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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tout le monde. Je voudrais commencer par remercier les membres du comité pour tout le travail qu'ils font dans le domaine des pêches.
Je suis accompagnée ce matin de Claire Dansereau, sous-ministre des Pêches et des Océans, de David Bevan, sous-ministre délégué, et de Kevin Stringer, sous-ministre adjoint responsable des programmes.
Je vais directement passer à mes observations préliminaires. Je voudrais vous remercier de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au comité aujourd'hui pour dire quelques mots des initiatives d'aquaculture du ministère.
Je sais que plusieurs d'entre vous viennent d'effectuer une tournée des fermes aquacoles de l'ouest du Canada et des États-Unis. Je n'ai donc pas besoin de vous dire qu'il s'agit d'une industrie en plein essor. La production aquacole a déjà créé au moins 6 000 emplois directs à temps plein au Canada, et près de 10 000 emplois indirects ou de soutien. Elle ajoute plus d'un milliard de dollars par année à notre produit intérieur brut et représente près de 30 p. 100 de la production totale annuelle de produits de la mer de notre pays.
On trouve maintenant des fermes aquacoles dans toutes les provinces du Canada ainsi qu'au Yukon. Leur production annuelle atteint presque 145 000 tonnes.
Je peux affirmer en toute franchise que l'aquaculture a été la bouée de sauvetage de plusieurs collectivités côtières et qu'elle leur a ouvert de nouveaux débouchés. Prenons l'exemple de Belleoram, sur la côte sud de Terre-Neuve. Belleoram et son industrie de la pêche existent depuis la fin du XVIIIe siècle, mais depuis quelques années, la ville connaissait des difficultés. Le taux de chômage avait monté en flèche, les difficultés se multipliaient et on craignait que la ville ne disparaisse. Aujourd'hui, grâce à un projet aquacole qui connaît un énorme succès, Belleoram se retrouve en situation de plein emploi ou presque. Les entreprises ont rouvert leurs portes et un vent de dynamisme souffle sur la collectivité.
Sur la côte ouest, il y a un autre exemple frappant de réussite: sur l'île de Vancouver, la Première nation Ahousat exploite une ferme aquacole qui a permis de relancer d'une façon spectaculaire une économie locale en difficulté.
Ces deux exemples mettent en évidence l'une des principales forces de l'industrie aquacole. Elle s'établit le plus souvent dans des collectivités côtières et rurales où les autres perspectives économiques sont fréquemment temporaires. Beaucoup des emplois créés par l'aquaculture sont permanents et à temps plein, et peuvent donc revitaliser une collectivité tout en respectant l'environnement. Malgré l'incertitude financière qui a marqué les dernières années, l'aquaculture a offert de nouvelles perspectives très intéressantes aux Canadiens en créant des emplois permanents, en stimulant la croissance économique et en rétablissant la stabilité.
Mais deux ingrédients sont essentiels pour maintenir cet élan: les partenariats et l'accès aux marchés. Il incombe au gouvernement du Canada d'instaurer les conditions propices à la réussite de l'industrie, mais il appartient à l'industrie elle-même de saisir les occasions qui s'offrent. Dans la conjoncture économique actuelle, de solides partenariats entre les gouvernements et les parties intéressées sont plus nécessaires que jamais, surtout si on tient compte du fait que la gestion de l'aquaculture est une responsabilité partagée.
Le gouvernement du Canada est déterminé à collaborer avec les provinces et les territoires, les Premières nations, l'industrie et les communautés scientifiques et de la conservation afin d'édifier une industrie durable et prospère.
Nous avons eu un exemple parfait de ce type de partenariat le mois dernier, lors de la réunion du Conseil canadien des ministres des pêches et de l'aquaculture qui s'est tenue à St. John's. Le Conseil a officiellement approuvé l'Initiative du Plan d'action stratégique national de l'aquaculture, ou INPASA. C'est ainsi que, pour la toute première fois, nous disposons d'un accord qui a reçu l'aval du gouvernement fédéral, des provinces, des territoires et de l'industrie. On ne voit pas tous les jours ce genre de consensus, qui n'est pas facile à réaliser.
L'INPASA servira à dresser des plans d'action ciblés afin de stimuler le développement durable de l'aquaculture dans toutes les régions du pays. Chaque plan d'action sera assorti d'objectifs précis et réalistes qui devront être atteints dans un délai de cinq ans.
En ma qualité de ministre, je suis bien consciente de l'importance de l'innovation dans le domaine de l'aquaculture. Les nouvelles pratiques et technologies mises au point réduisent les coûts, améliorent la protection de l'environnement et rehaussent la valeur marchande des produits.
L'INPASA nous aidera à atteindre ces objectifs. Nous avons l'intention d'évaluer nos réalisations et de produire des rapports périodiques à ce sujet. Nous allons également mettre à jour et renouveler les plans d'action pour garantir qu'ils restent bien adaptés aux besoins des Canadiens et de l'industrie aquacole.
Au cours des deux dernières années, Pêches et Océans Canada a aussi participe activement à l'étude des technologies d'élevage en parc clos qui pourraient être appliquées à l'industrie aquacole du saumon.
Le ministère offre un soutien financier afin de poursuivre la mise au point des technologies en parc clos et a récemment mené une étude sur la rentabilité de différents types de systèmes.
L'étude a révélé que certaines méthodes d'élevage en parc clos sont techniquement réalisables, mais posent actuellement un défi financier. Les résultats de l'étude sont disponibles sur le site Web du ministère. Nous continuons à travailler sur ce dossier.
Notre réaction à la décision rendue l'année dernière par la Cour suprême de la Colombie-Britannique constitue un autre exemple de notre engagement envers l'aquaculture. En février 2009, la Cour a statué que l'aquaculture constitue une « pêche » et qu'elle est donc de compétence fédérale. Une fois la décision rendue, nous avons agi avec célérité, de concert avec la province de Colombie-Britannique, pour nous assurer que l'industrie a la structure voulue pour poursuivre son essor et prospérer.
Nous avons vu là l'occasion d'agir et de mettre en place un nouveau régime de gestion fédéral. C'est ainsi que, dès le 18 décembre de cette année, nous serons prêts à appliquer officiellement un nouveau règlement sur l'aquaculture en Colombie-Britannique sous le régime de la Loi fédérale sur les pêches. En fait, je compte me rendre en Colombie-Britannique dans les prochaines semaines pour signer un protocole d'entente avec la province à ce sujet.
Les membres du comité conviendront, je crois, qu'il s'agit là d'un véritable exploit. En 20 mois à peine, nous sommes passés d'un départ arrêté à la mise en œuvre intégrale d'un tout nouveau programme. Nous souhaitons que l'industrie de l'aquaculture réussisse à long terme et parvienne à conserver son excellente réputation internationale.
Je suis également fière de vous parler de deux programmes du MPO destinés à favoriser l'innovation et l'accès aux marchés des entreprises aquacoles: le Programme d'innovation en aquaculture et d'accès aux marchés et le Programme coopératif de recherche-développement en aquaculture.
Dans les deux premières années du Programme d'innovation en aquaculture et d'accès aux marchés, le MPO a versé des contributions de 8 millions de dollars à 60 projets. Par exemple, l'entreprise néo-écossaise Canaqua Seafoods Ltd., d'Advocate Harbour, qui élève du flétan de l'Atlantique en bassins, a reçu 1,2 million de dollars.
Dans l'ouest du Canada, nous avons investi plus de 630 000 $ dans six entreprises d'aquaculture de la Colombie-Britannique pour les aider à mettre au point et à adapter des technologies dont nos pêches bénéficieront. Nos dépenses directes réalisées dans le cadre de ce programme ont suscité des investissements supplémentaires de 22 millions de dollars de la part de nos partenaires. Nous sommes actuellement en train d'annoncer les projets approuvés pour la troisième année du programme.
Au cours de ses trois premières années, le Programme coopératif de recherche-développement en aquaculture a financé 154 projets d'une valeur de 14 millions de dollars. Ces projets ont permis d'améliorer la production et la santé du poisson et de renforcer la protection de l'environnement.
Je sais qu'il y a des Canadiens qui sont préoccupés par la croissance de l'aquaculture au Canada et par ses effets possibles sur l'environnement et les espèces sauvages. Permettez-moi de vous assurer que mon ministère prend ces préoccupations très au sérieux. Nos scientifiques continuent à jouer un rôle de premier plan dans le processus d'évaluation des risques, tant par leurs recherches que par leur participation aux examens rigoureux du travail effectué à l'extérieur du ministère.
En fait, le MPO mène des recherches scientifiques sur la culture des mollusques et des crustacés depuis les années 1960 et sur l'élevage du saumon et de la truite depuis les années 1970. Ces recherches nous ont donné la conviction que les effets environnementaux de l'aquaculture sont bien compris et bien gérés.
De plus, dans la plupart des cas, les opérations d'aquaculture sont soumises à une évaluation environnementale rigoureuse avant que les installations ne soient approuvées. Les mesures prises à cet égard peuvent comprendre le choix d'emplacements appropriés dans le but d'épargner les habitats sensibles ou importants, l'observation de périodes de repos dans le calendrier de production ou le rajustement des niveaux de production en fonction de la surveillance environnementale.
Pêches et Océans Canada, ainsi que d'autres ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux surveillent également les opérations d'aquaculture afin de s'assurer qu'elles respectent la réglementation.
Je suis certaine que les membres du comité souhaitent comme nous que le secteur canadien de l'aquaculture soit autonome, concurrentiel et prospère. Nous avons jeté de solides bases pour l'avenir. Je me réjouis donc de participer à l'orientation de cette dynamique industrie. Son avenir s'annonce pratiquement illimité. À l'heure actuelle, notre industrie aquacole se classe au seizième rang mondial en fonction de sa production. Il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas surclasser beaucoup de nos concurrents.
Nous avons une occasion extraordinaire de bâtir une industrie qui prospérera pendant des décennies et de le faire dans le respect de l'environnement.
Je vous remercie, monsieur le président. Je serais maintenant heureuse de répondre à vos questions.
Madame la députée, permettez-moi en premier de préciser les choses. Comme la sous-ministre l'a dit, il n'y a pas eu de réduction du budget des activités scientifiques. Je tiens beaucoup à ce que cela soit clair. En réalité, ce budget a augmenté. Nous avons davantage de partenariats avec les universités. Nous avons des protocoles d'entente avec d'autres pays en vue d'une coopération scientifique visant à maximiser le rendement de nos investissements dans ce domaine.
Comme la sous-ministre l'a précisé, au lieu d'inscrire certains fonds au poste scientifique du budget du MPO, nous les avons inscrits dans le budget de la Garde côtière qui constitue pour nous la plate-forme de nos activités scientifiques. Il n'y a pas eu de coupures dans le budget des activités scientifiques. Que cela soit bien clair. Nous faisons beaucoup de choses de concert avec d'autres organisations, ce qui nous permet de faire plus de recherche avec les mêmes investissements.
Pour ce qui est la décision de 2009 concernant le crabe des neiges, je ne suis pas allée au-delà de l'avis des scientifiques en fixant le total autorisé des captures. Comme vous le savez, il y a un processus consultatif auquel l'industrie participe de très près lorsque des recherches scientifiques sont menées au sujet du crabe des neiges. Lorsqu'il est temps pour moi de prendre une décision finale, le ministère me fournit un éventail de TAC pouvant être approuvés, avec les décisions correspondantes. Le ministère me présente également une recommandation.
Même si je n'ai pas accepté cette recommandation, je me suis entretenue à plusieurs reprises avec des représentants de l'industrie, qui n'étaient pas d'accord sur nos conclusions scientifiques. Ils s'attendaient au maintien des chiffres de l'année précédente, tout en étant conscients des risques qu'ils courraient ainsi. En fait, je peux produire l'avis aux pêcheurs qui expliquait les risques du maintien du TAC de l'année précédente. L'industrie était bien au courant de ce risque.
J'ai consulté nos scientifiques qui m'ont donné l'assurance que le maintien du TAC ne causerait pas des dommages irréparables aux stocks. Ce maintien ne devait durer qu'un an, puisque les prises autorisées sont fixées chaque année. Par suite de cette décision, le TAC de l'année suivante a considérablement baissé, mais je ne crois pas que cela a vraiment surpris les pêcheurs.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames, messieurs, bonjour et bienvenue.
Madame la ministre, j'ai déjà dit de façon publique — et je le répète encore aujourd'hui — qu'en ce qui concerne le dossier du loup-marin, vous avez pris de bonnes décisions au cours des derniers mois. Votre séjour en Chine a été très apprécié, ainsi que votre engagement concernant ce dossier.
Cependant, il est malheureux de constater que, dans un autre dossier qui concerne une espèce de loup-marin, soit le phoque gris, c'est une tout autre histoire. Je ne sais depuis combien d'années j'ai l'occasion de vous en parler. J'ai en effet eu l'occasion de vous parler à plusieurs reprises du phoque gris, et vous aviez pris des engagements. Même votre prédécesseur, Loyola Hearn, avait fait la même chose.
Cependant, on est en décembre 2010 — on sera bientôt en 2011 —, et rien de précis n'a été annoncé. La seule décision qui l'a été, c'est qu'en juin 2009, vous disiez dans un communiqué avoir donné « la directive au Ministère d'assurer la diminution sélective des phoques gris ». On parle de juin 2009. En plus, vous ajoutez, dans ce même communiqué, que c'est en agissant maintenant qu'on pourra obtenir des résultats. C'était en juin 2009; on est en décembre 2010; on sera bientôt en 2011; et il n'y a absolument rien de fait par rapport au phoque gris. Vous savez très bien que ce fameux phoque gris continue à vivre des ressources, de toutes sortes de ressources, pas uniquement ce qui reste de morue, mais également de crabe, de homard aussi. Les témoignages sont éloquents à ce sujet.
Je ne veux pas vous accuser de mauvaise gestion, mais dans ce cas, je suis obligé de le faire. J'aimerais vous entendre relativement à ce dossier en particulier.
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Deux minutes, madame la ministre, ce n'est pas long.
Je pose la question sous toutes réserves, parce que je crois que cela vous concerne.
Vous savez, l'année dernière, il y a eu une entente au sujet de l'exploitation extracôtière. C'est une entente avec les Cris de la Baie-James sur les droits extracôtiers dans la baie d'Hudson et la baie James. Ces gens ont tenu un référendum. L'entente a été appuyée.
On attend une loi pour couvrir cette entente entre le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec et les Cris de la Baie-James. Je ne sais pas quand on peut compter recevoir un projet de loi.
Étant donné le court temps qui m'est imparti, je reviens sur les propos de mon collègue M. Donnelly au sujet de la loi.
Je vous rappellerai, madame la ministre, que c'est au cours du discours du Trône que le gouvernement s'est engagé à déposer un projet de loi visant à moderniser le système de gestion des pêches, qui est désuet. Il est toujours désuet.
Nous avions encouragé fortement le gouvernement à aller de l'avant à ce sujet. C'est peut-être la seule occasion où on l'a fait, mais en tous les cas, on l'a fait.
J'aimerais savoir si on peut s'attendre à ce qu'un projet de loi soit déposé, d'ici à la fin de la session actuelle.
Pour revenir à la question des phares, la sécurité est absolument essentielle. La ministre Shea et nous tous en sommes parfaitement conscients. Je viens de l'intérieur de la Colombie-Britannique. Par conséquent, l'aspect sécurité ne revêt pas une très grande importance dans ma circonscription, mais il y a l'aspect économique qui touche la province et le pays.
Lorsque les membres du comité sont allés là, il y a quelques semaines, et ont pu se rendre compte par eux-mêmes des défis à surmonter, ils ont compris, surtout après en avoir parlé avec un pilote d'hélicoptère, l'importance que revêt un phare sur le plan tant visuel que sonore.
D'un point de vue économique, les collectivités côtières croient qu'en cas de déversements d'hydrocarbures, par exemple, il faut des ressources humaines pour être en mesure de réagir rapidement. Ce serait un rôle possible pour les gardiens de phare.
Cela se situerait dans le tableau d'ensemble. Nous avons entendu quelques témoins lorsque nous avons visité les sites d'aquaculture. Je m'inquiète des montants versés par nos amis du Sud. Les Américains sont en train de financer ces organisations sous prétexte de protéger l'environnement, mais cela semble entraver les possibilités économiques.
Considérez-vous la question des phares dans une perspective économique ou bien sous l'angle de la sécurité?
Madame Dansereau, je voudrais vous demander de fournir au comité des preuves écrites de votre affirmation selon laquelle le financement des écosystèmes aquatiques sains et productifs a été maintenu. D'après vos documents, le financement en 2008-2009 était de 50 p. 100 supérieur à celui de 2009-2010. Vous voudrez peut-être présenter une analyse à l'appui de vos affirmations.
Deuxièmement, il y a la question de l'aquaculture et du saumon sauvage. Je remercie Ron de nous avoir rappelé notre visite dans l'État de Washington. Lorsque nous avons demandé aux responsables pourquoi ils n'avaient pas beaucoup développé l'élevage du saumon, ils nous ont dit que leur premier objectif était de rétablir les stocks de saumon sauvage et que les deux objectifs ne sont pas vraiment conciliables.
Lorsque j'ai lu l'exposé de la ministre, j'ai remarqué qu'elle l'a entièrement consacré à l'aquaculture industrielle et qu'elle a dit que le rôle du gouvernement est de créer des conditions propices pour que l'industrie prospère, etc. Je veux bien, mais, à mon avis, cela devrait dépendre de la santé et de la vigueur du poisson sauvage ainsi que du rétablissement des stocks. Nous n'avons pas l'impression que cela constitue une priorité. Le saumon sauvage est à peine mentionné dans ce texte.
Ayant été ministre à un moment où certains députés provinciaux prenaient prétexte, une année après l'autre, des recherches du MPO ou de leur absence pour faire obstacle aux décisions concernant le poisson sauvage et l'élevage du saumon. Les recherches sont absolument insuffisantes. On n'en fait pas assez et on n’aboutit pas à des conclusions. Je ne vois rien de différent aujourd'hui dans l'approche du ministère ou dans celle de la ministre.
Pouvez-vous nous donner l'assurance que les stocks de saumon sauvage constituent une priorité? Comment pouvez-vous le prouver compte tenu des observations de la ministre et de l'absence de fonds supplémentaires pour appuyer la recherche et le rétablissement des stocks de saumon sauvage?