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Puisque nous en avons déjà discuté, vous connaissez déjà certains des renseignements généraux qui figurent sur la diapositive 2. Il est important de mentionner que nous sommes un grand centre de formation pour les médecins résidents, les infirmières et autres professionnels de la santé des États-Unis. Ces personnes sont donc en contact avec les anciens combattants et utilisent notre système de dossiers de santé électroniques.
La troisième diapositive nous montre une copie d'écran de la page principale de notre dossier de santé électronique, dont la base est ce que l'on appelle le système VistA, ou Veterans Health Information Systems and Technology Architecture. Le système de dossiers-patients informatisés repose sur le système VistA, que nous utilisons depuis une trentaine d'années. L'interface avec le clinicien et le dossier de santé électronique a environ 10 ans. Ce système est accessible partout au pays. Lorsqu'un ancien combattant qui consulte habituellement son médecin à New York est en vacances en Floride, les cliniciens là-bas ont accès à ses renseignements médicaux, y compris aux images qui proviennent de partout au pays.
À la diapositive 4, nous voyons des illustrations de l'utilisation du dossier de santé électronique. Dans le coin supérieur droit, un cardiologue est en train d'utiliser la composante d'imagerie. L'imagerie comprend non seulement les radiographies, mais aussi les images d'examens cardiologiques et les représentations oscillographiques. Il peut s'agir de la vidéo d'une intervention complète, par exemple.
À la diapositive 5, nous parlons un peu plus de ce à quoi j'ai fait allusion tout à l'heure, soit l'accès aux données, peu importe où se présente l'ancien combattant. Nous utilisons pour cela différentes applications logicielles. Ce qui va peut-être vous intéresser, c'est que les fonctionnaires du département qui calculent le montant des indemnités ont également accès au dossier de santé électronique des patients. Par exemple, lorsqu'il est déterminé que l'indemnisation pour les cas de diabète lié à l'exposition à l'agent Orange au Vietnam est attribuée d'office si l'ancien combattant souffre de diabète et a été exposé à l'agent Orange, pour savoir si cela touche les anciens combattants que nous traitons, nous pourrons consulter leur dossier de santé électronique sans avoir à les faire revenir.
Ce système est donc utilisé pour offrir des soins cliniques directs, pour surveiller la qualité et pour calculer les prestations.
La diapositive 6 montre un peu l'évolution dont j'ai parlé et le fait que depuis une trentaine d'années, nos praticiens sont en mesure de consulter, sous forme électronique, les résultats de laboratoire, les radiographies et les renseignements pharmacothérapeutiques des patients. Avec le temps, nous avons ajouté la possibilité pour les cliniciens de commander leurs médicaments et de voir les mises en garde concernant les interactions médicamenteuses ainsi que le soutien aux décisions cliniques qui leur sont présentés.
Vous trouverez, à la diapositive 7, des données comparatives sur le volume que représente notre système de dossier de santé électronique. Ce n'est qu'un point de repère. En raison de la façon dont se fait la prestation des soins, qui est semblable à un système fermé comme le vôtre, nous profitons du fait que les fournisseurs de soins n'ont pas besoin de commander de nouveau un test de laboratoire parce que les résultats ne sont pas disponibles. Nous pouvons diriger un patient vers un médecin conseil et faire en sorte qu'il n'est pas obligé de subir à nouveau des radiographies ou des tests de laboratoire pour la seule raison qu'on n'a pas en main son dossier et les résultats. Voilà qui fait ressortir un peu l'avantage économique.
Je vais vous parler brièvement du partage de l'information avec le département de la Défense. Nous nous l'échangeons de plus en plus. Au début, nous pouvions seulement consulter les données du département de la Défense. Maintenant, nous pouvons consulter l'information dont dispose le département pour faciliter la décision clinique dans notre système et dans le système des anciens combattants et vice-versa. Cela veut dire que les interactions médicamenteuses et les allergies aux médicaments n'apparaissent pas seulement dans les données locales, mais aussi dans celles des deux organismes.
La diapositive intitulée « Preuve de qualité » nous montre comment notre dossier de santé électronique s'est distingué partout au pays, dans les secteurs tant public que privé, grâce aux économies réalisées, comme nous venons de le voir, mais aussi à l'amélioration de la qualité des soins et du fait qu'il est maintenant possible de rappeler aux médecins les interventions pour les patients atteints d'une maladie chronique ou les interventions médicales préventives comme la vaccination antigrippale ou antipneumococcique.
À la diapositive 11, nous vous donnons le lien pour accéder au site de démonstration de notre dossier de santé électronique.
On m'a également demandé de vous parler du dossier de santé personnel, un tout nouveau projet du département. Notre objectif est de faire en sorte que les patients puissent gérer leurs renseignements, notamment l'information qu'ils enregistrent dans la base de données en ligne, et que le dossier serve de source fiable d'information sur la santé. Nous avons collaboré avec le département de la Défense pour obtenir un module commercial d'information sur la santé, et nous l'avons complété avec des informations sur les maladies, les blessures et les troubles mentaux propres aux anciens combattants. Le module a beaucoup évolué au fil des ans.
Je vais vous en parler un peu. Nous voulions améliorer l'accès aux services. C'est aussi la façon dont les anciens combattants peuvent communiquer s'ils sont traités par des médecins qui ne font pas partie du réseau du département américain des Anciens Combattants ou s'ils veulent obtenir de l'aide pour un membre de leur famille dans le cadre de leur traitement. Nous énumérons donc quelques-uns des avantages de ce portail, soit une meilleure communication et la satisfaction accrue des patients en ce qui concerne les ressources.
En 2008, par exemple, nous avons fait en sorte que les anciens combattants puissent consulter une partie de leur dossier médical en ligne au moyen du portail de dossiers de santé personnels, afin qu'ils n'aient pas besoin de se rendre à l'hôpital pour obtenir une copie de leurs résultats de laboratoire ou de leurs radiographies. Cette année, les anciens combattants pourront aussi communiquer avec leurs cliniciens au moyen d'un portail sécurisé sur My HealtheVet afin de lui poser des questions ou d'obtenir des précisions sur les conditions de leur traitement.
Nous avons ajouté quelques-unes des statistiques à cet égard à la diapositive 16. L'ajout de nouvelles fonctionnalités a encouragé davantage la participation des anciens combattants. Par exemple, lorsque nous avons donné la possibilité aux anciens combattants de renouveler leurs ordonnances en ligne, il y a eu une augmentation subite du nombre d'inscriptions à My HealtheVet. Nous prévoyons une augmentation semblable cette année, quand les communications entre fournisseurs de soins et patients seront possibles.
La diapositive suivante fournit un peu plus de détail. Les anciens combattants peuvent également utiliser ce site pour enregistrer leurs antécédents militaires ou personnels, ou bien s'en servir pour noter chaque jour leur tension artérielle, leur température, leur poids ou tout autre élément dont ils suivent eux-mêmes l'évolution ou que leur fournisseur de soins leur a demandé de suivre.
Nous utilisons également ces deux outils pour l'éducation et la participation des patients. Le fait que le patient peut voir l'incidence d'un nouveau médicament ou d'un changement dans ses habitudes de vie — comme le fait de perdre du poids ou d'arrêter de fumer — sur ses résultats de laboratoire ou de spirométrie a beaucoup d'impact. Le dossier de santé électronique et le dossier de santé personnel servent aussi à établir cette corrélation avec les changements positifs ou négatifs survenus dans les habitudes de vie.
À My HealtheVet, nous collaborons également avec les services de recherche pour nous assurer que les anciens combattants sont au courant des recherches propres à leur maladie ou à la santé des anciens combattants. C'est une autre fonctionnalité que nous utilisons.
Nous avons expliqué tout à l'heure que les anciens combattants ont la possibilité de renouveler leurs ordonnances en ligne grâce à My HealtheVet, et nous vous parlons ici des options de la pharmacie My HealtheVet. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, cette option est très en demande. Toutes les options que nous avons ajoutées au dossier de santé personnel sont choisies par des groupes de discussion et de consultation d'anciens combattants, qui nous disent ce qu'ils aimeraient trouver dans ce site.
Nous croyons que ces deux outils se complètent l'un l'autre. Par exemple, nous faisons plus de suivi des patients grâce à nos télésoins à domicile. Donc, si nous avons un patient atteint d'une maladie chronique qui souffre d'insuffisance cardiaque congestive et que nous voulons contrôler quotidiennement ses signes vitaux et vérifier son état de santé en général, nous transmettons toute l'information à une infirmière, qui surveille peut-être de 200 à 300 patients. Elle peut intervenir dès que son état se détériore.
On contacte alors peut-être quelqu'un d'autre, et l'infirmière appelle l'ancien combattant. Cette méthode permet d'éviter des hospitalisations, aide à réduire la durée des séjours à l'hôpital et a des effets positifs. Tout cela est possible grâce à ces deux technologies qui favorisent d'autres modalités de traitement et qui s'appuient sur le dossier de santé électronique et le dossier de santé personnel.
Nous utilisons également le dossier de santé personnel pour rappeler aux anciens combattants quand les soins préventifs sont requis, et nous trouvons que c'est une méthode efficace — pour les vaccinations, pour rappeler aux patients de porter la ceinture de sécurité ou d'arrêter de fumer. Nous ajoutons des rappels à la fonctionnalité.
Nous ajoutons également à notre dossier de santé électronique un indicateur pour le fournisseur de soins. De cette façon, il sait que son patient a un dossier de santé personnel qui peut être utilisé pour communiquer avec lui, vérifier le résultat des tests ou avoir accès aux sources de renseignement sur la santé offertes sur My HealtheVet.
Parlons maintenant des nouveautés à venir. Il y a la messagerie sécurisée, qui est en forte demande, mais les courriels réguliers posaient toutes sortes de problèmes. Nous nous sommes donc renseignés aux États-Unis et ailleurs auprès de fournisseurs qui ont plus d'expérience dans l'utilisation de la communication électronique avec leurs patients et nous avons décidé d'utiliser un portail sécurisé. Nous ajoutons aussi des éléments comme MyRecoveryPlan qui sert d'outil éducatif entre le fournisseur et le patient ayant subi une chirurgie ou une autre intervention. Dans l'avenir, nous espérons pouvoir ajouter des éléments qui permettront aux patients de demander des rendez-vous et de s'occuper d'autres affaires de santé en ligne. Certains anciens combattants auxquels on doit des paiements de coassurance peuvent également les vérifier en ligne.
Je suis prête à répondre à vos questions.
Dans nos centres médicaux notamment, l'accès est fonction du rôle joué par chacun dans l'établissement. Le système comporte toute une série de menus et de clés qui restreignent l'accès. Par exemple, seuls les médecins qui ont le pouvoir de prescrire ont la clé des ordonnances. Bien souvent, l'accès électronique nous permet de mieux limiter et contrôler l'accès que nous n'en étions capables quand tout était sur papier. La technologie y est pour quelque chose, mais nous formons aussi le personnel administratif et clinique de nos fournisseurs quant au type de renseignements qu'ils peuvent accéder selon leurs fonctions, ce qu'ils ont besoin de savoir et la manière de déterminer le « besoin de savoir ». On fait donc appel à la fois aux possibilités technologiques et à la formation des utilisateurs du système pour restreindre l'accès.
Pendant bien des années, nous avons essayé de préserver le caractère confidentiel des dossiers papier tout en les laissant circuler, et je ne crois absolument pas que le dossier papier était plus sécurisé que l'environnement électronique que nous utilisons aujourd'hui. L'accès au système est donc maintenant limité aux personnes qui ont des liens avec Anciens Combattants, soit un fonctionnaire du département soit un des fournisseurs contractuels. Nous avons effectivement des méthodes pour limiter l'accès, y compris aux patients comme tels. Par exemple, chez nous, les organismes de services aux anciens combattants aident les anciens combattants à préparer leur dossier de demande de prestations. À cette fin, l'ancien combattant signe une procuration habilitant l'organisme à agir pour son compte. Dans cette situation particulière, l'organisme n'a accès qu'aux renseignements de cet ancien combattant. Il en va de même pour nos groupes de qualité et de surveillance. Nous limitons l'accès à ceux qui ont « besoin de savoir », comme c'est aussi le cas pour la recherche. Nous pouvons notamment restreindre l'accès des chercheurs aux seuls participants à l'étude.
Quant à la seconde question, à savoir si des renseignements sont exclus du dossier client, je sais que certaines organisations n'inscrivent pas dans le dossier de santé électronique les résultats du test de dépistage du VIH, entre autres. Ce n'est pas le cas aux Anciens Combattants. Nous incluons effectivement les résultats « sensibles » de laboratoire ou de test. Cependant, il se peut que l'information en matière de santé mentale ne s'y trouve pas toute. Dans ce domaine, on peut inscrire des résumés d'information, mais les notes détaillées concernant le client sont conservées ailleurs que dans le système de dossiers de santé électroniques. C'est donc un domaine dans lequel il y a de fortes chances que vous ne trouviez qu'un simple résumé d'information, sans plus de détails.
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Je répondrai d'abord à votre deuxième question.
En vertu de la loi, nous devons conserver les dossiers des patients, qu'ils soient sur support papier ou électronique, pendant 75 ans après la dernière manipulation. En cas de décès, nous sommes tenus de conserver les dossiers des patients pour une période de 75 ans. Nous le faisons afin de permettre aux époux survivants de demander des prestations et à des fins de recherche. La politique a été adoptée après que l'on a déterminé que l'exposition au rayonnement ionisant avait, par exemple, nui à la santé des militaires irradiés et que de nombreux dossiers avaient déjà été détruits. Depuis 20 ans, nous sommes tenus de conserver les dossiers des patients pendant 75 ans, que ce soit sur support papier ou électronique.
Comme je l'ai dit plus tôt, notre système électronique est doté de mesures sécuritaires qui prévoient une série de menus liés aux fonctions professionnelles. La femme de ménage, par exemple, n'a pas accès au menu des fonctions du laboratoire et le personnel infirmier n'a pas accès au menu des fonctions des médecins. C'est une des mesures de sécurité utilisées. Les personnes qui travaillent pour le département des Anciens Combattants ou qui utilisent les systèmes informatiques font l'objet d'une vérification de la sécurité. Elles doivent suivre une formation sur la sécurité et la protection des renseignements personnels. Le système informatique lui-même comporte des mesures de sécurité, dont la première est les menus accessibles selon les fonctions.
Nous avons également des clés de sécurité qui sont obligatoires afin d'assurer certaines fonctions. J'ai utilisé l'exemple de la prescription de médicaments. Seules les personnes agréées par l'organisation peuvent effectuer certaines fonctions.
Le système de gestion des dossiers permet à plusieurs professionnels de l'utiliser en même temps. Si, par exemple, votre médecin souhaite consulter votre dossier alors que vous êtes au service de radiologie, le médecin et le radiologue pourront consulter votre dossier en même temps. Nous avons prévu la possibilité d'accès multiple.
Il y a des mesures de verrouillage. Afin d'éviter toute contre-indication, deux professionnels ne peuvent prescrire des soins pour le même patient en même temps.
Il est certes avantageux de pouvoir accorder un accès multiple au système et de pouvoir effectuer des vérifications quant aux personnes qui manipulent les dossiers. Il est donc possible de savoir qui a utilisé le dossier et quand, ainsi que les éléments consultés.
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Je comprends tout à fait. Il y a eu d'importants problèmes entourant la mise en oeuvre des dossiers de santé électroniques. On en a parlé dans les journaux et les revues spécialisées.
Pour ce qui est des anciens combattants, nous avons commencé très modestement et très lentement. Nous avons instauré le premier système de dossiers de santé électroniques à l'une de nos plus petites et plus simples cliniques. Les cliniciens s'en servaient pour saisir des commandes. Je pense que c'était un avantage.
De plus, il était non seulement important que les infirmiers et les médecins adoptent cet outil, mais aussi que les administrateurs reconnaissent que lorsque des dossiers de santé électroniques sont intégrés à une clinique ou à un centre médical, il arrive souvent que les rendez-vous doivent être prolongés de 10 minutes car il faut plus de temps au clinicien pour interagir avec le système, particulièrement en période d'apprentissage.
Il a été question des rappels préventifs. Tous ces rappels ont effectivement une incidence sur le temps qu'il faut au clinicien pour accomplir son travail. Nous croyons toutefois qu'ils seront bénéfiques, en ce sens qu'ils permettront peut-être de prévenir des maladies ou d'empêcher que les patients reviennent inutilement. Il faut donc être conscients que les cliniciens ont besoin de plus de temps pour se familiariser avec cette technologie et même pour l'utiliser de façon permanente. Bon nombre de nos cliniques prévoient encore des rendez-vous de 30 minutes plutôt que de 20 minutes.
Il y a quelques mois, nous avons éprouvé d'importantes difficultés, qui ont d'ailleurs été largement médiatisées, concernant la dernière version de notre système de dossiers de santé électroniques — des problèmes qui n'ont pas été relevés au moment des essais. Par exemple, le dernier système comportait une lacune qui nous empêchait de voir que des ordonnances avaient été supprimées, et neuf patients ont reçu des injections intraveineuses et des perfusions d'héparine après que le médecin eut supprimé l'ordonnance. Nous avons cerné le problème. Nous avons mis en place des mécanismes qui permettront dorénavant aux médecins, aux infirmiers ainsi qu'aux coordonnateurs des applications de signaler toute anomalie afin que nous puissions immédiatement y remédier.
Chose certaine, il faut avoir des infrastructures qui permettent aux fournisseurs de rapporter les problèmes liés au système. Nous avons mis à la disposition des cliniciens des coordonnateurs qui pourront leur venir en aide en cas de problème. C'est absolument nécessaire. Nous pouvons anticiper que ce sera l'une des plus grandes difficultés auxquelles seront confrontés les petits cabinets de médecin au moment de la mise en application du système, étant donné qu'ils ne pourront pas se permettre d'avoir un soutien continu.
Nous savons désormais qu'il faut déployer le système lentement afin de laisser le temps aux cliniciens de s'y adapter, tester rigoureusement le système et veiller à ce que la pratique clinique soit uniforme d'une clinique à l'autre. Cela nous oblige à prendre les précautions nécessaires et à assurer une bonne gestion de cette technologie. Ce n'est qu'un outil après tout, mais cet outil doit être intégré efficacement à la pratique clinique.
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Jusqu'à maintenant, on ne nous a jamais rapporté que des médecins ne participaient pas au programme. C'est par ce système qu'ils accèdent aux résultats de leurs analyses et qu'ils commandent leurs médicaments. Nous leur avons accordé une période de transition, lors de laquelle nous acceptions les deux types de commandes, c'est-à-dire les commandes électroniques et les commandes papier. Mais comme je l'ai dit plus tôt, nous avons dû entreprendre une importante conversion vers l'environnement électronique il y a environ sept ans. Ce sont principalement des médecins qui ont réclamé ces changements. Il était devenu très dangereux de ne jamais savoir si le dossier électronique était complet ou non. Il fallait consulter à la fois le dossier électronique et le dossier papier. Il faut évidemment passer par cette transition où les deux types de document se côtoient, mais il est très imprudent de prolonger cette situation sur une longue période.
Aux États-Unis, nous avons un organisme de surveillance, la Joint Commission, qui examine de près la situation, afin de s'assurer que les organisations ont fait la conversion vers les dossiers électroniques et que les fournisseurs de soins comprennent bien comment accéder à l'information.
Certains de nos intervenants ont sûrement quitté l'organisation en cours de route, mais ce serait faux de dire qu'il s'agissait exclusivement de médecins âgés. Nous constatons aujourd'hui que c'est un outil de recrutement très efficace auprès des jeunes médecins. Beaucoup de nos médecins qui ont décidé de se tourner vers la pratique privée regrettent de ne plus pouvoir accéder à des dossiers de santé électroniques, comme c'était le cas au département des anciens combattants.
Aujourd'hui, nous voyons la chose davantage comme un outil de recrutement. Comme je l'ai mentionné, je suis persuadée que cette transition a poussé des médecins à quitter le département au cours des 10 dernières années, mais nous n'avons pas connu un exode massif de cliniciens. C'est peut-être le résultat des 20 années qui ont précédé l'utilisation de l'informatique pour passer des commandes et consigner des notes d'évolution, époque où les médecins avaient l'habitude de consulter des ouvrages de référence. Nous permettons encore aux médecins, dans certains domaines, de dicter de longs rapports, comme des sommaires de congé, des rapports de chirurgie ou des rapports sur les antécédents médicaux et les examens physiques. Et certains de nos médecins utilisent des logiciels de reconnaissance vocale pour consigner leurs notes d'évolution, par exemple; tout le monde n'utilise pas l'informatique de la même façon.
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Des organisations semblables à la nôtre, comme l'Indian Health Service, qui offre des soins à l'intérieur et à l'extérieur des réserves, ont mis en place des systèmes de dossiers de santé électroniques il y a quelque temps déjà. Le département de la défense a été un des premiers à utiliser les systèmes de base et il a graduellement fait la transition vers le système de dossiers de santé électroniques. Des organismes comme Kaiser Permanente et d'autres grands fournisseurs de soins de santé ont reconnu que ce système leur permettait de mieux gérer les groupes de patients. Les organisations à qui peut rapporter le rendement financier et qualitatif ont plus tendance à adopter un système de dossiers électroniques.
Dans le cas du département des anciens combattants, je crois qu'il a fallu une combinaison gagnante de technologues enthousiastes qui avaient envie d'innover, et de cliniciens qui avaient compris qu'il existait une meilleure façon de prodiguer des soins. C'est ce mariage qui a donné naissance à notre système. Il reste encore quelques détails à peaufiner, mais nos fournisseurs de soins savent que le système sera amélioré au fil du temps et que nous tiendrons compte de leurs commentaires pour apporter graduellement des changements.
Je crois donc qu'il a fallu réunir différents facteurs. C'est un travail de longue haleine, et ce n'est pas simple. Il faut penser aux différentes pratiques des médecins et veiller à ce que les mesures mises en place permettent de les aider, et non pas de leur nuire. Il faut aussi sensibiliser les patients. Si c'est ce que veulent les consommateurs, ils doivent le réclamer. C'est certainement un système qui facilitera la vie aux personnes atteintes des maladies chroniques qui essaient de garder le fil entre chaque médecin en traînant des boîtes de documents papier.
À mon avis, c'est le consommateur qui influencera la suite des choses. Mais cela prend beaucoup de travail et de planification pour déterminer comment tout mettre en place. Il est important de tenir compte des besoins des différentes spécialités. Un des premiers logiciels que nous ayons lancé était consacré à la santé mentale, une composante que l'on ne trouve généralement pas dans les systèmes de dossiers de santé électroniques.
Il est aussi important d'assurer l'homogénéité entre les soins aux patients, les soins en clinique externe et les soins de longue durée. Souvent, les distributeurs n'offrent que des dossiers de patients externes, de patients internes ou de soins de longue durée. Cependant, l'intégration est la clé pour bien utiliser le système et assurer un suivi adéquat auprès du patient.