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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être ici pour vous parler du , le projet de loi sur le vol d'identité. Il a reçu un appui très large. Je suis très satisfait des réactions qu'a suscitées le projet de loi et pourquoi pas, monsieur le président. Nous essayons de nous adapter aux changements technologiques. Il y a eu, comme vous le savez, de nombreux changements qui sont intervenus très rapidement. Notre tâche consiste à nous mettre à jour.
Je me trouvais à Montréal, il y a quelques mois et j'ai mentionné le fait que le gouvernement avait l'intention de présenter un projet de loi sur le vol d'identité. Un journaliste m'a dit: « Essayez-vous de garder une longueur d'avance sur les malfaiteurs? » J'ai répondu: « Eh bien, je veux plutôt essayer de les rattraper! »
Il y a le fait que la technologie évolue... Certains passages du Code criminel datent de 1892 — et ce code n'était pas un texte nouveau en 1892, comme j'aime le faire remarquer; il a simplement été adopté cette année-là.
Le défi auquel font face les législateurs est de mettre à jour régulièrement la législation. Il faut toutefois reconnaître qu'il existe déjà un certain nombre d'infractions qui touchent l'identité des citoyens. Ces infractions qui figurent déjà dans le Code criminel comprennent la supposition de personnes, la falsification de papiers d'identité et des infractions secondaires comme la fraude. Il y a également certaines infractions qui protègent certaines pièces d'identité comme le passeport canadien.
Ce projet de loi introduit des changements pour moderniser ces infractions traditionnelles mais il vise principalement à créer de nouvelles infractions qui répriment plus précisément l'usage malveillant de renseignements identificateurs et de pièces d'identité. Il est possible de commettre ces nouvelles infractions sans que d'autres crimes soient commis avec les renseignements obtenus et elles peuvent fonder des accusations même si les contrevenants n'ont pas encore eu la possibilité d'utiliser les renseignements obtenus.
Cela nous paraît important pour plusieurs raisons. Premièrement, ce projet reconnaît qu'à notre époque, les crimes relatifs à l'identité visent différents groupes de victimes. Les infractions comme la fraude et les infractions secondaires ont toujours permis de poursuivre les auteurs des préjudices causés aux victimes de ces infractions mais il y a également le préjudice causé à ceux dont l'identité a été obtenue irrégulièrement et utilisée de façon abusive. Le vol d'identité peut compromettre des réputations, nuire à la cote de crédit et même engager la responsabilité pénale. Les faux renseignements peuvent être diffusés rapidement et nous devrions être conscients du fait que cela ne vise pas seulement le Canada mais également les pays étrangers. Ces victimes subissent un préjudice que les renseignements identificateurs obtenus soient utilisés ou non pour commettre d'autres infractions. Il peut être très difficile de remédier, comme vous le savez certainement, à ce genre de préjudice.
Le projet de loi tient compte des ces victimes de deux façons. Les nouvelles infractions incriminent le fait de s'approprier l'identité des victimes et d'en faire le trafic, ce qui veut dire que la police peut faire enquête et intervenir dès le début, sans attendre que les contrevenants aient réellement utilisé ces identités pour commettre d'autres crimes.
Nous proposons également un amendement qui autoriserait les tribunaux à inclure dans une ordonnance de dédommagement les coûts associés à la récupération de l'identité.
Deuxièmement, les nouvelles mesures proposées vont combler les lacunes causées par les nouvelles technologies et les nouveaux crimes.
Les documents physiques sont des biens et le fait de se les approprier constitue un vol, mais celui de copier des renseignements électroniques n'est pas visé par les infractions traditionnelles relatives aux biens. Dans les cas graves, certains délinquants se sont appropriés un nombre considérable d'identités numériques dont ils ont fait le trafic illégalement, transformant ainsi ces données en une nouvelle forme de biens illicites et de grande valeur. L'information relative aux cartes de crédit est obtenue directement à partir des cartes ou des données contenues dans les bases de données et vendues à l'étranger, en utilisant le courriel et l'Internet.
Les groupes criminels ont également appris à se spécialiser et à collaborer. L'un s'occuper de voler ou de fabriquer des renseignements, un autre fabrique les documents physiques ou électroniques en vue de les vendre; les utilisateurs finaux de ces identités commettent ensuite des crimes grâce à ces renseignements. Les délinquants qui sont associés à des réseaux transnationaux peuvent exercer des activités clés sur des sites Web en offrant ouvertement de vendre de fausses identités dans les pays où la législation ou les organismes d'application de la loi ne répriment pas ces activités.
Les amendements proposés répondent à ces problèmes. Pour la première fois au Canada, nous proposons une définition et des infractions qui reposent sur la notion de renseignement identificateur. Ces infractions répriment le fait de s'approprier ou de copier ces renseignements et pas seulement les documents où ils se trouvent.
Le fait d'ajouter des infractions particulières permet de cibler les différentes étapes du processus, qui vont de l'obtention de l'information, à la fabrication de documents illicites, au trafic de documents et de renseignements, ainsi qu'à l'usage illicite de ces documents et renseignements. Des organismes d'application de la loi canadiens m'ont clairement fait savoir que cet aspect du projet de loi constituait un pas dans la bonne direction, parce qu'il est souhaitable d'incriminer toutes ces différentes activités. Il faut pouvoir viser toutes les personnes impliquées. De cette façon, le droit pénal peut s'appliquer, même si une partie seulement du réseau se trouve au Canada. Cela me paraît très important.
Troisièmement, d'un point de vue plus concret, les nouvelles infractions autorisent les organismes d'application de la loi à intervenir dès le début des manoeuvres criminelles, et je crois que c'est l'aspect qui leur plaît beaucoup. Ces nouvelles infractions vont avoir un effet dissuasif supplémentaire, particulièrement pour les crimes associés au vol d'identité. Elles vont constituer une nouvelle arme contre les activités criminelles, notamment les grandes fraudes, les crimes reliés à l'immigration, la contrebande d'immigrants, le trafic d'êtres humains, le blanchiment d'argent, le crime organisé et le terrorisme.
Quatrièmement, les infractions reliées au vol d'identité sont, comme vous le savez, un phénomène qui prend de l'ampleur à l'échelon international. Certains peuvent copier ou s'approprier les renseignements contenus dans les cartes de crédit ici au Canada et les envoyer à l'étranger en quelques minutes. Bien avant que le titulaire de la carte ou l'entité qu'il l'a délivrée apprenne que les renseignements ont été divulgués, ils peuvent être utilisés pour commettre des crimes et des fraudes dans d'autres parties du monde. Cela fait déjà un certain temps que le gouvernement s'occupe activement de sensibiliser les instances internationales à ces problèmes. Quelques autres pays ont adopté des mesures créant des infractions reliées au vol d'identité ou envisagent de le faire.
En présentant ces amendements, le Canada indiquera clairement aux autres pays qu'il considère qu'il s'agit là d'un problème grave et que nous avons décidé de prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène. Les peines maximales proposées, associées aux principales infractions nous permettront d'invoquer la Convention des Nations Unies contre le crime transnational organisé, que le Canada a ratifié en 2002, et d'ainsi favoriser l'entraide juridique, l'extradition et la prise d'autres mesures internationales en collaboration avec les pays signataires dans les cas où l'infraction est de nature transnationale et concerne une organisation criminelle.
Je me propose de réserver les aspects particulièrement techniques pour vos questions, mais je vais vous décrire ce qui me paraît être les principales modifications qu'introduit ce projet de loi.
La première de ces modifications est le nouvel article 56.1 qui incrimine le fait de faire fabriquer, d'avoir en sa possession, de transmettre, de vendre ou d'offrir en vente certaines pièces d'identité. À l'heure actuelle, le seul fait d'être en possession, ou de faire le trafic, de pièces d'identité d'une autre personne ne constitue pas une infraction et nous pensons qu'il devrait l'être, en y apportant des exceptions appropriées. Nous avons réfléchi très soigneusement à ces exceptions et elles sont énumérées dans le projet de loi. Je pense qu'elles sont toutes logiques.
À titre de protection supplémentaire, l'infraction prévoit également des excuses légitimes de nature plus générale. Par exemple, la personne qui entre au Canada en possession d'une série de passeports pourrait déclencher une enquête, mais il est évident qu'un parent en possession du passeport de son enfant pourrait invoquer une excuse légitime.
Le deuxième amendement clé a pour effet d'élargir l'infraction actuelle d'emploi d'un document contrefait. Cela englobe désormais le trafic de documents contrefaits ainsi que la possession de tels documents dans l'intention d'en faire le trafic ou de les utiliser. Cette disposition est visée par la définition de documents, qui comprend à la fois les documents physiques et les documents électroniques.
Le troisième amendement clé, qui est particulièrement important, comporte trois éléments: l'établissement d'une nouvelle définition de renseignements identificateurs, la nouvelle infraction de vol d'identité et la modernisation et l'extension de l'ancienne infraction de supposition de personne, qui débouche sur la nouvelle infraction de fraude à l'identité.
Le droit pénal actuel ne réprime pas le simple fait de s'approprier ou de copier des renseignements personnels ou d'en faire le trafic à titre de bien illicite, à moins que d'autres infractions ne soient commises avec ces renseignements. La nouvelle infraction de vol d'identité traite principalement de l'obtention ou de la possession de renseignements identificateurs dans des circonstances qui montrent une intention de commettre d'autres infractions reliées.
Une infraction semblable sera créée pour réprimer le trafic de ces renseignements, en sachant ou en croyant qu'ils seront utilisés pour commettre une des infractions mentionnées plus haut. Pour lutter contre le problème de l'utilisation de faux renseignements identificateurs dans le but de tromper d'autres personnes, l'infraction de fraude à l'identité réprime les utilisations abusives de renseignements identificateurs dans un but irrégulier, comme celui d'échapper à la responsabilité pénale ou d'obtenir un avantage pour le délinquant ou un désavantage pour la victime. Il s'agit là de l'élargissement de la portée de l'infraction existante de supposition de personne, qui envisage des situations reliées à l'utilisation abusive des renseignements en question par le délinquant mais pas celles où il y a supposition de personne.
Enfin, le gouvernement propose ces amendements en sachant que les représentants d'organismes d'enquête légitime doivent souvent dissimuler leurs identités ou se faire passer pour d'autres personnes dans leurs enquêtes d'infiltration. Pour tenir compte de cette possibilité, les organismes d'enquête légitimes ne seront pas visés par ces nouvelles infractions lorsqu'elles commettent, dans le cadre de leurs fonctions ou de leur travail, des actes qui seraient autrement illégaux.
Les exceptions proposées ne modifient pas la situation actuelle et n'accordent pas à ces organismes de nouveaux pouvoirs d'enquête. Je tiens à le préciser. Ces dispositions visent uniquement à faire en sorte que notre capacité à appliquer la loi et à protéger les Canadiens ne soit pas compromise par les changements proposés.
Monsieur le président, voilà qui termine mon résumé du projet de loi.
Je suis ici avec mes collaborateurs pour répondre à vos questions ou à vos commentaires.
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Je suis sérieux. Avec la dernière réponse que m'a fournie le ministre, je pense qu'il ne sert à rien de poursuivre sur ce point.
Pour ce qui est du projet d'article 402.2, monsieur le ministre, votre personnel a eu la gentillesse de me fournir certains renseignements au cours de la séance d'information. Ce projet d'article m'inquiétait. Vos collaborateurs ont parlé de l'article du Code qui traitait des outils de cambriolage. C'est de là que vient cette disposition ainsi que de l'arrêt de la Cour suprême, R. c. Holmes, qui remonte à 1988.
Vous souhaiterez peut-être demander à M. Bartlett de répondre à cette question.
L'article du Code criminel qui parle d'outils de cambriolage utilise l'expression « sans excuse légitime ». Il me semble que c'était là un élément essentiel de l'arrêt de la Cour suprême du Canada. Cette expression ne figure pas ici; elle a été remplacée par « sciemment, obtient ou a en sa possession... ».
La première fois que j'ai lu le projet de loi, et avant que j'examine cet arrêt qui traite d'un autre article du code, je craignais que nos poursuivants ne soient pas en mesure d'établir cet élément. Je me demande si vous, ou quelqu'un d'autre, pouvez faire des commentaires sur ce point. Je me demande vraiment si cette disposition sera utile.
Permettez-moi d'ajouter quelque chose. Je pense que nous avons tous exprimé notre appui aux autres parties du projet de loi, monsieur le ministre. Nous voulons simplement être sûrs qu'il donnera les résultats recherchés.
Permettez-moi de répondre en premier à votre dernière question, monsieur Komarnicki. Elle comportait trois parties.
Je n'avais pas le nom exact devant moi. Il s'agit de la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée. C'est celle que le gouvernement du Canada a ratifiée en 2002. Elle nous permettra de demander aux pays signataires qui ont des traditions semblables aux nôtres de nous fournir une assistance juridique. Un des objectifs que nous avons recherché en rédigeant de cette façon le projet de loi a été de veiller au respect de la Convention de façon à nous permettre de demander l'assistance d'autres pays en matière d'extradition, parce que nous parlons de la même chose. Je pense que l'on a reconnu, ces dernières années, qu'il était souhaitable d'harmoniser nos lois avec celles des pays qui recherchent les mêmes buts que nous.
Cela m'amène à la deuxième partie de votre question. Je dois vous dire tout d'abord que le Code criminel est un document qui a 116 ans. Ce n'était pas un document nouveau en 1892; il regroupait un certain nombre de lois. La mise à jour du Code criminel est un défi constant. Lorsque j'étais ici dans les années 1980, un de mes collègues, Blaine Thacker, parlait de le réviser complètement, de rédiger un nouveau Code criminel et de le moderniser. C'est une tâche considérable. Ce serait une entreprise énorme, mais cela semblait justifié à l'époque.
Nous avons choisi d'examiner les différents articles, d'essayer de les adapter aux changements technologiques et de présenter des amendements. Nous avons essayé d'inclure le plus de choses possibles. Nous avons énuméré toute une série d'exemples. Vous trouverez, dans plusieurs articles du projet de loi, des listes qui énumèrent différentes choses grâce auxquelles nous espérons englober tout ce que l'on utilise aujourd'hui comme renseignement.
Je suis tout à fait conscient, comme vous, et comme vous le laissez entendre dans votre question, qu'il est nécessaire de réviser constamment ce genre de dispositions. Il y a des articles du Code criminel qui parlent de télégrammes et de télégraphes. Ce sont, bien entendu, des aspects dépassés, mais nous devons tenir compte de l'évolution de la technologie.
Encore une fois, il y a un aspect qui nous plaît particulièrement dans ce projet de loi; c'est qu'il permet de s'attaquer aux personnes qui n'en sont qu'aux étapes préparatoires. Comme je l'ai mentionné, je crois que c'était à Mme Freeman, j'ai parlé, par exemple, au service de police de Montréal qui m'a fait savoir que ses agents avaient découvert certains réseaux mais que les personnes qui se trouvaient au Canada n'étaient, bien souvent, pas assujetties au Code criminel actuel. Ces personnes avaient disséminé l'information à l'extérieur du Canada, et elle avait été utilisée à des fins illégales et irrégulières à l'étranger. C'est ce qui les empêchait d'intervenir. C'est la raison pour laquelle je crois que ce projet de loi sera très bien accueilli.
Pour ce qui est de vos commentaires au sujet de la coopération internationale, lorsqu'une partie de l'infraction est commise au Canada et une autre partie aux États-Unis, en Europe ou ailleurs, ce projet de loi sera utile parce qu'il nous permettra de poursuivre les personnes qui participent à cette partie de l'infraction, au moment où elles agissent, alors qu'à l'heure actuelle, il arrive souvent que la police se déclare impuissante parce que le Code criminel actuel ne couvre pas ces cas-là.
Vous avez donc raison, c'est une approche globale à une question très précise et elle sera très bien accueillie.
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Je serai heureux de le faire, monsieur Dykstra, mais étant donné que vous êtes un député de la région de Niagara, avec ses quatre postes frontières, vous êtes particulièrement sensible à toutes les questions reliées aux pièces d'identité et aux passeports dans le cadre de l'initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental, lancée par notre voisin du sud.
Cela dit, le Canada, à la différence des États-Unis, de la Grande-Bretagne et d'un certain nombre d'autres pays, a continué pendant des années à délivrer des passeports dont la validité était de cinq ans. Cela crée un certain nombre de difficultés. Cela crée également un certain nombre de possibilités. Avec des passeports qui expirent relativement rapidement, le gouvernement peut introduire plus rapidement les nouvelles technologies dans le système. Il n'a pas à attendre dix ans pour se débarrasser des vieux passeports. C'est donc ce qu'a fait le gouvernement.
Le passeports valides cinq ans, même s'ils offrent certains avantages pour ce qui est des changements technologiques, posent certains problèmes aux citoyens. Il faut du temps pour obtenir un passeport. Le titulaire d'un passeport ne l'a pas vraiment pour cinq ans; il l'a pour quatre ans et un peu plus. Même dans ma propre circonscription de Niagara Falls, un certain nombre de personnes âgées m'ont dit qu'elles aimeraient avoir leur passeport pendant dix ans. Elles se déplacent, elles voyagent et il n'est pas toujours facile pour elles de mettre à jour ce document.
Cela dit, c'est une mesure de sécurité et vous constaterez que les dispositions qui ont été récemment annoncées au Parlement font expressément référence au renforcement de la sécurisation de ces passeports. Cela s'harmonise parfaitement avec l'augmentation de la durée de validité du passeport qui passe de cinq à dix ans. Je sus sûr que vous dites à vos électeurs, comme nous le faisons tous, que peu importe ce que nous en pensons, le passeport est devenu un document important que tout le monde devrait avoir. Les gens qui prennent l'avion le savent, mais de plus en plus, ceux qui traversent nos frontières internationales en voiture constatent qu'ils doivent également en posséder un. Cela fait déjà un moment que la situation évolue dans cette direction, mais c'est un document important.
Ce projet de loi contient des dispositions précises dont je suis très satisfait. Il y a différentes dispositions qui vous demandent de fournir des explications lorsque vous êtes en possession de passeports ou d'autres pièces d'identité délivrés par le gouvernement qui ne sont pas les vôtres. Et pourquoi ne pas vous imposer ce fardeau? Nous sommes cependant prudents. En fait, dans l'exemple que j'ai donné dans mes remarques préliminaires, il arrive, comme cela nous est arrivé également, qu'un parent ait trois, quatre ou cinq passeports entre les mains, s'il est accompagné de ses enfants. Eh bien, ce parent a une excuse légitime pour traverser une frontière internationale en ayant plusieurs passeports en sa possession, parce que, bien évidemment, il est accompagné de ses enfants. Mais à part les cas de ce genre, nous voulons obliger la personne qui est en possession de plusieurs pièces d'identité délivrées par le gouvernement à fournir des explications. Comme je l'ai donc dit, il y a des dispositions et des critères légèrement différents lorsqu'il s'agit de pièces d'identité délivrées par le gouvernement et non d'autres renseignements. Cela me paraît toutefois tout à fait justifié.
C'est la raison pour laquelle j'apprécie les commentaires et la question que vous avez posée à ce sujet. J'espère que mes commentaires ont fait ressortir toutes les raisons pour lesquelles ce document est très important.
J'espère que vous serez aussi généreux avec moi que vous l'êtes toujours avec M. Ménard.
Avant de poser mes questions, j'aimerais déclarer, pour le compte rendu, que nous sommes évidemment très favorables à ce projet de loi. Voilà ce qu'a déclaré notre chef, Stéphane Dion, il y a un an au sujet d'un projet de loi majeur de lutte contre la criminalité à Toronto :
Pour protéger les aînés, nous allons donner suite aux recommandations du commissaire à la vie privée sur le vol d'identité. L'an dernier, on a signalé près de 8 000 vols d'identité. Ces crimes ont entraîné des pertes de plus de 16 millions de dollars et la plupart du temps, les victimes étaient des personnes âgées. Les économies de toute une vie de labeur peuvent disparaître en un instant. Il nous faut des lois plus sévères pour prévenir ce genre de délit.
Comme je l'ai expliqué en long et en large dans le discours que j'ai fait à la Chambre et à l'intention des Canadiens qui nous regardent, je vous demande de ne pas donner votre adresse, votre numéro de téléphone, votre numéro de compte bancaire ou votre carte d'assurance sociale pour quelque raison que ce soit, parce qu'il y a des gens qui peuvent, avec ces renseignements, ouvrir des comptes bancaires en votre nom et obtenir des prêts hypothécaires. Les entreprises devraient être prudentes parce que la perte de renseignements concernant leurs employés peut leur coûter très cher.
Nous sommes très heureux que vous vous ayez présenté ce projet de loi, monsieur le ministre. J'aimerais poser quelques questions.
Premièrement, un député conservateur de Saskatoon-Wanuskewin a été victime d'un vol d'identité et a perdu beaucoup d'argent. Bien sûr, il est très en faveur de ce projet de loi. Je pense qu'il s'est trompé lorsqu'il a dit que le gouvernement serait réticent à accepter des amendements. J'espère qu'il ne parlait pas au nom du ministre. Je sais que le ministre n'est pas antidémocratique. Les comités doivent servir à quelque chose. Nous voulons améliorer le projet de loi, si cela est possible et, même peut-être, le renforcer, si c'est ce que proposent certains témoins. J'espère vraiment que le ministre sera disposé à accepter les améliorations apportées au projet de loi si c'est ce qui ressort de nos délibérations.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, d'être venu aujourd'hui présenter un autre projet de loi très important, et j'ajouterais qu'il est attendu depuis longtemps.
Depuis que j'ai été élu en 2004, j'ai eu un certain nombre d'électeurs de ma circonscription, en particulier des personnes âgées, qui m'ont parlé du vol d'identité. Il est probable que tous ceux qui sont ici, tous ceux qui sont des représentants élus, ont entendu parler de ce phénomène.
Cela fait peur aux gens, parce que c'est un peu difficile à comprendre. Les gens savent ce qu'est se faire voler leur tondeuse entreposée dans leur remise, mais c'est bien différent que de constater qu'on a volé votre identité. Il arrive souvent que les gens y voient une intrusion grave dans leur intimité.
Vous aviez commencé à parler, il y a quelques minutes, de certains conseils que vous donniez. Vous aviez tout juste commencé. J'avais très hâte d'entendre ces conseils, parce qu'ils me paraissaient importants. Je vous invite donc à finir ce que vous aviez commencé à dire... et ensuite, s'il reste du temps, j'aimerais poser une autre question.
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Je serais heureux de le faire. Je ne voulais pas empiéter sur le temps de parole de M. Bagnell, parce qu'il avait d'autres questions à aborder.
Un avocat de mes amis suggère de dire aux gens qui vous mettent mal à l'aise, « Non, merci, je ne suis pas intéressé. » Vous répondez toujours la même chose. Quelle que soit la phrase suivante, vous répondez: « Non, merci, je ne suis pas intéressé. »
D'après mon expérience, 80 à 90 p. 100 des gens renoncent à poursuivre la conversation lorsque vous avez répété cette réponse, et près de 100 p. 100 d'entre eux abandonnent lorsque vous avez donné cette réponse trois fois.
Je leur donnais une petite carte en leur disant de la placer près de leur téléphone et que, si quelqu'un les appelait et qu'ils ne se sentaient pas à l'aise de parler à cette personne, elles pouvaient répéter la même chose: « Non, merci, je ne suis pas intéressé. Non, merci, je ne suis pas intéressé. » Et cela suffit.
C'est une de mes suggestions préférées, monsieur Moore.
C'est aux gens de décider s'ils veulent donner de l'argent ou fournir des renseignements. Personne ne devrait les placer dans une situation où ils se sentent mal à l'aise ou manipulés.
Dans ce pays, nous sommes très, très polis. Bien souvent, nous hésitons à interrompre les personnes qui nous demandent des renseignements personnels. J'encourage les gens à répéter la même chose et cela fonctionne habituellement.
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Merci, monsieur le président, je peux vous dire que j'ai apprécié les explications qui ont été données ici.
J'aimerais poser quelques questions au sujet de ce projet de loi. Voilà la question que je me pose. Le Code criminel actuel contient l'infraction de meurtre mais il y a une autre infraction qui réprime la tentative de meurtre.
Lorsque je lis ce document, je ne vois rien qui... Je vois quelques mots qui parlent de tentative mais c'était une tentative de faire quelque chose après avoir obtenu des renseignements personnels. Je ne vois rien dans ce projet de loi qui autorise les enquêteurs à porter des accusations si quelqu'un tentait d'obtenir, de voler ou de réunir des renseignements identificateurs. Toutes les infractions semblent traiter de ces renseignements lorsqu'ils sont déjà en la possession de certaines personnes — par exemple: « quiconque, frauduleusement et sans apparence de droit, a en sa possession ou utilise des données,... fait le trafic de ces données ou permet... ». Mais il n'y a rien d'autre dans ce paragraphe 130(3). J'ai lu le reste du projet de loi et il y a effectivement quelques autres articles qui parlent d'activités malfaisantes une fois les renseignements obtenus mais il ne semble y avoir aucune disposition qui réprime la tentative.
C'est pourquoi je suis très inquiet, étant donné que j'ai un peu de formation en TI, pour ce qui est de la capacité de pénétrer dans les systèmes informatiques ou de tenter de pénétrer dans les systèmes informatiques pour obtenir des renseignements. Je sais qu'il y a eu plusieurs cas ces derniers mois où des grands magasins de détail ont perdu des quantités considérables de données relatives aux cartes de crédit ou à qui l'on a dérobé de grandes quantités de données dans leurs bases de données.
Cela nous amène à un tout autre sujet que je ne veux pas aborder pour le moment, celui de savoir s'il est conforme à l'éthique que des entreprisse conservent des données relatives aux cartes de crédit dont elles n'ont pas vraiment besoin, parce qu'il est possible d'effectuer ce genre de transactions sans que les entreprises conservent la carte de crédit.
Pour ce qui est de la tentative, y a-t-il quelque chose dans les changements proposés ici ou ailleurs dans le Code criminel qui permette d'incriminer la tentative d'obtenir ces renseignements?
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Merci, monsieur le président, et merci à mes collègues.
Je sais que la cloche va sonner dans peu de temps. Je serai donc très bref.
Monsieur le président, j'aimerais présenter la motion suivante, dont avis a été donné au comité la semaine dernière. La motion, dont une copie, en anglais et en français évidemment, a été distribuée aux membres du comité, se lit ainsi:
Que, afin de déterminer si l'article 119 du Code criminel et l'article 41 de la Loi sur le Parlement du Canada constituent actuellement des éléments de dissuasion efficaces pour prévenir les tentatives de corruption des députés fédéraux, ce comité organise des rencontres supplémentaires afin d'étudier immédiatement les allégations à l'effet que Chuck Cadman aurait reçu des offres d'avantages financiers en échange d'un vote favorable aux Conservateurs à la Chambre des communes.
Monsieur le président, voilà le texte de ma motion. Je crois savoir qu'un collègue souhaite y apporter un amendement favorable; il le fera dans un instant.
Monsieur le président, vous remarquerez que nous avons demandé des séances supplémentaires. Il y a plusieurs collègues qui sont plus anciens que moi au comité et je respecte le fait que le comité a, jusqu'ici, et certainement pendant que j'étais membre de ce comité, travaillé de façon collégiale et non partisane; qu'il a, en outre, un ordre du jour très chargé à cause des projets de loi qui sont finalement soumis au comité. Nous ne cherchons nullement à perturber ce processus. Nous ne cherchons pas, non plus, à rendre les travaux du comité plus partisans que nécessaire. C'est la raison pour laquelle nous aimerions convoquer des séances supplémentaires.
Monsieur le président, nous estimons qu'il faudrait prévoir trois ou quatre séances supplémentaires. Cela permettrait probablement de terminer ce sujet. Si la motion est adoptée, nous espérons ensuite que le comité de direction constituera rapidement une liste de témoins et fixera peut-être notre première séance au début du mois d'avril.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur LeBlanc.
J'ai examiné votre motion et j'ai pris une décision que j'aimerais vous exposer.
Je vais d'abord vous dire que je vais déclarer la motion irrecevable, mais je vais vous expliquer pourquoi.
Ma décision est basée sur deux motifs, le premier est que la motion n'entre pas dans le mandat du comité. Deuxièmement, cette motion oblige le comité à agir de façon contraire à l'objectif pour lequel il a été créé.
Pour ce qui est du premier point, à savoir le mandat du comité, il est évident que c'est le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre qui devrait procéder à cette étude. Je vais épargner aux membres du comité la lecture intégrale de l'article du Règlement qui concerne les mandats des comités, mais je vais attirer votre attention sur le paragraphe 108(2) du Règlement qui se lit ainsi:
Les comités permanents, à l'exception des comités énumérés aux paragraphes (2)a), (3)f), (3)h) et (4) du présent article, sont autorisés à faire une étude et présenter un rapport sur toutes les questions relatives au mandat, à l'administration et au fonctionnement des ministères qui leur sont confiés de temps à autre par la chambre. En général, les comités sont individuellement autorisés à faire une étude et présenter un rapport sur:
a) les textes législatifs liés au ministère qui leur est confié;
b) les objectifs des programmes et des politiques du ministère et l'efficacité de leur mise en oeuvre;
c) les plans de dépense immédiats, à moyen terme et à long terme, et l'efficacité de leur mise en oeuvre par le ministère;
d) une analyse de la réussite relative du ministère, mesurée en fonction des résultats obtenus et comparés aux objectifs énoncés;
e) d'autres questions liées au mandat, à l'administration, à l'organisation ou au fonctionnement du ministère que le comité juge bon d'examiner.
Comme les membres du comité peuvent le constater, il n'y a rien dans cette disposition qui justifie une enquête sur des événements précis qui ne concernent pas la gestion et l'efficacité du ministère de la Justice. Le ministère de la Justice est chargé de rédiger les lois mais pas de la mise en oeuvre ou de l'application de ce projet de loi. C'est une question qui relève du Comité de la sécurité publique, qui a un rôle de surveillance sur les organismes d'application de la loi.
Sur le même point, les membres du comité savent parfaitement que la figure centrale de cette affaire était M. Chuck Cadman. En tant que député, M. Cadman devait respecter le code régissant les conflits d'intérêts qui, comme les membres le savent, fait partie du mandat du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Aux termes du sous-alinéa 108(3)a) (viii), le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a reçu pour mandat de procéder à l'examen de toutes questions relatives au code régissant les conflits d'intérêts et la présentation de rapports à ce sujet.
Cette motion mentionne expressément l'article 41 de la Loi sur le Parlement du Canada. Étant donné que le ministère qui a été confié au Comité de la procédure des affaires de la Chambre est le Parlement lui-même, les dispositions de l'alinéa 108(2)a), qui l'autorise à examiner les textes législatifs liés au ministère qui lui est confié, ont clairement pour effet de faire relever du Comité de la procédure des affaires de la Chambre la Loi sur le Parlement du Canada.
Ce fait n'est pas expressément mentionné dans la motion, mais il a été clairement allégué, à la Chambre des communes, au sujet des événements mentionnés dans la motion, que le chef de l'opposition à cette époque avait joué un rôle dans ces événements. Même si aucune preuve définitive n'a été apportée établissant la participation de ce député à ces événements et si les affirmations faites jusqu'ici sont davantage de nature diffamatoire que substantielle, il faudrait que ce député fasse également une enquête aux termes de la Loi sur le Parlement du Canada et du Code régissant les conflits d'intérêts des députés, ce qui ferait encore une fois relever cette enquête du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Pour ce qui est de mon second motif, j'ai décidé que cette motion invitait le Comité de la Justice à faire des choses qui allaient au-delà des objets pour lequel ce comité avait été créé. Cette motion amènerait notre comité à agir comme un juge des faits, ce qui est le rôle des tribunaux et pas le nôtre. Comme nous le savons tous, les tribunaux sont chargés d'appliquer et d'interpréter le droit et non pas de le créer. D'un autre côté, la Chambre des communes et ses députés ont pour rôle de créer les lois et d'examiner les conclusions des tribunaux pour voir si ces lois sont appropriées.
Il est bien établi que ni les comités parlementaires ni le président de la Chambre ne sont en mesure de trancher des questions de fait. En réalité, lorsque des différends sont soulevés à la Chambre au sujet de questions de fait, le président a toujours déclaré qu'il n'était pas en mesure de se prononcer en faveur d'un député et contre un autre. De la même façon, le comité n'est pas un juge des faits et ne devrait pas être invité à prendre ce genre de décision.
On ne s'attend pas à ce qu'un comité parlementaire soit un organisme impartial. De plus, ses règles de fonctionnement et les restrictions apportées aux interrogatoires qui découlent de ces règles ne permettent pas de procéder à des contre-interrogatoires ou à la contestation des faits comme peut le faire habituellement une entité judiciaire ou quasi judiciaire. Je pense que nous serions tous d'accord pour admettre que nous n'avons pas reçu une formation appropriée et que nous ne nous trouvons pas dans une situation qui nous permet de prendre des décisions sur des questions de fait. C'est un des principes fondamentaux d'une loi parlementaire que le Président, et par extension, les comités parlementaires, ne peuvent examiner des questions qui l'obligerait ou les obligeraient, à trancher des questions de ce genre.
Il me paraît évident que notre comité n'est pas en mesure de prendre ce genre de décision juridique et d'examiner la légalité d'une action ou de se prononcer sur les subtilités des rapports entre les lois et les règlements. Le comité n'est pas une cour de justice, ce n'est pas un tribunal. Son personnel et ses membres n'ont pas reçu de formation juridique. Je ne pense pas que l'on puisse le qualifier d'absolument impartial ou de non partisan. Par conséquent, il s'agit là d'une question qui relève des tribunaux. Étant donné qu'aucun organe judiciaire ou quasi judiciaire ne s'est encore prononcé sur cette question, le comité ne peut procéder à l'examen de l'efficacité de cet article tant qu'une telle décision n'aura pas été prononcée. La motion est incomplète et irrecevable.
J'aimerais faire remarquer, à titre personnel, que le comité a fait du bon travail malgré le fait que ses membres ont apporté avec eux des positions partisanes. Nous avons toujours accepté de débattre des projets de loi qui nous ont été soumis. Je serais très déçu de voir le comité se livrer à des jeux politiques, attitude qui a parfois empêché certains autres comités de fonctionner.
Notre comité est chargé d'examiner un nombre important de projets de loi gouvernementaux et d'origine parlementaire. C'est le rôle qui est confié à notre comité et c'est pour l'accomplir que les Canadiens nous ont envoyés à Ottawa. Je serais très déçu de voir notre comité se lancer dans une chasse aux sorcières partisane qui déboucherait sur des accusations infondées, lancées dans le seul but d'impressionner les électeurs.
C'est pourquoi je déclare que cette motion est irrecevable.