Bonjour mesdames et messieurs. Aujourd'hui, nous sommes là pour vous parler de l'entente de partage 2009-2010 visant les zones de pêche du crabe des neiges (ZPC) 24 et 23. Mon nom est Norma Richardson, présidente de l'Eastern Shore Fishermen's Protection Association. Je suis accompagnée aujourd'hui de Nellie Baker Stevens, coordonnatrice de notre association et représentante des pêcheurs de crabe des neiges auprès du comité consultatif sur le crabe des neiges, ainsi que de deux autres membres de la ZPC 24.
Comme je l'ai dit, nous représentons l'Eastern Shore Fishermen's Protection Association dont les membres vivent sur la côte Est de la Nouvelle-Écosse. Notre association regroupe 230 pêcheurs répartis entre Canso et le comté de Guysborough jusqu'au port de Halifax. Cette zone correspond à la région 3 et nous sommes accrédités en vertu de la législation provinciale, plus précisément en vertu de la Fisheries Organizations Support Act. Nous comptons aussi dans nos rangs des gens des usines locales de transformation du poisson et des acheteurs locaux.
Aujourd'hui, nous nous adressons à vous au nom de plus de 300 pêcheurs qui sont membres de notre association mais également des associations suivantes: Halifax West Commercial Fishermen's Association, Guysborough County Inshore Fishermen's Association et Richmond County Inshore Fishermen's Association. Ces pêcheurs viennent de communautés échelonnées à partir de Sambro, à l'ouest de Halifax, jusqu'au Cap-Breton. En fait, il y a plus de 300 pêcheurs uniquement au Cap-Breton, soit au total 600 pêcheurs sur toute la côte Est de la Nouvelle-Écosse.
En ce qui concerne les négociations antérieures, pendant des années, nous, les détenteurs de quotas, et la flottille de pêcheurs traditionnels n'avons pu nous entendre sur le partage de ces quotas. En fin de compte, le MPO a fixé différents seuils à partir desquels le partage des quotas est établi. Par exemple, pour cette année, le total autorisé des captures, le TAC, établi pour les détenteurs de quotas aurait été de 269 tonnes par entreprise principale détentrice d'un permis, soit environ 45 000 $ par pêcheur. Quant à la flottille de pêcheurs traditionnels, le TAC individuel aurait été de 55 tonnes et non pas les 115 tonnes obtenues cette année. Le modèle des seuils établissait une part égale pour chaque flottille, soit 50-50, lorsque le quota était de 3 000 tonnes. Pour toutes les captures excédant ce chiffre, nous avions 90 p. 100.
À ce moment-là, nous étions considérés comme des participants temporaires. Le MPO ne s'attendait pas à ce que les quotas demeurent aux mêmes niveaux pour la flottille des pêcheurs détenteurs de quotas et la flottille des pêcheurs traditionnels. Comme vous le savez, les quantités débarquées et les données scientifiques ont confirmé la capacité continue et la durabilité des stocks. Dans une démarche visant à mettre en place une entente permanente regroupant tous les détenteurs d'un permis sous un seul régime, on a créé un groupe d'experts indépendants chargé de régler les différends à cet égard. Aujourd'hui, à la suite des recommandations de ce groupe, tout est en place.
Une des recommandations du groupe a été reportée à une date ultérieure par le ministre de l'époque; il s'agit de celle portant sur le partage 50-50 entre les deux flottilles. Cependant, à ce moment-là, le ministre a pris l'engagement suivant: lorsque les données scientifiques viendront appuyer un total autorisé des captures de 9 700 tonnes, on appliquera le partage permanent 50-50, éliminant ainsi le dernier obstacle à la mise en oeuvre complète de l'entente de partage. Selon cette entente, la flottille de pêcheurs traditionnels se verrait attribuer 50 p. 100 du TAC, tandis que les détenteurs de quotas auraient l'autre 50 p. 100. Cette mesure ramènerait la flottille des pêcheurs traditionnels aux niveaux de 2004, ou même à des niveaux supérieurs, conformément à la recommandation du groupe d'experts indépendants.
En 2006, le MPO a accordé un accès permanent aux détenteurs de quotas possédant un permis établi en fonction du quota individuel requis pour égaler ou excéder le quota inscrit sur le permis d'un pêcheur traditionnel. En 2006, cela signifiait qu'il pouvait y avoir 20 détenteurs de quotas dans la ZPC 24. Cependant, seulement 16 permis ont été octroyés au lieu des 31 permis prévus par le groupe dans ses statistiques sur les pêches, statistiques fournies à l'annexe B.
Aujourd'hui, c'est la deuxième année où l'on refuse aux pêcheurs leur part légitime des quotas de pêche au crabe des neiges. Pour une seule année, soit 2009, nous parlons d'au moins 6 millions de dollars qui ont été alloués à la flottille de pêcheurs traditionnels pour être divisés entre les 74 détenteurs de permis traditionnels. À nos yeux, il s'agit de primes de 80 000 $. Ce montant s'ajoute aux 228 178 $ qu'ils devaient obtenir. On parle ici d'un revenu net approximatif de 310 852 $ pour l'année 2009 correspondant à une allocation de 94 tonnes pour le pêcheur traditionnel détenteur d'un permis individuel. Le même montant a été divisé entre les 20 pêcheurs d'une entreprise principale et une entreprise de pêche du crabe, soit un montant net de 15 543 $ chacun pour 4,7 tonnes.
À la page 42 du plan de gestion du MPO, le tableau 4 montre que chaque entreprise principale détentrice d'un quota obtiendrait 6,234 tonnes une fois le chiffre de 9 700 tonnes atteint. En raison de la modification que la ministre a apportée à l'entente de partage, nous nous retrouvons maintenant avec un quota inférieur, soit 30 p. 100 par rapport à 32 p. 100. Ce n'était évidemment pas l'intention du groupe d'experts indépendants.
Ce groupe a reconnu la disparité entre les deux flottes et précisé qu'un quota variant de 40 à 60 tonnes est effectivement viable et durable. Un tel quota signifie de 140 000 $ à 200 000 $ pour un détenteur de permis.
Nous sommes ici aujourd'hui pour essayer de comprendre ce qui est arrivé. Nous constatons, de toute évidence, une absence de consultation et de communication de la part du MPO.
Ce point n'était pas à l'ordre du jour de notre réunion du comité consultatif sur le crabe des neiges, mais après cette réunion, tout s'est écroulé pour les 600 pêcheurs et les communautés visées. Nous avons demandé à de nombreuses reprises à rencontrer la ministre des pêches; elle n'est jamais disponible. Comme un voleur dans la nuit, la ministre Shea a volé des millions dans les poches des petits pêcheurs côtiers et à des communautés de la côte Est de la Nouvelle-Écosse. Le vendredi 12 juin 2009, à 16 h 33, elle a annoncé la modification de l'entente de partage, alors que le début de la pêche était prévu pour le lundi matin suivant. Est-ce là le comportement d'une personne ouverte à la consultation? Les détenteurs de quotas n'ont pas été consultés avant cette annonce. Nous n'étions même pas au courant que le MPO envisageait de passer outre à la recommandation du groupe d'experts indépendants. Pourtant, de nombreux représentants du MPO avaient affirmé tout le contraire.
Au cours des deux dernières années, le prix du homard a été très faible et instable en raison de la crise économique. Nos pêcheurs de homard auraient pu utiliser ce revenu supplémentaire venant de la pêche au crabe des neiges pour survivre à la crise, mais ils en ont été injustement privés. Cette décision de la ministre et d'autres décisions ont fait mal, de différentes façons, aux petits pêcheurs côtiers et à leurs communautés, pas seulement aux pêcheurs de crabe des neiges. Si, plus tard, nous avons un peu de temps j'aimerais vous parler de certains autres secteurs de pêche, notamment la pêche au pétoncle. Juste l'an dernier, la plupart de nos pêcheurs n'étaient pas admissibles au forfait pour le homard annoncé, étant donné que la ministre n'avait pas consulté l'industrie sur les critères d'admissibilité.
Nous recommandons que la ministre consulte directement les détenteurs de quotas afin d'éviter qu'il y ait d'autres injustices découlant de la décision inéquitable et arbitraire qu'elle a prise en 2009, laquelle a eu des conséquences négatives sur plus de 600 pêcheurs côtiers de la côte Est de la Nouvelle-Écosse. Nous aimerions que les membres de ce comité s'entretiennent directement avec la ministre Shea et le personnel du MPO qui la conseille. Nous ne comprenons pas la raison justifiant une telle décision. Par les années passées, nous avons eu de très bonnes relations de travail avec le MPO, mais au cours des deux dernières années, la communication et la consultation ont fait défaut. On dirait que les gens du MPO sont réticents à nous informer de leurs intentions, à nous demander notre contribution et à prendre en compte tous les points de vue.
Encore une fois, nous posons la question: que s'est-il passé?
Merci de votre attention.
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Bonjour. Mon nom est Josephine Kennedy et je représente les détenteurs de permis visant des espèces multiples dans l'est du Cap-Breton.
Aujourd'hui, je parle également au nom des pêcheurs qui vivent entre Gabarus et Cape North, ce sont des détenteurs de quotas, comme vous les appelez.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que je suis une libérale. Je me suis présentée sous la bannière libérale et je ne veux pas que la partisanerie politique intervienne dans ce débat, étant donné qu'à plusieurs reprises j'ai communiqué avec le cabinet de la ministre pour me faire répondre: « Vous êtes Josephine Kennedy, la libérale? » Je tenais tout simplement à tirer cela au clair.
Norma vous a fourni l'information nécessaire pour les années 1999 à 2005. Donc, en 2005, Geoff Regan a constitué un groupe d'experts indépendants dont la mission était d'instaurer la stabilité et le partage au sein de l'industrie de la pêche au crabe des neiges dans l'est de la Nouvelle-Écosse. Il y avait beaucoup de dissension en raison des nombreux groupes distincts. Nous partagions tous des quotas différents et le moment était bien choisi pour s'asseoir et ramener l'harmonie dans cette industrie. Alors, ce groupe d'experts indépendants, composé de trois personnes, a entendu le témoignage des diverses personnes visées par la pêche au crabe des neiges.
En bout de ligne, le groupe nous a présenté neuf recommandations. Le ministre de l'époque les a toutes acceptées sauf une pour laquelle il a établi un critère de mise en oeuvre. Il s'agissait de la recommandation la plus litigieuse, celle portant sur la formule de partage. Dès le premier jour, le groupe a recommandé un partage 50-50, et c'est justement là où est le problème. Ce 50 p. 100 signifiait que la flottille qui existait avant 2005 se verrait allouer 50 p. 100 du total autorisé des captures. Autrement dit, s'il y avait une allocation de 5 000 tonnes pour la zone 23, la flotte qui existait déjà aurait l'accès à 2 500 tonnes et les autres 2 500 tonnes seraient divisées entre les nouveaux détenteurs de quotas.
En 2005, il y avait déjà un peu d'agitation. En fait, j'ai moi-même dirigé quelques activités de protestation parce que nous avions entendu des rumeurs à l'effet que la flottille des pêcheurs ayant un permis, soit la flottille qui existait déjà, ne permettrait jamais d'excéder les 9 700 tonnes, s'assurant ainsi de profiter indéfiniment d'un partage 60 p. 100-40 p. 100. Nous avons protesté encore et encore pour finalement recevoir l'assurance, qu'effectivement, lorsque nous aurions atteint 9 700 tonnes, il y aurait partage. Alors de 2005 à 2008, la pêche a continué. Une certaine harmonie régnait. Petit à petit les gens ont recommencé à se parler; il y avait même des frères qui ne se parlaient plus. La situation s'était détériorée à ce point entre les pêcheurs de crabe des neiges.
En 2009, la ministre a annoncé qu'il y aurait un TAC de 9 700 tonnes. Nous avons cru qu'enfin nos prières avaient été exaucées. D'ailleurs, en février 2009, Mme Joan Reid, gestionnaire de secteur par intérim au MPO a fait parvenir une lettre à tous les détenteurs de permis pour les informer que les responsables scientifiques envisageaient l'approbation de 9 700 tonnes. Je la cite mot pour mot,
On s'attend à ce que, en raison de l'importance du recrutement, un TAC excédant 9 700 tonnes puisse être approuvé en 2009, ce qui déclencherait l'entente permanente de partage 50-50 qui avait été recommandée en 2005 par le Comité consultatif sur l'accès et l'allocation.
Pour nous, c'était formidable; enfin nous aurions ce partage et il n'y aurait rien à redire. Le 25 mars 2005, nous avons participé à la réunion du comité consultatif qui, en général, ne s'occupe que de questions comme les casiers, l'ouverture et la fermeture de saison et les crabes à carapace molle. À ce moment-là, nous avons inscrit la formule de partage à l'ordre du jour et nous avons automatiquement présumé, puisque personne ne nous avait consulté — nous n'avions aucune idée de ce qui se passait en coulisses — qu'on allait nous répéter que les 9 700 tonnes allaient être dépassées et que l'entente permanente de partage entrerait en vigueur.
M. Gordon MacDonald s'est levé au cours de cette réunion pour confirmer ce que nous savions tous, à savoir que l'entente permanente entrerait en vigueur — vous pouvez d'ailleurs consulter les documents versés au dossier — et que les personnes concernées en avaient été informées. De plus, Claire MacDonald, a précisé que le taux d'exploitation de 20 p. 100 déclencherait l'entrée en vigueur de l'entente permanente de partage liée aux 9 700 tonnes, soit un partage 50-50.
Lorsque nous avons voulu améliorer notre situation comme nous le permettaient les chiffres, nous avons constaté que nous avions été floués. C'est là que tout a commencé.
Nous avons essayé encore et encore de nous entretenir avec la ministre. De nombreuses demandes ont été présentées, tout d'abord de la part de 350 pêcheurs auxquels se sont joints d'autres pêcheurs du comté de Guysborough. Un an plus tard, la seule réponse que nous avons reçue de la ministre, c'est qu'elle maintient sa décision.
Toutefois, la décision qu'elle a prise est fondée sur des renseignements erronés. Nous avons découvert que Gus van Helvoort, qui était le gestionnaire de secteur pendant toute la période de consultation menée par le groupe d'experts indépendants et qui a participé à la rédaction du plan de gestion, devenu notre bible, y avait ajouté une note d'information personnelle, ce qui n'aurait jamais dû se produire.
Nous voulons savoir à quel moment le processus a déraillé, pourquoi nous avons perdu ce partage 50 p. 100-50 p. 100. Ce n'est pas égal; ce doit être 50 p. 100-50 p. 100. Ce côté-ci de la table devrait avoir 50 p. 100 du quota et le reste devrait aller à l'autre groupe. On ne relève aucune irrégularité dans les documents du MPO. Comment les choses ont-elles déraillé, qu'est-ce qui s'est passé en coulisses, qu'est-ce que la ministre a dit à la Chambre des communes... Elle a même affirmé devant le comité permanent avoir été conseillée par les intervenants dans le cadre de consultations et d'autres démarches; nous sommes un exemple du contraire. Nous n'avons pas été consultés, nous avons été mis devant le fait accompli et c'est à ce moment-là que nous avons commencé à nous battre. Le cabinet de la ministre a délégué Andy Mooney pour nous rencontrer. Les choses ont traîné en longueur. En décembre 2009, il a téléphoné pour nous dire que nous allions retrouver nos quotas de crabe et qu'une lettre à cet effet nous serait envoyée. La première chose qu'on a su, c'est qu'on lui avait retiré le dossier.
Puis, ils ont désigné David Wells et nous nous sommes déplacés jusqu'à Antigonish. C'était une perte de temps. Nous avons reçu une autre lettre indiquant que nous ne retrouverions pas nos quotas de crabe et que la ministre campait sur ses positions.
Enfin, lorsque tout le monde était convaincu que nous allions abandonner, à ce moment-là, nous avons communiqué avec le comité permanent et avons décrit à M. Byrne toute la situation. Voilà où nous en sommes.
Aujourd'hui, nous voulons vous dire que nous n'abandonnerons pas. Peu importe comment on l'envisage, c'est un contrat. De vive voix ou par écrit, une offre a été faite et elle a été acceptée. Nous l'avons respectée pendant quatre saisons complètes. À la cinquième saison, alors que nous étions sur le point d'en profiter, tout est allé de travers et nous voulons savoir pourquoi. Qui a communiqué avec qui? Qui a été consulté?
J'ai eu recours à la législation sur l'accès à l'information pour essayer d'en savoir plus. On m'a transmis quelques courriels échangés entre Gordon MacDonald, le président de la zone 23 de la Snow Crab Fishermen's Association, Mike Eagles, qui était alors le conseiller principal pour le crabe des neiges, et Gus. J'ai en main certains de ces courriels. Lorsqu'ils ont eu vent de ma démarche, tout le volet accès à l'information a été interrompu. Cependant, ces courriels confirment qu'il n'y a eu aucune fausse déclaration, comme Gus Van Helvoort a essayé de nous en convaincre, et que le personnel du MPO a mal interprété ses propres documents pendant quatre saisons complètes puis, à la cinquième, a décidé de les dépoussiérer et de reprendre le tout. Nous voulons savoir comment et pourquoi le processus a déraillé et, ultimement, nous voulons notre part du partage 50 p. 100-50 p. 100.
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Tout d'abord, je veux m'assurer que tout le monde m'entend et me voit également. Je suis membre d'une première nation; pouvez-vous me voir?
Le président: Oui.
M. Leonard Denny: Parfait, parce qu'il ne semble pas que tous les partis veulent reconnaître la participation des premières nations, je veux donc m'assurer d'être vu, d'accord?
Premièrement, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à Unama'ki, parfois également appelé Cap-Breton.
Je m'appelle Leonard Denny. Je suis président-directeur général de Crane Cove Seafoods, qui appartient à la première nation d'Eskasoni.
Ces dix dernières années, nous avons pu commencer à participer aux activités de pêche commerciale grâce à la décision Marshall. Je suis heureux de dire que nous avons réussi à établir des relations solides avec le MPO. Nous participons activement à la gestion des ressources et des océans. Nous nouons également des liens serrés avec les pêcheurs non autochtones, les collectivités non autochtones et les acheteurs.
Comme première nation, nous adoptons une approche équilibrée à l'égard de la pêche. Nous considérons toujours l'aspect économique, et je suis heureux de dire que nous gérons notre propre pêcherie. Nous considérons l'aspect environnemental. Nous essayons toujours d'utiliser des pratiques de pêche qui respectent l'environnement. Il y a également l'aspect conservation. Nous parlons des aires marines protégées et nous gardons l'esprit ouvert sur ce sujet.
La conservation, l'environnement et l'économie sont tous importants. Je crois qu'il existe un équilibre entre ces trois éléments qui permet d'être prospère.
J'aimerais clarifier un point obscur; vous parlez toujours de deux groupes partageant 50-50. C'est 50-50 pour deux groupes ou 60-40 pour deux groupes. Eh bien, j'aimerais vous apprendre qu'il y a trois groupes ici, pas deux groupes. Les pêcheurs traditionnels ont environ 20 permis et les premières nations ont environ 20 permis et les pêcheurs temporaires — maintenant permanents — ont environ 20 permis. Le fait de prendre deux groupes et de partager la moitié et de donner l'autre moitié à un groupe nous rend invisible. C'est comme ça que je le vois, parce qu'il y a trois groupes qui partagent à parts égales les trois séries d'une vingtaine de permis.
La première nation d'Eskasoni pêche surtout à l'extérieur de la zone 23. Actuellement, chaque groupe détient environ un tiers des permis, donc si nous parlons d'équité, je crois qu'on est en plein dans le mille. Je pense que la ministre, dans sa sagesse, s'en est aperçue et a fait les changements qui s'imposaient.
Je sais que ces plans ont été élaborés il y a des années et je tiens à ce que tout le monde sache que nous n'avons jamais été consultés au sujet des plans de gestion. Nous n'avons jamais été consultés. On ne nous a rien expliqué. Jamais on n'a appliqué la procédure ni fait preuve de diligence raisonnable dans ce processus. Je veux expliquer cela.
Nous n'avons pas non plus été consultés lorsqu'un nouveau permis a été attribué dans la zone 23. Pour moi, c'est très irresponsable et très lâche de la part d'un ministre sortant de prendre une telle décision, partir et se laver les mains des conséquences et du tollé qui en résulte. C'est très lâche et très irresponsable. Cela fait mal paraître les autres députés. Je sais que vous n'êtes pas tous de mauvaises personnes, mais c'est très irresponsable.
On parle aussi des permis traditionnels et du fait qu'il n'y a qu'un détenteur. C'est un détenteur. On nous dit ensuite à nous, qu'il y a 350 détenteurs. Eh bien, avec nos permis il y a 10 000 détenteurs, d'accord? C'est 10 000, pas 350. Il y a 10 000 détenteurs.
Je vais maintenant vous parler des avantages que les activités du crabe et de la pêche ont apporté jusqu'à maintenant aux premières nations d'Eskasoni en particulier. Il y a cinq transformateurs, plus deux sur la partie continentale.
Je ne parlerai pas pour les autres, mais à Eskasoni, nous embauchons actuellement 100 pêcheurs et environ huit administrateurs ou gestionnaires, appelez-les comme vous voulez. Nous embauchons également 25 transformateurs autochtones, qui reconditionnent le crabe congelé et capturé par l'industrie.
Sommes-nous les seuls concernés? Non. À Arichat, le crabe des neiges fait travailler plus de 200 non-Autochtones. Les crevettes nécessitent aussi l'embauche de non-Autochtones. Nous débarquons nos crevettes à North Sydney. Il ne s'agit donc pas seulement de nous. Encore une fois, nous essayons de trouver un équilibre.
Les revenus qui en découlent, les profits, sont partagés au sein de la communauté, que ce soit pour réduire la dette ou compenser les manques à gagner en mettant sur pied des programmes à Eskasoni. Si ce changement s'était produit, s'ils avaient réussi et qu'il s'était produit — et nous avons déjà tenu ces conversations et apparemment on nous a oubliés aujourd'hui — cela aura signifié pour nous la perte de 400 000 livres à Eskasoni. Je m'assois dans mon bureau et j'annonce à 20 pêcheurs qui ont une famille et qui sont habitués de recevoir des prestations d'aide sociale, parce que nous sommes dans des réserves, qu'ils se retrouveront sur l'aide sociale parce qu'ils ne pêcheront pas cette année. C'est quelque chose que je ne veux jamais avoir à faire.
Eskasoni est une première nation fière, mais elle connaît aussi des difficultés. Le taux de chômage est de 70 p. 100 dans notre communauté, et même plus. C'est toujours comme cela. Notre taux de chômage est énorme, et je ne parle pas du taux de suicide élevé. Je sais qu'il est facile de... C'est comme voir les enfants du tiers monde à la télévision. Changez de canal et vous les oublierez. C'est facile de nous oublier, mais nous allons tenter de vous en empêcher.
Je le répète, nous n'avons jamais été consultés à propos de tout cela, et je n'aime pas qu'on dise que des accords secrets ont été conclus. Nous avons toujours été honnêtes. Nous participons toujours aux décisions de gestion. Nous respectons les règles. Nous suivons les règles depuis que nous participons, donc cette théorie de conspiration n'est qu'un tas de... Je ne veux pas le dire. Soyons réalistes. La ministre était en mesure de faire les ajustements, mais les politiciens ne prennent pas toujours les bonnes décisions, et croyez-moi, tout le monde pourrait essuyer des blâmes. Mais faisons du cas par cas. Nous ne pouvons pas toujours vous blâmer. Vous ne pouvez pas toujours nous blâmer. Donc nous le faisons au cas par cas.
J'aimerais également que vous sachiez que les choses se passent un peu différemment dans les zones 23 et 24. Nous avons accepté les réductions. Lorsque les scientifiques nous disent de diminuer, nous diminuons. Nous travaillons ensemble. Nous avons fait des sacrifices au fil des ans. Nos stocks sont en santé. Les nôtres ont augmenté cette année. Dans d'autres zones, ils ont diminué. Mais nous ne faisons pas d'opposition. Nous n'argumentons pas. Lorsqu'on nous dit de diminuer, nous diminuons, et nous gérons nos ressources. Nous ne devrions donc jamais être punis pour cela. Nous gérons une ressource en santé.
Pour l'instant, c'est tout ce que je voulais dire.
Merci encore.
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Excusez-moi. Je ne suis pas en très grande forme aujourd'hui. C'est le milieu de la saison des pêches, et je viens de passer trois jours sur deux différents bateaux à tenter de pêcher du crabe des neiges et du homard en même temps. J'ai été debout jusqu'à deux heures du matin à essayer de rédiger ce que je voulais vous dire aujourd'hui.
Je dois avouer que le fait d'avoir été dans cette industrie probablement plus longtemps que tout autre membre du MPO me donne un peu de crédibilité. Mon oncle a commencé à pêcher lorsque les premiers permis ont été émis en 1978; j'ai commencé en 1979, et je pêche depuis très longtemps. Je travaille avec la direction de cette association et la dirige quand même assez bien depuis 1996: à travers son expansion, ses échecs et son renouveau.
Je m'appelle Gordon MacDonald. On a amplement parlé de moi plus tôt dans les présentations. Je suis le directeur général de la Area 23 Snow Crab Fishermen's Association. Nous sommes un regroupement des pêcheurs traditionnels qui sont là depuis le tout début et des flottilles autochtones qui font partie de notre regroupement depuis qu'elles sont devenues permanentes.
Merci beaucoup, monsieur le président ainsi que les membres, d'être venus à Cap Breton. Cela facilite certainement les choses. Bienvenue chez nous.
Nous sommes ici pour discuter de ce qu'est devenue la pêche la mieux gérée du Canada, soit la pêche du crabe des neiges de l'est de la Nouvelle-Écosse. Cette pêche existe depuis plus de 30 ans, et possède des niveaux de biomasse hautement variables, à l'instar des autres pêches de crabe des neiges dans le monde. En Alaska et dans le golfe, les fluctuations sont très marquées. La biomasse devient très élevée puis ensuite dégringole.
La ressource de la zone 23 nécessite des bonnes pratiques de gestion et répond très bien à celles-ci. Ces bonnes pratiques viennent du fait que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture s'appuie sur la conservation qui dépend, elle, du principe qui traite les pêcheurs comme des propriétaires de cette ressource. Parce que les pêcheurs sont intimement liés à cette ressource, c'est eux qui souffrent le plus ou qui bénéficient le plus des décisions qui sont prises. Si l'on pouvait laisser cette gestion entre leurs mains et leur permettre de gérer à long terme, nous pourrions avoir beaucoup de succès et même plus que ce que toute politique ou gestion de haut niveau pourrait obtenir.
La pêche du crabe des neiges a progressé de pêche compétitive axée sur l'effort à une pêche gérée par des quotas. Ceux-ci ont été mis en place pour éviter l'effondrement des stocks tel que celui dont nous avions été témoins dans le milieu des années 1980. Ces quotas ont été imposés à la demande des pêcheurs. La valeur du poisson était en hausse dans les années 1990, le prix était environ 3 $ la livre, les efforts allaient bon train et nous venions de passer à travers un effondrement au milieu des années 1980; les pêcheurs se sont alors dit qu'il fallait éviter une autre baisse dramatique, et l'imposition de quotas était une bonne idée pour protéger les stocks.
Cependant, lorsque le MPO a imposé les quotas, il s'est servi d'une moyenne sur 10 ans qui incluait la période d'effondrement, ce qui a fixé les quotas à un niveau plutôt bas. Lorsque vous introduisez un zéro dans le calcul d'une moyenne, c'est ce qui arrive. Suite à cela, les scientifiques sont venus calculer les niveaux de la biomasse. À l'aide de la méthode Leslie, ils ont déclaré que si nos taux de capture sont élevés et qu'ensuite ils baissent rapidement, cela impose une pression trop lourde à la ressource, et les stocks déclinent.
Les pêcheurs avaient très peu besoin d'efforts de pêche, parce que la saison était assez longue et que les quotas étaient assez bas pour qu'ils n'en tiennent pas compte. Au bout du compte, les scientifiques répétaient que les stocks s'effondraient. Les pêcheurs n'étaient pas du tout d'accord, ils n'avaient jamais eu autant de facilité à pêcher cette espèce.
Ceci dit, le MPO a offert à l'industrie de procéder à un relevé au chalut comme il avait été fait dans le golfe. Ce relevé vient au coût d'un quart de million de dollars que les pêcheurs devaient débourser, ce qu'ils ont fait. Nous avons ici l'exemple de l'industrie de la pêche qui, au départ, appliquait des procédures de gestion adéquates, qui ensuite a reconnu l'effondrement et la nécessité de quotas et qui, encore après, a demandé à la science de lui venir en aide. L'industrie de la pêche n'hésite pas à faire ce qu'il faut.
Lorsque les résultats du relevé au chalut sont sortis, ils ont découvert que les pêcheurs avaient en fait raison: pendant toute la période où les quotas attribués étaient au plus bas, la biomasse avait atteint des niveaux jusque-là inégalés, et que, suite à cela, les quotas diminuaient.
Cette ressource a été traitée au départ comme une biomasse accumulée. Le total autorisé de captures a été augmenté pour la flotille traditionnelle, mais ils ont mis de côté 65 p. 100 de ce qui auparavant appartenaient à la flotille traditionnelle et l'ont donné à de nouveaux accès temporaires, qui étaient ensuite divisés entre les nouveaux participants et les flotilles autochtones.
L'idée est que nous avions là une biomasse accumulée, elle était là. Nous venions de subir un effondrement des stocks de morue, il n'y avait pas d'argent, la pêche au homard était faible dans plusieurs zones et les pêcheurs crevaient de faim. Il fallait aider et il y avait là une manne.
Le problème bien sûr, si vous connaissez les problèmes de biomasse du crabe des neiges, c'est que la biomasse peut être très élevée pour ensuite dégringoler très bas. L'idée était d'introduire des participants temporaires et de partager avec eux en période d'abondance, mais que lorsque l'abondance n'était plus, les participants temporaires devaient être exclus ce qui fournirait une certaine stabilité aux participants existants.
En 2002, suite à la décision Marshall, les communautés autochtones ont été reconnues comme des participants à part entière. Leurs accès temporaires ont été modifiés en accès permanents. Ils étaient les pièces clés. Les permis de pêche de crabe des neiges étaient des pièces importantes des accords Marshall, parce que c'était alors la pêche qui avait la plus grande valeur économique. Il y avait toutes sortes d'autres éléments, mais ceux-ci étaient les éléments les plus importants.
Cela a augmenté la flotille traditionnelle de 54 p. 100, soit de 24 à 37 permis, et personne n'a protesté du côté de la flotille permanente. Nous avons accueilli la flotille autochtone. Nous avons reconnu que d'après la taille de la biomasse, cette expansion était viable. Aucune compensation n'a été versée par le MPO pour l'agrandissement de notre flotille.
Dès 2004, la zone 23 possédait 300 détenteurs de quotas temporaires et seulement 37 détenteurs de permis traditionnels autochtones. La politique a alors commencé à s'immiscer dans les meilleures pratiques de gestion et les dispositifs scientifiques. Il semble que d'un point de vue sociétal, nous n'ayons rien retenu de la tragédie qui a touché la pêche de la morue, de la même façon, les participants étaient prêts à tout pour rester même si la biomasse montrait des signes d'affaiblissement. Les niveaux de recrutement avaient baissé. L'avenir était sombre et la biomasse se dirigeait vers une diminution certaine, d'après le relevé au chalut indépendant.
D'après le seuil de l'époque, 90 p. 100 de l'augmentation des quotas devaient être attribués à la flotille temporaire parce que nous partagions en période d'abondance et que nous avions un niveau assez élevé; cependant s'il y avait une réduction, 90 p. 100 de la réduction devait également être attribué à la flotille temporaire. Il a été recommandé de réduire le TAC de 10 p. 100 en 2004. De plus, vous pouvez vous imaginer qu'avec un pronostic scientifique négatif, l'effort de convertir les accès temporaires en accès permanents était généralisé.
Le principe de partager en temps d'abondance et de protéger la flotille traditionnelle en temps de vache maigre était disparu. Dans un étrange calcul mathématique, le ministère des Pêches et des Océans a considéré les communautés autochtones comme si elles étaient temporaires en 2004, après leur avoir offert un accès permanent en 2002, et a donc évalué qu'ils devaient assumer 90 p. 100 de la réduction pour ensuite tout mélanger avec la flotille permanente. La baisse nette de 10 p. 100 aurait dû être partagée entre la flotille permanente et la flotille temporaire à des taux de 10 p. 100 et 90 p. 100 respectivement. Cependant, la flotille permanente a assumé 39 p. 100 et la flotille temporaire 61 p. 100. C'est intéressant, parce que ça continue comme ça après.
En 2005, le ministre de l'époque a mandaté une commission pour implanter de nouveaux accès permanents. Nous avons de sérieuses inquiétudes quant à l'abus de ce type d'outil et de son indépendance. Toutefois, un grand nombre de recommandations ont été mises en place, notamment la conversion de tous les accès temporaires en accès permanents, encore une fois sans aucune compensation pour les pêcheurs fondateurs qui ont investi beaucoup d'argent dans la pêche et dans son développement. Comme dans l'histoire du petit chaperon rouge, quand la galette fut prête tout le monde avait faim. Avant cela, personne n'était intéressé à participer ou à faire des efforts.
Je suis désolé, je vais essayer d'aller plus vite.
Je suis ici en tant que président du groupe d'experts qui a formulé les recommandations auxquelles les ministres ont donné suite. Après avoir entendu la discussion qui a eu lieu plus tôt avec le groupe précédent, je vais me concentrer sur un seul point, c'est-à-dire sur ce que dit le rapport à propos de la répartition 50-50, et je serai heureux de répondre à vos questions à ce sujet.
La démarche que nous avons utilisée repose sur le principe de l'équité, mais aussi sur d'autres principes qui sont tous énoncés dans le rapport. Nous avons désigné les pêcheurs qui bénéficiaient d'un accès temporaire à l'époque comme « détenteurs de quota », parce que chacun détenait une part individuelle, et l'idée était que chacun de ces détenteurs de quota ferait partie d'une entreprise quelconque. Ces pêcheurs pouvaient choisir de se joindre à une organisation ou de regrouper leurs quotas de sorte que l'effort ou le nombre de vaisseaux requis n'augmenterait pas vraiment. Autrement dit, l'entrée de ces titulaires de permis temporaire dans l'industrie n'aurait pas vraiment d'incidence sur le nombre de vaisseaux en activité, qui s'élevait à un peu plus de 200. Pour ce faire, il fallait regrouper les quotas et constituer une sorte d'organisation.
L'élément clé, par contre, c'est que, peu importe combien de participants — combien de détenteurs de quota — constituent une entreprise, le quota total de cette entreprise serait la somme des quotas individuels. Autrement dit, si une entreprise regroupait 10 titulaires de permis ayant droit chacun à 10 000 livres, elle aurait droit à 100 000 livres; si 15 titulaires avaient droit à 10 000 livres, l'entreprise aurait droit à 150 000 livres.
Là où il semble y avoir eu un écart par rapport aux recommandations après que le TAC eut atteint le chiffre magique de 9 700 tonnes, c'est qu'on a traité chaque permis comme n'importe quel autre permis, et le quota global a été divisé également entre eux. Le problème, c'est que le poids associé au quota de ces nouvelles entreprises était soit supérieur ou inférieur à la somme des quotas individuels de chacun des détenteurs de quota. Par conséquent, quand on les regroupait, la répartition n'était plus 50-50, mais plutôt 60-40.
Je pense que le document montre clairement l'intention de ce mécanisme et la façon dont il est censé fonctionner. L'annexe B du rapport illustre ce qu'aurait pu être le résultat final, mais nous n'avions aucun moyen de savoir à l'époque comment les différents détenteurs de quota allaient se regrouper pour former des entreprises ni combien d'entreprises il y aurait au bout du compte. Quoi qu'il en soit, le nombre d'entreprises n'était pas important; tant que chacun des détenteurs de quota amenait avec lui son allocation, le total serait de 50 p. 100, le niveau équitable qui avait été prévu.
À un moment donné, il y a eu une mauvaise interprétation de la façon dont ce mécanisme devait fonctionner.
Je tiens aussi à souligner que nous avons fait une recommandation, que le ministre a acceptée, pour que les quotas soient tout à fait transférables parmi les détenteurs: l'entreprise A pouvait acquérir un quota de l'entreprise B, ou il pouvait y avoir un regroupement au sein de l'entreprise A. L'idée, c'est que tout devait être fluide, pour pouvoir régler naturellement les problèmes de rentabilité des vaisseaux en regroupant davantage de quotas.
Les recommandations étaient toutes dans le même esprit. Elles formaient un tout, et c'est ce tout que le ministre a accepté, à l'exception de la répartition 50-50, qui devait s'appliquer au point critique de 9 700 tonnes.
Alors l'idée d'une répartition en trois tiers ou en parts de 25, 25 et 50 p. 100, c'est une façon de voir les choses. Mais notre mandat était de trouver un mécanisme qui garantirait la rentabilité de cette pêche. C'était l'objectif de nos recommandations, et nous n'avons pas tenu compte des catégories de gens. Tous les titulaires de permis ont participé ou ont eu l'occasion de participer aux audiences, y compris les premières nations, qui ont été représentées, de même que les titulaires de permis permanents ou temporaires. Tout le monde a participé, et chacun nous a fait part de ce qu'il pensait. Ce sont là les recommandations que le ministre a acceptées.
Selon mon analyse de la question, oui, il y a eu une mauvaise interprétation de la façon dont le principe de l'équité devait être appliqué; l'application qui en a été faite n'était pas prévue dans le rapport.
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Tout d'abord, je veux vous remercier de nous avoir invités, Leonard Denny et moi. Nous parlons au nom des 10 000 Micmacs de la Nouvelle-Écosse. Dans le groupe précédent, cinq personnes représentaient les titulaires de permis d'entreprise; si on voulait que ce soit équitable, je pense qu'il faudrait inviter environ 100 Micmacs de plus à venir nous parler du rôle que joue l'industrie du crabe des neiges dans leur vie.
J'ai préparé un petit discours. Je travaille pour l'UINR, le Unama'ki Institute of Natural Resources. C'est une organisation qui regroupe les cinq communautés micmaques de la Nouvelle-Écosse. Je ne peux parler qu'au nom de ces cinq communautés. Comme Leonard l'a mentionné plus tôt, il y a sept communautés qui pêchent actuellement le crabe des neiges sur le plateau néo-écossais.
Il y a 10 000 résidents qui pêchent sur le plateau néo-écossais, et ils représentent 74 p. 100 de la population micmaque de la Nouvelle-Écosse. Cela équivaut à 21 permis et demi dans la zone 23 et à huit permis et demi dans la zone 24. En plus de ces permis, les communautés micmaques en possèdent actuellement un, comme il a été mentionné plus tôt; Millbrook a une allocation fixe.
Les 30 permis et l'allocation fixe représentent quelque 176 emplois pour sept communautés, uniquement dans l'industrie de la pêche au crabe des neiges. Cela signifie que 176 familles bénéficient d'un emploi et du sentiment de bien-être que procure l'appartenance à une communauté. L'argent que génèrent l'industrie de la pêche au crabe et la pêche commerciale est réinvesti directement dans la communauté.
J'aimerais revenir en arrière. Quand on m'a demandé de faire une présentation devant le comité, j'ai demandé pourquoi. On dirait que les témoins du groupe précédent, et peut-être même quelques intervenants du groupe actuel, ont mis l'accent surtout sur la formule de partage. On m'a demandé de donner mon point de vue sur le rôle que joue l'industrie de la pêche au crabe des neiges dans la vie des communautés des premières nations micmaques que je représente. J'ai donc préparé mon exposé en fonction de cette demande. Je vais parler brièvement de la formule de partage, mais j'ai l'impression que c'est le sujet sur lequel porte toute cette réunion.
L'argent que génèrent la pêche au crabe des neiges et la pêche commerciale est réinvesti directement dans les communautés. Le chef et les conseillers de chaque communauté déterminent ce qu'il convient le mieux de faire avec l'argent que génèrent les entreprises de pêche commerciale. Cet argent est consacré à des services essentiels au sein de chaque communauté, comme le logement, l'éducation, l'infrastructure, les services sociaux, la santé, les services communautaires, la création d'emplois, les entreprises communautaires et l'amélioration du bien-être. Les emplois qui découlent de la pêche au crabe des neiges créent des occasions et favorisent un bien-être qui n'existaient pas avant la décision Marshall.
Les revenus tirés de la pêche et le nombre d'emplois créés ne garantissent toutefois pas une subsistance convenable pour chaque membre des communautés; dans la plupart des communautés, les revenus provenant de la pêche au crabe des neiges sont utilisés pour compenser l'argent perdu dans d'autres pêches, et on espère que les employés vont réussir à accumuler assez d'argent et à obtenir des prestations d'assurance-emploi suffisantes pour assurer leur subsistance en dehors de la saison de la pêche. Les chefs et les conseils déterminent, au nom de leur communauté, quelle est la meilleure façon de faire profiter le plus grand nombre de gens possible; ils lancent des projets de travail et favorisent les services essentiels, et ils financent les entreprises et les pêches qui ne sont pas rentables pour créer des emplois.
Comme vous le voyez, il existe une dépendance à l'égard de la pêche au crabe des neiges. Nous comprenons l'importance de ne pas pêcher à tout prix, et nous voulons que cette ressource soit là pour les prochaines générations, pour aider nos communautés et leur peuple; par conséquent, nous appuyons les recommandations et les conseils des scientifiques.
À notre avis, la définition de « subsistance convenable » n'a pas été prise au sérieux. Aucun accord de subsistance convenable n'a été respecté depuis la décision Marshall. L'Initiative de l'après-Marshall s'est avérée très positive pour nos communautés; les choses se sont beaucoup améliorées depuis la décision, mais elles sont encore loin de là où nous voudrions qu'elles soient. Il faut en faire davantage pour favoriser les occasions économiques et les occasions d'emploi au sein des communautés micmaques; le fait d'accroître l'accès à la pêche au crabe des neiges est un début.
La situation de l'industrie de la pêche au crabe des neiges sur le plateau néo-écossais est bonne grâce aux réductions que les participants ont faites et aux décisions qu'ils ont prises par le passé. À preuve, le crabe est très abondant cette année; la biomasse a atteint un sommet et s'apprête à redescendre. Il s'agit là d'un phénomène naturel chez le crabe des neiges et c'est facile à prévoir, tandis que les prix et l'engagement politique ne le sont pas.
Le TAC n'a jamais été aussi élevé, mais malheureusement nous devons composer avec de bas prix à cause de l'économie. En raison de la baisse des prix du crabe et de la hausse des coûts d'exploitation, les communautés ont dû adapter leurs budgets pour compenser les pertes, et elles ont dû prendre des décisions qui ont une incidence sur le bien-être de leurs membres.
Tout rajustement des quotas à la baisse a une incidence sur les sept communautés micmaques qui pêchent le crabe des neiges et sur leur quelque 10 000 membres. Cela englobe les conséquences liées à la délivrance du nouveau permis de même que les effets qui pourraient se produire si la formule de partage proposée était mise en oeuvre. En diminuant les quotas des communautés des premières nations, on diminue le nombre d'emplois et le montant d'argent pouvant être consacré aux services essentiels dans les communautés.
Le Plan de gestion intégré des pêches ne proposait pas d'accroître l'accès au crabe des neiges dans les zones 23 et 24, et il y est indiqué que la pêche est à son maximum. Avant la décision Rhyno, les sept communautés micmaques de la Nouvelle-Écosse qui pêchent sur le plateau néo-écossais ont demandé d'avoir un plus grand accès à la ressource, ce qui leur a été refusé; puis le ministre de l'époque a délivré un nouveau permis sans frais à un non-Autochtone, ne prévoyant d'avantages pour ni l'une ni l'autre des communautés micmaques.
Il aurait fallu tenir compte de la décision de la Cour suprême avant de prendre la décision Rhyno. Nous avons perdu la confiance que nous avions à l'égard du MPO et de tout le processus à cause de la décision Rhyno, et nous sommes là à nous demander si les tribunaux et le gouvernement fédéral cherchent vraiment à protéger nos droits. Comment une personne peut-elle obtenir un permis pour cette zone de pêche lucrative sans que les Micmacs de la Nouvelle-Écosse ou les pêcheurs concernés ne soient consultés? Les Micmacs auraient dû être les premiers à avoir droit à un plus grand accès à cette zone compte tenu des promesses de subsistance convenable faites dans la décision Marshall. La décision Rhyno a réduit le quota de chaque personne et communauté micmaque, et tout rajustement de la formule de partage aura les mêmes conséquences.
La délivrance de permis au titre de la décision Rhyno va à l'encontre de la politique d'attribution des permis de pêche commerciale de 1996 pour l'Est du Canada, selon laquelle le MPO accorde une attention particulière aux peuples autochtones pour ce qui est des permis commerciaux quand l'occasion se présente. Le ministre a eu l'occasion de s'acquitter de ses obligations découlant de l'Initiative de l'après-Marshall et de faire en sorte que les communautés micmaques bénéficient d'un plus grand accès à la ressource, mais il ne l'a pas fait. Cette décision a été prise avec un mépris total de la conservation, des premières nations et des protocoles de gestion qui existaient à l'époque. La décision Rhyno incite les communautés des premières nations à s'interroger sur la capacité du MPO en matière de gestion. Nous n'avons d'autre choix que de nous demander si le MPO tient compte des droits issus de traités ou de la viabilité des communautés des premières nations lorsqu'il prend des décisions.
Merci.
Le rapport de la commission indépendante a été déposé en 2005, tout juste avant la saison de pêche. La recommandation relative à la répartition 50-50 n'a pas été acceptée par le ministre. Par la suite, une série de réunions ont été tenues pour discuter de la mise en oeuvre. La recommandation proposée était la répartition 50-50, comme on l'a mentionné.
L'interprétation qu'en fait une personne raisonnable, par contre, est un point intéressant. Je me considère moi-même comme une personne raisonnable et je connais d'autres personnes qui pensent aussi qu'elles le sont et qui n'ont rien compris au concept de la valeur d'application, dans le sens où nous pensions que la répartition 60-40 était en fait un seuil, pas une application.
C'est dans ce terme et dans sa signification que réside la subtilité. Quand on parle d'application, on parle d'un événement qui est déclenché, alors que quand on fait référence à un seuil, on fait référence à une mesure qui s'applique au-delà d'un certain niveau mais qui ne s'applique pas quand le niveau n'est pas atteint. Comme nous avons passé par une série de seuils et de modifications, nous pensions que c'était quelque chose qui s'appliquait seulement lorsque nous dépassions un certain niveau — au-delà de ce cap.
Cette notion a été mise en oeuvre dans le plan de gestion de 2007 à 2011, que certaines personnes ont en main en ce moment. Nous n'avons pas pu prendre connaissance du plan de gestion avant la réunion consultative de 2008, au moment où nous avons reconnu pour la première fois qu'il y avait un problème.
Donc le rapport de la commission a été présenté en 2005. Je veux dire... Je gagne ma vie avec la pêche — c'est ce que je fais —, et comme pêcheurs, nous ne nous attardons pas beaucoup à l'analyse des documents. Nous essayons de comprendre ce qu'ils signifient et nous poursuivons notre chemin.
Lorsque nous avons vu ce que contenait le plan intégré de gestion des pêches, à la réunion de mars 2008, nous avons reconnu qu'il y avait un problème d'interprétation et que l'on parlait d'une application, pas d'un seuil. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à poser des questions pour savoir ce que ça signifiait, si c'était une application ou un seuil. Nous avons encore parlé...
Beaucoup de travail a été fait au sujet de la lettre de Joan Reid, dans laquelle il est indiqué que si on atteint un certain niveau, cette mesure sera appliquée. Tout à fait. Étant donné l'annonce et le rapport du ministre dont parlait M. Byrne, leur intention était claire. Nous n'avions tout simplement pas compris. Nous ne savions pas qu'ils ne parlaient pas de la même chose que nous, mais quand nous avons pris conscience de ce problème d'interprétation, nous avons présenté des cas, nous avons fait des recommandations et nous avons pris la parole en public. Nous sommes allés aux réunions consultatives et nous avons parlé ouvertement. Rien n'a été fait en catimini.
Je le répète, la commission a vraiment considéré de nombreux points, et son travail était très difficile. La majeure partie des recommandations ont été mises en oeuvre. Le problème du partage 50-50 ou 60-40 s'avère somme toute intéressant. Il est rattaché à toute une série de dilemmes et, en bout de ligne, c'est la raison pour laquelle la recommandation n'a pas été acceptée d'emblée.
Le problème ne change pas. Ce qui a changé, c'est que le prix du crabe des neiges pendant la saison 2004 dépassait 3 $ la livre. Nous avons indiqué 2,50 $ la livre dans notre analyse économique à l'intention de la commission; on en a ri parce que ça n'aurait jamais pu être moins que cela. On n'a jamais revu des prix à 2,50 $ depuis ce temps. Si on ajoute la crise économique et tout le reste, en plus des fluctuations des ressources — on obtient des fluctuations économiques. On ne peut pas simplement céder notre quota pour une poignée de pain et penser ensuite que notre situation sera viable si nous le rachetons. Les mauvaises saisons, nous n'avons pas d'argent, et les bonnes saisons, les prix sont élevés. La valeur monte et redescend.
Nous n'avons pas compris qu'il y avait un problème d'interprétation. Nous n'avons reçu le Plan de gestion intégrée des pêches que trois ans après le dépôt du rapport. Je veux dire, même la réunion d'aujourd'hui découle d'une décision qui a été prise il y a plus d'un an. Nous en sommes à notre deuxième saison de pêche depuis. C'est simplement que parfois, ça prend du temps pour comprendre ce qui se passe. Ça ne se fait pas du jour au lendemain.
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Oui, je le sais. Je serai très bref.
En ce qui a trait aux prévisions relatives à la biomasse, nous avons la chance de compter sur un groupe merveilleux de scientifiques. Tout cela a commencé lorsque Mikio Moriyasu et l'unité d'évaluation du crabe des neiges dans le golfe sont venus faire le relevé au chalut en 1996-1997. Vers 2002 ou 2003, la région de Scotia-Fundy a procédé à ses propres évaluations scientifiques avec l'aide de M. Jae Choi, un brillant scientifique avec qui j'ai développé une relation extraordinaire. J'ai moi-même une maîtrise en sciences, et nous sommes en mesure de communiquer efficacement.
Au début des années 2000, la biomasse était accumulée, si bien que nous avons commencé à pêcher la ressource. Malheureusement, pour une raison qui m'échappe, nous avons perdu toutes les formes de recrutement. La population de femelles a disparu. Le portrait n'était pas très reluisant. En 2005, le paysage était très désolé, et nous avons continué de procéder à des coupures rapides et importantes conformément à la recommandation.
Vers 2007, le problème s'est résorbé et on a commencé à voir des pointes de recrutement. Il y a eu un petit soubresaut, puis ça a commencé à croître. Il y a une série d'histogrammes, et les images valent 1 000 mots — définitivement, la croissance a été bonne.
Pendant cette période, les titulaires des 61 permis créés en 2005 ont bénéficié à part égale de la croissance. Il y a eu une augmentation de 31 p. 100 du total autorisé des captures l'année dernière. Cette année, l'augmentation sera de 22 p. 100. Les nouveaux partenaires commerciaux ont reçu une augmentation de 31 p. 100 l'année dernière et de 22 p. 100 cette année. Ils bénéficient donc d'un maximum de plus de 50 p. 100 par rapport à ce qu'il était il y a quelques années, comme nous tous d'ailleurs, parce que le partage s'est fait équitablement pour tous.
Pour l'avenir, on prévoit encore des vagues ou des pointes de recrutement. Les activités de pêche semblent très prometteuses pour les deux ou trois prochaines années. Ensuite, nous vivrons probablement un certain déclin, comme c'est le cas pour toutes les pêcheries.
L'augmentation que nous connaissons en ce moment s'est faite beaucoup plus rapidement que le prévoyaient les scientifiques. En 2005, on n'entrevoyait aucune reprise, mais il semble que les coupures radicales que nous avons observées ont permis une reprise plus rapide. Actuellement, nous constatons un certain recrutement même si nous pêchons la ressource. Par exemple, l'année dernière, la biomasse exploitable a connu une augmentation de 45 p. 100. Nous avons appliqué une augmentation de 22 p. 100, parce que nous avions des raisons d'être prudents, mais toujours est-il que l'augmentation de la biomasse exploitable était 45 p. 100 supérieure à nos prévisions de 2009 à 2010, ce qui est énorme. Une bonne partie de cette augmentation est attribuable aux coupures que nous avons réalisées. C'est pourquoi nous estimons que nous essayons de prendre les bonnes décisions, puisque nous avons une forme d'interaction avec la science et que nous intervenons quand c'est nécessaire.
Je ne veux pas m'attarder sur ce qui a été dit par le groupe précédent, mais la flottille permanente et la flottille autochtone ont financé entièrement le relevé au chalut avant la venue des titulaires de permis commerciaux, et elles poursuivront dans la même veine. Le relevé sera financé à 100 p. 100, peu importe qui paie. Il était extrêmement important de les avoir ici, et c'est toujours d'une importance capitale, alors nous finançons le relevé depuis trois ans. Ils n'ont pas à payer le total de la facture pendant ces années, mais la situation commence tout juste à se détériorer.
Voilà pour la question de la biomasse.
Excusez-moi; quelle était votre question relative à la formule?
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Je pense que M. Gardner a mal compris ce qui s'est passé, même sur le plan de la distribution.
Les permis sont tous égaux au départ, mais les détenteurs de contingent n'ont pas été sanctionnés. Dans un cas où il y avait 22 détenteurs de contingents pour un permis et 14 pour l'autre, les permis ont été ajustés pour en tenir compte. Cela était fondé sur le principe que 16 détenteurs de contingents représentaient un permis de flotte permanent. De sorte que 16 permis correspondent à un permis traditionnel. S'il y en avait 14, cela voulait dire deux unités de moins ou deux unités de plus, mais les permis seraient répartis également parce qu'il y a 16 parts par permis pour tous les permis qui ont été attribués.
Comment sont-ils répartis — il y en a qui en ont 22 et d'autres 14 — il suffit de faire le calcul. Cela fonctionne bien et tout le monde reçoit une part égale. Il n'y a pas personne qui en reçoit davantage parce qu'ils sont liés à un groupe ou qu'il y en a moins pour un autre.
Les stocks sont reconstitués. Ils sont à leur niveau le plus haut à l'heure actuelle, et c'est une excellente chose. Nous faisons de notre mieux pour les gérer sur des bases scientifiques. Malheureusement, nous ne pouvons pas gérer la valeur économique.
Le comité a mentionné un prix de 3 $. À l'heure actuelle, le prix à terre se situe autour de 1,45 $ ici, et je crois qu'il est de 1,35 $ à Terre-Neuve. Cela représente moins de la moitié de ce qu'il était auparavant. Vous pouvez faire le calcul comme vous voulez, mais si vous prenez deux fois plus de poissons et le vendez à moitié prix, vous restez au même niveau.
Le problème est qu'il faut faire la moyenne de toutes ces choses. Il y a trois choses différentes. Il faut tenir compte de la biomasse, des aspects économiques et du gouvernement qui peut très bien arriver et vous dire: « Vous gagnez trop d'argent. Nous allons vous le prendre. » Mais les représentants du gouvernement ne sont jamais là lorsque vous n'en gagnez pas suffisamment. Alors ils vous disent: « Il suffit de rationaliser vos opérations. Il suffit de vous regrouper avec vos amis. »
Pour revenir à une des questions que M. Blais a posées tout à l'heure, il faut dire que notre industrie a une capacité de production excédentaire. Cela a toujours été un problème dans tous les genres de pêche, parce que, lorsque la capacité est excédentaire, et qu'il n'y a pas suffisamment de poissons, et trop de pêcheurs, alors cela crée des difficultés. Lorsque la rentabilité commence à diminuer, en fin de compte personne ne veut s'arrêter. Je parlais plutôt des détenteurs d'affectations temporaires qui risquaient d'être exclus de la pêche, parce que les stocks diminuaient et qu'ils ne voulaient pas cesser leurs opérations. Il faut donc faire ce qu'il faut faire. Peu importe le niveau des contrôles et de la surveillance ou du reste. Si vous êtes obligé de choisir entre nourrir votre famille ou renoncer à la pêche, vous prenez tout ce que vous pouvez jusqu'à ce que ça casse.
Si finalement vous décidez d'allez dans le golfe, vous faites face à l'heure actuelle à une résistance générale contre les nouveaux arrivants dans ces lieux de pêche. Ils pensent qu'ils n'étaient pas chargés de conserver leur ressource. La valeur de leur ressource ne leur appartenait pas et elle allait être donnée, de sorte qu'ils se sont absolument opposés à tout changement. Ils ont suivi une autre méthode que la nôtre et ils se trouvent dans une situation différente de la nôtre. Ils avaient auparavant d'excellents rapports avec les scientifiques de la région du Golfe, mais ce n'est plus le cas maintenant.
Il faut absorber les cycles, comme vous l'avez dit. Mais il faut mettre de l'argent de côté, rembourser les dettes et se préparer, parce que nous savons très bien que les stocks vont diminuer, que cela nous plaise ou non. Nous n'exerçons aucun contrôle sur la rentabilité de notre pêche. Cela fait cinq ans qu'elle n'est pas très bonne et rien ne montre que la situation va s'améliorer.
Ce sont donc là les facteurs dont la ministre a également tenu compte. Elle est revenue sur ce qu'avait déclaré l'ancien ministre Regan, mais le ministre Regan a pris la meilleure décision possible à partir des renseignements dont il disposait. Nous nous retrouvons cinq ans plus tard. Nous possédons davantage d'information et comprenons mieux les choses; la situation a également évolué.
Pour ce qui est du plan intégré de gestion des ressources halieutiques — la bible — et de la nécessité de le suivre et de l'appliquer, ce plan a été rejeté en 2004. La flotte de la zone 23 et les participants autochtones de la région ont présenté une demande de contrôle judiciaire parce que le ministère n'appliquait pas le PIGRH en vigueur. Finalement, la cour a déclaré qu'il s'agissait seulement d'un document d'orientation, d'un guide, et non pas d'un texte qu'il fallait suivre à la lettre. Il n'est pas possible d'entraver le pouvoir discrétionnaire du ministre, parce qu'à mesure qu'il obtient de nouveaux renseignements, il doit avoir la possibilité de prendre la meilleure décision possible, en se basant sur les meilleurs renseignements possibles.
La situation a changé. Il faut tenir compte de ces aspects, ce qui a été fait.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de me donner la possibilité de prendre la parole aujourd'hui.
J'aimerais vous transmettre les salutations du ministre Belliveau. Il assiste au conseil des ministres aujourd'hui, mais il aurait aimé être ici avec moi pour parler de l'industrie du crabe des neiges en Nouvelle-Écosse. Malheureusement, j'ai dû venir seul aujourd'hui.
Comme vous le savez, la pêche se pratique tout le long de nos côtes, et c'est pourquoi j'aimerais parler d'un point de vue un peu plus général. Je comprends que vous êtes ici dans la région des Maritimes et que vous vous intéressez davantage aux zones 23 et 24. Je vais toutefois parler également des secteurs du golfe. Je sais que vous serez à Moncton demain, et je crois que certains sujets que je vais aborder feront partie de ceux dont on va vous parler demain.
Je vais aborder un certain nombre de points. Premièrement, j'aimerais parler un peu de la conservation du crabe. J'aimerais parler de la gestion du crabe.
J'ai distribué des graphiques et des cartes. J'aurais aimé pouvoir vous transmettre ces documents plus tôt. Je vous prie de m'excuser. Nous n'avons terminé qu'hier et nous n'avons pas pu envoyer tout cela à temps pour que cela soit traduit.
Vous constatez qu'autour de la Nouvelle-Écosse, nous avons des activités qui touchent le Golfe dans les zones 12, 12F, 19 et l'ancienne zone 18, qui fait maintenant partie de la zone 12. Dans la région des Maritimes, il y a dans la baie de Sydney les zones 20 à 22 et ensuite les zones 23 et 24 dans les zones côtières éloignées et dans la région sud de la Nouvelle-Écosse, la zone 4X. Je vais parler des méthodes de gestion et des problèmes qui concernent chacune de ces zones. Je vais bien sûr également parler de l'importance économique de cette industrie pour la province.
Au cours des 10 dernières années environ, le crabe des neiges a toujours figuré dans les trois premières places, et parfois dans les quatre premières, parmi les pêches en Nouvelle-Écosse. Il a déjà été au second rang. Notre première pêche est, bien sûr, le homard. Elle représente habituellement une valeur qui se situe entre 300 et 500 millions de dollars, mais ces dernières années, le crabe des neiges est la pêche qui se situe au deuxième, troisième ou quatrième rang dans la province.
J'ai distribué également un graphique pour vous donner quelques renseignements sur la valeur et les débarquements. Vous pouvez constater que les débarquements vont de 12 000 tonnes à environ 20 000 tonnes pour la province. La valeur de ces débarquements est un domaine dans lequel il y a des écarts considérables, puisqu'elle va de 34 millions de dollars environ à près de 122 millions de dollars. Je pense que vous allez beaucoup parler de la ressource au cours de vos audiences, mais en Nouvelle-Écosse, le prix a eu des effets beaucoup plus radicaux sur nos collectivités et même sur la ressource. Les stocks de crabes des neiges varient énormément, mais le changement considérable qu'a subi son prix, principalement à cause des taux de change et de l'importance des États-Unis pour nos ventes, a eu un effet considérable sur notre collectivité côtière et sur nos pêcheurs.
Quant à la conservation... Vous en avez sans doute parlé un peu ce matin. J'aimerais souligner le fait que nous avons beaucoup de chance de nous occuper du crabe des neiges parce que cette espèce possède par sa nature un certain nombre d'aspects favorisant la conservation. Premièrement et surtout, la reproduction est une phase qui est bien protégée pour le crabe des neiges. Nous ne débarquons pas de crabe femelle. La limite de taille et leur répartition les protègent relativement bien des activités halieutiques. Les mâles ne sont pas pêchés ou ciblés tant qu'ils n'ont pas atteint l'âge adulte et terminé leur dernière mue. Par conséquent, les mâles se reproduisent toujours au moins une fois, et ils peuvent même se reproduire plusieurs fois, selon le nombre qui subsiste après la récolte annuelle. Il y a un groupe de crabes qui atteignent l'âge adulte, mais qui n'ont jamais la taille légale. On les appelle les pygmées dans notre industrie. Il y en aura toujours pour faire de la reproduction. Nous nous trouvons donc dans une situation très favorable. La population de poisson peut avoir le potentiel de reproduction d'une biomasse vierge. Les femelles sont là, elles se reproduisent et elles sont en mesure de préparer les stocks futurs.
Il y a toutefois certains membres de la communauté scientifique qui craignent que le seul fait de retirer des mâles ait un effet sur le potentiel de reproduction. C'est une simple possibilité. Je pense qu'il faudrait étudier la chose davantage, mais, dans l'ensemble, nous aimerions beaucoup nous trouver dans cette situation pour le homard, le poisson de fond, et certains autres secteurs de pêche, et pouvoir dire que nous ne ciblons jamais les femelles, que tous les mâles terminent leur croissance et peuvent se reproduire. Pour ce qui est de la reproduction des stocks, nous nous trouvons donc dans une excellente situation.
De plus, du point de vue de la conservation, j'ai parlé des mâles qui avaient terminé leur dernière mue. Ils terminent leur croissance avant d'arriver dans le secteur de pêche. Ils effectuent leur dernière mue. Au départ, ce sont des crabes à carapace molle, et un an après environ, ils deviennent de bons crabes à carapace dure. Leur qualité est excellente pendant un ou deux ans, ensuite cette qualité se détériore et finalement, ils meurent. On a deux à quatre ans pour pêcher ces crabes, après ils sont perdus. L'idée d'en conserver de grandes quantités en pensant à la pêche à long terme ne tient donc pas. Nous n'avons pas ce luxe pour le crabe des neiges. Du point de vue biologique, c'est un stock qui se prête bien à la pêche.
Il y a quelques domaines clés. La protection du crabe blanc, du crabe qui a mué est un élément essentiel, en particulier ceux qui, après la mue, atteignent la taille exigée et peuvent être pêchés. Il est essentiel de laisser ces crabes au fond, sans y toucher, en leur donnant le temps de récupérer pour qu'ils puissent ensuite reconstituer les stocks. Ce sont les crabes qui sont importants pour l'année suivante. La plupart des zones de pêche ont des protocoles qui protègent le crabe blanc.
Il est également essentiel de disposer de bonnes données scientifiques. Les résultats du relevé au chalut ont été utilisés avec succès pour la pêche au crabe des neiges. Nous avons beaucoup de chance. Ce sont sans doute les meilleures données scientifiques dont nous disposons pour évaluer les stocks. Il ne faudrait toutefois pas pêcher par excès de confiance. C'est un outil. Il n'est pas précis à 100 p. 100. Les estimations comportent des fourchettes. Le nombre dont nous parlons toujours se trouve au milieu, mais l'écart peut être très important; cela dépend du nombre des échantillons. Nous avons tout de même de la chance de disposer des données du relevé au chalut pour gérer ce genre de pêche.
L'application de la loi est une priorité, en particulier pour la conservation, lorsqu'il s'agit de faire respecter les lignes. C'est peut-être un problème qui se pose davantage dans le Golfe puisqu'on y trouve un grand nombre de zones de pêche différentes. Dans la région de la Nouvelle-Écosse et de la baie de Fundy, les débarquements des contingents font problème. La surpêche est une préoccupation. Il faut surveiller attentivement les débarquements pour être sûr que les contingents sont véritablement respectés et qu'il n'y a pas d'abus. Ce sont là des aspects essentiels de la conservation.
J'aimerais dire quelques mots de la gestion. Je pense qu'il faudra introduire une certaine souplesse dans la gestion, en particulier dans des domaines comme les droits d'exploitation. Je sais que l'on va vous parler demain du principe de précaution. On va vous parler de la surpêche dans la zone 12 et de la nécessité de réduire considérablement les contingents cette année. C'est une opinion légitime. Par ailleurs, c'est un peu comme la maternité. Les gens disent que les stocks diminuent rapidement et qu'il faut donc prendre des mesures draconiennes. Il est difficile de critiquer cette attitude.
Il ne faudrait toutefois pas oublier que nous parlons de droits d'exploitation qui touchent un faible pourcentage de la population de la région. Nous ne pêchons pas les femelles. Nous ne pêchons pas les jeunes mâles. Nous pêchons uniquement les crabes mâles qui ont terminé leur dernière mue, les gros mâles. Lorsqu'on parle d'un taux d'exploitation de 50 p. 100, les gens pensent que c'est un chiffre très agressif. Mais il faut toutefois comprendre que près de 75 p. 100 de la population pêchée ne se trouve pas dans le stock qui est pêché. Cela représente 50 p. 100 de la biomasse disponible ou 20 p. 100 de la biomasse disponible — les mâles qui ont terminé leur croissance et qui ont maintenant la taille exigée. C'est ce que j'aimerais que vous reteniez de mon intervention. Lorsque les gens parlent d'exploitation, ils ne parlent pas de l'ensemble de la population. Cela concerne un faible pourcentage de ce que vous pêchez.
Je pense que, dans certaines limites, l'industrie devrait disposer d'une certaine souplesse pour déterminer les droits d'exploitation. Il devrait y avoir une fourchette qui est considérée comme étant raisonnable. La vérité est que si vous les pêchez cette année, ils ne seront pas là l'année prochaine. Mais un certain nombre de ces crabes vont mourir de cause naturelle. Il n'est pas possible de les laisser très longtemps, il faut donc en arriver à un équilibre entre la stabilité et une gestion responsable avec l'utilisation des crabes de dernière mue qui apparaissent avec les vagues de recrutement que connaît cette pêche, parce que c'est une ressource à vagues. J'ai vu ces cycles dans le golfe. Ce type de pêche est arrivé à maturité, il l'est en fait depuis le début des années 1970. Il y a bien sûr des cycles. C'est une pêche relativement nouvelle au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, mais on y retrouve les mêmes cycles.
J'aimerais également mentionner le principe de précaution appliquée à la gestion. Je suis tout à fait en faveur des mesures de précaution et d'agir en gestionnaire responsable de la ressource. Nous devons viser la durabilité, mais si nous en arrivons au point où nous agissons ainsi par principe et non pas en nous basant sur de bonnes raisons scientifiques, alors je me pose des questions. Je pense que c'est parfois ce qui se passe avec le crabe des neiges, et qu'il y a des gens qui se contentent de répéter que les stocks diminuent et que nous devons donc réduire la pêche. Ce pourrait être aussi bien un cycle tout à fait naturel. Il n'y a rien que nous puissions faire. De sorte que si nous avons une biomasse très réduire, nous pouvons faire notre possible du point de vue de la pêche ou alors nous abstenir, adopter une attitude très conservatrice pour ce qui est de la pêche, et regarder ces crabes mourir de toute façon d'ici un an ou deux, de causes naturelles.
Je dirais qu'il est presque sacrilège de parler de cette façon, mais je voulais vous le dire pour que vous examiniez ce point de vue.
Je vais brièvement passer en revue les zones. Les zones 12, 18 et 12F constitue la zone de crabe la plus productive dans les Maritimes. C'est la plus ancienne zone de pêche commerciale. Elle a été explorée — Cap-Breton, Île-du-Prince-Édouard et Nouveau-Brunswick — au milieu des années 1960. Elle est devenue une pêche commerciale à la fin des années 1960 et au début des années 1970 au Nouveau-Brunswick et au Québec, et au début des années 1970 à Cap-Breton, et plus tard, dans l'Île-du-Prince-Édouard. Les débarquements ont été très cycliques. Je me souviens, je crois que c'était à la fin des années 1980, que le TAC était de 7 000 tonnes. Cela a fait tout un choc à l'époque. Je me souviens qu'au milieu des années 1980, les débarquements représentaient près de 32 000 tonnes avant la gestion basée sur les TAC. De sorte que les stocks de crabes passent par des cycles, et depuis que les scientifiques ont effectué un relevé au chalut, cela est ressorti très clairement. Vous pouvez voir le passage des vagues des différentes catégories selon l'année dans cette ressource. Elle a donc beaucoup varié.
L'ancienne zone 18, vous allez entendre demain un certain nombre de points de vue différents. Un considère que la zone a été mal gérée du point de vue des allocations. Vous allez entendre les gens de la zone 12 traditionnelle. Cette préoccupation s'explique en partie par le déplacement des zones de l'Île-du-Prince-Édouard dans la zone 12 de pêche, et dans la zone 18. La zone 18 se trouve dans la région de la Nouvelle-Écosse, et nous nous y intéressons donc particulièrement. C'est une zone très productive où l'on pêche depuis longtemps le crabe blanc. Il y a donc eu beaucoup de recrutement et de croissance dans cette zone et le crabe se déplace vers les zones du golfe plus étendues, si je peux m'exprimer ainsi. Il a donc été décidé au sujet de la zone 18 de la regrouper, de prendre le crabe qui provenait habituellement de la zone 18 et de l'intégrer à une zone plus vaste, regroupée avec la zone 12. Cela a permis à la pêche effectuée dans la zone 18 de stabiliser les problèmes touchant le crabe blanc. Cela a été une excellente chose pour la ressource et cela a été une bonne décision de gestion pour les pêcheurs de la zone 18.
Il en va de même pour les pêcheurs des zones 25 et 26 de l'Île-du-Prince-Édouard. Certains diront que cela fait également partie du problème de la zone 12. Eh bien, comme je l'ai mentionné, la fusion de la zone 18 a introduit cette ressource dans une nouvelle zone plus étendue. Cela n'a donc pas eu vraiment d'effet sur les autres pêcheurs, mais cela a permis de stabiliser la pêche dans la zone 18. C'était donc une bonne chose.
La zone 12F est une zone marginale qui se trouve au nord du Cap-Breton, une très petite zone de pêche, avec du crabe local qui serait mort s'il n'avait pas été récolté dans cette zone. Ce n'est donc pas une très grande zone, mais elle est très importante pour les quelques pêcheurs qui y travaillent et, comme dans toutes les autres zones, la grande question pour l'économie de ces zones, ce sont les prix.
On pêche dans la zone 19 depuis les années 1960. C'est une zone de haute production. Si vous regardez vos graphiques, c'est le secteur au large de Cheticamp et on y a pratiqué la pêche de façon cyclique depuis lors. Ce secteur de pêche est passé de six permis côtiers à 180 permis côtiers, et à la différence de ce qui se passe dans de nombreuses autres zones, cette évolution est principalement le fait de l'industrie. Elle a présenté divers plans visant les pêcheurs d'espèces multiples, principalement les pêcheurs de homard.
Chacun des 180 pêcheurs peut avoir entre 3 et 26 casiers. Il y a des quotas associés au nombre de casiers. Le plan de gestion conçu par l'industrie est quelque peu particulier, puisqu'il permet le partage des ressources, mais aussi leur transfert. Il s'agit d'une pêche estivale, et c'est pourquoi elle ne suffit pas à elle seule. Les pêcheurs prennent le homard et ensuite le crabe des neiges, mais ils suivent aussi un protocole sur le crabe blanc afin de protéger les ressources.
La zone 19 est relativement petite comparé à la zone 12. C'est une zone très mouvementée tant que le crabe des neiges s'y promène. Les crabes vont et viennent. Le relevé effectué à l'automne dans une petite portion de la zone 19 n'est pas suffisamment fiable pour prédire comment sera la pêche l'été suivant. C'est le principal problème dans la zone 19, et j'espère que vous en entendrez parler demain.
Pour parer à ce problème, l'industrie procède depuis quelques années à un relevé au printemps. Il faut savoir que si on pêche le crabe à l'été, il est en pleine période de migration — quand il se promène dans un secteur aussi petit que la zone 19, le moindre petit mouvement peut avoir une grande incidence sur la biomasse disponible à la pêche, et la plus grande partie de la migration se fait après le relevé au chalut. En faisant le relevé au printemps, juste avant le début de la saison de pêche, on obtient ainsi une évaluation scientifique précise sur les stocks disponibles dans la zone 19.
Pour 2010, on parle de ne pas faire de relevé printanier avant la saison de pêche dans la zone 19. Il y a un lien avec la zone 12. En effet, ceux qui exploitent la zone 12 se demandent pourquoi la zone 19 bénéficie d'un traitement de faveur. Ils ne comprennent pas que la zone 19 est unique. Les circonstances sont uniques et c'est pourquoi le relevé du printemps est essentiel. Il existe aussi un plan de cogestion à long terme pour cette zone. Les pêcheurs de cette zone sont probablement le meilleur exemple de collaboration que j'ai eu l'occasion de voir depuis que je travaille avec le MPO pour ce qui est d'établir un plan de pêche collectif s'étalant sur plusieurs années, et ce, toutes espèces confondues. Ils font cela depuis plus de dix ans dans la zone 19. Ce plan prévoit entre autres une échelle de taux d'exploitation. Il prévoit un barème pour la saison et énonce les façons de gérer les pêches.
L'idée de vouloir appliquer à la zone 12 ce qui se fait dans la zone 19 peut être une source de préoccupation. Ça reviendrait en effet à pénaliser éventuellement un groupe qui a toujours collaboré avec le MPO en raison des problèmes que connaît une autre zone. Le relevé printanier est essentiel pour connaître avec précision le taux de biomasse pour la saison 2010 et afin de préserver le plan de cogestion à long terme qui a été adopté d'un commun accord entre le MPO et les représentants de l'industrie. Le temps presse, et j'espère que vous, en tant que membres de ce comité, aurez le pouvoir d'exiger que ce relevé essentiel se fasse au cours des prochaines semaines, de manière à maintenir les bons rapports positifs qu'entretiennent les pêcheurs dans la zone 19.
Pour revenir rapidement sur les eaux au large de la Nouvelle-Écosse, dans les zones 20 à 22, le rendement est plutôt bas. C'est un facteur important compte tenu du nombre de pêcheurs d'espèces multiples qui s'y trouvent, mais c'est aussi tout un défi à relever, surtout avec des prix aussi bas.
Vous avez beaucoup entendu parler des zones 23 et 24 aujourd'hui. Ces zones ont été ouvertes à la pêche dans le milieu des années 1970. Elles ont connu une très grande expansion dans les dix dernières années. Ces zones sont très vastes, et on craint donc que la province se retrouve dans des sous-zones. Au début, quand la zone a été ouverte, il y avait les zones 23A, 23B, 23C et 23D, de même qu'une plate-forme — vous avez dû en entendre parler —, et c'était la même chose dans la zone 24. Quand on a tout modifié, il y a environ cinq ans, on a éliminé les sous-zones. Quand nous avons fait notre présentation, nous avons demandé que les sous-zones soient conservées, du moins jusqu'à ce que de nouveaux outils soient mis en place pour assurer une répartition équitable de la pêche dans toute la zone.
Pour ce qui est de la population de crabe, comme je l'ai dit, les crabes matures peuvent être pêchés à partir d'une certaine taille seulement. Si personne ne les pêche après leur dernière mue, c'est une occasion perdue, et les pêcheurs s'attrouperont dans les zones les plus accessibles. Ça devient un véritable problème en raison des prix si bas. Tous essaient de dépenser le moins possible pour pêcher les ressources, et c'est pourquoi on craint que les zones 23 et 24 ne soient délaissées par les pêcheurs de crabe pour la simple et unique raison qu'elles sont éloignées.
Nous sommes aussi préoccupés par le fait qu'après sa dernière mue, des bernaches se forment sur la carapace du crabe. Pour résoudre ce problème dans les zones 23 et 24, il faudrait appliquer un protocole adéquat. Si les pêcheurs ramènent au port un crabe de qualité moindre, le prix sera moins élevé. Si les transformateurs perdent 10 p. 100 de leur profit sur le crabe parce qu'ils doivent enlever les bernaches de la carapace, ce qui diminue la qualité du produit, ça devient problématique. Pour remédier à la situation, il faut un protocole qui permettra de faire les ajustements nécessaires pour le crabe qui présente des bernaches. Ça se fait déjà à Terre-Neuve, qui ajuste le poids du crabe lorsqu'il présente des bernaches, et il suffirait donc d'étendre cette pratique à toute la région.
Une autre solution serait d'appliquer la pratique de bonification des prises, de sorte qu'on ne garderait que le crabe de meilleure qualité. Par contre, ça signifie qu'on rejetterait le crabe plus âgé, ce qui serait une perte économique pour l'industrie des pêches.
Vous avez entendu parler des problèmes d'accessibilité. Je suis certain que c'est une des principales raisons pour lesquelles vous êtes ici. Le ministre Belliveau a entendu les deux parties, qui défendent chacune leur position avec véhémence. Il a proposé, non seulement pour l'industrie des pêches mais pour d'autres secteurs, la mise en place d'un tribunal qui jouerait un rôle d'arbitre indépendant dans ce genre de conflit. Le concept avait déjà été avancé dans la Loi sur les pêches — les deux dernières versions, en fait — et reviendra probablement dans la prochaine version de la Loi sur les pêches. Elle devait être revue, mais nous l'attendons toujours. Ce que le ministre propose, c'est donc l'établissement d'un mécanisme judiciaire en mesure de régler les conflits, notamment en ce qui concerne l'accessibilité de la pêche au crabe, par exemple, afin d'entendre les deux points de vue et de prendre une décision juste et objective.
La situation peut changer d'année en année, comme vous avez pu le constater. Ce qui s'est passé dans certaines régions en 1990 ou en 2005 concernant le crabe des neiges pourrait ne pas se répéter en 2010. En général, nous parlons de ressources. Comme je l'ai dit, le prix est un facteur déterminant.
Enfin, l'industrie de la transformation est extrêmement importante dans l'Est de la Nouvelle-Écosse — la transformation du crabe, j'entends. Ce qui nous fait le plus mal est le taux de change pour transiger avec les États-Unis et le ralentissement économique chez nos voisins du Sud. Au Canada, surtout dans l'industrie des pêches, nous n'avons aucun contrôle sur les taux de change, mais nous pouvons essayer d'élargir notre marché, de façon à ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier. L'Europe connaît des problèmes. En Asie, nous exportons déjà le crabe des neiges au Japon, mais il y a aussi beaucoup de possibilités en Chine, et c'est donc un marché à explorer.
En Europe, la certification du Marine Stewardship Council est la clé à bien des problèmes. On constate d'ailleurs un intérêt grandissant, dans l'Est de la Nouvelle-Écosse, pour le crabe des neiges. En fait, la province a financé bon nombre d'activités du MSC dans d'autres secteurs des pêches, et nous nous apprêtons à faire de même pour la pêche du crabe des neiges. Nous pensons que c'est essentiel pour percer de nouveaux marchés en Europe. Si l'industrie est prête à s'orienter dans cette direction, nous sommes prêts à l'appuyer.
Le nombre excessif de prises est un problème pour le secteur de la transformation et nuit à la qualité du produit. On se retrouve ainsi avec un fort pourcentage de crabe blanc, un problème que l'industrie gère déjà en bonne partie, ou de crabe présentant des bernaches, comme je l'ai dit plus tôt, ce qu'il faudrait s'occuper de régler.
Malheureusement, il y a toujours l'interminable différend entre les pêcheurs et les transformateurs à propos du prix, ce qui crée beaucoup de méfiance. Pour nous, ces deux secteurs sont des partenaires de l'industrie évoluant dans un marché mondial beaucoup plus grand, et, je me répète, nous voulons les aider et les encourager à améliorer leur niveau de confiance, de sorte que les deux secteurs travaillent main dans la main.
C'est tout ce que j'avais à dire. Je vous remercie de m'avoir permis de vous exposer notre point de vue.
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Pour commencer par l'établissement des prix, la Nouvelle-Écosse ne dispose d'aucun mécanisme à cet égard. L'entente se fait uniquement entre le pêcheur et l'acheteur. Nous n'intervenons en aucune façon, que ce soit par un mécanisme législatif ou un système de négociation des prix.
Dans le passé, nous avons eu de sérieux problèmes quant à l'établissement des prix, notamment pour le crabe. En fait, nous avons même constitué un groupe de travail avec l'industrie, dans le cadre duquel les transformateurs et les pêcheurs se sont réunis pour tenter de résoudre certains des problèmes. Nous avons réussi à régler les problèmes à court terme, mais pas à long terme. Il y aura toujours un débat à savoir si les prix sont justes. Les pêcheurs diront qu'ils sont trop bas, alors que les transformateurs se plaindront de ne pas faire de profit si le prix est trop élevé à leur goût. Autrement dit, il s'agit d'un système de libre entreprise quand vient le temps de fixer les prix en Nouvelle-Écosse.
En ce qui concerne les usines de transformation, il y en a environ une douzaine capables de transformer le crabe des neiges en Nouvelle-Écosse. Il faudrait que je fasse le tour de la province, mais il y en a probablement sept ou huit actuellement en service.
En tant que province, nous ne décidons pas où et comment le crabe sera transformé. Le gouvernement ne donne aucune subvention pour l'établissement d'une usine à crabe, par exemple. Même si quelqu'un venait nous demander de l'argent pour installer une usine de transformation du crabe dans une certaine localité... Nous émettons des permis pour les usines de transformation du crabe, mais nous n'essayons pas d'en construire. Nous n'essayons pas non plus de les fermer. Je suppose que ce sont les forces du marché qui décident.
Auparavant, nous n'avions que quelques usines de transformation du crabe en Nouvelle-Écosse. L'énorme expansion qu'ont connue les zones 23 et 24 a probablement incité des personnes à en construire de nouvelles. Certains n'ont fait que passer, alors que d'autres ont survécu et assurent un grand nombre d'emplois dans la communauté.
Pour ce qui est du nombre de pêcheurs, l'exemple le plus éloquent est probablement dans la zone 19, qui compte 180 pêcheurs. Si on n'y pêchait que le crabe, cette zone ne suffirait pas à faire vivre tout le monde. Mais comme on y pêche différentes espèces ainsi que le homard et le petit peu de poissons de fond qui reste — c'est-à-dire pas beaucoup — peut-être quelques harengs et d'autres espèces... Il est possible de transférer une certaine partie des prises, d'acheter plus de casiers, mais pas plus que... Autrement dit, vous ne pouvez pas éliminer les pêcheurs utilisant trois casiers. Leurs permis doivent être transférés à un nouveau pêcheur. Les pêcheurs ont donc eux-mêmes établi un système où les jeunes pêcheurs peuvent se tailler une place dans le marché à un prix relativement bas et prendre de l'expansion petit à petit.
Ça fonctionne relativement bien. La question est plutôt de savoir si ce système survivra aux prix peu élevés que nous connaissons depuis quelques années. C'est une véritable préoccupation. Je suis sûr que l'industrie devra tôt ou tard faire face à ce problème dans la zone 19.
Dans les autres zones de la côte extérieure, notamment dans les zones 20 à 22, c'est plus difficile, parce que les prises sont peu nombreuses. Même si on y pêche plusieurs espèces, le crabe continue d'occuper une place prépondérante.
Dans les zones 23 et 24, on a vu apparaître de nouveaux regroupements de pêcheurs, comme vous l'avez entendu, plutôt que des pêcheurs travaillant seuls. Cela a réduit considérablement le nombre d'entreprises de pêche dans cette région, gardant ainsi la capacité à un très bas niveau. Il y a certaines possibilités de transfert là aussi.
Pour ce qui est de la compétition entre les provinces, nos frontières sont ouvertes et le crabe se promène partout dans les Maritimes. Nous avons un problème avec Terre-Neuve. En effet, la situation est telle que le déplacement du crabe, le crabe non transformé, de Terre-Neuve à n'importe quel endroit, est limité. Nous avons demandé plusieurs fois au gouvernement de Terre-Neuve d'abolir ce règlement pour que le crabe et les autres produits de la pêche puissent transiger librement. Mais il s'agit d'une politique prioritaire pour Terre-Neuve, donc il n'y a rien à faire.
Il y a donc une restriction quant au transfert du poisson, et ça touche le crabe à Terre-Neuve et au Québec. C'est un peu le retour du balancier, parce que notre industrie a été tellement secouée par le mouvement unilatéral du crabe. Nous nous sommes servis des accords d'échanges interprovinciaux, plus précisément de la disposition selon laquelle si une des provinces impose une barrière, les autres peuvent faire de même si l'industrie est ébranlée. Ce sont les seules restrictions que nous avons. Autrement, nous avons l'accord interprovincial pour tous les poissons, et pour le crabe des neiges dans les Maritimes.