:
Merci beaucoup monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à tous mes collègues de l'Ouest de Terre-Neuve, plus particulièrement de Deer Lake. Nous célébrons cette semaine les 60 ans de la ville.
Deer Lake est également un endroit où, même si ce n'est pas une ville portuaire, les pêcheurs et les intervenants de l'industrie des pêches se sont déjà rencontrés. C'est un point central qui est facilement accessible par les gens du Labrador, de la côte Nord-Est, de la côte Ouest et de partout en province. Nous sommes assis à une table où nous nous sommes déjà rencontrés.
Monsieur le président, il s'agit d'une belle occasion pour étudier et approfondir une question qui est d'importance primordiale, non seulement pour la province de Terre-Neuve-et-Labrador, mais également pour tout l'Est du Canada. Le Comité permanent des pêches et des océans a décidé d'entreprendre une étude du secteur de la pêche au crabe des neiges dans l'Est du Canada parce que cette industrie navigue manifestement dans des eaux troubles.
Les problèmes qui accaparent l'Est du Canada ne sont pas tous de même nature. À Terre-Neuve-et-Labrador, par exemple, ce n'est pas uniquement une question de ressources, même si il y a définitivement des problèmes de ce côté-là. Les questions d'économie, de rationalisation, de stabilité et de viabilité à long terme de l'industrie sont prédominantes. Dans le Sud du golfe du Saint-Laurent, comme nous le savons, les problèmes sont complètement différents. Ils ont subi une baisse de quota de 63 p. 100, ce qui a un impact extrêmement négatif sur leur industrie. L'Est de la Nouvelle-Écosse fait face à d'autres problèmes de gestion.
Le comité se déplacera dans l'Est du Canada pour entendre les différents intervenants de l'industrie comme vous, pour écouter votre opinion non seulement sur des problèmes précis mais également sur des recommandations précises que vous pourriez faire. L'objectif du comité est de déposer un rapport devant la Chambre des communes tiré des témoignages que vous ferez ainsi que de synthétiser les recommandations précises formulées à l'intention du gouvernement fédéral. C'est pourquoi je crois qu'il est très important que vous soyez ici aujourd'hui à titre d'intervenants clés du secteur, de leaders d'opinion mais également à titre de personnes qui comprennent ce secteur en profondeur.
Il est bien évident que cette industrie est absolument essentielle au bien-être général du Terre-Neuve-et-Labrador rural mais également pour tout le secteur rural de l'Est du Canada.
Certains d'entre vous ont parcouru de longues distances pour être ici. J'aurais aimé que tous ceux qui avaient été invités aient fait l'effort de se présenter. Je crois qu'il aurait été important que l'Association of Seafood Producers réponde à notre appel, parce que ce comité veut formuler des recommandations. Nous allons analyser le secteur tel qu'il est, tel que vous nous le présenter, et nous allons formuler des recommandations précises à l'intention du gouvernement fédéral. Nous voulons que tous soient inclus dans ce processus et c'est pourquoi nous avons demandé à tous les représentants et les intervenants de l'industrie de participer. Malheureusement, l'Association of Seafood Producers a décliné notre invitation et donc ne souhaite pas participer au processus. Mais nous devons poursuivre notre travail. Nous allons formuler des recommandations à partir de ce que nous entendrons.
Le comité s'est réuni pour écouter ce témoignage grâce à une motion que j'ai déposée devant le Comité permanent des pêches et des océans. Je suis très heureux que chacun d'entre vous se soit déplacé et que mes collègues aient choisi d'être ici.
Je crois qu'il est maintenant temps monsieur le président d'écouter les témoins.
Je suis un pêcheur de crabe à temps plein et je pêche avec mon trimaran. J'ai acheté mon premier bateau à l'âge de 22 ans. Deux de mes gendres travaillent à la pêche avec moi. Malheureusement, il est de plus en plus difficile de respecter les politiques et les règlements que le MPO nous impose. J'aimerais souligner certains de ces règlements que vous pourriez changer, et j'aimerais que quelqu'un s'y intéresse.
Nous avons une entreprise familiale, et le MPO nous dit que nous ne pouvons pas remplir nos trois permis avec un seul bateau. Ils nous demandent d'acheter un deuxième bateau. Je ne vois pas pourquoi nous devrions avoir un deuxième bateau alors que nous pouvons pêcher avec nos trois permis sur un seul bateau. De plus, la saison du crabe dure quatre mois. Le MPO a instauré une règle de 12 mois. Je ne vois pas pourquoi un bateau à notre nom doit rester là pendant 12 mois. Cela nous limite lorsque nous changeons de bateau pour pêcher avec nos trois permis. Je ne vois pas pourquoi le MPO ne peut pas changer l'énoncé et peut-être instaurer un seul changement par année.
Il y a deux ou trois ans, je me souviens que le MPO avait renoncé à sa règle de 12 mois et avait instauré une règle de 6 mois. L'année suivante, ils sont revenus avec leur règle de 12 mois. C'est donc qu'ils peuvent faire quelque chose. Lorsque l'on pêche, cela prend à peu près 10 semaines pour remplir nos quotas individuels jumelés. L'autre permis prend environ quatre semaines.
Cette règle de 12 mois, lorsque l'on tente de combiner nos permis ou d'acheter plus de permis pour améliorer notre entreprise, nous handicape. On ne peut pas y arriver sans acheter un deuxième bateau. Je ne veux pas investir un autre 300 000 ou 400 000 $ pour l'achat d'un bateau.
En plus, cette année est particulière, les pêches ont commencé le 1er avril. Donc, les pêcheurs sont allés chercher leur permis le 1er avril. Mais parce que je suis jumelé avec mon gendre, mon permis n'a été disponible que le 12 avril. J'ai perdu 12 jours de pêche. Notre saison se termine le 30 juillet. Je ne sais pas si on va me laisser 12 jours de plus que les autres pêcheurs à la fin de la saison? J'en doute. Les documents devraient être disponibles le 1er avril ou même avant.
Notre bateau peut transporter 55 000 livres dans son réservoir E.M.R. C'est du crabe de haute qualité. Nous travaillons avec notre E.M.R. depuis 10 ans. Le MPO nous impose des limites de sortie. La limite de sortie pour un bateau E.M.R. est, je crois, de 50 000 livres. Certains bateaux peuvent transporter 55 000 ou 60 000 livres, je ne vois pas pourquoi nous devrions juger la quantité de crabe dans ces réservoirs. Nous les remplissons, un point c'est tout, le crabe peut rester dans les réservoirs pendant longtemps. Cela ne nuit pas à la qualité. Donc, nous remplissons nos réservoirs et nous les ramenons. Si l'usine de production peut les traiter, eh bien nous déchargeons. Pour moi, les limites de sorties ne sont pas une question de conservation, c'est de l'interférence, surtout pour les bateaux E.M.R. Les limites de sorties devraient être abolies. À mon avis, le MPO ne devrait pas imposer de limite de sorties. Laissons les transformateurs traiter directement avec les pêcheurs. Tant que les transformateurs sont capables d'absorber les pêches, eh bien fournissons la marchandise.
Je m'appelle John Sackton. Je suis analyste des marchés et je publie le Seafood.com News. Je travaille beaucoup avec les prix du poisson. Je connais le domaine de la pêche du crabe à Terre-Neuve depuis presque 12 ans.
Je suis arrivé l'année après la grève de 1998, ou peut-être de 1997, parce que la province avait élaboré un processus d'arbitrage des propositions finales et qu'elle souhaitait avoir un analyste des marchés agissant à titre de tiers pour rédiger des rapports sur les prix du crabe des États-Unis et du Japon. Ces prix étaient également utilisés par la FFAW et la FANL afin de négocier la formule qui ajustait les prix aux bateaux. L'idée derrière cela était qu'au moment de commencer la saison aucun des deux côtés ne devait prendre de risque démesuré.
Dans le secteur de la pêche du crabe, plus particulièrement avec les grands débarquements qui arrivent vers la fin du mois de mai, les prix descendent invariablement dès le début des pêches à la fin avril et mai jusqu'à la fin de mai ou au début de juin. Quand vous savez que les prix du crabe vont baisser, il est très difficile d'évaluer qui va assumer les risques. À cette époque, la formule axée sur les marchés était conçue pour ajuster les prix aux hauts et aux bas que subissaient les pêcheurs d'après le rendement du marché. Les ajustements se faisaient au départ à toutes les deux semaines. Au cours de ces années, le taux de change du dollar canadien avec les États-Unis était la plupart du temps très avantageux pour les exportateurs de crabe. Il permettait une certaine marge de manoeuvre à même la valeur de la marchandise afin que tout le monde puisse s'ajuster.
Mon rôle, qui consistait à proposer un prix du marché auquel s'ajustaient les prix des bateaux, a pris fin en 2008 ou 2009. Il s'est terminé la première année où les dollars canadien et américain étaient à parité, je crois que c'était en 2008. Ceci a imposé une énorme pression sur les exportateurs de crabe canadiens. La formule axée sur les marchés de cette année-là offrait aux pêcheurs un prix inférieur à 1,50 $. Je ne sais pas trop comment cela s'est décidé, mais à ce moment-là nous avions l'impression qu'il fallait absolument maintenir ce prix. Comme résultat, la formule axée sur les marchés a été abandonnée.
Cette année-là, si l'on prenait tous les prix en considération on pouvait constater que 1,50 $ était en fait un très bon prix et un prix exact. Même si pour quelques semaines vous pouviez voir le prix baisser à 1,45 $ ou monter à 1,55 $, le tout s'équivalait.
Depuis les deux dernières années, je suis embauché à contrat par la province pour observer les marchés du crabe et rédiger un rapport à la fin de l'année. Je ne fournis plus de renseignements qui fixent directement les prix.
Ce que je veux dire c'est que la pression subie par l'industrie est directement liée au taux de change du dollar américain. Lorsque nous avions une formule de prix, le taux de change américain était inclus dans cette formule. Quand les prix étaient modifiés à toutes les deux semaines, en général, le principal facteur qui justifiait les modifications était la volatilité du taux de change. Quand le taux de change est arrivé presque à parité, cela a causé une réduction significative du revenu dans toute l'industrie.
Si l'on regarde 10 ou 12 ans en arrière, à mon avis lorsque les taux de change étaient en faveur des exportateurs, cela permettait à l'industrie une marge de manoeuvre pour négocier. Tant les transformateurs que les pêcheurs pouvaient faire de l'argent. Maintenant que ce coussin d'argent est effilé, et que notre dollar est à parité, l'industrie croule sous la pression.
:
Bonjour. Je m'appelle Leo Seymour.
Je vais revenir un peu sur ce que John vient de dire au sujet de la parité du dollar. Je comprends un peu ce qu'est le taux de change. Je ne suis pas un expert dans ce domaine, mais la Nouvelle-Écosse fait partie du Canada; on y utilise le dollar canadien. Et la situation est la même au Nouveau-Brunswick. Alors comment se fait-il qu'en ce moment, le crabe rapporte 2,40 $ aux pêcheurs du Nouveau-Brunswick, tandis que, de mon côté, je touche seulement 1,35 $?
Je pourrais prendre l'exemple de la morue ou de n'importe quelle autre espèce. L'année dernière, la morue m'a rapporté 50 ¢ la livre, alors que le prix s'élevait à 1,70 $ la livre en Nouvelle-Écosse. Est-ce que le taux de change a quoi que ce soit à voir avec cette différence? Ça m'étonnerait. Il n'y a rien à comprendre. Je ne peux rien faire d'autre que dénoncer la situation: c'est purement et simplement une arnaque. C'est aussi simple que cela.
Je pourrais poursuivre sur le même sujet. Cela fait maintenant, attendez voir, 36 ans que je suis pêcheur. Je suis devenu pêcheur à 17 ans, après avoir emprunté 300 $ à un camarade. Avec cet argent, j'ai acheté une scie à chaîne, puis je suis allé dans le bois, je me suis construit une barque, et je suis allé pêcher. Maintenant, tout cela est du passé. Il y a un soi-disant moratoire depuis 1992, mais ce n'est qu'une illusion. Il n'y a que les gens comme moi qui n'ont plus le droit d'attraper de poissons, mais tous les autres — les étrangers ou qui que ce soit — peuvent faire ce qu'ils veulent. C'est ce qui se passe en ce moment même, pendant que nous discutons ici. Ils sont en mer, et nos propres chalutiers-congélateurs industriels sont là-bas, et ils pêchent la crevette. Ils ont capturés 600 tonnes de crevettes en 21 jours. Et quel est le résultat? Ils ont détruit 1800 tonnes de capelan, le poisson le plus précieux de ces eaux. Tout le reste en dépend.
Et maintenant, nous avons un nouveau problème. Je sais que vous êtes tous au courant de la situation. Les scientifiques eux-mêmes conviennent maintenant qu'il y a environ 9 millions de phoques. Les chasseurs de phoques et nous-mêmes, les pêcheurs, savons cependant que la population de phoques compte plus de spécimens que cela. Jusqu'où tout cela ira-t-il?
Nous sommes sur les côtes de Terre-Neuve-et-Labrador. La pêche est notre mère, mais elle est sur le respirateur artificiel, et personne ne s'en soucie. C'est ainsi que je vois les choses. On a beau parler, on a beau agir, personne ne se soucie de la situation.
Si on ne fait rien au sujet de la population de phoques... Si vous croyez que c'est déjà la pagaille, attendez de voir la suite. Comme on l'a dit, le pire est à venir.
Je ne vois pas comment nous pourrions nous en sortir. La destruction est totale. La seule chose qu'il pourrait me sembler raisonnable de faire, quand je m'en irai d'ici, c'est de faire mes bagages et de partir vers l'Ouest, après avoir investi pendant 35 ans dans les bateaux, les quais, le matériel de pêche, etc. Aujourd'hui, si je vais pêcher durant l'été et que je capture quelques capelans, mais que mon compagnon n'en attrape pas, je n'ai même plus le droit de lui en donner. Je dois les rejeter l'eau. Les gens parlent de conservation; ils ne savent pas du tout de quoi ils parlent.
Je continue encore un peu. Je ne m'en tiens pas à la pêche au crabe car, pour autant que je sache, la pêche concerne l'ensemble des poissons.
Un de ces jours, il y aura une pêche de subsistance. Il y a un quota de cinq poissons par jour. Si vous ne pêchez qu'un petit poulamon, vous devez le garder. Vous n'avez pas le droit de le rejeter pour essayer d'en capturer un plus gros; vous êtes obligé de le garder. Je me suis adressé au MPO pour savoir pourquoi. On m'a répondu que le rejet des poissons capturés pouvait être préjudiciable à la pêche.
Je peux sortir un poisson de 30 brasses d'eau en probablement moins d'une minute, puis le rejeter. Par contre, la pêche en rivière est réglementée. Supposons qu'il y a un saumon femelle fécondé depuis huit mois. Je peux pêcher à la ligne, lutter pendant une bonne demi-heure, peut-être même une heure, et essayer de capturer un saumon de 14 ou 15 livres. D'après vous, cela a-t-il du sens? Et maintenant, pour l'été qui s'en vient, je n'ai même plus le droit de ramener un saumon mort. Si un saumon s'emmêle dans mes engins de pêche et qu'il y meurt, je n'ai même pas le droit de le garder. Je dois le rejeter à l'eau.
Les habitants de Saint-Pierre et Miquelon, qui profitent de leur corridor de 10 milles, qui s'étend au-delà de la limite des 200 milles, capturent nos saumons tout l'été.
Je pourrais poursuivre pendant des heures. Je pourrais vous écrire un sacré livre là-dessus, mais à quoi bon?
En tout cas... Je vous remercie.
:
Bonjour, monsieur le président, madame et messieurs les membres du Comité permanent des pêches et des océans, et bonjour aux autres témoins.
Je tiens à remercier le Comité permanent des pêches et des océans pour l'occasion qu'on me donne aujourd'hui de présenter un exposé sur l'industrie du crabe des neiges à Terre-Neuve-et-Labrador.
Je m'appelle Lyndon Small et je suis président de la NLIFHA, la Newfoundland and Labrador Independent Fish Harvesters Association. Je suis également copropriétaire et exploitant d'un bateau de pêche de 65 pieds.
La NLIFHA regroupe des exploitants de bateaux de plus de 40 pieds de la division marine 3K, qui va du cap Freels au nord du cap Bauld. Notre association a pour mandat de s'assurer que les enjeux et les problèmes qui ont des répercussions sur nos activités quotidiennes sont présentés aux deux ordres de gouvernement.
Dans notre province, la pêche au crabe a un grand potentiel, mais elle est minée par un prix de la matière première inférieur à celui qui est payé dans les autres provinces du Canada atlantique. Aujourd'hui, le crabe séché se vend 2,15 $ la livre au Nouveau-Brunswick, et le crabe conservé dans de l'eau de mer réfrigérée se vend 2,40 $ la livre. Dans notre province, le prix s'établit à 1,35 $ dans les deux cas. Cette différence de prix représente des pertes de revenu totalisant des milliers de dollars pour les entreprises de pêche d'ici.
Pourquoi la différence de prix est-elle si considérable? Cela s'explique simplement par le fait qu'il n'y a aucune concurrence dans l'industrie du crabe, à Terre-Neuve-et-Labrador. La législation provinciale interdit aux acheteurs de l'extérieur de venir acheter du crabe dans notre province et de le ramener à leurs usines de transformation, dans les Maritimes. En raison de ce protectionnisme, les usines de transformation de la province exercent un monopole sur l'industrie. Cela ouvre la porte à la collusion, ce qui fait en sorte que les pêcheurs doivent vendre leurs crabes à vil prix.
Un acheteur a récemment confirmé à la NLIFHA qu'il était disposé à acheter des crabes de la division 3K au prix de 1,90 $ la livre, mais le gouvernement provincial ne laisse aucune place à ce type de libre entreprise.
La faiblesse du prix de la matière première à Terre-Neuve-et-Labrador s'explique, en deuxième lieu, par l'emprise que les usines de transformation exercent sur le secteur de la pêche dans la province. Les entreprises de pêche financent l'achat de navires, de permis et d'équipement depuis des années, et elles cautionnent des emprunts contractés par les pêcheurs. En résumé, les usines de transformation possèdent et contrôlent la grande majorité des entreprises de l'industrie. En raison du contrôle qu'ils exercent, les producteurs sont assurés d'une mainmise sur le crabe avant même qu'il ne soit pêché, et ils sont en mesure d'imposer aux acheteurs un prix au bas de l'échelle.
À une époque où les absorptions d'entreprises et les rationalisations sont à la mode, les accords de fiducie se portent on ne peut mieux. Sous la surface, la politique de séparation de la flotte a été sérieusement érodée, au point que l'intégration verticale, si ardemment souhaitée par les usines de transformation, est maintenant une réalité.
L'ancien ministre provincial des pêches, John Efford, a récemment discuté de ces problèmes dans le cadre d'une entrevue réalisée pour un magazine. Je vais vous citer un extrait de l'article:
Il soutient maintenant que, pour que l'industrie soit véritablement libre, il faudrait que le marché soit ouvert aux acheteurs de l'extérieur, et que les pêcheurs ne soient pas obligés de faire des choses qu'ils ne voudraient pas faire avec leurs produits. « Les usines de transformation possèdent en fait un grand nombre d'entreprises de pêche. Cela leur donne un avantage supplémentaire, et cela fait en sorte qu'un grand nombre d'exploitants de petits bateaux sont dans l'impossibilité d'augmenter leurs quotas », affirme-t-il. « Les usines de transformation sont capables de s'alimenter avec leurs seuls bateaux, alors elles peuvent imposer leurs volontés. »
Ce qui ressort de tout cela, c'est que ce sont la concurrence, la libre entreprise et l'autonomie qui doivent être les pierres angulaires d'une industrie viable de la pêche au crabe, à Terre-Neuve-et-Labrador.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup de me donner l'occasion de comparaître devant vous.
J'aimerais parler du crabe des neiges. Nous avons commencé à pêcher le crabe, il y a 15 ou 16 ans, après le moratoire sur la pêche à la morue, qui était une pêche en eau profonde.
Au fil des ans, nous avons réussi à faire pression pour que les embarcations de moins de 40 pieds puissent entrer dans les baies. La plupart d'entre nous possédons des embarcations de 27 ou 28 pieds de long. Lorsque le MPO a donné aux petites embarcations l'accès à ces étendues d'eau, il nous a dit, en ce qui a trait au crabe: « Vous devrez vous contenter de cela. » C'est bien, mais le problème, c'est que nous sommes trop nombreux dans ces baies pour pouvoir gagner notre vie avec la pêche au crabe.
Je ne critique pas le MPO sur sa gestion des ressources. Le crabe, c'est à peu près la seule espèce pour laquelle nous collaborons avec le MPO en vue de décider d'un quota qui ne décimera pas les ressources de la baie. Nous tentons de maintenir un quota qui soit viable, et je dois dire que ça fonctionne bien. Le problème dans la baie, c'est qu'il n'y a pas assez de ressources pour le nombre de pêcheurs — c'est le problème numéro un. Le problème numéro deux, c'est qu'il y trop de règlements, alors nous ne pouvons pas faire d'économies de moyens, comme regrouper trois ou quatre personnes dans une même embarcation ou faire une rotation des embarcations, comme vous l'avez suggéré. Ça nous paralyse.
Prenons l'exemple de la baie Green, où je pêche. On y trouve 11 000 tonnes de crabe et pratiquement rien d'autre. Nous croyons qu'il faut maximiser tous nos revenus issus de cette pêche en procédant à des économies et à des partenariats. Peu importe les mesures à prendre, nous devrions les prendre. Nous ne pouvons pas survivre comme ça.
On se demande tous si on « peut » avoir une pêche qui est bonne, mais vous nous avez donné quatre minutes pour parler, et je crois que c'est plus que ce dont on dispose pour régler la situation: personne ne prendra la relève de mon exploitation. J'ai 57 ans, et c'est ce qui arrivera. Ma collectivité est morte: tous les poissons ont été pêchés. J'ai dû déménager il y a deux ans, parce que personne n'était intéressé. Personne ne veut s'adonner à la pêche si ce n'est pas possible de survivre. Parfois on n'a pas assez d'argent pour l'épicerie; on ne peut pas payer nos factures. On n'a aucune ressource.
Lorsque nous pêchions la morue, nous n'avions pas de limite. Nous travaillions fort et nous attrapions ce que nous pouvions attraper, mais dans le cas de la pêche au crabe, il faut respecter un quota. Nous ne pouvons pas accroître la quantité de ressources disponibles, mais nous devons régler la question. De nos jours, tout le monde met de l'avant le concept du propriétaire exploitant indépendant, et j'appuie ce concept. On ne peut pas être titulaire d'un permis à moins d'être pêcheur, et c'est très bien comme ça. Mais je vais vous dire quelque chose, et prenez-en bonne note: dans les 5 à 10 prochaines années, vous verrez dans la rue des gens comme moi, qui feront pression sur vous et sur le gouvernement provincial afin d'obtenir le droit de vendre leurs permis.
Lorsque je serai prêt à quitter le milieu — et je serai forcé de le faire à cause de mon âge et de ma santé —, personne ne sera intéressé à acheter mon exploitation. Si nous ne trouvons pas une solution maintenant — et nous ne pouvons pas attendre encore 10 ou 15 ans —, il n'y aura plus de pêche, ni de petites baies, ni de petites collectivités.
Alors qu'arrivera-t-il à tous ces permis et à ces quotas? Quelqu'un devra pêcher le crabe, sinon il nous envahira. Ce que je veux dire, c'est que nous devons trouver une solution pour cette activité.
Leo a parlé des phoques. Cette année, un homme a tué un phoque à capuchon dans la baie Green et il a pris des photos qu'il a affichées sur Internet. L'estomac du phoque contenait 85 crabes femelles. Je pêche le crabe depuis 16 ans et — je crois que Lyndon peut appuyer mes dires — je n'ai jamais écrabouillé cinq crabes femelles. Ce phoque en a englouti 85. Combien de temps cette ressource pourra-t-elle exister?
Lorsque je pêchais la morue en eau profonde, nous le savions. Nous étions 150 à pêcher à l'aide de filets maillants. Si nous coupions la gorge des morues et que nous leur ouvrions l'estomac, nous endommagions nos couteaux à cause des carapaces de crabe — c'était des crabes femelles. Nous ne voulons pas revenir à la quantité de morues d'avant, car nous ne pourrons plus pêcher le crabe. Nous devons contrôler la situation et prendre des mesures pour avoir un avenir.
Il me reste encore sept ou huit ans, mais si ça continue comme ça, toutes les petites collectivités de Terre-Neuve disparaîtront. Ça me fait penser à ce qu'a dit Leo au début de la séance: qui est le premier employeur à Terre-Neuve en ce moment? C'est l'Alberta.
C'est stupide. Nous avons une industrie qui pourrait tripler son rendement avec les ressources disponibles, si nous l'avions bien gérée dès le début.
J'aimerais terminer en disant qu'en ce moment, à mon avis, et de l'avis de beaucoup de pêcheurs utilisant de petites embarcations, le problème est qu'il n'y a pas assez de ressources dans l'industrie et qu'il y a trop de questions politiques.
:
Merci et bonjour. Je m'appelle Earle McCurdy et je représente Fish, Food and Allied Workers, l'union des pêcheurs de Terre-Neuve. Je ne soulèverai que quelques points. Beaucoup de choses dont je voulais parler ont déjà été dites, alors j'essayerai d'être bref.
Nous ne savions pas très clairement sur quoi nous allions mettre l'accent, mis à part la pêche au crabe; mais je crois que la pêche au crabe, comme quelqu'un l'a déjà dit — Leo, peut-être —, est vraiment au coeur de la pêche en général. Pour la province dans son ensemble, le crabe est l'espèce la plus importante en termes de valeur totale des exportations. Pour ce qui est de la dépendance aux ressources, le crabe est numéro un, même si ce ne sont pas tous les habitants des régions de la province qui y ont accès.
Je suppose que l'un des enjeux principaux à l'échelle fédérale, puisque nous sommes bel et bien devant un comité du gouvernement fédéral en ce moment, est la question globale de la gestion des ressources. Mais j'aimerais mentionner quelques enjeux qui sont à la base de la gestion des ressources. Ray et Leo, et peut-être d'autres personnes, ont déjà parlé de l'un de ces enjeux.
On entend beaucoup parler de la gestion des écosystèmes. Je me suis toujours demandé ce que cela signifiait. Si ça existait vraiment, nous pourrions au moins définir nos objectifs concernant la gestion du troupeau de phoques, et la pêche à la morue, au crabe et à la crevette. Lorsqu'on établit un objectif pour un type de pêche, cela a une incidence réelle sur un autre type.
Par exemple, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, le COSEPAC, a déclaré récemment que la morue était en voie de disparition, aux termes de la définition figurant dans sa législation. C'est une déclaration absolument ridicule qui a une incidence très importante dans notre province, et ce sur deux aspects: premièrement, la quantité de crabe à laquelle les gens ont accès; deuxièmement, la question que Ray vient de soulever, c'est-à-dire l'impact de la morue sur des espèces comme le crabe, pour qui elle est un prédateur.
Je crois qu'aucun ordre de gouvernement n'a idée de l'étendue de la crise financière dans le secteur de la capture du crabe. Cette crise est rattachée en grande partie aux travaux non terminés liés au moratoire sur les stocks de morue — pas seulement la morue du Nord, mais aussi les autres stocks de morue — dans les années 1990, lorsque le nombre de personnes dans l'industrie ne suffisait pas pour la quantité de ressources offertes. La situation que Ray a décrite pour sa région s'applique tout à fait à d'autres régions également.
Mais il existe une solution. La pêche a un avenir malgré tout dans cette province, mais il nous faut absolument la contribution et l'effort conscient des deux ordres de gouvernement si nous voulons établir une rationalisation et permettre la renaissance de l'industrie. Il y a trop d'exploitants pour la quantité de ressources disponibles. Un investissement du secteur public permettrait une transition sans heurt entre la génération des baby-boomers et la génération actuelle; nos titulaires de permis sont de plus en plus âgés, et ils pourraient ainsi quitter l'industrie.
Les politiques annoncées par les deux ordres de gouvernement en 2007, selon lesquelles la solution est l'auto-rationalisation et le fait que les gens rachètent les parts des autres, s'avèrent réellement des cadeaux empoisonnés. Au lieu de cela, on crible de dettes la personne qui prend la relève, et la situation se dégrade. Dans notre industrie, le problème le plus grave est la dette astronomique des gens.
Il y a un certain nombre d'enjeux provinciaux. Je ne m'y attarderai pas, mais je tiens à dire qu'on a mis sur pied un processus entre l'industrie et le gouvernement provincial pour tenter de régler certaines questions. L'absence du gouvernement fédéral a été remarquée, ce qui est malheureux, particulièrement en raison de sa responsabilité principale en matière de gestion des pêches et du fait qu'il est à l'origine des crises de la fin des années 1980 et 1990, dont nous ressentons encore les effets et qui ont un impact très important sur notre industrie.
Je m'appelle Trevor Decker. Je suis l'un des propriétaires et le directeur du TriNav Group of Companies. Nos activités portent sur le courtage maritime, les permis de pêche et les bateaux. Nous travaillons avec des pêcheurs en Nouvelle-Écosse et nous servons d'intermédiaires pour vendre le crabe pour le compte des gars qui sont sur l'eau. Nous publions un magazine sur la navigation. Nous avons d'autres entreprises qui travaillent dans l'industrie de la pêche partout au Canada atlantique.
J'aimerais aborder trois sujets: la concurrence, la commercialisation et le financement.
Sur le plan de la concurrence, à mon avis, la concurrence prend fin au quai. Lorsque les pêcheurs y déchargent leurs produits, il y a un acheteur pour le produit, et voilà ce qu'il en est. Le prix est négocié et personne d'autre de l'extérieur entre en jeu. Permettre à des acheteurs étrangers d'être présents ne réglerait pas le problème, mais ça ferait en sorte que la concurrence existe.
On compte de nombreuses activités de pêche diversifiées partout à Terre-Neuve-et-Labrador; par conséquent, la perte de produits aux mains d'acheteurs étrangers sera très minime, car bon nombre des personnes qui se présenteront ne seront probablement intéressées que par une ressource, et ce sera le crabe. Comme les gens l'ont déjà dit, nombreux sont les pêcheurs à Terre-Neuve qui sont tributaires du turbot, de la crevette, du capelan, du maquereau, du hareng, etc.
En Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard on a chargé des acheteurs d'acheminer des produits à des acheteurs situés à l'extérieur de ces provinces en particulier. En conséquence, le prix a tendance à rester le même. Nous le voyons, nous sommes concernés par la situation, je donnerai un peu plus d'explications au fil de mon exposé.
Pour ce qui est de la commercialisation de notre produit en fonction de la qualité du crabe, il n'y a pas d'avantages pour les bateaux d'eau de mer réfrigérée qui ont investi à Terre-Neuve. Des sommes supplémentaires sont versées dans d'autres provinces. Le Nouveau-Brunswick a tendance à payer davantage pour le crabe qui est déchargé par des bateaux d'eau de mer réfrigérée. Terre-Neuve ne le fait pas, et Clarence Andrews a parlé des problèmes qu'il a constatés à ce chapitre.
Nous travaillons avec les pêcheurs de crabe de la zone 19 au Cap-Breton et nous commercialisons le produit dans l'eau. Nous servons d'intermédiaires pour vendre le produit. Nous prenons un pourcentage du produit des pêcheurs que nous vendons, pas nécessairement au plus offrant, mais à celui qui s'est le mieux qualifié, à quelqu'un qui a une bonne situation financière et qui peut donner aux pêcheurs ce qu'ils recherchent. Il s'agit d'une association de pêcheurs dans la région du Cap-Breton qui commercialise le crabe pêché dans la zone 19, qui est reconnu pour être d'excellente qualité.
Si on veut se pencher sur la promotion générale du crabe des neiges dans le Canada atlantique et si nous le comparons au crabe royal, au homard du Maine et même au tourisme à Terre-Neuve, le marketing dans l'industrie touristique est phénoménal. On le voit partout où on va. Pour ce qui est du crabe royal, ils ont pris des moyens; Deadliest Catch met plus que toute autre chose les pêcheurs sous les feux des projecteurs. Maintenant, le homard du Maine: le homard du Maine est reconnu pour être le meilleur.
Tout cela découle des campagnes de marketing qui ont été mises en place.
Il y a quelque chose que j'aimerais proposer et j'aimerais que tout le monde étudie cette possibilité: un conseil des pêcheurs de crabe du Canada atlantique.
Le dernier élément que j'aimerais aborder est le financement. La rationalisation est en cours. Les pêcheurs ont besoin d'autres produits, mais nous devons avoir des garanties bancaires adéquates et les pêcheurs doivent bénéficier de meilleures modalités.
Des pêcheurs achètent d'autres pêcheurs depuis des années. Ce n'est pas nouveau. Les gens de la vieille génération transmettent leur entreprise aux gens de la jeune génération, mais avec beaucoup moins d'argent. Je fais partie de l'industrie. Les gens achètent et vendent quotidiennement, et la vente se fait sur une base volontaire. Les gens se présentent. Ils offrent. Quelqu'un a quelque chose à vendre. Le marché est là et ils offrent un permis ou un quota, ou autre.
Personne n'a été forcé de faire quoi que ce soit. Cependant, c'est ainsi que les choses se passent en mer. Les choses se passent davantage de cette façon près de la côte. Les pêcheurs doivent avoir la capacité d'obtenir un financement adéquat.
Le ministre a le droit, comme nous pouvons le constater au Nouveau-Brunswick au chapitre de la réduction du pourcentage... la valeur de ce permis a chuté considérablement. Donc, si les gens veulent investir dans l'industrie de la pêche, le gouvernement doit intervenir et au moins garantir au financier que le produit, le quota qu'il finance, n'a pas perdu 50 p. 100 de sa valeur du jour au lendemain.
Les entreprises de pêche sont des entreprises et devraient avoir le droit de prendre de l'expansion, de se fusionner ou de faire ce que quelqu'un d'autre aurait à faire dans l'industrie. Mais il existe plus de restrictions au sein de l'industrie et elles doivent être allégées. J'ai vu maintes et maintes fois la règle de l'ARC concernant les pêcheurs qui veulent acheter des permis avec les sociétés. Pourtant, ils sont imposés individuellement, alors voilà un autre problème. Le dossier est sur le bureau du ministre actuellement, et l'est depuis environ un an et demi. L'industrie s'est prononcée en faveur des sociétés qui possèdent un permis de pêche, et cela n'a pas encore été approuvé.
Il y a d'autres enjeux dont j'aimerais vous faire part, et peut-être que je pourrai le faire au fil des échanges aujourd'hui, mais je vais conclure ici.
Merci beaucoup.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Je m'appelle Phil Barnes. Je représente la Fogo Island Co-Operative Society Limited, qui est située sur l'île Fogo. La coopérative a été mise sur pied dans les années 1960 dans le cadre d'une initiative qui a été prise par les pêcheurs de l'île. Avec l'aide du gouvernement provincial, elle a développé une industrie et continue de le faire. Je voulais vous donner un peu d'informations générales à ce sujet.
Essentiellement, je suis ici aujourd'hui pour vous parler de certains des problèmes et difficultés auxquels nous sommes confrontés dans l'industrie, en tant que transformateur. La population vieillit, comme l'ont mentionné plus tôt certains des intervenants. Il y a des jeunes qui essaient de faire leur place dans l'industrie, des jeunes pêcheurs. Je suis confronté à cette difficulté depuis les deux dernières années. J'ai consacré mon temps à deux ou trois pêcheurs pour tenter de les mettre dans un bateau, et la difficulté réside dans le fait que les banques n'examineront pas leur dossier. Ces jeunes sont dans la vingtaine et ils n'ont pas les moyens financiers ou les capitaux propres nécessaires pour investir dans une entreprise à ce moment-ci. Cependant, ils pêchent depuis sept ou huit ans et ils ont de bons antécédents. Ils possèdent un permis. Ils sont qualifiés. Pourtant, nous nous heurtons à des obstacles. Les banques refusent d'examiner leur dossier. Ils n'ont pas de capitaux propres.
Il ne s'agit-là que de quelques problèmes. La main-d'oeuvre qualifiée demeure un problème de taille dans notre usine. Comment remplacer un électricien? Aujourd'hui je vais transformer des crevettes à Fogo sans électricien. Le coût est extrêmement élevé. Vous finiriez probablement par faire plus d'argent que moi si vous veniez sur l'île travailler pour nous, mais c'est la difficulté à laquelle nous sommes confrontés. Main-d'oeuvre qualifiée, personnes responsables de l'entretien et la liste continue.
J'aimerais revenir sur la population vieillissante. C'est une période difficile pour la main-d'oeuvre d'aujourd'hui. Certains de nos employés sont au milieu de la cinquantaine, l'âge moyen dans nos usines. Comment remplacer ces travailleurs? Il n'y a pas de jeunes qui restent sur l'île et qui veulent travailler dans cette industrie. Il n'y a pas d'emploi qu'ils voudront occuper, étant donné que les jeunes reçoivent des diplômes, etc. Il s'agit donc de changements énormes et nous devons nous pencher sur la modernisation de nos usines, sur la nouvelle technologie. Ou nous devons nous tourner vers l'immigration, vers les travailleurs étrangers. Voilà donc quelques difficultés auxquelles nous sommes confrontés.
J'aimerais également aborder la grande question. Partout où je vais, quelqu'un me demande comment la coopérative de l'île Fogo a pu ouvrir ses portes cette année alors que le crabe valait 1,35 $ et que tous les autres transformateurs n'ont pas pu faire de même.
Eh bien, nous réfléchissons beaucoup à ce moment-ci de l'année et nous avons tenu compte du dollar qui était à parité. Essentiellement, c'est sur quoi s'appuie notre modèle d'affaires. Nous recherchons un seuil de rentabilité, parce qu'au mieux, la seule chose que nous essayons de faire c'est de permettre à nos pêcheurs et à nos travailleurs d'usine de travailler. Nous sommes une entreprise différente. Nous sommes différents. Nous avons une chimie différente.
La Fogo Island Co-Operative Society a des membres adhérents; les pêcheurs et les travailleurs d'usine sont propriétaires de l'entreprise. Nous ne sommes pas à la recherche du profit comme le sont les grandes entreprises, donc, en bref, je dois dire que c'est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés. Il y a essentiellement deux risques. Le risque de ne pas ouvrir et le risque d'ouvrir, et à notre avis le premier était la pire chose que nous pouvions faire à l'époque.
Voilà ce qu'il en est et j'espère que c'est la réponse que vous cherchiez, Gerry, quant à notre position. S'il y a d'autres questions, je serai ravi d'y répondre.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins pour leurs témoignages à la fois très concis et très convaincants sur les problèmes que connaît l'industrie.
J'aimerais remercier Clarence Andrews d'avoir fourni au comité des recommandations très précises sur les enjeux auxquels l'industrie fait face. Les idées et les recommandations que vous nous avez présentées pour nous permettre d'améliorer les choses sont concrètes.
Nous avons plus d'une heure devant nous, alors si vous voulez soulever d'autres points, j'espère que nous pourrons les entendre pendant la période de questions et de réponses.
Ce qui me frappe entre autres choses, monsieur le président, c'est un élément étonnant qui revient dans presque tous les témoignages que nous avons entendus, c'est-à-dire l'écart de prix entre Terre-Neuve et les Maritimes. À titre d'information, M. Sackton a parlé de l'arbitrage de l'offre finale par le groupe d'experts chargé d'établir les prix. Je tiens à signaler que, comme nous l'indiquons dans notre rapport, le groupe d'experts a établi un prix de 1,35 $ la livre cette année, selon l'arbitrage de l'offre finale. Les acheteurs, l'Association of Seafood Producers, ont d'abord refusé ce prix. Les pêcheurs, la FFAW, l'ont accepté, bien qu'à contrecoeur j'imagine, mais la pêche a finalement commencé à 1,35 $.
Les témoins nous parlent de confusion, d'incertitude et de frustration à l'égard du fait que l'écart de prix semble extrêmement grand entre la région de Terre-Neuve-et-Labrador et la région des Maritimes.
Lyndon Small a dit que l'Independent Fish Harvesters Association avait trouvé un acheteur des Maritimes prêt à payer 1,90 $ la livre.
Nous avons entendu Phil Barnes, ancien membre de l'Association of Seafood Producers, dire qu'il allait acheter à 1,35 $ la livre au départ. Je pense que M. Barnes nous dira aussi qu'il a été mis à la porte de l'Association of Seafood Producers pour avoir accepté d'acheter à 1,35 $ la livre, soit le prix qui avait été établi.
J'aimerais demander à M. Lyndon Small de nous en dire plus sur cette offre de payer 1,90 $ la livre que son association a reçue, et à M. Sackton de nous parler davantage de ce qui, à son avis, explique l'écart de prix entre Terre-Neuve et les Maritimes.
:
Monsieur Andrews, merci pour votre question.
Tout d'abord, pour répondre à la première partie, l'achat à 1,50 $ la livre dont j'ai parlé plus tôt se fait très ouvertement. Rien n'est caché. La facture est acquittée directement sur le quai.
Pour ce qui est des primes, je ne peux parler qu'en mon nom, mais malgré des négociations actives avant la saison de la pêche de cette année, il n'y en a pas eu. Il n'était pas question de primes. On pouvait se compter chanceux d'arriver à obtenir peut-être 5 ¢ ou 10 ¢ de plus si on débarquait la marchandise à l'usine. Mais soudainement, la situation a changé. Maintenant, comme l'a dit M. Byrne, il serait peut-être possible d'avoir 30 ¢, 35 ¢, 40 ¢ ou 50 ¢ de plus. Et je dis peut-être, parce que cela dépend de la relation commerciale qu'entretient chaque propriétaire d'entreprise — vous savez ce que je veux dire — avec chaque acheteur de la province. Mais il ne fait aucun doute que des primes sont offertes et payées, des primes assez considérables.
Pour répondre à la deuxième partie de votre question, qui a trait à la distinction des flottilles, pour un propriétaire exploitant, il s'agit probablement du problème le plus important que connaît l'industrie en ce moment. Il n'y a aucun moyen d'avoir un pourcentage précis relativement au contrôle des entreprises dans l'industrie; mais je serais prêt à parier que de 80 à 90 p. 100 des entreprises de la province sont contrôlées par des transformateurs, qui ont par conséquent des garanties pour les prêts ou l'achat de permis, de vaisseaux et d'équipement. Si je suis un producteur de Terre-Neuve-et-Labrador, j'ai automatiquement une garantie; j'ai un monopole sur le produit.
Dans le cadre du conflit qui a eu lieu le printemps dernier, il a été dit qu'il n'y aurait pas de pêche au crabe. Il va toujours y avoir de la pêche au crabe à Terre-Neuve-et-Labrador, qu'il y ait un conflit ou non, parce que les transformateurs de la province contrôlent ce produit qui se déplace au fond de la mer en attendant de se faire capturer. Le seul moyen de régler cet énorme problème, c'est le financement indépendant.
Un groupe de titulaires de licences — nommément les présidents de la flottille des crevettiers de la province — ont présenté une proposition au ministère provincial selon laquelle l'achat d'entreprises, de vaisseaux et d'équipement serait garanti à, disons, un bas taux d'intérêt de 3 p. 100, étant donné que l'on s'attend à ce que les taux d'intérêt augmentent dans un avenir rapproché. Le fait d'offrir ces garanties constituerait un risque minimal pour le gouvernement provincial. Je pense que le gouvernement aurait probablement eu à investir 45 millions de dollars sur une période de 15 ans pour rationaliser l'industrie et accroître l'efficience des activités, ce qui n'est rien par rapport aux sommes que l'on consacre à cette industrie.
Alors, monsieur Andrews, je pense que c'est la voie que nous devrons emprunter, la voie de l'indépendance financière, parce que la situation actuelle est désastreuse. La situation est particulièrement difficile pour les pêcheurs, qui n'ont ni l'indépendance ni le financement nécessaires pour exploiter leur entreprise comme une véritable entreprise.
:
Dans mon entreprise, la commercialisation est une composante importante de nos activités. En gros, nous revendons des bateaux et des permis de pêche — en fait, nous touchons à presque tous les produits — pour le compte de nos clients, qui sont surtout des pêcheurs.
Tout d'abord, il n'y a pas beaucoup d'activités de commercialisation du crabe des neiges, ce qui, à mon avis, est typique des provinces de l'Atlantique. Nous devons donc nous faire connaître et, en créant un conseil du crabe de l'Atlantique canadien, travailler ensemble dans chacune des provinces, tout en demeurant des concurrents, selon les marchés qui nous sont ouverts.
Ce qui est ressorti du modèle de la zone 19, où nous avons participé l'an dernier au programme de commercialisation, c'est qu'en établissant un prix quelques jours avant le début de la saison, prix qui baissait au fil des semaines, nous avons réussi, grâce à nos efforts, à trouver un acheteur qualifié prêt à payer, et nous avons réussi à obtenir 0,20 $ de plus que ce qu'on nous offrait au quai. La pêche a donc commencé, le prix n'a jamais baissé, et les pêcheurs ont réussi à vendre le crabe qu'ils prenaient.
Grâce à nos activités de commercialisation, nous avons fait le tour de l'Atlantique et nous avons vendu ce produit. Le crabe de la zone 19 est gros. Il est de couleur... En fait, il n'y a pas de marque de crayon en-dessous. C'est un crabe de grande qualité. Nous avons réussi à obtenir le meilleur prix grâce aux activités de commercialisation de notre association. Cette année encore, nous ferons la même chose lors de l'ouverture de la pêche au crabe dans la zone 19, qui aura lieu très bientôt.
Voici un autre exemple, qui ressemble beaucoup à ce que nous faisons pour les bateaux de pêche: nous avons vendu des bateaux de pêche partout dans le monde, ce qui ne veut pas dire que nous vendons toujours aux mêmes personnes. Nous cherchons constamment de nouveaux marchés, et je crois que c'est ce que nous devons faire avec le crabe. Nous devons nous unir.
S'il y a une chose que ce comité peut faire, c'est rassembler tout le monde de l'Atlantique, tous les pêcheurs de crabe de l'Atlantique canadien. Que ce soit au Québec ou dans les Maritimes, nous pêchons le crabe des neiges. Oui, certains crabes sont de taille ou d'apparence différente. Mais faisons de notre mieux dans les marchés où nous vendons. Cessons de nous quereller et incitons les gouvernements à nous aider à obtenir les meilleurs prix pour ces entreprises. Pourquoi ne vendrions-nous pas le crabe sauvage que nous trouvons dans la région de l'Atlantique? Pourquoi faut-il que nous nous nuisions relativement à ce produit? C'est un produit de qualité!
Phil, je doute fort que vous jetiez une grande partie des produits qui se trouvent sur vos quais. J'imagine que vous vendez tout ce que vous recevez, et j'imagine que le produit que vous recevez est un produit de qualité.
La stratégie de commercialisation que nous devons adopter consiste à travailler ensemble du mieux que nous pouvons plutôt que de nous nuire et de faire en sorte que Lyndon Small et les autres pêcheurs soient les grands perdants de cette industrie.
Ils sont notre secteur primaire. Sans ces pêcheurs, nous ne sommes rien. À ce que je vois, ils reçoivent moins d'argent pour ce produit de qualité que ceux qui le commercialisent. Pourtant, nous ne faisons que vendre ce produit. Nous déversons le crabe sur le marché et c'est quelqu'un d'autre qui en profite le plus, alors que le marché pourrait payer les meilleurs prix à nos pêcheurs, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Je vais m'arrêter là.
Nous sommes arrivés un peu en retard; nous n'avions jamais pensé devoir nous orienter avec un GPS à Deer Lake, mais nous avons fini par trouver.
Merci de nous donner l'occasion de rencontrer votre comité pour discuter de questions liées au secteur de la pêche au crabe des neiges. Mon exposé durera environ 12 minutes.
L'an dernier, dans la province, l'industrie de la pêche comptait environ 2 200 travailleurs, dont près des deux tiers étaient employés dans les secteurs de la transformation et de la capture du crabe des neiges. Ces personnes proviennent de quelque 450 collectivités de partout dans la province, surtout de régions rurales où les types d'emplois offerts ne sont pas très variés. Le crabe des neiges est devenu l'espèce la plus importante de l'industrie de la pêche de Terre-Neuve-et-Labrador, alors vous comprenez le vif intérêt qui nous anime: il faut s'assurer de la gestion adéquate de cette ressource pour le bien de nos collectivités rurales.
Au cours des prochaines minutes, je vous brosserai un tableau général de la situation pour vous expliquer l'importance que revêt cette ressource pour la province. Je présenterai notre point de vue sur la question de la gestion des ressources et un aperçu de la croissance et de l'état des secteurs de la capture et de la transformation du crabe, tout en soulignant l'importance de la stratégie de renouvellement de l'industrie de la pêche et du protocole d'entente sur les pêches, des mesures de restructuration de l'industrie qui vise à améliorer la viabilité de ces secteurs. Après ma déclaration, je serai heureux d'approfondir certains points pour répondre à vos questions.
Pendant les années 1970, la pêche dirigée au crabe des neiges a vu le jour le long des côtes Nord-Est et Sud de la province, dans les divisions 3L et 3K et la sous-division 3VS de l'OPANO. Du milieu des années 1980 à la fin de cette décennie, la pêche au crabe a pris de l'expansion; on a commencé à la pratiquer sur la côte Ouest et au Labrador. Comme ce type de pêche n'en était qu'à ses débuts, les débarquements étaient modestes et très peu de pêcheurs et de travailleurs d'usine étaient concernés. À l'époque, les poissons de fond étaient toujours la ressource principale de notre industrie de la pêche; c'est après le moratoire sur la pêche du poisson de fond, survenu au début des années 1990, que ce type de pêche traditionnelle a été remplacé par le secteur plus lucratif de la pêche aux crustacés.
C'est en grande partie à cause de la croissance effrénée des ressources de crabe des neiges et de crevette que la valeur totale de la production du secteur de la pêche aux mollusques et aux crustacés de la province a atteint un sommet inégalé en 2004, soit 1,2 milliard de dollars, plus que ce que la pêche du poisson de fond avait rapporté dans ses meilleures années. Depuis lors, la valeur de la production s'est stabilisée à environ 1 milliard de dollars par an jusqu'en 2009, année où la valeur est descendue à 827 millions de dollars à cause de la faiblesse du marché et de la force du dollar canadien.
En 2009, la somme des débarquements de toutes les espèces dans notre province s'élevait à un peu plus de 300 000 tonnes, pour une valeur au débarquement de 420 millions de dollars. Les débarquements de crabe comptaient pour plus de 53 000 tonnes, ce qui est supérieur à la moitié des débarquements totaux de crabe dans le Canada atlantique; la valeur au débarquement était de 165 millions, près de 40 p. 100 de la valeur au débarquement totale pour toutes les espèces.
Pendant la majeure partie des années 1970, les débarquements de crabe des neiges, toutes régions confondues, étaient de moins de 5 000 tonnes, mais ils avaient plus que doublé à la fin de la décennie. Ils sont restés relativement stables, autour de 10 000 tonnes, jusqu'à la fin des années 1980 et le début des années 1990. À ce moment-là, à cause du déclin des stocks de poisson de fond, les quotas pour les débarquements de crabe des neiges ont augmenté rapidement et ont atteint un sommet en 1999: plus de 69 000 tonnes. Depuis, les débarquements ont toujours fait au moins 44 000 tonnes; ils ont été de 53 000 tonnes en moyenne au cours des deux dernières saisons, et cette année, le quota est un peu plus élevé et est passé à environ 55 000 tonnes.
Même si la biomasse semble relativement stable depuis plusieurs années, et même si les débarquements totaux sont assez constants depuis 10 ans, certaines zones ont connu de grands écarts. Par exemple, les résultats troublants fournis par des indicateurs de ressources dans la division 2J, au Labrador, ont nécessité la réduction des quotas de 50 p. 100 il y a quelques années. Heureusement, cette mesure énergique a eu un effet positif, et les quotas ont été augmentés de nouveau dans cette zone. Il reste que les récents conseils scientifiques reçus sur les divisions 3K et 3L, les zones où les quotas de crabe sont les plus élevés, se contredisent d'une année à l'autre. Il est évident que l'état global des ressources de crabe est très incertain, car les résultats d'enquêtes récentes changent d'une zone à l'autre.
Étant donné la dépendance au crabe des neiges qui a été créée, toute baisse importante — semblable à ce qui s'est produit dans le golfe, au sud — aurait des conséquences dévastatrices pour notre industrie de la pêche. Il est donc essentiel de faire passer la question du crabe en priorité dans le dossier des dépenses en sciences et de faire preuve d'une prudence extrême dans la gestion de cette ressource.
Pour ce faire, nous appuyons sans réserve l'application de méthodes comme la réduction des quotas et la fermeture de zones de pêche en raison de la présence de crabes à carapace molle. Nous encourageons aussi le MPO et l'industrie à songer sérieusement à la possibilité de rendre obligatoire l'utilisation de matériaux biodégradables et de casiers de pêche à la morue munis de mécanismes permettant aux poissons de s'échapper.
Poussé par la croissance de la population de crabe, et tout particulièrement par l'effondrement des stocks de poisson de fond et le manque de débouchés pour les entreprises halieutiques, le secteur de la pêche au crabe a pris trop d'expansion, laissant le concept de viabilité loin derrière. Avant le milieu des années 1980, on comptait 71 pêcheurs de crabe des neiges à Terre-Neuve-et-Labrador. Ils étaient titulaires de permis permanents et aujourd'hui, ils exploitent pratiquement tous des bateaux qui vont de 50 pieds à 64 pieds et 11 pouces.
Avant, ils pêchaient dans des zones situées assez près des côtes, mais comme on a élargi l'accès au crabe en permettant aux exploitants de petites embarcations de le pêcher aussi, les grands bateaux ont été déplacés plus loin au large des côtes. Ils pêchent maintenant le crabe dans une zone située entre 50 et 200 milles des côtes. Du milieu à la fin des années 1980, le revenu des pêcheurs de poisson de fond a été affecté par la diminution de cette ressource, et la valeur de la pêche au crabe a été révélée au grand jour. C'est pourquoi les premiers titulaires de permis permanents ont dû partager les ressources de crabe avec d'autres pêcheurs.
De 1985 à 1987, environ 650 permis supplémentaires ont été délivrés pour les divisions 2J, 3K et 3L et la sous-division 3PS. Parmi les titulaires de permis supplémentaires, certains utilisaient des bateaux dont la longueur allait de 34 pieds et 11 pouces à 64 pieds et 11 pouces, et ce dans toutes les zones. En 1994, les flottilles titulaires de ces permis qui pêchaient dans la division 3L ont été scindées en deux: les petits et les grands bateaux. Les grands bateaux pêchaient plus loin en mer, dans les mêmes zones que les flottilles titulaires de permis permanents, et les petits bateaux pêchaient à l'intérieur de la zone des 50 milles. Dans les divisions 3J, 2J et 3K, toutes les flottilles pêchaient dans les mêmes zones, peu importe le type de permis.
Je sais que c'est long, mais nous avons besoin du contexte et des détails pour souligner les erreurs qu'il convient de ne pas répéter.
Comme la population de crabe des neiges a continué d'augmenter jusqu'au milieu des années 1990, et comme les restrictions sur les stocks de poisson de fond risquaient d'être prolongées au-delà de ce qui avait été prévu au départ, le MPO a délivré, en 1995, 400 permis temporaires de pêche au crabe des neiges à des exploitants de bateaux dont la longueur ne dépassait pas 35 pieds, en vue de compenser les effets entraînés par la perte de la pêche du poisson de fond. De 1996 à 1998, l'accès aux permis temporaires a été élargi pour inclure tous les dirigeants d'entreprises du noyau qui possédaient des bateaux dont la longueur ne dépassait pas 35 pieds. Le nombre d'entreprises participantes augmentait d'année en année, tout comme les quotas de crabe des neiges, tandis que la quantité de poisson de fond diminuait, empêchant la levée du moratoire.
En 2003, le ministre fédéral a annoncé la conversion des permis temporaires en permis de pêche au crabe des neiges. Tout titulaire d'un permis temporaire en 2000, 2001 ou 2002 pouvait recevoir un permis de pêche côtière au crabe des neiges. À cause de toutes les catégories de permis qui ont été créées en vingt ans, on compte actuellement près de 3 200 entreprises autorisées à pêcher le crabe à Terre-Neuve-et-Labrador; de ce nombre, près de 2 500 font partie de la flottille de bateaux de moins de 35 pieds qui pratique la pêche côtière, habituellement dans la zone des 50 milles.
Il est indéniable que le secteur de la pêche au crabe compte beaucoup trop de joueurs. La majorité des pêcheurs se fient à la ressource solide qu'est le crabe pour essayer de gagner leur vie, mais ils sont trop nombreux à vouloir leur part du gâteau. Et c'est particulièrement vrai quand les taux du marché et les taux de change font baisser le prix des matières premières.
Le niveau élevé de surcapacité rend également plus difficile la mise en oeuvre de mesures strictes de gestion des ressources lorsque les évaluations des stocks semblent indiquer qu'il faut réduire les quotas. En effet, dans le rapport du CCRH sur le crabe des neiges en 2005, on a relevé cette préoccupation et on a recommandé que des mesures soient prises pour s'attaquer à la capacité de pêche excessive.
Sous l'effet de l'augmentation fulgurante de la capacité de pêche au crabe, qui a servi à accentuer la saisonnalité des prises de crabe, ainsi que du manque de rétablissement des stocks de poisson de fond, on a délivré des permis supplémentaires de transformation du crabe à Terre-Neuve-et-Labrador. Du milieu à la fin des années 1990, le nombre de permis de transformation du crabe des neiges a plus que doublé, pour atteindre un sommet de 41 usines en activité. De 1998 à 2003, il est devenu de plus en plus évident pour le gouvernement provincial que la surcapacité dans le secteur du crabe pouvait saper la viabilité de l'industrie dans l'avenir même si de bons bénéfices demeuraient possibles dans les secteurs de la capture et de la transformation, principalement grâce à un dollar canadien relativement faible.
En 2003, le début de la pêche au crabe a été retardé de deux mois parce que les pêcheurs et les transformateurs ne réussissaient pas à s'entendre sur le prix des matières premières qui assurerait des revenus considérables aux nombreux participants des deux côtés. La pêche a finalement commencé en juin, après que le gouvernement provincial a garanti au secteur de la transformation qu'il demanderait un examen de la politique sur la transformation du poisson visant à déterminer des mesures en vue de favoriser la viabilité à long terme.
En 2004, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a mis en oeuvre les recommandations du rapport Dunne portant sur la politique de délivrance des permis de transformation du poisson. En conséquence, cette province a maintenant les politiques de délivrance des permis de transformation du poisson les plus rigoureuses au Canada. Les nouvelles demandes doivent faire l'objet d'un processus d'approbation transparent dans lequel l'auteur doit annoncer son intention de demander un permis, et la demande est examinée par un conseil indépendant d'attribution des permis, lequel formule une recommandation publique au ministre. Après avoir reçu la recommandation du conseil, le ministre se réserve le pouvoir d'approuver ou de rejeter la demande.
En vertu de ce nouveau régime de politique, on annule de façon définitive le permis d'une usine de transformation du poisson qui n'a aucune activité pendant deux années consécutives. Par ailleurs, on retirera après deux ans toute autorisation non utilisée pour chacune des espèces associée au permis d'une usine. Cette politique rigoureuse de délivrance des permis a eu pour effet de réduire le nombre total d'autorisations pour chaque espèce dans le secteur de transformation de la province, passant de 2 400 à moins de 400. On a largement éliminé la capacité latente.
Dans le cas du crabe des neiges, on n'attribuera aucun nouveau permis de transformation tant que ne sera pas établie une limite des ressources, c'est-à-dire une quantité moyenne de crabe des neiges envoyée à l'usine. La limite des ressources concernant le crabe des neiges est actuellement de 2 200 tonnes, alors que la quantité moyenne actuellement disponible par usine en activité est seulement d'environ 1 500 tonnes. Selon les niveaux des quotas d'aujourd'hui, 10 permis de transformation du crabe devraient être retirés avant d'envisager la délivrance de nouveaux permis. Compte tenu de ces politiques de transformation plus rigoureuses, le nombre de permis de transformation du crabe des neiges a diminué. En 2009, 33 usines de transformation du crabe des neiges étaient en activité, une chute importante par rapport aux 41 usines en activité en 2002.
Néanmoins, malgré le succès relatif jusqu'à maintenant de cette approche stratégique passive à l'égard de la rationalisation de la capacité de transformation du crabe des neiges, la faiblesse du marché et un dollar canadien plus fort ces deux dernières années en particulier ont démontré clairement la nécessité d'adopter une approche plus dynamique. En s'inspirant du sommet sur les pêches organisé par le premier ministre Williams en collaboration avec le ministre des Pêches et des Océans, nos gouvernements respectifs ont élaboré conjointement la stratégie Canada, Terre-Neuve-et-Labrador de renouvellement de l'industrie de la pêche, qui a été annoncée en 2007.
Au cours de ce processus, les deux gouvernements se sont engagés à créer une industrie durable, rentable, concurrentielle à l'échelle internationale et relativement équilibrée qui peut s'adapter aux changements dans les ressources et le marché, tirer la valeur optimale des marchés mondiaux, devenir un moteur économique pour les collectivités des régions rurales dynamiques, offrir des revenus attrayants aux participants de l'industrie, ainsi qu'attirer des travailleurs compétents et les maintenir en poste.
Parmi les principaux éléments de cette stratégie figurent des mesures de rationalisation de la flotte fédérale, y compris de nouvelles règles de combinaison, la révision des restrictions quant à la longueur des bateaux pour pouvoir utiliser des navires mesurant jusqu'à 89 pieds 11 pouces, et la simplification de l'utilisation des permis de pêche comme garantie; des changements aux règles relatives aux gains en capital applicables à la vente des entreprises de pêche; des améliorations au programme provincial de garantie de prêts destinés à financer l'achat d'un bateau; le renforcement de la politique provinciale de délivrance des permis de transformation; un programme provincial de R-D pour l'industrie; un financement provincial pour promouvoir le marché; un financement provincial pour améliorer la santé et sécurité au travail dans l'industrie de la pêche; et un financement provincial pour un programme de réaménagement des effectifs visant les travailleurs touchés par la fermeture définitive des usines de transformation du poisson.
Même si le MPO a réalisé des progrès dans la mise en oeuvre de certains éléments clés de la stratégie, dans le cas de la rationalisation du secteur de la capture — point vraiment important —, il n'a pas encore bien réussi à faciliter l'utilisation des permis de pêche comme garantie. La province a donc de la difficulté à modifier efficacement son programme de garantie de prêts destinés à l'achat d'un bateau. Certaines entreprises se sont combinées de façon définitive ces deux dernières années malgré l'absence de ces éléments, mais on ne vas pas accélérer les efforts de rationalisation du secteur de la capture tant que la question n'aura pas été réglée.
La stratégie de renouvellement consiste surtout en des réformes réglementaires qui permettront le renouvellement de l'industrie de façon passive. Toutefois, la crise économique mondiale, le coût du carburant et les taux de change défavorables depuis l'annonce de la stratégie ont eu un effet négatif énorme sur notre industrie de la pêche et exigent un niveau d'intervention plus rapide et plus dynamique.
Les pressions de 2009 causées par la récession étaient très alarmantes pour notre secteur de la pêche et a mis en évidence sa situation précaire. La capacité de maintenir des opérations viables et de gagner sa vie raisonnablement grâce à la pêche a été remise en question. Bien que l'élaboration de la stratégie RIP nous a permis de nous en rendre compte, la récession nous a envoyé un message clair. À la demande de l'industrie de la pêche de Terre-Neuve-et-Labrador en juillet 2009, le gouvernement provincial a signé un protocole d'entente avec l'Association of Seafood Producers et la FFAW, visant à trouver des solutions satisfaisantes aux problèmes de structure, de ressource, de marché et de politique qui nuisent à la viabilité économique de l'industrie.
Le ministère des Pêches et des Océans a engagé des ressources de la région de Terre-Neuve-et-Labrador pour collaborer avec les parties à la résolution de ces problèmes. En particulier, le travail accompli dans le cadre de ce protocole d'entente consiste à tirer partie des initiatives RIP en cherchant surtout des solutions plus actives pour réduire la capacité, que ce soit dans le secteur de la capture ou de la transformation, et en élaborant de nouvelles initiatives de commercialisation des fruits de mer.
Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a prévu 800 000 $ pour couvrir les frais opérationnels et administratifs dans le but d'atteindre les objectifs du protocole d'entente. M. Tom Clift, professeur de commercialisation à la faculté d'administration de l'Université Memorial, supervise le travail effectué dans le cadre du protocole d'entente comme président indépendant du comité permanent composé de la FFAW et de la ASP, ainsi que des représentants du MPA et du MPO de la région de Terre-Neuve-et-Labrador qui participent dans le cadre de leurs fonctions.
Jusqu'à maintenant, des évaluations financières ont été réalisées sur la situation du secteur de la capture du poisson et du secteur de la transformation du poisson. Les résultats indiquent qu'une partie importante de nos flottes et de nos secteurs de transformation ne sont pas viables. Des groupes de travail assimilent actuellement cette information, élaborent des solutions et examinent les options pour promouvoir une viabilité à long terme...
:
Il est évident que la rationalisation du secteur de la transformation ne peut pas se faire sans la réduction simultanée de la capacité du secteur de la capture. Malgré le niveau élevé de capacité de transformation actuel, les engorgements chaque printemps sont chose courante, puisqu'un grand pourcentage de plus de 3 000 entreprises de capture du crabe commencent à pêcher au même moment, même si la durée de leur activité de pêche n'est généralement que de quelques semaines.
Les débarquements plus ordonnés causés par les réductions de capacité du secteur de la capture faciliteront les réductions connexes dans la capacité de transformation. Les mécanismes visant à entraîner la rationalisation du secteur de la capture, qui s'autofinancent ou qui exigent une intervention gouvernementale, n'ont pas encore été déterminés. Cependant, il est possible que ces réductions de capacité coûtent très cher, et dans la mesure où l'industrie de la pêche ne peut pas financer seule le processus, l'aide du gouvernement sera demandée.
L'autre domaine de travail en vertu du protocole d'entente concerne la commercialisation des fruits de mer.
Notre industrie joue un rôle prépondérant dans certains secteurs des fruits de mer et devrait pouvoir rapporter davantage. C'est particulièrement vrai dans le cas du crabe des neiges. Cette année, nous représenterons 65 p. 100 de l'offre totale de crabe en Amérique du Nord. Nous sommes le principal fournisseur sur le marché, et nous devrions tirer pleinement profit de cette force. Pour ce faire, il faut être aussi rentable que possible. Tandis que Terre-Neuve-et-Labrador compte plus d'une vingtaine d'entreprises de transformation du crabe qui sont établies près d'une trentaine d'usines de transformation, l'Alaska, un concurrent de taille, compte quatre entreprises qui vendent du crabe produit dans quinze usines. La plupart des producteurs de Terre-Neuve-et-Labrador dépendent des intermédiaires, par exemple les courtiers, pour commercialiser leur produit, alors que les fournisseurs de l'Alaska coordonnent mieux leurs efforts et vendent directement aux consommateurs.
Notre industrie sait maintenant que nous ne sommes pas aussi efficaces et rentables sur le marché que nous pourrions et devrions l'être. Par conséquent, le groupe de travail sur la commercialisation des fruits de mer créé dans le cadre du protocole d'entente s'engage activement à trouver des possibilités de commercialisation coopérative en privilégiant d'abord le crabe et les crevettes. Parmi les défis qu'il faut surmonter figurent les entreprises sous-financées, le manque de commercialisation coopérative, le manque de continuité et de stabilité, ainsi qu'une surdépendance à l'égard des courtiers.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer dans la commercialisation des fruits de mer. Parmi les activités utiles qu'il pourrait améliorer, mentionnons la réduction des tarifs douaniers et des obstacles commerciaux, notamment l'élimination des tarifs douaniers de l'Union européenne sur les crevettes et le crabe; l'aide à la formation de structures de commercialisation coopérative pour aider les entreprises de transformation à commercialiser leurs produits aussi efficacement que possible; l'aide à l'éco-certification et à l'éco-étiquetage des produits; et la poursuite des efforts des bureaux commerciaux pour promouvoir le crabe des neiges canadiens sur les marchés internationaux.
En conclusion, l'industrie de la pêche demeure aux prises avec une conjoncture économique difficile. Les problèmes dans l'industrie sont liés aux structures, aux ressources, au marché et aux politiques qui compromettent la rentabilité à long terme de l'industrie. Le contexte économique actuel a aggravé ces problèmes, et l'industrie cherche des solutions qui favorisent la viabilité à long terme.
Ce dossier cause suffisamment de préoccupations pour que notre premier ministre soulève la question deux fois au premier ministre du pays ces derniers mois. La situation dans laquelle se trouve actuellement notre industrie du crabe dans la province est attribuable, en grande partie, aux politiques de capture du gouvernement fédéral dans les années 1990. L'expansion démesurée du secteur de la capture a également contribué à la croissance de la capacité du secteur de la transformation à un niveau intenable.
Lorsque nous avons élaboré la stratégie de renouvellement de l'industrie de la pêche, les deux gouvernements ont reconnu qu'il fallait ajuster la capacité. Malheureusement, les difficultés imprévues qu'a connues notre économie depuis 2008 indiquent qu'un modèle de rationalisation passif ne permettra pas d'apporter les modifications requises dans un délai raisonnable. Il faut envisager des approches plus actives. En particulier, le gouvernement fédéral doit trouver des moyens de réduire considérablement et rapidement la capacité dans le secteur de la capture.
Les petites entreprises de pêche qui disposent de peu de ressources auront vraisemblablement besoin d'aide pour rationaliser. Ainsi, il faudra peut-être avoir recours à des politiques plus souples de jumelage et, fort probablement, à des incitatifs financiers considérables.
Au cours de récentes réunions avec mes homologues du gouvernement fédéral, j'en suis venu à la conclusion que le gouvernement fédéral ne semble manifester aucun intérêt à financer la rationalisation du secteur des pêches. Cette position n'est pas acceptable. Par exemple, en ce qui concerne le crabe des neiges en particulier, le gouvernement fédéral a choisi de délivrer des permis de pêche au crabe à presque toutes les entreprises de pêche de Terre-Neuve et du Labrador dans les années 1980 et 1990. Bien que cette situation ait permis d'atténuer les répercussions persistantes de la crise du poisson de fond, nous constatons dès lors que le crabe est si surexploité que les pêcheurs n'arrivent pas, en dépit de marges raisonnables, à en tirer un revenu de subsistance qui vaille. Cette situation est en train de compromettre la viabilité de notre industrie des pêches et, du coup, l'avenir de nos collectivités rurales qui dépendent si étroitement de la pêche. Le gouvernement fédéral doit reconnaître sa responsabilité à l'égard de l'extrême surcapacité qui caractérise actuellement l'industrie des pêches et participer activement aux rajustements qui s'imposent.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui. Une fois de plus, même s'il est plutôt long, ce document explique comment nous en sommes arrivés là et démontre surtout l'importance de prendre des mesures en vue de déterminer comment procéder à la restructuration de ces pêches. Il précise également certaines des exigences dont il faudra tenir compte au cours du processus. J'espère que vous prendrez le temps de lire ce document, car je n'ai fait que brosser très rapidement un tableau de la situation.
Dave et moi serons plus qu'heureux de répondre à vos questions.
:
À la question de savoir si les parties concernées ont été à la hauteur, je crois qu'en tant que gouvernement nous avons respecté nos engagements. Nous avons fait preuve d'une grande rigueur dans notre politique d'octroi des permis: comme je l'ai dit, nous avons une commission indépendante d'octroi des permis qui présente ses recommandations au ministre. Il n'y a eu qu'un seul cas où notre décision a été différente de celle de la commission.
Toutefois, je crois que pour respecter l'engagement des deux ordres de gouvernement, la première chose à faire, c'est de reconnaître qu'il y a un problème. J'aimerais vous rappeler à tous qu'il est important de lire ce document, parce qu'il est possible que vous ne connaissiez pas toute l'histoire autant que les gens qui sont ici et qui vivent dans cette province. Ils connaissent pas mal ce qui s'est passé ici. Je crois qu'il est vraiment important que les politiciens fédéraux comprennent bien tout le contexte et l'orientation que nous devons prendre. Des décisions difficiles devront être prises et si, en cours de route, nous avons besoin d'un soutien financier, celui-ci doit être une responsabilité partagée.
Pour ce qui est du marketing et du transfert du contrôle des entreprises de transformation vers les pêcheurs, je dois dire que ce n'est pas très différent de ce qui se passe dans les autres entreprises commerciales. Nous avons un produit à vendre et, au cours des dernières années, le crabe et la crevette — la crevette en particulier — ont amené bon nombre d'entreprises de transformation et de pêcheurs à conclure des ententes selon lesquelles des entreprises exercent un certain contrôle sur ceux qui exploitent les bateaux.
Notre gouvernement offre un programme de prêts pour lequel on n'a pas reçu beaucoup de demandes. Il faut que le secteur de la récolte reprenne le contrôle. Encore une fois, je reviens au portrait global pour dire qu'il faut bien le comprendre avant d'aller de l'avant relativement à d'autres aspects.
Quant au marketing, j'ai été très heureux d'entendre que, cette année, la FFAW participe au protocole d'entente. D'ailleurs, la FFAW est d'accord avec le marketing depuis le début. Il y a un certain nombre d'années, nous avons offert d'acquérir un outil de marketing dans le cadre du programme de renouvellement FPI, une offre qui a été refusée par les entreprises de transformation. L'an dernier, par le biais du protocole d'entente, nous avons offert un important montant d'argent à consacrer à des activités de marketing; là encore, cette offre a été refusée par certaines entreprises et l'initiative n'a pas été plus loin. Toutefois, je suis très heureux d'entendre que, cette année, ils sont intéressés à aller de l'avant et à adopter une stratégie de marketing. J'espère que le tout se concrétisera et que nous verrons des résultats positifs.
Nous avons également travaillé à d'autres aspects de la stratégie de renouvellement de l'industrie; par exemple, le volet sécurité. Nous connaissons les dangers du travail dans cette industrie et, grâce à un effort concerté d'un secteur de la FFAW, du gouvernement et de l'Institut maritime, nous avons lancé un vidéo sur la sécurité la semaine dernière.
D'ailleurs, nous avons collaboré à un certain nombre d'activités, la plus importante étant la prise de décisions difficiles au sujet de la rationalisation du secteur de la récolte et du secteur de la transformation. Il est évident que nous ne pourrons rallier tout le monde, mais je crois que la majorité des gens de la province sont d'avis que la rationalisation doit se faire tout d'abord du côté des pêcheurs. Pour y arriver, il faudra un engagement des deux ordres de gouvernement et, à mon avis, il faudra aussi que la FFAW reconnaisse ce besoin.
:
Vous mentionnez une réduction de 63 p. 100 des quotas. La façon dont l'industrie de la pêche est structurée actuellement, si nous devions faire face à une réduction de cette envergure dans le secteur du crabe dans cette province, je peux vous dire que nous serions en grande difficulté. Comme je l'ai déjà mentionné, le crabe est devenu l'espèce qui génère le plus de revenus.
Pour ce qui est de la surpêche, nous devons nous en remettre à la science. Il y a le MPO qui, nous l'espérons, possède les données scientifiques nécessaires. Je ne sais pas si quelqu'un en a déjà parlé ce matin, mais, dans cette province, il y a de grandes interrogations au sujet de la capacité de recherche du MPO et des travaux de recherche qu'il mène actuellement. S'il y a un domaine où l'on doit investir davantage, c'est bien celui de la recherche.
Les pêcheurs respecteront les quotas qui leur sont alloués; tout ce que nous voulons c'est que les décisions prises soient fondées sur des données scientifiques fiables. Les gens qui sont ici, dans cette salle, vous diront que des pêcheurs de turbot, par exemple, estiment que l'on peut encore augmenter les quotas de turbot. J'ai parlé à des gens de la côte nord-est qui ont bien insisté sur ce fait. Toutefois, ce genre de décision doit s'appuyer sur des données scientifiques. Les pêcheurs, eux, disent qu'il y a suffisamment de poisson. Cependant, avant d'augmenter les quotas et, par le fait même, le revenu de certaines personnes qui sont ici, il faut disposer de données scientifiques confirmant le tout.
Je suis content que vous parliez des hommes de pont, parce que c'est un groupe dont nous n'entendons pas souvent parler dans l'industrie de la pêche. Les hommes de pont et les travailleurs d'usine doivent être protégés.
J'en reviens au fait qu'il faut instaurer un contexte de responsabilité partagée dans cette province, notamment pour déterminer quelle sera la structure de cette industrie dans le futur. Nous disons qu'il faut réduire le nombre d'usines et réduire le nombre de pêcheurs; j'espère que ce processus lié au protocole d'entente nous aidera à déterminer comment y parvenir.
Je ne suis pas convaincu de la pertinence d'une intervention du gouvernement fédéral, au niveau politique j'entends, à cette étape, mais je sais une chose: du point de vue de la province, nous devons, la FFAW, l'ASP et le gouvernement provincial, mettre de l'avant une proposition. Ensuite, nous pourrons demander au gouvernement fédéral de contribuer au projet proposé, comme on s'y attend.