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Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Vous devriez tous avoir devant vous l'ordre du jour.
Conformément à l'ordre de renvoi adopté le mardi 16 octobre 2007, nous poursuivons notre examen et nos discussions au sujet du , Loi modifiant la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (méthamphétamine). Il s'agit évidemment d'un projet de loi d'initiative parlementaire.
Monsieur Chris Warkentin, je crois que vous allez nous faire une déclaration d'ouverture.
Je sais, chers collègues, que vous vouliez obtenir davantage d'information, particulièrement de la police; c'est pourquoi nous recevons aujourd'hui M. Michel Aubin, directeur général par intérim, Drogues et crime organisé, ainsi que M. Doug Culver, qui représentent tous les deux la Gendarmerie royale du Canada. Soyez les bienvenus à ce comité. Et nous recevons également Greg Yost, avocat, Section de la politique en matière de droit pénal du ministère de la Justice. Bienvenue à vous aussi.
Monsieur Warkentin, vous avez la parole.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Avant tout, je vous souhaite à tous une très heureuse année. Je suis ravi d'être de retour et j'espère être en mesure, aujourd'hui, de répondre à certaines des questions et des inquiétudes qu'a suscité chez vous mon projet de loi d'initiative parlementaire. Je vais donc commencer par répondre à vos questions; je vous donnerai ensuite des informations complémentaires.
J'ignore si la greffière a pu déjà obtenir une traduction des documents — je ne vais donc pas les déposer maintenant —, mais je tiens à ce que vous sachiez tous que notre bureau s'apprête à diffuser ce matin des communiqués de presse pour informer les Canadiens que la FCM, la Fédération canadienne des municipalités, soutient sans réserve ce projet de loi d'initiative parlementaire. Cet appui est spontané, et nous sommes très contents de faire cette annonce.
Il se pourrait que des gens vous appellent, car nous avons informé les médias que nous revenions discuter de la question devant le comité aujourd'hui. Peut-être recevrons-nous les communiqués de presse avant la fin de la séance, si on a réussi à les faire traduire à temps.
Mais je suis d'abord ici pour tirer au clair certains points qui avaient été soulevés autour de cette table la dernière fois que je suis venu, fin 2007. On avait alors posé des questions sur plusieurs aspects du projet de loi d'initiative parlementaire.
En tant que nouveau député, je suis le premier, dans cette salle, à admettre que parfois nous faisons des erreurs. J'ai pas mal travaillé avec mes collègues du gouvernement, et deux amendements seront présentés devant ce comité — si cela n'a pas déjà été fait —, ce qui, je crois, permettra de dissiper beaucoup des inquiétudes qu'avaient les membres.
Aujourd'hui, j'espère pouvoir répondre aux questions du NPD. Il y avait des questions soulevées par Libby Davies sur la façon dont on traite la méthamphétamine en cristaux dans ce pays. Elle espérait que ce projet de loi permettrait de trouver du financement.
Bien sûr, comme vous le savez tous, un projet de loi d'initiative parlementaire ne permet pas de débloquer des fonds pour quelque traitement ou mesure que ce soit afin de combattre la production ou la consommation de méthamphétamine en cristaux. Mais je tiens à vous assurer que, selon moi, ce projet de loi d'initiative parlementaire est solide et s'inscrit pleinement dans la stratégie nationale antidrogue. Les deux tiers du financement consacré à cette stratégie visent la prévention et le traitement. Cela, combiné au projet de loi d'initiative parlementaire, je veux parler de cette mesure législative, permettra de dissiper les craintes de Mme Davies au sujet de ces problèmes.
Je voulais également parler des inquiétudes de Mme Davies au sujet d'un rapport de la ville de Vancouver qu'elle avait cité. Je crois que les membres du comité sont restés sur l'impression, à la lumière de ce rapport, qu'il n'était pas nécessaire de demander un resserrement de la réglementation.
J'aimerais simplement vous lire la recommandation 27 de ce rapport, que Mme Davies a reprise. Elle dit ceci:
Que la ville de Vancouver demande un resserrement de la réglementation applicable aux précurseurs chimiques qui sont nécessaires à la fabrication de grandes quantités de méthamphétamine, ainsi qu'un renforcement du pouvoir dévolu aux gouvernements fédéral et provinciaux pour la mise en oeuvre de cette réglementation.
Je trouve important que nous sachions et comprenions tous que non seulement la Fédération canadienne des municipalités et d'autres organisations et communautés, partout au pays, demandent ce type de réglementation, mais que la ville de Vancouver s'inscrit aussi dans la droite ligne de cette initiative.
Je ne sais pas si les gens présents dans cette salle ont eu l'occasion de voir le document présenté par les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la Justice. C'est leur rapport sur la méthamphétamine. Essentiellement, ce rapport vient appuyer ce projet de loi d'initiative parlementaire. Je vais vous dire, en m'inspirant de mes notes, ce que ses auteurs préconisent.
Ils demandent que la LRDS soit modifiée pour inclure de nouvelles infractions visant la possession de précurseurs de catégorie A pour la production de méthamphétamine: l'interdiction de produire et de faire le trafic de précurseurs de catégorie A; l'interdiction de posséder de l'équipement, des produits chimiques et d'autre matériel destiné à la production de méthamphétamine; et l'interdiction de vendre de l'équipement, des produits chimiques et d'autre matériel servant à la production de méthamphétamine.
Ce projet de loi suit ces recommandations, et j'exhorte les membres du comité, s'ils ne l'ont pas déjà fait, à lire ce rapport, car il démontre clairement la nécessité d'adopter les mesures qui sont mises de l'avant dans ce projet de loi d'initiative parlementaire.
Ce comité a également eu l'occasion d'entendre des témoins du Bureau des substances contrôlées de Santé Canada. Mme Bouchard a comparu devant votre comité le 13 décembre 2007 et a dit ceci:
Si nous trouvons une personne en possession de ces substances, et que cette personne n'est pas autorisée à les posséder, autrement dit qu'elle n'a pas de permis lui permettant de les posséder, ce n'est pas une infraction du point de vue de la loi, mais une violation du règlement qui exige l'obtention d'un permis pour la possession de ces substances.
Il y a eu des discussions, au sein du comité, pour savoir si ce règlement allait dans le sens de ce que prévoit ce projet de loi d'initiative parlementaire, et Mme Bouchard a apporté les précisions suivantes:
Toutefois, les peines associées à ces infractions ne sont pas très sévères. Elles découlent de l'article 46 de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et elles sont d'un maximum de deux ans. Ce sont donc des peines très légères qui concernent la violation d'un règlement.
Cela a suscité des interrogations. J'espère qu'aujourd'hui nous pourrons répondre à nombre de questions concernant l'efficacité du projet de loi d'initiative parlementaire, notamment en ce qui a trait à la capacité de contrer véritablement les effets dévastateurs de la méthamphétamine en cristaux sur nos communautés.
Nous avons tous vu les reportages dans les médias, nous avons entendu les témoignages de gens gravement affectés par la méthamphétamine en cristaux, et je pense que tout le monde autour de cette table veut que cesse ce fléau.
J'ignore si vous le savez, mais je crois que le 9 janvier, il y a eu un reportage à CTV dans lequel on racontait l'histoire d'une femme, en Saskatchewan, qui voulait poursuivre son fournisseur de méthamphétamine en cristaux. Elle est parvenue à ses fins, mais quand on lui a demandé pourquoi elle considérait que c'était nécessaire, elle a répondu que c'était parce que les gouvernements fédéral et provincial avaient laissé tomber. « L'enquête criminelle n'a pas donné grand-chose, alors ma famille et moi-même étions déçues. Nous avons trouvé une autre façon de demander à ces gens de rendre des comptes, en intentant des poursuites civiles. »
Il est important que nous assumions nos responsabilités, que nous fassions ce que nous demandent les ministres provinciaux, la ville de Vancouver et aussi la Fédération canadienne des municipalités.
Je vous remercie de votre attention. J'espère que nous aurons l'occasion, au cours de cette séance, d'apporter des précisions supplémentaires sur la question, et que nous pourrons travailler ensemble pour combattre cette drogue horrible qui mine nos communautés.
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Monsieur, c'est pour moi un plaisir que d'être de nouveau devant vous aujourd'hui.
Depuis notre dernière comparution, en décembre, la GRC a pu revoir le projet de loi proposé, ainsi que ses amendements, et est maintenant en mesure de faire une recommandation, tel que demandé la dernière fois.
Depuis lors, la GRC a rendu public son Rapport sur la situation des drogues illicites 2006, qui révèle qu'en deux ans, le marché de la méthamphétamine a connu un revirement: le Canada est passé du statut de pays importateur et consommateur à celui de producteur et exportateur. Ceux qui font le trafic de drogues illicites, comme la méthamphétamine, détruisent des vies, des foyers et des communautés, et la GRC demeure pleinement engagée à appliquer les lois pour combattre ces drogues illicites du mieux qu'elle peut.
Comme nous l'avons déclaré dans notre témoignage précédent, les préoccupations de la GRC face à la situation actuelle concernant la méthamphétamine au Canada sont doubles. D'abord, la législation en vigueur prévoit que les enquêtes doivent se poursuivre jusqu'au tout dernier stade du processus de synthèse chimique. Par conséquent, les forces policières doivent souvent attendre qu'un laboratoire soit ouvert et exploité, et que les suspects en soient à la dernière phase de production de la drogue. Les organisations criminelles ne le savent que trop bien; c'est pourquoi elles accumulent souvent des produits chimiques et du matériel avant de passer à la production.
Deuxièmement, les laboratoires clandestins sont une menace importante pour la sécurité du public et des intervenants de première ligne, à cause des risques d'incendie, d'explosion et de contamination des eaux souterraines dus aux sous-produits dangereux découlant de la production. Les laboratoires présentent également d'importants dangers pour l'environnement étant donné que les produits chimiques sont déversés dans les égouts, les toilettes ou directement dans la nature.
La GRC estime que les modifications législatives proposées feront avancer les choses à ce chapitre. Le fait de considérer la possession comme une infraction permet aux autorités policières de faire cesser les opérations avant la production effective puisqu'elles pourront arrêter les personnes impliquées et saisir le matériel. Cela nous permettra non seulement d'être plus efficaces dans notre lutte contre les organisations criminelles, mais cela contribuera également à renforcer la sécurité dans les communautés en réduisant les risques pour la santé et en limitant les menaces environnementales à long terme associées aux laboratoires clandestins.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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C'est vrai pour n'importe quelle opération. Dans le cas d'un complot pour braquage de banque, on n'arrête pas et on n'accuse pas non plus les suspects tant qu'ils n'ont pas été pris sur le fait.
En vérité, j'essaie de vous faire accepter ce que vous semblez ne pas voir, soit qu'actuellement, la loi couvre déjà la plupart de tous ces cas de figure, sauf que dans votre cas, le projet de loi se concentre sur la prévention de la production de méthamphétamine en cristaux; c'est-à-dire qu'on veut s'attaquer au laboratoire clandestin avant qu'il ne commence la fabrication de la drogue.
Vous incluez même la camionnette. Si une camionnette est utilisée dans les opérations, elle est également visée par le projet de loi. Une camionnette est une camionnette. À quel moment envisagez-vous d'invoquer la notion d'intention? Quand devient-il nécessaire d'invoquer l'intention d'utiliser une camionnette dans la production de méthamphétamine en cristaux, et que se passe-t-il si elle a deux propriétaires?
J'ai du mal à comprendre, d'un point de vue légal, quand votre projet de loi doit s'appliquer. À l'intention de qui fait-on allusion et à quel moment faut-il intervenir?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bien sûr, je vous remercie de nous avoir fourni le rapport des ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux. Il va sans dire qu'il nous aurait été utile de le lire avant, mais nous allons le lire ce soir.
Vous dites que les ministres de la Justice ont recommandé ce projet de loi. Je comprends que vous soyez solidaire de l'amendement déposé par M. Moore, donc de l'amendement du gouvernement. Je comprends aussi que cet amendement, si on devait l'assimiler à une des recommandations, ce serait probablement à la synthèse, non pas chimique mais littéraire, des recommandations 15, 16 et 17 du rapport du groupe de travail.
Par ailleurs, c'est un amendement dont on peut comprendre la nature, mais qui, sur le plan de l'opérationalisation, me semble poser problème. D'abord, en termes de mens rea, il est très important. En droit, l'intention coupable n'est jamais une question facile. En fait, elle est toujours très difficile. Elle est plus difficile encore que l'actus reus. J'aimerais que vous soyez plus explicite. Je comprends que le ministère appuie l'amendement. Si vous ne l'avez pas dit, j'apprécierais que vous vous engagiez très clairement à ce sujet.
Vous dites que la vertu de cet amendement est le fait qu'on puisse intervenir avant la phase finale de la production. Il y a là un côté précurseur qui peut être intéressant. Par contre, j'aimerais savoir combien de substances peuvent contribuer à la production de la méthamphétamine et comment on va procéder si un citoyen se trouve en possession de l'une de ces substances. Jusqu'où va-t-on aller en termes d'escalade? Jusqu'à quel point va-t-on permettre d'identifier l'intention coupable? J'aimerais que vous me rassuriez sur la portée du projet de loi. Vous êtes certain, ce qui veut dire que le ministère de la Justice du Québec appuyait techniquement cet amendement. Je pars du principe que le ministère fédéral de la Justice a appuyé le caractère opérationnel de l'amendement.
Commençons par le ministère de la Justice; nous passerons ensuite à vous.
Monsieur Aubin, peut-être souhaiterez-vous nous dire en quoi ça va faciliter le déroulement de l'enquête. La dernière fois, vous étiez un peu plus dubitatif, mais la période des fêtes vous a peut-être permis de réaffirmer votre jugement à ce sujet. Ce n'est pas un problème: tout le monde évolue.
Commençons par vous, monsieur Yost.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous également, monsieur Warkentin, de témoigner une seconde fois devant le comité.
Depuis votre dernière comparution, vous nous avez parlé de la Fédération canadienne des municipalités. Nous avons d'ailleurs entendu, par téléconférence, le maire d'une ville d'Alberta, mais j'aimerais en savoir davantage.
J'ai également appris aujourd'hui que le Canada était passé, au cours des quelques dernières années, d'importateur net de méthamphétamine à exportateur. J'aimerais donc que vous nous disiez ce qu'en pensent les forces de police, les mairies et la Fédération canadienne des municipalités. Le fait que celle-ci souscrive à votre projet de loi d'initiative parlementaire est d'ailleurs non négligeable, et je vous en félicite, puisqu'il s'agit d'une organisation d'envergure nationale.
Je voudrais en profiter pour mentionner l'amendement que le gouvernement a proposé, comme vous le savez. Vous pourrez nous en parler, mais je voudrais d'abord préciser, pour la gouverne du comité, que le gouvernement a simplement ajouté les notions d'importation et d'intention criminelle, pour dissiper les doutes soulevés, à juste titre, par certains membres du comité. Il est évidemment essentiel que l'individu visé sache que les substances en question seront utilisées illégalement.
Alors, pourriez-vous nous parler, de façon générale, de l'appui dont bénéficie votre projet de loi? Et que pensez-vous de l'amendement du gouvernement?
Je vais commencer par les amendements du gouvernement. Ils me plaisent bien parce que je pense qu'ils clarifient les choses et qu'en droit, la clarté est essentielle. Je remercie donc le gouvernement du travail qu'il a fait pour établir et garantir la mens rea incluse dans le projet de loi, afin que l'application de la loi passe par le fardeau de la preuve de l'intention. Comme témoignage, je dirai que je n'ai jamais eu l'intention de poursuivre des innocents et de les placer en position compromettante parce qu'ils se sont trouvés à transporter des agents blanchissants et des médicaments contre le rhume dans leur camion. Nous voulons garantir que l'intention sera prouvée. Je vous suis donc reconnaissant de ces modifications, et je pense que c'est fantastique.
Il faut bien reconnaître que même dans le règlement qui régit les précurseurs, il y a des problèmes... L'exportation de ces précurseurs sans permis est passible d'une peine plus grave que la possession de ces substances chimiques au pays sans permis. Il y a donc une contradiction.
Comme d'autres l'ont dit, il faut comprendre que nous sommes passés d'un pays importateur à un pays exportateur. Il est clair que nous fabriquons du crystal meth ici pour consommation nationale, ce qui est nouveau depuis quelques années, et nous voulons que cela cesse.
La mairesse McQueen a témoigné devant ce comité par téléconférence. Sa collectivité est extrêmement touchée par le crystal meth, et les gens des environs de sa municipalité voient toutes les horreurs du crystal meth. Je suppose que c'est ce qui m'a poussé à militer pour un tel changement, parce que j'en ai vu les effets sur le terrain. J'ai vu des familles déchirées par cette drogue.
C'est l'expérience que j'ai bel et bien vécue avec les agents de la GRC que j'ai rencontrés dans ma collectivité, mais depuis que j'ai déposé ce projet de loi d'initiative parlementaire, que les médias s'intéressent à la question, je reçois des appels de familles des quatre coins du pays qui essaient désespérément de sensibiliser leur collectivité à ce problème.
La dernière fois que je suis venu ici, j'ai mentionné que le fait d'avoir déposé ce projet de loi m'a donné une voix publique auprès des jeunes, qui me permet de leur expliquer les dangers de cette drogue et le fait qu'elle peut leur être vendue sous une autre forme, comme de l'ecstasy ou d'autres produits. J'ai la chance de le faire et j'espère vraiment qu'en travaillant ensemble, nous pourrons protéger nos collectivités contre cette drogue destructrice.
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Oui, il s'agit de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
Pour répondre à votre autre question, les fonctionnaires des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux travaillent depuis longtemps à diverses questions liées aux drogues. Il y a un projet de loi à la Chambre en ce moment pour modifier la Loi réglementant certaines drogues et autres substances afin de réviser les peines minimales obligatoires, entre autres.
Cela fait partie d'un rapport dans lequel sont présentées diverses recommandations fédérales et provinciales. Il y a d'autres mesures qui sont toujours envisagées et qui pourraient être prises un moment donné, mais la modification proposée par les députés du gouvernement, sur la méthamphétamine en particulier, répondrait bien à ce que nous avons recommandé dans le rapport sur la méthamphétamine. Compte tenu de tous les torts qu'elle cause, le problème de cette drogue a été posé aux fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux: que pouvons-nous faire pour l'enrayer?
Le Code criminel est une chose. Il y a des mesures dans le rapport qui touchent l'éducation, entre autres, qui pourraient faire l'objet d'une intervention communautaire, donc il faut en faire encore plus, mais cela répond directement à la recommandation formulée dans le rapport de juillet dernier afin de modifier la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
En fait, ma question porte sur l'amendement que propose le gouvernement sur les peines.
Je constate qu'il s'agit ici d'un projet de loi d'initiative parlementaire portant sur un aspect de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances et une substance ou plutôt, un groupe de substances chimiques. La peine passe de trois à dix ans, et je ne suis pas certaine de comprendre pourquoi.
Il me semble un peu sélectif de prendre un seul élément. Si nous voulons modifier le Code criminel, nous devons avoir de bonnes raisons. Je pense qu'il faudrait les expliquer, que le député à l'origine de ce projet de loi nous les explique. J'aimerais également savoir ce qu'en pense monsieur l'avocat.
Si ce n'est qu'arbitraire, alors ce pourrait être n'importe quoi. Il nous faut des raisons pour faire ce genre de chose dans un projet de loi. Il ne peut pas s'agir simplement de motivations politiques. Il doit y avoir une justification et un fondement en droit.
Je sais que le ministère de la Justice a préparé un rapport. Je pense qu'il a paru en 2002. Par exemple, je sais que la peine minimale obligatoire pour les crimes liés à la drogue ne semble pas particulièrement efficace. Ce n'est toutefois pas ce de quoi il s'agit ici, mais je pense qu'il nous faudrait des preuves qu'en augmentant autant les peines, nous allons arriver à quelque chose. Je me demande si le député ou les gens du ministère de la Justice ont des explications à nous donner pour nous renseigner.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Warkentin, je m'excuse de n'être pas arrivée au tout début de la séance. Je pense que vous m'avez vu progresser lentement. Il m'a fallu un peu de temps pour arriver ici de l'édifice du Centre.
J'ai lu votre projet de loi. Depuis qu'il a été présenté pour la première fois, je participe activement aux discussions au sein de mon caucus sur votre projet de loi et je l'appuie, surtout depuis que les problèmes soulevés ont été corrigés grâce à l'amendement du gouvernement.
J'ai toutefois une question, et monsieur Yost, vous êtes probablement la personne la mieux placée pour y répondre.
Cet amendement s'appliquerait à une personne qui possède, produit, vend ou importe une substance destinée à la production ou au trafic d'une substance énumérée à l'article 18 de l'annexe en toute connaissance de cause. S'appliquerait-il à une société qui produit une substance devant absolument entrer dans la composition du crystal meth si elle fait preuve de tant de laxisme dans ses contrôles internes et ses mesures de sécurité qu'il est très facile pour ses employés de voler de grandes quantités de produits, puis de les vendre? S'appliquerait-il à cette société?
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Un jour, je demanderai à Paul Saint-Denis comment il a réussi à être à Bali plutôt qu'ici en ce moment.
De toute évidence, il ne s'agit pas d'un amendement du gouvernement. Il n'est toutefois pas inhabituel, j'imagine, qu'un gouvernement et le ministre responsable se demandent si cette mesure comporte des lacunes sur lesquelles le comité devrait se pencher, et, si c'est le cas, quelles sont-elles et comment il est possible d'y remédier. C'est ce que nous faisons en ce moment.
Le comité peut certes adopter ou non cet amendement. Un des problèmes qui a été relevé par le ministère de la Justice, et dont nous avons déjà parlé, est le fait que le projet de loi est trop précis; il faudrait inclure tous les sels et leurs dérivés. La loi actuelle contient des articles concernant la production, l'importation et l'exportation, le trafic, etc., et dans le projet de loi, on avait omis d'inclure l'importation. Cela semblait avoir été oublié. Il y a aussi la question de la peine d'emprisonnement. Quelle serait la peine la plus appropriée dans ce cas-ci? J'ai abordé ce sujet plus tôt en réponse à certaines questions. La peine prévue actuellement pour le trafic, la production, etc. d'une substance inscrite à l'annexe III est de 10 ans d'emprisonnement au plus, et c'est donc ce qui semble être la peine appropriée, surtout si l'intention était là.
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Monsieur le président, au fond, je pense que vous avez bien fait de statuer sur la portée du projet de loi. Je pense aussi qu'on doit faire preuve de flexibilité face à un projet de loi émanant des députés. On a peut-être moins de flexibilité lorsqu'il est question de politiques gouvernementales puisque, évidemment, on part du principe qu'un député n'a pas les mêmes ressources que le gouvernement. J'avoue cependant que quelque chose me trouble. Je le dis avec beaucoup de déférence et d'amitié parce que nous allons appuyer le projet de loi, et je pense que le député a mis le doigt sur un problème qui mérite considération. Il y a 14 ans que je suis ici; ça fera 15 ans l'an prochain. Or, il y a toujours eu une étanchéité très marquée entre le ministère de la Justice et les rédacteurs de lois de la Chambre. Il faut protéger cette étanchéité au nom de l'égalité de traitement. Tous les députés qui ne sont pas ministres doivent recevoir le même traitement.
Il est souvent arrivé que le ministère de la Justice comparaisse comme expert pour se prononcer sur la substance d'un projet de loi. Cette fois-ci, on a clairement l'impression qu'il s'agit d'autre chose. Je ne dis pas cela pour mettre notre témoin dans l'embarras. Il n'a évidemment pas d'autre but que de bien servir le comité.
J'aurais envie de poser une question au gouvernement. Ce n'est pas un amendement du gouvernement, M. Lee a tout à fait raison, mais en même temps, tous les parlementaires peuvent amender un projet de loi émanant des députés. Ce n'est pas un problème. Qui est le rédacteur de l'amendement? Est-ce le ministère de la Justice ou les rédacteurs de loi de la Chambre? J'espère que ce sont les rédacteurs de loi de la Chambre, parce qu'on doit sauvegarder le principe selon lequel le gouvernement n'a pas à intervenir dans la rédaction des projets de loi émanant des députés. Par ailleurs, tous les députés doivent profiter des mêmes ressources. Je veux simplement qu'on s'assure de sauvegarder ce principe, et j'espère que M. Yost et le secrétaire parlementaire peuvent donner la garantie au comité que l'amendement a été rédigé par les rédacteurs de loi de la Chambre. Ce principe est important.
Pour ce qui est du reste, monsieur le président, je pense que le député a fait son travail, et c'est tout à son honneur.
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L'amendement est-il adopté?
(L'amendement est adopté. [Voir leProcès-verbal.])
(L'article 1, tel qu'il a été modifié, est adopté.)
Le président: Le titre est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: Le projet de loi, tel qu'il a été modifié, est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: La présidence doit-elle faire rapport à la Chambre du projet de loi, tel qu'il a été modifié?
Des voix: D'accord.
Le président: Le comité doit-il demander une réimpression du projet de loi à l'intention de la Chambre pour l'étape du rapport?
Des voix: D'accord.
Le président: La séance est levée.