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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais saluer les membres du comité et leur souhaiter la plus cordiale des bienvenues à Grande-Rivière.
Au cours des prochaines heures, nous allons entendre plusieurs témoins. Il faut aussi souligner que cet après-midi, nous aurons l'occasion de visiter l'usine de Sainte-Thérèse et de rencontrer des gens qui ont été ou sont encore aux prises avec ce problème. Nous allons entamer les audiences, qui vont nous permettre de mieux comprendre — même si, en fait, nous les connaissons très bien — les impacts, qui sont plus que réels.
Dans les communautés, il y a des impacts économiques, mais il y a aussi des impacts sur les individus. Ces gens vont témoigner de ce qu'ils ont vécu, de ce qu'ils vivent actuellement et de ce qu'ils pourraient être appelés à vivre l'an prochain. Par la suite, nous allons commencer les travaux et présenter un rapport qui contiendra des recommandations. Pour cette année et, surtout, pour l'an prochain, nous visons à faire en sorte que des recommandations soient mises en oeuvre pour faciliter la vie des gens et atténuer les impacts.
Je vous remercie d'être présents aujourd'hui. Nous allons laisser aux témoins le soin de nous présenter tout ce qu'ils ont à dire. C'est sûrement très intéressant, pour nous comme pour vous.
Merci.
Mesdames et messieurs, pendant la réunion, vous aurez l'occasion d'entendre une petite sonnerie qui signale que la période qui avait été réservée est terminée, qu'il s'agisse de la période réservée aux questions ou aux déclarations. Les députés sont conscients des limites de temps qui leur sont imposées. Lorsque vous entendez l'alarme, je vous invite, si vous avez la parole, à mettre fin à vos commentaires le plus rapidement possible.
Ce matin, nous accueillons, M. Scantland, qui présentera un exposé et qui sera suivi de MM. Cousineau, Blais, Lelièvre et Desbois.
Monsieur Scantland, vous avez la parole. Vous disposez de quatre minutes.
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Merci au comité permanent d'être dans notre région pour prendre contact avec la réalité à laquelle nous sommes confrontés depuis le début du printemps. Cette situation est, bien sûr, très préjudiciable à l'ensemble de nos communautés maritimes. Je veux souligner l'impact qu'elle a, particulièrement sur nos travailleurs d'usine, nos travailleurs de pont et nos travailleurs des pêches.
Je prends quelques secondes pour présenter la Conférence régionale des élu(e)s. Il s'agit d'une conférence formée des élus de la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. C'est une organisation qui a été mise en place par le gouvernement du Québec, il y a déjà cinq ans, pour être l'interlocuteur privilégié du gouvernement du Québec en ce qui à trait à toutes les situations de développement de la région. La Conférence régionale des élu(e)s est grandement consultée par le gouvernement du Québec sur toutes les questions qui touchent le développement de notre région. En ce sens, le gouvernement du Québec a aussi été saisi de la situation vécue dans le cadre actuel.
Je voudrais fonder mon exposé sur un mot: l'insécurité — l'insécurité créée par le mode de gestion actuel, cette insécurité qui se reflète tant du côté des pêcheurs que du côté des usines de pêche et de l'ensemble de cette industrie. Il m'apparaît tout à fait inconcevable, vu l'état de la situation, les connaissances qu'on a de la ressource et le travail qui est fait de la part de Pêches et Océans Canada, qu'on ne soit pas en mesure de mieux prévoir, et ce, à plus long terme.
Actuellement, on est face à une situation où on annonce très tardivement tous les plans de pêche — je vais traiter de façon générale l'ensemble des plans de pêche. Il n'y a aucune ou à peu près aucune consultation, surtout lorsqu'il y a des mauvaises nouvelles. Lorsqu'il y a de bonnes nouvelles, on consulte, on veut se partager la ressource, mais quand vient le temps d'annoncer des mauvaises nouvelles, on les annonce en catimini ou en faisant très peu de consultations.
Je dirais que l'un des grands absents de toutes ces consultations, ce sont les communautés. Jamais les communautés ne sont consultées sur la situation qui se vit là où elles sont le plus directement touchées. La région de la Gaspésie dépend, à près de 25 p. 100, de son économie des pêches. Or, les communautés, comme la Conférence régionale des élu(e)s et les élus en général, sont très peu sinon jamais consultées sur la situation existante dans cette industrie. De plus, très peu d'information est communiquée aux partenaires lors des changements ou des baisses draconiennes dans les contingents.
Évidemment, tout ça a un effet de choc sur l'ensemble de l'industrie — je le signalais tout à l'heure — et ça provoque des disputes entre les différentes flottilles, que ce soit entre les pêcheurs traditionnels et les allocations temporaires, entre les pêcheurs et les aides-pêcheurs ou entre les travailleurs d'usine et les pêcheurs. Ça déstabilise systématiquement nos communautés. On vit des situations dramatiques tant dans les familles que dans les entreprises.
Les diminutions de contingents accentuent également la concurrence interprovinciale. On sait que le Québec n'a pas été souvent avantagé dans les partages de ressources en ce qui à trait aux quotas compétitifs. En ce sens, les diminutions de contingents entraînent également une concurrence féroce entre les transformateurs acheteurs, tant sur le plan provincial que sur le plan interprovincial.
Le pouvoir de gestion administrative du ministère des Pêches et des Océans est décidément trop concentré à Ottawa. Il est de plus très orienté vers les problèmes vécus dans les provinces de l'Est, au détriment de l'est du Québec. Le pouvoir décisionnel est très lent pour faire face aux problèmes sectoriels. Je voudrais juste vous donner un exemple: la demande de diminution des coûts de permis de pêche à la crevette est toujours à l'étude après plus de huit ans — huit ans pour prendre une décision.
Il y a aussi la situation du poisson de fond. Après trois moratoires et la confirmation des scientifiques de l'impact du phoque gris, on est toujours en attente d'un plan de gestion en vue de la diminution ou de l'élimination du phoque gris dans le golfe. C'est simplement pour illustrer le fait que les situations évoluent extrêmement lentement et qu'on n'apporte pas de solutions.
Je sais que le temps file, je ne sais pas combien il m'en reste.
De façon générale, le ministère des Pêches et des Océans gère la ressource en vase clos, ce qui entraîne des contestations printanières répétitives, ce qui a pour résultat d'obliger les gouvernements, tant à l'échelle locale qu'à l'échelle régionale, à s'engager et les gouvernements provinciaux à gérer la situation, puisque le ministère des Pêches et des Océans et le gouvernement fédéral en général se débarrassent du problème. Il s'agit d'un très mauvais exemple pour l'industrie de la pêche dans nos régions maritimes. Cela donne l'image d'une industrie totalement désorganisée. Lorsque vient le temps de travailler avec...
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Merci de m'avoir invité à témoigner des répercussions directes sur les individus de toutes ces difficultés que l'on rencontre dans le secteur de la pêche et dans d'autres secteurs. Depuis 20 ans, le Mouvement Action-Chômage Pabok inc. défend ceux qui ont de la difficulté face à la Loi sur l'assurance-emploi. En fait, les gens se tournent souvent vers notre organisme pour tenter de comprendre ce qui leur arrive lorsqu'ils ne peuvent pas trouver d'emploi et également pour recevoir des conseils.
Au cours des 20 dernières années, on a vécu la fermeture de Murdochville, le moratoire sur la morue, la fermeture de la Gaspésia à deux reprises, avant et après la reconstruction. On a vécu également les déboires de l'usine Smurfit-Stone à New Richmond. Chaque fermeture a eu des impacts absolument épouvantables sur les individus, les familles et les enfants. D'abord, la plus grande répercussion, c'est la question de l'emploi. Nos axes de travail se résument à trois, même qu'il s'agit maintenant plutôt de deux axes, parce que c'est très restreint dans le secteur forestier. Donc, les gens doivent se recycler dans d'autres axes de travail.
Lorsqu'on a été pêcheur pendant 20 ans, il est assez difficile de se recycler dans le domaine du tourisme et de demeurer en région. Donc, on voit beaucoup d'ex-travailleurs de la région s'expatrier pour aller travailler dans l'Ouest canadien, sur la Côte-Nord, à Montréal, un peu partout. Ils vont travailler pour être admissibles au chômage et pouvoir revenir en région. La majorité des personnes à qui j'ai parlé m'ont dit s'appauvrir en allant travailler à l'extérieur. Les principales raisons de cet appauvrissement, ce sont d'abord les frais de déplacement, parce qu'ils reviennent visiter leur famille régulièrement, et aussi le fait de devoir payer un loyer en région et un autre à l'extérieur. Je constate régulièrement que cela crée un climat familial assez désastreux. Il y a des suicides, des séparations, des enfants qui sont retirés des écoles secondaires et universitaires, faute d'argent pour subvenir à leurs besoins. On a vu des familles éclatées, des maisons reprises par des institutions bancaires. Tout cela crée un climat absolument misérable.
Quant à ceux qui sont restés ici et qui n'ont pas l'occasion d'aller travailler à l'extérieur, ils sont réduits simplement à travailler à des projets ponctuels livrés par Emploi-Québec toutes les saisons, pour gagner 10 $, 11 $ ou 12 $ l'heure, pour un revenu annuel de 20 000 $ ou 22 000 $, ce qui les place à peine au-dessus du seuil de pauvreté.
Donc, vous pouvez vous imaginer que la morosité s'installe dans une région comme la nôtre. Souvent, on se demande pourquoi on ne peut se relever de cette situation. Quand le climat devient morose après des fermetures consécutives, les gens ont l'impression d'avoir atteint le fond du baril. Donc, c'est très difficile et très long avant de pouvoir rétablir un esprit positif et soit lancer une entreprise, soit investir de l'argent — mais quelqu'un qui n'en gagne pas ne peut pas en investir.
Pour nous, cette situation est continuelle depuis le moratoire sur la morue, qui a provoqué la mise à pied de près de 1 000 personnes. Dans le cas de Murdochville, ça a été 700 ou 800; à la Gaspésia, 600 ou 700; chez Smurfit-Stone, 300 ou 400. Il s'agit là des emplois directs, sans compter les emplois indirects.
La Gaspésie vieillit. Elle se vide et, très souvent, la population est remplacée par des gens à la retraite, d'ex-Gaspésiens qui sont allés travailler 30 ans à l'extérieur et qui reviennent ici. Évidemment, l'économie est un peu moins vigoureuse lorsqu'elle est soutenue par des retraités.
C'est le témoignage que je voulais vous livrer ce matin.
Merci.
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Bonjour, mesdames et messieurs du Comité permanent des pêches et des océans. Je représente la MRC de Bonaventure et je vais présenter ce matin un exposé de la situation dans la région à la suite de la diminution des quotas de pêche qui inquiète énormément toute la population.
Je suis maire d'une municipalité qui s'appelle Saint-Godefroi, dans la baie des Chaleurs. Depuis nombre d'années, on a l'impression que tout ce que l'on reçoit, ce sont des nouvelles annoncées de façon brutale, de mauvaises nouvelles comme celle de la diminution des quotas de pêche au crabe. Les deux messieurs qui m'ont précédé ont résumé un peu la situation que vit la population.
M. Scantland parlait d'insécurité; moi, je parlerais d'incertitude. Les gens quittent massivement la Gaspésie, particulièrement les jeunes, pour trouver du travail. Auparavant, on parlait d'aller travailler dans de grands centres comme Montréal et Québec. Aujourd'hui, on quitte la province pour s'en aller en Alberta et au Manitoba.
Cette nouvelle inquiète la population, car elle entraîne des pertes de revenus importantes chez les crabiers. De plus, les hommes de pont et les travailleurs d'usine qui ne travaillaient que quatre ou cinq semaines auparavant se voient maintenant réduits à ne travailler que deux semaines. On revient donc à ce que j'ai vécu lorsque j'avais 16 ans, à des projets que l'on appelait à l'époque « des travaux divers ». Rien n'a changé depuis ces nombreuses années, sans tenir compte de la perte d'économie en Gaspésie et dans toute la région que vous allez visiter durant les prochains jours.
De plus, cela touche énormément la santé des Gaspésiens et des Gaspésiennes. Je peux vous en parler parce que j'ai été directeur durant quelques années d'une maison qui traitait les toxicomanes. Ces pertes d'emplois, cette incertitude, cette insécurité, ont des effets sur la santé de la population.
Mes amis, la toxicomanie en Gaspésie est de plus en plus répandue à cause de ces pertes d'emplois, de la diminution des revenus qui survient du jour au lendemain. Je comprends mal que les spécialistes de nos gouvernements ne puissent pas prévoir ce qui nous tombe sur la tête aujourd'hui et ce qui va nous arriver demain ou dans les années futures. De grâce, faites un effort, messieurs les députés et messieurs les ministres, pour que la population sache un peu ce qui risque de se produire au cours des prochaines années.
En ce qui concerne les problèmes des pêches — M. Cousineau en a fait mention —, on a vécu les mêmes problèmes dans le domaine du poisson de fond. À ce moment-là, j'étais à la CSN et on en avait beaucoup parlé. On a tenté de trouver des solutions. Après la morue, c'est maintenant le tour du crabe.
Il me paraît donc plausible que vos experts, vos spécialistes soient bien placés, bien payés, pour prévoir ce qui va nous tomber sur la tête au cours des prochaines années. Ce n'est pas seulement la MRC de Bonaventure, c'est toute la population qui lance un cri d'alarme pour que vous réagissiez à sa demande.
Les gens qui sont à l'arrière et qui nous écoutent ont perdu des revenus. Ils vivent parfois sous le seuil de pauvreté. Si ce n'est pas le cas de la majorité, c'est celui d'une sacrée bonne partie de la population.
Je m'imagine dans la peau de ceux qui nous représentent. Je ne voudrais pas être méchant, mais je pense que ces gens vivent dans un monde complètement différent. Assis sagement et confortablement dans son bureau, on ne peut imaginer ce que vivent les gens qui ne gagnent que 12 000 $ par année.
Mesdames et messieurs, je termine ma présentation en vous exhortant encore une fois à prévoir, à penser à ceux qui sont dans la misère, qui vivent quotidiennement des difficultés, qui se lèvent chaque matin en se demandant s'ils pourront travailler le lendemain, se payer un peu de luxe et retrouver leur santé physique et psychologique.
Merci.
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J'aimerais souhaiter le bonjour à tous les membres du Comité permanent des pêches et des océans ainsi qu'à tous les capitaines qui se trouvent à l'arrière.
Je trouve qu'avant cette année, le ministère des Pêches et des Océans aurait dû diminuer les quotas de crabe de façon graduelle. Cette année, cette baisse a exercé une pression énorme sur l'économie de notre MRC. Ça a été un coup dur pour la municipalité, la MRC en général et le commerce. Pour les pêcheurs capitaines qui sont derrière moi, cette année a été déficitaire. Depuis la fermeture de la pêche au crabe en 1989, les capitaines ont fourni les efforts nécessaires pour préserver l'espèce. Ils ont encore payé des observateurs en mer, soit la compagnie BIOREX, et des observateurs à quai de la compagnie Resmar inc., qui sont chargés de peser les quantités de crabe pêchées. Durant ces années, il y avait environ 130 crabiers traditionnels. Maintenant, il y en a au-delà de 350. C'est ce qu'on appelle de la surpêche. Il y a trop de monde, et c'est pourquoi la ressource diminue.
Quant aux hommes de pont, il leur est impossible de se qualifier pour l'assurance-emploi en travaillant quatre semaines. Ils sont inquiets face à leur avenir. Le gouvernement fédéral devrait leur donner de l'aide financière et leur offrir de la formation à l'École des pêches.
En ce qui a trait aux employés d'usine, je reviens à l'assurance-emploi parce que les gens travaillent pour être en mesure d'en obtenir. Certains travaillent dans des usines pendant quatre semaines, ce qui n'est pas particulièrement rentable. Choses certaine, ils ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi.
Vu que nous vivons dans une région très éloignée, voire dévitalisée, le gouvernement devrait diminuer le nombre d'heures nécessaires pour être admissible à l'assurance-emploi et redonner à des régions comme la nôtre, qui sont éloignées, des primes d'éloignement. Ça aiderait bien des gens.
En ce qui concerne l'économie locale — les dépanneurs, les épiceries et les commerces —, ça n'augure pas bien. Les ventes sont à la baisse. Dans les usines où circule de l'argent américain, ce n'est pas rentable. Le taux de change est trop élevé. Le gouvernement devrait aussi accorder une exemption fiscale aux usines de transformation. Il serait possible de faire travailler les employés sur d'autres sites et de leur accorder des exemptions fiscales.
En Gaspésie, le bois disparaît. Il n'y a plus de bois, il n'y a plus de morue depuis le moratoire, comme le disaient mes collègues un peu plus tôt. Maintenant, on impose un moratoire pour la pêche au crabe. Que va-t-il advenir de cette pêche, des capitaines pêcheurs, des hommes de pont et des usines au cours des années à venir? Je ne sais pas si le gouvernement peut me donner une réponse à ce sujet, mais j'aimerais en obtenir une.
Merci et bonne fin de journée.
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Monsieur le président, chers membres du comité, nous sollicitons votre attention aujourd'hui au nom de nos membres qui sont tous des pêcheurs traditionnels de crabe des neiges dans le sud du golfe Saint-Laurent.
Nous voulons vous parler de la situation présente qui est telle qu'elle justifie qu'une enquête soit instituée sur la gestion du ministère des Pêches et des Océans du Canada. Non seulement sa gestion est contraire aux principes du développement durable, mais elle suscite de plus de nombreuses interrogations quant à savoir si elle s'effectue dans l'intérêt public et de manière conforme aux nouvelles politiques du ministère et aux principes de la Loi sur les pêches et de la Loi sur les océans.
Au sein de la pêche du crabe du sud du golfe, la grande majorité des entreprises de pêche que nous représentons sont les seules dont l'activité économique dépend exclusivement de cette ressource halieutique. Elles font affaire avec les communautés côtières du nord du Nouveau-Brunswick, de la Gaspésie, des îles du Cap-Breton et de l'Île-du-Prince-Édouard, et emploient environ 800 pêcheurs professionnels.
De plus, l'activité principale de transformation dans une quinzaine d'usines du Nouveau-Brunswick et du Québec dépend des approvisionnements de crabe en provenance de cette flottille. Ces usines comptent entre 3 000 et 4 000 emplois saisonniers additionnels.
Les pêcheurs traditionnels exploitent la zone 12, qui est la principale zone de pêche du stock de crabe dans le sud du golfe depuis le milieu des années 1960. Ce stock alimente aussi trois autres sous-zones, les zones 12E, 12F, 19, et maintenant 18 depuis que les pêcheurs de la zone 18 ont été intégrés à la zone 12 en 2003.
Cette année, Pêches et Océans Canada a réduit en catastrophe le total autorisé des captures de crabe dans la zone 12 de 63 p. 100, passant de 20 900 tonnes à 7 700 tonnes en 2010, au motif que la biomasse commerciale du crabe dans le sud du golfe a fait l'objet d'une pêche excessive lors du premier cycle de déclin de la ressource. Cette décision a sérieusement ébranlé tout le secteur de notre industrie qui devra composer cette année avec des pertes de revenu estimées à plus de 125 millions de dollars. Le contingent global de 2010 représente le niveau autorisé le plus bas depuis le début de notre pêcherie.
Selon nous, les décisions prises par le MPO au cours des dernières années en matière de gestion des pêches du crabe des neiges dans le sud du golfe ont été le véritable déclencheur de cette pêche excessive qui a d'ailleurs été complètement décriée par les scientifiques du ministère. À l'image de ce qui s'est produit à l'égard de trop nombreuses espèces halieutiques au Canada et de par le monde, cette situation dramatique est le résultat prévisible d'une augmentation inconsidérée de la capacité de pêche dans le but de tirer des avantages politiques à courte vue.
En effet, depuis 2003, Pêches et Océans Canada a triplé sur une base permanente la capacité de pêche au crabe des neiges dans le sud du golfe. Le ministère a choisi cette voie à l'époque au motif qu'il souhaitait utiliser le crabe des neiges pour réduire l'effort de pêche des homardiers et des pêcheurs de poissons de fond au sud du golfe Saint-Laurent. Pêches et Océans Canada a alors ajouté 700 nouveaux intervenants aux 150 crabiers additionnels existant dans la principale zone de pêche au crabe des neiges, soit la zone 12. Les intervenants ont obtenu 34,8 p. 100 du quota global de cette zone. Le ministère a aussi autorisé une augmentation excessive du nombre de bateaux, qui est passé de 160 à 400, ainsi que du nombre de casiers, qui est passé de 18 500 à 38 000.
En choisissant cette voie, Pêches et Océans Canada est allé directement à l'encontre des principes de développement durable, faisant complètement fi de son obligation d'intégrer la prise en compte des impacts écologiques et économiques de ses décisions, et de prendre en compte les intérêts des générations futures. Le ministre a choisi de désavantager ces principes au lieu d'encourager leur déploiement. Enfin, Pêches et Océans Canada a choisi de mettre en péril à la fois la survie de la ressource et la survie économique de ceux qui en dépendent aujourd'hui et de ceux qui voudront en vivre demain.
Dans les faits, Pêches et Océans Canada a adopté des pratiques qui sont inconciliables avec ses propres politiques de gestion durable des stocks qui argumentent très clairement en faveur du maintien d'un équilibre salutaire entre la capacité de pêche et la quantité des ressources disponibles dans toutes les pêcheries canadiennes. Les données officielles indiquent que 40 000 tonnes additionnelles de crabe des neiges ont été pêchées dans le sud du golfe depuis 2003, comparativement aux cycles précédents. L'ensemble de ces prises additionnelles est attribuable aux sous-zones et aux nouveaux intervenants.
En effet, les prises des pêcheurs traditionnels de la zone 12, qui dépendent exclusivement de cette ressource depuis les années 1960, sont restées sensiblement les mêmes au cours des deux derniers cycles, soit 110 000 tonnes entre 1995 et 2002 et 109 000 tonnes entre 2003 et 2009.
Lors du cycle précédent, soit de 1995 à 2002, Pêches et Océans Canada semble avoir été conscient de l'impact sur la ressource que représentaient ces nouveaux intervenants. Cette considération semble avoir disparu depuis 2003. En effet, le ministre a plutôt accru proportionnellement la part de ces captures réservée aux nouveaux intervenants alors même que la ressource se faisait de plus en plus rare. Les gestionnaires de Pêches et Océans Canada maintiennent cette approche à contre-courant, sans prendre en compte les impacts potentiels sur les cycles naturels de déclin de cette espèce. C'est pourtant très bien documenté par les scientifiques du ministère. Les pêcheurs qui dépendent de ces ressources ainsi que plusieurs autres intervenants qui appuient leurs démarches auprès de vous souhaitent qu'une enquête appropriée soit instituée afin de vérifier nos allégations selon lesquelles la gestion des pêches au sud du golfe effectuée par Pêches et Océans Canada ne respecte pas les engagements gouvernementaux à l'égard du développement durable et ne se conforme pas à ses propres politiques de gestion.
En avril 1999, le vérificateur général du Canada concluait son rapport sur la gestion des stocks de mollusques et de crustacés de l'Atlantique comme suit:
4.107 Nous avons remarqué des faiblesses importantes dans les pratiques de gestion que le Ministère emploie afin d'atteindre ses objectifs pour la pêche des mollusques et crustacés de l'Atlantique. Notre vérification a révélé des décisions qui vont à l'encontre de la stratégie des pêches de l'avenir du Ministère, fondement même des critères que nous avons adoptés pour la présente vérification. [...] Il est urgent que le Ministère clarifie ses objectifs et qu'il élabore et mette en oeuvre des stratégies propices à la durabilité globale des pêches des mollusques et crustacés de l'Atlantique.
En février 2000, en réponse au rapport du vérificateur général, le ministère a entrepris une vaste révision de sa politique des pêches de l'Atlantique. Cette révision est à l'origine du nouveau Cadre stratégique des pêches sur la côte atlantique du Canada adopté en mars 2004. Ce cadre stratégique a reçu l'approbation unanime de l'industrie et des gouvernements provinciaux. Il met en évidence ce qu'il faut faire et ne pas faire si on veut opérer les changements nécessaires pour assurer la durabilité des stocks et des pêcheries de l'Atlantique. Naturellement, on se serait attendu à ce que le ministre s'empresse de mettre en pratique ces grands principes et les directives contenus dans ce cadre. Or, il semble que ce ne soit pas le cas.
Je porte l'exemple suivant à votre attention. En mars 2005, et de nouveau en mars 2006, le ministère a annoncé qu'il prolongerait jusqu'en 2009 la surcapacité de la pêche instaurée dans la zone 12 en 2003. La décision prise cette année est encore plus inquiétante pour nous, étant donné qu'au moment où le cycle de déclin naturel, la biomasse, est à son plus bas dans l'histoire des pêcheries, le ministère a annoncé, le 8 mars dernier, qu'il prolongerait le maintien de cette surcapacité jusqu'en 2014. Or, on remarque qu'au chapitre 5 du Cadre stratégique de gestion des pêches sur la côte Atlantique du Canada, qui traite de la question d'accès à la ressource, cette nouvelle politique de gestion du ministère n'encourage certainement pas l'utilisation de la ressource d'une pêcherie pour pallier les déficiences d'autres pêcheries en difficulté.
Pêches et Océans Canada a adopté de telles politiques destinées à répondre à la mise en garde du vérificateur général. Des faits sont restés complètement ignorés. Le ministère a adopté un comportement contraire dans la gestion du crabe des neiges du sud du golfe, de même que dans la gestion d'autres stocks de crustacés de la côte atlantique, si on se fie aux commentaires de nos collègues pêcheurs.
En 2006, et de nouveau en 2007, la flottille de crabiers traditionnels a formellement demandé au ministère d'entreprendre des discussions afin de codifier les rapports que l'on devait établir entre la capacité de pêche et la ressource disponible. Conformément à cette vision, les directives et les principes contenus dans le plan stratégique de l'Atlantique...
Je n'en ai plus pour longtemps, monsieur le président.
Nos requêtes sont restées sans réponse ni accusé de réception.
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Bonjour, madame et messieurs les députés. Bienvenue à Gaspé.
Je m'appelle Delphine Metallic, je suis une Mi'gmaq de la communauté de Listuguj dans le territoire Gesgapegiag. Comme vous le savez, la première nation des Mi'gmaq Listuguj exploite les ressources halieutiques conformément au droit inhérent à la pêche accordé ou réaffirmé par l'arrêt Marshall. Nous pêchons dans la zone 12. C'est la 10e année que nous pêchons. Nous sommes quand même de nouveaux venus, nous apprenons toujours et nous voulons toujours être mis à contribution dans les activités de gestion des ressources.
Ces 10 dernières années, depuis qu'elle a accès à la pêche, notre communauté connaît un nouvel espoir. La pêche y a créé une nouvelle économie dans une certaine mesure et une nouvelle industrie. Nous avons un bon nombre de pêcheurs et de capitaines, et c'est toute la collectivité qui a tiré profit de cette nouvelle activité. Nous avons des permis communautaires, ce qui explique pourquoi c'est toute la collectivité qui bénéficie de cette pêche, et non simplement un ou deux pêcheurs. La communauté toute entière donc peut tirer avantage de cette pêche pratiquée à bord de petites embarcations.
Les récentes réductions ont un impact considérable sur nos collectivités, qui éprouvent déjà de graves problèmes économiques. Nul besoin de passer en revue les réalités que vivent les collectivités des premières nations où il n'y a pas vraiment de débouchés économiques. Cette pêche a offert beaucoup d'espoir à la collectivité.
Nous pensions que la pêche était bien administrée. Nous sommes passés d'un quota fixe à un quota établi sur un pourcentage. Nous constatons maintenant que la diminution spectaculaire de la biomasse peut être le résultat d'une mauvaise gestion des ressources halieutiques. Cela nous inquiète gravement. Des mesures durables doivent être prises immédiatement pour régler le problème auquel nous sommes tous confrontés. Il faudrait consulter tous les intervenants afin de trouver ces solutions.
Je vous donne un aperçu de l'impact de cette réduction considérable du TPA sur notre collectivité — la perte d'emplois qui en a découlé. D'autres aspects de la vie communautaire ont également été touchés. Il y a donc une perte des profits qui servaient auparavant à financer des projets où il y avait un manque de fonds, problème chronique comme nous le savons. Nous employions également les profits de la pêche pour mettre en oeuvre des mesures d'employabilité dans nos collectivités afin que les membres de notre première nation se hissent au-dessus du seuil de pauvreté, mais ils... La situation est très difficile.
La première nation des Mi'gmaq Listuguj s'intéresse principalement à la survie de l'espèce. Nous sommes disposés à collaborer avec les autres intervenants et les représentants du gouvernement afin de trouver des solutions viables et pratiques. Toute stratégie devrait avoir comme objectif la survie de l'espèce; toute stratégie devrait également assurer une vraie participation des Mi'gmaq à la gestion de la ressource.
Je suis ici aujourd'hui à titre de porte-parole de la nation des Mi'gmaq Listuguj de ma collectivité, et non pas de tous les Mi'gmaq. Nous nous engageons à assurer que les objectifs visés seront atteints grâce à des consultations avec le gouvernement, les intervenants, les groupes d'utilisateurs et les autres intéressés; nous voulons la participation permanente de tous les membres de notre collectivité.
Par le passé, nous avons participé à la gestion des ressources; en fait, les membres de la collectivité avaient été invités à élaborer des programmes, à les gérer et à surveiller leur mise en oeuvre. Ces efforts ont été couronnés de succès. Nous nous engageons à assurer la viabilité des ressources et, comme je l'ai signalé tout à l'heure, nous nous inquiétons de la survie de l'espèce.
Il nous faut mettre sur pied un groupe de travail mi'gmaq sur la gouvernance qui permettrait d'assurer un plan de gestion durable du crabe des neiges, auquel les Mi'gmaq participeraient. Comme quelqu'un l'a signalé tout à l'heure, les décisions sont prises trop loin de là où la ressource est exploitée, sans qu'on soit vraiment conscient de ce qui se passe sur le terrain.
Conformément à l'article 35 de la Loi constitutionnelle, il faut mettre sur pied un système de pêche protégée fondé sur les droits. Nous savons qu'il faudra beaucoup de temps et d'importantes ressources financières pour y parvenir.
La communauté Listuguj souhaite une pêche qui soit durable, qui existera pendant des générations à venir; la communauté est prête à agir en ce sens. Il est très important d'assurer la conservation des stocks, de sorte que nos enfants et nos petits-enfants pourront en profiter.
Nous commençons à peine à nous prévaloir du droit inhérent des Mi'gmaq à l'exploitation des ressources halieutiques. Grâce à l'accès qui nous a été accordé dans l'arrêt Marshall, nous pouvons maintenant mettre pleinement en oeuvre les traités négociés. L'application de ces droits et notre pleine participation à la pêche dans le golfe à partir de petites embarcations nécessiteront de nouveaux moyens et certains progrès.
La communauté Listuguj a démontré qu'elle peut assurer une bonne gestion. Par exemple, notre plan de gestion du saumon est déjà en vigueur depuis plus de 25 ans. Nous voulons trouver des solutions durables aux problèmes que nous connaissons.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord indiquer aux témoins, et à ceux qui vont se présenter plus tard ce matin, que les membres du comité seraient très intéressés de prendre connaissance de tout document que vous avez et que vous pourriez nous faire parvenir. Évidemment, s'ils sont traduits, tant mieux, sinon on va les traduire. Je pense notamment au document de M. Desbois ou à celui de M. Scantland, ou à d'autres documents que vous pourriez nous présenter. N'hésitez pas à le faire. Ça nous fera plaisir de les recevoir et, en même temps, de pouvoir y jeter un coup d'oeil afin de mieux comprendre votre témoignage.
Je suis un gars de la radio comme Gérard-Raymond Blais, avec qui j'ai eu l'occasion de travailler pendant plusieurs années. On est habitués en radio à dire très rapidement ce qu'on a à dire. Je comprends très bien, en même temps, que de traiter du dossier de l'impact de l'industrie du crabe des neiges en quelques minutes seulement, c'est carrément impossible. Donc, c'est la raison pour laquelle il y a plusieurs audiences, ce qui nous donnera l'occasion de réfléchir sur toute cette question.
J'aimerais vous entendre notamment, M. Desbois, sur l'enquête demandée, l'enquête nécessaire au sujet de la gestion du ministère qui ne correspond pas au concept de développement durable, etc. J'aimerais que vous puissiez nous en dire davantage à cet égard.
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Tu te rappelles certainement, Raynald, qu'à partir de 1990 environ, le régime d'assurance-emploi a commencé à subir une réduction. La caisse d'assurance-emploi a commencé à enregistrer des surplus vers 1994. Ces surplus ont atteint 55 milliards de dollars. Ils ont été versés dans le compte consolidé du gouvernement et ont été utilisés à toutes sortes d'autres fins.
Parallèlement à cela, on a commencé à rendre l'accès à l'assurance-emploi beaucoup plus difficile. On est passé des semaines aux heures. Les pénalités sont beaucoup plus sévères. Une infraction qui donnait lieu à une pénalité de trois semaines entraîne maintenant une exclusion totale. Évidemment, pour les régions où les axes de travail sont très limités et où il n'y a pas de grand développement industriel qui génère des emplois à l'année, l'accès à l'assurance-emploi est presque devenu un geste héroïque, si on peut dire. En effet, depuis quelques années, seuls 45 p. 100 environ de tous ceux qui cotisent à l'assurance-emploi y ont accès alors que ce taux variait entre 85 p. 100 et 90 p. 100 au cours des années 1990. C'est de plus en plus difficile. Nos réclamations, nos demandes au fil du temps visent à réduire le nombre d'heures pour se qualifier, évidemment. Tous les témoignages qu'on entend ici ce matin soulignent la difficulté de compenser le revenu qu'on a perdu dans l'industrie.
Il incombe au gouvernement d'équilibrer les économies régionales et d'appuyer ces gens un peu partout dans les régions, plutôt que de les forcer à s'expatrier pour qu'ils réussissent à obtenir un revenu décent leur permettant de faire vivre leur famille. Les exigences des intervenants en matière d'assurance-emploi sont toutes les mêmes: réduire le nombre d'heures, allonger les périodes de prestations pour que les gens puissent couvrir le cycle complet lorsqu'il n'y a pas de travail dans la région.
Évidemment, si le taux de chômage se situe autour de 8 p. 100 ou 10 p. 100, la possibilité de trouver un emploi est plus élevée. Mais ici, où le taux de chômage s'est toujours situé entre 17 p. 100 et 21 p. 100, il est évident que la possibilité est mince de trouver un emploi hors de la saison touristique, qui est devenue très courte. C'est la raison pour laquelle on a toujours demandé qu'un ajustement à la Loi sur l'assurance-emploi soit fait.
Ce n'est pas une question d'argent. Il y en a en masse dans la caisse d'assurance-emploi. Tous les ans, il y a des surplus de 3 ou 4 milliards de dollars. Nos demandes pourraient être facilement comblées par l'argent qu'on verse actuellement sous forme de cotisations, à titre d'employeurs ou d'employés.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureux d'avoir cette occasion de visiter la région. J'aimerais signaler que je viens de la côte Ouest. Je jugeais donc qu'il était très important que je sois ici pour entendre vos préoccupations et vos recommandations. Je suis également un nouveau député, car j'ai été élu en novembre dernier.
Quand j'ai entendu parler pour la première fois des problèmes du secteur du crabe des neiges, j'ai jugé qu'il était très important que notre comité vienne dans la région pour entendre vos préoccupations et voir si nous pouvions formuler des recommandations pertinentes. Je vous encourage fortement à faire parvenir vos recommandations et vos solutions au comité. Si vous jugez que vous n'avez pas eu suffisamment de temps lors de la réunion — malheureusement, il faut limiter le temps dont disposent les témoins —, je vous encourage à transmettre ces recommandations au comité, comme l'a signalé M. Blais. Nous pouvons assurer un suivi.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur Scantland. Vous avez parlé d'insécurité et de la gestion des ressources. Vous avez dit qu'il fallait assurer une meilleure planification, que les annonces des allocations étaient faites trop tard, tout particulièrement lorsqu'il s'agit de mauvaises nouvelles. Vous avez signalé qu'il n'y avait pas eu de consultation ou que la consultation avait été limitée, tout particulièrement auprès des collectivités. Pourriez-vous nous en dire un petit peu plus long là-dessus et nous donner de plus amples renseignements sur le modèle de gestion qui permettrait de régler certains de ces problèmes?
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C'est toujours difficile de se prononcer sur ce genre de choses. En même temps, je vous dirais qu'il y a des points de départ. Il y a des éléments de base qu'il faut prendre en considération pour que, par la suite, on puisse élaborer un modèle de gouvernance qui respecterait mieux les réalités des territoires.
Je décrirais la façon dont Pêches et Océans Canada gère la ressource ici comme étant relativement centrale, à partir de données qui lui sont fournies par les biologistes. C'est important d'avoir cette information. Ce qui est discutable est la façon dont on va par la suite la rendre disponible et décider, au nom des collectivités ou des groupes, comment cette ressource sera gérée. Ailleurs dans le monde et même ailleurs au Canada, il y a d'autres façons de gérer les pêches qui font participer les communautés à la prise de décision et qui leur permettent de pouvoir trouver des solutions à la situation prévue de la ressource.
En ce qui concerne le crabe en particulier, on sait que c'est un cycle — et M. Desbois en parlait tout à fait intelligemment tout à l'heure —, on sait que c'est un cycle prévisible. Alors, pourquoi ne serait-on pas capable de gérer avec des plans de cinq ans où on allouerait des quotas de cinq ans? Quel serait l'impact? Ce serait finalement un impact négligeable, on pourrait se réajuster en cours de route. Pourquoi, chaque année, toujours avoir cette imprécision?
Je vais faire un parallèle avec la forêt. Si on connaît notre ressource et qu'on sait ce qu'on aura à récolter pendant un certain nombre d'années, on peut mieux ajuster par la suite le développement de nos usines, le développement de nouveaux produits, travailler avec nos pêcheurs pour que les débarquements puissent être répartis sur une plus longue période de temps. Il n'y a pas de contraintes.
Il y aurait donc toutes sortes de façons de pouvoir mieux adapter des situations aux réalités de nos usines, aux réalités des pêcheurs, aux réalités de nos communautés. Mais à partir du moment où on n'a pas le droit, sinon par consultation très éphémère, de donner notre opinion sur la gestion des ressources, il est évident qu'on se retrouve toujours avec des situations comme celle qu'on vit aujourd'hui. Cela a été le cas pour le poisson de fond et pour la crevette. Au printemps, quand arrivent les mois de février et de mars, on se demande si on aura un printemps chaud ou un printemps froid. Un printemps chaud signifie qu'il y aura des manifestations, des problèmes entre les usines, des problèmes avec les pêcheurs et des problèmes avec les travailleurs.
Il n'y a pas une année qui passe sans qu'on vive une crise. Comment voulez-vous que des organismes comme les nôtres puissent influencer le développement et trouver des solutions à long terme, quand on est placés systématiquement dans des situations telles que celle qu'on vit présentement?
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Je dois vous rappeler que dernièrement, il y a eu l'exemple d'une dame qui menait une bataille au sujet des prestations pour cause de maladie. M. Gérard-Raymond Blais parle de stress. Évidemment, cela peut occasionner des maladies qui, autrefois, sans le stress, étaient moins présentes dans la société, comme le cancer, les crises cardiaques, les embolies, etc.
L'assurance-emploi soutient les gens pendant 15 semaines avec des prestations pour cause de maladie. Les groupes de défense des droits des chômeurs se battent depuis un an environ pour une augmentation des semaines d'appui financier en prestations pour cause de maladie auprès du gouvernement fédéral, mais ça ne semble pas très bien reçu puisqu'il n'y a rien qui se fait présentement pour tenter de répondre à cette nouvelle réalité, en fait. De plus en plus de gens reçoivent un diagnostic de cancer.
Comme monsieur le disait, c'est très coûteux ici, en région, de se faire soigner, parce qu'il faut aller à Rimouski ou à Québec. Il n'y a pas de prime d'éloignement pour compenser ces dépenses. Donc, tout cela ajoute à la morosité et à l'insécurité dont tout le monde parle ici ce matin.
Je ne sais pas de quelle manière on pourrait arriver à soutenir ces gens-là, qui représentent un bon pourcentage dans notre région. Je reçois de plus en plus d'appels de gens qui disent qu'ils ont eu droit à 10 ou 12 semaines, qu'il leur reste 3 semaines de prestations pour cause de maladie à toucher, mais que leurs traitements vont s'échelonner sur 3, 4 ou 5 mois. Ils demandent ce qui va leur arriver. L'assurance-emploi ne pourra certainement pas continuer à remplacer leur revenu puisqu'ils ne sont pas disponibles et aptes à travailler. Donc, ces gens se retrouvent carrément devant une situation intenable.
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Comme je vous l'ai dit, on a déjà vécu cette baisse en 1989-1990. À l'époque, nous étions 130 dans l'industrie. À ce moment, on s'est assis, on a pris nos responsabilités et on a beaucoup investi en recherche. On a donné beaucoup d'argent aux biologistes de Pêches et Océans Canada, et ça a beaucoup avancé. Jusqu'en 1994-1995, ça a entraîné des prises records, ou presque. À partir de ce moment, le ministère ne nous a pas laissés récolter le fruit de nos efforts et de notre responsabilisation. La ressource a servi à éviter ses responsabilités. Vous allez penser que je me répète souvent, mais il est un peu difficile de demander aux pêcheurs d'être responsables s'ils ne peuvent pas récolter les fruits de leurs efforts.
En ce qui a trait à la réglementation et à ce qui pourrait changer, il faut d'abord protéger la ressource. C'est la première chose, car sans ressource, personne ne peut vivre. Au Québec, depuis trois ans, les gars ne font plus leurs frais. Je ne sais pas comment ça a été géré. On s'est basé sur les années passées, alors que les crabiers ont connu quelques bonnes années, ce qui n'est plus le cas depuis belle lurette. On dirait que la gestion a été basée sur des choses anciennes, sur des petits esprits de clochers. On dirait que quelqu'un qui fait de l'argent en région n'a pas le droit de le faire. Maintenant, c'est réglé, plus personne n'en fait, et ce, depuis au moins trois ans, ici.
C'est le cas un peu plus au Québec qu'au Nouveau-Brunswick, parce que depuis le jugement Marshall, la région du Québec a payé 17 p. 100, alors que c'était 11 p. 100 au Nouveau-Brunswick parce que les quotas étaient déjà plus élevés. À partir de 1990, ça a été des quotas individuels. Les pêcheurs du Québec ont payé 6 p. 100 de plus pour les communautés autochtones. Par conséquent, depuis déjà trois ans, ces quotas sont incroyables. Cette année, on en parle dans les médias, mais ça fait déjà trois ans que les gars ne font pas leurs frais.
Il ne s'agit donc pas seulement de la ressource, mais aussi de l'attribution. À ce jour, il nous apparaît que le ministère cherche à faire disparaître une entreprise au profit d'une autre. On ne sait pas. Il est difficile de comprendre les visées du ministère. On nage un petit peu à contre-courant, on ne sait pas ce qui arrive, on ne sait pas où aller avec tout ça. Quelle est la réglementation qu'il faudrait accepter? Qu'est-ce qui se passe exactement pour nous? Qu'est-ce qui se passe sur le plan de la gestion? De là vient cette incertitude. On ne sait pas où on s'en va, on ne peut pas planifier.
Les gars ont fait beaucoup d'investissements, et aujourd'hui, on se demande ce qu'on devrait faire. On ne le sait pas. Je ne peux pas vraiment vous répondre tant que certaines choses ne seront pas stabilisées. On ne pourra pas vivre ça longtemps, ça va bientôt ressembler à la crise dans le secteur du poisson de fond. Les bateaux vont être à quai et il n'y aura plus de poissons ni de crustacés. On s'en va dans le même chemin.
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Tout d'abord, j'aimerais vous dire que je suis un pêcheur. Tous les ans, lorsque les quotas de pêche sont annoncés, nous sommes en mer 72 heures plus tard. S'il y a un problème pendant cette période, je n'ai pas le temps de me trouver un autre emploi, car je suis un travailleur saisonnier. Sur la côte de Gaspé, nous sommes presque tous des travailleurs saisonniers.
Je peux parfois me trouver du travail ailleurs, mais si j'apprends deux semaines avant l'ouverture de la pêche que je vais avoir environ quatre semaines de travail et s'il me reste quatre ou cinq semaines d'assurance-emploi, je n'ai pas le temps de me trouver un autre emploi. À ce moment-là, tous les autres emplois sont probablement pris. Toutes les autres activités ont déjà commencé.
L'autre problème que nous avons eu lorsque les quotas ont été annoncés, c'est que le pêcheur de crabe est une entreprise, et lorsque le quota est réduit, la première chose que fait le capitaine, c'est de mettre à pied des travailleurs. La deuxième chose qu'il fait, pour les travailleurs qu'il garde, c'est de réduire leur charge de travail, de sorte que nous nous retrouvons avec peut-être quatre ou cinq semaines de salaire.
C'est ce que je voulais vous dire aujourd'hui.
Mon nom est Lorenzo Méthot. Je suis secrétaire de l'Association des membres d'équipages des crabiers de la Gaspésie.
Je voudrais d'abord faire une petite rétrospective de la pêche au crabe de 1980 à 1989. À l'époque, il y avait beaucoup de concurrence. Plusieurs crabiers avaient plus de casiers à l'eau que ce que permettait la loi. Certains casiers restaient à l'eau l'hiver et les pêcheurs les récupéraient au printemps pour avoir plus de casiers pour pêcher. Cela s'est fait jusqu'en 1989, à la chute des prises de crabe, car le port de pêche était trop grand. Je ne vous annonce rien. Ce n'est qu'une rétrospective.
En 1990, pour permettre l'ouverture de la pêche, le MPO décide qu'il y aura des quotas individuels pour chaque bateau afin de rétablir le stock du crabe, et ce, jusqu'en 1996 environ. Plus tard, les marchés asiatiques ont exigé une meilleure qualité de crabe. Par conséquent, les compagnies ont voulu du crabe de qualité supérieure. Cela a engendré pour la majorité de la flottille le début du tri et du rejet à la mer de plusieurs catégories de crabe commercial.
Un peu plus tard, les Premières nations sont entrées dans la zone 12 avec une bonification financière pour l'achat de permis de bateaux. Afin d'intégrer des Autochtones dans le système de pêche, plusieurs aides pêcheurs traditionnels ont été mis à pied et n'ont pu bénéficier d'aucune aide du gouvernement fédéral. Par la suite, le fait que des pêcheurs non traditionnels ont pu obtenir des allocations de crabe dans la zone 12 a occasionné un surplus de casiers, ce qui fait que nous sommes rendus au même point qu'en 1989.
Il y aussi la pêche du crabe blanc jusqu'en juillet. Dans toutes les réunions que nous avons tenues, nous avons toujours voulu que la pêche se termine à la fin de juin, mais ils n'ont jamais voulu. Au cours des années 2000, le MPO a autorisé des Autochtones à continuer la pêche jusqu'à la fin de juillet. En 2010, avec la baisse des quotas, il y a eu la goutte qui a fait déborder le vase. Avec la bénédiction du même fléau, le transfert des quotas à d'autres bateaux a occasionné, encore une fois, la mise à pied de plusieurs membres d'équipage, et plusieurs bateaux sont restés en cale sèche et vont probablement le demeurer.
Après le début de la pêche en 2010 — il y a du crabe blanc cette année —, il a fallu quatre semaines avant de fermer les quadrilatères. D'après les membres d'équipage, la réduction importante de la ressource est due à trop d'efforts de pêche, trop de gens, trop de casiers et trop de pêche du crabe blanc.
Aujourd'hui, avec les nouveaux bateaux et les nouvelles cages dites japonaises, on pêche de trois à quatre fois plus que lors de l'ancienne pêche traditionnelle. Je pense que cela n'a pas été considéré.
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Monsieur le président, monsieur Blais, bonjour.
Mon nom est Marc Diotte et je suis porte-parole de l'Association des morutiers traditionnels de la Gaspésie. J'aimerais tout d'abord remercier les membres du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes de s'être déplacés afin de nous permettre d'exprimer notre opinion sur la pêche au crabe des neiges dans la zone 12, à savoir au sud du golfe du Saint-Laurent.
Tout d'abord, je tiens à vous informer que les membres de notre association sont tous des pêcheurs de poisson de fond à permis unique et qu'ils pratiquent la pêche au crabe des neiges depuis de nombreuses années grâce au nouvel accès à cette pêche instauré par le ministère des Pêches et des Océans il y a déjà plusieurs années. Ainsi, chacun de nos membres dispose d'une allocation temporaire de crabe des neiges dont la quantité varie chaque année selon l'établissement du total autorisé des captures retenu par le ministère des Pêches et des Océans.
Au cours des dernières années, si l'on fait exception de 2010, nos membres disposaient en moyenne d'allocations temporaires de crabe des neiges de plus ou moins 20 000 livres par année. En 2010, la baisse importante de 63 p. 100 du total autorisé des captures pour la zone 12 a fait en sorte d'établir la moyenne de nos allocations temporaires à 8 000 livres pour chacune de nos entreprises de pêche, ce qui est très peu, vous en conviendrez.
La pêche au crabe des neiges pour chacun de nos membres est l'une des seules activités de pêche que nous pouvons pratiquer aujourd'hui parce que, comme vous le savez sans doute, nous n'avons plus accès à la pêche à la morue dans le sud du golfe, car il y a eu beaucoup de restrictions lors d'un troisième moratoire de cette pêche l'an dernier.
Sauf pour un accès très limité à la pêche au flétan de l'Atlantique, la plupart de nos revenus provient donc de la pêche au crabe. Cet accès limité à la pêche au crabe des neiges nous a donc permis de sauver nos entreprises de pêche ces dernières années, même si les quantités qui nous sont allouées annuellement sont assez minimes.
Comme bien des gens de l'industrie de la pêche, nous avons été surpris de la baisse de 63 p. 100 du TAC du crabe des neiges dans la zone 12 pour 2010. Tous les intervenants s'attendaient à une baisse des captures, mais jamais d'une telle ampleur. Pour les membres de notre association, une grande partie de leurs revenus s'est donc envolée du jour au lendemain et le sort de chacune de nos entreprises de pêche est maintenant en danger, compte tenu du fait que nous n'avons plus rien à pêcher.
Aujourd'hui, la pêche au crabe des neiges dans la zone 12 est en situation de crise et tous les intervenants, tant ceux de la capture que ceux de la transformation, en paient fortement le prix. Il faudra attendre quelques années avant de voir les stocks se reconstruire.
Nous sommes convaincus que si le ministère des Pêches et des Océans, au cours des dernières années, avait davantage pris en considération les évaluations des stocks de crabe des neiges dans la zone 12 effectuées par ses propres biologistes, la crise actuelle aurait pu être évitée.
Les baisses graduelles du TAC de moins de 10 p. 100 par année auraient alors permis une meilleure stabilité de cette pêche. Les dernières évaluations scientifiques démontraient cependant une baisse de la biomasse commerciale. Le ministère des Pêches et des Océans a quand même maintenu le taux d'exploitation élevé.
Il est vrai que nous avons profité, comme tous les participants, de cette pêcherie, mais aujourd'hui on doit vivre une situation qui est difficile pour tout le monde. La pression sur cette ressource a souvent été imposée pour des raisons économiques. Beaucoup de gens de la région dépendent de la pêche au crabe des neiges. C'est une grosse industrie.
Nous sommes très préoccupés par les effets de cette crise. Nous avons tendance à croire que le principal gestionnaire de la ressource, le ministère des Pêches et des Océans, ne s'est pas bien acquitté de sa tâche de conserver la ressource. C'est très inquiétant pour l'avenir de cette pêche.
Avant de finir, j'aimerais ajouter qu'en 2004, 2005 et 2006, on a travaillé avec un programme de rationalisation en direct avec Pêches et Océans Canada pour tenter de réduire les membres de notre flottille pour donner de meilleurs revenus à ceux qui vont rester. On a fait un programme qui a duré trois années consécutives et pour lequel le ministère nous a félicités. Après ces trois années, il nous a dit qu'on allait continuer le programme pour les trois prochaines années.
Le ministère nous a complètement mis de côté, je ne sais pas ce qui s'est passé. De plus, le ministère nous a interdit la pêche à la morue. Présentement, on essaie de gagner notre vie. On a pêché 8 000 livres de crabe à 1,50 $ la livre, ce qui nous donne un revenu de 12 000 $. On ne peut même pas avoir droit aux prestations d'assurance-emploi, présentement, et il n'y a rien pour nos hommes de pont et on se demande pourquoi. Je travaille avec les fonctionnaires provinciaux et régionaux, surtout, depuis deux ans. Ils nous ont fait monter des projets et des dossiers, mais la seule réponse qu'on nous a donnée est que le ministère des Pêches et Océans n'avait pas d'argent pour nous, pas d'argent pour nous aider relativement au programme de rationalisation.
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Bonjour, je suis représentante des travailleurs d'usine qui traitent le crabe des neiges.
Notre situation est la suivante. Depuis 2000, les travailleurs n'ont plus assez de semaines et d'heures en usine. Ils doivent se tourner vers des projets mis sur pied par le gouvernement du Québec, quitter les usines pour retourner dans les écoles, changer complètement d'emploi, ou quitter la région. On a de la difficulté à travailler assez d'heures et de semaines pour avoir droit à l'assurance-emploi, parce qu'il faut 420 heures et 14 semaines, ce qui est pratiquement impossible à faire chaque année. Pour être admissible à ces projets montés par le gouvernement, il faut avoir travaillé quatre semaines de 40 heures en usine depuis 2003. Ceux et celles qui n'ont pas travaillé ces quatre semaines de 40 heures en usine en 2003 sont laissés à eux-mêmes, ils ne sont pas considérés comme des travailleurs d'usine. Ce ne sont pas des travailleurs d'usine depuis 2004.
Chez Fruits de mer Gascons ltée, en 2005, nous étions 300 employés. Depuis la fermeture, 120 personnes ont obtenu un emploi chez Unipêche M.D.M. ltée à Paspébiac. Aujourd'hui, seulement 75 anciens employés de Fruits de mer Gascons ltée travaillent. On a connu une grosse perte d'emplois, ces gens se sont relocalisés ou ont quitté complètement la région.
Cette année, avec la diminution des quotas de 63 p. 100, des bateaux sont partis vers d'autres usines. La compagnie Unipêche M.D.M. ltée a dû se diversifier dans d'autres domaines, comme le homard et le bourgot, pour aider les gens à travailler les quatre semaines de 40 heures obligatoires. Si l'année prochaine il y a une baisse de quotas, tous ces gens auront probablement de grosses difficultés.
On voulait juste faire une mise en contexte. Aujourd'hui, dans les usines, la moyenne d'âge des travailleurs est de 45 à 60 ans. Il n'y a plus beaucoup de gens qui vont donner leur nom pour travailler dans les usines. En effet, peu de gens sont intéressés à ne travailler que quatre semaines.
C'est à peu près ça.
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Merci, monsieur le président.
Je vais tenter de répondre à la question d'O'neil. Effectivement, nous, membres de ce comité, que ce soit moi-même ou d'autres, n'apprendrons pas nécessairement des choses nouvelles. On ne vient pas avec cette idée. Habituellement, les audiences d'un comité se déroulent à Ottawa, ce qui ne nous donne pas l'occasion de rencontrer les gens sur place et de les visiter. C'est donc une des raisons.
Qu'est-ce que ça va changer? J'aimerais pouvoir vous dire qu'avec le rapport et les recommandations que les membres du comité vont déposer, la situation et les problèmes qu'on connaît présentement pourront être réglés. Or, je ne suis pas dupe. Vous le savez, et vous vivez cette situation. Ce n'est pas la première fois qu'on a l'occasion de se pencher sur différents dossiers. On l'a fait pour la pêche au homard, pour la chasse au phoque, pour les ports pour petits bateaux. Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres membres du comité, mais j'ai l'impression que sans le travail du comité, on n'aurait pas réussi à faire avancer les choses, ne serait-ce qu'un peu, dans le dossier de la chasse au phoque et dans celui des ports pour petits bateaux. Je trouve effectivement qu'on a avancé un peu, même si, à mon avis, ce n'est pas suffisant.
Maintenant, qu'adviendra-t-il de tout cela? Je pense que nous pouvons exercer une pression supplémentaire. Je crois qu'il est important de vous rencontrer sur place, plutôt que d'attendre votre venue à Ottawa et de risquer de n'y recevoir que quelques personnes. C'est donc pour cela.
Monsieur Hunt, parlons de ce que vous avez vécu. Vous sentiez que cette décision allait être prise, puisque tout le monde disait qu'il était question de 40 à 50 p. 100 de démissions. Vous l'appréhendiez un peu, mais vous vous disiez que si ça arrivait, on s'occuperait de vous. Or, l'annonce a été faite soudainement, et vous n'avez pas du tout eu l'impression que le ministère s'est occupé de vous.
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Merci, monsieur le président.
En réponse à la question de M. Cloutier au sujet de l'objectif du comité, je pense que ce serait une excellente idée que le président dise un mot à ce sujet, mais je sais que je n'ai pas beaucoup de temps, alors je pose tout de suite mes questions.
Marc, si vous le voulez bien, je vais vous poser ma question. Je me demande si vous êtes d'accord avec les recommandations antérieures des scientifiques, celles des biologistes, sur les niveaux de prises de crabe des neiges. En outre, au cours des dernières années, est-ce que ces recommandations se sont reflétées, d'après vous, dans les différents quotas?
Deuxièmement, d'après vous, qu'aurait-il fallu faire dans les circonstances? Par exemple, quels niveaux ou quotas auriez-vous recommandés en 2006, 2007, 2008, l'an dernier et cette année?
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J'ai participé à la revue par les pairs du stock de crabe des dix dernières années. Chaque année, surtout les quatre dernières années, les biologistes recommandaient une baisse de 10 p. 100 du TAC afin de maintenir une léger stock de crabe pour les années à venir. Le stock de crabe des neiges suis un cycle. Après un certain nombre d'années, le stock diminue, et ensuite, il augmente tout le temps. Parce qu'on se dirigeait vers le creux de la vague, les biologistes, au cours des quatre dernières années, ont demandé une baisse de 10 p. 100.
Cette recommandation a été rejetée par l'industrie pendant ces quatre dernières années. Encore l'an dernier, lors d'une séance du comité consultatif, je me souviens que Mikio avait dit qu'on en ressentirait l'impact et que ça ferait mal. Si on avait accepté la baisse du TAC de 10 p. 100 lors des quatre dernières années, peut-être que cette année, on ne vivrait pas ce qu'on vit en ce moment.
Cette année, les rapports scientifiques ont été pris en considération par le bureau du ministre. Comme je le mentionnais plus tôt, le problème est qu'il y a des biologistes qui sont engagés par le ministère et qui font un rapport, mais finalement, le ministère ne tient pas compte de ce qu'ils disent. Ainsi, l'industrie est passée outre. Il n'y a eu aucune baisse du TAC durant les quatre dernières années, et c'est pourquoi on se retrouve cette année avec une baisse aussi importante. Il est probable que la même chose se produise l'an prochain, selon le rapport des scientifiques qui sera soumis bientôt.
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Mon commentaire sera semblable à celui de M. Diotte. Je n'assiste plus aux réunions du Comité consultatif du crabe commun. J'y ai participé pendant 10 ans, mais j'ai décidé de ne plus y aller parce que quand on y va, on s'aperçoit de la mainmise de l'industrie traditionnelle du crabe sur le comité et ses décisions. Si c'est ce que vous êtes venus entendre, je vais vous le dire. Je considère que le problème est essentiellement politique. L'année passée et celle d'avant, malgré les recommandations des scientifiques canadiens payés par le gouvernement canadien, le parti politique au pouvoir a décidé de maintenir les quotas de crabe à un niveau trop élevé. Ça avait été dit par tout le monde et très bien compris par l'industrie traditionnelle et l'autre industrie, celle des Autochtones et des gens qui possèdent des allocations temporaires ou permanentes, les autres pêcheurs.
Je crois que c'est une très grave faiblesse, et cela entraîne les bouleversements qu'on voit aujourd'hui en région. C'est la faiblesse du gouvernement. Malgré le fait que ces scientifiques soient payés avec l'argent de nos impôts, le gouvernement est passé à côté et a préféré tenir compte des commentaires d'un biologiste payé par l'industrie traditionnelle du crabe, notamment en 2009. C'est ce qui s'est passé. On a préféré se fier à un professionnel qui venait de l'extérieur et qui était payé par l'industrie traditionnelle du crabe plutôt que de se fier au rapport de nos scientifiques. Ce fut une très grave erreur.
Nous étions en parfaite harmonie avec ce que disait le scientifique. Il aurait fallu réduire les contingents depuis quatre ans pour éviter les bouleversements qu'on connaît aujourd'hui. Cela n'a malheureusement pas été écouté par les décideurs politiques et on est dans une situation très grave. C'est le problème. Ce n'est pas parce que le stock du crabe a disparu; il est dans une phase descendante. On est dans le fond du stock du crabe. Dans cinq ou six ans, il sera dans une phase ascendante.
On a voulu surfer trop longtemps sur un pic et on a alloué des quantités trop importantes de crabe chaque année. On a donc gonflé artificiellement ce qu'il y avait. C'est toujours la même erreur, que ce soit pour le hareng ou pour la morue. Il s'agit d'une décision politique qui mène à des erreurs. Pourquoi paye-t-on des scientifiques, si on ne les écoute pas?
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C'est en raison du recrutement naturel. En effet, le recrutement naturel fait en sorte que la biomasse devienne très élevée pendant un certain nombre d'années, moyenne en d'autres temps et parfois très basse. Quand on joue avec ce cycle naturel, on se tape sur les doigts. En ce moment, la situation se présente ainsi. On a eu de très bonnes années.
Le cycle était connu. Sur le plan scientifique, l'industrie du crabe est l'industrie la mieux connue: il est des plus facile pour les scientifiques de prévoir ce qui va arriver, car le crabe est une espèce sédentaire. Bien qu'on ne le retrouve pas nécessairement que dans le golfe, le crabe reste où il est, il est sédentaire. Aussi, les scientifiques sont capables de prévoir les cycles, et leurs meilleures recherches portent sur le crabe.
Cependant, on ne les écoute pas. Encore une fois je vous le dis, on ne les écoute pas. Il y a des raisons pour lesquelles on ne veut pas les écouter, on ne peut pas les écouter. À mon avis, l'une de ces raisons est que l'industrie, la flotte de bateaux, s'est tellement développée et est devenue tellement grosse que tout le crabe doit servir à faire les paiements des bateaux qui sont tellement gros, superperformants et hyperperformants. Et ça, c'est malheureux. Ça exige des contingents de crabe assez élevés année après année. On ne peut pas se permettre une petite année.
Cela étant, beaucoup de pressions sont exercées sur les instances politiques pour maintenir les contingents élevés malgré le désaccord des scientifiques. Cela crée des situations comme ce qu'on connaît d'aujourd'hui.
Monsieur Cloutier, vous avez posé une question tout à l'heure et a demandé que j'y réponde. C'était en plein milieu de la période de questions.
Le Comité permanent des pêches et des océans est composé de députés de tous les partis et de toutes les régions du pays. Ils viennent de tous les milieux et sont venus ici dans l'intention de donner des conseils à la .
La question de l'industrie du crabe des neiges dans la région atlantique et au Québec a été soulevée par plusieurs membres du comité permanent, et nous avons donc décidé de l'étudier en raison des préoccupations soulevées par le secteur. Les travailleurs d'usines, l'industrie, les hommes de ponts, les associations, ont tous exprimé des préoccupations au sujet de la situation de l'industrie cette année.
Le comité prend sa responsabilité très au sérieux, et c'est pourquoi nous avons décidé de nous rendre dans les collectivités afin d'entendre nous-mêmes les conseils et les idées des membres de ces collectivités sur le secteur et le moyen d'assurer sa viabilité. Le comité et les politiciens en général sont souvent critiqués parce qu'ils restent à Ottawa dans leur bulle, en quelque sorte. Le comité a décidé de venir chez vous, dans votre collectivité, afin de constater les répercussions des décisions que prennent les gouvernements. C'est pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous écouter, pour vous regarder dans le blanc des yeux et entendre vos préoccupations au sujet des décisions prises par le gouvernement, afin que nous puissions retourner à Ottawa et donner des conseils et des recommandations à la , de sorte que cette situation ne se répète pas, que les préoccupations de cette collectivité et des autres comme la vôtre ne se répètent pas.
Encore une fois, au nom du comité, je vous remercie beaucoup d'avoir pris le temps, même si vous êtes très occupés, de venir aujourd'hui nous donner ces conseils et ces recommandations que nous transmettrons à la .
Encore une fois, merci, mesdames et messieurs.
La séance est terminée, monsieur Cloutier.