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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les députés, je suis à la fois très heureux de comparaître devant vous cet après-midi et un peu ému parce que c'est la première fois que je m'exprime devant une assemblée aussi distinguée.
Je voudrais préciser très rapidement mon cursus. Je suis pilote de chasse de formation. Ayant participé à certains théâtres d'opérations, je suis moi-même un ancien combattant. Je devrais tout connaître sur la question, mais je n'ai pas cette prétention. Je vous demande de bien vouloir m'en excuser. J'ai tenu à comparaître devant vous cet après-midi parce que, pour moi, c'est également une sorte de témoignage de ma solidarité et de mon admiration pour les troupes canadiennes engagées sur les théâtres d'opérations. C'est un peu en hommage à vos blessés et à vos morts, notamment sur le théâtre afghan, que je suis heureux d'essayer d'apporter une petite pierre à votre réflexion. Je le fais bien humblement, car je n'ai pas toute l'expertise requise. Toutefois, je vais vous donner un certain nombre d'informations.
Si vous le permettez, je vais préciser très rapidement quelle est l'organisation des affaires des anciens combattants en France. Je vous donnerai quelques chiffres. Ensuite, nous verrons l'aspect budgétaire. Finalement, si vous le voulez bien, je ferai très rapidement un état des prestations offertes à nos anciens combattants. En outre, je parlerai des infrastructures et des administrations dont on dispose en France pour les accueillir.
Tout d'abord, permettez-moi de vous expliquer ou, à tout le moins, de vous rappeler la structure du ministère de la Défense. En France, le ministre de la Défense délègue à un secrétaire d'État à la Défense la responsabilité des anciens combattants. Cette structure fonctionne depuis 1999. Auparavant, c'était comme la structure canadienne. Aujourd'hui, les anciens combattants sont sous la coupe du ministre de la Défense par délégation.
Je vous rappelle que le ministre de la Défense, outre ce délégué responsable des anciens combattants, a trois grands subordonnés. Le premier est le chef d'état-major des armées, soit l'équivalent du chef d'état-major de la Défense au Canada. Le deuxième subordonné est le délégué général pour l'armement. C'est une personne responsable de tous les équipements et programmes d'acquisition dans les forces; elle a l'équivalent des attributions du ministre des Travaux publics du Canada et du sous-ministre adjoint du matériel de la Défense. Le troisième subordonné est le secrétaire général pour l'administration. Comme son titre l'indique, il est responsable de l'administration au sein du ministère de la Défense et a certaines attributions équivalentes à celles du sous-ministre de la Défense du Canada.
Je vous ai très rapidement brossé le portrait de cette organisation pour vous dire que le secrétaire d'État à la Défense, ministre délégué auprès du ministre, se repose, pour tous les actes administratifs, sur le secrétaire général pour l'administration. Nous verrons également que le secrétariat général pour l'administration est responsable de la gestion du programme des anciens combattants.
Je vous cite quelques chiffres pour vous donner un ordre d'idée. En France, nous avons 3,6 millions d'anciens combattants. Aujourd'hui, il y a environ 361 000 effectifs pensionnés, c'est-à-dire des gens qui touchent une pension, en date de 2008.
Les ressources mises à la disposition de la Défense pour conduire ses missions sont votées par lois de finances de manière annuelle. Celles-ci sont généralement conformes à ce que l'on appelle en France une loi de programmation militaire qui se conduit sur cinq ans. La dernière a couru de 2003 à 2008, et la prochaine sera donc de 2009 à 2014.
J'aimerais vous rappeler également que depuis 2006, nous avons une loi organique relative aux lois de finances. Je m'explique. Il y a un principe d'allocation de ressources par mission et programme auquel sont associés des objectifs et des indicateurs de résultat. C'est tout simplement une bonne pratique que l'on trouve aujourd'hui normalement dans tous les gouvernements. C'est la mesure de performance de l'action de l'État.
Je redescends d'une strate. Il y a quatre missions qui sont données au ministre de la Défense. La première, c'est véritablement la mission défense, soit la préparation des forces et l'équipement. La deuxième, c'est une mission sécurité. Je passerai rapidement dessus. La troisième, c'est la recherche et l'enseignement supérieure, et la quatrième mission, qui est une mission interministérielle, c'est la mission anciens combattants, mémoire et liens avec la nation. Donc, c'est une mission à part entière du ministère des Anciens combattants.
Dans cette mission, on peut distinguer deux programmes. Le premier, c'est le lien entre la nation et son armée. C'est principalement la promotion de l'esprit de défense, mais également l'animation, tout au long de l'année, de ce qu'on appelle la Journée d'appel de la préparation à la défense. C'est une journée qu'on organise au profit des jeunes afin que, dans une classe d'âge, c'est-à-dire aux alentours de 18 ans, ils puissent passer une journée sur des sites de la défense pour se faire passer un certain nombre de messages concernant la citoyenneté, le besoin de défense, de sécurité. On appelle cela une JAPD, Journée d'appel de préparation à la défense, et ça concerne environ 780 000 jeunes par an. C'est donc le lien nation et cela concerne un budget qui est de l'ordre de 7 p. 100 du budget des Anciens combattants. Le reste, 93 p. 100 du budget des Anciens combattants, vous l'aurez compris, concerne le deuxième programme, qui est la reconnaissance et la réparation pour nos anciens combattants.
Là encore, si vous le permettez, je vais vous donner quelques chiffres. Ce programme, qu'on appelle reconnaissance et réparation, représente 93 p. 100 du budget des Anciens combattants. Si on le rapporte au budget de la Défense, c'est très exactement 7,1 p. 100 du budget de la Défense. Donc, si on prend le budget de la Défense dans sa totalité, 7,1 p. 100 vont pour la réparation et la reconnaissance, et ce sont principalement les pensions au profit de nos anciens combattants.
Je ferai juste une petite mise en perspective, si vous le permettez. Le budget de la Défense français, c'est 21 p. 100 pour l'équipement des forces et 44 p. 100 pour la préparation et l'emploi des forces. Vous voyez donc ce chiffre de 7 p. 100 rapporté à l'activité des forces et l'équipement également de ces forces.
Je continue dans ce programme de reconnaissance et de réparation, qui est placé, je le précise, sous la responsabilité du secrétaire général pour l'administration et non pas du ministre délégué aux Anciens combattants. C'est pour cela que je me suis permis, en introduction, de recadrer la structure du ministère de la Défense.
Quelle est la finalité de ce programme? C'est d'assurer l'ensemble des prestations relevant du droit à réparation ou de la reconnaissance attribuée aux bénéficiaires. On attribue ces prestations selon ce que l'on appelle le Code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre. Ce code n'est ni plus ni moins que le régime en vigueur au profit de nos anciens combattants qui ont droit à une pension militaire d'invalidité.
Au travers de ce programme de reconnaissance et réparation, il y a quatre actions majeures. La première, c'est l'administration de ce qu'on appelle la dette viagère. C'est tout simplement le paiement des pensions militaires d'invalidité et de retraite aux anciens combattants. La deuxième action — et ce sera peut-être l'objet de vos questions précisément —, c'est la gestion des droits liés aux pensions militaires. Je peux en donner quelques exemples. Ce sont les droits aux soins médicaux gratuits, le droit à l'appareillage, le droit à l'affiliation à la sécurité sociale. Ce sont des droits concernant la fiscalité, le transport, les maisons de retraite et également l'accès à certaines institutions que l'on offre aux anciens combattants.
Je veux parler notamment de l'Institution Nationale des Invalides et de l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Mais j'y reviendrai, si vous le permettez.
La troisième action est une action de solidarité. Cela regroupe les prestations et les avantages que l'on offre aux anciens combattants, notamment une retraite d'ancien combattant. C'est également l'accès à certaines retraites mutualistes et à un certain nombre d'assistances concernant l'administration de leur situation.
La quatrième action constitue l'entretien des lieux de mémoire. Il s'agit principalement de sépultures perpétuelles qui sont offertes à certains grands invalides, à certains pensionnés de guerre.
La cinquième action est tout simplement l'administration des quatre premières actions que je vous ai citées.
Je vais vous donner encore quelques chiffres, si vous le permettez.
L'effort financier moyen de l'État, par an, est de 9 154 euros par pensionné, et ce, pour 361 000 pensionnés au total en France. Les chiffres que je vous donne sont bien évidemment ceux de 2008; je ne dispose pas de ceux de 2009.
On pourra revenir plus tard sur les droits précis des anciens combattants et les prestations. Je peux vous en lister un certain nombre. Je me mets à votre disposition à l'issue de cette introduction.
Avant tout, j'aimerais vous parler de deux institutions spécifiques en faveur des anciens combattants en France. Nous avons ce qu'on appelle l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre. Cet office spécifiquement français a été créé en 1916. Il s'agit d'un établissement public, administratif et national rattaché aux anciens combattants, dont la mission est de se mettre au service des 3,6 millions d'anciens combattants en France. Il a avant tout une mission d'assistance sociale et administrative. Cet office a des bureaux dans tous les départements de France. Il administre également des maisons de retraite au profit des anciens combattants et des écoles de reconversion professionnelle pour des invalides qui ne pourraient pas reprendre l'emploi qu'ils occupaient avant leur invalidité.
Le deuxième organisme est l'Institution Nationale des Invalides, dont la mission est d'accueillir les invalides et de dispenser des soins d'hospitalisation. On y trouve notamment un centre médico-chirurgical qui participe aux études et à la recherche sur l'appareillage des handicapés. C'est une institution qui est placée depuis plus de trois siècles sous la protection du chef de l'État.
Aujourd'hui, en 2009, l'essentiel de l'action de l'État réside dans la consolidation de ces droits, car nous avons de plus en plus d'anciens combattants. Il faut abonder ces droits, notamment en termes de budget. Il s'agit, par exemple, de rehausser la valeur du point concernant les pensions militaires. Depuis quelques années, il y a un important sujet d'actualité en France qu'on appelle la décristallisation. Je ne suis pas sûr que ce terme puisse être traduit.
La décristallisation signifie que dorénavant, les prestations accordées aux anciens combattants doivent être d'un montant égal pour tous ceux qui ont combattu pour la France, notamment pour les États anciennement sous souveraineté ou sous tutelle de la France. Autrement dit, un pensionné au Maroc ou en Algérie doit toucher la même pension que son camarade en France, s'il a combattu, à un moment de l'histoire, aux côtés de la France.
C'est un gros dossier qui a été traité ces dernières années et qui est maintenant clos, puisque ces pensionnés ont droit à une prestation d'un montant égal à celui versé à leurs camarades français.
Il s'agit également d'améliorer ce qu'on appelle le crédit pour la retraite du combattant, les rentes mutualistes et l'indemnisation des orphelins des victimes des persécutions antisémites et des actes de barbarie pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est là l'actualité de la fin de 2008 et les axes principaux du ministre délégué aux anciens combattants qui, comme vous le constatez, concernent surtout la consolidation des droits et non pas l'ouverture de nouveaux champs d'investigation.
Je ne sais pas exactement quel était le temps qui m'était imparti pour ma présentation. Je peux vous expliquer en quelques mots ce qu'est une pension concrète et vous parler plus en détails des prestations que l'on offre aux anciens combattants. Je m'en remets à vous pour ce genre de questions.
Voilà, monsieur le président, j'ai terminé.
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Merci, monsieur le député.
Selon le dispositif que je vous ai décrit, les principaux points sur lesquels l'action ou l'effort doit porter s'échelonnent sur deux niveaux. Le premier, c'est bien évidemment la hauteur des pensions accordées à nos anciens combattants et également la couverture des maladies. Je crois que c'est le point principal. Ensuite, il y a tous les avantages accordés aux anciens combattants, notamment l'accès à des retraites mutualistes, la retraite du combattant et les avantages fiscaux. Il y aurait probablement des efforts à faire à cet égard.
La deuxième partie consiste en la reconnaissance de certains théâtres et de certaines campagnes. Vous le savez, l'histoire n'est pas toujours très simple. Il y a certains moments de l'histoire où il n'est pas simple de reconnaître le statut exact des droits des gens qui ont participé à ces opérations, par exemple en Afrique du Nord, ou sur des questions beaucoup plus difficiles telles que les essais nucléaires. La reconnaissance de la part de l'État, de certains moments de l'histoire, de certaines opérations extérieures ou de certains temps de crise ne va peut-être pas assez loin, selon les protagonistes ou ceux qui y ont participé.
Par exemple, on reconnaît les théâtres de certains combats en Afrique du Nord, mais selon des calculs qui ne sont pas forcément à l'avantage de ceux qui y ont participé. Je m'explique. Quand vous êtes dans un théâtre d'opérations, vous avez ce qu'on appelle le principe de la campagne simple, c'est-à-dire que si vous avez passé 90 jours dans le théâtre d'opérations, dans votre calcul de retraite, vous allez doubler ces 90 jours et vous aurez au total 180 jours. Dans certains théâtres, ce principe de campagne n'est pas reconnu, et les anciens combattants se battent à propos de ces dispositifs.
Pour résumer, je dirai que les améliorations ne se trouvent pas dans la recherche de nouveaux dispositifs, mais plutôt dans la hauteur des pensions et des avantages fiscaux. Finalement, il faut déterminer les moyens de faciliter la vie des anciens combattants d'un point de vue financier, lorsque ceux-ci se trouvent en difficulté. Enfin, on veut une reconnaissance de tous les théâtres d'opérations.
Une fois de plus, je relisais le document des anciens combattants à propos des actions et du bilan de 2008. Cela tourne véritablement autour de la consolidation des droits plutôt que de la recherche de nouvelles pistes.