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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je voudrais vous souhaiter la bienvenue à la 38e séance du Comité permanent des anciens combattants. Nous accueillons parmi nous un témoin qui est ici en personne, Brian Ferguson, et deux témoins au téléphone, Darragh Mogan et Rachel Gravel.
Avant de céder la parole à nos témoins — et M. Ferguson m'a déjà informé qu'il sera le seul à faire une déclaration liminaire et qu'il a aussi un avion à prendre — permettez-moi de faire une proposition parce que certaines personnes ont exprimé des préoccupations lorsque nous avons manqué de temps la dernière fois. Nous sommes saisis de deux motions, et je pense que Mme Sgro voulait aussi parler de certaines modifications à sa motion. Je propose donc que nous entendions nos premiers témoins de 9 heures à 9 h 50, puis, nous allons passer aux affaires du comité de 9 h 50 à 10 h 10. Ensuite, nous entendrons notre deuxième groupe de témoins. Ainsi, nous n'avons pas à craindre de manquer de temps pour les affaires du comité.
Est-ce que cela convient aux membres du comité?
Des voix: D'accord.
Le président: Très bien, alors sans plus tarder, nous allons passer aux témoins qui sont devant nous maintenant.
Je veux seulement procéder à une vérification. Madame Gravel et monsieur Mogan, m'entendez-vous?
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité. Je suis heureux de témoigner devant vous aujourd'hui; je suis accompagné de mes collègues au téléphone, Darragh Mogan, directeur général, Politiques et recherche, ministère des Anciens Combattants, et Rachel Corneille Gravel, directrice générale, Hôpital Ste-Anne.
Nous sommes ici pour faire le point sur l'avenir de l'hôpital.
Nous vous avons fourni un document présentant le contexte général et des renseignements additionnels sur l'Hôpital Ste-Anne et sur l'histoire des transferts précédents d'établissements pour les anciens combattants par le ministère des Anciens Combattants. Je ne passerai pas en revue chaque détail; nous vous avons fourni le document à cette fin. Je ferai une déclaration liminaire et je vous parlerai d'une partie du contenu du document.
[Français]
D'abord, je souhaite faire part au comité du statut des discussions concernant un transfert potentiel.
En juillet dernier, le ministère des Anciens combattants et le ministère de la Santé du gouvernement du Québec ont échangé des lettres d'intérêt quant à des discussions sur un transfert éventuel. Une première rencontre s'est tenue à la fin du mois de septembre et a donné lieu à des discussions préliminaires sur le sujet. Une réunion de suivi s'est tenue à la mi-novembre, et une autre suivra dans le courant du mois de janvier.
[Traduction]
Nous avons à coeur d'informer les anciens combattants, leurs familles et les intervenants clés. Nous avons ajouté un lien sur notre site Web pour fournir au public un accès facile à des renseignements à jour. Nous avons rencontré des représentants de syndicats nationaux et locaux et nous allons continuer de le faire.
Le gouvernement du Canada s'enorgueillit de sa longue tradition d'offrir des soins de santé en établissement, des services de soins de longue durée et des avantages sociaux aux anciens combattants du Canada. Au début des années 1960, le ministère avait 18 hôpitaux. C'est à cette époque que la prestation des soins de santé est devenue une responsabilité provinciale et que l'assurance-hospitalisation universelle a été instituée.
À la lumière de ces changements, la Commission Glassco de 1963 a recommandé au gouvernement de transférer les hôpitaux ministériels aux provinces. Le ministère des Anciens Combattants a commencé à transférer ses établissements aux provinces dans lesquelles ceux-ci étaient situés. Le Saskatoon Veterans Home a été le dernier établissement transféré en 1996.
[Français]
L'hôpital Sainte-Anne est le dernier hôpital fédéral administré par Anciens Combattants Canada. Son rôle de chef de file dans le domaine des soins et du soutien offert au personnel militaire remonte à 1917, date de sa fondation par la Commission des hôpitaux militaires, pour soigner les blessés de la Première Guerre mondiale.
L'édification de l'hôpital Sainte-Anne s'inscrivait alors dans une initiative nationale lancée en 1915, face à l'incapacité des provinces, faute d'infrastructures adaptées, de pourvoir aux besoins des soldats blessés de retour du front. Les premiers bâtiments furent construits rapidement et sans investissement majeur, afin de répondre aux besoins immédiats en lits. Ils furent détruits en 1970, pour faire place à un édifice moderne de 13 étages.
[Traduction]
L'hôpital jouit d'une réputation d'excellence dans plusieurs domaines cliniques et il est connu à l'échelle nationale pour les services et les soins de haute qualité qu'il offre dans les deux langues officielles. Il a acquis une expérience particulière parfaitement adaptée aux besoins cliniques complexes des anciens combattants traditionnels. Aux anciens combattants plus jeunes, l'hôpital fournit des services et des soins de santé mentale accessibles à l'échelle du pays grâce à un réseau national coordonné de cliniques traitant les troubles de stress opérationnel. La composante recherche à l'hôpital Ste-Anne est en pleine croissance, et récemment, un accord dans ce domaine a été conclu avec l'Université McGill.
Au cours de la dernière décennie, on a tenté à deux reprises de transférer l'hôpital Ste-Anne. Cette fois, nous avons bon espoir que cela fonctionnera parce que la province a besoin de places en soins de longue durée. Après la dernière tentative effectuée en 2001 pour transférer l'hôpital Ste-Anne, le gouvernement du Canada a reconnu les besoins de l'hôpital et alloué 114 millions de dollars pour la modernisation de l'infrastructure et des installations matérielles. Les rénovations à l'hôpital Ste-Anne ont été entreprises pour éliminer tous les risques pour la santé et la sécurité des résidants et des employés, pour fournir aux anciens combattants un environnement adapté à leurs besoins en constante évolution et pour veiller à ce que l'hôpital respecte les normes provinciales. La modernisation est pratiquement terminée, et l'établissement peut maintenant accueillir 446 résidants, qui ont tous leur propre chambre avec salle de bain adjacente.
Lors de tous les précédents transferts d'établissement du ministère des Anciens Combattants, celui-ci a instauré des garanties pour que l'accès prioritaire des anciens combattants soit préservé, que la prestation de soins de grande qualité aux anciens combattants soit maintenue, que le personnel de calibre élevé de l'établissement soit gardé en poste et que les soins soient dispensés dans la langue officielle choisie par le patient, le cas échéant. Dans ces établissements, les soins aux anciens combattants ont été intégrés à la stratégie de soins de longue durée du ministère. Celui-ci veille à ce que l'on respecte les garanties; pour ce faire, il assure une surveillance des établissements, qui doivent rester agréés et passer par le processus national d'agrément des hôpitaux, il fait exercer un suivi continu des établissements par le personnel du ministère, il voit au respect des obligations précisées dans les accords de transfert négociés et il procède à l'analyse et à la surveillance des données de contrôle provinciales. En outre, nous mesurons la satisfaction des clients du ministère au moyen de sondages récurrents pour nous assurer que les services fournis répondent aux besoins. Le sondage le plus récent effectué à l'échelle nationale a indiqué que les clients étaient satisfaits à 97 p. 100.
Je sais que le comité a exprimé son intention par le passé d'aller visiter l'hôpital Ste-Anne. Une telle visite nous réjouirait. De plus, le comité pourrait peut-être juger utile de visiter des établissements qui ont été transférés précédemment pour comprendre comment fonctionnent ces transferts.
Le nombre d'anciens combattants admissibles qui sont entrés à l'hôpital Ste-Anne a atteint un sommet et les estimations montrent que leur nombre chutera de façon continue au cours des dix prochaines années. L'âge moyen des clients admis à Ste-Anne est de 87 ans. Selon les estimations démographiques du ministère, l'offre de lits commencera à dépasser la demande de la part des anciens combattants en 2010 et, en 2015-2016, il y aura plus de lits vides que d'anciens combattants résidants. Le maintien de la qualité des soins et des services à l'hôpital Ste-Anne suppose le maintien de la masse critique de résidants. Afin d'optimiser le potentiel de l'établissement et de profiter pleinement de l'investissement effectué par le gouvernement pour moderniser l'hôpital, il est essentiel d'utiliser les lits vacants. Dans toute discussion au sujet de l'avenir de l'hôpital, la priorité est de veiller à ce que les anciens combattants de Ste-Anne continuent de recevoir les soins de qualité qu'ils méritent.
Le transfert de Ste-Anne à la province de Québec permettrait de maintenir et de maximiser l'expérience de l'hôpital dans le domaine de la gériatrie et de la psychogériatrie, et d'accroître le nombre de lits qui pourraient être offerts aux Canadiens qui en ont besoin. À l'heure actuelle, il y a un manque de lits pour les soins de longue durée dans la région sanitaire provinciale où est située Ste-Anne. Tout accord de transfert futur préciserait que les anciens combattants doivent continuer à avoir accès de façon prioritaire à des soins et à des services de qualité, que les intérêts des employés de l'hôpital sont protégés et que les garanties en matière de langues officielles sont respectées, comme cela a été le cas lors des transferts gouvernementaux précédents qui ont été couronnés de succès.
[Français]
Si une entente de transfert venait à être conclue, elle devrait être approuvée par les deux paliers de gouvernement avant de pouvoir être mise en œuvre. Pour vous donner un ordre d'idée des échéanciers que l'on prévoit, j'ajoute que les transferts précédents ont pris de trois à cinq ans avant d'aboutir. Le gouvernement du Canada s'est engagé à tenir le public intéressé, tant à l'interne qu'à l'externe, dûment informé tout au long du processus.
[Traduction]
Merci beaucoup.
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Bonjour, monsieur Ferguson.
Je poursuivrai sur la lancée de mon collègue. Dans un premier temps, j'aimerais vous demander quels sont les enjeux liés au transfert de l'hôpital Sainte-Anne au gouvernement du Québec en ce qui a trait à la prestation de services de qualité à la clientèle.
Je m'explique. L'hôpital Sainte-Anne assure un certain encadrement, notamment en ce qui concerne les infirmières et les soins apportés aux anciens combattants. À mon avis, cet encadrement est d'un niveau un peu plus élevé que celui offert par les CHSLD, que l'on retrouve au Québec par exemple.
Selon vos objectifs, vous devez garantir la même qualité de soins aux anciens combattants. Comment le ferez-vous à l'intérieur de la nouvelle structure?
Je disais que Ste-Anne est un hôpital de soins pour affections subaiguës. Nous ne sommes pas comme d'autres établissements traditionnels de soins de longue durée. C'est la principale raison pour laquelle nous avons des infirmières et que nous n'utilisons pas d'auxiliaires. Il est fréquent que nous devions transférer des résidants dans des établissements de soins actifs. Nous avons des médecins 24 heures sur 24, de sorte que si l'état du patient se détériore, nous avons la capacité de garder l'ancien combattant ici à Ste-Anne et de s'occuper de lui, à moins que son état se détériore au point où il devient nécessaire de le transférer.
Avec le Québec, nous devrons examiner ces options. Par exemple, s'ils veulent un programme spécifique ou des programmes différents à Ste-Anne, où il est nécessaire d'offrir des soins pour affections subaiguës à leur clientèle, ils auront certainement besoin d'infirmières. Nous avons la capacité d'offrir ce service. Nous devons examiner leurs besoins et le type de service, et le niveau de service qu'ils sont prêts à acheter de nous.
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Très bien, mais ce qui me préoccupe, c'est que l'un de nos collègues à Terre-Neuve s'occupe d'un cas particulier d'un homme de 71 ans. Il ne peut pas avoir accès aux soins hospitaliers, car il ne satisfait pas aux critères actuels d'admissibilité. M. Mogan a dit très clairement que tout changement à cet effet relevait de la politique du gouvernement et je suis d'accord avec cela. Ces changements ne viendront pas du ministère.
Ce qui me préoccupe, ce n'est pas la situation actuelle, mais celle qui prévaudra dans dix ans. À compter de janvier, comme vous le savez, nous allons perdre 100 anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée à cause du vieillissement. Dans dix ans environ, il ne restera qu'une poignée de ces anciens combattants. Je m'inquiète de l'avenir des anciens combattants qui sont avec nous maintenant et également de celui de leurs épouses.
L'affaire Maybee de Sheet Harbour était peut-être un exemple classique d'un cas où deux gouvernements, le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral, n'ont absolument pas fait ce qu'il fallait faire, en plaçant une personne — l'ancien combattant — dans un hôpital tandis que son épouse, avec qui il était marié depuis plus de 60 ans, a dû aller ailleurs. Ils ont été absolument incapables de les placer ensemble.
J'aimerais que vous nous donniez plus de détails. Le ministère a-t-il proposé au gouvernement de garder l'hôpital Ste-Anne, au lieu de le transférer aux autorités provinciales, et de l'aménager pour en faire ce que j'appellerais un centre d'excellence pour les anciens membres de la GRC et permettre à d'autres personnes — des anciens membres de la GRC, du personnel militaire et leurs conjoints et conjointes — d'avoir accès à ces lits à l'avenir? Dans dix ans, il ne restera plus d'anciens combattants à Ste-Anne. Ils relèveront tous de la province, si je ne fais pas erreur, à moins que les critères changent assez rapidement pour permettre davantage l'accès à nos anciens combattants modernes et à leurs familles.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez, monsieur.
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Je voudrais tout simplement faire une observation et ensuite je donnerai la parole à Ben qui posera une question.
Je pense que ce que nous entendons n'est pas surprenant. Ce sont là des préoccupations tout à fait légitimes. Je dois dire, pour avoir longuement réfléchi à la question et fait de la recherche à ce sujet, notamment sur les transferts précédents, que je comprends pourquoi c'est un processus qui s'échelonne sur trois à cinq ans. La dernière chose que nous voulons, c'est presser les choses. On nous a dit également qu'il faut s'assurer que le gouvernement s'acquitte de toutes ses responsabilités. Mais je suis d'accord avec vous. L'une des meilleures choses que nous puissions faire serait non seulement de visiter Ste-Anne, mais d'aller visiter et parler à ceux qui dirigent ces établissements qui ont été transférés, pour que nous puissions mieux comprendre la situation. Les dernières observations de Peter portaient sur les défis constants qui sont liés à la politique, peu importe qu'il s'agisse de soins en milieu hospitalier ou simplement de soins directs. Je veux simplement préciser, pour les fins du compte rendu, que la dernière chose que nous voulons, c'est brusquer un transfert très important, qui a essentiellement connu un très bon début.
Ben, je pense que vous aviez une question.
Je dois admettre que cela a été toute une entreprise. Nous avons commencé ce projet il y a huit ans. Cela a demandé beaucoup de planification.
Tous les plans et devis ont été préparés conformément aux normes provinciales. L'environnement est maintenant sûr, non seulement pour les résidants, mais aussi pour les employés. Dans l'ancienne infrastructure, certaines des salles de bain privées dans les chambres privées, par exemple, étaient si étroites qu'un patient ne pouvait pas y entrer en fauteuil roulant, de sorte que les employés devaient faire de nombreuses manipulations et il y avait beaucoup d'accidents de travail à Ste-Anne.
L'environnement est maintenant sûr et il est aussi adapté aux besoins changeants de la clientèle, tenant compte du fait que plus de la moitié de nos patients sont dans des fauteuils roulants. Nous avons construit une nouvelle centrale électrique. Nous avons ensuite construit un pavillon pour les résidants qui ont une déficience cognitive comme la maladie d'Alzheimer. C'est un pavillon de deux étages seulement, qui compte 116 chambres privées avec des salles de bain semi-privées.
Nous avons ensuite transféré 116 patients du pavillon principal à ce pavillon adjacent et commencé à rénover le pavillon principal. Nous l'avons fait en quatre étapes, et la rénovation est maintenant terminée. Nous avons 330 chambres privées avec salles de bain semi-privées dans la tour principale. Nous avons par ailleurs amélioré l'extérieur et nous avons installé un nouveau système de sécurité.
En résumé, c'est réellement ce que nous avons fait à Ste-Anne. Le projet n'est pas entièrement terminé. Ils ont dû refaire tout l'extérieur de l'immeuble et enlever les panneaux de béton. À l'heure actuelle, on est en train de terminer l'enveloppe externe de l'immeuble et j'espère qu'au début de la nouvelle année, tout l'immeuble sera terminé.
Notre stratégie de soins de longue durée est fondée sur l'environnement moderne. Prenez la période à laquelle ces hôpitaux ont été construits, soit de 1946 à 1955. Il n'y avait pas vraiment de capacité de soins de longue durée complexes dans quelque province que ce soit. Or, il y en a aujourd'hui, et de plus en plus d'anciens combattants veulent rester près de chez eux. Nous voulons donc tabler sur nos experts, surtout ceux qui oeuvrent dans le domaine de la psychogériatrie, nos experts, donc, qui travaillent dans les locaux loués à Ste-Anne. En même temps, nous voulons permettre aux gens qui peuvent rester dans leur collectivité — et la majorité des gens qui reçoivent des soins de longue durée restent dans leur collectivité, que ce soit à la maison ou dans un établissement — de choisir où ils vont.
Lorsque le nombre d'anciens combattants diminuera à un point tel que nous n'aurons peut-être plus besoin d'établissements à contrat, les soins seront au moins offerts dans la collectivité. Huit anciens combattants sur dix, ou quatre sur cinq, qui nous demandent des soins de longue durée veulent demeurer dans leur collectivité. Mais à long terme, il est excellent de disposer de ressources comme Ste-Anne dans le domaine de la psychogériatrie, que ce soit un hôpital dont nous sommes propriétaires ou un établissement à contrat.
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Merci, monsieur le président.
Dans le document qui nous a été distribué, je vois que plusieurs établissements hospitaliers, comme l'hôpital Sainte-Anne, ont été transférés dans plusieurs provinces. Environ 17 établissements ont été transférés jusqu'à maintenant, dont deux au Québec.
On sait que le lendemain de la signature du transfert, la responsabilité de l'entretien revient au gouvernement du Québec, qui s'occupe des conventions collectives, du maintien des services, et ainsi de suite.
Quand le fédéral transfère à une province un tel établissement qui appartient aux anciens combattants, comment procède-t-on? Cela prend-il la forme d'une vente ou d'un transfert de propriété, ou est-ce qu'une simple signature suffit? L'établissement est-il vendu à un certain prix?
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Oui, monsieur le président.
Assurément, lorsqu'on y songe, nous sommes vraiment du même avis et ce matin, nous avons entendu un certain nombre de commentaires et de questions qui vont dans ce sens. Je pense que cela s'inscrit dans l'examen de la charte que nous avons entrepris. Nous nous sommes engagés auprès de tous ceux qui ont joué un rôle dans le processus de révision. Ils ont soulevé cette question, de même que des préoccupations d'une autre nature. Je pense que c'est approprié et que nous devrions y consacrer l'attention nécessaire. C'est clair, nous devons aller en profondeur, mais nous sommes d'avis que nous devrions le faire dans le cadre de l'examen de la charte, comme nous en avions convenu lorsque le comité a entamé ce processus.
Il s'agit d'une des préoccupations de ceux qui se penchent sur la révision de la charte. Ils pensent fermement que cela devrait s'inscrire dans l'examen de la charte qui est en cours. Il n'est probablement pas exagéré de dire que nous pensons qu'il s'agit de la bonne méthode et nous n'avons pas changé d'idée.
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En tout respect, monsieur Kerr, je suis aussi en désaccord sur votre motion. Je vais vous expliquer pourquoi.
La problématique du suicide chez les militaires et les anciens combattants est très particulière, et je suis d'accord avec M. Stoffer pour l'inclure.
On entend de plus en plus parler de soldats qui souffrent d'un syndrome de stress post-traumatique en revenant de l'Afghanistan ou d'autres missions militaires, et qui vivent un certain isolement à cause de cela.
Il est fondamental d'examiner cette question parce que le problème du suicide devient de plus en plus important chez les militaires. Je ne crois pas qu'il faille se pencher sur ce problème dans le cadre de la Charte des anciens combattants, qui traite plutôt des services offerts à la clientèle et des pensions d'invalidité à accorder aux vétérans et aux militaires.
Il est très important d'examiner la charte. Je suis aussi allé en Italie et j'ai parlé avec certains vétérans. La charte comporte quand même des enjeux importants. On l'a constaté dans certains documents qu'on a transmis au comité.
Cependant, la problématique du suicide présente davantage une dimension psychologique et sociale. Comment peut-on éviter que ces personnes vivent avec ce problème lorsqu'elles reviennent au pays? Je ne crois pas qu'on puisse répondre à cette question au moyen de la charte. Il faudrait mener une étude particulière sur ce phénomène.
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Merci, monsieur le président.
Lorsqu'on évalue ces arguments, les pour comme les contre, il faut tenir compte de ce que signifie la nouvelle Charte des anciens combattants. Elle est fondée sur le bien-être — non seulement le bien-être physique, mais le bien-être sous toutes ses formes. Toute affirmation s'inscrivant dans la portée de la Charte qui ne traite pas de questions liées à la santé mentale fait fi de ce qui est important.
Ceux qui sont allés à Charlottetown et qui ont écouté avec attention les exposés ont pu voir l'un des programmes de santé mentale parmi les plus vastes du monde. C'est le ministère des Anciens Combattants qui fournit ce service. Je pense que nous mettons la charrue devant les boeufs. Nous formulons des hypothèses à ce sujet sans avoir qui que ce soit du ministère qui pourrait tester la véracité de celles-ci. Nous catégorisons nos troupes et nos anciens combattants sans nous fonder sur des statistiques qui pourraient illustrer les différences, les pourcentages, et les raisons derrière tout cela. Est-ce une transition du MDN au ministère des Anciens Combattants? Cela relève-t-il exclusivement du MDN? Y a-t-il un problème particulier à l'origine de tout cela? Y a-t-il une échappatoire? Ce genre de choses devrait faire partie de notre étude parce que nous étudions la nouvelle Charte des anciens combattants. Voilà ce que nous essayons de faire pour que nos anciens combattants soient le plus possible en bonne santé après leur période de service.
Si nous menions une étude séparée qui se concentrerait sur cela, serait-elle effectuée en même temps que l'autre étude? Serait-elle effectuée après? Y aura-t-il une autre question qui fera surface? Quand allons-nous mener cette étude? Qui seront les joueurs? Le problème pourrait-il être réglé avant que l'étude ne soit terminée? Je pense qu'il s'agit de la meilleure façon de rendre justice à la nouvelle Charte des anciens combattants. C'est aussi la meilleure façon de trouver la solution que nous cherchons. Si nous faisons venir des fonctionnaires du ministère et que nous sommes insatisfaits de leur témoignage, eh bien, nous pourrons adopter une approche différente. Créera-t-on un sous-comité? Allons-nous pousser les recherches? Nous n'avons posé aucune question difficile aux fonctionnaires de ce ministère; nous ne leur avons pas demandé quels étaient les liens entre cette question et la nouvelle Charte des anciens combattants. Peut-être est-ce fait à 100 p. 100 ou peut-être cela constitue-t-il une faiblesse flagrante. Grâce à l'information fournie à Charlottetown, nous avons des données de qualité et de bons programmes. Peut-être devrions-nous entendre les responsables lors de quelques réunions organisées dès que la Chambre reprendra ses travaux. Je pense qu'il faut leur poser des questions difficiles.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Lorsque M. André a proposé sa motion, je me suis dit au début qu'il poussait un peu les choses, du moins, selon la perspective que j'avais des choses.
Un peu plus tôt cette semaine, j'ai assisté à un exposé qui n'avait rien à voir avec cette motion et nos travaux. Il portait sur le taux de suicide chez les anciens membres, et possiblement les membres actuels, dont on ne parle pas en public parce qu'aucun de nous ne veut le faire, j'imagine. Ces hommes et ces femmes mettent leur vie en danger pour nous, puis reviennent avec des problèmes considérables que l'on ne décèle pas toujours, et tout cela se termine par le suicide. L'exposé que j'ai entendu un peu plus tôt cette semaine m'a inquiétée. Voilà pourquoi j'estime que notre révision de la charte ne sera pas suffisante. À la toute fin, nous pouvons formuler des recommandations, puis nous pourrions effectuer une étude séparée sur cette question.
Ma conscience me dicte, après l'exposé de cette semaine, que de ne pas mener une étude séparée serait préjudiciable. La procédure à suivre, les partenaires, la possible création d'un sous-comité — toutes ces technicalités — sont des questions dont nous pouvons discuter plus tard. L'enjeu, ici, c'est le suicide, et on constate une augmentation alarmante des taux. Lorsque nous poserons nos questions, nous conclurons sans doute que les nombres sont encore plus élevés. C'est triste à dire. Je pense que nous nous devons d'examiner cette question, de même que sa gravité. Nous pouvons l'examiner dans le cadre de la charte, mais, à mon avis, il s'agit d'un problème plus vaste.
Nous savons qu'il existe et tenter de le confiner ainsi est préjudiciable. Pour avoir l'impression que je fais mon travail, je voudrais que l'on consacre du temps à un problème qui existe et dont nous avons conscience.
J'appuierai la motion de M. André et voterai contre la proposition de M. Kerr.
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J'ai tendance à penser qu'il s'agit d'une question sérieuse et pour rendre justice à la gravité de la situation, je pense qu'il vaudrait mieux examiner ce problème dans le cadre d'une étude de la Charte. Il me semble qu'on insinue que nous n'effectuerons pas une étude approfondie du suicide dans le cadre de l'examen de la Charte. Je ne pense pas qu'on ait formulé une telle proposition. Je ne pense pas que l'on fasse du meilleur travail si on mène une étude distincte. À mon avis, que l'on aborde cette question dans le cadre de l'examen de la Charte ou non, l'examen que nous effectuerons ne sera pas différent.
J'aimerais aborder cette question dans le cadre de l'étude de la Charte parce que celle-ci portera sur les fondements de l'affaire, que nous pourrons aborder en menant un examen exhaustif de la Charte. Comme l'a dit M. Lobb, lorsque l'on parle de bien-être, la question est en lien avec la santé mentale. Le suicide est une question de santé mentale, sur laquelle nous allons nous pencher lors de la révision de la Charte. Nous allons examiner les services de santé mentale fournis par le ministère des Anciens Combattants. Je pense qu'il s'agit du cadre approprié pour cette étude.
Cela ne signifie pas que nous devons y consacrer moins de temps ou entendre moins de témoins. Si je ne m'abuse, le secrétaire parlementaire ne propose pas un survol de la question. Ce n'est pas son intention, à mon avis. J'estime que nous pouvons faire du meilleur travail si nous abordons la question dans le cadre de la révision de la Charte, en acceptant le fait que nous allons accentuer cet aspect le moment venu. Nous allons examiner attentivement le suicide et les causes du phénomène, ce qui est en fait un problème de santé mentale et nous allons examiner la prestation de services de santé mentale par le ministère des Anciens Combattants.
D'après les remarques formulées, les gens semblent insinuer qu'il y aura une étude plus approfondie que l'autre. Les deux études sont sur un même pied d'égalité. Je pense que nous pouvons faire un aussi bon travail — en fait, un meilleur travail — en étudiant cette question dans le cadre de notre étude sur la Charte, en mettant l'accent sur le problème. Il s'agit d'un problème important et grave.
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Oui, monsieur le président.
Je suis en politique depuis longtemps et je pense que nous essayons tous de dire la même chose. Nous voulons réaliser cette étude; moi, j'y tiens beaucoup. Je préférerais qu'on supprime notre amendement; M. André et moi pourrions discuter pour trouver un libellé satisfaisant pour décrire ce que nous entendons faire. Il faut qu'il y ait un lien quelconque avec l'examen de la Charte, qu'il s'agisse d'une étude séparée qui serait reliée à la Charte ou qui serait envisagée par celle-ci. Je ne voudrais pas que les organisations d'anciens combattants, qui ont fait beaucoup de travail pour nous, soient laissées pour compte. Je sais qu'aujourd'hui, nous nous préoccupons beaucoup des anciens combattants de l'ère moderne. C'est un facteur à prendre en considération.
Si M. André est d'accord, nous pourrions peut-être retirer l'amendement. C'est ce que je souhaite, mais il faut veiller à ce que nous puissions étudier ce que nous voulons étudier. On pourrait peut-être ajouter au libellé de la motion quelques mots du genre « vers la fin de l'étude ». Cela dépassera le mandat de notre comité. Il ne fait aucun doute qu'il va falloir la participation du MDN, ce qui me préoccupe, entre autres choses.
Au lieu de faire les choses à la hâte, serait-il possible d'en discuter après la réunion et par la suite de proposer aux membres du comité un libellé qui engloberait le sujet de notre étude tout en garantissant que l'examen relatif à la Charte n'est pas omis? Ce serait pour ainsi dire une démarche séparée. Nous avons des devoirs envers beaucoup d'autres acteurs dans ce dossier et je veux m'assurer que nous allons aborder toutes les questions voulues.
Si M. André est d'accord, nous pourrions supprimer l'amendement et trouver un libellé qui engloberait l'ensemble de la question. S'il n'y voit pas d'inconvénient, c'est ce que je propose.
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Merci, monsieur le président.
J'ai l'impression que nous nous égarons. J'aimerais demander à M. Stoffer pourquoi il ne tient pas mordicus à son amendement, puisqu'au bout du compte, si nous étudions la question, on ne pourra le faire sans engager une discussion en profondeur avec le ministère de la Défense nationale au sujet de ses politiques. Pour étudier cette question convenablement, nous devons être en mesure de recommander des changements non seulement aux politiques du ministère des Anciens Combattants, mais également à celles du ministère de la Défense nationale. Au moment d'amorcer une étude aussi vaste et aussi importante, pourquoi devrions-nous nous imposer des contraintes quant aux changements à recommander?
Comme vous l'avez signalé, en vertu du paragraphe 108(1) du Règlement, nous ne pouvons pas inclure tous les militaires en service actif à moins de recommander la formation d'un sous-comité conjoint du ministère de la Défense nationale et du ministère des Anciens Combattants. Dans ce cas, nous tiendrions des réunions supplémentaires comme nous l'avons fait relativement à la listériose; tous les membres ne seraient pas tenus d'y assister, car nous pourrions y désigner certains membres. Je conviens avec M. Mayes que la discrétion sera de mise. Nous allons entendre beaucoup de témoins qui s'attendront à ce que leur déclaration demeure confidentielle. À mon avis, si nous allons de l'avant, il faudra faire les choses correctement à la fois avec le MDN et le ministère des Anciens Combattants. Il faudrait définir tous les détails aujourd'hui pour s'assurer de bien libeller nos motions au départ. Il faut également bien comprendre qu'il s'agit d'une entreprise d'envergure; si un sous-comité conjoint des deux comités est formé, il faudra y consacrer beaucoup de temps pendant la prochaine session parlementaire.
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Je peux vous répondre rapidement, ainsi qu'à M. Kerr. Nous avons convoqué des témoins aujourd'hui, et j'aimerais quand même pouvoir les rencontrer.
Comme je l'ai mentionné antérieurement, on veut étudier le problème du suicide et comprendre ce phénomène, mais on veut surtout étudier la prévention du suicide chez les vétérans. C'est un problème très important. Si nous étudiions cela dans le cadre de la charte, j'aurais peur de ne pas pouvoir faire une étude en profondeur et que cette étude passe trop rapidement.
Nous avons reçu des témoins. Il y a eu le cas de Frédéric Couture, un militaire du Québec, qui a fait une tentative de suicide en Afghanistan et qui, par la suite, est devenu un vétéran. Il est resté un an chez lui, dans la région de Granby, puis il est passé à l'acte et s'est enlevé la vie. Il y a eu d'autres situations similaires. J'aimerais rencontrer certains témoins, des spécialistes qui ont étudié la question ou qui ont écrit sur le sujet. Parallèlement à cela, ils pourraient nous présenter plusieurs alternatives et les différents moyens de prévenir le suicide. C'est une question essentielle.
Je sens des réactions à cela, et des craintes qu'on en fasse une affaire politique. Le but de ma motion n'est pas d'en faire un grand événement politique, mais simplement de comprendre la situation. C'est essentiel. Dans ma circonscription, il y a eu le suicide d'un ex-militaire qui était allé au Kosovo. Nous avons tous vécu cela. Je pense qu'il faut étudier cette question.
J'aimerais que l'on vote maintenant sur la motion.
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Merci, monsieur le président.
Je suis d'accord avec M. Oliphant, puisque nous devons passer aux autres points à l'ordre du jour, mais quelque chose me dérange. Il n'y a pas si longtemps, je faisais encore partie du milieu des affaires, et je peux vous dire que dans ce monde, loin de la sphère politique, cette approche bizarre vous vaudrait d'être renvoyé. Si vous me permettez d'avoir recours à la langue des affaires, on dit en gros que nous avons un problème — ne prenons pas la chose à la légère, nous croyons qu'un problème se pose, articles à l'appui —, mais engageons donc toute une série d'experts-conseils pour étudier la question avant de savoir exactement où résident les problèmes.
Comme je l'ai dit à mes collègues — il y a environ une demi-heure —, pourquoi ne pas faire comparaître des fonctionnaires, du ministère des Anciens combattants ou de celui de la Défense nationale, lors de notre prochaine séance, afin qu'ils nous expliquent la situation afin que nous la comprenions mieux? S'ils proposent un plan couvrant l'ensemble de votre carrière militaire, jusqu'à votre retraite, je pense que nous serions en bien meilleure position.
Aujourd'hui, nous basons notre décision sur des discussions qui se sont tenues en Italie, et sur ce que nous avons lu dans les journaux. Demandons donc au ministère de venir nous en parler.
Je me suis rendu à Charlottetown. Vous y étiez également. Vous avez été témoin du plan le plus exhaustif concernant la santé mentale et le syndrome de stress post-traumatique, qui englobait les cliniques de traitements de traumatismes liés au stress opérationnel et des groupes d'entraide — tous les outils possibles. Si un problème se pose, le ministère doit l'avoir reconnu. Je pense que nous avons tous déjà pris notre décision, comme je l'ai déjà signalé, mais j'implore mes collègues de nous laisser convoquer des fonctionnaires pour qu'ils nous parlent de ce qu'ils entrevoient dans le cadre de la nouvelle Charte des anciens combattants. Et si nous ne sommes pas satisfaits, nous poursuivrons.
Permettez-moi de revenir au monde des affaires. C'est une façon étrange de s'attaquer au problème. C'est le genre de chose qu'on verrait dans une entreprise se mettant sous la protection des tribunaux; nous avons vu cela auparavant, au sein du conseil d'administration de General Motors, peut-être, mais ce n'est pas ainsi que fonctionnent habituellement les entreprises.
J'en resterai là.
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Encore une fois, je m'adresse à M. André.
Je voudrais apporter certaines précisions, parce qu'il m'a semblé que dans votre dernière intervention, vous disiez que vous aviez l'impression que nous craignions d'entamer une étude en profondeur et que nous ne voulions certainement pas entendre de témoins. Or, ce n'est absolument pas le cas.
J'aimerais que nous procédions à une étude des plus complètes avec le sérieux qui s'impose. J'aimerais également qu'il en découle des mesures à prendre. Je ne voudrais pas qu'on se contente d'effectuer une étude pour en apprendre davantage, sans s'en servir pour fournir des orientations.
D'après ce que M. Kerr a dit plus tôt, le libellé de la motion ne nous permettra pas d'adopter des mesures concrètes. Je suis tout à fait d'accord, et je pense que mes collègues de ce côté-ci non plus. Procédons donc à une analyse et à une étude complètes de cette question extrêmement importante.
Monsieur, si vous pensez que ce n'est pas ce que je veux, je tiens à vous en dissuader. Je tiens à ce que nous effectuions une étude exhaustive. Une fois celle-ci terminée, je veux m'assurer que les recommandations et les mesures à prendre qui en découleront pourront véritablement être mises en oeuvre.
M. Kerr semblait dire plus tôt qu'il n'aimait pas vraiment le libellé de la motion. Je pense que si vous pouviez corriger cela, monsieur, je pourrais déterminer de quel côté voter.
En effet, je ne sais toujours pas si je dois voter pour ou contre cette motion. À mon avis, rien ne sert de mener cette étude — et, monsieur, je suis d'accord avec vous, elle doit être complète — si nous n'avons aucune orientation et aucune idée de son aboutissement. C'est ce qu'a dit le secrétaire parlementaire et c'est pourquoi je voudrais que vous m'aidiez à clarifier la situation.
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Monsieur le président, ce qui se passe ici ce matin me préoccupe beaucoup. Que se passe-t-il? Nous savons qu'il s'agit d'une question importante. Nous sommes saisis de cette motion depuis deux ou trois semaines, maintenant. Nous étions au courant. Je suis déçue qu'on n'ait pas déjà envisagé la possibilité de déposer des amendements qui auraient permis à tous d'atteindre les objectifs visés. Est-ce qu'on tente de nier l'existence du problème?
Passons à l'action. Nous savons que c'est un problème. On pourrait étudier la question dans le cadre de notre examen de la Charte des anciens combattants, pour se rendre compte, au bout du compte, qu'il faut entamer une étude spéciale sur le sujet parce que c'est trop important. Or, nous le savons déjà. Nul besoin de perdre une autre année de travail pour s'en rendre compte.
Quant aux autres détails et au cadre de référence de l'étude, sachez que je siège à ce comité depuis plus d'un an ou deux. Lorsque nous procédons à une étude, il n'est pas nécessaire d'avoir un mandat préétabli. Nous voulons procéder à cette étude et en faire rapport à la Chambre. C'est aussi simple que cela. Soit on est d'accord, soit on ne l'est pas.
Le temps file, et cela m'inquiète. Nous sommes saisis d'une autre motion dont nous aurions dû discuter la semaine dernière. Je pense qu'il faudrait régler cela. Des témoins attendent de nous fournir des renseignements additionnels sur d'autres sujets.
Je pense que nous devrions tout simplement passer au vote. Soit on appuie la motion et on s'entend pour peaufiner les détails lors d'une séance subséquente ou en sous-comité, soit on la rejette. Pour l'instant, nous n'avançons pas.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je ne suis pas d'accord avec Mme Sgro. Tout d'abord, cette motion exclut les membres actuels des Forces canadiennes. Or, je ne peux pas voter en faveur d'une étude sur le suicide qui exclut les membres actuels des Forces canadiennes et de la GRC, parce que tant qu'à faire, faisons-le bien. Toutefois, il n'est pas du ressort de notre comité d'entamer un tel examen, à moins que ce ne soit dans le cadre d'un sous-comité conjoint. Si c'est ainsi qu'était libellé la motion, je voterais en sa faveur.
Je suis d'accord avec vous, toutefois, pour dire qu'il n'est pas nécessaire d'attendre. Le comité a déjà décidé d'étudier la Charte jusqu'à l'automne. Ce qui veut dire que ce n'est pas avant ce moment-là qu'on pourra se pencher sur cette motion. Je pense qu'il faudrait en envisager une autre, dont le cadre de référence serait mieux défini, et qui nous permettrait de passer à l'action immédiatement.
Mme Sgro a déposé une motion l'autre jour. Je pense qu'il faudrait en discuter. Le comité a encore beaucoup de pain sur la planche. Je pense que nous sommes tous d'accord pour entamer cette étude. Là où nous sommes en désaccord, de ce côté-ci, c'est que nous croyons que, si nous nous engageons dans cette voie, nous devons le faire de manière appropriée, et plus rapidement.
Je propose donc une motion selon laquelle nous reporterions la discussion, afin que l'on puisse se pencher sur la motion de Mme Sgro, et je l'espère, obtenir des résultats.
Je dépose donc une motion selon laquelle le comité reporte le débat à sa prochaine séance, au cours de laquelle il pourra régler les détails.
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D'accord: « ... enquête judiciaire publique complète sur l'épandage de produits chimiques comme l'agent Orange à la base des Forces canadiennes de Gagetown entre 1956 et 1984 ».
Une voix: Maintenant j'ai saisi.
L'hon. Judy Sgro: Si je peux me permettre d'en discuter brièvement, je pense que divers points ont été soulevés l'autre jour, et que cela pourrait nous être utile à tous. J'espère que nous pourrons procéder en laissant de côté l'esprit partisan. Selon moi, cette question devrait préoccuper l'ensemble des Canadiens, comme nous tous. Voilà pourquoi je présente cette motion.
Quant à la modification que j'ai proposée, je considère qu'elle nous permettrait de mieux comprendre ce qui s'est passé au cours de cette période.
Encore une fois, il ne s'agit pas d'un jeu de partisanerie. Cela touche tous les gouvernements, et bien plus. Je pense que tous les Canadiens doivent mieux comprendre ce qui s'est passé, pour s'assurer que cela ne se reproduise jamais.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, nous avons limité cette motion à la base des Forces canadiennes de Gagetown. A-t-on vaporisé ce produit dans d'autres bases des Forces canadiennes? Qui sait?
Je crois vraiment que l'amendement... Si on veut avoir une vision d'ensemble, il faudrait éliminer le mot « Gagetown ». Je suis toutefois toujours déçu quand des collègues utilisent des dossiers comme celui-ci pour créer des conflits politiques dans les politiques publiques.
La politique relative à la base Gagetown a été élaborée à partir de consultations et de recommandations professionnelles formulées par le personnel du ministère. C'est une politique publique. Non seulement on a respecté la marche à suivre habituelle, mais on a également veillé à mettre en place de bonnes conditions et de bons résultats. Cette mesure a également été approuvée par les représentants élus. Il ne s'agit pas là d'un dossier nouveau. La question a déjà été étudiée. Le but d'une telle enquête serait de trouver des lacunes soit dans les principes, soit dans l'application, soit dans la politique, et à mon avis, de telles lacunes n'existent pas. C'est donc pour cette raison que je ne peux appuyer cette partie de la motion.
Ce que je trouve très difficile dans mon travail, c'est que 80 p. 100 de mes tâches consistent à expliquer le mot « non » aux gens. À un moment donné, il faut prendre une décision que nous allons défendre, et nous devons dire non. C'est la politique. Voilà la décision que votre gouvernement a prise, quel que soit le parti au pouvoir. Les gens ne sont pas toujours contents des décisions politiques du gouvernement. Dans ce cas, ils doivent attendre qu'il y ait un nouveau gouvernement ou un nouveau député. Après mon élection, on m'a transmis un tas de vieux dossiers pour voir si la réponse serait différente et je sais que vous avez tous vécu la même expérience dans votre carrière politique.
En fin de compte, j'ai constaté que les refus avaient toujours été formulés après que des professionnels ont examiné la question. Cela a été la décision de représentants élus et nous devons respecter cette décision. Tout ce que l'on fera, dans les faits, c'est ressasser toute l'information, tous les documents qui ont déjà été examinés par des gens qui avaient autant de connaissances et de bon sens que nous. Et tout cela sera examiné également par le même personnel compétent. On examinera les mêmes questions, on entendra les mêmes témoins et on en arrivera en fin de compte à la même conclusion, à mon avis.
Pour revenir aux observations de M. Stoffer, il a dit qu'environ 3 000 enfants seraient...
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Je dois répéter que nous mettons la charrue devant les bœufs. À notre dernière réunion, le groupe Widows on a Warpath nous a présenté une description très sincère de la vie de ses membres et des événements qui ont influé sur leur vie. Nous comprenons tous le problème.
En ce qui a trait à la motion dont nous sommes saisis, je me reporte à deux documents que j'ai lus et que les autres membres du comité ont lus aussi, j'en suis certain. L'un de ces documents est le rapport que le Dr Furlong a présenté. J'espère que les députés qui voteront sur cette motion ont lu et compris la teneur de ce rapport. Avant que la motion soit mise aux voix, nous devrions peut-être l'inviter devant le comité pour qu'il explique la recherche qu'il a faite. Cette recherche remonte à au moins 40 ans. Il a tout examiné, de l'habitat halieutique dans la région environnante, jusqu'à la façon dont les produits chimiques réagissent avec les lipides du corps. Il a réalisé une étude complète qui a duré de nombreuses années. Le comité devrait probablement l'entendre afin que nous soyons informés des détails scientifiques. Les témoignages que nous avons entendus à notre dernière réunion n'avaient rien de scientifique, à mon humble avis.
Nous devrions également inviter Inka Milewski, qui a réalisé une étude pour le Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick. Je crois savoir que Inka a produit un rapport non partisan. Elle a déjà été candidate du NPD dans la province du Nouveau-Brunswick. Le comité pourrait être surpris et informé par ses conclusions. Nous devrions l'entendre avant de voter sur cette motion afin de connaître tous les faits, puisque la motion demande la tenue d'une enquête judiciaire publique.
Il faut songer aux coûts qu'entraîne une enquête judiciaire, alors que le comité n'a peut-être pas été informé de tous les faits pertinents. Nous avons tous fait nos propres analyses et nos propres recherches, nous avons tiré nos propres conclusions et ces conclusions correspondent peut-être à ce que dit cette motion. Mais, à mon avis, il est imprudent et mal à propos que notre comité se prononce sur cette motion avant d'avoir entendu le témoignage d'experts scientifiques qui ont examiné la situation au Nouveau-Brunswick et à Gagetown. Widows on a Warpath nous a certes présenté un tableau sincère de la vie de ses membres, mais cette organisation ne représente pas la communauté scientifique et elle n'a pas indiqué qu'elle avait retenu les services de scientifiques indépendants pour examiner ce dossier.
Le comité devrait au moins examiner cette question avant que l'on ait à payer une enquête judiciaire publique. Les témoignages et l'information des scientifiques pourraient bien nous amener à réclamer une telle enquête, mais à titre de représentant de contribuables qui gagnent durement leur argent, qui paient des impôts et s'attendent à ce que leurs députés fassent preuve de prudence financière, j'hésiterais beaucoup pour ma part à adopter cette mesure sans connaître tous les faits, ou du moins sans connaître les faits qui pourraient nous permettre de prendre une bonne décision. Nous sommes tous là pour représenter les Canadiens. Cette motion porte sur un certain nombre de collectivités au Canada. Je ne crois pas que nous devrions voter en faveur de cette motion tant que nous n'aurons pas entendu des témoins qui peuvent nous fournir de l'information scientifique, qui ont examiné la question et qui peuvent nous guider quant aux raisons pour lesquelles nous devrions ou non réclamer cette enquête — et peut-être entendre aussi, comme M. Kerr l'a dit, le ministre lui-même ou un fonctionnaire de son ministère. Cette motion est trop importante et nous n'en savons pas suffisamment à l'heure actuelle.
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Pouvons-nous faire rentrer les témoins pour leur présenter nos excuses officiellement?
Je crois que vous avez été témoins de ce qui s'est passé ici, donc je n'ai pas beaucoup d'explications à vous donner. Nous avons eu un débat passionné. Je voulais vous présenter nos excuses au nom des membres du comité. Nous n'avions pas l'intention de ne pas entendre votre témoignage aujourd'hui et j'espère que malgré tout cela vous passerez un Joyeux Noël.
À tous les députés, Merry Christmas, Joyeux Noël, Bonne année, Happy New Year. En quittant, je propose que nous nous concentrions sur l'aspect plus spirituel des choses et que nous repensions, pendant cette pause du temps des Fêtes, aux efforts que nous faisons pour faire du Canada une meilleure nation.
La séance est levée.