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ACVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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CANADA

Comité permanent des anciens combattants


NUMÉRO 011 
l
2e SESSION 
l
40e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le lundi 30 mars 2009

[Enregistrement électronique]

(1530)

[Traduction]

    Bon après-midi, mesdames et messieurs. Je vous souhaite la bienvenue à la séance portant sur le Projet Mémoire de l'Institut du Dominion.
    Je faisais aujourd'hui l'éloge de l'Institut du Dominion, faisant valoir que c'est l'une de ces institutions gardiennes de l'histoire du Canada. Nous sommes donc très heureux d'accueillir aujourd'hui Jeremy Diamond et Marc...

[Français]

[Traduction]

    Pardon, monsieur... et George MacDonell, qui feront un exposé.
    Traditionnellement, nous accordons aux témoins une vingtaine de minutes pour faire un exposé. Ferez-vous tous une brève présentation au début?
    Oui, Jeremy et moi-même traiterons brièvement du Projet Mémoire et de l'Institut du Dominion, ainsi que de nos travaux. À nous deux, nous devrions prendre une dizaine de minutes. M. MacDonell parlera ensuite de son expérience en tant qu'ancien combattant dans le cadre du Projet Mémoire, ce qui ne prendra pas plus que 10 minutes. Nous essaierons de limiter notre intervention à 20 minutes pour nous trois.
    Très bien. Après les exposés, nous effectuerons des tours de questions en rotation. Nous suspendrons la séance à 17 h 15, car nous devons nous occuper de certaines questions intéressant le comité et nous ne souhaitons pas vous imposer cette épreuve.
    Sans plus tarder, je vous laisse la parole. Vous pouvez commencer votre exposé. Merci.
    Je vous remercie, monsieur le président.

[Français]

    Je m'appelle Marc Chalifoux et je suis le directeur exécutif de l'Institut du Dominion. Je suis accompagné de mon collègue Jeremy Diamond, qui est notre directeur administratif, et de M. George MacDonell,

[Traduction]

    qui est l'un de nos meilleurs bénévole, un homme dévoué qui travaille pour le Projet Mémoire depuis longtemps.
    Nous voudrions, tous les trois, vous expliquer un peu les travaux de l'Institut du Dominion, plus particulièrement notre programme phare, le Projet Mémoire, qui fait le lien entre les anciens combattants et les jeunes Canadiens de toutes les régions du pays. Je traiterai ensuite brièvement de certaines recherches d'opinion publique que nous avons effectuées, car elles concernent la question des anciens combattants. Je crois que ces renseignements pourraient vous être utiles ultérieurement en étayant vos recherches et vos travaux. Nous parlerons ensuite de l'avenir du Projet Mémoire. Puis M. MacDonell vous fera part de sa propre expérience, lui qui s'implique depuis sept ans comme ancien combattant dans le cadre de ce projet.
    Quelques-uns d'entre vous se rappelleront de nous avoir rencontrés lors du déjeuner du Projet Mémoire qui a eu lieu au Crown Plaza le 26 février. Je vous remercie beaucoup d'avoir accepté de nous voir de nouveau; c'est avec grand plaisir que nous témoignons aujourd'hui.
    En quelques mots, je dirai que l'Institut du Dominion est un organisme de bienfaisance national fondé en 1997. Notre but, notre objectif, notre mission consistent à former des citoyens plus actifs et plus engagés en développant leurs connaissances et leur compréhension de l'histoire du Canada. Nous considérons cette dernière comme notre passé, mais également comme notre identité et un hommage à la démocratie. Nous élaborons donc des programmes sur ces thèmes.

[Français]

    Depuis sa création il y a maintenant 12 ans, l'Institut du Dominion aurait été mentionné environ 4 000 fois dans les médias, que ce soit dans les journaux ou à la télévision. Pour un organisme qui emploie six personnes à temps plein, c'est une moyenne d'environ deux mentions par jour dans les journaux. Nos projets ont donc une certaine visibilité, et une partie de cette visibilité vient de notre travail d'opinion publique.
    L'institut a été fondé en 1997 à la suite d'un sondage publié au moment de la Fête du Canada. Ce sondage démontrait que la moitié des Canadiens ne connaissaient pas le nom du tout premier premier ministre du Canada, ce qui avait fait les manchettes un peu partout. C'est ainsi qu'on a commencé à développer des projets exécutifs.

[Traduction]

    L'Institut a produit environ 18 heures d'émissions télévisées, surtout des documentaires, et a publié 14 livres, dont trois succès de librairie.
    Outre le Projet Mémoire, nous tenons ardemment à garder l'histoire vivante et actuelle. Dans le cadre d'un programme appelé Passages vers le Canada, environ 600 dirigeants immigrants se rendent dans les écoles pour parler du rôle des immigrants dans l'histoire du Canada. Nous tenons également un concours canadien de rédaction pour Autochtones, qui permet à de jeunes écrivains autochtones de parler de l'histoire de leur peuple dans l'histoire du pays.
    Un thème se dégage de notre manière d'aborder l'histoire: relater une histoire englobant toutes les facettes du Canada, notamment l'histoire militaire et le rôle du Canada à l'étranger, ainsi que l'histoire des immigrants et des Autochtones.
    Parmi les campagnes qui ont connu le plus grand retentissement figure une pétition en ligne lancée en 2006 pour la tenue de funérailles nationales pour le dernier ancien combattant vivant, une initiative qui nous a permis de recueillir 100 000 signatures et conduit à l'adoption d'une motion à la Chambre des communes. Nous avons également travaillé au film de Passchendaele, voyant ce dernier comme un important outil pédagogique sur le rôle du Canada dans la Première Guerre mondiale. L'histoire du Canada est donc passée en multimédia.
    Nous aimons croire que nous sommes également des adeptes de la haute technologie. En 2004, nous avons organisé la première campagne en messagerie texte destinée aux jeunes Canadiens afin de permettre à ces derniers de devenir des citoyens et d'éventuels électeurs actifs.
    Jeremy parlera un peu du Projet Mémoire, qui est probablement notre programme le plus connu.
(1535)
    Je remercie le président et les membres du comité de nous avoir permis de témoigner aujourd'hui.
    Le Projet Mémoire est un programme qui me tient particulièrement à coeur. J'ai commencé à travailler avec les anciens combattants à l'institut il y a environ cinq ans. Les débuts ont été plutôt modestes. Le programme a été lancé à Toronto par une douzaine d'anciens combattants qui s'inquiétaient de voir s'éroder le souvenir de notre histoire militaire dans les écoles. Ils considéraient qu'en se rendant dans les classes pour faire part de leur vécu et de leurs expériences uniques, ils avaient une chance en or de faire le lien avec les jeunes et de compléter utilement les programmes d'enseignement en étayant ce que les jeunes avaient déjà à apprendre, particulièrement sur la Seconde Guerre mondiale.
    Il est devenu notre programme phare lorsqu'il a commencé en 2001 avec une douzaine d'anciens combattants. Il compte maintenant environ 1 500 participants à l'échelle du pays. Nous avons été représentés dans des centaines de collectivités de toutes les provinces du pays et avons touché près d'un million de Canadiens au cours des neuf dernières années. Nous prévoyons qu'au début de l'automne, au cours de la prochaine année scolaire, un de nos anciens combattants rendra visite au millionième jeune dans une salle de classe, ce qui est à notre avis remarquable. Nous espérons que les premiers élèves du secondaire que nos anciens combattants ont visités il y a sept ou huit ans, qui sont maintenant à l'université ou peut-être même un peu plus vieux, transmettront ces souvenirs à leurs propres enfants dans 15 ou 20 ans.
    En 2005, nous avons maintenu notre solide partenariat avec la Légion royale canadienne, et le Projet mémoire est devenu le bureau officiel du porte-parole de la Légion dans les écoles. Forts de cette importante relation, nous pouvons aller dans toutes les collectivités du pays pour encourager les membres de la Légion à se joindre au programme en tant que conférenciers et de faire également participer leur réseau d'écoles dans les collectivités de toutes les régions du Canada.
    Nos anciens combattants bénévoles ont pris part à pour ainsi dire tous les conflits auxquels a participé l'armée canadienne au cours des 65 dernières années, qu'il s'agisse de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre de Corée, des missions de maintien de la paix de l'ONU ou de la guerre froide, et même les hommes et les femmes revenus récemment d'Afghanistan. Ces derniers vont dans les écoles pour raconter aux jeunes leurs histoires, qui sont très récentes -- un an ou deux à peine -- un peu à la manière des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée.
    Nous organisons plus de 700 visites d'anciens combattants chaque année, dans probablement 300 collectivités, et il semble que nous recevions toujours plus de demandes de professeurs et que de plus en plus d'anciens combattants sont intéressés à participer. Nous croyons donc au bien fondé de notre entreprise.
    Au fil des ans, le gouvernement fédéral a été un important partenaire, versant plus de 1,2 million de dollars venant d'Anciens combattants Canada et 500 000 à 600 000 $ par l'entremise du ministère du Patrimoine canadien. Nous avons ainsi pu non seulement encourager les anciens combattants à visiter les écoles, mais également leur offrir des séances de formation et d'orientation pour voir ce qui fonctionnait ou pas dans les classes. De plus, nous les préparons et leur donnons des conseils et des suggestions pour parler efficacement en classe.
    Les Archives numériques du Projet Mémoire, un projet dérivé du bureau du porte-parole, visent à encourager les anciens combattants à nous donner des témoignages et des artéfacts afin de créer un projet commémoratif qui pourrait se poursuivre dans les salles de classe et les collectivités pendant de nombreuses années. Les archives contiennent actuellement plus de 1 000 témoignages oraux d'anciens combattants et plus de 5 000 artéfacts, comme des photographies, des lettres et des médailles, que nous avons numérisés. Ils se trouvent sur notre site Web, où des écoles les ont consultés ces dernières années pour réaliser des projets sur les anciens combattants de leur collectivité. Nous espérons que dans l'avenir, nous pourrons nous engager fermement à enregistrer et à numériser les témoignages et les artéfacts de tous les anciens combattants qui le souhaitent, afin d'assurer la pérennité de leurs souvenirs pour les générations à venir.
    J'ai mentionné au début que l'Institut du Dominion a fait un coup d'éclat dès sa fondation, en 1997, en menant un sondage pour évaluer ce que les Canadiens connaissaient, ou ignoraient, de leur histoire. Ce sondage a permis de démontrer que seulement la moitié des Canadiens savaient qui était Sir John A. Macdonald. Cette nouvelle a connu tout un retentissement dans les médias.
    Nous continuons depuis de réaliser des sondages d'opinion, mais je ne veux pas vous ennuyer avec des tonnes de données. Je serai heureux de vous communiquer les résultats de nos recherches, qui sont publiés sur notre site Web. Je voudrais toutefois faire ressortir trois tendances et mettre l'accent sur trois aspects.
    Il y a notamment ce que nous avons découvert au cours des 12 années d'existence de l'institut concernant les connaissances de la population en général sur l'histoire militaire. J'aimerais ensuite aborder brièvement l'attitude des Canadiens à l'égard du souvenir. Je parlerai également d'un sondage effectué auprès des anciens combattants du Projet Mémoire.
    Au cours des 10 premières années d'existence de l'institut, nous avons constaté qu'en général, malgré tous nos efforts, les connaissances des Canadiens de l'histoire politique de leur pays ont malheureusement diminué. Si on demande aux Canadiens de dire l'année de la Confédération ou le nom du premier premier ministre du Canada dans un questionnaire à choix multiples, on constate que leurs connaissances ont diminué.
    Nous avons toutefois été légèrement encouragés, particulièrement en regard des efforts que nous déployons dans le cadre du Projet Mémoire, de voir que les connaissances générales des Canadiens au sujet de notre histoire militaire se sont améliorées entre 1997 et 2007. Le mérite de cette amélioration, légère, mais indiscutable, ne nous revient évidemment pas entièrement. On a tenu des campagnes d'éducation populaire, que le comité connaît très bien, à l'occasion du 90e anniversaire de la Bataille de la crête de Vimy et de l'Année des anciens combattants, en 2005. Il semble que ces démarches portent fruit, puisque les connaissances des Canadiens au sujet de leur histoire militaire se sont quelque peu améliorées au cours des 10 à 12 années d'existence de l'institut.
     À l'occasion du Souvenir, en novembre 2008, nous avons évalué l'attitude des Canadiens concernant la commémoration. Comme vous le savez, l'an dernier marquait le 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Nous avons demandé aux Canadiens s'ils étaient d'accord ou en désaccord avec quelques énoncés. Nous leur avons notamment demandé s'il est important de commémorer l'histoire militaire du Canada. Nous avons constaté que 92 p. 100 des répondants étaient d'accord avec cet énoncé, 59 p. 100 disant qu'ils étaient entièrement d'accord. Nous leur avons ensuite demandé si nous devrions en faire plus pour faire connaître à nos jeunes notre histoire militaire. Ici encore, 90 p. 100 des répondants étaient d'accord et 53 p. 100 étaient entièrement d'accord.
    Dans le diaporama, j'ai présenté les chiffres du Québec dans une colonne distincte, car c'est là que nous observons les variations les plus importantes. Lorsque j'effectuais des entrevues sur notre histoire militaire, des journalistes m'ont fait remarquer que le Québec suit parfois ses propres tendances à cet égard. Je crois que les données du sondage montreront que même si les niveaux de soutien relatifs à ces énoncés sont légèrement inférieurs, la variation est en fait infime.
    L'institut se considère comme une organisation nationale qui s'intéresse tant aux francophones qu'aux anglophones du Canada. Je crois que nous disposons d'un terreau fertile pour le type de travaux et d'activités commémoratives que nous mettons en oeuvre et que le comité examine.
    L'an dernier, nous avons réalisé un sondage auprès des anciens combattants du Projet Mémoire, dont voici quelques faits saillants. Ce sont des facteurs qu'il faut garder à l'esprit lorsqu'on envisage des activités pour favoriser la rétention des souvenirs. Quatre-vingt pour cent des anciens combattants ont dit qu'ils se préoccupaient de la façon dont les Canadiens se souviendront de la Seconde Guerre mondiale quand tous les anciens combattants seront décédés. Soixante-dix-huit pour cent ont indiqué qu'ils estiment que les Canadiens oublient rapidement l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et 53 p. 100 ont dit que les gens les interrogeaient plus que jamais sur leur expérience militaire.
    En ce qui concerne le Projet Mémoire, les deux-tiers, soit 63 p. 100, estiment que les programmes mis en oeuvre dans les écoles constituent le moyen le plus efficace de faire connaître notre histoire militaire aux jeunes Canadiens. C'est un fait que nous avons découvert. Et même si le Projet Mémoire s'adresse aux élèves et aux enseignants, neuf anciens combattants sur dix ont déclaré que le fait de parler aux élèves de leur expérience militaire est l'une de leurs activités bénévoles les plus valorisantes.
    Jeremy, peut-être voudriez-vous dire quelques mots au sujet de l'avenir du Projet Mémoire?
(1540)
    Je vous remercie, Marc.
    Nous avons célébré le huitième anniversaire du Projet Mémoire, et je dirais probablement que nous sommes en quelque sorte à la croisée des chemins. Nous avons le luxe, si je puis dire, d'avoir parmi nous trois générations d'anciens combattants vivant en même temps, soit les participants à la Seconde Guerre mondiale, les anciens membres des missions de maintien de la paix et les soldats ayant combattu en Afghanistan. Nous voulons tenir compte de ces trois groupes et encourager le plus grand nombre d'anciens combattants possible à devenir bénévoles pour le Projet Mémoire tant qu'ils en sont encore capables, qu'ils aient participé à la Seconde Guerre mondiale ou à la guerre de Corée. Comme nous le savons, les anciens combattants ont en moyenne 86 ans, et force nous est d'admettre qu'il ne leur reste plus beaucoup de temps pour effectuer des visites dans les écoles. Nous pouvons voir que le sentiment d'urgence qu'éprouvent les enseignants qui veulent inviter des anciens combattants dans leurs classes se retrouve chez les anciens combattants, qui sont également intéressés à y aller. Nous allons donc nous employer à convaincre les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée de se joindre à nous et à faire part de leur expérience.
    Ensuite, je crois que nous devons nous intéresser à la prochaine génération d'anciens combattants et à la possibilité de faire participer, de manière différente, la jeune génération, ce que nous appelons la nouvelle génération — nos soldats de maintien de la paix de l'ONU, les anciens combattants de l'OTAN et de la guerre froide et, particulièrement, les hommes et les femmes actuellement en poste en Afghanistan. Nous savons que présentement, environ 500 anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale meurent chaque semaine au Canada. Plus de 2 000 d'entre eux disparaissent chaque mois au Canada. Cette statistique frappante fait vraiment comprendre que pendant que nous encourageons les anciens combattants à devenir bénévoles, nous devons chercher d'autres hommes et d'autres femmes qui peuvent également contribuer à l'histoire militaire du Canada. Et pour y parvenir, nous devons aller vers eux, nous rendre sur les bases des Forces canadiennes, dans leurs régiments ou leurs unités, ou parler aux dirigeants de l'Association canadienne des vétérans des forces de la paix pour les Nations Unies et des organisations de maintien de la paix de l'OTAN pour les encourager à se joindre au Projet Mémoire afin de partager leurs souvenirs avec les jeunes.
    Mais pour solidifier la place du Projet Mémoire dans l'avenir comme outil d'éducation important, nous devons travailler avec nos écoles et nos enseignants. Comme tout le monde dans cette pièce le sait, plusieurs anniversaires importants auront lieu au cours de la prochaine année, à commencer par le 65e anniversaire du jour J, en juin prochain, jusqu'au 65e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et dans le Pacifique, l'année prochaine. Ces anniversaires vont nous donner l'occasion d'offrir des ressources et des documents pédagogiques d'excellente qualité aux enseignants et de nous assurer une présence dans les écoles.
    Vous trouverez dans votre liasse un document que nous avons préparé récemment pour souligner l'importance du Canada pour le jour J et la Normandie. Nous l'avons envoyé à 50 000 enseignants de toutes les régions du Canada et leur avons également offert la possibilité d'inviter un ancien combattant de leur collectivité ayant participé au jour J pour qu'il vienne parler de ce qu'il avait vécu sur le terrain. Nous avons toujours fait valoir que le Projet Mémoire et les anciens combattants qui y participent donnent de véritables exemples de l'histoire canadienne, des exemples concrets de ce qui s'est passé et de ce qui a été vécu, qui peuvent compléter véritablement la matière enseignée aux élèves canadiens. Les jeunes peuvent ainsi avoir une idée concrète de ce qui s'est passé, serrer la main d'anciens combattants et les remercier de leur contribution, mais également leur poser de vraies questions: qu'est-ce qui s'est passé, comment vous sentiez-vous et qu'est-ce que vous avez vraiment accompli? Je crois que c'est ce qui touche le plus les jeunes.
(1545)
    C'est ce qui conclut la première partie de notre exposé. Vous aurez maintenant le privilège, comme des milliers de jeunes gens partout au pays et dans la région du Grand Toronto, d'entendre M. George MacDonell. M. George MacDonell est un des excellents bénévoles qui offrent de leur temps au Projet Mémoire. C'est un bon ami de l'institut. Il nous raconte son histoire. Je crois qu'il a effectué quelques 200 visites auprès des enfants. Si quelqu'un peut vous parler du Projet Mémoire mieux que Jeremy et moi-même, c'est bien lui. Son histoire est incroyable. Il a d'ailleurs consigné ses souvenirs dans un livre il y a quelques années, intitulé One Soldier's Story. Il en a apporté une copie au président en guise de remerciement pour nous avoir reçus aujourd'hui. C'est un récit fantastique.
    Monsieur MacDonell.
    Monsieur le président et membres du comité, c'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui afin de discuter du fantastique travail de l'Institut du Dominion.
    Enseigner l'histoire militaire à nos élèves m'a appris différentes choses, certaines assez surprenantes, et j'ai pensé vous en faire part. J'ai passé environ 200 heures dans des écoles secondaires en compagnie d'élèves à leur avant-dernière ou dernière année d'études secondaires.
    Je soulignerais d'abord que les meilleurs enseignants comprennent que l'histoire militaire et l'histoire en général sont intimement liées à nos idéaux de liberté et de démocratie. Les enseignants me répètent sans cesse que nos élèves croient que la liberté, c'est comme l'oxygène: elle est là, on la respire et c'est gratuit. Ils s'imaginent très mal comment nous devons gagner cette liberté, comment nous l'avons préservée et le prix que nous avons dû payer.
     Quand j'ai dit aux élèves que plus de 116 000 jeunes Canadiens sont enterrés à l'étranger parce que nous avons dû lutter à plus d'une occasion pour défendre notre liberté, ils comprennent un peu mieux comment l'histoire de notre peuple et l'histoire militaire sont interreliées et pourquoi ils peuvent goûter à la liberté aujourd'hui. Ça les étonne beaucoup. Il s'avère extrêmement surprenant et intéressant pour eux, et parfois pour les jeunes enseignants, d'apprendre que la liberté a un prix et qu'il faut la protéger et la préserver.
    J'ai découvert dans les salles de classe de Toronto, où règne une atmosphère très multiculturelle grâce aux différentes nationalités qu'on y retrouve, que les élèves issus d'une autre nationalité s'intéressent énormément à l'histoire militaire canadienne. J'avouerai que je m'attendais plutôt au contraire. On me demande même maintenant d'aller dans les écoles et les grandes églises des communautés chinoises de Toronto, car les dirigeants chinois veulent enseigner à leurs enfants qu'en 1941 les troupes canadiennes les ont aidés à défendre leur terre natale à Hong Kong. Il est très surprenant pour les leaders chinois de constater que leurs enfants n'en savent rien, même s'ils vivent dans ce pays qui leur est venu en aide en 1941, des efforts qui ont eu des résultats désastreux, car toute la force a été anéantie.
    Je dirais même que les élèves de nationalité étrangère sont plus intéressés à notre histoire. Ils veulent connaître tous les détails. Ils n'étaient pas là, et souvent leurs parents n'y étaient pas non plus, mais ils veulent vraiment savoir comment nous devons préserver notre liberté, pourquoi nous sommes différents et comment le tout s'est joué. Nous sommes un petit pays par rapport aux grandes puissances qui ont pris part à la Première et à la Deuxième Guerre mondiale... Comment avons-nous agi? Qu'avons-nous fait? Quel rôle avons-nous joué? Notre liberté était-elle en jeu? Ils aiment notre pays, et son histoire les fascine. Lorsque vient le temps de poser des questions, le premier élève à lever la main dans la classe est un élève qui vient de l'Inde, du Pakistan, de l'Iran, de Hong Kong ou d'ailleurs.
(1550)
    J'ai cru que vous aimeriez savoir que l'enseignement de l'histoire militaire dans nos écoles rassemble les élèves, même s'ils viennent de pays très différents. Je tiens également à vous signaler que nos enseignants ont besoin d'aide. Il est très difficile d'enseigner l'histoire de la Première Guerre mondiale, mais surtout de la Deuxième Guerre mondiale, à partir d'un livre. Les jeunes enseignants ne sont pas toujours à l'aise de le faire, et l'Institut du Dominion leur offre une aide précieuse pour y arriver. De plus en plus d'enseignants font d'ailleurs appel à nous. L'information et la technologie que l'Institut du Dominion entend utiliser pour aider les enseignants sont incroyables. J'ai découvert qu'il était extrêmement important de bien former les enseignants. La différence est palpable entre une classe dirigée par un enseignant doué et une autre par un enseignant moins habile.
    Je vais vous expliquer comment l'Institut du Dominion, par l'entremise de bénévoles comme moi, aide nos enseignants. Lorsqu'une école ou un enseignant d'histoire — habituellement le responsable du département d'histoire d'une école secondaire — communique avec l'Institut du Dominion, on leur demande quel type d'anciens combattants ils aimeraient inviter comme conférenciers. On ne fera pas appel aux mêmes conférenciers si la commande est de parler de la bataille de Hong Kong ou de la bataille de la crête de Vimy. L'Institut du Dominion m'appelle pour me demander de donner une conférence à l'école. Lorsque l'entente est conclue, on me donne le numéro de téléphone de l'enseignant, que j'appelle pour organiser un rendez-vous, normalement à l'heure du dîner, une semaine ou deux avant la conférence. Je demande à l'enseignant où en est la classe dans le programme, de quoi il veut parler, s'il veut réserver une période de questions, et ainsi de suite. Nous nous rencontrons souvent à la cafétéria de l'école, et c'est là que je peux voir à quel point l'enseignant est bien préparé.
    À ce stade-ci, l'enseignant a généralement des questions intéressantes à me poser, et nous commençons à discuter de la façon dont nous allons présenter la rencontre environ deux semaines plus tard. Souvent, l'enseignant va utiliser mon livre ou une autre référence pour annoncer à la classe que ce vieil homme va venir leur parler, et qu'ils ont intérêt à repasser la matière. Ils décident des questions qu'ils veulent me poser. De cette façon, l'enseignant suscite l'intérêt des élèves et les encourage à brasser des idées. Pour eux, une telle rencontre est beaucoup plus stimulante que les pages d'un livre d'histoire. Après tout, ils vont rencontrer ce vieil homme et ils ne veulent pas avoir l'air d'une bande d'imbéciles, alors ils doivent se documenter avant de savoir ce qu'ils veulent me demander. La semaine suivante, on décide dans la classe des questions qui seront posées et ont choisi les porte-parole. Puis, le grand jour arrive. Le vieil homme débarque avec ses 20 diapositives et il passe une heure avec les élèves à discuter de la Deuxième Guerre mondiale.
    Tout cela est rendu possible grâce à l'Institut du Dominion. Je ne peux imaginer comment nous pourrions y arriver sans son aide.
    Je crois en avoir assez dit pour le moment. C'était quelques-unes des grandes lignes que je voulais vous présenter. Les élèves veulent apprendre et développent une réelle fascination pour le sujet, et leurs enseignants veulent qu'ils sachent que notre liberté est encore plus précieuse que l'air que nous respirons. C'est une liberté qui a coûté cher, et nous devons connaître notre histoire pour éviter de répéter les erreurs du passé.
    Merci.
(1555)
    Je tiens à vous remercier, monsieur MacDonell, en mon nom personnel et au nom du comité. Nous savons que la liberté ne vient pas sans prix, et nous vous sommes reconnaissants du service que vous, et plusieurs autres, avez accompli dans l'intérêt du Canada.
    Je sais que les membres sont impatients de vous poser des questions et d'en savoir plus. Je céderai donc sans plus tarder la parole à Mme Sgro.
    Nous devons apprécier tout le temps et les efforts qu'investit l'Institut du Dominion dans cette importante initiative, importante non seulement pour les jeunes, mais aussi pour l'ensemble des Canadiens. Le fait que nous soyons en situation de combat à l'heure actuelle nous incite à penser à ce qui s'est passé auparavant, et je crois que cela a éveillé un certain intérêt chez les jeunes.
    Monsieur MacDonell, pourriez-vous nous citer une ou deux questions particulièrement intéressantes que vous ont posées les élèves que vous avez rencontrés? En avez-vous quelques-unes en tête?
    Les questions varient énormément. Les élèves démontrent beaucoup d'intérêt. Ils veulent savoir ce qui a bouleversé le Canada.
    Je leur présente un exposé qui explique ce qui s'est passé dans notre monde politique et notre vie sociale, à l'époque où les femmes sont venues remplacer les hommes dans les usines. Notre histoire les fascine et ils se demandent comment nous avons pu vivre ainsi. Tout ça leur paraît très étrange, eux qui sont habitués à une petite vie paisible. Leurs questions portent surtout sur le fait que cela a dû être une expérience extraordinaire pour un petit pays comme le nôtre d'avoir fait ce qu'il a fait.
    Les enseignants me posent souvent des questions à propos du lancement de la bombe atomique. Les personnes qui ignorent les faits croient généralement que les Américains ont lancé la bombe pour tuer plus de Japonais. Mais ils l'ont fait pour arrêter la tuerie. Ce sujet amorce généralement une grand discussion sur la façon dont la guerre dans le Pacifique s'est terminée, le dilemme devant lequel le président Truman s'est trouvé lorsque la bombe a été lancée, et le rôle qu'a joué l'empereur en espérant que des excuses lui soient présentées.
    Lorsqu'il y a un élève japonais dans la classe, je précise que le peuple japonais a été victime de sa dictature militaire, et que nous devons être prudents pour que ça ne se produise jamais ici.
    Dans la région de Toronto, où plusieurs élèves sont issus de mariages interraciaux, il n'est pas rare d'entendre ce genre de question. Mais je dois dire que c'est toujours une classe très attentive qui me reçoit quand j'arrive avec mes diapositives. L'histoire du passé les fascine énormément.
(1600)
    Je n'en doute pas une seconde.
    Vous m'avez dit plus tôt, Jeremy, que vous aviez envoyé une série de trousses à différentes écoles. Comment déterminez-vous les régions à cibler? J'imagine que vous n'envoyez pas de trousses à toutes les écoles du Canada, mais seulement aux écoles de régions précises.
    En fait, nous faisons les deux. Nous essayons d'être présents partout, mais nos huit années d'existence nous ont permis de savoir où se situent nos forces, soit à proximité du lieu de résidence de nos anciens combattants. Nous savons également où se situent nos faiblesses et où nous devons redoubler d'efforts pour laisser notre marque.
    Nous sommes tout à fait conscients qu'il faut établir des contacts et des réseaux dans les régions à l'extérieur de peut-être six ou huit grandes villes. Nous avons de solides groupes d'anciens combattants et d'enseignants à Victoria, à Winnipeg, à Halifax et d'autres régions du genre. Dans des endroits comme Terre-Neuve, par exemple, et certaines régions de la Saskatchewan, nous savons qu'il y a des anciens combattants et des enseignants, mais il est un peu plus difficile d'établir un contact.
    Nous essayons donc de rejoindre tout le monde, mais nous voulons aussi cibler certaines régions qui requièrent plus de travail.
    Serait-il possible d'avoir une liste des écoles, notamment, des différentes régions afin de faire un suivi sur le genre d'information que vous faites parvenir aux écoles pour les inciter à prendre part au projet?
    Absolument. Nous avons établi une très bonne liste d'enseignants, mais aussi d'administrateurs d'organisations d'anciens combattants. Nous avons pu classer le tout par province et communauté.
    Nous nous ferons un plaisir de vous transmettre l'information. Nous pouvons également assurer un suivi plus serré tout au long de l'année pour cerner les secteurs qui méritent un peu plus d'attention. Parfois, les choses semblent couler de source. Les enseignants qui ont aimé leur expérience en parlent à cinq autres, qui en parlent aussi à cinq autres. Mais il arrive aussi que les enseignants n'en parlent à personne, même s'ils ont eu une bonne rencontre. Nous devons pousser un peu plus fort dans ces cas-là.
    Nous savons que c'est une communauté très unie, particulièrement celle des enseignants. Ils sont au courant de ce que font leurs collègues. Les écoles savent ce que font les autres écoles, et elles tentent parfois de se surpasser l'une l'autre. Nous sommes très contents de récolter les fruits de ce genre de compétition.
    Monsieur MacDonell, j'imagine que votre passage dans les écoles suscite beaucoup de discussions, même après votre départ, particulièrement dans les écoles de la région de Toronto (je représente une circonscription de Toronto qui est très multiculturelle). J'ose espérer que les enseignants poursuivent la conversation sur la capacité des gens de s'entendre et sur ce qui se passe lorsqu'ils n'y arrivent pas. On finit invariablement par être aux prises avec une guerre et le genre de batailles dont on parle.
    J'imagine que les enseignants peuvent facilement appliquer vos commentaires aux différentes sphères qui animent nos communautés multiculturelles du Canada.
    Comme je l'ai indiqué, les enseignants se servent de cette rencontre pour parler des valeurs canadiennes.
    C'est une excellente occasion de se demander pourquoi nous avons perdu toutes ces vies, pourquoi nous avons autant investi et pourquoi nous avons mis tant d'efforts dans cette entreprise. C'est en raison de qui nous sommes et de ce que nous sommes.
(1605)
    Merci énormément de vous engager autant dans cette cause. C'est un honneur de vous avoir avec nous aujourd'hui. Nous apprécions beaucoup votre présence.
    Est-ce qu'il me reste encore du temps?
    Vous avez 12 secondes.
    Rapidement, dans ce cas, pouvez-vous me dire si le ministère de la Défense encourage les jeunes vétérans à aller dans les écoles? Est-ce encore trop tôt pour beaucoup d'entre eux d'aller parler aux jeunes de cette réalité?
    Ils sont prêts et on les encourage à le faire.
    Les Forces canadiennes comprennent qu'il faut déployer de réels efforts pour établir un contact avec la communauté. Quand on demande aux civils canadiens ce que font les Forces canadiennes, ils ne savent pas quoi répondre. Beaucoup pensent qu'elles se contentent d'envoyer des militaires en Afghanistan, par exemple. C'est le seul rôle qu'elles ont à jouer.
    Je crois que c'est en partie une question d'éducation, pas de recrutement. Le Projet Mémoire est un excellent véhicule pour raconter ce que vivent les hommes et les femmes des Forces canadiennes pendant leur formation, expliquer le rôle qu'ils jouent au Canada, faire comprendre ce que c'est qu'être séparé de sa famille, etc. Chaque année, de plus en plus de membres des Forces se joignent au Projet Mémoire. Nous étions ici le 26 février et, le lendemain, nous avons rencontré les représentants de l'Institut de la Conférence des associations de la défense au Château Laurier. Cinquante membres des Forces étaient présents à ce dîner pour adhérer au Projet Mémoire, voulant raconter comment ils ont entrepris leur service militaire, ce que cela signifie pour eux de quitter leur famille et l'impact qu'a leur travail sur les autres pays du monde.
    Ils racontent l'histoire de la nouvelle génération de vétérans, et je crois que M. MacDonell serait d'accord pour dire que leurs récits ressemblent beaucoup à ceux des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale, même si 60 ou 65 ans les séparent bien souvent.
    Merci beaucoup. Félicitations pour cette très belle initiative.
    Merci beaucoup.

[Français]

    Monsieur André, vous disposez de sept minutes.
    Bonjour, messieurs. Merci de votre présence au comité. Vous faites un beau travail de sensibilisation auprès des jeunes étudiants.
    Combien votre organisme compte-t-il de membres permanents? Combien de bénévoles avez-vous dans chaque province? Quels moyens prenez-vous pour que ces bénévoles transmettent un message uniforme? Vous connaissez les valeurs qui sont en jeu dans ces formations. Comment faites-vous pour encadrer et former ces gens?
    En réponse à la première question, je dirai que nous sommes cinq employés à temps plein. On emploie parfois des employés sur une base temporaire, à contrat.
    Pendant l'année scolaire, particulièrement avec le Projet Mémoire, de 75 à 80 p. 100 de nos visites ont lieu à l'automne, probablement dans les six à huit semaines précédant le jour ou la semaine du Souvenir. La taille de l'organisme gonflera un peu à cette période, car nous devons répondre à la demande. Comme l'organisme est demeuré relativement petit, il nous est facile de nous adapter à la situation.
    Quant au nombre de bénévoles que nous avons, le Projet Mémoire regroupe à peu près 1 500 anciens combattants qui donnent ou qui ont donné de leur temps. Certains deviennent de plus en plus actifs année après année, tandis que d'autres le deviennent de moins en moins. C'est en fonction de l'offre et de la demande. Quand un professeur nous transmet une demande de visite, nous tentons de téléphoner aux anciens combattants dans la région pour organiser la visite.
    Ces anciens combattants se trouvent dans toutes les régions et toutes les provinces du pays. On essaie d'être le plus uniforme possible. À la fin d'une saison, on révise les ratés de l'offre et de la demande. On essaiera de recruter des bénévoles dans les régions où le programme était en demande. C'est toujours possible.
     Pour ce qui est d'assurer l'uniformité du message, comme Jeremy l'a mentionné plus tôt, on a développé des activités et des séances de recrutement et d'orientation. Le 26 février, les membres du comité sont venus à notre déjeuner. Il s'agissait d'une activité d'appréciation, d'un déjeuner pour remercier nos bénévoles. Immédiatement après, on a eu une séance de formation et d'orientation pour expliquer à des anciens combattants, pour qui c'était peut-être nouveau, comment partager leur histoire avec des jeunes.
    Si on n'est pas en mesure d'offrir une telle séance d'orientation, on trouve toujours quelqu'un de l'institut qui puisse parler directement avec l'ancien combattant en question avant la tenue d'une visite. Comme M. MacDonell l'a mentionné, on cherche le plus possible à mettre en liaison le professeur et l'ancien combattant, pour que la présentation puisse refléter ce qui s'est fait dans la salle de classe.
    On a développé toutes sortes d'outils pédagogiques, comme celui sur le jour J qui se retrouve dans les documents qu'on vous a distribués, qui permettent au professeur non seulement de préparer la visite, mais d'assurer un suivi par la suite. Ainsi, il ne s'agit pas seulement d'une présentation de 60 ou 75 minutes, mais c'est intégré à tout le processus éducatif orienté, par exemple, vers la Seconde Guerre mondiale ou autre chose. On perçoit cela comme un outil servant à dépasser les manuels scolaires. Trop d'enseignement d'histoire se fait à l'aide de manuels ou de livres. Le Projet Mémoire permet de passer des écrits à la troisième personne, par exemple « Les troupes... », aux récits à la première personne: « J'ai fait ceci » ou « Nous avons fait cela. » En outre, les personnes invitées peuvent répondre aux questions.
    C'est donc une ressource première qu'on estime particulièrement valable.
(1610)
    Dans une perspective historique, vous expliquez un peu les Première et Seconde Guerres mondiales, même la guerre de Corée et d'autres. Cependant, vous attardez-vous un peu aux différentes causes des conflits de ce type?
    La Seconde Guerre mondiale et les guerres qu'on mène actuellement en Afghanistan et en Irak ne sont pas comparables. Il ne s'agit pas du même type de conflits, et on ne se livre pas ces guerres pour les mêmes raisons. Cela est-il expliqué aux gens?
    Ma question s'apparente peut-être à celle posée par Mme Sgro tout à l'heure. Lors de vos présentations, abordez-vous les raisons de la guerre et les moyens de l'éviter? Peut-être faudrait-il toucher cet aspect. Je sais qu'il y a de plus en plus de violence dans les écoles. Le taxage et d'autres problèmes très importants y sont très présents. Je sais qu'on a souvent recours à la médiation, en situation de conflit. Il existe des techniques pour éviter les conflits, par exemple l'intervention et le soutien des pairs. Toute une éducation se fait sur ce sujet. Abordez-vous ces thèmes?
    Si j'aborde la question, c'est que je sais qu'il y a eu beaucoup de guerres tribales en Afrique et que l'approche de la médiation en situation de conflit s'y est bien développée. Je me demande jusqu'à quel point vous vous orientez vers cela.
    En ce qui concerne l'explication des causes d'un conflit, vous verrez l'outil pédagogique qu'on a préparé sur le jour J. Grâce à cet outil, on développe tous les contextes qui s'y apparentent, mais d'une certaine façon, le Projet Mémoire est une ressource additionnelle qui permet aux professeurs d'aller plus en profondeur. Il s'agit d'avoir accès à une source première de l'histoire, comme on le ferait pour faire de la recherche documentaire.
    On ne cherche pas à donner toute l'histoire, mais à permettre d'aller plus en profondeur. M. MacDonell pourrait répondre, car ce n'est pas moi qui fais les présentations. Il y a autant d'histoires différentes que d'anciens combattants qui visitent les écoles. Toutes les présentations se ressemblent mais ne sont pas uniformes.
    En ce qui a trait à la médiation, les histoires vécues sont notre outil, ce qu'on appelle le story telling. On fait de la médiation de façon indirecte. Vous parliez des causes de la guerre et des différences dans les conflits. Entendre un ancien combattant parler de la Seconde Guerre mondiale permet de comprendre un conflit comme celui en Afghanistan et d'avoir une perspective historique. Connaître le rôle qu'a joué le Canada dans le monde permet d'avancer. Sans contexte historique, il serait très difficile de sortir de l'époque actuelle.
    Pour saisir l'impact de la guerre sur l'humain, il n'y a probablement pas de meilleur témoin qu'une personne qui a vécu la guerre. Entendre parler de l'aspect humain par quelqu'un qui a vécu la guerre, comme M. MacDonell, c'est extrêmement vivant et personnel et ça demeure dans la mémoire d'un jeune étudiant. Ce n'est pas froid comme un texte.
    M. MacDonell veut peut-être ajouter quelque chose.
(1615)

[Traduction]

    C'est une très bonne question.
    Plus tôt, quelqu'un s'interrogeait sur l'information que nous fournissons. Nous mettons beaucoup l'accent sur le fait que la guerre est ce qu'il y a de plus horrible. En temps qu'ancien combattant, je veux que les étudiants sachent que nous ne sommes pas une nation militaire et que nous n'avons aucun intérêt à subjuguer les autres peuples et ainsi de suite. Nous n'avons participé à la Deuxième Guerre mondiale que pour échapper à l'esclavage. Et lorsque toute la nation était convaincue que nous devions mettre un terme à la conquête nazie de l'Europe, nous leur expliquons que ce n'est qu'en dernier recours que nous nous sommes engagés dans cette guerre. Évidemment, le problème, c'est que nous n'étions pas préparés et que ce fut extrêmement difficile pour nous.
    Pour les élèves d'origine japonaise, par exemple, je mentionne toujours que leur peuple a simplement été victime de la dictature militaire de son pays, tout comme les forces alliées, et qu'il a souffert d'un mauvais système politique, qui a coûté la vie à 2,9 millions de Japonais. Beaucoup plus de gens ont été tués par les raids incendiaires que par les bombes atomiques.
    Nous insistons donc sur le fait que la politique joue souvent un rôle très important et que nous voulons éviter à tout prix qu'un tel conflit se reproduise. Mais on ne m'a jamais vraiment posé la question à savoir si nous faisons quelque chose de plus significatif. Nous essayons simplement de raconter notre histoire aux gens ainsi que les terribles souffrances que la guerre inflige, et nous leur faisons comprendre qu'en effet, la guerre a eu d'atroces conséquences, mais qu'elle nous a au moins permis de conserver notre liberté. Nous nous arrêtons là.
    Cependant, nous sommes très sensibles aux enfants qui viennent d'autres cultures, parce que ceux-ci ont une opinion différente de ce qu'était la guerre et nous voulons leur faire connaître notre version de l'histoire.
(1620)
    Merci beaucoup, monsieur André.
    Nous allons maintenant céder la parole à Mme O'Neill-Gordon, du Parti conservateur. Vous disposez de sept minutes.
    Merci, monsieur le président.
    J'aimerais tout d'abord vous remercier d'avoir accepté de comparaître cet après-midi. Étant moi-même une enseignante fraîchement sortie de la classe, je comprends certainement l'importance de l'Institut du Dominion.
    Toutefois, quand j'ai consulté son site Web, j'ai constaté que les provinces de l'Atlantique n'y sont pas très représentées. En fait, il n'y a personne de Terre-Neuve. Y a-t-il une raison à cela? Par les années passées, je sais que les professeurs recevaient beaucoup d'information de l'Institut du Dominion. Le professeur qui est à notre école est en quelque sorte devenu un expert en la matière, alors il ne s'y reporte plus autant qu'au début.
    Je me demande simplement s'il y a encore autant d'information qui s'adresse aux enseignants du Canada atlantique.
    Absolument. Comme je le disais plus tôt, il y a des régions où c'est plus difficile que d'autres. J'ai parcouru toutes les provinces du Canada en tant que représentant et ambassadeur, si je puis m'exprimer ainsi, du Projet Mémoire, pour m'entretenir avec les enseignants, les représentants de la Légion et les anciens combattants eux-mêmes. Dans certaines régions de l'Atlantique, nous constatons que les bureaux de la Légion prennent souvent les devants et organisent des visites scolaires. Cela pourrait être considéré comme un chevauchement. N'empêche que nous essayons de compléter l'information en fournissant aux écoles ou directement aux représentants de la Légion d'autres ressources et outils pédagogiques.
    Cela a été plus difficile à Terre-Neuve. Je m'y suis d'ailleurs rendu quelques fois, et nous prévoyons y retourner à la fin de l'été ou, du moins, au début de l'automne. Nous savons qu'il y a des anciens combattants là-bas; je leur ai parlé. J'ai même reçu un appel d'un ancien combattant la semaine dernière. Il m'a posé exactement la même question que vous: pourquoi n'y a-t-il pas plus de gens parmi nous qui participent au Projet Mémoire?
    Encore une fois, pour répondre à votre question, nous tentons de cerner les régions où nous pouvons avoir une plus grande incidence — des villes comme Victoria, Winnipeg, Toronto, Ottawa et Montréal. Pour ce qui est des autres, je n'irais pas jusqu'à dire qu'elles sont moins bien desservies, mais je pense que nous devrions déployer un peu plus d'efforts pour faire avancer les choses.
    Le professeur qui est à l'école où j'enseignais, si je ne me trompe pas, suit vos traces depuis de nombreuses années. Il en est tout simplement passionné. J'ignore s'il l'utilise encore, mais il a toute la documentation. En fait, il agit maintenant en tant que conférencier et se promène d'une école à l'autre.
    J'ai assisté à la cérémonie qui a été tenue à l'école à l'occasion du jour du Souvenir. Comme d'habitude, je dois féliciter M. MacDonell. Non seulement vous avez offert un service remarquable par le passé, mais vous continuez de le faire, et j'estime que les enseignants et les étudiants sont chanceux de pouvoir compter sur la présence d'un ancien combattant à l'école. Je sais qu'à celle où je travaillais, on invitait habituellement un grand-père ou un arrière-grand-père pour lui rendre hommage. Les élèves confectionnaient toujours des cartes de remerciement, et c'est d'ailleurs le but de l'enseignant, de remercier l'ancien combattant. Celui-ci s'adressait également aux étudiants.
    J'ai davantage travaillé auprès des jeunes enfants, alors on n'entrait pas trop dans les détails et on leur épargnait le côté triste de l'histoire. Les enfants posaient toujours des questions drôles. Ils écoutent attentivement ce qu'on a à leur dire.
    Je tiens donc à vous remercier pour ce grand service. C'est certainement quelque chose que nous pourrions développer et améliorer.
    Quand vous parliez des jeunes enfants, je vous dirais que le Projet Mémoire vise principalement les étudiants de niveau secondaire, c'est-à-dire ceux qui suivent des cours d'histoire. Cependant, nous recevons un grand nombre de demandes des écoles primaires. Nous organisons d'ailleurs des visites dans ces écoles. Vous avez raison de dire qu'on aborde le sujet différemment. On insiste davantage sur le coquelicot et sa signification ainsi que sur le sens du jour du Souvenir, par rapport à d'autres thèmes qui seraient plus appropriés pour des étudiants plus âgés.
    Déjà à cet âge, il est important que les enfants comprennent tout ce que les anciens combattants ont fait durant la guerre et qu'ils en soient reconnaissants, car ce sont eux qui ont apporté la liberté dont nous jouissons aujourd'hui. Par conséquent, je vous félicite, monsieur MacDonell, pour l'ensemble de votre oeuvre.
    Merci.
    Nous sommes toujours très heureux d'accueillir des anciens combattants dans nos écoles.
    Nous avons également établi des partenariats très utiles avec des associations comme les Scouts et Guides du Canada, de même que l'Organisation des cadets du Canada. M. MacDonell a parlé plus tôt des églises. Dans le cadre du Projet Mémoire, nous organisons également des visites dans les résidences pour personnes âgées. Nous sommes d'avis qu'en transmettant le message et en passant le flambeau du souvenir aux générations futures, notre premier marché, si je puis m'exprimer ainsi — « public cible » serait probablement l'expression la plus appropriée —, est constitué des étudiants et des enseignants. Mais nous collaborons avec divers partenaires, et nos anciens combattants bénévoles essaieront de toucher différents publics et de rejoindre le plus grand nombre de Canadiens possible.
(1625)
    Sachez qu'il reste une minute et demie si quelqu'un d'autre a des questions.
    J'aimerais revenir rapidement sur un point qu'a abordé Tilly.
    Et je tiens également à vous remercier. Comme je ne dispose que d'une minute et demie, j'y reviendrai plus tard.
    Ma circonscription abrite la plus importante communauté autochtone du Canada, à savoir les Six-Nations. Cette communauté compte aussi un grand nombre d'anciens combattants, et ceux-ci ont leurs propres services commémoratifs du jour du Souvenir. Je suis tout simplement curieux de savoir si certains d'entre eux participent au Projet Mémoire.
    Tout à fait. Ils forment un groupe d'anciens combattants. Nous nous sommes réellement employés, de façon concertée, à raconter leurs récits. Nous répétons sans cesse que l'histoire de chaque ancien combattant est unique en son genre, mais je pense que l'expérience vécue par les anciens combattants autochtones est encore plus unique.
    Je suis allé à Winnipeg la semaine dernière, et nous avons rencontré plusieurs anciens combattants autochtones et représentants d'associations et de communautés qui nous ont partagé leurs artefacts, leurs souvenirs et leurs témoignages.
    Je dirais qu'il y a une dizaine d'anciens combattants autochtones qui font partie de notre groupe. Nous entretenons des liens très étroits avec les associations d'anciens combattants métis de partout au Canada. En 2006, avec l'aide du ministère du Patrimoine canadien, nous avons pu créer et numériser le profil d'une dizaine d'anciens combattants autochtones, ce qui nous a permis de raconter leur histoire à eux aussi. Sachez qu'ils représentent la plus grande proportion de Canadiens à avoir participé à la Première Guerre mondiale. Si je ne me trompe pas, près de 10 p. 100 de la communauté autochtone s'était porté volontaire à ce moment-là. À l'instar de beaucoup d'autres histoires liées à la Grande Guerre, ces récits sont disparus, bien entendu, puisqu'ils n'ont pas été consignés contrairement à ceux de la Deuxième Guerre mondiale.
    En effet, on déploie des efforts dans ce sens. Nous sommes conscients qu'ils ont beaucoup d'histoires à raconter et nous aimerions être en position, dans les six à douze prochains mois, de rencontrer ces associations d'anciens combattants autochtones et de nous adresser à leurs membres. En plus de les inviter à venir participer à différents événements, cela leur faciliterait les choses.
    Nous voulons rejoindre ces anciens combattants afin qu'ils entendent notre message et puissent participer au programme. Il est donc souvent plus facile de le faire par l'intermédiaire d'une association ou d'une société. C'est assurément ce que nous essayons de faire.
    Merci.
    Merci, monsieur Diamond.
    Nous allons maintenant poursuivre avec Mme Foote, du Parti libéral.
    Merci, monsieur MacDonell, ainsi que Marc et Jeremy, d'avoir accepté de comparaître aujourd'hui. C'est un plaisir que de vous avoir parmi nous.
    J'ai beaucoup aimé le déjeuner qui s'est déroulé à l'hôtel Crowne Plaza. Ce fut une agréable expérience, et j'ai eu la possibilité de côtoyer huit anciens combattants pour découvrir que tous, à un moment ou à un autre, se sont retrouvés dans ma province natale de Terre-Neuve-et-Labrador.
    Et moi de même. J'ai travaillé presque un an à Gander et à Botwood.
    Vraiment? Dans ce cas, je vous remercie.
    Étant donné que Terre-Neuve est ma province natale, lorsque je vous entends dire que vous avez de la difficulté à... J'aurais aimé que vous vous adressiez à moi lorsque j'étais ministre de l'Éducation. J'imagine que nous aurions eu plus de chances de faire avancer les choses.
    Les députés ont recours à ce qu'on appelle les dix pour cent, c'est-à-dire les bulletins parlementaires, afin de faire la promotion de leurs activités. Dans mon bulletin qui sera publié en avril, j'ai inséré une photo — que vous m'avez gentiment transmise — prise ce matin-là. Je nomme les anciens combattants qui y figurent et je parle également du Projet Mémoire. Alors si vous le voulez bien, je pourrais inviter les anciens combattants intéressés à participer au programme à téléphoner à mon numéro 1-800 ou à votre numéro de téléphone, afin de voir si nous pourrions réaliser des progrès à ce chapitre.
    Je vous en serais grandement reconnaissant. Le Projet Mémoire compte maintenant 1 500 bénévoles, en raison du bouche-à-oreille, étant donné que les gens ont entendu, vu ou vécu... ou connaissent un ancien combattant et nous l'ont recommandé. Effectivement, nous devons faire beaucoup plus à Terre-Neuve...
(1630)
    Vous êtes d'accord, n'est-ce pas?
    Absolument.
    C'est donc ce que nous ferons pour vous.
    C'est intéressant que vous soyez ici aujourd'hui, parce que je viens tout juste de faire une déclaration à la Chambre sur Joy Samms, de Port-aux-Basques. Cette femme s'adresse aux élèves dans les écoles, et vous avez raison, c'est grâce à sa participation aux activités de la Légion.
    Vous avez indiqué que la Légion intervenait probablement là où vous n'étiez pas en mesure de le faire. Quelle relation entretenez-vous avec les bureaux provinciaux de la Légion?
    La Légion est un groupe intéressant parce qu'elle est divisée en plusieurs bureaux. Le bureau local peut ne pas savoir ce qui se passe au niveau provincial ou national, mais il y a une personne qui travaille à ce bureau particulier qui se charge d'à peu près tout.
    Nous essayons d'entrer en contact le plus possible avec les bureaux locaux. Nous avons d'excellentes relations avec la Direction nationale située ici à Ottawa, ainsi qu'avec les présidents antérieurs et actuels ainsi que tous les membres de la direction. Nous communiquons régulièrement, de vive voix ou par écrit, avec les différentes directions provinciales. Que ce soit au moyen d'un courriel, d'un communiqué ou d'une rencontre, c'est ainsi que nous réussissons le mieux à acheminer l'information aux directions locales de chacune de ces provinces.
    Chaque fois que nous voulons organiser un événement, les premiers à être mis au courant sont évidemment les gens de la Légion. Lorsque nous les appelons, au cas où ils ne savent pas qui nous sommes, nous nous présentons comme le bureau officiel du porte-parole de la Légion royale canadienne dans les écoles. Ceux-ci peuvent découvrir qui nous sommes par différents moyens. Nous les informons de la tenue d'un événement et du fait que nous aimerions que la Légion y soit représentée. Ils sont donc invités à venir, ou du moins, à transmettre l'information à leurs membres. Au fil des années, la Légion nous a beaucoup aidés à communiquer notre message.
    S'il y a plusieurs membres de la Légion qui sont très intéressés, le message se transmet à leur réunion — qui, espérons-le, se tient le lendemain de notre annonce ou le jour précédant l'événement —, et ceux-ci ont donc la possibilité de présenter de l'information à l'occasion de l'événement en question.
    Toutefois, c'est plus difficile lorsqu'on sait que des bureaux de la Légion ferment et que le nombre de membres est en baisse. La Légion n'a plus la même forme qu'elle avait il y a 50 ou 60 ans, et à mon avis, plus nous arrivons à entretenir des relations avec les différentes directions provinciales, plus les bureaux locaux pourront nous être utiles. Nous devons suivre la situation de près.
    Vous avez parfaitement raison. La Légion disparaît peu à peu à mesure que les anciens combattants meurent. J'ai d'ailleurs perdu trois nonagénaires le mois dernier. Même si nous devons tous forcément passer par là, c'est toujours triste lorsque cela arrive.
    Par ailleurs, vous avez dit que vous consigniez les souvenirs de bon nombre de nos anciens combattants. Ceux-ci sont-ils accessibles par l'intermédiaire d'une bibliothèque? Les gens et les écoles peuvent-ils y avoir accès?
    Dans le cadre du Projet Mémoire, nous avons consacré quatre ans, soit de 2002 à 2006, aux Archives numériques. Nous avons consigné les témoignages oraux des anciens combattants. Celle-ci se trouve sur notre site Web, à l'adresse thememoryproject.com. Il y a une section particulière intitulée « Archives numériques », qui se veut une ressource très utile en enseignement. Nous en faisons d'ailleurs la promotion auprès des enseignants, et vous remarquerez, dans les outils pédagogiques sur le Jour J que nous avons distribués, que ces histoires proviennent de ces anciens combattants à qui nous avons créé un profil. On retrouve leurs récits dans les archives numériques. Tous les enseignants et étudiants, de même que tous les Canadiens en général, peuvent les consulter. Ces archives constituent une précieuse ressource d'information.
    Merci beaucoup. Nous en sommes maintenant à un tour de cinq minutes seulement. Je suis désolé, madame Foote.
    C'est maintenant au tour de M. Lobb, pour cinq minutes.
    Merci encore une fois d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Il a été pour nous très intéressant et instructif de vous parler et je me réjouis tout particulièrement de la contribution de M. MacDonell, tant à l'époque de sa vie militaire que par la suite. Comme je l'ai déjà mentionné, mon grand-père est un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Il était sergent instructeur et a été cantonné à Chypre et en Allemagne comme casque bleu. Il va de soi que je l'ai toujours considéré comme un héros.
    La semaine dernière, j'ai invité 29 membres du corps de cadets de Goderich et ces jeunes gens étaient fort impressionnants dans leurs uniformes sur la galerie. Je sais que vous avez fait référence aux cadets et à différentes autres organisations, comme les groupes religieux, mais je me demande quelles sont exactement vos relations avec les cadets.
(1635)
    Ce sont de très étroites relations. Je crois que c'est l'un des premiers groupes que nous avons approchés lorsque nous avons lancé le Projet Mémoire en 2001 en tant qu'organisation jeunesse, après les écoles et les enseignants.
    Je dirais simplement que les cadets comprennent la situation. De par la formation qu'ils suivent et les programmes auxquels ils participent au sein de leurs unités respectives, ces jeunes gens respectent bien évidemment l'importance de notre passé militaire. Ils participent souvent aux événements que nous organisons, qu'il s'agisse d'une célébration ou d'une commémoration, mais nous apprécions surtout leur présence à nos séances de formation et d'orientation. Ils s'assoient alors avec les anciens combattants et discutent avec eux de leurs expériences. Certains anciens combattants ont eux-mêmes été cadets et certains ont des petits-enfants qui le sont. Ils nouent des liens à plusieurs niveaux différents.
    Alors, après avoir communiqué avec la Légion et certaines de nos associations locales d'anciens combattants, nous nous adressons aux corps de cadets et à leurs commandants pour les inciter à participer aux activités, parfois à titre officiel, mais le plus souvent de façon informelle, ce qui leur permet de s'asseoir avec les anciens combattants, de manger avec eux et d'en apprendre davantage au sujet de leurs expériences. De plus, et je suis persuadé que M. MacDonell vous le confirmera, les anciens combattants eux-mêmes s'intéressent beaucoup à l'expérience des cadets et à la façon dont ils voient les choses actuellement: pourquoi se sont-ils enrôlés, qu'espèrent-ils réaliser dans le service militaire, souhaitent-ils se joindre un jour aux forces régulières, ce qui est souvent le cas, et quels genres d'expériences vivent-ils au sein des cadets?
    Il s'agit donc d'une relation très étroite que nous estimons tout à fait naturelle. Autre exemple, nous avons tenu la semaine dernière à Winnipeg une activité formidable à laquelle ont participé un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et son fils, un casque bleu, qui avait lui-même amené son fils, qui fait partie des cadets de l'air. Autour d'une même table, ils ont bien illustré l'importance du dialogue intergénérationnel et de la mise en commun des récits de chacun. Nous avons de magnifiques photos des trois ensemble. Ils se sont présentés dans leurs uniformes respectifs. L'ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale porte toujours le même uniforme qu'il avait en 1941 lorsqu'il s'est enrôlé. Il est mince et svelte; c'est un type fascinant. Pour lui et pour son fils, ce fut une expérience formidable de nous rencontrer en compagnie du petit-fils, qui doit avoir environ 16 ans, mais ce fut également merveilleux pour nous de voir une si belle concrétisation de l'approche intergénérationnelle du Projet Mémoire.
    Nous apprécions donc la contribution et l'engagement des cadets à tous les niveaux.
    Vous avez de toute évidence obtenu d'excellents résultats avec le Projet Mémoire. Nous savons que vous comptez étendre vos activités dans les provinces et les territoires où vous n'êtes pas vraiment présents pour l'instant, mais ces considérations géographiques mises à part, comment entrevoyez-vous l'avenir du Projet Mémoire à court et à moyen termes, soit d'ici un à cinq ans?
    Au cours des deux ou trois prochaines années, ou peut-être davantage, nous allons déployer des efforts particuliers pour rejoindre la prochaine génération d'anciens combattants, ceux que nous avons peut-être négligés il y a six ou sept ans, alors que nous nous intéressions surtout à la participation des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Il s'agit de ceux qui ont servi comme casques bleus pour les Nations Unies, de tous ces anciens combattants de la période qui a suivi la guerre de Corée.
    Je crois qu'il faudra dorénavant s'employer résolument à mobiliser les hommes et les femmes faisant actuellement partie des Forces canadiennes. J'estime que nous pouvons compter sur un excellent support dans toute la hiérarchie militaire, à partir du général Leslie. Ils ont réellement souscrit à cette idée voulant que les récits de nos militaires actuels soient tout aussi importants que ceux de nos anciens combattants.
    Lorsqu'il est question d'histoire militaire, je pense que le lien pouvant être établi entre les générations est vraiment intéressant pour les enseignants. On en revient toujours au fait que les enseignants doivent en parler en classe de toute manière. La Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée et les efforts de maintien de la paix sont autant d'éléments de notre histoire, mais plus l'Afghanistan fait les manchettes, comme quelqu'un l'a mentionné tout à l'heure, plus les enseignants voudront parler de notre passé militaire en classe.
    Il s'agit donc de partir d'événements qui se produisent actuellement et d'inviter quelqu'un qui a participé à cette campagne, ou qui y a tout au moins été associé de très près, pour qu'il vienne exposer sa perspective actuelle de la situation. Quelques mois plus tard, vous pouvez inviter un ancien combattant comme M. MacDonell pour que les élèves puissent comparer leurs expériences respectives. Il peut y avoir jusqu'à 60 ans qui les séparent. Le premier sera peut-être très jeune et le second très vieux, mais on peut leur poser les mêmes questions. Comment vous sentiez-vous lorsque vous êtes parti de la maison? Comment était-ce de travailler en équipe? Comment était-ce de vous battre pour la liberté? Toutes ces expériences sont très semblables, même si à première vue, elles peuvent paraître fort différentes.
    Je crois que l'avenir du projet réside dans la mobilisation de la prochaine génération dans la même mesure que nous le faisons actuellement avec les anciens combattants plus âgés, comme M. MacDonell.
    Merci beaucoup, monsieur Lobb.
    Nous passons maintenant à M. Gaudet. Vous avez cinq minutes.

[Français]

    Merci, monsieur le président.
    Je voudrais aussi remercier M. MacDonell parce que je suis allé plusieurs fois à des cérémonies, à Vimy, à Dieppe, à Passchendaele dans le secteur d'Ypres, en Corée et à bien d'autres endroits.
    Je voudrais connaître votre opinion. En ce qui concerne l'assistance à une cérémonie, ou encore quand c'est le jour du Souvenir, c'est le jour et la nuit entre ce qui se passe ici et là-bas. Ici, il y a quelques personnes qui viennent nous voir parce qu'on dépose une gerbe de fleurs, mais dans leur cas, ce sont des centaines et des centaines de personnes qui participent.
    Ma question est simple: notre histoire est-elle mal racontée? C'est ce que je veux savoir. Est-ce que nous ne racontons pas notre histoire? Quand nous arrivons dans ces pays, les gens nous courent après, ils nous touchent, ils sont contents, ils nous remercient, mais ici... Quelle est la différence? C'est peut-être parce que eux ont été conquis et que nous étions des alliés. Comment se fait-il que nous ne soyons pas au courant de ces choses?
(1640)

[Traduction]

    C'est une question très importante.
    J'ai noté au cours des 10 dernières années, et surtout depuis sept ou huit ans, un vif regain d'intérêt chez les politiciens et les leaders provinciaux. Ainsi, le nouveau mur érigé à Queen's Park, à Toronto, montre bien que certains gouvernements posent maintenant des gestes auxquels ils n'auraient pas songé auparavant. J'ai assisté à la magnifique cérémonie qui a été tenue à cette occasion en compagnie de la ministre de la Culture et j'ai été estomaqué par la foule nombreuse qui s'est présentée. Il y avait énormément de gens. Nous étions tous surpris. Il y a donc beaucoup plus d'intérêt chez les jeunes et au sein de la population en général.
    Par ailleurs, je pense que le peuple canadien n'a que très peu l'esprit guerrier. Nos traditions militaires se limitent à quelques grandes crises comme celle provoquée par l'Allemagne nazie. L'armée ne nous a jamais beaucoup intéressés. Je ne pense pas que les Forces armées canadiennes ont déjà été considérées comme une avenue de carrière vraiment intéressante. Je crois que les choses sont en train de changer, mais les forces militaires canadiennes ont plutôt formé une entité assez réduite, habituellement cantonnée à Petawawa ou dans une autre base, et je ne crois pas que nous ayons une culture militaire très développée. Comme nous l'avons déjà mentionné, avec le rôle très actif que nous jouons maintenant en Afghanistan, j'estime que les Canadiens s'intéressent davantage aux motifs de notre présence là-bas, aux liens à établir avec la notion de citoyenneté, à notre identité, et à la raison d'être de tout cela. Je crois qu'il y a beaucoup d'intérêt. Est-ce une bonne chose? Pourquoi allons-nous dans ce pays lointain où certains de nos jeunes laissent leur vie? Je pense que l'intérêt est beaucoup plus marqué actuellement.
    J'espère que c'est une réponse satisfaisante pour vous.

[Français]

    Merci. À présent, je vais poser ma question à M. Chalifoux.
    Plus tôt, vous disiez que vous commenciez à travailler de six à huit semaines avant le jour du Souvenir. Le lendemain du jour du Souvenir, tout s'arrête et vous recommencez un an plus tard. Si je compare cette situation avec celle d'autres pays, du moins ceux où je suis allé, il y a des cérémonies durant toute l'année. Même à Ypres, tous les soirs à 20 heures, il y a une cérémonie. J'ai été chanceux, j'y suis allé le 11 novembre, le jour de l'Armistice. Il y avait une assistance monstre! C'était incroyable. Tous les soirs, il y a une petite cérémonie de 10 minutes dans le secteur d'Ypres. Ce que vous faites est bien, mais il me semble que vous n'en faites pas assez.
    Je suis tout à fait d'accord. J'aimerais qu'on puisse en faire plus. On cherche continuellement à en faire plus. Le Projet Mémoire a commencé en 2001 avec 12 anciens combattants. Il en regroupe maintenant 1 500. Cela va toujours en augmentant. Quand j'ai parlé d'un travail de six à huit semaines avant le jour du Souvenir, c'est qu'à peu près de 75 à 80 p. 100 des demandes de visite provenant des professeurs se font durant cette période. Une partie de la situation est liée au jour du Souvenir, l'autre à la façon dont les programmes scolaires sont bâtis au Canada. C'est à ce moment-là qu'on étudie la Deuxième Guerre mondiale ou la Première Guerre mondiale. Ce qu'on cherche à faire, c'est certainement de diversifier les activités et que le souvenir, c'est-à-dire le fait de parler de l'histoire militaire et de l'histoire du Canada, ne revienne pas qu'une fois par année.
    Je suis entièrement d'accord avec vous. Je dirais qu'on va faire beaucoup de visites cette année, à la fin mai ou au début juin, pour le 65e anniversaire du débarquement de Normandie, le Jour J. L'année prochaine, en 2010, ce sera une grande année de commémoration. Je ne peux pas garantir qu'on aura des cérémonies tous les soirs, mais on cherche à faire notre part. Je ne crois pas que le fait de reconnaître, de commémorer une histoire militaire au Canada et le service, le sacrifice des anciens combattants soit une activité d'une seule journée ou d'une seule semaine par année. On cherche à développer le Projet Mémoire, non seulement comme projet de souvenir, mais comme outil pédagogique. Il s'agit de pouvoir apprendre le rôle que le Canada a joué dans le monde de la bouche de ceux qui ont vécu cette histoire et de ceux qui l'ont écrite. Il me semble que c'est valable toute l'année, à tous les moments où le programme scolaire traite de la Deuxième Guerre mondiale, de la guerre froide, des opérations de maintien de la paix ou des questions courantes.
    Vous avez fait la comparaison entre le Canada et d'autres pays du monde. J'aimerais simplement dire qu'au Canada, on devrait faire un meilleur travail pour ce qui est d'enseigner l'histoire. Notre organisme est petit: on a cinq employés qui travaillent tous les jours pour essayer d'offrir une meilleure connaissance et une meilleure compréhension de l'histoire. Seulement quatre provinces au Canada requièrent des élèves qu'ils aient suivi un cours d'histoire pour terminer leur secondaire. Au Québec, il faut en avoir suivi deux. Il y a aussi l'Ontario, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse. Dans les autres provinces, les étudiants étudient de la 9e année jusqu'à la 12e année sans avoir suivi un seul cours d'histoire canadienne. Ce n'est pas la cause directe de ce que vous soulignez mais, selon moi, cela en fait partie.
(1645)
    Cela en fait partie.
    Merci beaucoup.

[Traduction]

    Merci beaucoup, monsieur Gaudet.
    Nous allons maintenant à M. McColeman. Vous avez cinq minutes.
    Je dois vous remercier à mon tour, surtout M. MacDonell. Je vous suis vraiment reconnaissant pour votre présence ainsi que pour votre engagement dans ce projet.
    Je ne peux m'empêcher de penser à la suite des choses pour ce qui est du mentorat, car nous avons perdu les anciens combattants de la Première Guerre mondiale et nous sommes en train de perdre rapidement aussi ceux de la Seconde Guerre mondiale. Je sais que vous travaillez à la conservation de leurs récits, à la préservation des documents et de toutes ces choses que les anciens combattants... et il est bien évident que nous ne pouvons pas arrêter le train de la vie. Mais je m'interroge au sujet des stratégies que vous pouvez établir en prévision de l'avenir. Je sais que nous avons parlé des anciens combattants actuels et de ceux de la guerre de Corée, notamment, mais offrons-nous une certaine forme de mentorat à ces gens — que j'ai rencontrés également lors du déjeuner en question — dont la passion est tout simplement incroyable et qui auront à transmettre ce message aux générations futures, à ma petite-fille, à mes petits-enfants et à tous les autres? Qu'est-ce que vous envisagez à long terme?
    Pour ce qui est de la Première Guerre mondiale, Jeremy et moi avons un travail assez unique en ce sens que nous revivons quotidiennement l'histoire canadienne. Cette année, nous avons rencontré John Babcock, le dernier ancien combattant canadien de la Première Guerre mondiale encore vivant. Nous avons roulé jusqu'à Spokane dans l'État de Washington pour une rencontre de trois heures au cours de laquelle nous avons discuté avec lui et écouté son histoire. Je crois que cet héritage direct de la contribution du Canada à la Première Guerre mondiale est en grande partie perdu. C'est vraiment très regrettable.
    En ce qui a trait à la Seconde Guerre mondiale, nos anciens combattants ont maintenant 86 ou 87 ans, en moyenne. Dans le cadre du Projet Mémoire, nous allons faire de notre mieux en enregistrant leurs récits sur support numérique pour la postérité. Nous allons déployer un effort spécial afin que tous les anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale qui souhaitent raconter leur vécu devant une classe puissent le faire. Mais il ne faut pas s'attendre à bien des années encore où des anciens combattants de 90 ans pourront multiplier les visites dans les salles de classe. Il faut assurément que nous prenions bien conscience de la situation et je suis persuadé que l'exemple des anciens combattants de la Première Guerre mondiale devrait nous fournir une indication de ce qu'il faut faire. Vous avez tout à fait raison de faire valoir qu'il nous faut des gens pour tendre le flambeau du souvenir et préserver les récits de nos anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale. C'est exactement ce que nous nous efforçons de faire avec le Projet Mémoire.
    M. MacDonell a parlé d'une prise de conscience accrue au cours des dernières années et c'est avec grande émotion que j'ai pu observer ce phénomène. Nous tenons dans notre collectivité un repas de remerciements pour les anciens combattants et 800 personnes y ont participé. C'est incroyable. J'ai noté ce nouvel engouement.
    Je crois que vous avez voulu nous faire valoir aujourd'hui que nous devrions être reconnaissants de pouvoir vivre dans ce merveilleux pays de liberté. C'est cela qui est important. Cela m'amène à vous poser la question suivante: Que pourriez-vous nous dire de plus pour nous guider dans les actions que nous devrions entreprendre dans notre rôle de législateurs pour préserver ces valeurs et les transmettre de façon très concrète aux générations futures? Il va de soi que je ne dis pas que tout cet héritage sera perdu, mais une fois que les générations qui ont participé aux grandes guerres et aux guerres mondiales seront disparues, il sera assurément plus difficile de se raccrocher à ce patrimoine de façon tangible. J'ose seulement espérer que nous serons en mesure de préserver tout cela.
    J'aimerais simplement savoir si l'Institut Dominion a une vision à long terme des mesures qui pourraient être possibles à cet égard et de l'aide que nous pourrions apporter.
(1650)
    Nous avons assurément pu constater qu'au fur et à mesure que nos anciens combattants ralentissent leurs activités — quand ils ne meurent pas tout simplement — la fréquence des visites annuelles peut passer de huit à neuf jusqu'à peut-être une à deux. Dans certains cas, le nombre d'anciens combattants participant au Projet Mémoire demeure stable ou augmente légèrement. Cependant, le nombre de visites qu'ils sont en mesure de faire diminue bien évidemment un peu.
    Nous avons vu de plus en plus récemment des enfants d'anciens combattants participer à ces événements, où ils représentent leur père, présentent ses médailles et répètent tout ce qu'il leur racontait lorsqu'ils étaient plus jeunes et jusqu'au moment de son décès, il y a peut-être une année ou deux. Ils apportent les médailles pour qu'on puisse les numériser et font enregistrer leurs histoires. Nous avons ainsi pu préserver un bon nombre de récits d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale rapportés en leur nom par leurs enfants et leurs petits-enfants. Nous voyons ces enfants, ces petits-enfants et ces arrière-petits-enfants démontrer beaucoup de passion, mais c'est particulièrement manifeste chez les enfants, des gens qui sont dans la cinquantaine ou la soixantaine, et qui comprennent bien l'importance de transmettre cet héritage.
    J'estime que la technologie sera essentielle à la conservation de ce patrimoine. Il faudra profiter de toutes les occasions d'enregistrer non seulement les textes et les photographies, mais aussi les récits livrés directement par les anciens combattants. En fouillant récemment dans nos archives numériques, j'ai pu écouter le témoignage d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale qui sont bien sûr décédés depuis. Pouvoir entendre la voix d'un ancien combattant de la Première Guerre mondiale sur ces enregistrements granuleux, c'est une expérience remarquable pour l'historien que je suis, mais aussi bien sûr pour les étudiants qui peuvent ainsi mieux comprendre l'importante contribution des anciens combattants à cette grande guerre.
    J'estime donc que la technologie, la mobilisation des générations futures par l'entremise de leur famille et les efforts déployés auprès des enseignants pour qu'ils perpétuent ce patrimoine sont autant d'éléments importants. M. MacDonell a d'ailleurs pu constater la même chose.
    Je pense que c'est une question très importante. Il est primordial que nous perpétuions l'idée qu'il est effectivement nécessaire de remercier les anciens combattants, mais que nous devrions aussi nous rappeler que les 1 100 000 Canadiens qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale accomplissaient simplement leur devoir de citoyens au sein d'une société libre.
    J'essaie d'expliquer aux étudiants qu'il ne s'agit pas seulement de remercier; il faut aussi comprendre. C'est tout particulièrement important pour les nouveaux arrivants au Canada; c'est la façon dont un citoyen doit se comporter lorsque son pays se retrouve en situation de crise comme ce fut le cas lors de la Seconde Guerre mondiale. Vous devez simplement faire votre devoir de citoyens.
    Et pour répondre à vos interrogations précédentes concernant les questions qui sont posées, je vous dirais qu'il arrive souvent que l'enseignant demande aux élèves ce qu'il ferait si une crise comme celle de 1939 éclatait maintenant. Il s'ensuit généralement un débat très intéressant quant à savoir qui se porterait volontaire. D'autres jeunes font valoir que la question ne se pose pas vraiment pour un citoyen du Canada.
    Nos héros sont importants, comme Billy Bishop, mais je pense que nous devrions surtout insister sur le devoir de citoyen. L'une des grandes valeurs que l'Institut Dominion pourra transmettre lorsque des gens comme moi ne seront plus disponibles est l'importance de la notion de devoir si l'on veut vivre dans une société libre. Comme le disait Périclès, la liberté appartient seulement à ceux qui ont le courage de la défendre. C'est ce qu'il a affirmé 2 000 ans avant Jésus-Christ, et c'est toujours vrai aujourd'hui.
    J'aimerais ajouter quelque chose, car je ne crois pas avoir répondu adéquatement à la première question. Ce sont toujours les filles qui posent les questions intelligentes. Elles demandent comment on se sent quand on rentre à la maison, qu'est-ce que notre mère pensait de tout cela et des choses semblables. Les garçons s'interrogent toujours sur le fonctionnement des choses. Je dois admettre qu'il faut se méfier des questions des filles. Elles vont tout de suite à l'essentiel.
(1655)
    Merci, monsieur MacDonell.
    Il y a encore une autre possibilité d'intervention pour les conservateurs, si vous avez d'autres questions.
    Monsieur Clarke, vous avez cinq minutes.
    Merci, monsieur MacDonell, monsieur Chalifoux et monsieur Diamond, de comparaître devant le comité.
    Monsieur MacDonell, le nombre d'heures que vous avez passées bénévolement à documenter votre histoire et celles des autres doit être astronomique. Il a sans contredit dû être très difficile de vous remémorer tous ces souvenirs et de composer avec tout les supplices que vous avez vécus.
    Je serais curieux de savoir combien d'écoles vous visitez chaque année. En moyenne, combien y en a-t-il?
    Le plus petit nombre d'écoles que j'ai visitées en une année a été de huit et le plus élevé, de douze ou treize, donc en moyenne, je me rends dans dix ou onze écoles par année. On m'invite souvent à parler aux enseignantes, notamment à celles qui enseignent l'histoire et qui voudraient un peu d'aide. En moyenne, je dois visiter douze écoles par année depuis huit ou neuf ans.
    Habituellement, y allez-vous seul ou vous faites-vous accompagner?
    J'y vais seul, mais je rencontre toujours l'enseignante au préalable. J'arrive aussi une heure, une heure et demie à l'avance, pour vérifier mon matériel. L'enseignante est toujours là pour me seconder.
    Les présentations durent-elles entre 45 minutes et une heure?
    Elles durent 45 minutes, à la demande de l'enseignante et selon si elle veut qu'il y ait une période de questions. Si je vais au Leaside High School mardi matin, mettons, je vais partir de chez moi à 8 heures et revenir vers 11 h 30. Cela me prend toute la matinée.
    Est-ce que vous enregistrez chaque présentation, dans chaque classe?
    Bien souvent, ce sont les élèves qui filment la présentation.
    D'accord.
    J'aurais aussi quelques questions à poser aux gens de l'Institut du Dominion. Combien d'anciens combattants avez-vous interviewés en dehors de l'Ontario, à peu près, depuis le début du programme?
    Sur les 1 000 orateurs enregistrés dans les archives numériques, je dirais qu'environ 500 ou 600 doivent venir de l'Ontario et le reste, des autres régions du Canada.
    Comme je viens de l'Ouest, je vais vous demander de me parler de votre présence dans l'Ouest canadien.
    Nous avons beaucoup d'aide du Bureau des orateurs, surtout à Vancouver, à Victoria et en Alberta. Ces deux provinces sont parmi les plus actives. Je dirais que sur 1 500 orateurs, il y en a probablement 300 dans l'Ouest. Cela dépend. Nous sommes allés dans certaines collectivités pour nos archives numériques et dans presque toutes les collectivités pour notre bureau des orateurs.
    Nous avons travaillé au projet des archives numériques pendant trois ou quatre ans, et nous nous sommes rendus dans plusieurs villes. Nous avons tenu un événement du style Antiques Roadshow, où nous avons encouragé les anciens combattants à enregistrer leur témoignage, à numériser tout ce qu'ils avaient comme documentation chez eux, puis nous avons pris notre matériel et sommes partis vers une autre ville. Nous sommes passés par l'Ouest canadien dans notre tournée.
(1700)
    Combien d'argent l'Institut du Dominion a-t-il reçu pour le Projet Mémoire?
    Nous avons reçu environ 1,3 million de dollars d'Anciens Combattants et probablement 600 000 $ du ministère du Patrimoine canadien. Au total, nous avons donc reçu presque deux millions de dollars depuis 2001.
    Vous avez mentionné que toutes les entrevues avec les participants étaient enregistrées. Sont-elles traduites aussi?
    De temps et temps, nous enregistrons les rencontres organisées dans les classes, mais ce sont les enseignants qui les enregistrent. Nous n'avons pas les moyens d'enregistrer les 700 à 800 visites que nous rendons chaque année dans l'ensemble du Canada. Celles qu'on trouve dans les archives numériques sont celles où nous avons ciblé les anciens combattants de diverses collectivités et où nous avons enregistré leurs témoignages par téléphone. Tous ne sont pas traduits, mais nous avons fait un effort spécial pour englober les anciens combattants et les collectivités francophones et avons enregistré pas mal d'histoires directement en français, qui ont été transcrites sur place.
    Très bien. C'est peut-être évident, mais j'ajouterai que nous sommes un petit organisme de bienfaisance. Nos activités sont centrées autour de projets. Le Projet Mémoire a été notre principal projet pendant des années. Nous avons reçu de l'excellent financement. Vraiment, nous n'avons pas eu plus grand partenaire que le gouvernement fédéral dans notre travail.
    Le financement est généralement lié à des aspects précis d'un projet, c'est ainsi que nous arrivons à nous concentrer sur un aspect du projet à un moment particulier. Ce pourrait être les archives numériques de 2002 à 2006, par exemple. Nous essayons maintenant d'aller chercher la nouvelle génération d'anciens combattants. Nous profitons en ce moment d'un accord de financement de trois ans. La moitié des fonds provient de la subvention pour le programme d'études canadiennes du ministère du Patrimoine canadien et l'autre moitié, du programme Le Canada se souvient d'Anciens Combattants Canada.
    Monsieur MacDonell, je dois vous féliciter et nous remercier, vous et les autres bénévoles, de prendre le temps de nous raconter ces histoires. C'est de l'information perdue que nous devons la préserver.
    Merci encore.
    Merci beaucoup, monsieur Clarke.
    Je ne le fais habituellement pas, mais je vais prendre la liberté, aujourd'hui, de vous poser quelques questions puisque tout le monde a eu l'occasion de vous en poser une et que nous allons très bientôt devoir nous occuper de questions administratives.
    Quand un ancien combattant se rend dans une école, demandez-vous un tarif ou un don volontaire pour essayer d'assurer la durabilité à long terme du projet?
    Non. Ce projet a été conçu pour être un service gratuit à l'intention des enseignants, et c'est toujours le cas. Parfois, les enseignants font un don à l'institut au nom de l'école ou offrent un cadeau aux orateurs pour les remercier. Je suis sûr que M. MacDonell en a déjà reçus. Nous créons du matériel pédagogique que nous remettons gratuitement aux enseignants, et les anciens combattants eux-mêmes ne sont pas payés, bien qu'ils reçoivent parfois une petite indemnité pour participer à des événements, qui couvre le stationnement, entre autres. À part cela, nous ne demandons rien. C'est un service offert gratuitement aux enseignants, et nous sommes reconnaissants envers nos anciens combattants, qui nous donnent si généreusement de leur temps, à leurs frais.
    Depuis combien de temps le Projet Mémoire existe-t-il?
    Depuis 2001. Je pense qu'il a débuté à l'été 2001. Nous avons commencé cette année scolaire-là. Cela fait donc environ huit ans.
    J'ai été très content de vous entendre répondre à Mme Foote que vous étiez ouvert à toute forme d'aide ou de partenariat. Je tiens à en mentionner deux. D'abord, le plus grand carrousel militaire se trouve à Hamilton, en Ontario, et j'espère que vous déciderez de communiquer avec lui et de saisir l'occasion pour obtenir de la documentation ou même une présence de sa part.
    Oui, nous y sommes déjà allés. C'est un super événement.
    Oh! D'accord. Pour revenir à ce que vous disiez, c'est votre but, n'est-ce pas?
(1705)
    Oui.
    Bien sûr, il y a aussi ici le navire canadien de Sa Majesté Haida. Je suis certain que parmi les anciens combattants qui collaborent avec vous, il y en a qui ont fait partie de la marine...
    M. Jeremy Diamond: Effectivement.
    Le président:... et qui seraient prêts à travailler avec un partenaire comme le NCSM Haida. Bien sûr, le NCSM Star est là aussi, à la base de la réserve. Ils en sont les intendants, pour ainsi dire, avec les amis du NCSM Haida.
    C'est tout pour moi. Comme les autres membres du comité, je vous suis très reconnaissant de votre présence ici aujourd'hui. Nous vous remercions de nous avoir invités à déjeuner, ce qui nous a donné un avant-goût de votre présence ici, assez pour nous donner le goût de vous accueillir. Bien sûr, vous avez aussi comparu devant les sénateurs sur votre autre projet, Passages. Nous sommes allés vous rendre visite là-bas aussi, donc nous avons eu une bonne dose d'Institut du Dominion.
    Monsieur MacDonell, merci encore une fois de vos bons services et de ce que vous faites.
    Merci à tous les représentants de l'Institut du Dominion aussi, non seulement pour le Projet Mémoire, mais pour le fait d'avoir décidé que tout cela était assez important pour qu'un institut soit mandaté de préserver la mémoire de l'histoire canadienne. Vous le faites très bien, avec classe et professionnalisme, et vous nous en faites voir un autre côté. Au nom du comité, je vous remercie.
    Nous allons maintenant prendre une petite minute, parce que je suis certain que la plupart des membres du comité souhaitent vous serrer la main.
    Merci.
    Merci beaucoup. Nous sommes très contents d'être ici.
    Nous vous remercions d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. Merci
    [La séance se poursuit à huis clos.]
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