Mon nom est Nadia Bouffard. Je suis directrice générale du Renouvellement de la pêche à Pêches et Océans Canada. Essentiellement, mon rôle est de voir au renouvellement de la gestion nationale des pêches au Canada afin d'améliorer la durabilité des pêches.
Aujourd'hui, je vais surtout tâcher de vous fournir des renseignements sur les nouvelles tendances des marchés à exiger une preuve de durabilité des produits de la mer, et de faire un exposé des gestes qu'a posés le ministère relativement à cette nouvelle tendance. Enfin, je répondrai à vos questions dans la langue officielle de votre choix.
Par contre, j'aimerais aviser le comité que je fais normalement cette présentation avec mon collègue de la Direction de la gestion de l'aquaculture, Trevor Swerdfager, que vous avez entendu la semaine passée, je crois. Malheureusement, ni M. Swerdfager ni son collègue ne pouvaient être ici aujourd'hui.
Si vous voulez, je vais couvrir de façon générale la question de l'écocertification de l'aquaculture. Si vous avez des questions précises, j'aimerais transmettre ces questions au ministère afin qu'il vous réponde par écrit.
J'aimerais aussi préciser que la présentation que vous avez devant vous est très détaillée. Je l'ai intentionnellement préparée de cette façon afin de vous donner le maximum d'informations. Par contre, je vais en parler de façon très sommaire pour garder plus de temps pour la période de questions.
Si vous le voulez bien, allons à la deuxième page de la présentation.
[Traduction]
Grosso modo, je vais exposer brièvement la situation, parler des options d'écocertification et vous donner un aperçu de l'expérience canadienne. Je vais sauter la partie 4, mais je vous invite à la consulter pour comprendre la situation générale du suivi des produits de la mer, qui est en lien avec l'écocertification. Si vous avez des questions à poser, j'y répondrai avec plaisir.
Pour ce qui est de la situation, le mouvement écologiste gagne en popularité dans les conseils d'administration. La tendance n'est pas nouvelle, car elle s'observe depuis quelques années. Si vous avez pris part à des foires commerciales des produits de la mer, comme celles de Boston ou de Bruxelles, vous avez remarqué à quel point l'écologie est un courant dominant, en particulier ces deux ou trois dernières années. L'écologie est aussi au cœur des préoccupations dans le secteur de l'alimentation. En fait, les grands détaillants et les responsables dans le secteur de la restauration se penchent toujours davantage sur la question. Ils ont de plus en plus d'attentes et ils espèrent obtenir de l'information sur un nombre croissant de sujets. Ils se concentrent sur la durabilité de l'environnement, la salubrité des aliments et la responsabilité sociale, mais ils s'intéressent à bien d'autres aspects, comme vous pouvez le voir à la diapo 5.
Les marchés peuvent être de bons moteurs de changement. Les ONGE l'ont d'ailleurs compris. Après avoir noué le dialogue avec les gouvernements, elles ont concentré leurs efforts à travailler avec les secteurs du détail et de la restauration, réalisant qu'on y prend une bonne partie des décisions qui déterminent les options des consommateurs.
Le centre d'attention des ONGE s'est déplacé vers toutes sortes de choses, comme la création de bulletins sur les détaillants. Vous avez peut-être remarqué que, ces deux ou trois dernières années, Greenpeace a rendu publics des bulletins sur les 10 meilleurs détaillants au Canada, aux États-Unis et en Europe. Également, dans le cadre d'alliances étroites, les ONGE travaillent avec les entreprises de détail et de restauration pour revoir leurs pratiques d'achat et la liste des produits de la mer qu'elles achètent. Les ONGE offrent des conseils à ces entreprises, en fonction de leurs propres normes, sur ce que les responsables ou les chefs devraient ou ne devraient pas acheter.
Le mouvement écologiste s'est amorcé avec les pêches sauvages, mais il est plus évolué aujourd'hui. Il est certainement très pertinent en ce qui concerne les activités du secteur aquacole. Je vais parler des options disponibles pour montrer que, même si le secteur des pêches sauvages est beaucoup plus évolué, on apprend, dans le secteur de l'aquaculture, des leçons tirées de l'expérience et qu'on procède rapidement à des changements.
La diapo 8 vous donne une description générale des différentes options. Pour ce qui est de l'écocertification, on entend souvent parler du Marine Stewardship Council et d'organismes semblables, mais les marchés présentent d'autres options.
Il y a différents produits ou différents moyens de favoriser la durabilité. Par exemple, si vous faites certifier et vérifier votre pêcherie, votre produit pourrait être associé ou non à une étiquette. Également, les consommateurs peuvent se servir de guides, pour la plupart élaborés par les ONGE et maintenant offerts en format de poche.
Certains gouvernements ont élaboré eux-mêmes des normes de durabilité et des processus d'évaluation. De plus, les détaillants commencent à élaborer des programmes et des politiques qui leur sont propres, en partenariat avec les ONGE et d'autres organismes. En outre, ils ne se préoccupent pas seulement de la durabilité environnementale à l'égard des produits de la mer, mais ils examinent l'ensemble de leurs politiques et de leurs pratiques d'achat selon le mouvement écologiste.
Ce qu'il faut remarquer à propos de la multiplication des étiquettes et d'autres options est qu'il y a beaucoup d'informations disponibles. Comme les organisations en viennent à des conclusions différentes sur les mêmes espèces, les acheteurs et les consommateurs ne savent pas à qui se fier.
Il y a aussi des informations inexactes et trompeuses. J'y reviendrai quand je parlerai des différentes options qui existent.
Les diapos 9 et 10 vous donnent un exemple de guide à l'intention des consommateurs. Je n'ai pas l'intention d'aller dans les détails, mais je veux vous présenter un exemple de guide, élaboré par SeaChoice, une alliance d'ONGE canadiennes provenant de la côte est comme de la côte ouest. Ces ONGE ont mené une évaluation interne et non pas publique, mais elles indiquent sur leur site Web comment elles en sont arrivées à leurs conclusions. Elles ont résumé le fruit de leurs recherches pour attirer les consommateurs et leur faciliter la tâche. Les espèces qui représentent le meilleur choix sont en vert, celles qui sont préoccupantes sont en jaune et celles qui sont à éviter sont en rouge.
La diapo 11 présente certaines écoétiquettes qui sont, à l'heure actuelle, sur les marchés. L'écoétiquette du Marine Stewardship Council, à gauche, semble être la norme par excellence dans les pêches sauvages, comme vous le verrez dans mon exposé, car c'est elle que choisissent la plupart des grands détaillants et bien des producteurs de poissons aux quatre coins du monde.
Comment le marché a-t-il réagi à la tendance écologiste?
Les responsables demandent de plus en plus des preuves de la durabilité des produits de la mer et de leurs milieux d'origine et certains demandent même des écoétiquettes particulières. Au Royaume-Uni, par exemple, des acheteurs comme Tesco, Sainsbury's et Marks and Spencer exigent des produits étiquetés MSC.
Concernant les politiques et les décisions des détaillants relatives à la durabilité des produits de la mer, comme je l'ai mentionné, Loblaw a décidé il y a peu de temps d'élaborer ses propres politiques. Dans cette entreprise, on examine l'ensemble de la liste d'achat, en collaboration avec le WWF, pour déterminer ce qu'on continuera ou non d'acheter. Chez Wal-Mart, les responsables ont pris une décision semblable il y a deux ou trois ans, en s'engageant à acheter seulement des produits de la mer durables à partir d'une certaine date, qui a été repoussée. Par ailleurs, ils travaillent avec différents aquariums comme le Monterey Bay et le New England Aquarium.
Les partenariats entre le secteur de la restauration et les ONGE influent aussi sur le menu des restaurants. Les chefs suivent le mouvement et ils ont une grande influence sur les achats de produits de la mer effectués pour les restaurants, mais ils influencent aussi les consommateurs et les citoyens par leurs livres de recettes, leurs émissions de cuisine et ainsi de suite.
À la diapo 13, on peut voir que le secteur des produits de la mer a réagi au mouvement écologiste en décidant d'étiqueter ou non les produits. J'insiste pour dire qu'il s'agit de décisions de l'industrie. En fin de compte, les décisions dépendent vraiment du marché.
Comme je l'ai dit, de nombreux choix sont offerts. Certains demandent des évaluations en profondeur, d'autres non. Certains processus sont publics...
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Je remercie le comité de faire preuve de souplesse.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, les écoétiquettes du Marine Stewardship Council semblent être les plus populaires auprès des producteurs de poisson de partout dans le monde, et elles sont celles qui semblent le mieux répondre aux attentes du marché.
Les options d'écoétiquettage pour les espèces d'élevage évoluent encore. L'Aquaculture Stewardship Council a été créé afin de mettre en œuvre des normes appuyées par le Fonds mondial pour la nature. L'Aquaculture Stewardship Council a aussi créé un processus fondé sur les normes de la Global Aquaculture Alliance. Ce sont deux groupes importants parmi tous ceux qui élaborent différents types d'écoétiquettage pour les produits de l'aquaculture.
Pour ce qui est de la réponse des gouvernements, vous verrez à la diapositive 14 des renseignements généraux sur les gouvernements d'un peu partout dans le monde; un chapitre précis portera sur la réponse du gouvernement du Canada. Lorsque les différents pays ont commencé à étudier les tendances, en vue de répondre aux exigences de durabilité, ils se sont réunis à la FAO et ont élaboré des lignes directrices sur l'écoétiquettage des pêches sauvages. Ces lignes directrices servent essentiellement à guider l'élaboration d'un processus acceptable d'écoétiquettage. En gros, elles se fondent sur une évaluation indépendante effectuée par un tiers, un processus public et transparent, ainsi qu'une norme écologique basée sur le code de conduite de la FAO.
Les lignes directrices ont été adoptées en 2005. Beaucoup des organisations d'écoétiquettage du moment ont dû s'adapter et modifier leurs processus en fonction de ces lignes directrices. Le processus de certification du Marine Stewardship Council semble être de loin celui qui satisfait le mieux aux lignes directrices qui ont été élaborées par la communauté internationale.
De nombreux pays ont aussi adhéré à ce mouvement. Les gouvernements y ont réagi de façon différente: certains ne veulent pas s'en mêler en invoquant qu'il s'agit de la responsabilité du secteur commercial, alors que d'autres ont décidé d'y prendre part très activement. En Nouvelle-Zélande, le gouvernement a investi de l'argent pour aider l'industrie à adopter un processus de certification. L'Australie a ses propres processus pour évaluer et certifier ses produits de la pêche. Elle a combiné le tout avec son permis d'exportation de produits à l'extérieur du pays, ce qui incite les producteurs à s'assurer que leurs produits répondent aux normes.
Les États-Unis ont plutôt adopté une approche passive. Le gouvernement américain dit essentiellement à l'industrie que si elle veut employer ses propres processus, elle n'a qu'à le faire, et qu'elle peut tirer les informations dont elle a besoin sur le site Web du gouvernement.
L'État de l'Alaska a décidé de certifier tous ses produits de la pêche en vertu du processus du Marine Stewardship Council, et a injecté des fonds à cet effet. L'administration de l'État a décidé récemment qu'elle voulait se retirer de ce processus et laisser le choix à l'industrie de continuer ou non d'appliquer les normes du MSC. L'industrie a décidé qu'elle continuerait à suivre le processus de certification du MSC pour certaines espèces. Toutefois, l'Institut de commercialisation de l'Alaska a décidé de créer son propre processus d'évaluation et de certification. Ce processus est en cours d'élaboration. Entre-temps, on continuera d'utiliser les processus du MSC, là où on les utilise déjà, de même que les étiquettes, jusqu'à ce que tout soit remplacé par le processus « maison » de l'Alaska.
La FAO travaille actuellement sur des lignes directrices sur la certification en aquaculture, et nous espérons qu'elles seront terminées en juin de cette année. Je crois que nous sommes près d'arriver à des lignes directrices adéquates pour les processus d'écocertification de l'aquaculture.
La prochaine partie porte sur l'expérience canadienne. Quand nous avons constaté que ce mouvement se transformait en tendance populaire, si on peut s'exprimer ainsi, le MPO a fait une analyse des risques liés au marché, pour les marchés des producteurs de fruits de mer canadiens qui étaient susceptibles d'être soumis à de telles exigences (écoétiquettage du MSC ou d'une autre organisation).
La diapositive 16 vous donne un résumé de cette analyse. Celle-ci date de quelques années, mais je crois qu'elle est toujours pertinente.
Les résultats sont mieux expliqués à la diapositive 17. Tous les marchés ne demandent pas une preuve de durabilité. Je pense notamment aux marchés asiatiques, et à ceux de l'Europe du Sud, même si on constate que ces marchés adhèrent de plus en plus au mouvement.
Les marchés de l'Europe du Nord et des États-Unis sont des marchés à risque très élevé. Ce sont eux qui demandent des preuves de durabilité. Comme je l'ai mentionné plus tôt, au Royaume-Uni, on demande aux producteurs canadiens et à d'autres producteurs de fournir des étiquettes bien précises. Toutefois, ces marchés n'exigent pas tous une preuve par un processus d'écoétiquetage. Certains se contentent d'informations détaillées, d'autres des informations fournies par le gouvernement. Le MSC est la norme d'or, mais les marchés n'exigent pas tous la certification du MSC.
Alors, pourquoi des entreprises canadiennes ont-elles choisi le Marine Stewardship Council? Les gens de l'industrie sont probablement les mieux placés pour répondre à cette question, mais je peux résumer la situation d'après mon expérience et les discussions que j'ai eues avec des représentants de l'industrie.
Règle générale, la certification du MSC n'offre pas l'assurance de meilleurs prix. Le MSC ne s'en vante pas sur son site Web, mais quand on pose la question aux responsables, ils nous le confirment. Elle aide cependant à conserver ou à élargir l'accès aux marchés qui exigent la certification du MSC ou des preuves de durabilité.
Les entreprises à la recherche d'un avantage concurrentiel choisissent souvent le MSC, et c'est particulièrement vrai sur la côte Ouest, notamment en Alaska, où des entreprises américaines ont décidé d'appliquer les processus du MSC, forçant ainsi quelques-uns de nos producteurs canadiens en concurrence avec les entreprises américaines à choisir le Marine Stewardship Council. C'est un phénomène que l'on commence à constater aussi sur la côte Est du Canada, où des compétiteurs étrangers ont choisi le MSC.
Les acheteurs connaissent de plus en plus les exigences de durabilité, ce qui pousse les producteurs à exiger des informations précises et à demander que leur travail soit évalué par un tiers. Donc, plus les gens savent ce que signifient les exigences de durabilité et plus il sont au courant des renseignements qui sont diffusés, plus ils exigent des preuves de durabilité.
Les prochaines diapositives portent sur le Marine Stewardship Council. Je voulais que le comité ait cette information, mais je ne vais pas entrer dans les détails. Je me limiterai à vous dire que le Marine Stewardship Council n'est pas une organisation gouvernementale. Il a en fait été créé par le Fonds mondial pour la nature et Unilever, une chaîne alimentaire européenne. Il n'est pas non plus financé par le gouvernement, mais par des intérêts privés. Il offre un processus d'évaluation indépendant des pêches sauvages uniquement, une évaluation effectuée par des tiers. Il ne permet pas d'évaluer ou de certifier les produits de l'aquaculture. Ce processus sert à évaluer la durabilité écologique des pêches, en fonction de critères et d'indicateurs de rendement préétablis. C'est un processus extrêmement rigoureux.
Donc, le MSC établit des normes. On confie ensuite l'évaluation à des organismes de certification choisis. Ces organismes de certification embauchent des experts, en sciences et en gestion, pour faire l'évaluation. L'organisme de certification et l'industrie signent un contrat, qu'a établi le client qui décide de faire évaluer ses produits de la pêche en fonction des normes établies par le MSC. Si l'évaluation s'avère positive, on émet un certificat.
Le choix d'utiliser ou non les étiquettes créées par les organisations, que ce soit le MSC ou une autre, constitue réellement une décision d'affaires. Il est possible de vendre ses produits avec la mention « certifié par le MSC » sans utiliser les étiquettes prévues à cet effet. En fait, beaucoup des producteurs choisissent de ne pas utiliser les étiquettes.
Pour utiliser l'écoétiquette, les producteurs doivent faire certifier leur chaîne de possession par le Marine Stewardship Council, et ils doivent également payer des frais de licence. Donc, si vous vendez principalement vos produits à de grands détaillants qui placent les poissons frais dans un comptoir plutôt que dans une boîte, rien ne sert de payer pour utiliser l'étiquette.
À la diapositive 20, on trouve un aperçu assez représentatif de toutes les pêches canadiennes qui sont certifiées par le Marine Stewardship Council. Il s'agit de la première énumération. La deuxième liste à puces montre celles qui font actuellement l'objet d'une évaluation. On peut donc en conclure que beaucoup de producteurs canadiens ont décidé d'adopter les normes du MSC.
Je viens d'apprendre que la pêche au harpon de l'espadon devrait être ajoutée à la liste. Le rapport préliminaire a été rendu public. Je signale que celui-ci est presque terminé.
Pour ce qui est de la tendance mondiale, la diapositive 21 vous donne une idée des pêches et des produits de la mer qui ont reçu une certification à l'échelle internationale.
La prochaine diapositive indique brièvement en quoi consistent les processus et les principes du MSC.
Le Marine Stewardship Council a un excellent site Web qui montre en détail les arbres décisionnels et les indicateurs de rendement utilisés, le seuil à atteindre pour obtenir la certification, ainsi que le seuil à atteindre pour que la certification ne soit assortie d'aucune condition.
Y a-t-il d'autres options? Oui, il existe d'autres processus d'écocertification, mais tous ne sont pas liés à un système d'étiquetage. Par exemple, Fisheries Partnerships et Friends of the Sea sont... En fait, Fisheries Partnerships offre un processus qui aide à faire évoluer les pêches et à accroître leur durabilité, mais il n'existe pas d'étiquette précise que l'on pourrait apposer sur les produits.
Le comité pourrait vouloir consulter deux rapports d'évaluation des produits de la mer, un rédigé par le Fonds mondial pour la nature, et l'autre, par le Marine Resources Assessment Group. Ces deux organisations ont comparé les processus d'écoétiquetage et d'écocertification existants. Leurs rapports expliquent bien de quelle façon les mécanismes en place respectent ou non les lignes directrices de la FAO.
L'OCDE se penche aussi sur la question. Certains pays s'inquiètent de la prolifération des processus de certification, mais aussi des différences qu'ils présentent. Ils ont donc demandé à l'OCDE de lancer un exercice officiel de comparaison pour étudier les processus en place et vérifier s'ils satisfont aux normes internationales établies par la FAO.
Je propose que nous passions à la diapositive 27 pour parler de ce que fait le gouvernement du Canada en matière d'écocertification, et je terminerai là-dessus.
Le MPO, en collaboration avec les gouvernements provinciaux, a élaboré une stratégie d'écocertification, reconnaissant la tendance qui s'est installée et l'importance de la question pour l'industrie de la pêche canadienne. Bien sûr, cette stratégie s'appuie sur les processus établis qui sont conformes aux normes de la FAO.
Nous avons aussi activement participé à l'élaboration de politiques entourant les écoétiquettes. J'ai travaillé personnellement avec le Marine Stewardship Council à l'établissement de ses critères et de ses processus pour veiller à ce que tout soit conforme aux règles et aux principes de gestion des pêches du Canada. Je suis par ailleurs à la tête d'un comité du MPO et de l'industrie, où l'on discute de la question. Mon collègue Trevor dirige aussi un comité semblable avec l'industrie de l'aquaculture.
Bien entendu, du financement a été accordé à l'industrie pour l'aider à répondre aux attentes du marché. L'APECA et les provinces ont injecté des fonds à cette fin. Je n'ai pas les chiffres exacts puisque ces organismes ne relèvent pas de moi, mais je sais qu'ils ont accordé du financement aux producteurs et à l'industrie pour qu'ils puissent se conformer à certains de ces processus.
Quels sont les impacts de l'écoétiquetage sur le MPO? J'en ai parlé plus tôt, mais il s'agit de l'évaluation du travail du ministère, une évaluation de nos données scientifiques et de nos principes de gestion. À l'issue de l'évaluation, on cerne les lacunes et on recommande au gouvernement responsable de la gestion des pêches les mesures correctives à prendre. Dans notre cas, il s'agit du MPO. Ces recommandations deviennent en fait des conditions pour obtenir la certification, alors l'industrie cliente doit remplir ces conditions avant l'expiration de la certification pour ne pas la perdre.
La participation du MPO à ces processus consiste à fournir les données nécessaires à l'évaluation, puis à aider à remplir les conditions posées. Le mieux que l'industrie puisse faire — et nous l'avons clairement fait savoir à l'industrie —, c'est de faire appel au ministère au début du processus pour parler de ses attentes. On peut discuter des lacunes potentielles — nous pouvons certainement aider à cet égard —, de même que des exigences possibles en ce qui a trait aux données scientifiques ou aux principes de gestion, de façon à ce que nous puissions aligner notre planification et notre budget, et, si les choses fonctionnent, vérifier si tout cadre avec le mandat du MPO.
Les coûts associés aux lacunes qui requièrent une intervention majeure (il peut s'agir de choses qui ne cadrent pas avec ce qui avait été prévu ou qui ne sont pas de notre ressort) devront probablement être couverts, en tout ou en partie, par l'industrie. L'essentiel, c'est toutefois que la meilleure façon pour le MPO d'aider l'industrie à suivre cette tendance est non seulement de continuer à soutenir les processus, mais aussi de continuer à améliorer nos méthodes pour gérer nos pêches et notre aquaculture de manière durable. Plus notre régime sera solide, plus notre industrie sera préparée à satisfaire aux critères imposés par ces processus d'écocertification.
Nous tâchons également de faire part de notre point de vue sur la question. J'ai apporté une brochure que j'utilise lorsque je dois me rendre à la foire des produits de la mer de Boston ou de Bruxelles, ou encore lorsque je rencontre des acheteurs. On y décrit brièvement comment le Canada assure la gestion des pêches et de l'aquaculture. La brochure est disponible sur le site Web du MPO.
Nous faisons part de notre expérience. Nous ne l'avons pas toujours fait, mais nous tentons maintenant de mieux communiquer l'information. Par ailleurs, nous n'acceptons pas d'emblée les conclusions tirées. Je signale que ces processus se fondent parfois sur des données erronées ou périmées. Dans de tels cas, nous veillons à contester les résultats en fournissant l'information pertinente et en rectifiant les faits.
C'est tout ce que j'avais à dire au comité. Je suis disposée à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Jusqu'à présent, ce qu'on sous-entend ici est qu'il s'agit d'une opération périlleuse quelle que soit votre façon de voir les choses, mais l'élément le plus périlleux est de laisser tomber, de ne pas s'adapter et de ne pas comprendre le fait que le marché, tout comme les administrations et les gouvernements, offre une certaine assurance, dont on a besoin, que les fruits de mer sont traités d'une certaine façon.
La question qui se pose est la suivante: quelle est la façon appropriée de le faire? Comment sont-ils étiquetés? Comment sont-ils certifiés, ou un amalgame des deux? Vous nous dites que le Canada, en particulier, a fait du très bon travail pour orienter et motiver la FAO avec son modèle de certification original en 2005.
La question maintenant pour le comité, si nous choisissons d'approfondir le sujet, est d'examiner si nous avons, depuis, conservé notre rôle de chef de file. Il me semble que nous avons ces marques privées chauvines qui présentent la pire menace pour nous parce qu'elles ne sont pas responsables. Elles sont plus populistes. Elles ne font pas preuve de transparence quant à la façon dont elles font des affaires, mais elles passeront quand même des jugements sur chacun de nos principaux pêcheurs. Je crois que c'est la pire menace qui pèse sur nous.
Alors si je penche d'un côté, c'est de celui de ceux qui attestent qu'ils suivent la doctrine de la FAO. Pourquoi n'avons-nous pas plus activement fait valoir ou du moins communiqué à nos grands détaillants comme Loblaws que c'est l'approche à privilégier?
Il semble que notre industrie ait gravité vers la norme plus stricte et difficile que l'on appelle la certification. Vous nous dites que les membres de notre industrie affirment que la certification est la bonne façon de faire, que le MSC est vraiment la bonne option, et je pense qu'ils se sentent probablement très menacés par les marques populistes chauvines, car elles ne sont pas responsables et ne changent pas d'avis comme tel lorsqu'elles ont quelque chose en tête.
Pensez-vous que ce soit raisonnable de conclure que le gouvernement du Canada devrait disposer d'un processus de sensibilisation pour appuyer cette certification que nous avons aidé à façonner au lieu de marques chauvines?
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Merci, monsieur le président.
Selon moi, avec une prémisse qui dit que le marché est roi et maître, on arrive devant un mur qui peut être très dangereux. Je donnerais l'exemple de la quasi-disparition de la morue dans l'Atlantique. C'est un peu le marché, la soif de faire de l'argent rapidement et en même temps le marché mondial qui ont fait en sorte qu'on se retrouve dans la situation actuelle.
Je viens de la Gaspésie, et on sait très bien, depuis plusieurs années, que tout est mondial ou presque, notamment dans les domaines de la forêt, des pêches et des ressources naturelles. Je comprends le marché, mais j'ai de la difficulté à le suivre. Par exemple, tous ceux qui sont dans les grandes villes à population élevée sont très friands de la malbouffe: ils capotent sur le restaurant Red Lobster. Pourtant, Red Lobster est un restaurant qui n'a pas d'allure, et on sait très bien que la malbouffe, ce n'est pas bon pour la santé, même si on finit par aimer ça. C'est censément à cause du marché, également. C'est donc très dangereux. C'est pour ça que l'éco-certification, je la prends avec des pincettes, j'oserais dire, ou avec beaucoup de parenthèses ou avec beaucoup de guillemets.
J'aimerais vous entendre sur quelque chose. Je pense que c'est Fin qui en a touché un mot plus tôt. Je vois ce qui se passe dans les autres pays. Récemment, j'ai vu un reportage sur l'aquaculture au Chili; c'est affreux de voir ce qui se passe là-bas. Ils font également partie du marché. On est dans le marché mondial, et eux peuvent éventuellement inonder ce marché avec leurs produits. Je comprends qu'on a une certaine responsabilité à cet égard, et qu'on n'a pas le choix de passer au travers de cela.
Toutefois, j'aimerais vous entendre sur toute cette dynamique qui s'inscrit à l'échelle mondiale. À la fin, on risque d'en perdre notre latin: ça devient presque une tour de Babel. De quelle façon va-t-on réussir à s'ancrer comme il le faut et à tirer notre épingle du jeu?
En effet, même si on agit de façon très responsable par rapport à certains dossiers, à certaines ressources, à l'exploitation, aux usines, pour que ce soit très bien fait, on peut buter contre un marché qui se fait inonder par des produits bon marché. Loblaws, ce n'est pas la Bible en soi. Eux, ce qu'ils veulent, c'est un produit qui coûte le moins cher possible. That's it, that's all. Cela peut donner des produits qui n'ont pas d'allure non plus. C'est aussi à considérer. J'aimerais vous entendre sur la perspective mondiale, sur les bons et les mauvais joueurs à cet égard.