:
Je vous remercie de m'avoir invité à venir vous rencontrer.
[Français]
La semaine dernière, le ministère a eu l'honneur d'accueillir plusieurs d'entre vous à Charlottetown.
[Traduction]
Votre visite a été fort utile. Elle nous a permis d'examiner ensemble nos préoccupations mutuelles et les occasions qui s'offriront à nous.
Quant à moi, elle m'a confirmé une fois de plus que nous avions tous à coeur le même objectif: nous assurer que les anciens combattants canadiens et leur famille ont accès aux soins et aux mesures de soutien les meilleurs possible.
Je tiens à me présenter à ceux d'entre vous qui n'ont pu venir à Charlottetown pour l'occasion et à leur expliquer mon rôle dans l'établissement du Bureau de l'ombudsman des vétérans et dans la liaison permanente entre le ministère et ce bureau.
Il y a un peu plus d'un an, je prenais la direction de Prestation des services et Commémoration, le nouveau secteur qui venait d'être créé pour fournir des services et des avantages à nos 220 000 clients. Nous sommes également responsables des programmes de commémoration qui sensibilisent tous les Canadiens aux sacrifices et aux réalisations de nos anciens combattants au sens traditionnel et de nos vétérans de l'ère moderne.
À l'échelle nationale, nous avons 60 points de service, notamment des bureaux du district et des bureaux satellites. Nous sommes également de plus en plus présents dans les bases et escadres des Forces canadiennes. Notre secteur compte environ 2 100 employés, soit environ la moitié de l'effectif ministériel. Beaucoup sont des intervenants de première ligne qui, comme le dirait le ministre, représentent le ministère auprès de nos clients.
Avant d'assumer la direction de ce secteur, j'étais sous-ministre adjoint à Services ministériels. À ce titre, j'ai eu l'honneur d'avoir jeté les bases de l'élaboration de la Déclaration des droits des anciens combattants et de l'établissement du Bureau de l'ombudsman des vétérans, qui marquent un jalon important dans l'histoire des anciens combattants canadiens. Les organisations d'anciens combattants en avaient fait leur cheval de bataille depuis un certain temps et continuent d'accorder leur soutien indéfectible à cette déclaration significative et à ce bureau efficace.
Je souhaiterais employer les prochaines minutes pour exposer les problèmes et préoccupations soulevés par l'ombudsman au cours des dernières semaines.
[Français]
Nous discuterons aujourd'hui des relations de travail du ministère des Anciens combattants du Canada et du Bureau de l'ombudsman, ainsi que des processus que nous avons mis en place pour nous assurer que son bureau ait les ressources nécessaires pour remplir son mandat.
[Traduction]
Il est juste de dire que les deux parties se sont heurtées à certains écueils initialement, mais je peux vous assurer que le ministère appuie d'emblée l'idée de donner aux anciens combattants et à leur famille une déclaration des droits et l'accès à un ombudsman qui peut faire valoir les droits individuels des vétérans et cerner les problèmes systémiques susceptibles de se poser.
Abordons certaines questions que l'ombudsman a jetées sur le tapis lorsqu'il a comparu devant le comité la semaine dernière.
Premièrement, il s'est dit préoccupé que les documents et les renseignements d'ACC ne sont pas complètement accessibles à son bureau. Il est vrai que nous ne pouvons pas divulguer les renseignements émanant de documents confidentiels du Cabinet ou relevant du secret professionnel. Cependant, l'ombudsman peut consulter tous nos autres renseignements dans le cadre de ses fonctions.
L'ombudsman et son personnel ont un accès total au système électronique du suivi des clients du ministère, lequel système contient toutes les données personnelles sur nos 220 000 clients. ACC se sert de cette base de données dans ses relations avec ses clients. Le Tribunal des anciens combattants (révision et appel) y a recours lorsqu'il doit rendre une décision sur l'admissibilité. J'ajouterais que même le ministre n'a pas accès à cette base de données.
L'ombudsman et son bureau peuvent contacter les fonctionnaires d'ACC en tout temps. Ils ont toujours accès au système de courriel et au répertoire électronique des employés.
Nous leur fournissons également la liste complète des experts du ministère. C'est donc dire qu'ils peuvent contacter tous ces fonctionnaires et experts par courriel ou par téléphone.
Les réunions tenues à intervalles réguliers avec le bureau de l'ombudsman facilitent également cette divulgation de renseignements. Jusqu'à présent, les gestionnaires supérieurs du ministère ont rencontré à 16 occasions l'ombudsman et ses représentants dans le cadre de réunions trimestrielles. Ces derniers sont cependant invités à venir rencontrer les gestionnaires supérieurs toutes les fois qu'ils le souhaitent.
Le personnel des ressources humaines tient des réunions mensuelles avec le bureau de l'ombudsman. Jusqu'à présent, 20 de ces réunions ont eu lieu.
Le personnel du Secteur des politiques, des programmes et des partenariats se réunit également avec les représentants du bureau de l'ombudsman à intervalles réguliers. Je reviendrai sur cette question, mais je vous précise que les fonctionnaires responsables des politiques ont divulgué des renseignements au bureau de l'ombudsman à au moins 20 reprises distinctes sur le seul problème des anciens combattants sans abri.
Jusqu'à présent, nous avons pris des dispositions pour que les représentants de l'ombudsman puissent visiter environ 25 de nos bureaux pour y rencontrer le personnel régional ainsi que l'effectif de l'Administration centrale à l'atrium de Charlottetown.
L'ombudsman a indiqué que l'attitude du ministère à l'endroit de son bureau était ambiguë, le ministère considérant son bureau comme rien de moins qu'un service des plaintes. Eh bien, je peux vous assurer que nous croyons à son utilité et que nous estimons qu'il peut aider les anciens combattants sur des problèmes pour lesquels nous ne pouvons pas intervenir. Nous lui sommes reconnaissants des observations et des recommandations dont il nous fait part.
Jusqu'à présent, le bureau de l'ombudsman nous a présenté quatre documents de discussion et d'observation ainsi qu'un rapport sur le Programme de frais de funérailles et d'inhumation. Nous avons été heureux de recevoir ses recommandations et nous avons pris les mesures qui s'imposent dans la mesure de nos attributions.
Nous lui sommes également reconnaissants de nous avoir adressé des clients. Jusqu'ici, l'Administration centrale a reçu 375 demandes en ce sens, et nous avons été en mesure de répondre fructueusement à chacune d'entre elles.
Je vais passer maintenant aux pouvoirs de l'ombudsman.
[Français]
L'ombudsman dit que le ministère ne lui a pas donné les instruments dont il a besoin pour faire son travail.
[Traduction]
Mettons les choses en perspective. Le bureau de l'ombudsman a été créé à la suite de l'adoption d'un décret. Il est donc le résultat des souhaits exprimés par les parlementaires. Le Conseil du Trésor lui a accordé un budget de 6,3 millions de dollars, dont 1,3 est géré par ACC.
Le Conseil du Trésor a approuvé que dix employés relevant de différents secteurs d'ACC prêtent main-forte au bureau de l'ombudsman. Il s'agit notamment de s'occuper de statistiques et d'assurer le suivi ou de répondre aux demandes de renseignements dans un délai raisonnable sur les différents programmes mis en oeuvre.
La charge de travail justifie ces dix ETP, qui permettent d'assurer la collaboration qui renforce le bureau de l'ombudsman.
Notre ministère a conclu quatre protocoles d'entente avec le bureau de l'ombudsman afin de définir les services que nous lui fournissons et nos relations de travail en ce qui concerne les principales fonctions, notamment les opérations, la technologie de l'information, la gestion des renseignements et les finances. Un protocole d'entente régissant l'utilisation des ressources humaines est sur le point d'être signé.
L'ombudsman craint de ne pouvoir recruter et gérer le personnel nécessaire à son bureau.
[Français]
Je vous assure que le ministère travaille à plusieurs niveaux pour aider l'ombudsman à créer une infrastructure durable en matière de ressources humaines.
[Traduction]
Il n'est pas facile de créer une organisation. Il faut préalablement définir les rôles et les responsabilités, établir les mécanismes de reddition des comptes et déterminer les qualifications en matière de dotation. Il est important que les processus de dotation et d'embauche soient justes, équitables et transparents.
À cette fin, l'ombudsman peut subdéléguer les pouvoirs de dotation comme un sous-ministre adjoint. Nos groupes d'EX sont gérés comme une ressource centrale. Le sous-ministre est responsable de la dotation de tous les postes d'EX, pouvoir qu'il n'a pas délégué. À la fin du mois dernier, le ministère avait facilité 67 mesures de dotation distinctes pour le compte du bureau de l'ombudsman.
Les employés de l'ombudsman sont des membres à part entière de la fonction publique. Ils peuvent participer aux mêmes concours que les autres employés fédéraux, et leurs perspectives d'avenir sont les mêmes. En fait, certains membres de son effectif ont déjà réintégré le ministère.
Selon l'ombudsman, le ministère n'a pas tenu compte de ses conseils sur les anciens combattants sans abri. Il estime avoir été pris à partie par le ministère à cause des efforts de sensibilisation qu'il a déployés sur la question des anciens combattants sans abri.
Au contraire, tout comme l'ombudsman, le ministère s'engage à aider les anciens combattants qui sont sans abri ou risquent de le devenir. Nos deux organisations conviendront, je pense, que la priorité absolue consiste à prendre les mesures pour prévenir le sans-abrisme chez les anciens combattants. C'est pourquoi le ministère a mis en oeuvre plus d'un programme, notamment sur le soutien du revenu, les prestations d'invalidité, la réhabilitation et les soins de santé.
Malgré tous les efforts que nous déployons, il arrive parfois que des anciens combattants deviennent des sans-abri. Nous conseillons vivement à quiconque, y compris l'ombudsman, connaît un ancien combattant qui est sans abri ou qui risque de le devenir, de nous en informer immédiatement.
Lorsque nous sommes mis au courant d'une telle situation, nous évaluons les besoins de l'ancien combattant sans abri, lui offrant les programmes et les services pour qu'il obtienne un logement sûr, des repas, des soins de santé et, au besoin, des fonds d'urgence. Ces programmes et services peuvent être dispensés par le ministère ou par des organismes communautaires de concert avec le ministère.
D'après l'ombudsman, le ministère n'est pas assez visible dans les refuges. Le ministère a confirmé cependant qu'il a été en contact avec plus de 75 refuges et organismes pour sans-abri dans l'ensemble du pays. Nous encourageons les préposés à l'accueil de ces refuges et de ces organismes à poser une simple question: Avez-vous effectué du service militaire?
Quant à l'accès de l'ombudsman à la stratégie ministérielle nationale sur les sans-abri, je tiens à souligner que son bureau a participé aux travaux préliminaire et à l'élaboration de cette stratégie.
Je veux également insister sur le fait que le ministère est intervenu dans bien des régions du pays en tenant compte des particularités et des besoins propres à chaque région. Au cours de chacun des 18 derniers mois, le ministère et le bureau de l'ombudsman se sont réunis ou ont correspondu pour aborder des problèmes liés directement ou indirectement au sans-abrisme. Notre collaboration à ce chapitre se poursuit. En mai, le ministère a mis le bureau de l'ombudsman au courant des progrès accomplis.
En conclusion, la campagne nationale de l'ombudsman « N'oublions personne » est louable. Elle a conscientisé davantage les médias au sans-abrisme et a appuyé le travail permanent du ministère. Nous savons que le bureau de l'ombudsman a lancé sa première étude systémique des lourdeurs administratives. Nous attendons avec impatience les recommandations de cette étude.
Nous nous engageons à répondre de notre mieux à toute demande de renseignements qui nous sera soumise sur un client particulier.
Le ministère continuera de respecter les protocoles d'entente conclus et de prendre rapidement les mesures qui s'imposent pour que le bureau de l'ombudsman dispose des ressources dont il a besoin pour s'acquitter de son mandat.
Lorsque des employés de l'ombudsman voudront poursuivre leur carrière ailleurs dans la fonction publique, le ministère les appuiera de la même façon que les autres fonctionnaires.
Enfin, nous continuons d'appuyer sans réserve une déclaration des droits des anciens combattants qui soit judicieuse et un bureau de l'ombudsman des vétérans qui soit efficace. Les anciens combattants et leur famille ont besoin que les deux organisations travaillent pour les aider. Le ministère est-il prêt à le faire? La réponse est oui.
[Français]
Est-ce que nous sommes prêts à en faire plus? Oui.
[Traduction]
Allons-nous réussir? Oui. Comme l'a mentionné le président, je comparaîtrai de nouveau devant vous mercredi prochain. Entre-temps, je dois me rendre, demain, à la base des Forces canadiennes de Gagetown. Comme vous le savez, nous sommes en train d'y mettre sur pied un centre intégré de soutien au personnel. Je vais rencontrer le commandant de la base pour discuter avec lui de la façon dont les choses se déroulent sur le terrain et des problèmes qu'éprouvent les hommes et les femmes stationnés à Gagetown.
Merci.
:
C'est d'entrer en contact avec les refuges ou les personnes qui en sont responsables. La question du sans-abrisme est complexe et elle n'est pas gérée de la même façon dans toutes les villes et toutes les provinces. Par exemple, beaucoup de refuges et de soupes populaires fonctionnent de façon différente. Il y a en a qui sont gérés par des organismes-cadres, et d'autres qui sont indépendants.
Je suis dans la fonction publique depuis assez longtemps pour savoir que l'on ne peut pas rester assis à l'administration centrale, donner des instructions et penser résoudre les problèmes du jour au lendemain. À mon avis, il faut établir un cadre politique général, et le premier objectif est d'éviter que les personnes ne deviennent sans-abri. Toutefois, cela arrive, malheureusement; je donne donc comme directive à mon personnel de travailler en collaboration avec les organisations locales pour anciens combattants, les refuges, les organismes — que ce soit l'Armée du Salut, la Croix-Rouge ou les services sociaux de la province — et de créer des liens. Ces liens doivent être établis sur le terrain afin que lorsque quelqu'un se présente comme un ancien combattant...
On va nous informer qu'il y a un ancien combattant au refuge. Il faut comprendre que même s'il s'agit d'un ancien combattant, s'il se trouve au refuge, c'est peut-être parce qu'il en a fait le choix, et même si nous sommes en mesure d'intervenir, cette personne n'est peut-être pas prête à profiter de nos services et de nos programmes. Parfois, cela prend un certain temps pour créer un lien, et c'est ce qui m'amène à vous parler des coordonnateurs d'entraide du Programme de soutien social aux victimes de stress opérationnel. Il faut l'admettre, les sans-abri sont parfois déprimés, probablement en colère contre la société, contre le gouvernement. Il faut parfois qu'un de leur pairs ayant vécu les mêmes difficultés établisse un lien en leur disant: « Tu sais, moi aussi j'étais dans cette situation, mais il existe de l'aide, et ce sont des gens... » Il faut gagner leur confiance. Oui, c'est utile d'obtenir des renseignements des services de police et des services sociaux, mais au bout du compte, nous devons bâtir une relation de confiance.
Nous devons également comprendre la diversité de notre pays. Au Parlement, nous avons des représentants de toutes les parties du pays. Chaque région du pays a ses propres opinions, ses propres enjeux, et c'est pourquoi nous n'avons pas qu'un seul député, mais plus de 300 pour tenir compte de l'opinion de tous.
Dans la même optique, nous devons permettre aux gestionnaires locaux d'être innovateurs. Nous sommes prêts à lancer des projets novateurs dans certaines grandes villes, mais pour cela, il doit y avoir de la souplesse. Nous avons une ligne de secours d'urgence pour les anciens combattants, accessible 24 heures sur 24, dont le personnel est formé de conseillers. Ce n'est pas un service automatisé; il y a un conseiller qui peut aider les gens. Il y a beaucoup d'anciens combattants à aider. Il s'agit d'établir un lien, et les responsables locaux, qui connaissent leur milieu — les gens des services sociaux et des divers organismes —, doivent leur demander: « Comment pouvons-nous établir un lien? »
Mon dernier point, mais non le moindre, c'est que certains anciens combattants deviennent sans-abri par choix. Je peux vous donner l'exemple d'un ancien combattant dont j'ai entendu parler et qui est sans-abri. Il habite dans sa voiture, mais c'est son choix. Il ne veut pas avoir d'adresse fixe pour diverses raisons. C'est la réalité. Cela ne veut pas dire que nous ne lui offrons pas de services ni qu'il ne reçoit pas d'aide, mais il a décidé qu'il ne voulait pas avoir d'adresse fixe pour des raisons personnelles.
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Ils ont parfois pu le faire, mais parfois aussi, les vétérans n'étaient pas prêts à recevoir de l'aide.
Il est très important de comprendre que les marginaux des rues vivent en marge de la société, contrairement à nous qui avons en règle générale des emplois et allons travailler tous les jours. Il est arrivé que nous établissions le contact avec des vétérans par l'intermédiaire de nos services d'approche. Nous avons réussi parfois à les faire admettre dans un programme, mais il arrive également qu'ils nous fassent faux bond, étant donné leur vie itinérante.
La semaine dernière, un vétéran sans abri s'est présenté au bureau de district de Vancouver. Il s'est présenté en personne au bureau. Nous avons pu lui venir en aide. Il nous a dit qu'il était à Calgary la semaine précédente et ailleurs, la semaine qui l'a précédée. Ce sont donc des personnes qui vivent une vie itinérante. Parfois, quand vous établissez ce contact, ils partent vivre ailleurs. Nous travaillons actuellement avec ce vétéran à Vancouver. Nous collaborons aussi avec le Fonds du Coquelicot de la Légion royale canadienne. Nous essayons de lui trouver un logement. Donc, soit qu'il demeure à Vancouver, soit qu'il prend la poudre d'escampette et se retrouvera peut-être à Halifax, le mois prochain. C'est la nature itinérante de cette population. Toutefois, nous avons certes pu établir certains contacts.
Si vous voulez mon avis, un des moyens les plus efficaces de travailler avec ces personnes consiste en réalité à passer par les réseaux d'entraide. La grande famille militaire est tricotée très serrée. Si communiquez avec certains réseaux, vous rencontrez peut-être un ancien combattant du 22e ou du Princess Patricia, ce qui leur permet de faire davantage. Ils les suivent, à mon avis, pour le reste de leur vie. Ils tiennent à s'entraider.
Donc, nous avons des discussions avec ces organismes. Par exemple, si un ex-officier de marine d'Halifax vit des moments difficiles, ces organismes peuvent le convaincre de se faire connaître du ministère ou, sans forcément s'y présenter... D'où toute l'importance des réseaux d'entraide. Il n'est pas nécessaire de se présenter à un bureau des Anciens combattants pour avoir de l'aide. Il pourrait s'agir d'aller au Tim Hortons et de prendre une tasse de café avec le sans-abri, ou encore de marcher à ses côtés, de simplement tenter d'établir un contact, de dire: « Je comprends votre souffrance, car je suis moi-même passé par là. Il existe des personnes qui peuvent vous aider ». Cependant, comme pour toute autre forme de dépendance, il faut que la personne veuille qu'on l'aide, et c'est pourquoi le contact et des liens de confiance sont si importants.
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Il n'y a rien dans notre base de données qui identifie une personne comme étant sans abri. Il y a bien des clients que nous croyons être plus à risque, parce que notre système nous dit qu'ils n'ont pas d'adresse fixe, ce qui peut indiquer qu'ils sont sans abri, mais pas nécessairement.
Ces clients sont confiés à un gestionnaire de cas, qui fait alors le suivi qui s'impose. Alors oui, il y a des gens que nous savons être à risque. Par exemple, chaque fois qu'une personne quitte les Forces canadiennes, on lui fait passer une entrevue de transition. Selon les réponses que l'on obtient, nous pouvons déterminer si cette personne est vulnérable à un certain nombre de choses, dont l'itinérance. Il s'agit donc d'une démarche proactive. Nous voulons que les gens sachent ce que nous pouvons faire pour eux, à commencer par les coordonnateurs du soutien par les pairs de SSBSO. Je peux certainement vous donner quelques exemples. Je pense entre autres à un homme, qui est entré dans le bureau du district de Vancouver en demandant de l'aide. Dans un cas comme celui-là, on ne se pose pas trop de questions.
Ailleurs au pays, le nombre de réservistes n'est pas... Le ministère de la Défense, à cause du rythme soutenu des opérations, fait de plus en plus appel aux réservistes pour ses missions outre-mer, et lorsqu'ils reviennent, les réservistes rentrent chez eux. On leur fait passer une entrevue de transition, c'est vrai, mais les autres, ceux des Forces régulières, restent sur la base ou ne quittent pas leur groupe.
Ce que j'essaie de dire, c'est que nous tendons la main à ces gens-là, nous mettons à l'essai toutes sortes de projets pilotes, notamment en correspondant avec eux... Une forte proportion de réservistes se trouve en Colombie-Britannique, plus précisément dans le Lower Mainland. Nous procédons donc un peu différemment dans ce coin de pays-là. Lors de mon passage en Colombie-Britannique, j'ai discuté avec le responsable des réservistes. Nous privilégions deux moyens pour garder le contact avec eux. Premièrement, nous leur envoyons des lettres de suivi dans lesquelles nous leur disons: « Nous savons que vous êtes réserviste et que vous avez servi en Afghanistan — et en passant, si vous avez besoin de quoi que ce soit, nous vous rappelons que nous sommes là. Voici notre numéro de téléphone, alors n'hésitez surtout pas à nous appeler. »
Deuxièmement, nous agissons pas l'entremise de notre réseau. En Ontario par exemple, nous avons pris contact avec toutes les unités de réserve et leur avons demandé s'ils connaissaient des gens qui étaient susceptibles d'être à risque, parce que si un soldat qui revient de mission ne se présente plus aux entraînements hebdomadaires, c'est peut-être signe qu'il commence à perdre l'intérêt pour ce genre de chose, mais c'est peut-être aussi parce qu'il commence à se replier sur lui-même. Et quand on fouille un peu, on s'aperçoit qu'il n'a pas seulement cessé de prendre part aux entraînements, mais qu'il a aussi quitté son emploi, et que les services sociaux ont reçu des plaintes à son sujet parce qu'il se comportait mal avec sa famille.
Il n'y a donc pas de solution universelle, et c'est pour cela qu'il faut aborder la question sous plusieurs angles. Il faut être sur le terrain, et il faut que les gens sur le terrain entretiennent de bonnes relations avec les gens du milieu, parce que ce ne sont certainement pas les directives qui viennent d'en haut, même si elles sont de moi, qui donnent les meilleurs résultats.