Je souhaite la bienvenue à nos invités: Michael Peacock, gestionnaire de l'exploration chez Esso; Anita Perry, vice-présidente aux affaires gouvernementales et publiques chez BP, et Jean-Sébastien Rioux.
Bienvenue. Il y aura d'abord des exposés de dix minutes. Je crois comprendre que chacun de vous, monsieur Peacock et madame Perry, allez faire un exposé de dix minutes. Nous passerons ensuite aux questions du comité.
Madame Perry, vous êtes prête à prendre la parole?
Je vous en prie.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je m'appelle Anita Perry et je suis vice-présidente aux affaires gouvernementales et publiques chez BP Canada. Je vous parlerai aujourd'hui de nos relations avec ArcticNet.
ArcticNet est un réseau de centres d'excellence du Canada. Il réunit des scientifiques et des gestionnaires en sciences naturelles, en sciences de la santé et en sciences sociales avec leurs partenaires des organisations inuites, des collectivités du Nord, des organismes fédéraux et provinciaux ainsi que du secteur privé, pour étudier les impacts des changements climatiques dans l’Arctique canadien côtier. Le navire Amundsen de la Garde côtière canadienne est une plateforme de recherche scientifique utilisée par ArcticNet.
Le réseau des centres d'excellence favorise les partenariats pluridisciplinaires et multisectoriels réunissant des universitaires, l'industrie, le gouvernement et des organisations sans but lucratif. Les partenariats que cette initiative cultive font jaillir des idées qui se transforment en retombées économiques et sociales pour tous les Canadiens.
La Société d'exploration BP du Canada Limitée, ou BP, a acquis du gouvernement fédéral en juin 2008 les droits de prospection dans trois secteurs extracôtiers, EL 449, 451 et 453, dans la partie canadienne de la mer de Beaufort. Après un programme d'exploration sismique fructueux, en 2009, BP a mené un programme de collecte de données scientifiques sur le terrain dans le cadre d'une collaboration ouverte avec ArcticNet pendant l'été 2010.
Dans le cadre des objectifs stratégiques d'ArcticNet et du réseau de centres d'excellence, BP a signé un accord de collaboration en avril 2010 avec ArcticNet et l'Université Laval qui prévoyait les activités de recherche suivantes: récupération et redéploiement de huit bouées océanographiques submergées déployées en 2009 par ArcticNet pour recueillir des données météocéan et sur les glaces; échantillonnage biologique à huit stations biophysiques pour établir les niveaux de base des contaminants et de productivité biologique; déploiement et récupération de 12 hydrophones ancrés au fond qui servent à détecter et à suivre les vocalisations d'espèces de baleine menacées; déploiement d'un véhicule téléguidé pour faire des observations visuelles sur les fonds océaniques; déploiement et récupération d'une bouée de surface météocéan ancrée qui est restée en place pendant la durée du programme de 2010 sur le terrain; enquêtes sur l'épaisseur et la rugosité des glaces au moyen d'un système à induction électromagnétique embarqué sur hélicoptère; déploiement de balises d'observation satellitaire de la dérive des glaces sur de grandes glaces pluriannuelles; collecte de 42 carottes obtenues par carottier à piston pour établir les caractéristiques physiques du sol; cartographie des fonds marins.
La contribution financière de BP à ces activités d'échantillonnage dirigées par ArcticNet en 2010 se compose de contributions en argent de plus de 9 millions de dollars — activités de recherche, matériel scientifique, analyse de données, coûts des bâtiments, salaires, subventions aux étudiants diplômés d'ArcticNet et personnel de recherche — et de contributions en nature de plus de 5,5 millions: coûts directs et indirects de projets de recherche conjoints, salaires et transport. BP a également appuyé la participation de deux étudiants du secondaire d'Inuvik au programme d'Écoles à bord d'ArcticNet, à bord du NGCC Amundsen, sur 2 au 12 août.
Le soutien accordé par BP au programme en 2010 a permis à ArcticNet d'étendre sa couverture chronologique et spatiale des glaces en mer et ses données géologiques et environnementales dans la région de la mer de Beaufort, du plateau du Mackenzie et du golfe d'Amundsen dans le cadre de ses programmes suivis de recherche multidisciplinaire réalisés depuis dix ans dans cette région. La collaboration en recherche de 2010 a été directement profitable pour les recherches effectuées par 21 étudiants et chercheurs de niveau postdoctoral d'ArcticNet.
La collaboration en recherche entre BP et ArcticNet a été très constructive. Elle permet de mettre en commun des actifs et des compétences; les données obtenues grâce à la collaboration sont transparentes et à la disposition de tous; elles peuvent être consultées par les chercheurs d'ArcticNet, BP, l'Office national de l'énergie et les organismes de réglementation et gouvernementaux, les organisations inuvialuites et les comités de cogestion, ainsi que les chercheurs qui s'occupent d'autres initiatives comme l'Évaluation environnementale régionale de Beaufort, ou EARB.
Autre précision sur notre accord de collaboration avec ArcticNet: jamais il n'y a eu d'accord entre BP et la Garde côtière canadienne pour noliser le NGCC Amundsen. BP a conclu un accord avec l'Université Laval, qui joue le rôle de secrétariat pour le programme de recherche d'ArcticNet.
BP a fait preuve de transparence dans sa collaboration avec ArcticNet, publiant des mises à jour sur son site Web externe et menant des consultations auprès des six collectivités de la région désignée des Inuvialuits.
La collecte de données sur le terrain guide et informe l'industrie, les chercheurs, le gouvernement, les organismes de réglementation et le grand public au sujet des vulnérabilités de la région et des défis à relever pour toute activité industrielle qui pourrait s'y déployer un jour. BP se réjouit d'avoir pu ainsi contribuer à faire avancer la compréhension scientifique de l'environnement physique et biologique de la mer de Beaufort.
Je crois avoir expliqué et mis en lumière les retombées de notre collaboration avec les universitaires et avoir répondu aux préoccupations du comité à l'égard de sa motion du 25 novembre.
J'implore les membres du comité. Il faut appuyer le beau travail scientifique accompli par ArcticNet.
Merci.
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Monsieur le président et distingués membres du comité, je m'appelle Michael Peacock et je suis géologue de formation. J'ai le poste ou le titre de gestionnaire canadien de l'exploration chez la Pétrolière Impériale. Je suis
un géoscientifique professionnel enregistré chez l'APEGGA, c'est-à-dire l'Association of Petroleum Engineers, Geologists and Geophysicists of Alberta.
Mes collègues et moi sommes ici aujourd'hui pour réagir à la motion de M. Blais qui a été adoptée le 25 novembre 2010. Cette motion demandait des détails sur le nolisement du navire Amundsen de la Garde côtière canadienne. Le nolisement était sensé avoir servi à des activités de prospection pétrolière dans la mer de Beaufort.
Malheureusement, le malentendu selon lequel la Pétrolière Impériale ou Esso et BP avaient affrété ce navire pour faire de la prospection pétrolière découlait de reportages inexacts. Les faits ont été rétablis, mais j'espère que notre témoignage d'aujourd'hui fera mieux comprendre les avantages important de la coopération scientifique entre l'industrie, les universitaires, les gouvernements et l'ensemble de la société.
Je vais situer le contexte un peu comme Anita l'a fait. La Pétrolière Impériale a pris le permis de prospection EL 446, aussi appelé Ajurak. Les lettres EL correspondent à « Exploration Licence ». Le permis a été accordé à la compagnie et à Exxon Mobile Canada en juillet 2007 pour un engagement pécuniaire de 585 millions de dollars. Chacune des sociétés a obtenu une participation directe de 50 p. 100 à l'égard de la parcelle.
La parcelle Ajurak est située en mer à environ 180 kilomètres de Tuktoyaktuk. Le permis est d'une durée de neuf ans. Si on considère la durée du permis, on doit se dire qu'il faut au moins trois ou quatre ans pour préparer la demande à soumettre à l'organisme de réglementation, dans ce cas-ci, l'Office national de l'énergie, ou ONE.
Il s'agit d'un processus long et exhaustif. Il faut présenter une évaluation d'impact environnemental. Nous avons lancé en 2008 un programme scientifique pour réunir les données nécessaires à la préparation de cette demande. Il s'agissait de planifier la première prospection, et cela comprenait: premièrement, des données météocéan et géotechniques pour achever et vérifier la conception technique nécessaire pour tout puits de prospection; deuxièmement, la mise au point d'opérations de forage et de pratiques de soutien sûres et respectueuses de l'environnement; troisièmement, la production des données environnementales nécessaires pour appuyer l'évaluation d'impact environnemental pour le forage de n'importe quel puits.
C'est parce qu'elle devait soumettre une évaluation de l'impact environnemental que, le 6 mai 2009, la Pétrolière Impériale a signé une commande de service avec l'Université Laval, à Québec, pour collaborer avec ArcticNet à son programme de recherches de 2009.
La portée des travaux est décrite dans la commande, que je vais citer à l'instant:
La présente commande de services couvre la part de la Pétrolière Impériale comme participante à des recherches pour comprendre les aspects environnementaux et biophysiques de la mer de Beaufort dans le voisinage de la parcelle visée par le permis de prospection 446. Cette collaboration fait appel à un certain nombre de disciplines scientifiques pour étudier notamment les sédiments, la qualité de l'air et de l'eau, et les oiseaux et mammifères marins. Elle vise le poisson, le plancton, les organismes benthiques et les propriétés géotechniques du fond marin. Les recherches servent également à l'identification des dangers et à la définition des critères de conception météocéan, et à comprendre les conditions de la glace dans cette partie de la mer de Beaufort. La plateforme principale sera le navire Amundsen de la Garde côtière canadienne. La portée de la collaboration s'étendra à la mobilisation dans la mer de Beaufort au début de juillet par Point Barrow et à la conduite d'enquêtes jusqu'en octobre de la même année. Les coûts de démobilisation par le passage du Nord-Ouest ne sont pas englobés. Les résultats des travaux serviront à la conception du puits de prospection d'Ajurak et à la préparation de l'évaluation de l'apport environnemental nécessaire au forage.
Comme on l'a déjà dit, les recherches visent à mieux comprendre l'écologie, la géologie et l'environnement océanique de l'Arctique. La Pétrolière Impériale est fière de sa contribution au progrès de la compréhension scientifique de l'environnement physique et biologique de la mer de Beaufort par sa collaboration aux recherches d'ArcticNet. Les résultats de toutes les recherches sont communiqués au grand public et ils seront diffusés aux réunions scientifiques annuelles d'ArcticNet, par publication et grâce à d'autres tribunes publiques.
Je demande aux membres du comité de considérer ceci: nous avons mené des recherches purement physiques, scientifiques dans l'Arctique pour mieux comprendre l'environnement; les connaissances acquises sont examinées par des pairs et mises à la disposition de tous; nous nous sommes engagés dans cette entreprise pour mieux comprendre l'environnement de l'Arctique dans l'espoir que, un jour, un permis de forage soit demandé, et les données environnementales qui servent de fondement à la demande seront alors à la disposition du public pour que tous puissent les étudier et les vérifier.
Les recherches conjointes sont précieuses et bénéfiques pour tous les Canadiens. La Pétrolière Impériale est d'accord avec la ministre des Pêches, Gail Shea, qui a dit ceci:
Nous bénéficions tous de la recherche scientifique. Dans le cas présent, le navire a servi à étudier l'environnement afin de mieux comprendre les répercussions associées aux activités industrielles.
Nous espérons que cet exposé et les échanges que nous allons avoir dissiperont les préoccupations du comité.
Merci, monsieur le président, et merci aux députés.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins d'être venus nous aider à comprendre ce projet. Nous sommes heureux d'entendre parler de cette collaboration entre le gouvernement, les universitaires et l'industrie. Il est important de mettre l'information en commun. De plus, la compréhension scientifique est un objectif d'une importance énorme, surtout lorsqu'il s'agit de l'Arctique, dont l'écologie est fragile et où des ressources pourraient être exploitées.
Les députés savent peut-être que je représente le Parti libéral du Canada, qui s'est prononcé clairement contre toute autre concession et toute prospection dans l'Arctique tant que nous n'aurions pas acquis une compréhension complète et approfondie des risques.
Je commencerai par une question qui m'aidera à comprendre quelque chose qui se trouvait dans la lettre que le comité a reçue de BP Canada. On y disait qu'il y avait eu un programme de sondages sismiques fructueux en 2009. Je voudrais savoir si, dans ce programme, on a tenu compte du risque de perturber l'habitat. Les témoins sont probablement au courant de l'arrêt judiciaire prononcé dans l'affaire Suzuki. Il ne faut pas se borner à la délimitation de l'espace géophysique de l'habitat des espèces en voie de disparition ou des espèces menacées. Il faut tenir compte également du bruit et de la pollution.
Dans son programme de prospection sismique, BP a-t-il tenu compte du bruit et d'autres impacts sur les habitats essentiels?
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Merci. Je songeais plutôt à l'intervention en cas de déversement, mais je comprends les précautions que vous prenez.
J'ai une autre inquiétude au sujet de l'utilisation de l'Amundsen pour des activités avant forage: le Bureau du vérificateur général et du commissaire à l'environnement et au développement durable a dit très clairement que le gouvernement ne peut pour l'instant garantir aux Canadiens qu'il est en mesure de prévenir les déversements ou d'y réagir s'il s'en produisait. Il n'y a donc pas d'évaluations cohérentes ou systématiques, et aucun processus officiel pour assurer une évaluation des risques. La connaissance des risques au Canada, concernant les déversements de pétrole provenant de navire, n'est ni complète ni à jour. Il n'y a à peu près aucun plan d'urgence. La Garde côtière n'a pas les systèmes nécessaires pour offrir ses programmes de formation et d'exercice... La liste continue.
Il y a donc d'énormes lacunes. S'est-on inquiété du fait, ou a-t-on tenu compte du fait que, si l'un des actifs limités de la Garde côtière, ce navire, qui fait partie de sa capacité de remplir son rôle, est consacré à autre chose, cela affaiblira davantage sa capacité de faire son travail?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, madame et messieurs. J'apprécie votre présence. À un moment donné, j'ai eu peur que votre intérêt à comparaître devant nous ne soit pas aussi fort, compte tenu de la lettre que M. Peacock et Mme Perry avaient envoyée au président. J'aurais trouvé malheureux qu'on ne puisse pas se retrouver face à face, non pas pour débattre, mais pour obtenir davantage d'information.
Je veux seulement vous préciser que la motion que j'ai présentée vise à s'informer et, après, à prendre position, évidemment. Je n'ai pas intérêt à faire quelque procès d'intention que ce soit, et ce n'est pas mon style.
Cela étant dit, je vous dirais que, malheureusement, votre réputation vous précède — et je parle ici de la réputation des pétrolières en général. En raison des événements vécus dans le golfe du Mexique, il n'y a pas tellement longtemps, vous comprendrez aisément que, sans nécessairement qu'on vous place au banc des accusés, on se pose beaucoup de questions sur les intérêts, la motivation et la façon de faire. On se demande si les intérêts économiques priment davantage que tout le reste.
En fait, la présentation de cette motion est un peu teintée. Il est important de savoir ce qui se passe réellement et, en même temps, de vérifier tout ça avec les personnes concernée, en leur permettant de se présenter devant nous pour nous donner leur version des choses. Parfois il y a une version, mais l'idée derrière cela est de rechercher le plus possible la vérité.
À la limite, je sais que cela peut être une question d'interprétation. Toutefois, dans un premier temps — et j'aimerais avoir une réponse relativement claire de votre part; j'espère que ma question le sera —, je veux comprendre votre motivation et votre intérêt à collaborer.
Avec ArcticNet, je n'ai aucun problème. Mon idée est de vérifier votre degré de motivation ou d'intérêt à fournir de l'argent pour éventuellement avoir des données scientifiques sur ce qui se passe dans le Nord canadien.
Tout dépendant du genre de réponse que j'obtiendrai, des questions sur le même sujet suivront peut-être. Sinon, j'en ai d'autres.
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Merci, monsieur Blais. Que vous vous expliquiez de cette façon et souhaitiez obtenir plus d'information, c'est merveilleux. Je suis parfaitement disposé à communiquer autant d'information que le temps nous le permettra, puisque le temps nous est compté.
Pourquoi voulons-nous coopérer dans l'Arctique? Évidemment, AINC nous a accordé des permis de prospection. C'est le ministère fédéral chargé d'administrer les concessions et de lancer des appels d'offres. Les concessions sont offertes et les sociétés font des soumissions pour obtenir les parcelles en question. Nous avons obtenu une parcelle en 2007, et BP en a eu une en 2008.
Nous avons ensuite un court laps de temps pour recueillir les données nécessaires à nos activités de prospection. La collecte de données environnementales de référence est une exigence des propositions que nous devons présenter lorsque nous décidons de demander de forer un puits.
Pour l'instant, les données scientifiques sur la mer de Beaufort sont très limitées. Nous avons recours à des collaborations, non seulement au Canada, mais aussi ailleurs dans le monde. Nous le faisons dans d'autres régions du Canada aussi. C'est un moyen de maximiser le volume de données et d'exploiter à fond les efforts de tous les intéressés.
L'une des choses qui nous ont plu particulièrement, dans la collaboration avec ArcticNet, c'est la synergie entre les compétences scientifiques d'ArcticNet et les nôtres. Cette relation a très bien fonctionné. Je suis persuadé que M. Fortier pourra donner d'autres illustrations. La relation a été très constructive.
Ces collaborations ne sont pas rares. Nous en avons avec le MPO, nous en avons dans l'Est du Canada et en Alberta. À mes yeux, c'est un moyen normal d'accroître les connaissances que nous pouvons tous acquérir, et c'est dans l'intérêt public. C'est un moyen essentiel de maximiser notre bagage de connaissances.
Comme je l'ai déjà dit, ces données scientifiques sont du domaine public. Si une société acquérait ces données dont elle aurait l'exclusivité parce qu'elle a financé toute la recherche, elle ne tiendrait pas tellement à les communiquer à tout le monde. La collaboration écarte ce genre de droit exclusif aux données et permet de les mettre à la disposition de tous.
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Le permis qui nous a été accordé est un permis de prospection d'une durée de neuf ans.
Notre travail comporte un risque important. Tant que nous n'avons pas fait l'analyse technique, nous ne savons pas s'il existe des ressources qui justifient un forage. Il est toujours possible que nous fassions tout ce travail... Anita a parlé du programme de prospection sismique que BP a accompli sur sa parcelle, et nous avons eu un programme semblable en 2008. Une fois les données recueillies, il est possible qu'elles ne révèlent rien d'encourageant. Nous ne pouvons pas encore répondre à la question, parce que nous sommes en train d'analyser les données.
Il y a toujours de l'incertitude, monsieur Blais, et il est certainement possible que nous ne fassions rien du tout sur cette parcelle.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue aux témoins. Merci à eux d'être parmi nous.
Je suis le porte-parole néo-démocrate pour le ministère des Pêches et des Océans.
Vous avez donné de l'information. Vous avez dit en somme que, en ce moment, vous recueillez des données relatives à la prospection pétrolière. Je pense que c'est un bon résumé. Comme je n'ai que quelques minutes, j'entre dans le vif du sujet ou je m'attaque à l'évidence.
J'espère que vous pourrez répondre à la question que les Canadiens se posent, puisque le gouvernement fédéra subventionne les grandes pétrolières pour les aider à recueillir des données en vue de la prospection pétrolière sous couvert de recherches sur les changements climatiques. Je crois que le programme est axé sur l'Arctique et les effets des changements climatiques très rapides qui s'y produisent. Vous utilisez donc un navire qui était destiné à ces fins. Vous pouvez apporter des rectifications si ce que je dis n'est pas exact.
Comment réagissez-vous à cette impression qu'on peut avoir que les pétrolières travaillent avec le gouvernement fédéral ou profitent de subventions de l'État ainsi que de l'Amundsen et d'autres installations de recherche essentiellement pour faire de la prospection pétrolière?
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Vous dites donc à ArcticNet et à son consortium quelles données vous souhaitez obtenir et ces scientifiques élaborent le plan à suivre, sans doute en consultant vos propres scientifiques. Est-ce exact?
Mme Anita Perry: Oui, tout à fait.
M. Randy Kamp: Il peut donc y avoir d'autres projets en cours pendant une seule expédition, pas seulement ceux de BP ou de la Pétrolière Impériale.
Mme Anita Perry: C'est vrai.
M. Randy Kamp: Vous avez parlé une ou deux fois du programme « Écoles à bord ». Pourriez-vous nous en dire un peu plus? Quels sont, selon vous, les avantages pour les collectivités du Nord?
Il ressortait clairement des deux lettres que vous avez des permis de prospection et qu'il est possible que, à l'avenir, il y ait des forages pétroliers. Je présume que vos sociétés sont conscientes de la valeur, pour le Canada et le monde entier, d'une production pétrolière respectueuse de l'environnement. Vous aurez peut-être quelque chose à dire à ce sujet.
Pouvez-nous nous expliquer la démarche que vous devez suivre depuis le jour où vous obtenez le permis de prospection jusqu'à celui où, peut-être, vous produirez du pétrole?
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Je comprends. Il s'agissait d'hypothèses et je comprends que vous ne perdiez pas cela de vue.
Cela veut-il dire qu'il n'y a pas de scénario possible dans lequel les données montreraient que, à certains endroits sur la planète, il est acceptable de forer, pour peu que nous utilisions des méthodes respectueuses de l'environnement, et d'autres où cela serait inacceptable?
Dites-vous qu'il est trop tôt pour dire, dans le cas de l'Arctique, par exemple, que ce n'est pas un endroit où il conviendrait de faire des forages?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous aujourd'hui. Comme je suis le seul député albertain qui siège au Comité des pêches et des océans, je passe beaucoup de temps à parler des pêches et pas tellement à parler des océans. Je comprends néanmoins la complexité de la situation, lorsqu'il s'agit du pétrole et du gaz ou du secteur de l'énergie et de son fonctionnement au Canada.
J'ai une ou deux questions à poser. Vous avez fait des travaux scientifiques pour recueillir de l'information et voir s'il vaut la peine ou non de poursuivre l'activité à l'avenir, même si vous tirez dans le noir, ne sachant pas quelles seront les exigences de l'ONE. Vu ces incertitudes, pourriez-vous donner au comité une idée du nombre d'autres projets de recherche il faudrait réaliser, et à quel moment de l'année, si vous voulez avoir assez d'information pour faire des évaluations adéquates de l'impact environnemental et satisfaire le ministère des Pêches et des Océans?
Deuxièmement, s'agissant de collaboration, comment vos sociétés ont-elles fait participer les collectivités locales, en particulier les localités rurales et isolées? Sont-elles invitées à participer à certains de ces travaux? Dans quelle mesure acceptent-elles vos activités de prospection jusqu'à maintenant?
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Et elles sont très intéressantes.
J'ai dit tout à l'heure que nous avions neuf ans pour exploiter un permis de prospection. Neuf ans, cela semble long, mais nous devons recueillir...
Une voix: Il n'en reste que cinq.
M. Michael Peacock: Exactement.
Nous devons réunir des données. Nous sommes donc dans une situation... Par exemple, M. Donnelly nous demande ce que nous allons faire. J'ai répondu que nous ne pourrions rien faire, au fond, tant que nous n'auront pas les résultats de l'étude de l'Office national de l'énergie sur le forage. Nous essayons de réunir des données et de faire avancer les choses, parallèlement, sans savoir quelles seront les exigences. Et c'est un risque que nous prenons, une incertitude que nous affrontons, et nous assumons les obligations financières qui vont avec.
Allons-nous recueillir d'autres données? Nous espérons poursuivre la collaboration avec ArcticNet, avec les programmes de M. Fortier.
Faudra-t-il recueillir de nouvelles données par suite de l'examen de l'Office national de l'énergie? Je le répète, je ne peux répondre. Nous devrons voir les résultats de l'examen.
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Je suis d'accord. C'est la même chose pour nous. Nous continuerons d'accumuler des données environnementales.
L'autre élément: la participation des collectivités. Comment les faisons-nous participer? Avant d'entreprendre notre programme avec ArcticNet, nous avons consulté d'abord les collectivités et nous avons tenu des réunions d'information avec les six collectivités inuvialuites de la région. Après le programme, nous sommes allés leur donner un compte rendu. Ils ont été très intéressés d'apprendre que nous avions vu des baleines. Où les avions-nous vues? Qu'avions-nous observé d'autre? L'intérêt était très vif pour ce que nous avions appris.
Nous informons les six collectivités avant et après, au moins une fois par an, voire plus souvent, et nous collaborons avec l'Inuvialuit Regional Corporation et le conseil responsable de la faune. Il y a donc un échange constant d'information avec les collectivités.
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Merci beaucoup, monsieur le président et chers membres du comité.
Vous allez recevoir pendant la semaine, pendant ces séances, beaucoup d'information sur le partenariat entre ArcticNet et l'industrie pétrolière dans la mer de Beaufort. Vous allez apprendre ce que nous ne faisons pas. Des forages pétroliers, par exemple. Nous voudrions bien en faire, mais l'Amundsen n'a pas les capacités voulues. Vous allez entendre bien des choses.
Une image vaut mille mots. Je voudrais donc amener le comité avec moi, avec nous, dans l'Arctique, pendant ces travaux en partenariat. Grâce à cette présentation PowerPoint, je vais vous montrer ce que nous faisons à la faveur de ces partenariats avec l'industrie pétrolière dans la mer de Beaufort, au lieu de ce que nous n'y faisons pas.
Le représentant de l'industrie a expliqué très clairement ce qu'est ArcticNet. Ce sont des partenariats uniques réunissant universités, industrie, gouvernement et organismes sans but lucratifs qui conjuguent l'excellence en recherche et le savoir-faire de l'industrie et les investissements stratégiques au Canada.
ArcticNet est l'un de ces réseaux. C'est le seul que nous ayons au Canada pour étudier les conséquences des changements climatiques ainsi que de la modernisation et de l'industrialisation dans l'Arctique.
Notre mandat général est très clair: nous devons établir des liens pour fournir l'information scientifique dont ont besoin tous les intéressés, soit l'industrie, les Inuits, le gouvernement inuit, les ministères fédéraux et le secteur privé. Voilà ce que nous faisons.
ArcticNet est géré...
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L'interprétation fonctionne bien. Là n'est pas le problème, monsieur Fortier.
Par contre, selon le fonctionnement habituel du comité, tout document qui nous est présenté doit être en anglais et en français. Sauf erreur, si le document, pour une raison ou pour une autre, est uniquement en anglais, on nous demande la permission de le présenter tel quel.
Il m'arrive de donner la permission lorsqu'il est question de graphiques. Je peux comprendre que les graphiques présentent des chiffres et que ce n'est pas nécessairement indiqué en français. Je suis capable de témoigner d'une certaine ouverture. Cependant, vous comprendrez aisément que lorsqu'un document au grand complet est présenté uniquement en anglais, je dois demander au président de cesser la projection.
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Monsieur le président, honorables membres du comité, toutes mes excuses pour cet impair.
Essentiellement, l'information que je voulais vous donner concerne la structure d'ArcticNet. ArcticNet est la gouvernante du réseau et s'assure, par l'entremise d'un comité directeur, que les activités scientifiques du réseau sont conformes à l'éthique et aux intérêts du Canada.
[Traduction]
La principale infrastructure que nous utilisons pour les recherches est le brise-glace Amundsen de la Garde côtière canadienne. Nous patrouillons toute la zone maritime de l'Arctique: de la baie d'Hudson à la baie de Baffin, le passage du Nord-Ouest, l'archipel canadien et la mer de Beaufort, qui est la seule avenue, la seule ouverture si on veut, que le Canada possède sur l'océan Arctique.
À compter de 2009, nous avons établi des collaborations avec l'industrie pétrolière et gazière dans la mer de Beaufort où, comme on l'a expliqué plus tôt aujourd'hui, AINC, c'est-à-dire Affaires indiennes et du Nord Canada, a accordé des permis de prospection à différentes sociétés à partir de 2007.
Il se trouve que cette région a été beaucoup étudiée par ArcticNet et grâce à d'autres programmes depuis 2002. Nous possédons chez ArcticNet une expertise hors pair en ce qui concerne l'écosystème, la géologie et la géophysique de la région, ainsi que le régime des glaces marines.
[Français]
En accord parfait avec notre mandat de recherche à ArcticNet, nous avons mis au service du Canada et des Canadiens notre expertise pour évaluer les risques des forages exploratoires dans cette région et aussi les risques pour l'environnement d'éventuels forages exploratoires.
Comme l'ont expliqué les représentants de l'industrie ce matin, nous examinons plusieurs aspects: le régime des glaces, les données de climat océanique, les conditions de circulation, etc. Nous examinons l'ensemble de la chaîne alimentaire, à partir du plancton jusqu'aux baleines, incluant les poissons, de même que les animaux qui vivent au fond de l'océan, ce qu'on appelle le benthos. Toutes ces données sont disponibles dans des rapports de mission qui expliquent ce qui a été fait.
[Traduction]
Nous rendons également les données disponibles sur un site Web parrainé par ArcticNet, le « Polar Data Catalogue », qui est lentement en train de devenir le plus important dépôt de données sur l'Arctique dans le monde. On peut en ce moment accéder à ces données dans le Polar Data Catalogue ou au moins à de l'information sur ceux qui possèdent les données et sur les types de données disponibles.
Au fond, le message que je voulais communiquer au comité, c'est que le partenariat... Au Canada, on reproche souvent au secteur privé de ne pas participer suffisamment à la recherche-développement et on dit que c'est le principal problème du Canada à cet égard.
Nous avons ici l'exemple d'une parfaite concordance des intérêts et d'un partenariat parfait entre les universitaires et le secteur privé. Ce partenariat est à l'avantage des Canadiens. Grâce à ces données qui sont à la disposition de toutes les parties intéressées, l'ONE pourra prendre la meilleure décision possible, une décision étayée par les meilleures données disponibles, sur la question de savoir s'il faut forer ou non un puits de prospection dans la mer de Beaufort.
Je répète que l'Amundsen ne fait pas de forages pétroliers dans la mer de Beaufort. Même si nous voulions forer à la recherche de pétrole, nous ne pourrions pas le faire. Le mieux que nous puissions faire, c'est retirer des carottes d'environ huit mètres dans les sédiments mous. Pour atteindre les gisements de pétrole et de gaz, il faut forer à plusieurs centaines ou milliers de mètres dans le roc solide. Nous ne pouvons pas le faire. Seuls une plateforme ou un grand navire de forage peuvent le faire.
Comme les témoins l'ont expliqué ce matin, l'industrie pétrolière et gazière ne nolise pas l'Amundsen. Elle paie sa juste part des opérations, au pro rata du nombre de jours où nous travaillons dans les concessions de prospection.
[Français]
Les compagnies pétrolières paient également une partie de la recapitalisation de l'équipement, donc de la dépréciation de l'équipement du navire, ainsi que leur quote-part des investissements, pris à même l'argent des contribuables, pour la mobilisation du navire. Cette façon de faire permet un rendement des investissements qui va être consacré à la recapitalisation de l'équipement de l'Amundsen et au développement de nouveaux projets de recherche menés par ArcticNet sur la santé, l'éducation et la culture des Inuits.
Tous ces éléments ont été pris en considération par le comité directeur d'ArcticNet et également par le comité directeur indépendant de l'Amundsen, lorsque nous avons décidé de former un partenariat avec l'industrie dans la mer de Beaufort. Les retombées pour la recherche et pour les communautés inuites commencent déjà à se faire sentir. À mon avis, c'est vraiment un exemple tout à faire remarquable du genre de relation qu'on peut établir entre le secteur privé et les universités dans le domaine de la recherche.
Merci, monsieur le président.
Cette région est l'une des cinq qui ont été identifiées comme ayant un habitat vulnérable, où il pourrait y avoir conflit entre l'activité industrielle et la protection de l'écologie. Le gouvernement du Canada a donc identifié cinq zones où la législation et la stratégie visent à assurer une planification de gestion intégrée. Est-ce exact?
M. Louis Fortier: Oui.
Mme Joyce Murray: Je viens de la Colombie-Britannique. J'ai donc pu constater l'efficacité de la planification de gestion intégrée. Par exemple, sur la côte centrale de la province, en quelques années, un accord a été conclu qui a permis l'activité industrielle avec le soutien total des Premières nations, des groupes environnementaux, etc.
Mon espoir était que cette planification qui intègre les intérêts de l'industrie et ceux des Premières nations, des Inuits, de l'environnement et de la collectivité se fasse avant que l'activité industrielle ne débute.
Je crois comprendre que le plan de gestion intégrée de la mer de Beaufort consiste à chercher comment cette partie de la mer de Beaufort doit être zonée pour les diverses activités. Pourriez-vous ne dire si le plan de gestion intégrée de la mer de Beaufort s'intègre dans les sondages sismiques entrepris avec ArcticNet et si cela relève de ce plan?
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D'abord, une rectification. Il semble y avoir eu un malentendu au cours de la première partie de la séance, ce matin.
Il ne se fait pas de sondages sismiques à partir de l'Amundsen. Il n'est pas équipé pour cela. Il faut un navire important, qu'on appelle un boumeur, un grand navire qui peut projeter des signaux acoustiques très puissants vers le fond de l'océan pour en révéler la structure. L'Amundsen ne permet pas de faire cela.
Cette approche de gestion intégrée pour le développement ou la protection d'une région est exactement ce que nous essayons de pratiquer dans le cadre d'ArcticNet et des partenariats avec l'industrie.
Comme vous le savez certainement, la clé, pour l'élaboration de ces approches de la gestion, ce sont les connaissances scientifiques. Nous devons savoir ce qui existe sur le terrain. Quelles sont les ressources? Quelle est la biomasse? Quelles sont les populations animales? Quelles sont les ressources utilisées par la collectivité et comment sont-elles utilisées? Nous devons le savoir avant d'élaborer un plan comme celui qui doit assurer le développement durable ou la protection d'une région. Avec ArcticNet, c'est exactement ce que nous faisons.
Depuis 2002...
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Excusez-moi. Sauf votre respect, j'ai d'autres questions à poser et j'ai peu de temps. Merci de ces précisions.
J'ai été renversée, à dire vrai, lorsque le gouvernement actuel a accordé des permis de prospection dans une zone déjà désignée comme zone étendue de gestion des océans . Bien des chercheurs estiment que les sondages sismiques nuisent à l'alimentation et à la mise bas, et nous savons qu'il y a des espèces menacées dans ce secteur.
C'est une initiative du gouvernement conservateur qui fait totalement abstraction de la planification de gestion intégrée dans laquelle le MPO s'est engagé à fond et qu'il a proposée. Ces sondages sismiques, dites-vous, ont eu lieu avant ce partenariat avec ArcticNet et l'Amundsen. Est-ce juste?
Il est clair que personne n'a veillé à prévenir les impacts négatifs possibles sur les espèces inscrites lorsque ces sociétés ont fait des sondages sismiques. Cela me scandalise.
Chez ArcticNet, qui s'assure que les activités de l'Amundsen sont respectueuses de l'environnement? Qui établit la norme? Ou appartient-il à chaque partenaire d'établir sa propre norme pour ce qui est de l'impact possible sur les espèces et des risques de déversement?
Cette perception est expliquée dans le document que je vous ai remis. Pour nous, cela a été une catastrophe du point de vue des communications, car l'article de M. Robillard contient énormément de faussetés, de points exagérés et tendancieux. Cela a été dévastateur pour nous, surtout pour l'image dont bénéficiaient l'Amundsen et nos travaux au sein du public canadien. Cela revient un peu à la question que l'honorable M. Donnelly posait au sujet du problème de perception dans cette affaire.
Pour nous, cela a été une leçon. En fait, nous avons appris à nous méfier. Jusqu'à ce moment, nous avions été très bien traités par les médias, mais tout à coup, parce que nous nous étions associés à l'industrie du pétrole, nous avons perdu notre réputation. Cela a été très difficile et très frustrant, en particulier pour moi.
Je pourrais vous parler longuement de l'approche utilisée par M. Robillard. J'ai été très déçu. Il est extrêmement important que le public soit mis au courant de ces dossiers complexes et délicats, que le public comprenne pourquoi on s'associe à l'industrie pour étudier les impacts potentiels et les risques des forages exploratoires dans la mer de Beaufort.
Nous ne sommes pas là pour aider l'industrie à obtenir son permis de l'Office de l'efficacité énergétique du Canada. Nous sommes là pour fournir les données à tous les intervenants, de façon à ce que la décision soit prise à partir de la meilleure base scientifique possible. Nous ne travaillons pas pour l'industrie; nous sommes en partenariat avec l'industrie. Nous ne faisons pas non plus de forage dans la mer de Beaufort.
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Maintenant, allons-y sur le fond.
ArcticNet est un consortium d'entreprises financées par les gouvernements, d'une certaine façon. Évidemment, votre collaboration avec Esso ou BP fait en sorte que cela vous coûte moins cher pour faire les travaux que vous avez à faire. C'est ce que je comprends, dans les faits.
Par ailleurs, je comprends aussi que Esso tout comme BP vont éventuellement utiliser cette collaboration pour recueillir leurs propres données qui sont importantes dans la suite des choses.
Est-ce que je décris bien la situation?
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Assez bien. Je corrigerais peut-être quelques points.
Il est très clair, en vertu de notre mandat et de celui de tous les réseaux de centres d'excellence, qu'il faut essayer de s'associer avec le secteur privé pour développer un secteur de recherche stratégique pour le Canada. Notre association avec le secteur privé n'est donc aucunement répréhensible. Par exemple, depuis le tout début d'ArcticNet, nous avons des collaborations étendues avec Manitoba Hydro, le fournisseur d'électricité du Manitoba, et cela n'a jamais soulevé de problème parce qu'il n'y a pas de problème de perception.
Dans le cas de l'industrie du pétrole, cela ne nous coûte pas vraiment moins cher. Cela nous permet de faire plus de travail, d'obtenir plus de données sur cette région. C'est très intéressant pour nous parce que nous pouvons obtenir des données supplémentaires pour nos études à grande échelle, que ce soit dans le temps ou dans l'espace. Cela nous permet aussi de recapitaliser l'équipement de l'Amundsen et de développer de nouveaux projets de recherche dans l'Arctique.
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Merci, monsieur le président.
Moi aussi, je vous souhaite la bienvenue au comité. Merci de comparaître et de fournir l'information dès le départ, à l'avance. J'espère que nous pourrons recevoir une copie de votre présentation pour que nous puissions y jeter un coup d'oeil.
Dans le même ordre d'idées, au sujet du financement, pourriez-vous expliquer quel est votre budget de fonctionnement annuel et d'où viennent les fonds? Quel pourcentage vient de l'État et quel pourcentage des sociétés commerciales, de dons ou de l'imposition de frais? Pourriez-vous l'expliquer?
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Oui. Pour l'ensemble d'ArcticNet, le budget annuel d'origine fédérale, venant du programme des Réseaux de centres d'excellence, s'est élevé à 6,4 millions de dollars en 2009 et en 2010. Ce sont les années où nous avons eu ces partenariats avec l'industrie pétrolière.
Nous arrivons à mobiliser environ le triple de ce montant tous les ans. Je dirais que, en 2009 et 2010, le tiers du budget global d'environ 20 millions de dollars est venu des partenariats avec l'industrie pétrolière et gazière. Je dis le tiers, et vous allez répondre que c'est 11 millions alors que vous avez un budget de 20 millions de dollars.
En fait, si nous analysons tous les chiffres de 2009, disons que nous avons produit des services de recherche de 5 ou 6 millions de dollars dans le cadre des partenariats avec l'industrie pétrolière et gazière, ce qui englobe la location du navire.
Puis, comme M. Blais l'a dit, il y a une certaine marge, qui est la juste part que l'industrie doit payer pour l'amortissement de l'équipement, mais aussi pour l'injection de fonds du contribuable afin de préparer et de mobiliser le navire pour la recherche. Cet argent est géré par le conseil de l'Amundsen et le conseil d'ArcticNet. En 2009, par exemple, il a été décidé d'utiliser à peu près la moitié de cet argent, soit 1,2 million de dollars, pour recapitaliser le matériel de l'Amundsen, et un peu plus de 1 million de dollars pour de nouveaux programmes de recherche dans le cadre d'ArcticNet. La demande de propositions concerne uniquement la santé et l'éducation des Inuits.
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Il est très facile de brosser un tableau d'ensemble. Le monde de l'Arctique subit des changements profonds et beaucoup plus rapides que ce que la plupart des modèles ont prédit, par exemple ceux que le GIEC a utilisés pour prévoir l'évolution du climat.
Changements climatiques mis à part, la transformation du monde inuit est extrêmement brutale, je dirais. L'état de santé des Inuits est déplorable. Leur espérance de vie est de dix ans inférieure à la nôtre. La situation économique est dramatique. Nous nous attaquons à tous ces problèmes.
Ce que nous avons constaté, et les Inuits sont parfaitement d'accord avec nous, c'est que la façon de s'adapter à la modernisation de leur monde, c'est l'éducation et toujours l'éducation. Voilà où nous en sommes, pour l'essentiel.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Fortier, je suis un grand partisan de la ville de Québec et de sa banlieue, de même que de l'Université Laval.
Vous savez que c'est probablement la première fois, en l'espace d'une génération, que le gouvernement canadien est vraiment un champion en matière de recherche et de souveraineté dans l'Arctique. Beaucoup de Canadiens sont bien fiers de cette époque.
[Traduction]
Le premier ministre s'est rendu dans l'Arctique à bien des reprises. Il a parlé de souveraineté, de défense, de recherche, de respect pour l'environnement, de tous ces éléments qui doivent se conjuguer.
En essayant d'aider des électeurs qui voudraient faire quelque chose dans l'Arctique, j'ai vu une multitude d'organismes, d'enjeux et de circonstances dont il faut tenir compte. Il y a beaucoup d'organisations et de groupes: le ministère de la Défense nationale, les Affaires indiennes, les Pêches, le Cabinet du premier ministre, les Inuits et d'autres encore. Compte tenu de ce degré de complexité, il semble que nous ayons ici un cas exemplaire, comme vous dites. C'est un bel exemple que cette collaboration qui permet aux Canadiens de vraiment explorer l'Arctique, de le protéger et de veiller à ce que nos petits-enfants bénéficient de tout ce que l'Arctique a d'extraordinaire à offrir.
D'autres pays ont la même démarche. Il est notoire que les Asiatiques savent collaborer, associer les secteurs privé et public. J'ai perçu chez mes collègues d'en face un certain scepticisme, celui qu'éprouvent certaines gens lorsque le monde des affaires s'associe à l'État, notamment dans les régions dont l'environnement est vulnérable.
Cela dit, pourriez-vous me citer trois avantages de la collaboration, de cette conjugaison des secteurs public et privé, que nous ne pourrions avoir en l'absence de cette collaboration.
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Les décisions de l'Office national de l'énergie sur le forage seront fondées sur les meilleures données scientifiques possible.
L'autre avantage pour les Canadiens, c'est que nous avons beaucoup appris de ce partenariat avec des acteurs de l'économie. Notre groupe, ArcticNet, a beaucoup appris de ses partenaires de l'industrie dans cette région de la mer de Beaufort. Le partenariat a bénéficié de nouvelles technologies. Il y a eu un apport d'expertise en géophysique. Cette collaboration tripartite a beaucoup étoffé nos connaissances sur cette région. Il y a évidemment les universités, l'industrie et les ministères fédéraux. Dans ce cas-ci, par exemple, tous les éléments de géophysique que nous avons étudiés dans la mer de Beaufort avec l'industrie ont été abordés avec la collaboration de Ressources naturelles Canada, de la Commission géologique du Canada.
Autre avantage, en faisant les recherches de façon intégrée, avec le secteur privé, les universitaires et d'autres parties intéressées, comme les Inuits, nous pouvons tous parler de la même chose, nous pouvons veiller à ce que les habitants de la région, dans ce cas-ci les collectivités inuites, profitent du développement qui pourrait avoir lieu là-bas.
Cette convergence de tous les intérêts scientifiques des universitaires, des ministères, des Inuits, du secteur privé nous permet de faire quelque chose de différent au Canada, grâce à ArcticNet. Plusieurs autres pays s'intéressent à ce que nous faisons, à la façon dont nous le faisons, et ils sont très attentifs. Le Canada s'est porté dans le peloton de tête, parmi les pays qui étudient les changements dans l'Arctique.
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Oui, tout à fait. Par exemple, l'
Amundsen et ArcticNet ont appuyé énormément le programme canadien pendant l'Année polaire internationale, de 2007 à 2008.
En particulier, deux programmes ont été menés par les chercheurs d'ArcticNet. L'un est l'Étude du chenal de séparation circumpolaire, soit le Circumpolar Flaw Lead System Study. Près de 120 participants étrangers d'une quinzaine de pays ont contribué à ce projet, ce qui affirme énormément la souveraineté du Canada sur ses territoires arctiques, du fait que des étrangers viennent ici et voient que nous nous occupons de nos territoires arctiques. L'autre programme international est l'étude longitudinale de la santé des cohortes inuites. C'est un programme international en collaboration avec le Danemark, notamment.
M. John Weston: C'est merveilleux.
M. Louis Fortier: Ce sont quelques-uns des nombreux exemples.
Je m'étonne un peu de l'hostilité à l'industrie pétrolière que je perçois chez les députés d'en face, d'autant plus que cette industrie est très importante pour notre pays et qu'elle a arraché beaucoup de collectivités à la pauvreté.
Dans une autre vie, j'ai travaillé dans la vallée du Mackenzie, j'ai fait des recherches en biologie, dans les premiers temps où il était question du pipe-line de la vallée du Mackenzie, j'ai participé à une étude environnementale et j'ai passé un certain temps dans ces collectivités. Il y a longtemps que j'y suis allé, mais je ne crois pas que les choses aient beaucoup changé à Inuvik, des années 1970 à notre époque.
Je m'intéresse vraiment aux recherches socioéconomiques que vous avez réalisées. Vous y avez fait allusion quelques fois. Dans vos contacts avec les collectivités, sentez-vous chez elles le désir du développement économique accru qu'apporteraient la prospection des hydrocarbures et leur extraction? Quel est le sentiment de ces collectivités?