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Merci beaucoup, monsieur le président.
M. Rhyno et moi aimerions remercier le comité de nous avoir invités à comparaître pour clarifier les questions entourant la délivrance d’un permis de pêche au crabe à M. Rhyno en 2009. Nous sommes heureux d’être ici aujourd’hui pour mettre les choses au clair. J’espère que vous ferez preuve d’indulgence à mon égard car ma déclaration devrait prendre environ 12 minutes. Je remettrai au comité le mémoire, accompagné des documents à l’appui auxquels je ferai référence durant l’exposé.
Fort d’une expérience d’environ 20 ans en tant que pêcheur professionnel de crabe, Tim Rhyno a consacré beaucoup de temps et de ressources au développement de la pêche au crabe des neiges. Il figure parmi les premiers pêcheurs à explorer le talus du Plateau néo-écossais dans les zones de pêche du crabe 23 et 24. Jusqu’à récemment, il ne détenait pas de permis de pêche au crabe des neiges. Il pêchait le crabe pour d’autres détenteurs de quota. L’information relative à cette affaire que diverses personnes ont fait circuler au comité, à la Chambre des communes et dans les médias était essentiellement inexacte et trompeuse, ce qui a fait beaucoup de tort à M. Rhyno et à sa famille.
Je suis sûr que bon nombre d’entre vous vivent dans des petites villes ou des villages; vous comprenez donc la rapidité à laquelle l’information se propage et l’impact qu’elle peut avoir sur les citoyens de ces collectivités. M. Rhyno a essayé de ne pas prêter attention à ces prises de bec, dans l’espoir que les choses s'arrangeraient avec le temps. Toutefois, au point où il en est, il ne peut plus croiser les bras et tolérer ces comptes rendus truffés d’erreurs.
Il y a cinq questions importantes à prendre en considération pour bien comprendre comment ce permis a été délivré. La première, c’est le processus d’expansion de la pêche dans les eaux du talus. En 2000, le MPO a cherché à étendre la pêche au crabe le long du rebord du Plateau néo-écossais, dans les zones 23 et 24, en invoquant la politique sur les nouvelles pêches. Cette politique fait appel à un processus en trois phases: l’évaluation scientifique, la pêche exploratoire et, enfin, la pêche commerciale. La politique vise à délivrer des permis de pêche commerciale aux participants aux deux premières étapes, si la pêche présente un potentiel commercial.
M. Rhyno a participé à l’étape scientifique et a été retenu au nombre des quelques candidats ayant rempli les résultats du relevé du MPO de 2000 dans la zone 23. En 2003, devant la nécessité évidente d'accroître les efforts, le MPO a décidé de passer à la deuxième étape, à savoir la pêche exploratoire. Un processus public et transparent a été mis en branle. Les critères ont été publiés. On a lancé un appel d’offres, puis évalué des propositions. Enfin, un tirage au sort public a été fait parmi les candidats admissibles, et les noms choisis ont été classés par ordre de priorité en vue de l’accès à la pêche. M. Rhyno était le deuxième sur la liste.
Le ministre des Pêches et des Océans de l’époque, l’honorable Robert Thibault, a attribué un permis à la première personne sur la liste pour la saison de 2003, puis a décidé qu’il fallait délivrer un permis à la deuxième personne sur la liste, M. Rhyno, pour la saison de 2004, sous réserve d’une évaluation positive de l’état des stocks. Cette intention est d'ailleurs bien indiquée dans les notes écrites à la main par le sous-ministre adjoint du MPO sur une note d'information destinée au ministre, en date du 30 mai 2003. J'ai inclus cette note dans la documentation que je remettrai au comité.
Au grand malheur de M. Rhyno, en mai 2004, le successeur de M. Thibault, l’honorable Geoff Regan, a décidé de ne pas procéder à la délivrance du deuxième permis de pêche exploratoire. On n’a d'ailleurs jamais expliqué à M. Rhyno la raison pour laquelle le nouveau ministre avait choisi de ne pas procéder tel que prévu.
Passons maintenant au deuxième point: la commission Gardner. Le chapitre suivant de l’affaire commence en mai 2004, lorsque le sous-ministre adjoint envoie une lettre à M. Rhyno pour confirmer que le permis ne serait pas délivré mais que le cas de M. Rhyno, et je cite: « à titre de prochain candidat sur la liste, sera pris en considération au moment d’établir le plan à long terme pour 2005 et au-delà. »
À la suggestion du MPO, M. Rhyno et son représentant font une déclaration devant la commission Gardner, un comité consultatif ad hoc créé par le ministre et chargé de fournir des conseils sur le plan d'activités de 2005. Dans son rapport final, le comité consultatif aborde le cas de M. Rhyno sous la huitième recommandation:
Si le bord du talus est intégré aux ZPC 23-24, ainsi qu’il est recommandé, aucun autre accès ne devrait être autorisé dans cette ZPC,
— et c'est le point que j'aimerais souligner au comité —
sous réserve des résultats du processus de demande du prochain candidat sur la liste en matière d'accès. Le comité consultatif a entendu le témoignage d’une personne qui a fait valoir un argument en faveur de l'accès, basé sur ce qu'il juge être engagement écrit de la part du ministère. Bien que le comité consultatif n'ait pas pour mandat de rendre des décisions sur des cas particuliers, cette demande semble être une question que le ministère se doit de régler.
Maintenant, n'oubliez pas que nous étions au début...
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Bien sûr. Que voulez-vous, je suis un Terre-Neuvien qui vit au Cap-Breton.
N'oubliez pas que nous étions rendus au début de 2005, je crois. La décision du ministre remontait à 2003; le permis devait être délivré en 2004, et on était déjà au début de 2005.
Il ne fait aucun doute que le comité consultatif faisait allusion au cas de M. Rhyno. Selon l'interprétation de M. Rhyno et de ses représentants, cette recommandation était signe que le comité consultatif appuyait sa cause.
La question suivante est ce que j’appelle la confirmation de la décision. Dans le but de s’assurer que les faits étaient clairs, le représentant de M. Rhyno s’est entretenu avec l’ancien ministre Thibault et lui a écrit une lettre pour confirmer que M. Thibault avait bel et bien décidé de délivrer un permis de pêche exploratoire à M. Rhyno. J’ai également inclus cette lettre dans la documentation.
M. Thibault a écrit au ministre Regan pour déclarer que les faits, tels qu’exposés, étaient essentiellement corrects, c’est-à-dire que la décision de délivrer un permis de pêche exploratoire en 2004 reflétait clairement son intention.
J’aimerais juste vous lire un extrait de la lettre adressée à M. Regan:
La recommandation initiale des représentants du MPO était de délivrer deux autres permis en 2003. Par prudence, j'ai décidé d'assurer la viabilité des permis en vigueur en augmentant leur quota et en délivrant un seul permis supplémentaire.
D'après ce qu'on avait convenu, si les avis sur les stocks justifiaient un effort accru, le deuxième permis supplémentaire serait délivré en 2004, et toute allocation ultérieure serait divisée de façon égale entre les titulaires de permis.
M. Rhyno et moi avions bon espoir que cette lettre clarifierait la situation et réglerait le problème. Toutefois, malgré la confirmation que l'objectif était bel et bien de délivrer un permis, le ministère a refusé de remplir la condition.
La question suivante porte sur l’Office des appels relatifs aux permis de pêche de l’Atlantique. Le MPO a ensuite informé M. Rhyno qu’il avait le droit d’interjeter appel devant l’Office des appels relatifs aux permis de pêche de l’Atlantique, ou l’OAPPA. M. Rhyno et son représentant ont présenté un mémoire écrit et ont comparu devant le jury en juillet 2005. Le jury a recommandé au ministre d'accueillir l’appel de M. Rhyno et de délivrer le permis. Une fois de plus, nous étions optimistes.
Hélas, malgré la recommandation de ce groupe indépendant, le ministère a refusé encore une fois de délivrer le permis. Dans une lettre adressée à M. Rhyno en août 2005 — et j'ai ici une copie que je vous remettrai —, le sous-ministre adjoint a confirmé que l'OAPPA avait recommandé que l'appel soit admis, mais que M. Rhyno ne pouvait pas obtenir de permis de pêche commerciale parce qu'il n'avait pas participé à la phase exploratoire de la pêche.
À ce stade-ci, je demande l'indulgence des députés pour un instant, parce que la réponse défie toute logique. L'argument même à la base de l'appel de M. Rhyno, c'était qu'un permis de pêche exploratoire aurait dû être délivré en 2004. Si cela avait été le cas — et l'OAPPA a déterminé que cela aurait dû être le cas —, M. Rhyno aurait participé à la pêche exploratoire et aurait obtenu les permis de pêche commerciale, au même titre que les autres participants. L'idée de refuser après coup de lui délivrer un permis, en invoquant l'argument qu'il n'avait pas participé à la pêche exploratoire, alors que c'était l'objet même de son appel, est tout simplement illogique.
La dernière question concerne la délivrance du permis. Je peux vous assurer, monsieur le président, que M. Rhyno est un homme très déterminé. Il a tout simplement refusé de baisser les bras. Durant les années qui ont suivi, M. Rhyno et son représentant m’ont contacté et m’ont rencontré à maintes reprises pour défendre leur cause. Les détails exposés dans le mémoire ont été distribués et présentés à bien des personnes: des représentants du MPO, des députés fédéraux, des députés provinciaux, des ministres et leur personnel. Tous ont exprimé leur appui et ce, dans bien des cas, directement au ministre fédéral et à son personnel.
Deux aspects de cette affaire ont particulièrement troublé M. Rhyno. Premièrement, le MPO n’a pas suivi l’esprit de sa politique sur l’ouverture, y compris le principe énoncé dans son cadre stratégique: « Les processus décisionnels en matière de gestion des pêches doivent être équitables, transparents et assujettis à des règles et des procédures claires et cohérentes. Ils doivent être perçus comme tels. »
Pourtant, ce principe avait été suivi à la lettre dans le cas en question. Le processus avait été irréprochable, du début à la fin: il avait été mené sous les yeux du public et sous la haute surveillance des intervenants. Une décision avait été prise, au vu et au su de tout le monde. Le refus d'accès semblait être, d'après M. Rhyno, une flagrante violation du principe d’équité et de transparence.
Le deuxième point, qui est beaucoup plus fondamental, touche au coeur même de notre système de gouvernement. Un ministre de la Couronne a pris une décision; cette décision a été communiquée aux parties concernées par les hauts fonctionnaires, le personnel du cabinet du ministre et l’ancien ministre lui-même. La lettre de M. Thibault confirme cette intention. Un comité consultatif indépendant s’est montré compatissant, et l’office des appels, dont les membres sont nommés par le ministre lui-même, a recommandé que le ministre procède à la délivrance de la licence à M. Rhyno.
Pourtant, malgré ce processus et les examens indépendants, le ministère a continué de refuser d’appliquer la décision, pour une raison ou pour une autre. Aux yeux de M. Rhyno, ce refus était un abus de confiance total. Finalement, l’affaire a été portée à l’attention du personnel du bureau du ministre Hearn. Après une longue période de vérification à l’interne et à l’externe, le MPO a tiré la conclusion qu’une injustice avait été commise. En 2009, quand M. Rhyno semblait être au bout du rouleau, M. Hearn a reconnu le bien-fondé du dossier et a pris une mesure qui aurait dû être prise il y a cinq ans. C’est ainsi que M. Rhyno a obtenu un permis de pêche au crabe des neiges pour la saison de 2009.
Si vous me permettez, j’aimerais conclure en réfutant les observations faites par diverses personnes au sujet de cette affaire au cours de l’année dernière et, plus récemment, ces dernières semaines. Tout d’abord, les commentaires voulant que M. Rhyno ait reçu le permis de but en blanc ou comme cadeau sont inexacts. C’est le fruit d’un long processus ouvert et transparent qui a débouché sur un tirage au sort fait en public, devant tous les participants et les observateurs.
Deuxièmement, la remarque que le ministre Hearn a délivré le permis contrairement à l’avis de l’organisme indépendant chargé de la délivrance de permis est incorrecte. Cette observation a été faite plusieurs fois à la Chambre des communes, au comité et dans la presse. En fait, la décision de l’Office des appels relatifs aux permis de pêche de l’Atlantique était d’accueillir l’appel de M. Rhyno et de lui délivrer un permis.
Troisièmement, les observations selon lesquelles M. Rhyno ne méritait pas ce permis sont particulièrement blessantes. M. Rhyno est un pêcheur professionnel qui a suivi un processus public et qui a été retenu dans le cadre des paramètres rigoureux du processus.
Quatrièmement, l’affirmation selon laquelle M. Rhyno aurait traîné dans les coulisses et agi derrière le dos des gens pour obtenir son permis est fausse. M. Rhyno n’a rien fait de mal dans cette affaire; au contraire, il a fait tout ce qu’on lui a dit de faire et il a franchi toutes les étapes imposées par le MPO afin d’obtenir le permis. Et il a défendu sa cause sans relâche jusqu’à ce que justice soit faite, comme il le méritait.
Enfin, les commentaires voulant que ce soit une décision politique, empreinte de favoritisme, sont à côté de la plaque. Il n’y a rien de politique. Ni Tim ni moi n’avons de poids politique. Tout ce que nous avions, c’était un dossier solide dont le bien-fondé a été reconnu par chaque partie indépendante qui l’a examiné.
Monsieur le président, merci encore une fois de nous avoir donné l'occasion de faire valoir nos arguments.
M. Rhyno aimerait dire quelques mots, si c'est possible, après quoi nous répondrons à vos questions.
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Je commence à comprendre un peu plus. Toutefois, vous comprendrez que je suis encore un peu dans le brouillard, dans la brume. J'aimerais que ce brouillard soit dissipé.
Je sais que tantôt vous avez parlé de documents, vous avez lu des lettres. Il serait important que vous puissiez les présenter au comité pour que je puisse les voir. Sinon, je ne pourrai pas prendre de décision. En passant, ici, on est pas un tribunal, donc on n'accusera pas qui que ce soit. Par contre, on veut s'assurer que les conditions de permis soient les meilleures possibles et s'il y a des possibilités de changer la réglementation ou la loi, on fera des recommandations en ce sens.
Pour ce qui est de tous les documents que vous avez, ne vous gênez pas pour nous les remettre. Plus il y en aura, mieux ce sera d'une certaine façon. Il y en a jamais trop. On est habitués à avoir des tonnes de documents. Il y a des traducteurs qui vont se faire une joie de les traduire. C'est leur devoir et, en plus, cela crée de l'emploi et c'est tant mieux. Cela va me permettre, comme représentant, de mieux comprendre, de vraiment bien comprendre. Présentement, je suis encore dans la brume. Ce n'est pas de votre faute, ce n'est pas de la mienne, mais vous comprenez très bien que c'est pour cela que si vous avez des documents, vous pouvez nous les remettre.
Maintenant, j'ai quelques petites questions relatives aux dates. Vous dites qu'on vous a dit à un moment donné que vous pouviez aller pêcher. Cela s'est passé quand? Par rapport à ce que vous venez de me décrire comme événement, pourriez-vous me donner des dates à cet égard?
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Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'être de retour au Comité permanent des pêches et des océans. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point il me manquait.
Concernant M. Blais, je lui suis reconnaissant de ses interventions et je comprends qu'il est arrivé tard, mais cette documentation mérite d'être examinée, et je pense qu'en fait, elle demande une étude plus approfondie du comité.
Je trouve cette affaire extrêmement embarrassante — vraiment. En tant que parlementaires, nous avons un esprit partisan. Nous appartenons à différents partis politiques, et nous montons souvent au front, nous nous affrontons sur la tribune politique, mais nous n'avons absolument pas le droit d'attaquer des gens pour quelque raison que ce soit ou d'exercer une influence politique indue pour blesser et atteindre directement des gens. Et je crois très franchement que c'est ce qui s'est produit.
J'ai parlé pour la première fois à Tim Rhyno lorsqu'il m'a téléphoné. Il travaillait à Fort McMurray. Il a tenté d'expliquer sa cause au téléphone. Il était impossible de le faire. Au bout d'un certain temps, nous nous sommes rencontrés et je peux vous dire que j'ai été étonné par les preuves. J'ai été étonné de constater que le MPO refusait de régler la question. Et je trouve encore étonnant que des collègues remettent en question des preuves très claires.
Je sais que M. Blais a besoin d'avoir la traduction des preuves pour avoir la chance de les examiner, mais je demande instamment aux députés d'examiner ces preuves et de comprendre ce que M. Rhyno demande. Tout d'abord, le permis qu'il détient ne devrait pas être menacé parce qu'on pense que cette question est irrecevable à la Chambre des communes, parce que ce n'est absolument pas le cas.
Il existe des centaines de permis de pêche au crabe des neiges. Nous parlons d'un seul permis. Et je crois comprendre qu'on a accordé des permis après que M. Rhyno a fait sa demande. Est-ce exact?
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Excusez-moi, monsieur Keddy.
L'appel de la sonnerie se fait entendre. Il y a une sonnerie de 30 minutes pour un vote à la Chambre.
Comme nous en avons discuté lundi, lorsque l'appel de la sonnerie se fait entendre, il faut que nous ayons le consentement unanime du comité pour continuer nos travaux. Avons-nous le consentement unanime? Comme nous en avons discuté l'autre jour, s'il y a une sonnerie de 30 minutes, et si vous souhaitez continuer encore 15 minutes, ou peu importe, il me faut le consentement unanime.
Une voix: Allez-y.
Le président: Je demande aux membres du comité s'ils souhaitent continuer l'interrogation des témoins. Le faisons-nous?
Non? J'attends une réponse.
Comme il n'y a pas consentement unanime, le comité va suspendre ses travaux pour le vote. Comme le vote aura lieu à 16 h 52, il se terminera après 17 heures. À mon avis, il n'est pas raisonnable de penser que nous pourrons revenir à la séance.
La séance est levée.