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Bonjour à tous et bienvenue à cette 14
e séance du Comité permanent des langues officielles.
[Traduction]
Conformément au paragraphe 108(3) du Règlement, nous procédons ce matin à l'étude de l'immigration comme outil de développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Nous avons le plaisir d'accueillir trois témoins. Les derniers viennent tout juste d'arriver. Pendant qu'ils prennent place, je vais vous présenter nos autres témoins. Ils sont venus témoigner il n'y a pas si longtemps et sont de retour ce matin.
Nous accueillons donc Mme Suzanne Bossé, qui est directrice générale de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada.
Bienvenue au comité encore une fois.
Elle est accompagnée par Sylvie Moreau, directrice adjointe intérimaire à l'immigration.
Bienvenue, madame Moreau.
Nous avons également avec nous M. Robert Donnelly, du Quebec Community Groups Network.
Nous sommes heureux de vous accueillir à nouveau.
Vous pensiez peut-être en avoir terminé avec nous, mais ce n'est jamais fini avant la toute fin, comme un match de hockey, n'est-ce pas?
[Français]
Est présente aussi ce matin Mme Michelle Dupuis, directrice du soutien au développement communautaire. Elle est ici spécialement pour traiter du sujet qui nous concerne.
Nous recevons aussi Mme Sylvia Martin-Laforge, directrice générale.
Bienvenue, madame Martin-Laforge.
Fraîchement arrivés du Manitoba, les représentants de la Société franco-manitobaine. Je vous souhaite la bienvenue. Vous aurez le temps de vous installer, puisque nous entendrons d'abord les allocutions des autres témoins.
Madame Bintou Sacko, gestionnaire de l'Accueil francophone et monsieur Ibrahima Diallo, président du Conseil, je vous souhaite la bienvenue.
Sans plus tarder, nous entendrons la représentante de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada.
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de nous avoir invités à faire une présentation dans le cadre de votre étude sur le dossier de l'immigration au sein des communautés francophones et acadiennes. En préparant notre présentation, nous nous sommes d'ailleurs replongés dans les discussions qui avaient eu lieu à ce comité lors d'une étude similaire en 2003. La lecture du rapport du comité de l'époque nous a permis de voir combien bon nombre d'enjeux demeurent d'actualité, mais aussi combien nous avons progressé en sept ans.
Il faut se rappeler en effet que le dossier de l'immigration est très jeune; il trouve sa genèse dans la tournée « Dialogue », organisée par la FCFA, en 1999-2000. Regardons les avancées depuis ce temps.
Dans son rapport de 2003, votre comité a encouragé nos communautés à s'approprier ce dossier et faire de l'immigration un projet collectif à long terme pour assurer notre développement. Nous l'avons fait; nous avons pris le leadership.
Des réseaux se sont mis en place dans presque toutes les provinces et territoires pour favoriser le recrutement, l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants dans nos communautés.
En 2007, au Sommet des communautés francophones et acadiennes, nous avons adopté une définition qui inclut dans notre francophonie, toute personne qui choisit de vivre et de communiquer en français, peu importe sa langue maternelle ou son origine. Une analyse réalisée récemment pour le compte de la FCFA sur l'avancement des travaux de mise en œuvre de la vision du Sommet montre que l'immigration est la priorité qui rassemble le plus les organismes de la francophonie.
C'est sans compter les impacts sur le terrain. Je suis très heureuse de voir ici, ce matin, les représentants de la communauté franco-manitobaine, et notamment l'Accueil francophone, qui a fait un excellent travail en appui à des centaines de nouveaux arrivants depuis son ouverture. Je pense également au Centre d'accueil et d'intégration des immigrants du Moncton métropolitain, aux trois grands réseaux de soutien à l'immigration francophone en Ontario, et au Centre d'accueil et d'établissement d'Edmonton, pour ne citer que ceux-là.
Tenons compte également des chiffres. Le portrait de la population immigrante de langue française présente plusieurs enjeux et défis, dont nous prenons bien note. Il présente également des avancées prometteuses. On y voit que la population immigrante ayant le français comme première langue officielle parlée, seule ou avec d'autres langues, représente 13 p. 100 de la population de nos communautés, comparativement à 8 p. 100 en 1991.
Les immigrants de langue française représentent désormais plus de 20 p. 100 de la population francophone en Colombie-Britannique, et plus de 10 p. 100 à Terre-Neuve-et-Labrador, en Ontario, en Alberta et au Yukon. Il reste, que nous sommes encore loin d'atteindre la cible d'un minimum de 4,4 p. 100 de la population immigrante totale qui arrive au pays chaque année.
N'empêche, nos communautés changent, et nous avons fait plus que simplement en prendre acte. Nous avons pris le leadership et nous avons agi pour recruter, accueillir et intégrer les nouveaux arrivants de langue française.
Beaucoup d'éléments nous ont aidés à cet égard. C'est le gouvernement actuel qui a lancé le Plan stratégique pour favoriser l'immigration au sein des communautés francophones en situation minoritaire, en 2006. Je tiens également à souligner le leadership renouvelé de Citoyenneté et Immigration Canada, en particulier le Comité directeur, où la FCFA joue d'ailleurs un rôle de coordination de premier plan.
Cela étant dit, le dossier de l'immigration est très complexe et présente plusieurs défis. Je vais toucher trois grandes catégories d'enjeux, soit le recrutement, l'intégration et l'accueil.
Parlons d'abord du recrutement des nouveaux arrivants. Une avancée notable est l'organisation des tournées « Destination Canada », grâce au leadership de l'ambassade du Canada à Paris. Nos communautés y participent depuis plusieurs années déjà, de pair avec leur gouvernement provincial ou territorial, et on voit déjà des résultats prometteurs.
Toutefois, qui dit recrutement dit aussi préparation à l'arrivée au Canada. Nos expériences des dernières années nous ont enseigné l'importance de sessions d'orientation et de préparation précédant le départ des candidats, pour faciliter leur intégration économique une fois au Canada. Nous savons que présentement, ces sessions sont offertes en Chine, aux Philippines, en Inde, et le seront bientôt à Londres. Cependant, on n'en offre pas dans les pays de la Francophonie, et il s'agit certainement d'une lacune à combler.
Parlons, justement, des enjeux de l'intégration. Je ne vous apprends rien en disant que la reconnaissance des acquis est un aspect crucial de l'intégration économique.
À cet égard, il existe des initiatives intéressantes. Notamment, le Consortium national de formation en santé a développé un projet visant à aider les professionnels formés à l'étranger. Toutefois, il faut déplorer dans ce dossier de reconnaissance des acquis les lacunes importantes en ce qui a trait à la concertation interministérielle et intergouvernementale, notamment en ce qui touche aux professions clés de la francophonie comme les orthophonistes, les enseignants ou Ie personnel médical.
II est essentiel qu'on remédie à cette situation. II y a là un rôle clair pour Ressources humaines et Développement des compétences Canada et les ministères à caractère économique des provinces et territoires, mais aussi pour Citoyenneté et Immigration Canada en matière de coordination.
Puisque nous parlons des gouvernements provinciaux et territoriaux, je tiens à dire à quel point nous sommes heureux que la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne ait fait de l'immigration sa grande priorité. Notamment, la Conférence a réuni en mars son réseau des responsables des affaires francophones et, pour la première fois, elle a également invité les personnes responsables du dossier de l'immigration francophone dans les provinces et les territoires.
Cela étant dit, il faut que l'action des gouvernements provinciaux s'arrime avec les priorités des communautés. II est essentiel que les provinces et les territoires se donnent des cibles en immigration francophone, et j'évoquerais ici l'exemple du Manitoba, qui utilise activement son programme de candidats des provinces.
Un autre pas en avant est certes l'inclusion systématique de clauses linguistiques dans les ententes fédérales-provinciales-territoriales, ainsi que l'avait recommandé ce comité en 2003, et nous tenons à Ie reconnaître. Cela dit, il faut toutefois observer de quelle manière ces clauses sont interprétées et appliquées sur Ie terrain.
Cela m'amène aux enjeux liés à l'accueil. Je l'ai dit plus tôt, il s'est créé plusieurs réseaux en immigration francophone de par Ie pays. Certains ont déjà fait leurs preuves, d'autres sont en développement. Tous ont besoin de renforcement. L'atteinte des objectifs du Plan stratégique, notamment en ce qui a trait à l'accueil et à l'intégration des nouveaux arrivants, repose sur notre capacité d'appuyer les structures francophones d'accueil et d'établissement qui sont déjà en place et d'en créer de nouvelles.
Enfin, maintenant que nous avons parlé des enjeux de la chaîne recrutement-accueil-intégration, parlons de I'évaluation. Présentement, Citoyenneté et Immigration Canada dispose de critères basés sur la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne et sur ses propres programmes. Mais cela ne rend pas compte, par exemple, de ce qui se fait à Ressources humaines et Développement des compétences Canada. Pour avoir un portrait complet de nos progrès, pour connaître l'impact réel de notre action sur les communautés et les immigrants, il nous faut un cadre d'évaluation qui va au-delà de la Feuille de route, au-delà du ministère, un cadre d'évaluation qui inclurait tous les partenaires et qui serait défini avec les communautés.
Nous avons, en somme, un peu l'impression de vous livrer Ie même message qu'il y a deux semaines, dans notre comparution sur la mi-parcours de la Feuille de route: l'avenir du dossier de l'immigration francophone passe par un leadership fort, une meilleure coordination interministérielle, une meilleure concertation intergouvernementale et un meilleur arrimage avec les communautés.
Je termine donc en vous livrant quatre grandes recommandations que je vous invite à inclure dans votre rapport:
Qu'on mette en place une politique nationale en immigration au sein des communautés francophones et acadiennes. Cette politique, déjà mentionnée dans Ie Plan stratégique, définirait mieux la collaboration intergouvernementale et interministérielle dans ce dossier et assurerait un meilleur arrimage entre les actions gouvernementales et celles des communautés.
Que Citoyenneté et Immigration Canada travaille avec Industrie Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, ainsi que les provinces pour développer un plan sur l'intégration économique des immigrants francophones. II faut notamment qu'on puisse, à l'occasion, assouplir les critères des programmes et qu'on prévoie des initiatives ciblées pour les immigrants francophones.
Que Citoyenneté et Immigration Canada développe un cadre d'évaluation global en immigration francophone, qui inclura tous les partenaires et sera développé en concertation avec les communautés.
Que Ie Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration procède, lui aussi, à une étude sur l'immigration francophone et, de façon plus large, qu'il inclue l'angle de l'immigration francophone dans toutes ses études.
Le travail qui nous attend dans Ie dossier de l'immigration francophone est certes considérable, comme Ie sont les défis et les enjeux auxquels nous devons faire face. Nous nous sommes engagés sur cette route depuis maintenant 10 ans, et nous y sommes pour y rester, parce que nous avons une vision — une vision de collectivités ouvertes, inclusives et diversifiées où tous et toutes les francophones, peu importe leur origine, peuvent trouver un chez-soi, s'épanouir et contribuer à l'essor de leur communauté. Ce sont ces milieux de vie que nous voulons pour nos enfants.
Je vous remercie et je suis prête à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur Blaney.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Nous vous remercions encore une fois de nous donner l'occasion de vous communiquer nos vues sur la question de l'immigration, qui est, naturellement, importante pour nous.
Vous vous demandez sans doute pourquoi je suis encore ici aujourd'hui. Comme M. Blaney l'a mentionné, il semble que nous soyons abonnés à votre comité, mais ce dossier est important pour nous.
Je ferai un bref commentaire et ensuite, si vous le permettez monsieur Blaney, je céderai la parole à Michelle.
Le Québec a, de toute évidence, besoin d'immigrants. Le dynamisme de notre province, et de sa communauté anglophone, repose en grande partie sur l'immigration. Toutefois, comme on présume que la communauté anglophone du Québec a déjà largement profité de l'immigration, on prête très peu attention aux besoins de cette minorité de langue officielle.
Son renouvellement a toutefois une importance cruciale pour assurer son développement et son dynamisme. Le QCGN souhaite donc sensibiliser les politiciens et les décideurs à cet enjeu fondamental au moment où le Comité permanent des langues officielles entreprend cette nouvelle étude sur l'immigration dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la transcription des comptes rendus de réunion de la semaine dernière. J'ai été très heureux de constater bien sûr que M. Jack Jedwab a parlé de la communauté anglophone du Québec, soit l'autre minorité de langue officielle.
La diversité culturelle fait partie intégrante de la société canadienne et cette diversité n'ira qu'en grandissant. Lors des audiences de la commission Bouchard-Taylor sur les « accommodements raisonnables » en 2007 et 2008, le QCGN a fait valoir que le débat sur la cohabitation des diverses communautés était essentiel et qu'il devait porter sur l'équilibre des droits entre la majorité et la minorité.
Il est indispensable, à notre avis, d'avoir un portrait juste de nos minorités et de bien comprendre leurs valeurs et leurs besoins. Lors des audiences de la commission, le QCGN a également souligné les différentes formes de contribution de l'immigration à notre société, et rappelé que la communauté anglophone est reconnue pour sa façon novatrice de s'adapter aux changements.
En 2006, les immigrants qui ne parlaient que l'anglais comme langue officielle à leur arrivée au Québec savaient qu'ils représentaient environ 20 p. 100 du nombre total d'immigrants dans la province, un pourcentage en hausse par rapport à 2002, qui se situait alors sous les 16 p. 100. Ce pourcentage dépasse en fait le pourcentage de la population anglophone de langue maternelle dans la province, qui est d'un peu moins de 10 p. 100.
Compte tenu de ce fort pourcentage d'immigrants anglophones, nos institutions seront donc appelées, inévitablement, à participer au processus d'intégration de ces nouveaux arrivants et à la gestion de la diversité.
Nous sommes heureux de souligner qu'un nombre important d'intellectuels au Québec n'appuient pas les vues alarmistes de souverainistes comme Pierre Curzi, porte-parole du PQ en matière culturelle, qui soutenait dernièrement qu'un trop grand nombre de nouveaux immigrants allaient grossir les rangs de la communauté anglophone. Le rédacteur en chef de La Presse, André Pratte, a fait valoir que le fait français continuerait d'être menacé au Québec même si tous les anglophones quittaient la province. En d'autres mots, il reconnaissait que la menace ne vient pas de la communauté anglophone de la province, mais de la suprématie de l'anglais dans le monde.
Le QCGN croit qu'idéalement, la communauté anglophone pourrait servir de pont pour aider les nouveaux immigrants anglophones à apprendre le français et à s'intégrer à la société québécoise. Il importe de souligner que la langue et la communauté sont deux choses différentes. De fait, les communautés anglophones du Québec sont d'excellents modèles pour les nouveaux immigrants, car ayant été aux prises avec les mêmes problèmes qu'eux, elles ont réussi à apprendre le français et à bien s'intégrer dans la société québécoise.
Monsieur le président, si vous le permettez, j'aimerais maintenant vous présenter Michelle Dupuis, qui travaille pour nous à temps plein depuis environ cinq ans à nos bureaux de Montréal.
Michelle s'occupe de deux dossiers très importants, celui de la promotion du développement et du dynamisme des communautés anglophones partout dans la province, et celui de la GMCDI, l'initiative pour le développement communautaire dans la région de Montréal, où elle joue un rôle très actif dans les dossiers de la diversité et du développement.
Bonjour, mesdames et messieurs.
L'arrivée de nouveaux immigrants a, depuis toujours, joué un rôle fondamental dans la définition des communautés anglophones du Québec, en particulier dans la région du Grand Montréal, où la diversité de la population est un trait caractéristique de notre communauté.
Comme le QCGN l'a mentionné dans son exposé du 17 février 2003 devant votre comité, les immigrants ont toujours joué un rôle important dans le dynamisme de la communauté anglophone du Québec. Nous attachons une grande importance à l'immigration et considérons dans l'ensemble que les nouveaux arrivants apportent une contribution remarquable à notre communauté et à la société québécoise.
Dans un exposé présenté à la commission de l'Assemblée nationale sur l'immigration en 2007, le QCGN a fait valoir que les immigrants dont la première langue officielle est l'anglais pouvaient s'identifier à la communauté anglophone tout en s'intégrant parfaitement à la société québécoise.
Comme l'a mentionné M. Jack Jedwab dans son exposé la semaine dernière devant votre comité, le choix de la définition, soit langue maternelle ou première langue officielle parlée, aboutit à des données très différentes. Dans le premier cas, les immigrants s'identifient facilement aux membres de la communauté anglophone du Québec. Dans le second, les immigrants ont souvent plus d'affinités avec les membres de la communauté anglophone parce qu'ils se sentent plus à l'aise de parler anglais que français.
Identité et identification sont des aspects convergents de la politique sur les langues officielles et de la politique sur l'immigration au Québec, qui ont des répercussions sur deux grands défis que doit relever notre communauté, à savoir le renouvellement et la rétention.
Dans son dernier rapport annuel, le commissaire aux langues officielles, M. Graham Fraser, aborde sans détour la question du renouvellement de notre communauté. Il reconnaît que la communauté a de nombreuses années d'expérience dans l'intégration des nouveaux arrivants et la gestion de la diversité culturelle. Il mentionne:
... il serait important que les organismes des communautés anglophones obtiennent les ressources dont ils ont besoin pour continuer de travailler à l'intégration et à l'épanouissement des nouveaux arrivants au Québec.
Le gouvernement fédéral éprouve de la difficulté, pour une foule de raisons, à s'acquitter de ses responsabilités, en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, à l'égard de la minorité anglophone.
Premièrement, la responsabilité de l'immigration a été confiée au gouvernement provincial.
Deuxièmement, le comité directeur de Citoyenneté et Immigration Canada qui a été mis sur pied pour les communautés minoritaires francophones n'a pas eu de pendant pour la minorité anglophone. Son cadre stratégique et son résumé des initiatives ne visaient donc pas à stimuler le dynamisme de nos communautés.
Enfin, le rapport déposé en 2003 et intitulé Immigration, outil de développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire n'a pas permis de répondre aux besoins des immigrants anglophones au Québec. Nous sommes donc ici aujourd'hui pour vous présenter quelques idées novatrices et, espérons-le, entamer un dialogue sur cette question.
Les immigrants anglophones au Québec sont trop souvent laissés pour compte. Le gouvernement fédéral peut, toutefois, leur offrir des services et les aider à s'intégrer à la société québécoise et canadienne par l'entremise de la communauté anglophone. Il est en outre possible de le faire d'une manière où tout le monde y gagne, en particulier les régions.
Le gouvernement provincial souhaite ardemment voir les nouveaux arrivants s'installer en région. Le Québec compte des communautés anglophones dans presque toutes les régions de la province, et si les immigrants anglophones pouvaient s'appuyer sur ces communautés pour leur offrir des conseils, leur fournir des services, et établir des réseaux pour les aider à s'intégrer, cela pourrait les motiver à aller s'y installer. Sans ce système d'aide, les nouveaux immigrants auront davantage tendance à demeurer à Montréal, où ils pourront compter sur le soutien de leurs propres communautés.
C'est ici que le gouvernement fédéral peut intervenir pour stimuler le développement et le dynamisme des communautés anglophones: en aidant les organisations dans les régions à offrir des services d'aiguillage vers les cours de français langue seconde, la recherche d'emploi, et les services de présentation d'emplois.
La province et les communautés anglophones veulent tous les deux éviter les migrations secondaires. Un sondage intéressant — bien qu'il commence à dater — a été publié par la firme CROP et l'Institut Missisquoi en 2000 sur les raisons qui poussent les immigrants anglophones à quitter la province.
D'après ce sondage, les immigrants quittent le plus souvent la province pour des raisons économiques ou liées aux études. Ce sont les deux principales raisons. On mentionne également la discrimination et les problèmes d'intégration.
Comme le QCGN le mentionnait en 2003, les institutions anglophones peuvent donner aux immigrants un sentiment d'appartenance pendant la période où ils s'adaptent à la société québécoise et à sa réalité linguistique. Le succès de l'intégration dépend beaucoup du dynamisme institutionnel des communautés, et cette règle vaut également pour la communauté anglophone du Québec.
Monsieur le président, lorsque vous rédigerez avec les membres du comité votre rapport et vos recommandations sur l'immigration comme outil de développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire, nous espérons que vous tiendrez compte du besoin de renouvellement de notre communauté. Nous espérons également que les politiciens et les décideurs prendront le temps de réfléchir à des idées novatrices afin d'éclairer le débat sur les investissements à long terme au Québec, avant l'élaboration de la prochaine feuille de route.
Nous souhaitons qu'il y ait davantage de recherches, basées en particulier sur les mesures concrètes comme les projets pilotes, qui déboucheront sur des investissements importants dans le développement de la minorité anglophone du Québec. Entre-temps, nous recommandons d'accroître les efforts interministériels et multisectoriels pour évaluer les besoins de la minorité anglophone en matière d'immigration, de rétention et de renouvellement.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour tout le monde.
Notre présentation va se faire en deux temps. Dans un premier temps, je vais faire une mise en contexte du modèle manitobain — puisque tout le monde parle de modèle —, un modèle qui n'est certainement pas à exporter comme ça. Ensuite, je vais laisser le soin à Mme Bintou Sacko de vous faire une présentation détaillée de ce que fait l'Accueil francophone.
Quand on parle des Manitobains, il faut préciser qu'il y a 47 000 Franco-Manitobains, dont les deux tiers sont concentrés à Winnipeg. Je pense qu'il est bon de garder cet élément à l'esprit. Le reste est dispersé dans une quarantaine de villages situés autour de Winnipeg, plus spécifiquement dans le sud. Cependant, il faut dire qu'il y a plus de 100 000 personnes au Manitoba qui parlent le français. Cela démontre en quelque sorte l'importance du français, qui n'est pas parlé par les Franco-Manitobains de souche seulement.
Par ailleurs, il y a trois quartiers à Winnipeg qui sont désignés bilingues: Saint-Boniface, Saint-Vital et Saint-Norbert. Cela crée un réseau, un noyau. Je pense que la francophonie est très importante, puisqu'on parle de faire venir des immigrants francophones dans nos communautés. On a aussi un atout de taille. On a plus de 50 organismes francophones, dont le Centre culturel franco-manitobain, le CDEM qui s'occupe beaucoup d'économie, l'ANIM, soit l'Agence nationale et internationale du Manitoba, qui traite aussi d'économie, le Collège universitaire de Saint-Boniface, un établissement qui existe depuis 1918, le Cercle Molière, qui est l'une des plus anciennes troupes théâtrales en Amérique Nord, toutes langues confondues, l'hebdomadaire La Liberté, le Centre du patrimoine, etc. On a aussi des institutions qui ont pignon sur rue à Saint-Boniface. Tout cela donne donc une très grande importance à la question de l'épanouissement des francophones.
Je ne vais pas revenir sur des points de l'histoire que vous connaissez tous. En effet, le Manitoba a fait l'objet de mesures depuis 1890 avec l'Official Language Act, qui a aboli l'enseignement du français dans les écoles publiques. Pour passer d'une population majoritairement francophone dans les années 1860 à 4,3 p. 100 de francophones en l'an 2010, il a certainement fallu que des événements se produisent. Je ne veux pas revenir sur l'histoire, car tout le monde la connaît. En plus de cette abolition, il y a eu les migrations internes qui ont fait en sorte de diluer la population francophone au Manitoba. Il y a maintenant des germanophones, des Ukrainiens, des Philippins, des Islandais. Ce sont des populations qui sont en pleine expansion. Toutefois, pendant ce temps, la population francophone stagne, en quelque sorte, même qu'elle diminue. L'assimilation n'aide pas, et c'est pourquoi l'immigration est importante. En effet, toutes ces populations que je viens de citer se sont aussi développées grâce à l'immigration.
Dans un certain sens, la page est tournée, puisque les Manitobains forment maintenant une communauté fière, moderne, dynamique et tenace, qui veut réaliser son plein potentiel, c'est-à-dire continuer de vivre en français, et contribuer au développement de la province et du pays. C'est la raison pour laquelle la communauté s'est organisée. Du travail se fait sur plusieurs aspects, dont les aspects sectoriel, communautaire, culturel, celui de la communication, etc.
Voici où je veux en venir. Une réflexion a été entamée en 2001, au moment particulier où on a fait le point sur la façon de fonctionner au sein de la société, et où on s'est demandé ce qu'on allait devenir dans les prochaines années. Cinq axes stratégiques ont été développés dans l'intention d'« agrandir l'espace francophone ». On a établi une stratégie commune, pour la période de 2001 à 2050, en réponse à la question de savoir ce qu'on voulait devenir dans les prochaines années. Cette stratégie d'agrandissement de l'espace francophone comporte cinq axes, qui visent d'abord les francophones de souche. On veut qu'ils soient fiers de ce qu'ils sont et fiers d'assurer la continuité de la francophonie dans leurs familles.
Il y a aussi ce qu'on appelle chez nous des couples exogames. Les données concernant ce phénomène sont extrêmement importantes, car il y a de fortes possibilités, pour les jeunes de moins de 20 ans, que ceux-ci soient issus de couples dont chaque individu appartient à une communauté de langue officielle différente — je pense même que la proportion est de 60 p. 100. Il y a les nouveaux arrivants qui ont un impact important, il y a les anglophones bilingues qu'il ne faut pas oublier, et il y a même les anglophones unilingues. Ainsi, toutes sortes d'actions sont entreprises pour trouver des appuis, pour développer la francophonie — je ne veux pas dire « vendre la francophonie » puisque les gens sont quand même déjà ouverts —, pour faire en sorte que la francophonie soit acceptée et qu'elle serve de levier dans le développement de nos communautés.
Je pense que c'est à partir de 2001 qu'il y a vraiment eu une grande ouverture sur ce plan. Il faut préciser qu'entre 1960 et 1990, on recevait à peu près 30 immigrants francophones par année. À partir de 1990, ce chiffre est passé à 200, et maintenant, il est d'environ 300. L'objectif est d'en recevoir 700, et même 1 400. Ces données que je viens de mentionner ont été établies à partir de la représentation de la population francophone dans nos communautés. Par ailleurs, elles sont aussi liées à la stratégie provinciale d'augmenter le nombre d'immigrants de façon générale. On demande d'inclure une proportion d'arrivants francophones dans les calculs pour augmenter le nombre d'immigrants. Compte tenu de l'assimilation et de toutes sortes de choses, on pourra ainsi maintenir la situation de la francophonie.
Je termine en disant que c'est à partir de là qu'on s'est demandé comment accueillir ces francophones qui nous viennent de l'extérieur, d'où la création de l'Accueil francophone — je laisserai le soin à Bintou de vous en parler. On a mis en place des structures pour accueillir des francophones dans un milieu où ils sont minoritaires, ce qui implique de les préparer à vivre dans ce type de milieu. Effectivement, les emplois ne se trouvent pas nécessairement tous dans les milieux francophones. Même les Franco-Manitobains de souche travaillent en grande majorité pour des organisations anglophones. La maîtrise de la langue est donc très importante, aussi bien le français que l'anglais. Ça passe par là, aussi.
Tout à l'heure, on a parlé de la reconnaissance des diplômes, qui est aussi un aspect fondamental. Généralement, les pays de la Francophonie n'ont pas le même modèle, comparativement aux pays anglophones de l'Afrique, par exemple. Ce ne sont pas les mêmes éléments. Par conséquent, il y a un effort énorme à faire sur ce plan.
Il y a aussi la question des immigrants adultes, qu'on a souvent tendance à ignorer, et plus spécifiquement celle des réfugiés. En effet, le Manitoba reçoit un nombre disproportionné de réfugiés dans son lot d'immigrants. Soixante pour cent des immigrants qui s'installent au Manitoba francophone sont des réfugiés. Même avec tous les défis que cela comporte, il faut absolument envisager de leur permettre de décrocher un diplôme, de finir leurs études secondaires et d'aller à l'université ou dans des écoles professionnelles.
Nous avons actuellement le Centre d'apprentissage franco-manitobain pour la formation des adultes. Il y a 2 ans, il y avait 30 étudiants, et on pense qu'il va y en avoir 150 cette année. Ils ont à peine un local où ils peuvent étudier, mais c'est un succès extraordinaire. Il est important de penser aussi à ces gens, qui n'ont pas nécessairement suivi de formation, et de leur permettre d'acquérir des compétences sur place pour qu'ils puissent contribuer au développement de la société.
Je vais terminer très rapidement. On aborde aussi la question du logement, celle de l'emploi, etc. Toutefois, laissons maintenant le soin à Bintou de nous parler de l'Accueil francophone proprement dit.
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Bonjour tout le monde. Je remercie les membres du comité de me donner l'occasion, ce matin, de présenter l'Accueil francophone au Manitoba. Je suis la gestionnaire de l'Accueil francophone depuis sa création en décembre 2003. Je vais uniquement présenter la structure de l'accueil et les services.
Financé par Citoyenneté et Immigration Canada et la province du Manitoba, l'Accueil francophone est une initiative de la communauté franco-manitobaine. Plus tôt, Ibrahima a mentionné qu'en 2001, quand les immigrants ont commencé à s'établir dans la communauté, la communauté s'est regroupée pour décider de ce qu'on allait faire. Qu'allait-on faire pour les intégrer à la communauté franco-manitobaine?
C'est de là qu'est partie toute la question et c'est à partir de cet instant que la structure de l'accueil francophone a été mise en place. À l'époque, en décembre 2003, il y avait une personne et la structure a évolué tranquillement. De nos jours, on compte à peu près 13 employés à l'Accueil francophone. Quand le centre a ouvert, on a accueilli 30 immigrants. Actuellement, l'accueil reçoit à peu près 350 immigrants par an.
Quelle catégories d'immigrants recevons-nous? On reçoit les immigrants reçus, dont les immigrants économiques, soit ceux qui font la demande par l'intermédiaire du programme fédéral et du programme provincial pour venir s'installer. Ils ont choisi le Manitoba ou le Canada comme pays de destination. On parle des réfugiés et des étudiants internationaux qui sont au Collège universitaire de Saint-Boniface qui terminent et qui désirent faire la demande de résidence permanente au Manitoba. On parle donc de ces trois clientèles. Il y a aussi des visiteurs qui viennent de temps en temps pour prendre des renseignements sur le volet de l'immigration. On leur donne l'information et on leur présente le Manitoba. S'ils le décident, ils peuvent s'y établir.
Le programme de l'Accueil francophone s'étale sur quatre semaines, lorsqu'un immigrant arrive au Manitoba. Dans la première semaine, il y a l'accueil à l'aéroport. Ce qui fait la particularité de notre programme, c'est que l'approche est fortement basée sur le client et l'accompagnement qu'on lui prodigue. Lorsque les immigrants arrivaient, on leur donnait des brochures et des documents qu'on leur demandait de lire et on leur demandait de s'orienter. Nous avons réalisé que ce n'est pas ce qui aide l'immigrant. Il a besoin d'être accompagné, peu importe la catégorie. On a pris le client et on l'a mis au centre de nos préoccupations. On s'est demandé de quoi le client avait besoin dès son arrivée, afin qu'il puisse apprécier la communauté, la connaître et savoir ce qui y est offert pour l'aider à s'intégrer. C'est en se fondant sur le client que nous avons bâti le service de l'Accueil francophone.
Premièrement, on va l'accueillir à l'aéroport. Il se trouve qu'on a déjà été en contact avec le client. Alors, on lui fait une réservation à l'hôtel ou de logement, où il peut rester de façon transitoire, pendant que nous allons l'accompagner dans les démarches administratives — tout ce qu'il doit faire par rapport à la loi, les règles de la société canadienne et connaître exactement ce qui existe.
Dans un deuxième temps, on va l'accompagner dans la communauté et les services pour créer le lien entre lui et les services qui existent dans cette communauté, particulièrement dans la francophonie. Tous les immigrants qui arrivent dans nos centres sont francophones. Ils sont unilingues. On sait qu'être unilingue dans une province majoritairement anglophone est un défi. L'apprentissage de la langue doit se faire. C'est très important pour eux de connaître les ressources qui sont disponibles dans leur communauté et auxquelles ils ont accès pour faciliter leur intégration. On essaie de créer ce lien le plus rapidement possible. Tout ça se fait dans la deuxième semaine.
Dans la troisième semaine, on s'assoit avec l'immigrant pour établir des objectifs. On regarde ce qui a motivé l'immigrant à venir au Manitoba. S'il y a une raison, on essaie de définir les objectifs qu'il aimerait atteindre. Pourquoi a-t-il immigré au Canada? On vérifie ça avec le client. On regarde à court terme, à moyen terme et à long terme. On essaie de faire un plan avec l'immigrant.
On fait tout ça grâce à notre programme de suivi, qui est développé. Après un mois, trois mois, six mois et une année, on fait le suivi avec le client pour voir où il en est rendu dans sa démarche d'immigration. On cherche à savoir si l'intégration se passe bien, si elle ne se passe pas bien ou s'il rencontre des défis.
Comment peut-on l'aider avec ces défis pour que ça se passe bien? C'est le programme de suivi que nous avons élaboré.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous.
L'intégration au marché du travail est l'un des défis majeurs auxquels font face les nouveaux arrivants. On leur dit de venir chez nous, dans un milieu anglais ou français, selon la minorité, et on leur indique le travail qui est disponible dans cette région. Au Québec, par exemple, 80 p. 100 des immigrants se retrouvent à Montréal. Des efforts ont été faits pour qu'une partie de l'immigration soit dirigée vers les régions. Or les immigrants retournent parfois à Montréal. Dans ma ville, à Gatineau, on trouve 4 p. 100 de l'immigration du Québec. Vous voyez un peu le portrait? Pourtant, c'est un centre, mais Montréal a un très grand pouvoir d'attraction.
Vous avez mentionné plus tôt le lieu de naissance de Louis Riel, Saint-Vital, ainsi que Saint-Norbert et Saint-Boniface, qui font maintenant partie du grand Winnipeg. Or Winnipeg représente à peu près la moitié de la population du Manitoba. On parle encore là d'un grand centre. Pour des raisons évidentes, de petits villages comme La Broquerie, St. Jean Baptiste et tous ceux qui longent la rivière Rouge vers le sud ne profitent pas de cette immigration ou du moins pas autant que les centres dont vous avez parlé plus tôt. Je vais poser ma question à des gens qui travaillent sur le terrain, au Manitoba et au Québec.
Quelles pistes de solutions envisagez-vous? La difficulté est toujours là, et ce n'est la faute de personne. Faut-il trouver une façon de revitaliser les communautés, de faire en sorte d'assurer des emplois aux immigrants et de reconnaître leurs diplômes, ce qui est de compétence provinciale? Il leur faut des emplois, dans les communautés, qui soient à la hauteur de leur formation.
Les gens du Manitoba pourraient répondre d'abord, puis laisser du temps à nos amis du Québec.
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Merci, monsieur le président. Il y a beaucoup à dire et à entendre à ce sujet.
Premièrement, je tiens à remercier les invités. La discussion que nous avons aujourd'hui est très intéressante. Tout le monde ici partage le même but, soit veiller à l'épanouissement de la langue minoritaire, que ce soit le français à l'extérieur du Québec ou encore l'anglais au Québec.
L'immigration comporte plusieurs facettes, par exemple la réussite économique et la sécurité. Même si nous, les politiciens, voulons encourager l'espoir, nous devons aussi avouer qu'il y a des limites et des contraintes. Or il est merveilleux de constater un tel succès, malgré les contraintes. Par exemple, au Manitoba, le nombre d'immigrants qui parlent français a beaucoup augmenté au cours des années passées.
J'aimerais poser une question. Êtes-vous prêt à dire que la réussite de la langue minoritaire à l'extérieur du Québec va encourager l'épanouissement du français au Québec? Si nous n'avons pas
[Traduction]
l'épanouissement du français à l'extérieur du Québec, ou si, comme le mentionnait le professeur Castonguay la semaine dernière, nous expédions tous les francophones au Québec, et qu'il n'y avait plus de francophones en Colombie-Britannique ou au Manitoba, pour moi, ce serait la mort du français, même au Québec. Car il faut que le français soit parlé à l'extérieur de cette province pour que nous puissions atteindre notre objectif d'avoir un pays véritablement bilingue et de renforcer le fait français.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
Nous allons commencer par vous, monsieur Diallo.
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Oui, c'est très important.
Comme on l'a déjà dit, la raison principale pour laquelle une personne immigre est pour pouvoir travailler et s'insérer économiquement dans son nouveau pays. Or, dans une province majoritairement anglophone, il sera très difficile de profiter de toutes les occasions sur le terrain si une personne n'est pas bilingue.
Par conséquent, on les encourage, bien avant leur arrivée, pendant qu'ils font des démarches dans leur pays, à commencer déjà à apprendre l'anglais, ne serait-ce que de connaître la base. Quand ils seront au Manitoba, ils auront droit à un programme de formation linguistique mis en place par la province du Manitoba qui est extraordinaire. Ce programme est dispensé à tous moments, du lundi au dimanche, le matin, le soir, l'après-midi et les fins de semaine. C'est flexible et cela permet aux immigrants d'apprendre vraiment la langue, pour qu'ils puissent saisir toutes les occasions disponibles.
Toutefois, cela ne nous empêche pas de les encourager aussi à s'impliquer dans la francophonie. Comment le fait-on? On le fait avec les enfants. On s'assure que tous les francophones qui arrivent inscrivent leurs enfants dans des écoles francophones au Manitoba. On ne les force pas, mais on leur fait tout simplement comprendre que le fait d'être dans un environnement anglophone fait en sorte que les enfants apprendront l'anglais parce qu'ils apprennent très vite, mais qu'ils devront se battre pour permettre aux enfants de conserver leur français.
S'ils veulent un jour communiquer avec les parents qui sont au pays, c'est important. S'ils deviennent unilingues, c'est une perte pour la famille. Alors, ils sont convaincus immédiatement lorsqu'on arrive avec cette approche. On le fait auprès des parents, pour qu'ils aient recours aux écoles francophones.
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Merci, monsieur le président.
Il y des documents sur la table derrière nos témoins. Peut-être que Mme la greffière pourrait les faire traduire, si ce n'est pas déjà fait. Il faudrait avoir des copies traduites de ces documents.
Plus tôt, M. Weston a parlé de M. Castonguay, que l'on a reçu la semaine dernière. Les propos de M. Castonguay portaient sur la ceinture bilingue, et non pas juste sur le Québec, en tant que lieu où l'immigration, selon sa théorie ou sa thèse, devait être dirigée. Je voulais simplement préciser cela.
Il y a un problème à la base. L'immigration, ce sont des gens qui arrivent d'autres pays. Comme député, dont le tiers des dossiers de citoyens de ma circonscription touchent à l'immigration de différentes manières, je sais qu'il y a des ambassades canadiennes à l'étranger avec lesquelles il faut se battre chaque fois. Il faut envoyer une plainte au commissaire aux langues officielles, parce qu'on ne peut pas avoir de services en français. J'imagine ce que cela représente en ce qui a trait à la promotion du fait qu'il y a deux langues officielles au Canada, que des ambassades — surtout en Afrique, parce que c'est de là que proviennent beaucoup de dossiers — ne sont même pas capables de nous répondre en français. Il faut insister à un tel point qu'à un certain moment, il faut adopter l'anglais, sinon c'est le citoyen qui paie la note ici, pour un principe qui n'est pas reconnu dans une institution canadienne. C'est un problème grave.
De plus, lorsque l'on visite le site Web de certaines ambassades étrangères au Canada, on constate que tout est en anglais seulement et dans la langue du pays que représente l'ambassade. Il n'y a rien en français.
Je pense à la personne qui veut immigrer au Canada ou du moins s'informer à ce sujet... Il y a une pauvre représentation du fait français. Je comprends le travail que vous faites, mais si des efforts ne sont pas faits de part et d'autre, imaginez ce que ça donne. Je déplore grandement cette situation. On revient là-dessus de temps à autre — cela a déjà été discuté en comité —, mais c'est le Canada même qui appauvrit le fait français. C'est très déplorable.
Madame Bossé, dans votre présentation, vous avez formulé quatre recommandations. Je sais que cinq minutes, ça passe rapidement et que près d'une minute et demie est peut-être écoulée, mais pourriez-vous parler de ces quatre éléments?