier, ou s'il s'est produit ou non en Ontario, mais nous avons connu, en Ontario, des situations semblables. Les tribunaux ont jugé que compte tenu du libellé actuel de la loi, la question de l'appartenance suppose qu'une personne peut faire ce qu'elle veut avec son animal, pourvu qu'elle ne commette pas d'actes de cruauté. L'appartenance est l'excuse légitime, alors, encore une fois, l'utilisation de cette expression — « gardés pour une fin légitime » — devient un problème pour nous.
Si je peux retourner à une question précédente concernant les actes criminels, vous savez que l'article 444 existe actuellement dans le Code criminel et que, selon cet article, la cruauté envers les animaux constitue un acte criminel. Nous avons porté une accusation en vertu de cet article seulement deux fois en 30 ans. L'honorable député, étant avocat de profession, doit savoir que, lorsque la Couronne se présente pour la première fois devant le tribunal, elle a le droit de faire un choix. Dans les deux cas, la Couronne a choisi la procédure sommaire, plutôt que la mise en accusation — ce qui a automatiquement réduit la peine — à cause des coûts impliqués.
Les infractions mixtes entraînent aussi de nombreux problèmes. Elles peuvent sembler être une bonne façon d'alourdir les peines, mais je crois que le fait d'élargir la portée des ordonnances de prohibition rendues en vertu des lois fédérales revêt pour les SPCA de partout au Canada une importance primordiale.
Dans bon nombre de provinces, — malheureusement ce n'est pas le cas en Ontario —, nous pouvons actuellement obtenir des ordonnances de prohibition en vertu des lois provinciales. Cela s'est produit à plusieurs reprises et l'accusé, ou la personne condamnée, déménage tout simplement dans une autre province. Si nous pouvons mettre en place une prohibition plus sévère, c'est-à-dire qui permettrait d'imposer une peine supérieure aux deux années infligées actuellement, cela serait une bonne chose.
Il y a toutefois des problèmes qui n'ont pas été abordés en ce qui concerne les infractions mixtes.
Je suis désolé, je me suis éloigné de votre question.
:
Merci, monsieur le président.
Combien de temps m'est accordé? Cinq minutes?
Je voudrais d'abord vous remercier tous d'être venus. Cette séance a été très intéressante jusqu'à présent.
Je poserai pratiquement les mêmes questions que j'ai posées au parrain du projet de loi et aux témoins qui ont pris la parole. En ma qualité d'agriculteur et de représentant d'une circonscription rurale de l'Alberta, j'ai peur qu'en allant trop loin, nous offensions les bonnes gens de l'Alberta, particulièrement ceux qui viennent du milieu agricole, et dont l'élevage, l'agriculture, la chasse, la pêche et le piégeage ont fait partie du mode de vie dans le passé.
Je crois qu'il faut saisir cette occasion pendant qu'il en est temps, car nous devrons ensuite traiter d'un autre projet de loi.
Je suis aussi préoccupé par d'autres aspects qui ont probablement suscité des remarques de la part de mes collègues. En effet, le projet de loi semble préconiser une approche du tout ou rien. Lorsque je vois quelqu'un qui adopte cette attitude, qui reste figé sur ses positions ou qui fait preuve d'intransigeance, je suis souvent porté à croire que cette personne a une autre idée en tête. La justification que j'ai entendue ne me satisfait tout simplement pas. Comment l'adoption immédiate du pourrait-elle nous empêcher de faire des progrès plus tard? J'aimerais que quelqu'un ici m'apporte des éclaircissements pour que j'aie une idée de ce qui est prévu.
Le FIPA s'oppose à la chasse au phoque, n'est-ce pas? Serait-il juste de dire que le FIPA s'oppose à toute forme de chasse?