:
Merci beaucoup, monsieur le président, ainsi qu'à vous, chers collègues, de m'accorder quelques moments du précieux temps du comité pour que je puisse vous entretenir de mon projet de loi d'initiative parlementaire et, espérons-le, répondre à toute question que vous pourriez avoir.
Je croyais que ce serait un projet de loi de premier plan, et quand je suis sorti de cette enceinte, je pensais que les médias lui manifesteraient beaucoup d'intérêt mais, malheureusement, leur attention est ailleurs. Je me suis dit que si je faisais mon apparition menotté, nous arriverions peut-être à attirer quelques journalistes ici pour qu'ils prêtent attention à la question.
Je ne vais pas répéter tout ce que j'ai dit à la seconde lecture, car je crois que les membres ont déjà entendu mon allocution ou qu'ils ont accès, dans le hansard, au laïus que j'ai fait devant la Chambre. Mais j'aimerais traiter de quelques points, après quoi je serai heureux, bien sûr, d'avoir un échange cordial et utile avec mes collègues au sujet de tout élément particulier qu'ils pourront me signaler.
Je dois d'abord remercier le Bureau d'assurance du Canada, dont vous recevrez des représentants tout à l'heure, je pense. Cet organisme a fait un travail énorme: il a analysé et compilé les statistiques, évalué les tendances et fourni vraiment beaucoup de renseignements contextuels aux législateurs et aux responsables de l'application de la loi pour leur permettre de trouver de nouvelles façons de réduire le vol d'automobiles au Canada.
Mon projet de loi d'initiative parlementaire entraînerait quelques changements importants, que de nombreux intervenants réclament depuis des années. En premier lieu, il créerait une infraction distincte pour le vol de véhicules à moteur — automobile ou camion. Actuellement, l'individu qui vole un véhicule à moteur est normalement accusé d'un vol de plus de 5 000 $. Bien sûr, si le véhicule volé vaut moins que ce montant, l'infraction et la peine sont moins sévères.
Cela soulève un bon point, que de nombreux responsables de l'application de la loi ainsi que le Bureau d'assurance du Canada ont soulevé par le passé — c'est-à-dire, pourquoi cela changerait-il quelque chose que la valeur du véhicule motorisé volé soit d'une valeur supérieure ou inférieure à 5 000 $? L'impact du vol est le même pour la famille qui subit cette perte. Qu'il s'agisse d'une Nissan Altima flambant neuve ou d'une Ford Windstar de 1993, cela reste un vol. Pourquoi appliquerait-on une peine plus lourde quand on vole aux riches que quand on vole aux pauvres de la classe ouvrière, qui n'ont pas les moyens d'avoir des véhicules de luxe?
Les responsables de l'application de la loi ont également plusieurs demandes. Je crois qu'on vous a remis quelques documents, dont la résolution adoptée par l'Association canadienne des chefs de police pour enjoindre le gouvernement du Canada d'adopter une loi créant une infraction distincte en vertu du Code criminel du Canada en ce qui a trait au vol de véhicules motorisés. La logique qui sous-tend ce changement ressemble à celle derrière la distinction entre une condamnation pour entrée par effraction et une condamnation pour vol. Dans vos documents, vous trouverez des explications quant à la raison pour laquelle on réclame cette disposition spéciale du projet de loi.
En second lieu, s'il est adopté, mon projet de loi aura pour effet d'établir des peines minimales pour une première ou une deuxième infraction et pour les infractions subséquentes. Selon le libellé actuel, à la première infraction, une condamnation donnera lieu à une amende d'au moins 1 000 $ ou à une peine d'emprisonnement minimale de trois mois. La peine augmentera à la deuxième infraction. À la troisième, il y aura une peine minimale obligatoire de deux ans et une amende minimale de 10 000 $. Je n'ai pas tiré ces chiffres du néant. Le Groupement des assureurs automobiles du Québec traite, dans ses documents, du problème relatif aux amendes, et déclare que celles prévues dans la loi actuellement sont insuffisantes pour décourager le crime organisé. Si un individu vole des véhicules motorisés dans le cadre d'activités liées aux gangs ou au crime organisé, et qu'il se fait prendre, certaines des amendes imposées sont tout simplement insuffisantes pour l'en décourager. Elles deviennent simplement des frais d'exploitation, et non un réel dissuasif.
Un nombre considérable d'intervenants réclament ce type de mesures, ainsi que des peines plus sévères et des infractions distinctes pour le vol de véhicules motorisés. Le premier ministre du Manitoba l'a exprimé haut et fort. Tout récemment, il a conduit une délégation manitobaine ici en réclamant beaucoup de dispositions contenues dans mon projet de loi. De plus, vous verrez que des maires de villes comme Regina et Windsor sont aussi très intéressés à obtenir l'aide dont ils ont besoin pour lutter contre le vol d'automobiles.
Nombreuses sont les forces policières canadiennes qui essaient des solutions novatrices sur le plan local, comme l'utilisation de voitures-appâts et toutes sortes de stratégies pour réduire le vol d'automobiles, notamment le travail dans diverses communautés au moyen de programmes de sensibilisation afin que les gens, et surtout les jeunes, ne se tournent pas vers le crime pour financer leurs activités. Les forces policières ont également exprimé le besoin d'une aide du fédéral, particulièrement au chapitre du Code criminel. Elles peuvent faire beaucoup de choses de leur côté, mais elles ont besoin d'aide au niveau national.
Dans votre documentation, j'ai aussi inclus certaines statistiques sur la façon dont le vol de véhicules motorisés a explosé ces 10 dernières années. C'est devenu un problème majeur. Comme le Bureau d'assurance du Canada vous le dira plus tard, aujourd'hui, ce problème est de plus en plus lié au crime organisé. Le vol d'automobiles n'est plus l'apanage des jeunes désireux de faire une balade ou des toxicomanes qui volent votre voiture pour payer leur prochaine dose. Dans l'Est du Canada et dans le corridor Québec-Windsor, surtout, cela devient du vol à des fins d'exportation. Vous verrez que le taux de récupération au Québec a connu une forte baisse — on retrouve 56 p. 100 des voitures volées. On peut établir une comparaison avec le taux de récupération dans la région de Toronto, qui était de 75 p. 100 en 2002. Cela laisse entendre que de plus en plus de voitures ne sont pas retrouvées, car elles sont démantelées et envoyées à l'étranger.
J'ai ici une statistique à laquelle j'ai recouru en deuxième lecture. En 1996, la police polonaise a rapporté la saisie de 11 000 véhicules provenant de l'Amérique du Nord, dont 70 p. 100 étaient canadiens. Il est question d'un seul pays de l'Union européenne. C'est un nombre très important de véhicules volés qu'ils retrouvent, et 70 p. 100 d'entre eux viennent du Canada.
Nous voyons beaucoup d'exportation de véhicules volés. Je pense que ce projet de loi aurait pour effet de compliquer vraiment la tâche au crime organisé pour ce qui est de profiter de l'absence des gens pour voler leur automobile, car les voleurs resteraient en prison plus longtemps.
Je ne suis pas certain du temps qu'il me reste, monsieur le président, alors je vais tâcher de conclure relativement rapidement.
Je sais qu'on parle beaucoup, de nos jours, des minimums obligatoires. Je sais également que l'opposition a exprimé certaines réserves, et j'aimerais beaucoup avoir une plus ample discussion à ce sujet aujourd'hui.
À mon avis, parmi d'autres effets importants, ce projet de loi ciblera spécialement les criminels récidivistes, des gens qui correspondent au profil d'un jeune qui se trouve peut-être au premier échelon, si l'on peut dire, d'un gang ou d'un groupe criminel organisé. Il aurait un impact significatif pour ce qui est de dissuader les individus. Je le crois sincèrement. Ces gens ne seraient plus en mesure de compter sur cette activité, et s'ils étaient arrêtés, ils resteraient quelques jours à l'écart de leur cycle de criminalité.
Le Groupement des assureurs automobiles a également déclaré qu'au Québec, il faut plusieurs condamnations avant qu'une peine d'emprisonnement se concrétise. Comme je l'ai dit, pour eux, ces peines ne représentent que le coût des affaires. Les amendes légères et l'absence de peines d'emprisonnement font en sorte qu'il est relativement facile pour ces gens de continuer à se livrer à ce type d'activités.
C'est pourquoi j'estime que ce projet de loi agit sur deux fronts. L'établissement d'une infraction distincte est une mesure que l'Association canadienne des chefs de police réclame pour assister ses membres dans leur traque et leur analyse du crime. Il aide également, au bout du compte, à intenter des poursuites supplémentaires s'il est possible de ne pas simplement voir, dans un casier judiciaire, une condamnation générique pour vol d'un montant inférieur ou supérieur à 5 000 $, mais plutôt une infraction particulière pour vol de véhicule motorisé, à laquelle sont assortis des peines plus sévères et des minimums obligatoires à la troisième infraction.
Je pense que ce projet de loi cible les récidivistes tout en permettant au juge d'utiliser son pouvoir discrétionnaire à la deuxième et à la troisième infraction. Il accorde bien plus de latitude. Dans le cas de jeunes qui en sont à leur première condamnation et qui, avec l'exubérance propre à la jeunesse, se baladent dans une voiture volée pour tenter d'impressionner leurs amis, le juge aura la capacité d'examiner les faits et de déterminer la sentence appropriée. Néanmoins, un message clair serait transmis aux récidivistes qui persistent à contrevenir à la loi en volant des voitures quant au fait que ce comportement les mènera en prison.
Je pense que le temps qui m'était alloué est écoulé. Je serai heureux de discuter plus amplement de la question avec mes collègues.
Maintenant, puis-je commencer à utiliser mon temps?
Monsieur Scheer, je vous félicite de vous concentrer sur le vol d'automobiles. Nous mettons bien l'accent sur le vol de bétail; il n'y a rien de mal à se concentrer sur le vol des automobiles. Donc, je suis tout à fait à l'aise avec cette partie du projet de loi.
En revanche, la détermination des peines me pose problème. À ce sujet, j'ai deux questions. Vous avez dit vous être concentré sur les peines. Vous n'avez pas tiré cela de nulle part. Je suis à peu près certain que vous n'êtes pas un spécialiste en matière de peines, et ici, vous avez jugé nécessaire de créer un régime de détermination des peines distinct de tout le reste des dispositions du Code criminel à cet égard. Il s'agit de dispositions distinctes de la partie du Code criminel portant sur les peines infligées au crime organisé. Je ne comprends pas pourquoi vous avez jugé bon de créer un régime de détermination des peines distinct pour les automobiles, particulièrement quand vous avez dit croire que le crime organisé était derrière une bonne partie du problème de vol de véhicules motorisés, qui touche l'ensemble du pays.
J'en déduis que vous croyez qu'en augmentant le montant d'une amende, on découragera le crime organisé; que si l'on hausse le montant d'une amende à 1 000 $, le crime organisé reculera et décidera de voler autre chose. Croyez-vous vraiment que si nous établissons une amende minimale, ces gens oublieront la Porsche à 72 000 $?
:
Oh, oui, on porte des accusations contre eux. J'ai l'un de ces cas dans un dossier.
Quoi qu'il en soit, si vous n'avez pas prévu ce cas, ce n'est pas grave.
Dans ma dernière question, j'ai simplement tenté de dissiper une ambiguïté potentielle. Dans le paragraphe proposé 334.1(1), on dit: « Quiconque commet un vol de véhicule à moteur est coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par mise en accusation ou par procédure sommaire », puis on poursuit en citant les peines.
Ensuite, dans le paragraphe proposé 334.1(2), à la page suivante, on dit: « Quiconque commet un vol de véhicule à moteur est, pour chaque récidive subséquente, coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité et est passible... », blablabla, une fois déclaré coupable, d'une certaine peine.
Il y a donc là une ambiguïté. À la première phrase du paragraphe, on dit : « coupable d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par mise en accusation ou par procédure sommaire, et au paragraphe suivant, le paragraphe proposé 334.1(2): « Quiconque commet un vol de véhicule à moteur est, pour chaque récidive subséquente, coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par mise en accusation ». Je crois comprendre l'intention, mais apparemment, il y a là une ambiguïté qui pourrait poser problème.
:
Merci, monsieur le président.
Félicitations. Je sais que lorsqu'on présente un projet de loi et que c'est notre tour d'être considéré, on souhaite évidemment que les collègues appuient le projet de loi que l'on présente.
Vous avez choisi un problème important dans plusieurs communautés du Canada, cela ne fait aucun doute. Je suis ouvert — et je pense que mon caucus pourrait l'être aussi — à 50 p. 100 de votre projet de loi. L'idée qu'il puisse y avoir une infraction spécifique pour le vol de véhicules à moteur est tout à fait défendable.
En revanche, seriez-vous ouvert à l'idée qu'il n'y ait pas de peine minimale, mais une peine maximale? À plusieurs reprises, ce comité s'est fait expliquer par des gens qui avaient examiné cette question que les peines minimales obligatoires n'ont pas de vertu dissuasive.
Ce qui est dissuasif, c'est la présence de policiers sur le terrain, la capacité de mener des enquêtes et la capacité de porter réellement des accusations. Vous avez vous-même commencé votre exposé en disant que, finalement, peu de véhicules étaient retrouvés et que cela ne donnait pas lieu à autant de condamnations que vous le souhaiteriez. Évidemment, on peut comprendre cela.
Si on appuie l'idée d'avoir un régime d'infractions spécifiques pour le vol de véhicules à moteur, y compris les automobiles, seriez-vous, en revanche, ouvert à l'idée qu'il n'y aura pas de peine minimale, mais une peine maximale? J'ajoute comme argument qu'il est toujours souhaitable de laisser une certaine discrétion judiciaire aux juges.
Le Bloc québécois n'est pas à l'aise face à l'idée d'une peine minimale.
:
Eh bien, je comprends qu'il existe des divergences d'opinion en ce qui a trait aux minimums obligatoires. Je ne pense pas vous faire changer d'idée à propos des mérites des minimums obligatoires à ce stade-ci. Je peux seulement vous rapporter ce que m'ont dit les policiers, les organisations policières et les assureurs, à savoir que l'actuel système de pénalités ne semble pas efficace pour ce type d'activité.
Si vous discutez avec des policiers de Regina, ils pourront vous raconter au passage des cas qu'ils connaissent de gens reconnus coupables de multiples — et parfois de plus de douze — vols de véhicules à moteur, sans avoir encore écopé d'une peine de prison. Parfois, il y a des peines liées à une période d'emprisonnement, mais très rarement une peine d'emprisonnement additionnelle, d'après les conversations que j'ai eues.
Je crois que vous avez raison de parler des efforts à l'échelle locale. Je ne vais en aucun cas prétendre qu'on peut modifier le Code criminel et obtenir un effet magique à tous les égards. J'estime qu'une approche à plusieurs volets est nécessaire. Il faut des investissements au niveau local. Il faut que les forces policières mettent à l'essai des solutions innovantes.
Comme je l'ai déjà dit, je crois que la ville de Vancouver utilise des voitures-appâts pour attraper les criminels. La police de Regina a appliqué une stratégie sur plusieurs fronts, qui a produit certains résultats positifs.
Je pense qu'il y a aussi beaucoup de travail à faire en ce qui a trait aux toxicomanes, aux toxicomanies etc., car dans bien des cas...
Bonjour, monsieur Andrew Scheer.
Un événement assez particulier s'est déjà produit dans la province de Québec. Il y avait beaucoup de vols de voitures de luxe dans la province, des voitures dont la valeur dépassait 50 000 $ ou 60 000 $. Une personne qui voyageait au Liban est allée dans le port de Beyrouth, la capitale. Tout à coup, elle a vu un bateau duquel des voitures étaient déchargées. Les voitures étaient de grosses Jeep noires. Les plaques d'immatriculation du Québec étaient encore sur les véhicules. Ils n'avaient même pas enlevé les plaques du Québec et ils les débarquaient du bateau.
Quand vous avez préparé le projet de loi sur les vols de voitures, avez-vous étudié l'impact monétaire que cela peut avoir auprès des citoyens canadiens? Personnellement, ma voiture est assurée, et tous mes collègues ont assuré leur voiture.
Il y a 33 millions de citoyens canadiens. On a un parc automobile de 4 millions ou 5 millions de voitures peut-être; je ne sais pas. De plus, nous avons des primes à payer. Naturellement, moins il y aura de vols, plus mes primes diminueront. Quel est le coût payé par le citoyen canadien? Qu'est-ce qui vous a fait réfléchir? Ce n'est pas tout de criminaliser les individus: il faut aussi aider les victimes. Je suis une victime des vols d'automobiles. Nous le sommes tous parce que nos primes d'assurance augmentent chaque année à cause des vols de voitures. Même si on n'a pas volé ma voiture, je suis obligé de payer les primes.
Avez-vous étudié cet aspect?
Monsieur Scheer, on vous a parlé de ce qu'on appelle les peines minimales obligatoires. Vous comprenez comment le système fonctionne. Dans votre projet de loi, un paragraphe se répète. C'est à peu près la même formulation. Au sous-alinéa 334.1(1)a)(i) proposé, on peut lire ceci:
(i) pour une première infraction, une amende minimale de mille dollars et un emprisonnement minimal de trois mois [...]
Si j'ai bien compris, vous proposez deux peines minimales obligatoires, c'est-à-dire une amende et une peine de prison. Si on ne paie pas l'amende, on va faire un minimum de trois mois de prison. Le fait qu'il y ait une peine minimale en argent, qui n'est pas nécessairement une peine minimale de prison, fait-il une différence dans votre esprit? Quand on parle de peines minimales obligatoires, on parle régulièrement de prison, et pas nécessairement d'amende. Quand un juge a l'obligation d'appliquer le contenu de deux sous-alinéas, il a deux choix, c'est-à-dire une amende minimum ou une peine minimum de prison. Quelle différence faites-vous entre les deux?
Le Bloc québécois n'est pas en faveur de l'emprisonnement, mais il n'est peut-être pas opposé à une amende minimum. Comprenez-vous quelle est la différence entre les deux?
:
Je ne peux me prononcer au nom des bloquistes quant aux types de minimums auxquels ils seraient favorables.
Sous leur forme actuelle, les sous-alinéas (i) et (ii) contiennent le mot « ou », alors cela donne au juge une certaine flexibilité s'il souhaite retenir seulement l'amende ou la peine de prison.
Au sujet des minimums obligatoires, je mets au défi tous les membres de ce comité de choisir au hasard cinq noms d'électeurs de leur circonscription dans un bottin téléphonique, d'appeler ces personnes et de leur demander : « À la troisième condamnation, croyez-vous qu'il serait exagéré d'envoyer quelqu'un en prison pour deux ans? »
Je serais fort intéressé à entendre les résultats car, je vous le dis, je discute avec des gens de ma circonscription, d'Ottawa et de divers endroits, et je ne crois pas que, de nos jours, une telle disposition soit déconnectée de l'opinion publique.
Je crois que c'est notre droit, en tant que législateurs, de donner certaines directives à la Cour en ce qui concerne la détermination des peines. Il existe beaucoup d'exemples de minimums obligatoires dans le Code criminel relativement à divers types d'infractions. Nous n'allons pas diriger le système judiciaire pour les juges, bien entendu, mais le Code criminel contient beaucoup d'exemples de directives au sujet des peines et, bien sûr, des minimums obligatoires.
Je crois seulement que pour ce type d'infraction, quand on songe à l'impact que représente le vol d'une voiture pour les familles, qu'il s'agisse de leur principal mode de transport pour se rendre au travail, à l'école, ou encore, pour emmener leurs enfants chez le médecin...
J'ai, inscrite dans ma police d'assurance, une disposition appelée: « perte de jouissance », de sorte que si quelqu'un vole mon automobile, je peux aller chercher une voiture de location et me rendre où je veux, mais c'est une disposition qui coûte cher. Beaucoup de Canadiens ne l'ont pas et peuvent se retrouver dans l'incapacité de se présenter au boulot, manqueront des quarts de travail et même des cours, dans certains cas. C'est une interruption importante dans la vie de quelqu'un.
Quand un individu vole un véhicule pour la troisième fois, nous nous entendrons certainement pour dire qu'il devrait faire face à de sérieuses conséquences.
:
Vous avez absolument raison de le dire ainsi; nous sommes tous victimes. Lorsqu'il s'agit de choses comme le vol d'un véhicule à moteur, où il est obligatoire de souscrire à une assurance dans toutes les provinces, nous assumons tous les coûts du vol. Je crois que M. Petit a évoqué cet argument également, selon lequel on ne peut se contenter de regarder une personne se faire attaquer en se disant que c'est tant pis pour elle, mais qu'on n'est pas concerné par ce crime. Dans des cas comme celui-là, les infractions contre les biens touchent un plus grand pourcentage de la population. Les incendies criminels ont une incidence pour tous les propriétaires de maison qui paient des primes d'assurance habitation, etc.
En ce qui concerne les différents types de vols selon qu'ils sont d'un montant supérieur ou inférieur à 5 000 $, je tiens à vous remercier de votre remarque, car elle me permet de mentionner un autre type d'infraction liée au vol de véhicules à moteur. Souvent, les automobiles haut de gamme, les véhicules de luxe, seront volés à des fins d'exportation. Une somme importante de preuves ont été rassemblées par l'Association canadienne des chefs de police et le Bureau d'assurance du Canada au sujet du vol de véhicules à moteur pour commettre un autre crime. Cela pourrait prendre la forme d'une camionnette utilisée pour une entrée par effraction dans une maison, ou d'une voiture rapide pour emmener quelqu'un des lieux d'un crime, qu'on ait dévalisé un magasin ou commis une agression, ou autre.
Dans le cas où la police n'arriverait pas à attraper un voleur, à prouver qu'un criminel a tenté d'entrer par effraction, de commettre des actes de vandalisme ou autre, cette disposition permettrait également, avec ses peines plus sévères et ses infractions distinctes, d'utiliser le vol d'un véhicule motorisé pour coincer ces individus.
J'ajouterais qu'il pourrait y avoir des gens encore plus dépendants de leur automobile d'une valeur inférieure à 5 000 $ que d'autres possédant une voiture valant plus de 20 000 $. Je me risquerais à dire que dans ma circonscription, presque la moitié de mes électeurs possèdent probablement des véhicules valant moins de 5 000 $. Prenons l'exemple d'une mini-fourgonnette utilisée pour emmener les enfants à leurs rendez-vous ou à l'école. Elle peut avoir sept, huit, neuf ou dix ans. Ces véhicules tendent à se déprécier jusqu'à un point où, s'ils étaient évalués, la famille en obtiendrait 4 500 $ de l'assureur. Mais elle n'est pas moins dépendante de ce véhicule que quelqu'un qui a une automobile flambant neuve de 25 000 $. Je crois que pour la famille, l'impact est le même.
J'irais même jusqu'à dire que les familles qui comptent sur des véhicules moins coûteux n'en possèdent probablement qu'un ou deux. Les familles qui ont les moyens de s'acheter des véhicules haut de gamme ont peut-être davantage d'options: ce n'est peut-être pas le seul véhicule de la famille, et ils pourraient avoir une protection supplémentaire dans leur police d'assurance qui leur permette de recourir à une voiture de location. J'oserais donc dire que les effets du vol d'un véhicule valant moins de 5 000 $ pourraient être plus perturbateurs que dans le cas de véhicules haut de gamme. Évidemment, je n'ai pas de données concrètes pour étayer mes propos, mais je pense que c'est un excellent point.
:
Merci, monsieur le président, et merci à vous , monsieur Scheer.
Quand je regarde les minimums obligatoires et la question des juges qui ont besoin de lignes directrices, cela me fait penser à une cause dont je m'étais occupé dans le domaine juridique. Une dame avait deux filles âgées de 5 et 6 ans, et le juge avait pris la décision de les obliger à visiter leur père pédophile en prison.
Cela a toujours été un facteur déterminant quant à la façon dont je conçois le système judiciaire. En conséquence de cette décision, j'ai eu 84 autres cas de partout au pays où les juges avaient décidé de contraindre des enfants à visiter un père qui les avait agressés sexuellement. Le juge a dit: « Le Parlement ne nous a pas donnée de directives; c'est pourquoi j'ai dû prendre cette décision ».
J'estime que ce cas-ci est quelque peu semblable, en ce qu'un juge pourrait dire: « le Parlement ne nous a vraiment pas donné de lignes directrices claires ». Je crois que je considère ce projet de loi justement comme ce type de directives: quand un contrevenant commet la même infraction pour la troisième fois, il y a des dispositions bien définies pour ce qui est du minimum obligatoire.
Je pense que nous devrions vraiment examiner cette question. À mon avis, les juges, aujourd'hui, réclament ce type de lignes directrices.
Mais ma véritable question est celle-ci: quand je discute avec la police de ma communauté, elle me dit à répétition: « Nous commençons à en avoir vraiment assez de nous occuper des mêmes contrevenants. Nous les arrêtons, les amenons devant la cour où ils obtiendront une peine mineure, ou encore, s'en tireront encore une fois parce qu'un élément n'était pas tout à fait correct. Trois semaines plus tard, la même personne se retrouve devant un juge, et elle est de nouveau libérée pour les mêmes raisons. Et cela recommence, encore et encore ».
Croyez-vous que cette mesure législative aidera la police à faire son travail pour ce qui est d'arrêter un individu qui en est à sa deuxième, troisième, quatrième, cinquième ou dixième infraction? Fera-t-elle l'affaire pour eux, en ce qui a trait au vol de véhicules à moteur?
:
Je crois certainement que ce sera un grand pas dans cette direction.
J'ai déjà entendu le même type de remarque. J'ai accompagné des policiers de la ville de Regina pendant leur patrouille, et ils me disaient que celui qu'ils s'en allaient chercher, ou de chez qui ils revenaient, était un type qu'ils avaient déjà vu 12 fois pendant l'année pour différents types d'infractions, et particulièrement pour le vol d'automobiles. Comme je l'ai précisé, des gens se livrent à ces activités pour gagner leur vie — ils veulent ces véhicules pour les livrer à des organisations criminelles ou pour commettre d'autres crimes. Ils en volent une quantité incroyable, se font prendre très souvent, et sont tout de suite libérés dans les rues, où la police arrête plusieurs fois les mêmes individus. C'est un vaste thème sous-jacent dont les policiers m'ont parlé, non seulement en ce qui concerne le vol d'automobiles, mais aussi bien d'autres problèmes.
Quant à la question de fournir des lignes directrices aux tribunaux, je suis entièrement d'accord avec vous. Nous avons tous lu des reportages. À titre d'exemple — qui concerne les jeunes contrevenants —, à Winnipeg, je crois, un jeune contrevenant avait tué quelqu'un à l'aide d'une boule de billard dans une chaussette, et avait écopé d'une peine d'un jour d'emprisonnement. Le juge avait dit: « le Code criminel ne renferme aucune disposition relativement à la dissuasion générale concernant les jeunes contrevenants; je ne peux donc pas tenir compte du type de message envoyé à la communauté au sens large, car le Parlement n'a pas intégré cela au Code criminel. »
Le ministre de la Justice a, je crois, déposé un projet de loi pour régler ce point, mais vous avez raison: dans de nombreux domaines du Code criminel, les juges ont réclamé des lignes directrices du Parlement. Comme vous l'avez mentionné, dans certaines situations, il tend à y avoir des peines prononcées qui rendent perplexes beaucoup de Canadiens. Si nous pouvions fournir des paramètres clairs aux juges, nous ferions beaucoup de progrès pour améliorer la situation.
:
Je me réjouis grandement de votre présence, monsieur Scheer.
C'est un excellent projet de loi, un premier pas qui s'impose. J'ai quelques questions à vous poser.
Mon impression générale est que ce projet de loi porte sur l'action de voler une voiture, mais ne vise pas explicitement un crime qui est probablement plus facile à prouver, soit la possession de biens volés et la possession d'un véhicule volé ou de ses composantes. Je me demandais si vous envisagiez un impact possible du projet de loi en ce sens, car j'estime que la preuve serait ainsi plus facile à établir et que l'on pourrait certes inculper un nombre beaucoup plus grand d'individus du crime organisé, plutôt que des personnes auxquelles on demande ponctuellement de voler un véhicule pour rembourser une dette, ou pour tout autre motif.
J'aimerais donc savoir pourquoi vous n'avez pas traité de la possession de véhicules volés.
Mon autre question concerne le jugement des infractions subséquentes. Lorsqu'on consulte les décisions rendues antérieurement par n'importe quel tribunal, il faut que la preuve ait établi qu'il s'agissait d'un vol d'une valeur inférieure ou supérieure à 5 000 $. Il faut tenir compte de tous les éléments et leur attribuer une valeur monétaire afin de prononcer la sentence qui s'impose. Il ne fait aucun doute qu'en se référant à toutes ces délibérations des tribunaux ou aux documents judiciaires portant sur les infractions précédentes, il nous serait possible de savoir si quelqu'un a déjà volé un véhicule moteur. Si je comprends bien, un individu ayant volé 10 autos auparavant pourrait, si ce projet de loi était adopté demain, voler trois autres voitures avant de se rendre passible de la peine maximale prévue.
Est-ce que mon interprétation est correcte?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
En ma qualité de président-directeur général du Bureau d'assurance du Canada, je suis très heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole devant le comité. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Rick Dubin, notre vice-président responsable des enquêtes, qui dirige notre industrie dans sa lutte contre le vol d'automobiles au Canada.
Je suis bien conscient du temps limité qui est à notre disposition, alors j'irai droit au but.
[Français]
Le Bureau d'assurance du Canada est l'association sectorielle nationale qui représente les assureurs d'habitation, d'automobile et d'entreprise du Canada. Très simplement, nous nous réjouissons du projet de loi . Nous l'appuyons entièrement et nous demandons à tous les députés de l'approuver dans sa forme actuelle pour qu'il ait force de loi au pays.
[Traduction]
Monsieur le président, je pourrais m'arrêter ici, mais comme vous m'avez si gracieusement accordé 10 minutes, je vais en profiter pour vous expliquer les raisons pour lesquelles j'estime que ce projet de loi est une mesure utile.
Les assureurs habitation, automobile et entreprise jouent souvent le rôle que jouaient les canaris dans les mines de charbon. En d'autres mots, nous sommes aux premières lignes et nous devons composer avec les coûts sociaux et économiques liés à des situations troublantes bien avant que la plupart des autres intervenants ne s'en rendent même compte. Que ce soit l'augmentation des sinistres attribuables aux violentes tempêtes résultant des changements climatiques, la hausse vertigineuse des coûts des litiges auxquels sont exposés les entreprises et les organismes de bénévolat, ou encore l'incidence d'accidents de voiture orchestrés par ceux qui abusent sciemment du système d'assurance, les assureurs sont aux prises avec les dégâts causés par ces événements plutôt coûteux et ce, depuis un bon moment déjà. Il en est de même pour le vol d'automobile.
Depuis bon nombre d'années, non seulement avons-nous observé une augmentation des coûts associés au vol de voitures, mais nous avons vu les répercussions des activités criminelles organisées dans le vol d'automobiles partout au pays. Comme les peines associées à de telles activités manquent de rigueur et comme les profits sont si intéressants, le vol de véhicules est dorénavant le point de mire du crime organisé au Canada. En effet, des réseaux du crime organisé volent les voitures et les cannibalisent pour vendre les pièces d'une qualité douteuse. Ils se servent du numéro d'identification d'un véhicule pour changer l'identification d'une autre automobile volée qui est ensuite vendue à un consommateur peu méfiant. Et enfin, chaque année, ils passent par les ports canadiens pour exporter des milliers de véhicules en Afrique, en Europe de l'Est et au Moyen-Orient où ils peuvent obtenir de bien meilleurs prix qu'ici au Canada.
En 2006, un total de 159 000 véhicules ont été volés au pays. Les titulaires de polices d'assurance-automobile ont dû en assumer le coût d'environ 600 millions de dollars, comme vous l'a rappelé ce matin le député de Regina—Qu'Appelle. Les conducteurs canadiens honnêtes ont payé en moyenne 40 $ de leur prime d'assurance-automobile pour éponger les coûts résultant des activités de vol d'automobiles.
Des coûts additionnels de 600 millions de dollars ont été engagés par les services policiers, le système de soins de santé et les tribunaux pour traiter les problèmes associés au vol de voitures. L'ironie de la situation, c'est que toutes ces ressources doivent être consacrées à ce problème précisément parce que les voleurs d'automobiles sont constamment aux prises avec le système judiciaire. En vertu du Code criminel actuel, il est rare que les peines d'emprisonnement soient imposées à un voleur de voitures. En fait, nos tribunaux semblent avoir adopté comme pratique de libérer les récidivistes, traitant ainsi le vol d'automobiles comme une infraction ne faisant pas de victime.
Monsieur le président, je veux vous préciser que le vol d'automobiles est loin d'être une infraction sans victime. L'an dernier, deux adolescents sont décédés après que le taxi à bord duquel ils prenaient place a été embouti par un véhicule volé en Ontario. Tout récemment, un agent de la Police régionale de York a été tué en tentant d'empêcher le vol d'un coussin gonflable sur un autre véhicule. En 2004, c'est le décès de Theresa McEvoy, de Nouvelle-Écosse, attribuable à un voleur de voitures récidiviste, qui a indigné les citoyens. En fait, une étude menée par le Comité national pour réduire le vol automobile a révélé que le vol de véhicules a coûté la vie à 81 personnes au Canada entre 1999 et 2001 seulement.
M. Doer, premier ministre du Manitoba, a certes démontré qu'il comprend le besoin urgent de s'attaquer au vol d'automobiles lorsqu'il s'est présenté à la tête d'une délégation à Ottawa en début d'année pour discuter de questions de justice pénale. Il a même amené avec lui une victime du vol d'automobile, un homme qui a été frappé par un véhicule volé, dans le but d'appuyer son plaidoyer en faveur de mesures concrètes.
En raison de l'implication omniprésente du crime organisé dans le vol d'automobiles et de l'ampleur des bénéfices en jeu, vous ne serez peut-être pas étonnés d'entendre que les autorités du renseignement canadiennes et américaines soupçonnent les groupes terroristes de recourir au vol de véhicules pour se financer. En effet, le Canada est un endroit attrayant à cet égard. Le taux de vol d'automobile par habitant de notre pays a dépassé celui des États-Unis au milieu des années 1990; il est aujourd'hui 26 p. 100 plus élevé que chez nos voisins du Sud.
Monsieur le président, vous comprenez donc pourquoi de plus en plus de citoyens et de gouvernements au pays demandent que des mesures soient prises pour contrer le vol de voitures. Il faut donc se réjouir de voir votre comité se pencher sur le projet de loi C-343. Ce projet de loi s'attaque aux récidivistes du vol d'automobiles impliqués dans le crime organisé qui s'adonnent à cette activité dangereuse à des fins strictement lucratives. Il reconnaît que le vol d'automobiles est une infraction distincte et grave en vertu du Code criminel, une étape essentielle dans la prise en compte de la nature souvent violente de ce crime. Bien qu'il propose des peines minimales obligatoires, celles-ci n'interviennent qu'à la troisième infraction.
En guise d'aparté, je dois vous dire que j'expliquais à quelqu'un le week-end dernier notre proposition à l'appui du projet de loi C-343. Cette personne m'a demandé: « Vous voulez dire que vous allez proposer la peine minimale obligatoire seulement à compter de la troisième infraction? » J'ai répondu: « Oui, c'est un projet de loi vraiment raisonnable. »
Il s'agit en effet d'une mesure très raisonnable visant à remédier au problème réel des récidivistes.
[Français]
Monsieur le président, les Canadiens ont le droit de se sentir en sécurité dans leur propre collectivité. Nous sommes tous d'accord sur ce point. Cependant, la croissance du vol d'automobiles ainsi que la violence de plus en plus grande qui caractérise ce crime compromettent leur sécurité profondément. La présence accrue du crime organisé dans le secteur du vol d'automobiles constitue un problème encore plus troublant et menace encore davantage la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
Les Canadiens font confiance à leurs parlementaires pour trouver des solutions aux questions qu'ils jugent importantes et pour rester à l'affût des changements susceptibles d'avoir des répercussions sur leur vie. Lorsque le blanchiment d'argent par le crime organisé est devenu problématique, le Parlement est intervenu. Lorsque les problèmes liés au vol de renseignements et d'identité ont commencé à inquiéter les Canadiens, les parlementaires ont réagi à nouveau.
Maintenant que la nature du vol d'automobiles a changé et qu'elle menace la sécurité des Canadiens, je suis fier de dire que les parlementaires interviennent une fois de plus et que cette intervention se présente sous la forme du projet de loi C-343.
Au nom du Bureau d'assurance du Canada, de nos sociétés membres et des titulaires de police que nous servons, je vous encourage vivement à voter en faveur du projet de loi C-343 dans sa forme actuelle et à le transmettre à la Chambre des communes en vue d'une troisième lecture et de son approbation.
M. Dubin et moi-même demeurons à votre entière disposition pour répondre à vos questions après cet exposé.
Merci.
:
Merci beaucoup. Je vous remercie de m'avoir invité ici.
À quel titre ai-je été convoqué? Je m'appelle Ken Haywood. J'ai travaillé longtemps dans le secteur de l'automobile. Depuis ma retraite, j'essaie de faire ma part pour contrer le vol de véhicules.
En 2005, j'ai assisté à la conférence de formation de l'IAAPI, l'International Association of Auto Theft Investigators, à la Nouvelle-Orléans, juste avant le passage de l'ouragan Katrina. J'ai ensuite participé à un séminaire de deux jours du Comité national pour réduire le vol automobile, dans le cadre duquel j'ai rédigé un exposé de principe en vue d'une présentation à un forum sur le vol de véhicules par Barry Ward, président du comité. Toujours en 2005, j'ai assisté à une réunion du Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé (CCATM) portant sur le vol d'automobiles, puis à une rencontre avec les membres du North American Export Committee.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela? Parce que lorsque j'ai entendu parler de ce projet de loi , j'ai pensé que je pouvais puiser dans mes contacts pour y trouver la personne que je jugeais la mieux renseignée à ce sujet, et il s'agit du sergent Tim Shields, du groupe IMPACT.
Nous avons parlé du nombre de véhicules volés. Tout cela va vous être distribué. Cela témoigne de la diversité des cas. Nous avons indiqué que le coût matériel du vol de voitures avoisinait le milliard de dollars par année. Il est difficile de déterminer avec précision le nombre de décès attribuables au vol d'automobiles, mais il se situe entre 20 et 40 par année. Comment peut-on vraiment intégrer un montant d'argent à cette équation? Il est impossible de calculer le coût d'un décès causé par un vol de voiture.
Transports Canada a bien montré toute l'importance qu'il accorde aux décès dus au vol d'automobiles lorsqu'il a décidé de rendre obligatoire l'installation de systèmes d'immobilisation sur tous les véhicules neufs à compter du 1er septembre 2007. Je crois que le projet de loi C-343 est un pas en avant dans la lutte contre le vol d'automobiles, tout comme cette réglementation de Transports Canada concernant les systèmes d'immobilisation.
L'Association canadienne des chefs de police, avec le soutien de l'initiative Project 6116 et du Comité national pour réduire le vol automobile, demande au gouvernement du Canada, par l'entremise du ministre de la Justice et procureur général, d'adopter des mesures législatives créant une infraction distincte en vertu du Code criminel du Canada pour le vol d'un véhicule moteur.
Le sergent d'état-major Jim Peebles de l'Unité du vol automobile du Service de police d'Edmonton a indiqué que son chef était favorable au projet de loi C-343. D'autres intervenants devraient vous faire part de leurs points de vue à ce sujet par l'entremise de votre greffier.
Si j'ai choisi Tim Shields, c'est parce qu'il vient tout juste de produire un document vidéo intitulé Stolen Lives, qui raconte comment les drogues et les vols de voitures peuvent coûter des vies humaines. Nous allons fournir une copie aux membres du comité. Dans l'intervalle, j'ai demandé à Tim, qui a passé, je crois, quatre ou cinq ans à Surrey, et qui connaît bien les problèmes associés aux drogues...
Voici ce qu'il m'a écrit:
Je viens de terminer la production d'un documentaire intitulé Stolen Lives qui se penche sur le vol d'automobiles et sur les tragédies qui résultent de ce crime en termes de pertes de vies humaines. Voici ce que j'ai pu apprendre en interviewant des dizaines de voleurs d'automobiles et en participant à une centaine d'enquêtes sur le vol de voitures en Colombie-Britannique:
1. Le nombre de décès attribuables à un accident impliquant un véhicule volé est beaucoup plus élevé que ne l'indiquent les statistiques. En Colombie-Britannique seulement, 15 personnes ont perdu la vie dans un accident lié à un vol d'automobile en 2005. J'en suis arrivé à ce total en examinant un à un tous les communiqués émis par la GRC cette année-là.
2. Plus de 90 p. 100 des vols de voiture commis en Colombie-Britannique n'ont aucun lien avec les groupes criminels organisés. Les véhicules sont volés par des toxicomanes qui souhaitent se livrer à d'autres crimes ou par des individus qui veulent simplement faire une balade.
3. Le vol de voitures est une accoutumance. De nombreux récidivistes endurcis soulignent que leur accoutumance au vol de voitures est plus puissante que leur dépendance à la méthamphétamine en cristaux ou au crack. La seule façon de mettre fin à une telle dépendance est d'incarcérer l'individu pendant une longue période pour lui permettre de suivre un traitement.
4. Les récidivistes endurcis sont prêts à tout, y compris à renverser sur leur passage de pauvres innocents, pour éviter une arrestation. Ce sont généralement des gens qui n'ont plus le droit de conduire, qui sont sous l'effet du crack et qui se retrouvent derrière le volant d'un véhicule de 4 000 livres filant à un train d'enfer. Le vol de voiture constitue une menace très réelle pour la sécurité publique. Le vol d'automobile est un crime violent.
5. Il est très difficile de prouver qu'il y a eu « vol d'un véhicule à moteur ». Si un contrevenant est arrêté derrière le volant d'un véhicule qui a été volé la veille, on peut l'accuser uniquement de possession d'un bien volé. Il est impossible de prouver qu'il a effectivement volé ce véhicule. Si le libellé du projet de loi C-343 proposé demeure inchangé, le contrevenant ne pourra pas être inculpé de vol d'un véhicule à moteur. Ne pourrait-on pas modifier le libellé pour parler de vol de véhicule ou de possession d'un véhicule volé?
Je recommande vivement à tous les membres du comité de prendre 34 minutes de leur temps pour regarder le documentaire Stolen Lives. Ce document met en lumière tous les arguments que je viens de soulever. Ce n'est pas seulement les automobiles qui sont volées, il y a aussi des vies humaines.
Je vous félicite pour le travail que vous effectuez et je vous remercie de vos efforts en vue d'offrir une plus grande sécurité aux Canadiens en allant de l'avant avec ce projet de loi.
Le sergent Tim Shields travaille maintenant pour la GRC à Kelowna. Il est directeur général pour Stolen Lives.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue à nos témoins.
J'ai une question et un commentaire. D'abord, sachez que je partage votre inquiétude concernant l'acuité du problème lié au vol de voiture. Je sais que c'est très important au Manitoba, mais c'est un phénomène qui est aussi répandu dans toutes les communautés. Vous avez raison de décrire le phénomène comme préoccupant.
C'est notre responsabilité, à titre de parlementaires, de nous en préoccuper. Je vous avoue cependant qu'une difficulté se pose à nous. Je serais ouvert à l'idée qu'il puisse y avoir un régime d'infractions spécifiques pour le vol de voiture, car je comprends bien que dans certaines communautés, la voiture est un bien essentiel, tant les moyens de locomotion et le transport en commun sont difficiles lorsqu'on est un travailleur autonome et qu'on vit dans ces régions. Je n'ai aucune difficulté à concevoir que les voitures sont un bien essentiel.
Cependant, je ne sais pas s'il faut régler ce problème par le truchement de peines minimales obligatoires. Très souvent, ce comité a eu à s'interroger sur ce recours aux peines minimales obligatoires en tant que mesures de droit pénal. Plusieurs bonnes études révèlent que, dans un régime de droit, dans un Code criminel, l'inscription d'une peine minimale obligatoire n'est pas tellement importante; ce sont plutôt les policiers sur le terrain, le nombre d'accusations et le caractère effectif des enquêtes qui sont importants.
Monsieur Yakabuski, quand vous dites que la peine minimale survient dès la première infraction, je...
:
Merci, monsieur le président. Je suis ravi d'entendre le témoignage d'aujourd'hui.
D'après votre exposé, j'ai le sentiment que l'objectif principal de cette mesure est de s'attaquer au crime organisé ou aux gangs impliqués dans ce type d'activité. Ce projet de loi ne fera pas de discrimination à l'égard du crime organisé, d'aucune façon ni d'aucune forme, et ne traitera pas différemment quiconque veut, pour une raison quelconque, voler des voitures.
Je suis bien sûr en faveur de cela, mais je suis curieux. J'ai posé cette question au parrain du projet de loi plus tôt aujourd'hui. Il me semble que si vous voulez frapper au coeur des criminels ou du crime organisé, vous ne devez pas simplement éliminer des pions de l'échiquier. Ce projet de loi permettra sans doute d'éliminer des pions de l'échiquier. Toutefois, la question que je vous pose est la suivante: Quels sont les autres changements, les autres ajouts, les autres mesures législatives complémentaires ou les amendements à ce projet de loi que vous aimeriez voir? Dans votre témoignage, vous avez dit clairement que vous voulez l'adoption du projet de loi dans sa forme actuelle.
Il n'y a rien dans le Code criminel qui porte sur la possession de cela. Il n'y a rien qui porte précisément sur le fait, par exemple, d'avoir des outils dans votre voiture qui laissent croire que vous êtes sur le point de commettre une introduction par effraction. Y a-t-il des dispositions dans le Code criminel que vous aimeriez changer, comme le fait d'avoir des outils pour commettre ce type d'activités dans un atelier de cannibalisation, par exemple, où nous pourrions atteindre l'organisation ou du moins se rapprocher davantage de la tête?
:
Merci beaucoup. Je crois que c'est une très, très bonne question.
La politique, vous le savez mieux que moi, est en partie l'art du possible. Vous devez pouvoir commencer quelque part et vous attaquer à ce qui est un problème très important qui, à vrai dire, perdure depuis longtemps. Nous croyons que le changement apporté au Code criminel sera très utile puisqu'il permettra, essentiellement, d'imposer aux récidivistes des peines beaucoup plus sévères que les peines actuelles liées au vol de véhicules. Je crois qu'on enverra ainsi un message très clair aux gens qui sont enclins à voler des voitures dans notre pays. Ils vont y penser par deux fois.
En faisant de la troisième infraction une infraction punissable par voie de mise en accusation, je crois que nous visons vraiment les gens qui volent des voitures à répétition. Et s'ils volent des voitures à répétition, il est fort probable qu'ils le font de concert avec une quelconque organisation criminelle. J'estime donc que cette mesure sera efficace dans ce sens.
Comme je l'ai dit en répondant à d'autres questions, d'autres choses peuvent et doivent être faites pour contrer le vol d'automobiles. Il y a, par exemple, l'altération du numéro d'identification du véhicule. C'est là une infraction qui pourrait être reconnue comme une infraction punissable par voie de mise en accusation, parce que c'est une chose que le crime organisé fait constamment pour voler les biens des Canadiens. C'est une autre mesure que vous pourriez examiner ou sur laquelle le gouvernement pourrait se pencher, et nous serions prêts à travailler avec votre comité ou n'importe quel autre représentant du gouvernement pour mener ce projet à terme.
Des modifications parallèles à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents pourraient aussi être nécessaires puisque, malheureusement, les jeunes qui se font prendre à voler des voitures deviennent souvent des criminels chroniques. Personne ne leur souhaite ce destin et nous pouvons peut-être faire quelque chose sur ce plan également.
:
L'autre sujet qui m'intéresse concerne les pénalités minimales obligatoires. Vous avez probablement déjà remarqué que nos avis diffèrent sur le sujet à ce comité.
Généralement, la plupart des témoins qui viennent ici à titre d'experts qui travaillent avec des criminels et des victimes sur le terrain nous ont dit que ces mesures ne sont pas efficaces, qu'en fait elles pourraient même augmenter le crime. Si on voit les choses sous cet angle, nous pourrions en réalité pousser à la hausse les vols de voitures au Canada, ce qu'aucun des partis de l'opposition, du moins, ne souhaite, et nous avons déjà la majorité des votes au comité.
Ce que nous voulons, c'est que le juge ait la possibilité d'imposer des pénalités sévères, mais quand on a de ces récidivistes, des gens incorrigibles, ou des gens qui ne suivent pas le traitement, nous faisons des pressions pour qu'il y ait plus de traitement dans les prisons. Il est évident que ce serait un bien meilleur moyen de les arrêter. Quand ils sortent, ils ne récidivent pas — mais tout le monde sort, et s'il y a quelqu'un qui reste en prison plus longtemps qu'il le devrait à cause d'un minimum obligatoire et qu'il apprend à mieux voler des voitures, ce n'est guère mieux.
Si le projet de loi devait passer tel qu'il est, avec ses pénalités sévères — et ce sont des pénalités de haut niveau, alors le juge peut les mettre au rancart pour bien longtemps — mais sans qu'il y ait de minimum pour les cas où il existerait d'autres moyens, de meilleurs moyens pour faire que la personne arrête de voler des voitures, est-ce que ce compromis ne serait pas, à tout le moins, mieux que rien?
:
Merci, monsieur le président et merci aux témoins d'être ici.
Je pense que si nous tous,ici, parlions à nos électeurs et leur demandions si le fait de communiquer un ferme message de dissuasion aux récidivistes éventuels aurait une incidence sur le crime, la plupart répondraient que oui. Il serait tout à fait illogique de penser autrement, pour certaines des raisons que vous avez exposées. Nous avons entendu à maintes reprises que le laxisme du système a encouragé des gens à rester sur la voie du crime. On peut de toute évidence en conclure que si le système était un peu plus sévère pour ces premières infractions, peut-être qu'ils auraient pris une voie différente. Alors, nous vous remercions pour votre témoignage à cet égard.
M. Scheer a commandité le projet de loi. Il a parlé, et je crois que vous en avez aussi parlé dans votre présentation, des 600 millions de dollars par année, rien qu'en frais d'assurances, n'est-ce pas? Il y a tous les autres coûts qui s'ajoutent.
J'ai dit à M. Scheer qu'à ce que je comprends, nous tous qui sommes propriétaires de voitures et qui payons des assurances sommes des victimes du vol de voitures d'une certaine manière, puisque nous payons tous pour les vols de voitures. Je me demande si vous pouvez expliquer ce que, dans votre industrie, ces 600 millions de dollars par année signifient pour les consommateurs, et peut-être certains des autres coûts connexes, qui ne sont pas inclus dans ce chiffre, de la lutte contre le vol de voitures.