Avant de nous tourner vers notre invité cet après-midi, nous devons nous occuper de motions de régie interne. Dans vos documents, vous trouverez deux budgets concernant les dépenses des témoins. Le premier budget est de 7 700 $ et l'autre, de 5 700 $.
Plaît-il au comité d'adopter le premier budget proposé, qui s'élève à 7 700 $?
(La motion est adoptée.)
Le président: De même, plaît-il au comité d'adopter le second budget proposé, qui s'élève à 5 700 $, pour les dépenses concernant la vidéoconférence et les séances d'information passées et à venir?
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci de votre collaboration concernant ces motions de régie interne.
Aujourd'hui, nous recevons le Dr Sheppard.
Docteur Sheppard, nous vous remercions beaucoup de prendre le temps, malgré votre horaire chargé, de comparaître devant le comité et de nous fournir des renseignements, un rapport d'étape, dans le cadre de vos fonctions.
Nous accordons habituellement 10 minutes pour permettre aux témoins de faire une déclaration préliminaire, puis nous passons aux questions du comité. Les membres du comité sont au courant du temps qui leur est imparti pour les questions.
Docteur Sheppard, à ce moment-ci, j'aimerais savoir si vous avez préparé une déclaration préliminaire.
J'aimerais d'abord vous remercier de m'avoir invité et de me fournir l'occasion de vous parler en personne pour répondre à vos questions concernant la gestion de la santé du poisson en Colombie-Britannique. Je présume que le comité a reçu les notes d'information et les graphiques qui, je crois, couvriront les sujets d'intérêt habituels en matière d'aquaculture en Colombie-Britannique. Si vous avez besoin d'éclaircissements à ce sujet, je serai heureux d'en parler.
Je devrais d'abord vous donner un aperçu de mes compétences et de mon expérience. J'ai un baccalauréat en sciences. Par la suite, j'ai obtenu un doctorat en médecine vétérinaire du Collège de médecine vétérinaire de l'Ouest. J'ai 20 ans d'expérience à titre de vétérinaire au sein de l'industrie de l'aquaculture de poissons à nageoires, tant au Canada qu'à l'étranger. J'ai fourni des services vétérinaires à titre d'expert-conseil en santé animale aux entreprises aquacoles et aux stations d'aquaculture fédérales.
Je travaille pour la province depuis seulement trois ans. Je m'occupe actuellement de la gestion du programme provincial de protection de la santé des animaux aquatiques de la Colombie-Britannique, qui fait partie de la division de la santé animale du ministère de l'Agriculture et des Terres de la Colombie-Britannique. Je donne des conseils à l'industrie de l'aquaculture dans des domaines qui sont importants du point de vue de l'économie et de la réglementation: gestion, santé et maladies. Je donne des conseils en planification stratégique aux cadres supérieurs du ministère. Je m'entretiens régulièrement avec les ministères fédéraux et provinciaux, l'industrie, les premières nations et le public.
Maintenant que je vous ai dit ce que je suis, je devrais faire contrepoids en vous disant ce que je ne suis pas. Je ne suis pas un décideur, ni un chercheur dans le domaine du pou du poisson, ni un biologiste en pêche sauvage. Je vous prie donc de comprendre que je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions, mais il est possible que je limite mes commentaires à l'aquaculture et à mon domaine de compétence en faisant preuve, je l'espère, d'objectivité scientifique plutôt que de plonger dans un monde d'hypothèses et de sous-entendus, ce à quoi nous sommes souvent confrontés dans les médias et sur Internet dernièrement.
D'entrée de jeu, je voudrais parler d'une dizaine de points environ, si vous le permettez.
L'industrie de la salmoniculture de la Colombie-Britannique fait l'objet d'une surveillance grâce aux inspections fréquentes du ministère de l'Agriculture et des Terres et du ministère de l'Environnement. À lui seul, mon personnel soumet les fermes aquacoles à des contrôles et de la surveillance environ 150 fois par année. Autrement dit, le personnel de la santé aquatique est sur le terrain plus de 12 jours par mois, en moyenne.
Quand on parle d'agents infectieux, de vecteurs de maladies sur les fermes salmonicoles, le taux de survie des saumons d'aquaculture est, en moyenne, supérieur à 97 p. 100. Toutes les autres pertes sont dues à des facteurs environnementaux et aux prédateurs. Les populations de poissons d'élevage sont donc globalement en très bonne santé.
Pour satisfaire aux exigences de responsabilité et de transparence, on affiche régulièrement en ligne les résultats propres au secteur d'activité et on les inclut dans les rapports annuels sur la santé du poisson et les inspections de conformité. Les données sur le pou du poisson sont affichées directement sur le Web par les établissements salmonicoles eux-mêmes ou — mensuellement — par l'intermédiaire du site Web du gouvernement provincial.
Contrairement à ce que vous pouvez voir ou entendre dans les médias, la question du pou du poisson en Colombie-Britannique n'est pas un problème en pleine croissance. La gestion du pou du poisson en Colombie-Britannique est très bien maîtrisée. En fait, l'abondance du pou du poisson — tant chez le saumon d'élevage que chez le saumon sauvage — a généralement diminué pendant cinq années consécutives.
Les autorités provinciales prennent cette question et les préoccupations du public très au sérieux et ont élaboré une stratégie exhaustive sur la gestion du pou du poisson. Cette stratégie s'inscrit dans un vaste programme axé sur la santé du poisson, qui aborde de façon proactive la gestion de la santé du poisson sur les fermes aquacoles.
Je vais établir certains faits concernant la situation du pou du poisson en Colombie-Britannique.
La densité de poux du poisson chez le saumon d'élevage de la Colombie-Britannique est faible comparativement à celle observée dans d'autres pays et d'autres régions. Nous parlons d'un pou ou de dizaines de poux par poisson comparativement à des centaines de poux par poisson dans d'autres régions.
Des études menées en 2007 et en 2008, que je considère comme les pierres angulaires de la recherche génétique, ont démontré que le pou du poisson de l'océan Pacifique est différent, sur le plan génétique, du pou du poisson de l'océan Atlantique, qui cause des problèmes en Europe et dans l'est du Canada. Cet état de fait explique en grande partie pourquoi, en Colombie-Britannique, nous n'avons pas observé les dommages liés au pou du poisson constatés dans les autres régions aquacoles.
Soit dit en passant, cette différence génétique entre le pou du poisson de l'océan Pacifique et le pou du poisson de l'océan Atlantique est, en somme, l'équivalent d'une comparaison entre l'humain et le chimpanzé, ce qui explique en grande partie pourquoi nous n'avons pas observé les problèmes de lésions et de maladie.
Comme vous le savez, le pou du poisson est un parasite présent naturellement, aussi courant que des puces sur un chien. Nous ne pourrons pas les éliminer de notre écosystème. Les changements dans les profils d'abondance du pou du poisson sont chose courante et peuvent facilement être expliqués par les phénomènes environnementaux et les activités liées à l'élevage. De nouvelles populations de pou du poisson sont apportées en Colombie-Britannique par des poissons sauvages lors de leur retour sur les côtes de la Colombie-Britannique à la fin de chaque été. Il n'existe pas assez de preuves pour pouvoir corroborer l'affirmation selon laquelle le pou du poisson de la Colombie-Britannique est résistant au seul médicament que nous utilisons.
En terminant — je suis certain que vous avez de nombreuses questions —, les Britanno-Colombiens veulent, à l'instar du gouvernement provincial, minimiser le risque pour les poissons sauvages. C'est pourquoi la division de la santé animale a procédé à des contrôles et des analyses de routine et a publié des rapports sur la situation du pou du poisson et des maladies sur les fermes aquacoles de la Colombie-Britannique pendant les sept ou huit dernières années. Grâce à cela, nous pouvons affirmer que l'écosystème, pour ce qui est de la salmoniculture, demeure en santé et est durable.
Monsieur Weston, cela termine ce que je voulais vous présenter aujourd'hui. Je serai très heureux de répondre aux questions.
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Merci. C'est une très bonne question.
Le programme de santé des animaux aquatiques est en grande partie fondé sur un système de données qui comporte un algorithme. Au début de chaque trimestre de l'année, nous y entrons les fermes qui sont actives en production de poissons au cours de ce trimestre. L'ordinateur choisit au hasard les sites qui seront contrôlés et visités, pas seulement pour des visites concernant la santé animale, mais aussi pour la surveillance du pou du poisson et les contrôles.
Cela fait, notre personnel communique avec chacune des fermes, et les sites choisis sont visités au cours de la période de trois mois qui suit. Il coordonne les visites avec les journées de collecte des carcasses, ce qui peut exiger de se coordonner avec une tierce entreprise de plongée, sauf dans les cas où les carcasses sont récoltées par pompage.
Nous nous rendons sur place et nous assistons à la collecte des carcasses; nous prélevons des échantillons que nous apportons au Centre de santé animale d'Abbotsford, où ils sont minutieusement analysés.
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Nous avons accès à absolument tous les renseignements au moment de notre arrivée sur le site. Comme je l'ai dit, chaque ferme aquacole a une stratégie de gestion de la santé du poisson qui exige qu'elle satisfasse à certaines normes en ce qui concerne la surveillance des carcasses, la surveillance des poissons, et tout ce qui a trait au procédé de sélection. Ils sont tenus de conserver des dossiers sur tout cela. Nous avons accès à tous ces renseignements sur le site.
Si vous me permettez de vous donner des précisions, monsieur Andrews, le programme de santé du poisson comporte trois volets. Le premier est le plan de gestion de la santé des poissons, que les aquaculteurs doivent suivre et respecter; il s'agit principalement d'exercer une surveillance, d'enregistrer les données et de produire des rapports, de même que de rendre ces données accessibles aux fonctionnaires du gouvernement.
Le deuxième volet est ce dont je parlais plus tôt, c'est-à-dire le programme de vérification et de surveillance de la santé des poissons, dans le cadre duquel nous coordonnons nos visites pour recueillir des échantillons de poissons morts et les faire analyser pour rechercher des pathogènes reconnus par le Canada et à l'échelle internationale, y compris les organismes pathogènes indigènes endémiques qui ne sont présents que dans l'océan à la hauteur de la Colombie-Britannique.
Le troisième volet consiste à coordonner les visites pour pouvoir effectuer un comptage des poux du poisson sur le site, en même temps que l'aquaculteur. Ce que je veux dire, c'est qu'ils vont compter les poux sur la moitié des poissons recueillis et nous ferons la même chose sur l'autre moitié. En d'autres mots, ils en comptent 30, nous en comptons 30, 10 de chaque parc, pour que nous puissions comparer les résultats et avoir la certitude que les résultats qu'ils obtiennent et qu'ils rapportent sont identiques à ceux que nous obtenons et que nous enregistrons.
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Peut-être que je devrais commencer par un traitement normal au Slice en Colombie-Britannique.
Encore une fois, la Colombie-Britannique est dans une situation unique. Le pou est très bien contrôlé. Le Slice n'est utilisé qu'environ une fois par année. Alors, premièrement, son utilisation peu fréquente n'est pas de nature à entraîner l'apparition d'une résistance. C'est un produit normalement très efficace.
Ce qui arrive, c'est qu'une nouvelle population de poux revient avec le saumon sauvage et elle semble se transmettre facilement au poisson d'élevage, habituellement en août ou en septembre. Normalement, dans l'établissement salmonicole, un vétérinaire suit la situation et il finit par rédiger une ordonnance pour administrer le médicament à la population d'élevage — parfois en novembre, parfois en décembre, parfois en janvier. C'est surtout durant les mois d'hiver que la population de pouls augmente, comparativement au reste de l'année.
Dans un délai d'environ un mois après le traitement, la population de poux tombe à presque rien. S'il n'y a pas d'autre exposition au pou,... ce qui est normalement le cas en Colombie-Britannique, parce que, comme je l'ai dit, habituellement la disponibilité du pou ne se manifeste de nouveau qu'en septembre. Ainsi, après le traitement au Slice, les aquaculteurs de Colombie-Britannique ont la chance d'avoir des poissons exempts de poux ou très peu infestés, souvent moins d'un pou par poisson, pendant une période variant de trois à six mois, jusqu'à ce qu'il y ait une nouvelle exposition au pou lorsque la population suivante de saumons du Pacifique revient à la fin d'août ou en septembre.
Si je peux vous ramener à juin 2009, un scénario différent a été observé dans une région particulière de la Colombie-Britannique. C'était une année très sèche où il y a eu très peu de précipitations. En juin, juillet et août, sur la côte Ouest, la côte extérieure de l'île de Vancouver, les établissements salmonicoles ont souffert de ce qu'on appelle une faible concentration en oxygène dissous...
Est-ce que cet appel est pour moi?
Alors, c'est une situation où la concentration d'oxygène dissous est faible. Encore une fois, c'est une situation naturelle qui survient chaque année. Je crois comprendre que dans le nord-ouest du Pacifique, il y a une zone morte causée par le manque d'oxygène dissous, si vous voulez, des eaux mortes, qui s'étendent parfois jusqu'à la côte. Alors, au cours de cette période, les poissons peuvent être tués ou... on ne peut certainement pas les alimenter abondamment, parce que cela les tuera.
De plus, lorsque vous avez beaucoup de soleil et parfois un peu de précipitations, des éclosions d'algues toxiques surviendront. Encore une fois, cela peut tuer vos poissons ou, comme on ne peut les nourrir, les aquiculteurs gardent leurs poissons au fond de l'eau; ils ne veulent pas les inciter à monter à la surface. Au cours de cette période qui va de juin à septembre, certains établissements salmonicoles ne peuvent pas nourrir les poissons normalement. Plutôt que de les alimenter 30 ou 31 fois par mois comme c'est le cas normalement, ils ne les nourrissent que 7, 10 ou 15 fois par mois.
Alors, ce sont là certains des facteurs environnementaux. Ce qui arrive maintenant, c'est que vous avez un groupe d'animaux qui n'ont pas vraiment bien mangé et, en conséquence, leur taille n'a pas augmenté. Cela expliquerait pourquoi nous avons maintenant des poissons dont la taille est inférieure à la moyenne et cela peut perturber énormément les calendriers de récolte et de commercialisation. C'était le cas ici, où vous aviez un groupe de poissons que l'on a simplement essayé de garder en vie pendant plusieurs mois.
De plus, si vous regardez la dynamique des populations, il s'établit une hiérarchie pour ce qui est de l'alimentation, tout comme c'est le cas dans un troupeau de poules, par exemple. Vous avez des poissons agressifs qui vont accaparer la nourriture et qui vont croître un peu, mais parce qu'il s'agit d'une population bimodale, vous aurez également un autre groupe de poissons qui ne s'en tirera pas aussi bien. On donne différents noms à ces poissons en anglais — « poor doers, slinks » —, ou simplement des poissons subordonnés qui sont marginalisés dans la population dans tous les enclos.
Alors, nous voilà rendus à la fin d'octobre et il n'y a pas eu beaucoup de précipitations; alors, la salinité de l'océan a augmenté. À ma connaissance, la teneur en sel a atteint un sommet inégalé dans cette région. Les poux adorent les teneurs élevées en sel. Alors, vous avez des vagues de saumons du Pacifique qui arrivent avec leurs poux; vous avez des poissons qui ne s'alimentent pas; vous avez des conditions de salinité parfaites; et vous avez des poux qui entrent dans les établissements salmonicoles et qui s'y multiplient. À la fin d'octobre, il semblait que les poissons allaient recommencer à s'alimenter. Alors, le vétérinaire — et je le félicite pour sa diligence et son utilisation judicieuse du produit — a fixé une période d'administration du médicament de sept jours pour les poissons. Le médicament a été donné par l'intermédiaire de l'alimentation pendant sept jours à la fin d'octobre. Des caméras ont été utilisées, comme on le fait dans tous les enclos, pour nous assurer qu'il n'y avait pas beaucoup de médicaments, ou pas du tout, qui s'échappait. Effectivement, la quantité totale de médicament, 100 p. 100, a été consommée par les poissons qui s'alimentaient, et c'est là la clé. Encore une fois, vous pouvez vous imaginer que vous avez eu une ordonnance de Slice qui, à titre d'exemple, a été consommée par 80 p. 100 des poissons, et que le médicament a réussi à réduire le nombre de poux à presque rien chez les poissons robustes qui avaient accès à la nourriture. Mais vous avez également le reste des poissons, 20 p. 100, qui étaient marginalisés et qui n'ont pas eu accès à la nourriture contenant le médicament. Les poux vont survivre sur ces poissons non exposés au Slice.
Alors, ce qui est arrivé, c'est que peu de temps après que le Slice a été administré, après un certain nombre de semaines, la concentration de ce produit dans le mucus et dans la peau a commencé à diminuer. Au fur et à mesure qu'elle diminuait, vous pouvez imaginer que les poux qui infestaient les poissons subordonnés ont cherché à retourner sur les poissons robustes. La même chose arrive avec les poux de l'écosystème, les autres vagues de saumons du Pacifique qui passent dans cette région, ou avec les poux résidant sur des petits poissons, comme l'épinoche, par exemple. Alors, il y a un certain nombre de sources de poux non exposés au Slice qui réinfestent les poissons qui ont été traités un mois ou deux auparavant.
C'est là que vous pouvez voir une augmentation. Vous avez probablement vu certains des graphiques. Il y a eu une augmentation du nombre de poux, et plutôt que de voir une belle ligne plane après cela, vous voyez une nouvelle augmentation. C'est ce qui expliquerait cette situation: les poux ne sont pas résistants au Slice. Des scientifiques crédibles et objectifs ont examiné tous ces facteurs.
Nous sommes allés visiter les lieux. J'y suis allé personnellement à la fin janvier pour évaluer la situation et l'établissement respectait toutes les exigences, et les dépassait même. Je félicite le vétérinaire d'avoir fait cela, parce qu'à ce moment-là, il y avait une pression énorme pour que l'on continue d'administrer le médicament aux poissons pour contrôler cette situation. Mais ils ont compris que cela ne fonctionnerait tout simplement pas lorsque vous avez uniquement un produit incorporé dans la nourriture. Comment un produit incorporé dans la nourriture peut-il être efficace lorsque vous avez des poissons qui ne mangent pas?
C'est pourquoi la décision a été prise, une décision de plusieurs millions de dollars, de commencer à récolter les poissons de taille inférieure à la taille commerciale, pour les sortir du système. Pour dire vrai, c'est ce que tout le monde aurait aimé avoir fait, mais cela n'a certainement pas été perçu comme quelque chose qui est digne de louanges.
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Merci de votre question. Je m'excuse; je ne parle pas français assez bien pour répondre en français, mais puis-je répéter votre question en anglais pour être bien sûr de l'avoir bien comprise?
Oui, je vous ai donné un point de vue contraire sur la provenance des poux. D'autres ont dit que les poux proviennent du poisson d'élevage. Je dis que les poux proviennent du poisson sauvage.
La dernière partie de la question, c'est que j'ai dit qu'il y avait moins de poux sur le poisson du Pacifique que sur le poisson de l'Atlantique, le poisson d'élevage. Est-ce votre question?
Alors, c'est vrai. Si nous revenons en arrière, nous savons que le pou vient du poisson sauvage. Le saumon de l'Atlantique qui est élevé dans des cages provient d'écloseries, et il est complètement exempt de poux. Ce n'est qu'une fois qu'il est placé dans des cages en mer qu'il commence à contracter des poux. Le petit saumon de l'Atlantique peut contracter des poux, mais de façon générale, il en a beaucoup moins que les poissons de plus grande taille. Au fur et à mesure qu'il vieillit, il commence à accumuler des poux au cours de la saison suivante. Alors, le pou vient du poisson sauvage.
Dans les documents d'information que j'ai remis plus tôt, vous allez constater qu'il y a un profil typique dans lequel on observe une augmentation de ces poux dans les cages d'élevage en même temps que l'on constate le retour du saumon du Pacifique. Je pense qu'on comprend très bien que ces poux viennent du saumon du Pacifique qui est de retour près des côtes.
En ce qui concerne le fait qu'il y a moins de poux sur le saumon du Pacifique que sur le saumon de l'Atlantique, non, j'ai dit qu'au cours des cinq dernières années, lorsqu'on mesure les deux poissons d'élevage — dans la période de migration vers le large des alevins de saumon du Pacifique de mars jusqu'à juin —, il y avait un déclin dans les deux populations, le poisson d'élevage ainsi que sur les alevins sauvages au cours de cette même période au cours des cinq dernières années.
Est-ce que cela répond à votre question?
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Merci, monsieur le président.
En ce qui concerne les graphiques, je suis très intéressé à en avoir des copies.
Monsieur Sheppard, merci d'être venu devant le comité et de nous faire part de vos observations.
Dans un des documents d'information générale, on peut lire ce qui suit au sujet du Slice:
D'un point de vue strictement médical, le médicament protège le poisson contre le pou pendant une courte période. Si le poisson auquel le médicament a été administré est exposé une deuxième fois à des poux non traités (provenant de diverses sources en mer), il est possible que le poisson traité depuis peu soit à nouveau infesté. Ce phénomène, observé récemment dans le secteur de Nootka, n'est pas la preuve d'une résistance aux médicaments même si certains peuvent l'interpréter ainsi.
J'ai quelques questions à ce sujet. Premièrement, je me demande si vous pouvez décrire à quoi ressemble la résistance à un médicament. Cela n'est pas de la résistance à un médicament, à votre avis. À quoi ressemble la résistance à un médicament?
Deuxièmement, pourquoi certains disent-ils qu'à leur avis, c'est l'indication d'une résistance au Slice?
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Bien. Ce sont de bonnes questions.
Si vous permettez, je vais commencer par répondre à la seconde. L'apparition d'une résistance à un médicament est un phénomène extrêmement complexe. Certaines personnes — qui, à mon avis, n'ont pas la compétence pour en parler — ont décidé de mettre de l'avant une conclusion hautement spéculative fondée sur un graphique, qui, comme je crois vous l'avoir expliqué, nécessitait que l'on prenne en considération de nombreux autres facteurs avant de tirer une conclusion quelconque à cet égard.
En soi, dans ce cas, nous avons affaire ou bien à quelqu'un qui ne comprenait pas les aspects scientifiques de la question, ou bien à quelqu'un qui a simplement préféré aller de l'avant dans le but de faire avancer son programme.
Quant à savoir à quoi ressemble la résistance à un médicament, je peux parler de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries. Ou, monsieur Donnelly, est-ce que votre question porte précisément sur le pou?
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D'accord; il s'agit du Slice et des poux, alors.
Soit dit en passant, pour ceux qui l'ignorent, Slice est l'appellation commerciale d'un médicament, dont le nom générique est benzoate d'émamectine. Il est utilisé dans différents pays et lorsqu'il fait effet, il élimine très efficacement les poux à toutes les étapes de développement.
Dans d'autres pays, on l'utilise plusieurs fois par année, parfois toutes les six semaines. En Colombie-Britannique, comme je l'ai indiqué, nous l'utilisons normalement une fois par année.
Une résistance au médicament peut se développer si l'on utilise un produit plusieurs fois au cours d'une courte période. Si le médicament ne réussit pas à éliminer complètement les poux ou les bactéries, les organismes qui survivent — que ce soit un pou ou une bactérie — peuvent alors transmettre leur protection génétique, leur résistance au médicament, à leurs descendance. Ainsi, lorsqu'on utilise de nouveau le médicament, ils sont mieux protégés. Un plus grand nombre d'organismes survit et continue de transmettre cette protection génétique. Il faut bien du temps avant qu'une population de parasites ou de bactéries ne développe une résistance au médicament. C'est malheureusement ce qui se passe actuellement, et les pays qui ont utilisé souvent le Slice contre les poux voient maintenant les traitements échouer.
Malheureusement, le pou, qui est, ici encore, le pou de l'océan Atlantique, un parasite très différent de celui qui vit en Colombie-Britannique, a développé une résistance au produit, et les pays étrangers doivent maintenant recourir à d'autres produits pour essayer de contrôler les infestations du pou du poisson.
Ai-je répondu à votre question?
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Merci beaucoup, monsieur Kamp.
Vos questions sont mes questions. Je suppose que Pêches et Océans Canada est très heureux de son rôle actuel de vérification et de surveillance de l'industrie de la pêche. Le ministère a fait savoir qu'il aimerait poursuivre ces activités. Je sais que les organisations non gouvernementales de l'environnement, les ENGO, sont parfaitement conscientes que nous avons l'industrie à l'oeil et que nous surveillons les aspects qui doivent l'être.
Le gouvernement provincial est certainement satisfait de la situation. Notre programme s'est attiré des éloges et dépasserait les normes internationales. Je sais que l'Agence canadienne d'inspection des aliments considère que toutes les sociétés à vocation agricole devraient suivre cet exemple. Je le répète, c'est malheureux que vous n'ayez pas reçu les graphiques. Nous pouvons mesurer la quantité de produits chimiques utilisés actuellement sur les poissons pour en connaître le nombre de grammes par tonne métrique de poissons produits.
Selon moi, le MPO veut continuer dans cette voie. Je crois que le ministère considère que c'est nécessaire, mais j'ignore de quoi aura l'air le résultat. Je suis impatient de voir son nouveau règlement. Je crois que le ministère resserrera certaines des exigences réglementaires en matière de santé des poissons. Actuellement, les régimes de santé des poissons sont inscrits dans les conditions des permis d'exploitation; j'ai l'impression que le gouvernement fédéral pourrait resserrer les obligations et les intégrer à un règlement. J'ignore si moi ou mon équipe participeront au processus ou du moment ou nous interviendrons, mais je crois que c'est à cela que la situation ressemblera.
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Je vous remercie de votre réponse.
Dans le résumé de la stratégie de gestion du pou du poisson que vous avez remis, il est question de l'utilisation stratégique du Slice et du fait que ce produit est utilisé moins de deux fois par cycle de grossissement du poisson. Peut-être pourriez-vous nous dire combien de temps dure ce cycle?
Il est également indiqué que l'on observe une diminution constante de l'utilisation annuelle globale du médicament depuis 2005. J'en conclus donc qu'il est utilisé moins fréquemment qu'avant.
Dans la même section, on peut également lire que l'abondance du pou du poisson chez le poisson d'élevage est resté faible et que la tendance à la baisse se poursuit depuis 2005. Donc, vous utilisez moins de médicament et il y a moins de poux.
Pourquoi y a-t-il moins de poux si on utilise moins de médicament? Je crois que c'est là où je veux en venir.
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Ce sont d'excellentes questions, monsieur Kamp.
Tout d'abord, le cycle de grossissement du saumon de l'Atlantique typique gardé dans les parcs serait d'environ 20 à 24 mois. Initialement, ce serait 24 mois ou peut-être 18 ou 22 mois, selon les températures de l'eau et d'autres facteurs.
J'ai indiqué que le produit est appliqué jusqu'à deux fois par cycle de grossissement du poisson. Comme vous pouvez vous l'imaginer, lorsque les petits poissons sortent de l'écloserie pour aller dans l'océan à l'automne, ils sont exposés aux poux du nouveau saumon du Pacifique. Ainsi, on traite parfois ces petits poissons, que nous appelons saumoneaux, avant mars pour réduire le nombre de poux qu'ils peuvent porter. L'objectif consiste à réduire le plus possible la quantité de poux sur le poisson d'élevage pendant la période du 1er mars au 30 juin, c'est-à-dire la période de dévalaison des alevins sauvages. Ces petits poissons peuvent être exposés aux poux. Le deuxième traitement de ce groupe de petits poissons ne s'effectuera probablement pas avant l'hiver suivant; ils sont donc traités en moyenne une fois par année.
Est-ce que cela répond à votre question?
En ce qui concerne la diminution de l'utilisation du Slice, c'est dommage que vous n'ayez pas reçu les graphiques, car nous surveillons cet aspect très étroitement dans la province. Le graphique témoigne d'une diminution de la quantité de Slice au fil des ans. Il ne vous permet toutefois pas d'appréhender un aspect très important, la quantité, qui va de 0 à 1 gramme d'ingrédient actif par tonne métrique de poissons. En 2008, on a utilisé 0,2 gramme de produits par tonne métrique de poisson. Je peux vous dire qu'en 2009, cette quantité était de 0,15 gramme. Pour vous donner une idée de la quantité, vous auriez de la difficulté à trouver 0,15 gramme sur votre ongle; et c'est la quantité infime de Slice qui est utilisée en Colombie-Britannique.
En ce qui concerne votre troisième question, monsieur Kamp, je dirais que ce l'on ne sait généralement pas, c'est qu'au cours des 5 ou 10 dernières années, la production de saumons de l'Atlantique a augmenté, alors que le taux de mortalité, l'abondance de poux et l'utilisation de produit antiparasitaire ont décru. Ce produit antiparasitaire n'est pas utilisé parce que le saumon d'élevage en a besoin; c'est largement pour répondre aux attentes sociales des exploitants, de l'industrie et de la province, qui s'efforcent de réduire l'abondance de poux ou le risque de transmission du pou aux alevins sauvages au cours du printemps.
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Je vous remercie beaucoup. Je suis heureux de vous revoir.
En 2004, environ deux millions de saumons sockeye ont disparu, et, bien sûr, la situation était encore plus catastrophique en 2009. Croyez-vous que nous puissions établir un lien ici?
Ensuite, les propos d'aujourd'hui diffèrent de bien des affirmations que j'ai entendues jusqu'à présent. J'avais ouï dire que les piscicultures étaient implantées aux mauvais endroits, directement sur la route qu'empruntent les poissons sauvages qui remontent les rivières, et que les poissons d'élevage étaient la cause du problème de poux.
Ce que vous nous avez dit aujourd'hui est complètement différent. La situation est-elle bien comme vous nous la dépeignez? Selon moi, c'est... Nous avons entendu beaucoup d'opinions. Mais quelqu'un doit être dans l'erreur.
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Ce sont toutes d'excellentes questions.
Je suis ravi — vraiment — de témoigner en personne. Je vous suis profondément reconnaissant de m'avoir convoqué, car qu'il existe une pléthore de mythes qu'il faut dissiper.
Les scientifiques et les vétérinaires au service des gouvernements fédéral et provincial sont des personnes diligentes et travaillantes qui s'efforcent vraiment d'examiner la question selon les principes de l'objectivité et de la neutralité scientifiques. Cependant, comme vous le savez, la plupart des citoyens ont décidé de ne pas croire l'industrie, les exploitants et encore moins le gouvernement. Comme nous travaillons pour la province, nous ne pouvons faire entendre notre point de vue. Les faits ne sont pas publiés dans les journaux, car ils ne cadrent pas avec l'opinion générale.
Vous pouvez toutefois trouver toute l'information sur notre site Web, grâce aux cartes que j'ai le plaisir de vous remettre. Le grand public ne consulte tout simplement pas ces renseignements, se contentant de parcourir les journaux ou Internet, où les affirmations et les allégations fusent malheureusement de toutes parts. C'est à nous ensuite qu'il revient de rétablir les faits.
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Pour que tout soit bien clair, à l'automne, à la fin de chaque été, le saumon sauvage du Pacifique arrive avec une grande quantité de poux. J'ignore si vous avez eu l'occasion de venir pêcher pendant cette période, mais lorsque les magnifiques saumons argentés et robustes arrivent, il n'est pas rare de voir 40, 50 ou 80 poux par saumon rose ou kéta. Ils les amènent avec eux sur la côte chaque année. Voilà pourquoi la Colombie-Britannique se trouve dans une situation particulière par rapport à d'autres régions du monde.
Je crois que vous faites référence au débat qui fait rage pour savoir s'il y a des poux dans les élevages et si les poissons d'élevage les transmettent aux petits saumons sauvages du Pacifique. C'est ce que je qualifierais de question à 64 millions de dollars.
Ce n'est pas un secret que le saumon de l'Atlantique attrapera des poux dans les élevages, et que les poux peuvent proliférer à l'intérieur des parcs. En Colombie-Britannique, on compte généralement un à dix poux par poisson, alors que dans d'autres pays de comparaison — comme la Norvège, l'Irlande et le Chili — ou même sur la côte est du Canada, il y en a des centaines par poisson.
Ce sont donc des quantités infimes. Nous avons établi le seuil à trois poux par poisson, ce qui est très prudent et rationnel. Dans la plupart des cas, la moyenne annuelle est de moins de trois poux par poissons d'élevage. Ce chiffre augmente au cours de l'automne et de l'hiver, sans pour autant constituer un problème. Ce que nous tentons de faire, c'est de réduire la quantité de poux sur le poisson d'élevage au printemps afin d'atténuer le risque de transmission de poux aux alevins, qui peuvent y être sensibles.
Mais est-ce vraiment ce qui se produit? Les alevins sauvages attrapent-ils des poux des poissons d'élevage ou d'une autre source?
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Il y a 20 ans, il faisait problème, mais, depuis, les choses se sont considérablement améliorées.
Encore une fois, je pense qu'en relativisant les choses on a permis... J'ai entendu parler de « course d'obstacles entre les piscicultures » d'« omniprésence des piscicultures ». Venez visiter le littoral de la Colombie-Britannique, je vous y invite. Vous auriez de la difficulté à voir deux piscicultures en même temps. Il y a au moins trois kilomètres de distance entre elles, parfois 50. Dans cette vaste région océanique, les voies migratoires des saumons roses, des alevins, des saumons sauvages ne traversent aucune pisciculture.
Ce n'est pas une course d'obstacles. Je ne sais pas quelle impression vous avez retenue. Les piscicultures sont dispersées dans des régions très éloignées et, en général, elles ne bordent pas les voies migratoires des poissons. Elles sont généralement situées à l'intérieur de baies, d'archipels, etc.
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Merci, monsieur le président.
Dr Sheppard, si j'ai bien compris, d'après vous, le pou de mer ou le Slice ne causent essentiellement aucun problème. De fait, si problème il y a, il a diminué au fil des ans, et presque tous les scientifiques et les spécialistes de la Colombie-Britannique sont de cet avis.
J'ai trois questions. Y a-t-il des pays où une résistance au médicament Slice est apparue et des pays qui admettent avoir un problème avec les poux de mer? Dans l'affirmative, pourquoi la Colombie-Britannique n'a-t-elle pas ce problème et comment parvenons-nous à le neutraliser de plus en plus alors que d'autres pays connaissent peut-être une situation contraire?
Enfin, un organisme du Royaume-Uni qui se s'occupe de saumons et de truites vient de publier un rapport. L'avez-vous lu et pouvez-vous faire des observations à son sujet?
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Merci, monsieur Donnelly. Ce sont d'excellentes questions.
La réponse peut se résumer à un point essentiel: la Colombie-Britannique est différente. En quoi est-elle différente? Voilà la question. Son littoral est soumis à un certain nombre de facteurs. Permettez-moi de les rappeler. Je répondrai ensuite à chacune de vos questions.
Fondamentalement, le pou du poisson de l'océan Pacifique diffère génétiquement de son congénère de l'océan Atlantique, ce qui explique en grande partie les différences de pathologie, de virulence et de pouvoir pathogène, en quelque sorte, que l'on observe avec d'autres pays. Le parasite est un animal différent.
Vient ensuite le facteur important, bien sûr, de la distance entre les piscicultures, qui est parfois très grande.
Le troisième facteur vient du fait que les vagues de poux qui nous arrivent chaque année n'ont jamais été en contact avec la pisciculture ni avec le Slice. Ce sont des poux naïfs, qui n'ont été exposés à rien, parce qu'ils arrivent en août, septembre ou octobre avec les cinq espèces de saumons du Pacifique.
À propos, si je peux faire un petit retour en arrière, la différence génétique entre le pou du Pacifique et son cousin de l'Atlantique est probablement due au fait qu'étant exposé à cinq espèces, au cours de son évolution, il lui a fallu perdre quelque chose, probablement sa capacité de s'attaquer à un type de saumon. L'absence de mortalité ou de morbidité qu'on pourrait lui attribuer en Colombie-Britannique s'explique par cette coadaptation.
Pour revenir à vos questions, y a-t-il résistance dans d'autres pays? Oui, à ce qu'il semble, au benzoate d'émamectine, dans la plupart des pays où on l'utilise: Norvège, Irlande, Écosse, Chili. C'est vrai.
On franchit tout un pas en transposant en Colombie-Britannique la situation de pays dans l'aire du saumon de l'Atlantique, où les piscicultures sont proches les unes des autres et où on utilise le Slice à un rythme parfois mensuel. En fait, on ne devrait pas le franchir, compte tenu des autres renseignements disponibles, mais certains ne peuvent pas s'en empêcher, faute de saisir toutes les nuances.
Il s'ensuit donc que, dans ces autres pays, le Slice devient à peu près inutile. C'est pourquoi on y a eu beaucoup plus l'occasion qu'en Colombie-Britannique de mettre au point la lutte dite intégrée, c'est-à-dire l'emploi de différentes techniques, de différents produits contre le pou, des produits incorporés aux aliments et des produits topiques, dans lesquels on plonge les poissons pour tuer les poux par contact.
En Colombie-Britannique, nous n'avons qu'un seul produit, qui est encore très efficace. Nous espérons qu'il conservera longtemps cette efficacité, vu la méthode que nous employons pour l'utiliser et les petites quantités que nous utilisons. Cela dit, la situation dans laquelle nous nous trouvons depuis peu, alors que 20 p. 100 des poissons qui n'ont pas bénéficié du produit intégré à la nourriture et qui ont été « marginalisés »... Pour ingérer le médicament, ils doivent s'alimenter. Si, en Colombie-Britannique, nous avions le bain topique contre les poux plutôt que le médicament incorporé aux aliments, la situation serait différente. Mais, nous n'avons pas tous ces produits, nous n'en avons qu'un.
D'autres scientifiques seront-ils entièrement d'accord avec moi? Parmi ceux de Pêches et Océans, les scientifiques crédibles qui font de la recherche en laboratoire et des choses comme ça, je me sens en bonne compagnie. Je pense qu'ils s'accorderaient à dire qu'on ne dispose pas de suffisamment de renseignements pour affirmer que, dans les piscicultures, les poux sont un fléau du saumon du Pacifique.
Mais la question est encore sans réponse — je doute même qu'on puisse en trouver une — c'est ce que nous... Des rapports, manifestement rédigés par des adversaires de la pisciculture et par des scientifiques de Pêches et Océans portent à croire à une légère augmentation de l'abondance des poux sur les alevins à proximité des piscicultures. Il y a une association.
Y a-t-il quelque chose à comprendre?
Autrement dit, loin des piscicultures, les alevins sauvages portent moins de poux que leurs congénères à proximité de ces établissements. Des chercheurs, Beamish, par exemple, montrent le contraire. Des alevins sauvages sont infestés de poux, loin des piscicultures.
Il y a cependant une association, car les alevins sauvages, en s'approchant des piscicultures, présentent une légère augmentation de l'abondance ou de la prévalence des poux — le nombre de poux généralement trouvés par alevin.
Mais il n'y a aucune preuve du...
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Merci, monsieur le président.
Je pense que ce débat est probablement le plus intéressant, le plus frustrant et le plus ouvert que j'ai vu à titre de membre de ce comité.
[Traduction]
Nous entendons des sons de cloche totalement différents. Nous sommes près de subir un tsunami de responsabilités, nous, les petits rouages d'un gros mécanisme appelé le gouvernement du Canada, qui est maintenant sur le point de les accepter.
Merci de votre présence et de vos réponses très directes.
Si je pouvais vous poser une question, ce serait, je pense, la suivante: devant des témoignages si contradictoires, à quelle épistémologie, à quelle théorie de la connaissance pouvons-nous nous accrocher pour trancher?
Je pense que tous les acteurs souhaitent la survie et la prospérité du poisson. Il faut qu'ils se trouvent beaucoup de points communs entre eux.
Que faire, docteur Sheppard, pour accéder au stade où nous pourrons comparer des choses comparables entre elles, afin de promouvoir l'objectif ultime, préserver les stocks de poissons?
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C'est un point de vue très perspicace, monsieur Weston. Je vous cède mon poste.
J'ai quelques points à faire valoir, si vous le permettez. Je ne sais pas comment exactement répondre à votre question. C'est frustrant. On semble entendre deux sons de cloche, mais je pense que c'est en grande partie parce que la majorité silencieuse, les scientifiques crédibles qui apportent un minimum d'objectivité à tout ce débat sont absents des journaux ou d'Internet. Ils publient des articles factuels, mais le Canadien ordinaire ne les lit pas. C'est de l'information très technique. Il y a donc un problème de communication. Je pense que l'industrie doit améliorer ses méthodes de communication, les scientifiques également, grâce à la vulgarisation, ainsi que la province et le gouvernement fédéral.
Nous entendons plutôt la minorité bruyante qui, parlons franchement, n'est pas constituée de spécialistes de l'aquaculture. Ce sont plutôt des spécialistes de l'anti-aquaculture. Ils excellent dans ce genre. Ce sont des personnes très intelligentes, très passionnées, de bons communicateurs avec les médias et sur Internet. Ce sont eux que la majorité des Canadiens entendent. Bien sûr, ils les croient, parce qu'ils n'entendent qu'un seul son de cloche.
L'étape suivante, c'est-à-dire comparer entre elles des choses comparables, fait appel à une collaboration extraordinaire, qui a actuellement lieu en Colombie-Britannique, entre l'industrie, les pisciculteurs et les organismes non-gouvernementaux de l'environnement, les ONGE, qui, bien sûr, veulent que les choses s'améliorent, tout comme les pisciculteurs, tout comme la province. Il y a toujours place pour l'amélioration, mais la collaboration est extraordinaire. Il y a du cofinancement, des projets conjoints. Les différents joueurs examinent les mêmes choses, ils échangent leurs impressions. Il y a beaucoup de transparence et de communication entre eux.
Je parle ici des joueurs qui veulent trouver une solution au problème. Il y a un autre parti qui est simplement contre l'aquaculture, et ce n'est pas le parti de la transparence. En général, ce n'est pas de lui que provient l'information, parce que, souvent, il l'utilise à mauvais escient.
Est-ce que j'ai bien répondu à votre question?
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C'est une bonne question.
La maladie fait l'objet d'une surveillance. Depuis huit ans. Elle figure sur notre liste des cinq pathogènes préoccupants à l'échelle provinciale, fédérale et internationale. Chaque échantillon que nous prélevons dans les piscicultures fait l'objet d'un contrôle de ce pathogène.
Encore une fois, monsieur Weston, j'ignore si l'on vous a communiqué le document d'information préalable, mais on y trouve un résumé sur le virus de l'AIS, dans lequel on explique pourquoi la Colombie-Britannique en est indemne et comment elle veille à en rester indemne.
Pour ceux qui l'ignorent, AIS signifie anémie infectieuse du saumon. C'est une infection virale dévastatrice, très mortelle pour le saumon atlantique de la plupart des pays dont nous avons parlé et qui sont infestés par le pou du poisson: la Norvège, l'Irlande, la côte est du Canada et, depuis peu, le Chili. Cette maladie est inoffensive pour les humains, de même que toutes les autres maladies du poisson dont nous nous occupons.
La différence, encore une fois, qui expliquerait pourquoi la Colombie-Britannique est indemne de l'AIS est que, contrairement à ce que l'on a dit, le saumon atlantique présent en Colombie-Britannique provient, à l'origine, d'oeufs. Ces oeufs ont donné un stock de géniteurs et un stock de production. Donc, dans la province, on n'importe pas de saumons atlantiques vivants, en pleine croissance.
Les oeufs que l'on est autorisé à importer en Colombie-Britannique ne peuvent provenir que de pays ou de régions indemnes de l'AIS. Par exemple, on en a importé — je n'ai pas les chiffres, j'en suis désolé — d'Islande, par exemple, qui est indemne de la maladie. Je pense que, par le passé — il y a peut-être 10 ans — des oeufs ont été importés de l'État de Washington, également indemne. Nous faisons une surveillance constante de cette maladie, comme je l'ai dit, 150 fois par année, au moyen de 800 échantillons par année, ce genre de contrôle. On prend d'énormes mesures de biosécurité.
À propos, ces oeufs importés de pays indemnes de l'AIS doivent faire l'objet d'un nouveau dépistage. Il faut les mettre en quarantaine pendant au moins un an, puis les contrôler de nouveau, etc.
Touchons donc du bois. La Colombie-Britannique n'a jamais été infectée et ne le sera jamais par l'AIS. Cela dit, mère nature sait se montrer imprévisible, et le virus pourrait être véhiculé par d'autres types de poissons. Que ces poissons nous arrivent à la faveur de courants provenant d'autres pays ou dans l'eau de ballast de navires, une chose est sûre: la maladie ne sera pas introduite par les pisciculteurs de la Colombie-Britannique.
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Merci, monsieur le président.
J'ai deux commentaires à faire rapidement, puis vous pourriez répondre à la dernière question que j'ai posée, à propos du rapport publié au Royaume-Uni.
Je partage un peu le point de vue exprimé par M. Weston dans son commentaire. Nous sommes devant deux portraits différents de la situation, et il est difficile d'aller au fond des choses pour savoir exactement ce qui se passe sur la côte ouest. Mais il y a des gens qui ont essentiellement intérêt à ce qu'on résolve la situation.
Vous avez parlé des organisations écologistes. Vous avez mentionné leurs objectifs particuliers. Ou bien elles ont des objectifs particuliers, ou bien elles n'en savent pas assez. Vous avez parlé de l'information sur le benzoate d’émacétine et sur le pou du poisson et vous avez dit que les organisations écologistes réussissaient à faire connaître leur position au public.
Je serais vraiment curieux de savoir pourquoi les gens investiraient tant d'énergie et tant d'efforts sur un problème non existant. Si je regarde la question des changements climatiques, par exemple, j'y vois une histoire complètement différente, presque l'inverse. Pendant des années, des scientifiques essayaient d'expliquer le problème aux gens, mais ne pouvaient pas se faire entendre.
L'autre observation qui m'a surpris, de votre part, est celle où vous concluez qu'il n'y a pas de problème. Lorsque je vous ai posé la question, vous avez dit qu'il manquait d'information. Vous avez dit qu'il n'y avait pas d'information indiquant un problème. Alors, comment pouvez-vous, d'une part, affirmer qu'il n'y a pas de problème et, d'autre part, affirmer qu'il manque d'information pour pouvoir dire qu'il y a un problème. Ces deux affirmations sont incompatibles, à mon avis en tout cas.
Quoi qu'il en soit, je voudrais entendre ce que vous avez à dire au sujet de l'étude réalisée au Royaume-Uni.
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D'accord. Merci beaucoup.
Pour ce qui est de votre question sur le rapport issu du Royaume-Uni, je n'ai pas lu ce rapport. S'il a été publié récemment, je ne l'ai pas encore lu.
Cela dit, on fait ainsi une extrapolation à un autre pays. On applique les données recueillies dans un pays à des poissons qui, dans un autre pays, ne sont pas du même type et n'ont pas les mêmes caractéristiques génétiques. On extrapole à un autre pays l'activité du pou du saumon de l'Atlantique. C'est une pratique courante qui pose problème. Je suis désolé, mais je ne peux pas en dire davantage sur cette étude en particulier.
Pour ce qui est de vos autres questions, je vous dirais que les organisations écologistes sont des groupes très utiles. Ils obligent tout le monde à rendre des comptes. Je suis heureux qu'ils existent. Si des améliorations se sont produites dans l'industrie au cours des 20 dernières années, c'est que ces organisations ont posé de bonnes questions, auxquelles il fallait répondre en faisant de la recherche scientifique. Cependant, nous sommes d'avis, comme nous l'avons mentionné tout à l'heure, que certaines organisations écologistes se montrent coopératives. Elles comprennent que l'aquaculture ne disparaîtra pas et peut être viable et saine. Elles travaillent en collaboration étroite avec l'industrie et le gouvernement pour continuer d'améliorer les pratiques. Dans mon esprit, il y a une différence entre les organisations écologistes et les activistes. J'espère que cette précision vous conviendra.
Il y a des gens qui sont d'une efficacité redoutable et qui continuent de faire circuler dans les médias de l'information sensationnaliste qui suscite des réactions émotives. C'est ainsi qu'ils obtiennent leurs appuis.
C'est ainsi que les gens sont amenés à croire qu'il existe un problème. C'est un peu ce qui se passe au sein de votre comité ou parmi les gens que je rencontre à des soirées. La seule information dont ils disposent est celle qui est diffusée dans les médias.
Je vous suis très reconnaissant d'avoir invité la province à vous présenter en toute liberté l'information qui ne circule pas publiquement. Je crois que, s'il y a un blocage, c'est en partie parce que, lorsqu'un organisme relevant du gouvernement envoie de l'information, on le soupçonne instantanément de se livrer à une entreprise de promotion de l'industrie. En fait, il ne fait que corroborer et étayer en toute objectivité l'information que les citoyens ont tendance à ne pas croire parce qu'elle vient de l'industrie ou du gouvernement. Lorsqu'on déploie trop d'énergie pour diffuser de l'information, il y a un risque qu'on la perçoive comme une forme de promotion d'une industrie.
J'ai écrit « extrapolation » parce que, selon moi, nous devons faire très attention. Les activistes aiment faire un parallèle avec la Norvège et dire que la même chose va se passer ici. Or, ils ne comprennent pas en profondeur les données biologiques et épidémiologiques en cause. Tout ce qu'ils veulent, c'est transposer en Colombie-Britannique, dans l'esprit des gens, un problème réel qui a existé historiquement dans d'autres pays, de manière à faire cesser l'aquaculture.
Selon moi, le problème du pou du poisson en Colombie-Britannique est largement sous contrôle. La réglementation est stricte. La surveillance se fait toutes les semaines et tous les mois. L'information circule dans la transparence. Nous la recevons. Les piscicultures la communiquent aux fonctionnaires provinciaux, au ministère des Pêches et Océans ainsi qu'aux chercheurs dignes de foi.
La marche à suivre est très standardisée dans les piscicultures. Elle est enseignée par les vétérinaires qui se rendent sur place ainsi que par le gouvernement provincial.
À titre d'information, je vous précise en passant que les piscicultures sont dotées souvent de 10 ou 12 cages. Elles doivent choisir une cage dans laquelle on comptera les poux chaque mois. Puis, la pisciculture choisit deux autres cages au hasard ou comme elle souhaite. Chaque mois, elle doit compter les poux dans 20 poissons provenant de chacune des trois cages, c'est-à-dire 60 poissons au total. Les poissons sont rassemblés dans une senne avec poche ou une grande senne. Les poissons se tiennent nombreux dans les coins, habituellement par milliers. On y ramasse au hasard les poissons avec un sac anesthésiant.
Soit dit en passant, il faut se rappeler que, dans la situation dont nous avons parlé, 80 p. 100 des poissons de l'échantillon observé consommaient le médicament, mais 20 p. 100 ne le consommaient pas. Vous vous souvenez de cette histoire tout à l'heure? Quand on ramasse des poissons, on est susceptible de ramasser non seulement des poissons vigoureux, mais surtout des poissons plus lents, qui ne se comportent pas comme on voudrait et qui sont susceptibles de contenir un plus grand nombre de poux, parce qu'ils ont tendance à se tenir dans les coins.
Alors, les pisciculteurs capturent les poissons dans les coins, avec une épuisette. Ils les choisissent au hasard. Ils les placent dans un bain anesthésiant. Les poissons s'endorment, et les pisciculteurs comptent les poux. De plus, ils consignent le stade de développement des poux qu'ils observent.
J'ajoute simplement une chose, à savoir que nous effectuons régulièrement des vérifications, c'est-à-dire 70 fois par année.