[Traduction]
Bienvenue au Comité permanent des langues officielles. Conformément au paragraphe 108(3) du Règlement, nous examinons aujourd'hui l'immigration comme outil de développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Nous recevons ce matin de nombreux témoins.
[Français]
Ce matin, on a une brochette de témoins que j'oserais presque qualifier d'impressionnante.
Premièrement, on a les représentants du Projet Metropolis, soit le chef de direction, M. Howard Duncan.
Welcome to our committee, Mr. Duncan.
On a aussi Mme Julie Boyer, qui est chef adjointe de direction du Projet Metropolis.
Bienvenue.
On a également le directeur général de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse, la FANE, M. Jean Léger.
Bienvenue.
Il est accompagné par M. Donald Kenny, à titre personnel, qui lui, est directeur du campus de Halifax à l'Université Sainte-Anne.
Bienvenue, monsieur Kenny.
Également, de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, on a le président Jean-Marie Nadeau. J'oserais presque dire qu'il est un habitué du comité. Ce matin, il est avec la coordonnatrice de l'immigration francophone, Mme Anne-Lise Blin.
Bienvenue à tous.
Sans plus tarder,
[Traduction]
J'invite M. Duncan et Mme Boyer à faire leur déclaration liminaire.
Je tiens à remercier le président d'avoir aimablement invité l'équipe du Projet Métropolis à s'exprimer devant le comité permanent. Julie Boyer et moi-même sommes heureux d'être parmi vous ce matin.
En ce qui concerne notre exposé liminaire, je voudrais commencer par vous présenter le Projet Métropolis, puis Julie conclura par une description de nos activités à l'égard des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.
Métropolis est un réseau international de chercheurs universitaires, de représentants gouvernementaux et d'organisations non gouvernementales, piloté par le Canada. Ensemble, ils oeuvrent pour l'avancement de politiques sur la migration et la diversité en ayant recours à des méthodes de recherche empiriques. Au Canada, Métropolis soutient cinq centres de recherche universitaires (à Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton et Vancouver) qui reçoivent du financement de 13 ministères pour mener un programme de recherche stratégique dans six domaines prioritaires déterminés par les bailleurs de fonds du gouvernement fédéral.
Les domaines prioritaires sont les suivants: l'intégration économique et au marché du travail; le logement et le voisinage; la citoyenneté et l'intégration sociale, culturelle et civique; la police, la justice et la sécurité; les familles, les enfants et les jeunes; et les collectivités d'accueil, au sein desquelles les chercheurs de Métropolis étudient les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Vingt universités canadiennes travaillent officiellement en partenariat avec les centres, sans compter la participation de chercheurs dans la plupart des autres établissements universitaires.
Chaque centre de recherche reçoit environ 325 000 $ par année pour l'infrastructure et la recherche, et d'autres sources leur octroient à peu près 1 million de dollars additionnels par année. Le secrétariat du Projet Métropolis est responsable de l'administration générale, de la promotion, du développement du réseau et du transfert de connaissances.
Je tiens à souligner, cependant, que le secrétariat n'effectue aucune recherche et n'élabore aucune politique. Par le transfert de connaissances, nous éclairons la prise de décisions de nos partenaires du gouvernement fédéral, mais nous ne sommes pas chargés de concevoir les politiques. Par conséquent, nous ne sommes pas les porte-parole du gouvernement à l'égard de ses politiques et de ses programmes, et ce, même si nous sommes tous des employés de Citoyenneté et Immigration Canada.
Depuis 1996, Métropolis reçoit son financement par tranches quinquennales et son financement actuel se termine le 31 mars 2012.
Le Projet Métropolis international est une initiative non capitalisée de recherche stratégique regroupant environ 40 pays d'Amérique du Nord, d'Europe, d'Asie et d'Australasie, mais aussi, dans une moindre mesure, d'Afrique et d'Amérique latine. Le secrétariat d'Ottawa gère ce projet international avec l'aide d'un bureau local de l'Université d'Amsterdam.
Le travail du secrétariat vis-à-vis du public consiste surtout à promouvoir nos recherches sur notre site Web et dans les journaux, ainsi qu'à organiser des congrès et des conférences au Canada et à l'étranger. Tous les ans, nos congrès national et international attirent environ un millier de personnes. Ils sont d'ailleurs considérés comme les congrès réguliers sur l'immigration et la diversité les plus courus et les plus importants au monde.
Par l'entremise de ces événements, nous essayons d'orienter nos recherches et notre réflexion politique vers les nouvelles tendances et les changements sociaux auxquels les gouvernements doivent s'intéresser. Les activités de Métropolis ont permis d'augmenter la sensibilisation aux questions de l'immigration et de la diversité, notamment celles liées aux communautés de langue officielle en situation minoritaire car, comme vous l'expliquera dans quelques instants Julie Boyer, avant que nous n'établissions un réseau et organisions des débats, les recherches étaient bien maigres sur ce sujet.
En fait, nous désirons jouer un rôle énergique et positif pour aider les agences gouvernementales au Canada et à l'étranger à prendre des décisions fondées sur des faits.
Et maintenant, avec votre permission, je vais passer la parole à ma collègue, Julie Boyer.
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Merci beaucoup, Howard.
C'est à Toronto, en 2007, après le lancement du Plan stratégique, que le Projet Metropolis a organisé, pour la première fois, un événement sur l'immigration francophone en situation minoritaire. Le but de la journée était de faire l'état des lieux de la recherche et de permettre aux représentants du gouvernement fédéral de formuler leurs besoins de recherche directement aux chercheurs et partenaires communautaires. Il n'y avait qu'une quarantaine de personnes présentes et moins de la moitié était des chercheurs qui examinaient ces enjeux. Nous avons retenu de cette journée que l'intégration économique est le premier pas vers la rétention des immigrants francophones, mais qu'il faut parler anglais pour trouver un emploi à l'extérieur du Québec. Il faut donc des organismes d'établissement francophones qui aident à l'intégration économique en anglais, mais qui développent des réseaux francophones.
Le succès du premier congrès et la venue de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne nous a incités à planifier un deuxième pré-congrès en 2008, à Moncton. Le but de cet événement était de poursuivre la discussion sur les défis d'intégration sociale en invitant plusieurs organismes communautaires et immigrants à partager leurs expériences sur le terrain. Les grandes questions abordées étaient liées à l'identité francophone au Canada et à la place des immigrants dans cette identité, ainsi qu'au travail de sensibilisation requis auprès des collectivités d'accueil.
Le troisième pré-congrès, tenu à Calgary en 2009, a attiré plus de 100 participants, dont le tiers était des chercheurs. Les intervenants se sont penchés longuement sur les obstacles à l'intégration. Le concept de double minorité ou triple minorité a émergé, c'est-à-dire des immigrants francophones dans un milieu majoritairement anglophone, des membres d'une minorité visible et, dans plusieurs cas, des réfugiés ayant vécu des traumatismes avant le processus d'immigration.
Les chercheurs et intervenants communautaires affirment que dans les communautés francophones en situation minoritaire, qu'elles soient rurales ou urbaines, l'école est identifiée comme un agent de liaison communautaire et joue un rôle primordial dans l'intégration des enfants, mais aussi des parents. Certaines écoles offrent même aux parents des cours d'anglais comme langue seconde, en plus des cours de francisation, pour garder la famille dans la communauté francophone.
Le quatrième pré-congrès a eu lieu tout récemment, à Montréal, en 2010. Plus de 180 personnes y ont participé. L'auditoire était partagé également entre chercheurs, représentants communautaires et décideurs des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Nous avons invité Citoyenneté et Immigration Canada, Patrimoine canadien, la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne et la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada à faire le point sur leurs progrès, mais aussi sur les défis qui persistent dans ce dossier. Entre autres, une définition commune de « communauté francophone », la création d'un sentiment d'appartenance à une francophonie canadienne et non seulement locale, un rôle plus clair pour les municipalités et le renforcement des partenariats avec le secteur privé sont des défis, mais aussi des objectifs de travail concrets dans le dossier.
À l'occasion de cette journée, nous avons élaboré un recueil de pratiques exemplaires. Ce document, qui met en valeur les programmes et initiatives qui favorisent l'immigration francophone en situation minoritaire, a été conçu pour servir d'outil aux collectivités d'accueil, notamment dans la rétention des nouveaux arrivants. Le cahier de la recherche, qui comprend 16 capsules récentes, est aussi conçu comme un outil pour informer les décideurs des enjeux émergents dans ce dossier. Les membres du Comité permanent des langues officielles ont déjà reçu ces deux publications. Aujourd'hui, nous vous avons apporté la revue Thèmes canadiens sur l'immigration et la diversité au sein des communautés francophones en situation minoritaire. Elle fut produite en 2008 par le Projet Metropolis, en collaboration avec l'Association d'études canadiennes. Cela nous ferait plaisir de partager avec vous une liste de chercheurs du réseau de Metropolis qui étudient ces thématiques, leur domaine d'expertise et leurs coordonnées, si vous souhaitez les inviter à comparaître devant vous.
En guise de conclusion, depuis que le Projet Metropolis a créé un espace pour des discussions en profondeur entre chercheurs, décideurs et représentants communautaires, nous avons remarqué un accroissement de l'intérêt dans ce dossier. Davantage de chercheurs s'intéressent désormais à ces questions et y consacrent leurs projets. Nous espérons que notre contribution à la recherche servira les gouvernements et les communautés dans leurs efforts pour promouvoir l'immigration de langue officielle en situation minoritaire. Nous continuerons à explorer ces enjeux à Vancouver, le 23 mars 2011, et espérons que nous pourrons donner suite à vos recommandations.
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Merci, monsieur le président.
Je suis directeur de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse. Je suis accompagné de Donald Kenny, qui est directeur du campus d'Halifax de l'Université Sainte-Anne. Nous vous remercions de cette invitation aujourd'hui afin de parler d'immigration francophone et de vous donner notre perspective.
Depuis plusieurs années, la population des communautés francophones en situation minoritaire, et plus précisément celle de notre province, est en déclin. Ce décroissement de la population est provoqué par plusieurs choses: baisse de natalité, vieillissement de la population, exode rural, et bien d'autres facteurs. Pour faire face à cet enjeu, la communauté mise sur l'immigration comme étant une des solutions.
La mission principale de la FANE est de neutraliser l'assimilation des francophones de la province et de valoriser les deux langues officielles de notre pays. Ses principaux objectifs sont: de promouvoir les intérêts communs de la population francophone de la Nouvelle-Écosse; la concertation entre les associations, institutions, sociétés et organismes francophones de la Nouvelle-Écosse; d'agir à la fois comme groupe d'intérêt et à titre d'organisme de développement communautaire; d'agir comme porte-parole officiel de la population francophone de la Nouvelle-Écosse et d'assurer la survie linguistique, culturelle, économique, sociale et politique ainsi que Ie développement du peuple acadien en Nouvelle-Écosse.
Depuis ses débuts, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse a contribué à la naissance et à l'avancement de plusieurs dossiers, entre autres, dans les domaines scolaire, économique, politique, socioculturel, de la jeunesse, des femmes, des aînés, de l'alphabétisation, de l'immigration et des communications. C'est aussi la FANE qui a fait des pressions auprès du gouvernement provincial dans le dossier de l'adoption de la Loi sur les services en français en 2004, loi d'ailleurs en vigueur maintenant.
Depuis 2006, et ce, grâce à l'appui financier de Citoyenneté et Immigration Canada, CIC, et de l'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse, la FANE offre des services d'établissement aux immigrants francophones par l'intermédiaire de son programme d'immigration francophone. Nous desservons à ce jour environ 200 immigrants francophones en Nouvelle-Écosse. Les objectifs du projet d'immigration francophone de la FANE sont les suivants : accroître et retenir le nombre de nouveaux arrivants qui s'établissent en Nouvelle-Écosse; favoriser l'intégration de ces nouveaux arrivants dans la province, et plus spécifiquement au sein de la communauté acadienne et francophone, et accroître la capacité d'accueil et d'intégration des communautés acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse. Nous avons aussi participé à plusieurs reprises à des activités de recrutement à l'international, telles que Destination Canada, de concert avec la province. Nous participons à la stratégie de repopulation de la province en recommandant à la province des immigrants francophones potentiels au point de vue économique, dans le cadre du Programme des candidats de la Nouvelle-Écosse reconnus par la communauté.
La communauté acadienne et francophone de notre province a réussi à s'inscrire dans la première stratégie provinciale sur I'immigration en 2005. Depuis ce jour, on voit une progression lente de l'immigration francophone en Nouvelle-Écosse. On peut dire que la communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse jouit d'une excellente relation avec l'Office de l'immigration, qui nous offre une capacité bilingue et investit une centaine de milliers de dollars dans le projet d'immigration francophone. Pour favoriser l'avancement du dossier de l'immigration francophone dans notre province, la FANE a mis sur pied, il y six ans, un comité provincial directeur formé des principaux acteurs communautaires, dont l'Université Sainte-Anne, avec la participation de nos principaux partenaires gouvernementaux, soit CIC et l'Office de I'immigration de la Nouvelle-Écosse. Un plan d'action quinquennal oriente nos actions. De plus en plus d'intervenants communautaires francophones s'intéressent et, surtout, s'engagent dans plusieurs aspects comme la formation, l'employabilité, les services aux immigrants en santé ou auprès des femmes immigrantes. Nous pouvons également compter sur d'excellents liens avec l'Office de l'immigration et le ministère de Citoyenneté et Immigration Canada, qui font partie du comité à titre d'observateurs.
Sur le plan régional en Atlantique, la Société Nationale de l'Acadie a également développé un plan de travail avec les différents intervenants des quatre provinces Atlantiques afin d'accentuer et de renforcer nos actions en promotion, concertation et collaboration. Nous participons aussi au Comité directeur CIC - Communautés francophones en situation minoritaire, qui est coordonné par la FCFA. Cependant, malgré ces plans et beaucoup d'enthousiasme, nous devons faire face à plusieurs défis de taille, en particulier les défis de I'immigration rurale. Mais certaines communautés se tirent bien d'affaires, comme la Baie Sainte-Marie ou la municipalité de Clare, dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse, en raison, entre autres, de la présence de l'Université Sainte-Anne.
Cependant, la région d'Halifax est un aimant naturel pour les immigrants en général, et une proportion de ces personnes sont francophones. Mais, à leur arrivée, les ressources pour leur offrir des services équivalents en français font défaut. Malgré ce que vous a exprimé la province récemment, lors de ces audiences et qui établissait que l'organisme ISIS, Immigrant Settlement and Integration Services, offrait des services en français et était un petit organisme, sachez, en réalité, qu'ISIS offre très peu de services en français — pratiquement aucun. Son site Web est uniquement en anglais et est gigantesque, comparativement aux ressources disponibles dans la communauté francophone.
Comme vous pouvez le comprendre, la communauté souhaite offrir ces services, mais n'est pas en mesure de le faire, faute de moyens. Les gouvernements invoquent souvent l'argument à savoir que nous ne pouvons pas recevoir de financement car nous n'avons pas les nombres d'immigrants requis. Bien entendu, nous n'avons pas les nombres requis puisque nous n'avons pas de services. C'est un cercle vicieux.
La même situation s'appliquait lorsque nous voulions nos écoles francophones, il fallait justifier les nombres. C'est difficile de sortir de ce cercle vicieux. On se souviendra qu'il a fallu des jugements de la Cour suprême pour que les francophones obtiennent leurs écoles.
Nous craignons que cela joue en défaveur de la communauté. Nous avons entendu le témoignage d'immigrants en Nouvelle-Écosse selon lesquels les francophones n'aient rien à offrir et qui demandent pourquoi ils se tourneraient vers nous. Comparativement à l'institution ISIS, la communauté offre donc peu de services.
Nous suggérons au gouvernement fédéral d'appuyer davantage financièrement les provinces en ce qui concerne la portion francophone de l'immigration. Nous reconnaissons que chacune des provinces a des clauses référant aux langues officielles, mais très peu sinon pas de financement, comme c'est le cas dans notre propre province, pour appuyer l'immigration francophone.
Nous nous félicitons de l'ouverture du gouvernement fédéral à la province du Nouveau-Brunswick, à ce chapitre, pour avoir investi 10 millions de dollars via la Feuille de route sur les langues officielles. Ce serait bien si le gouvernement fédéral dégageait aussi des sommes pour notre province et donnait ainsi un autre coup de pouce à l'avancement de la communauté en matière d'immigration francophone, surtout en ce qui a trait non seulement à l'accueil, mais aussi au recrutement.
En ce moment, on veut effectuer une campagne de recrutement, mais on n'a pas le financement nécessaire. On doit donc avancer avec presque rien, un petit site Web et le bouche-à-oreille, essentiellement.
Nous nous interrogeons aussi sur la capacité bilingue de CIC en Nouvelle-Écosse. Bien qu'il y ait une personne bilingue, l'ensemble du ministère offre très peu de services. On aimerait également que CIC joue davantage un rôle interministériel dans ce dossier. L'immigration est un projet de société, mais je crois que davantage de ministères du gouvernement fédéral devraient y être engagés. Je n'en nommerai que quelques-uns: Service Canada, Développement des ressources humaines Canada, Secrétariat rural ou l'APECA. Je pense que CIC devrait jouer un rôle interministériel, travailler conjointement avec ces ministères pour appuyer l'immigration francophone.
Au sujet des réfugiés aussi, notre clientèle comprend beaucoup de réfugiés, mais nous n'avons pas de financement. Le financement est versé essentiellement seulement à ISIS. Nous avons fait des demandes à CIC, mais CIC nous a récemment répondu que les fonds avaient déjà été donnés entièrement à ISIS, qu'il n'y en avait plus et qu'on verrait pour l'an prochain. C'est un peu frustrant.
Halifax accueille quelques réfugiés francophones, surtout de la région des Grands Lacs.
En ce moment, il y a un projet-pilote au Manitoba pour les réfugiés francophones. On aimerait que cela s'étende plus rapidement du côté des autres provinces, et en particulier de la Nouvelle-Écosse.
En terminant, nous tenons à vous exprimer clairement que la communauté veut prendre la responsabilité complète de l'accueil, de l'intégration et du recrutement des immigrants francophones en Nouvelle-Écosse, avec des ressources adéquates.
:
Bonjour, monsieur le président, ainsi qu'à tous les membres du comité parlementaire. Merci de votre invitation à venir témoigner sur un sujet aussi important pour nos communautés de langue officielle en situation minoritaire.
J'aimerais partager tout simplement deux histoires à succès touchant à l'intégration au marché du travail d'immigrants francophones dans la grande région de Halifax. Ces projets furent réalisés par l'Université Sainte-Anne, campus de Halifax. Les deux projets furent financés au moyen de l'Entente Canada - Nouvelle-Écosse relative au marché du travail. L'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse agit à titre de gestionnaire d'une partie des fonds liés aux immigrants provenant de cette entente.
À la fin de ma présentation, je vous présenterai un certain nombre de recommandations que je considère comme importantes afin que le campus et la communauté soient en mesure de participer pleinement à l'intégration harmonieuse des immigrants francophones dans la grande région de Halifax.
La réalisation des deux projets a été rendue possible grâce au soutien considérable de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse et du personnel du Conseil communautaire du Grand-Havre. Je tiens à les remercier de cette collaboration exceptionnelle et je souhaite qu'il soit possible, à l'avenir, de poursuivre ce partenariat unique auprès des immigrants francophones.
En réfléchissant à cette présentation, je me suis rendu compte que nous avons accompli beaucoup de chemin en peu de temps. Nos interventions dans ce secteur remontent à moins de trois ans. J'aimerais aussi profiter de l'occasion pour souligner que cela a été accompli avec un employé à temps partiel et avec le soutien du personnel et des installations de l'Université Sainte-Anne. Tous les services de formation ou d'atelier furent offerts par du personnel occasionnel ou des bénévoles.
Nous avons donc réalisé deux projets jusqu'à maintenant. Ces derniers incluaient des formations et des expériences de travail pour des immigrants francophones. Plus particulièrement, nous avons offert des ateliers afin de faciliter l'intégration au milieu du travail, des formations en communication, en informatique, des stages de travail et, enfin, des expériences rémunérées en milieu de travail.
Le projet-pilote de 2009, d'une durée de 12 semaines et financé par l'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse au montant de 38 000 $, nous a permis de recruter, de former et d'offrir un stage en milieu de travail de deux semaines à sept participants. Le projet-pilote devait déterminer la faisabilité de gérer, à partir du campus, ce type de projet auprès des immigrants francophones, et d'établir une base de partenariat avec les partenaires communautaires francophones. Ce projet visait à faciliter la transition des participants vers le marché de l'emploi de la province. Les participants ne possédaient aucune expérience de travail au Canada. Tous les participants, sauf un, ont profité de la formation et du stage de travail. Des sept participants, deux ont obtenu un emploi à la suite de cette expérience de travail. Ils occupent d'ailleurs toujours ce même emploi.
Lors de diverses évaluations du projet-pilote, nous avons constaté que ce dernier était de trop courte durée et que le stage de travail de deux semaines devait être modifié afin de refléter la réalité du marché du travail de la province. En plus, une formation en anglais langue seconde devenait un besoin incontournable pour la plupart des participants au projet.
À la suite de ce projet-pilote, nous avons soumis à l'été 2009 une deuxième demande de financement à l'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse afin d'obtenir un projet de plus longue durée. Le projet a débuté en octobre 2009. Ce projet, d'une durée de 25 semaines, incluait 10 semaines d'ateliers et 6 semaines de travail rémunéré. Nous avons terminé le projet à la fin de mars 2010 avec un budget alloué de 131 628 $. Nous avons atteint les deux principaux résultats visés par le projet, soit que les immigrants participent à une expérience de travail pertinente ou que cette expérience les encourage à continuer leur éducation afin d'intégrer ultérieurement le marché du travail. Du groupe de 9 participants, 5 ont maintenant des emplois permanents, 3 désirent retourner aux études en septembre et 1 participant demeure sans emploi.
Nous avons soumis une troisième demande de financement à l'Office de l'immigration en février 2010 pour un projet de 52 semaines avec un budget de 328 457 $. Ce montant va nous permettre d'offrir une formation et une expérience de travail durant toute l'année financière 2010-2011. Trois éléments principaux distinguent cette proposition des précédentes, soit la durée du projet qui passe à 52 semaines, la durée de l'expérience de travail rémunéré qui va de 6 à 16 semaines et l'inclusion d'une formation de 20 semaines en anglais langue seconde au campus. Nous utiliserons le programme financé par Citoyenneté et Immigration Canada. Il s'agit ici du programme de Cours de langue pour les immigrants au Canada, CLIC. Nous sommes en discussion avec l'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse, et nous espérons conclure une entente prochainement.
Pour faire suite à cette expérience limitée auprès des immigrants francophones, et afin de poursuivre l'intégration harmonieuse de ces immigrants dans notre communauté minoritaire, nous faisons les recommandations suivantes.
Les autorités responsables de l'application de la Loi sur les langues officielles doivent continuer d'exercer un suivi rigoureux des services offerts aux communautés francophones minoritaires, incluant les services dévolus aux provinces.
Les services liés à l'intégration des immigrants francophones dans notre région, incluant les services et la formation en anglais langue seconde doivent être offerts prioritairement par des organismes francophones. Ce milieu francophone est fondamental afin de faciliter l'intégration sociale, culturelle et économique de ces immigrants dans notre communauté minoritaire.
Le financement approprié et pluriannuel doit être disponible. Il prendra en considération nos réalités minoritaires de langue officielle lors de l'atteinte des résultats des projets.
Les services d'intégration aux immigrants francophones, incluant ceux liés à l'intégration au marché du travail doivent être disponibles durant toute l'année.
Je vous remercie, et je suis prêt à répondre à vos questions.
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Bonjour et merci de nous inviter à faire une courte présentation. Je vais mettre de côté mon texte pour qu'on puisse se parler un peu plus franchement. En « surfant » sur ce que le commissaire aux langues officielles disait la semaine dernière, je dis qu'il est peut-être temps qu'au Canada, les langues officielles cessent d'être un fardeau et deviennent une valeur fondamentale. Je dois dire que je suis très fier de ce que le commissaire a dit, parce qu'il commence à parler le même langage que les communautés.
On se demande continuellement en quoi c'est encore suspect de vouloir aspirer à notre plein épanouissement et à notre plein développement, en quoi c'est encore une menace pour ce pays. C'est vraiment la question qu'on se pose. On aime ce pays, mais parfois on aimerait que ce pays nous aime plus et mieux, et qu'il mette aussi les moyens nécessaires à notre disposition. Actuellement, on nous en donne assez pour qu'on se « ferme la gueule » et on ne nous en donne pas assez pour qu'on prenne notre plein envol. C'est un peu en ce sens qu'on parle de l'immigration francophone. C'est parce que c'est devenu à la mode, mais il faut que ce soit plus qu'une mode. Il faut que cela se traduise aussi par des faits réels.
Je vous présente Anne-Lise Blin, qui est d'origine française et qui a été embauchée il y a deux ou trois semaines comme coordonnatrice provinciale pour l'immigration francophone. Bien sûr, le Nouveau-Brunswick a reçu 10 millions de dollars en 2008, mais on ne sait toujours pas si c'est ce que M. Harper a donné à Bernard Lord pour qu'il copréside sa campagne électorale ou si c'est le fruit des brillantes négociations du gouvernement Graham avec M. Harper. On s'en fout. Ce dont on ne se fout pas, cependant, c'est qu'il leur a fallu deux ans pour s'entendre sur la façon de l'investir. L'argent vient d'être débloqué seulement cette année, entre le gouvernement fédéral, son porte-parole et l'APECA. Pourquoi l'APECA, je ne le sais pas. Le porte-parole provincial dans l'utilisation de ces fonds et le Secrétariat de la croissance démographique du Nouveau-Brunswick.
Le plus important, c'est qu'au moins ce soit fait, sauf que cette entente se terminera en 2013 et on aimerait, étant donné la difficulté qu'ils ont à négocier etc., qu'ils commencent à négocier immédiatement pour que l'entente soit renouvelée en 2013. Peut-être qu'en 2013, il n'y aura pas un bris et un arrêt de nos travaux alors qu'on s'est déjà mis à la tâche.
Moi-même j'ai été marié à une immigrante, une Française — de France — durant 38 ans, qui, malheureusement, est décédée le 8 mars dernier. Je pense qu'elle a été un modèle d'intégration. Dans le cas d'Anne-Lise, qui est aussi immigrante française, ce sont ses parents qui avaient été invités à immigrer ici. C'est la fille qui est venue et elle est en train de nous faire un petit Acadien ou une petite Acadienne, dans le moment. La naissance est prévue au mois de juillet.
En fait, la meilleure façon pour nous, les Acadiens et Acadiennes du Nouveau-Brunswick, d'être Canadiens, c'est d'être pleinement Acadiens, c'est notre façon originale d'enrichir ce pays. C'est pour cela qu'on a aussi cette volonté d'intégrer et d'accueillir le maximum d'immigrants. On sait, malheureusement, comme partout ailleurs, qu'on ne fait plus assez de bébés et qu'on a besoin d'accueillir des immigrants francophones — oui, mais pas seulement francophones. Je pense qu'il y a des exemples d'histoires à succès au Québec; les Chiliens, les Colombiens, surtout les Latinos, sont ceux qui s'intègrent le mieux aux communautés francophones. C'est pourquoi nous, au Nouveau-Brunswick, voulons essayer d'aller chercher des immigrants dans la communauté latino. Je sais qu'il y a un jeune Colombien qui travaille à l'Université de Moncton, campus d'Edmundston. Il s'est très bien intégré à la communauté. Je pense qu'il s'appelle Pablo, ou quelque chose comme ça.
Même nos amis africains viennent chez nous. On les aime tellement qu'on ne les appelle plus « Africains », on les appelle « Africadiens ». C'est l'expression d'une intégration. Cessons de faire des discours et agissons. Cela va servir aussi à améliorer l'image du Canada. Il faut que la place de la francophonie soit un peu mieux célébrée, un peu mieux reconnue.
C'est ce qui m'inquiète le plus. Il me semble que si c'est vraiment une composante fondamentale de notre identité canadienne, il va falloir qu'on fasse un peu plus de travail pour la faire grandir. D'ailleurs, je vais assister à une séance de travail que Mauril Bélanger va tenir lundi prochain au nom du Parti libéral, si j'ai bien compris. On est prêts à rencontrer le Parti conservateur, le NPD et même le Parti Rhinocéros, s'il le faut, pour faire comprendre que les Acadiens veulent contribuer à ce pays. Fini ce temps où les Acadiens étaient des demandeurs. On est devenus des contributeurs.
On a maintenant atteint un niveau d'éducation qui fait qu'on a envie, qu'on se sent confiants, de pouvoir accueillir chez nous de plus en plus d'immigrants et d'immigrantes. D'ailleurs, comme partout ailleurs au pays — et je présume que vous l'avez assez entendu depuis que vous tenez ces audiences —, il y a le problème de la reconnaissance des diplômes étrangers, aussi. Qu'est-ce que ce « niaisage »? Le Québec, au moins, a signé une entente avec la France en ce qui concerne les médecins, afin qu'un médecin français puisse émigrer dans cette province et commencer à pratiquer presque le lendemain de son arrivée. On a maintenant une école de médecine au Nouveau-Brunswick, où les médecins sont formés par l'Université de Sherbrooke, alors pourquoi ne pourrait-on pas être plus proactifs dans des situations comme celle-là?
Il manque 200 camionneurs au Nouveau-Brunswick, je ne peux pas croire qu'en France... Il y 100 000 chômeurs maghrébins en Belgique, je ne peux pas croire qu'on ne pourrait pas trouver 200 conducteurs de camion. Parfois, on se demande comment il se fait qu'il y ait des ratés dans le système. On est dans des situations de besoin, et il me semble qu'il y a assez de monde pour faire un monde et un Canada. C'est pourquoi on veut jouer un rôle un peu plus proactif. La communauté acadienne du Nouveau-Brunswick est plutôt allergique au concept de minorité. On n'est pas une minorité, mais une égalité. Depuis l'adoption de la loi de 1982, les deux communautés sont égales. D'ailleurs, on veut être traités comme deux communautés égales, et on se comporte de plus en de plus comme telles, heureusement. Bien sûr qu'on est en situation minoritaire, mais on n'est pas de moindre valeur. Comme je m'amuse souvent à le dire à mes membres, une petite pomme n'est pas moins pomme qu'une grosse pomme. Or un petit peuple n'est pas moins peuple qu'un gros peuple. De plus, le peuple du Nouveau-Brunswick est enclin à accueillir les nouveaux venus.
Alors, il faut la reconnaissance des acquis, bien sûr. Je demanderai peut-être à Mme Blin de parler un peu plus du concept de permis temporaire, des étudiants et des permis permanents. Il faut qu'on reconnaisse aussi qu'au Nouveau-Brunswick, nous, les francophones, pouvons faire venir des gens non pas pour qu'ils soient minoritaires, mais pour qu'ils soient intégrés à une communauté égale en plein épanouissement. On recommande également au comité de suivre de près l'utilisation des 10 premiers millions de dollars que le gouvernement fédéral a si gentiment donnés au Nouveau-Brunswick. On sait que ce n'est pas au cours des trois prochaines années qu'on pourra finir le travail. Bien que le processus soit long, essayons en ce moment de penser au renouvellement en ce qui a trait au plan pluriannuel.
Ensuite, comme je vous l'ai dit, peut-être qu'en raison de l'originalité qui est la nôtre, au Nouveau-Brunswick, on a envie de travailler autant avec les 200 millions de francophones répartis dans le monde qu'avec les gens d'origine latino-américaine, qu'il ne faut pas oublier. Ce sont des pays dont 50 p. 100 et 40 p. 100 de la population a moins de 20 ans. Ne pensez-vous pas que ces gens vont chercher du travail quelque part, à un certain moment, et ne pensez-vous pas qu'il y a un potentiel extraordinaire du côté de l'Amérique latine, afin de pouvoir aussi augmenter notre population francophone? Moi, je le crois profondément.
Je demande donc à Anne-Lise de témoigner en sa qualité d'immigrante, de parler un peu plus des permis temporaires et des étudiants.
Bonjour à tous, merci de l'invitation.
J'appuie tous les arguments que Jean-Marie a présentés jusqu'ici. Il a fait le tour des recommandations que vous avez sous les yeux. J'aimerais simplement soulever un autre aspect, celui du mandat de CIC, qui ne reconnaît pas les permis temporaires et les étudiants. Il favorise seulement les résidents permanents, ce qui pose malheureusement un défi pour les communautés puisque le financement n'est pas accordé pour aider les résidents temporaires et les étudiants, qui sont des personnes avec un vrai potentiel de résidents permanents.
J'en suis personnellement un exemple. Je suis venue ici dans le cadre d'un Programme vacances-travail, simplement pour découvrir la région, je suis revenue ensuite avec un permis de travail, je suis en voie d'obtenir la résidence permanente et, bientôt, la citoyenneté. Il est nécessaire de travailler, en ce qui nous concerne, avec l'Université de Moncton, mais la Nouvelle-Écosse a le même problème. On a beaucoup d'étudiants qui viennent de l'international —, des étudiants francophones. On veut les garder, mais malheureusement, on n'a rien à leur proposer en fait de services, donc on les perd. Il s'agit d'essayer d'élargir le mandat de CIC.
Nous, on a la chance, en effet, au Nouveau-Brunswick, d'avoir conclu une entente avec le Secrétariat de la croissance démographique, et un budget de 10 millions de dollars a été alloué. Le secrétariat reconnaît les immigrants temporaires et les étudiants. C'est un avantage qu'on a, que certaines provinces n'ont pas. Il serait donc bien que ce soit revu éventuellement. C'est ce que je voulais ajouter.
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Ça risque d'être plus facile comme ça, sinon je serai obligé de vous couper la parole.
Une voix: Il vient du Madawaska.
M. Jean-Claude D'Amours: Vous êtes tous les deux du Madawaska, tout s'explique.
Cette semaine, mardi, nous avons eu des témoignages crève-coeur au Collège catholique Samuel-Genest situé ici, à Ottawa. Des immigrants francophones, des étudiants et des professeurs nous ont expliqué leur réalité.
Qu'on parle d'immigration francophone en région francophone ou qu'on parle d'immigration francophone en région anglophone, le plus gros problème est que nous ne sommes pas capables d'intégrer nos immigrants francophones, peu importe où ils s'installent dans ce pays.
Qu'on parle de l'emploi, de l'intégration sociale ou de répondre à leurs besoins fondamentaux, on n'est même pas capables d'arriver à satisfaire ces besoins. On veut les accueillir, mais on n'est pas capables de s'en occuper.
Je sais que Mme Boyer a mentionné, tout à l'heure, qu'il y a beaucoup de rencontres avec des chercheurs. C'est beau de demander à des chercheurs d'observer ce qui se passe, mais la réalité, c'est de prendre la peine d'aller sur place et de parler aux gens pour savoir ce qu'ils vivent vraiment. Je l'ai vécu chez nous avec le Carrefour d'immigration rurale de Saint-Léonard qui a eu de sérieux problèmes liés en grande partie à l'intégration.
J'aimerais que vous me parliez de ces deux questions: celle des pourcentages vis-à-vis l'objectif en ce qui concerne la province du Nouveau-Brunswick et celle de l'intégration. Vous pouvez peut-être prendre l'exemple du Nouveau-Brunswick, cette fois.
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Si vous me le permettez, monsieur le président, j'ai été maire d'une ville de ma circonscription de la région de Kamouraska. La ville voisine avait accueilli une trentaine de familles d'immigrants colombiens pour travailler dans un abattoir de porcs. Parmi ces immigrants, il y avait des médecins, des avocats. Ce travail était une façon pour eux de pouvoir venir au Canada.
Vous avez parlé de la reconnaissance des acquis, tout à l'heure. Il faut comprendre que, lorsque des gens ne parlent pas un mot de français mais seulement l'espagnol, il faut une intégration minimale dans le milieu. Ils ont eu énormément de difficulté, malgré le fait qu'ils avaient des emplois. Ils ont eu beaucoup de difficulté à réussir une intégration minimale. Au bout de deux ans, ils sont tous partis. Ils ne sont pas restés malgré tous les efforts de la municipalité.
Je comprends que les municipalités puissent être très engagées dans l'insertion des immigrants. Quand on parle des communautés, on parle essentiellement des communautés locales qui peuvent jouer un rôle très important. Je crois beaucoup à cela. C'est sûr et certain.
J'en reviens au forum. Il y a quand même passablement d'intervenants qui y ont assisté. Depuis que l'on étudie cette question en comité, j'ai retenu deux choses très importantes. En ce qui concerne l'intégration des gens, on parle de l'employabilité, à savoir que ceux-ci puissent avoir accès à un emploi éventuel, et de l'accueil au sein de la communauté. Ce sont deux piliers extrêmement importants, en plus de l'éducation, c'est-à-dire toute la question de la formation de ces gens quand ils arrivent dans le milieu en question.
Ce sont vraiment deux aspects très importants — l'éducation et l'employabilité — qui sont ressortis en comité. Est-ce que ces deux éléments se sont révélés aussi importants lors de votre dernier congrès?
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Merci, monsieur le président.
Combien de minutes m'accordez-vous, monsieur le président?
Le président: Vous avez cinq minutes.
Mme Monique Guay: En fait, je pense que lorsque les immigrants arrivent ici et qu'ils ont des qualifications, il est important qu'ils puissent immédiatement travailler dans leur domaine, surtout s'ils connaissent la langue d'usage. Par exemple, dans ma circonscription, il y a avait un couple d'Iraniens qui étaient tous les deux des médecins dans le domaine nucléaire, ce qui est très rare. Ils parlaient très bien le français et l'anglais. Je pense même qu'ils parlaient quatre ou cinq langues. Ils ont dû travailler durant deux ans à l'urgence de l'hôpital avant de satisfaire aux exigences. C'est dommage parce cela n'est pas toujours nécessaire.
Il en a été de même quand on a fait venir des infirmières de la Belgique, de la France, etc. parce qu'il y avait une pénurie. Alors, je crois qu'il faut étudier cette situation très sérieusement. Je pense même qu'il faudra faire des représentations à ce sujet au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration.
En ce qui concerne l'intégration des immigrants, je voudrais vous faire part de ce que je vis constamment dans ma circonscription, qui est à 99 p. 100 francophone, et où il y a des immigrants qui viennent s'installer et qui s'intègrent très bien. Je n'ai pas vécu la même chose que vous. On a un organisme qui les prend en main au départ — immédiatement — et qui les met en contact avec des familles québécoises. Il les aide à trouver un emploi, un logement, il les encadre, il aide les enfants. En fait, lorsque les parents arrivent, ils doivent suivre des cours de français parce qu'ils ne parlent pas nécessairement le français. Les enfants vont à l'école, mais les parents ne peuvent pas les aider à faire leurs devoirs. Alors, cet organisme aide les enfants à faire leurs devoirs. Cet organisme a vraiment un système bien structuré, bien organisé. Ces gens-là restent parce qu'ils apprennent à aimer le Québec et la région. Ils s'adaptent deux fois plus rapidement que s'ils étaient dans de grands centres urbains.
Je ne sais pas si vous vivez cela dans vos provinces respectives, mais j'aimerais vous entendre à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite à tous nos témoins la plus chaleureuse bienvenue au comité, et notamment aux représentants du Nouveau-Brunswick. Étant moi-même du Nouveau-Brunswick, il est normal que je vous réserve un accueil des plus chaleureux.
J'étais contente que M. Nadeau parle de M. Bernard Lord. Comme le savant tous les Néo-Brunswickois, il faisait énergiquement la promotion de la culture francophone et acadienne. Il a fait beaucoup de choses dans ce domaine.
De plus, qu'il ait ou non fait la promotion du plan d'action quinquennal qui est actuellement en cours, il est certain que notre gouvernement est très heureux de pouvoir l'appliquer. Il s'agit d'une feuille de route historique qui assure un financement de 1,1 milliard de dollars, comme nous le savons tous, pour la promotion et la protection des deux langues officielles dans les collectivités. Il s'agit de la plus forte somme jamais consacrée à un tel projet. Le Nouveau-Brunswick a beaucoup de chance de recevoir plus de crédits que n'importe quelle autre province, puisqu'il recevra 10 millions de dollars pour les activités dans ce domaine.
La SANB a mis sur pied une table de concertation qu'elle chapeaute, si bien qu'elle constitue une intervenante clé sur la question de l'immigration francophone au Nouveau-Brunswick. D'ailleurs, je tiens à vous en féliciter. J'ai entendu dire que, même si l'actuel gouvernement provincial a un peu tardé à lancer les activités, il y a eu des progrès. Je vous invite donc à nous faire part des vos succès et à nous dire dans quels domaines des améliorations s'imposent.
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En matière d'immigration, le milieu urbain est toujours en avance sur le milieu rural, sauf pour la région d'où vient le député d'Amours. Il n'y a pas eu beaucoup d'initiatives. Même du côté de la Miramichi, je ne crois pas qu'il y ait un comité d'accueil des immigrants. Bathurst et la Péninsule acadienne ont déjà commencé, et Campbellton va commencer.
Saint-Jean constitue aussi une des belles histoires à succès. En effet, on trouve dans la communauté anglophone le centre communautaire scolaire, où une merveilleuse dame, Rama Kuresh, qui est d'origine tunisienne, fait un travail d'accueil extraordinaire. Parfois, le Canada met peut-être un peu trop l'accent sur les immigrants riches, les immigrants investisseurs. Quand j'y suis allé, il y a trois ou quatre semaines, il y avait un congolais charpentier et un congolais électricien. Il s'agit de métiers négligés. Parfois, on vise à attirer des gens de la classe supérieure, alors qu'on a de plus en plus besoin de plombiers, de chauffeurs de camion, comme je vous disais.
Alors, le travail de la SANB a été hypothéqué pendant un an et demi. On attendait et on nous disait de ne pas bouger parce que l'argent s'en venait. On a donc été un peu frustrés, mais on est maintenant contents, c'est parti. Mme Blin n'a été embauchée qu'il y a deux ou trois semaines. Toutefois, on a suffisamment de gens sur le terrain, actuellement, pour faire un peu de coordination et pour développer ensemble des outils.
Un autre exemple de succès se trouve dans le domaine médical. L'Université de Moncton, le CAIIMM et les organismes d'immigration ont développé un lexique pour les médecins étrangers pour les aider dans leurs rapports avec les Acadiens. Par exemple, les Acadiens appellent la diarrhée le choléra. Il y a, bien sûr, une grande différence sur le plan médical. Le médecin peut donc rendre son patient plus malade si ce dernier lui dit souffrir du choléra. Ce sont de petites initiatives comme celles-ci qui rendent les choses simples et possibles. On veut voir plus de ce genre d'initiatives. On est très content de pouvoir enfin s'impliquer à fond dans le domaine de l'immigration.
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Mesdames et messieurs, bonjour et bienvenue à notre comité. Ce qu'on entend est très intéressant. Il est surtout très intéressant d'étudier l'immigration, car on en apprend tous les jours.
Comme disait M. D'Amours, cette semaine, on a eu la chance d'aller dans une école. Ça nous a sorti de notre bulle. On a vu la réalité d'une autre façon, et on a entendu des parents et des élèves. Les jeunes ont davantage la chance de s'intégrer que les personnes un peu plus âgées, vous vous en rendez compte.
Un peu plus tôt, on a beaucoup parlé des acquis. Je ne suis jamais à l'aise avec les acronymes, mais j'aimerais lire une des recommandations de la SANB:
Une uniformité des reconnaissances des acquis au niveau du Canada afin que les reconnaissances internationales soient simplifiées. Actuellement un diplôme n'est pas toujours reconnu d'une province à une autre alors il est du devoir de chaque province de créer des liens avec les différents pays pour pouvoir établir des équivalences, il s'agit d'une procédure très compliquée et très fastidieuse.
Essentiellement, la reconnaissance des diplômes étrangers relève des gouvernements provinciaux. C'est malheureux, on veut faire notre part, mais chaque gouvernement et chaque province a ses propres critères de reconnaissance de diplômes à l'étranger. Par exemple, le Québec, au cours des dernières années, a signé des ententes avec la France pour la reconnaissance de certains diplômes et acquis professionnels, comme pour les sages-femmes et les médecins. Cela démontre qu'il est possible pour un gouvernement provincial de le faire.
Pourriez-vous expliquer comment vous voyez le rôle du gouvernement fédéral dans ces initiatives, s'il vous plaît?
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Merci, monsieur le président.
On parle de reconnaissance des diplômes et des acquis. Le problème est très complexe. J'ai fait une étude sur l'accès aux études postsecondaires en français à l'extérieur du Québec. Cela remonte déjà à un certain temps, en 1987. Il n'en demeure pas moins qu'il y a des différences même entre des universités d'une même province. On suit des cours à l'Université de l'Alberta, à la Faculté Saint-Jean qui fait partie de la machine. On ne reconnaîtra pas ces cours parce qu'ils ont été suivis en français. Les universités se disent indépendantes, mais elles sont quand même subventionnées à 80 p. 100 par l'État. Cela fait partie de l'équation. Imaginez ce que c'est d'une province à l'autre.
J'ai enseigné dans trois provinces et, chaque fois, il a fallu que je suive des cours supplémentaires pour obtenir l'équivalent de la province que je venais de quitter. Imaginez quand un nouveau citoyen arrive et qu'il ne comprenne pas cela! Au Canada, on se demande si un éléphant est de compétence fédérale ou provinciale. On en débat et, finalement, puisque c'est exotique, on conclut que c'est de compétence fédérale. On n'ira pas plus loin, mais il y a cette difficulté.
J'aimerais parler de l'Acadie dans son ensemble, l'Acadie première qui a été déportée de la Nouvelle-Écosse. On y trouve encore des communautés importantes dans le Sud de la province et au Cap-Breton. Je le sais pour avoir travaillé à cet endroit pendant un bon moment. En Acadie, une chose est intéressante. Cela existe et cela pourrait être un modèle. Il s'agit des ententes, par exemple, entre la France et l'Acadie. Lorsqu'un étudiant avait terminé dans son institution et avait été accepté en France, il pouvait revenir chez lui et avoir l'emploi, ou du moins il avait un bagage reconnu.
Monsieur Nadeau, pour revenir à vous, il était question dans votre livre des États souverains avec qui on devrait faire affaire. Pour les provinces, c'est un gros problème à bien des égards. Vous donniez l'exemple de la Martinique. On devrait aller y faire un tour, d'autant plus qu'il fait beau. À Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est plus pluvieux, mais quand même il y a des choses qu'on peut faire de ce côté. Vous parliez aussi du CODOFIL, avec nos amis...
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais seulement faire quelques commentaires au sujet du bilinguisme au Canada. Nous sommes tous d'accord pour dire que le bilinguisme nous unifie. Cela fait partie de notre identité canadienne. Alors, quand des gens se demandent si le bilinguisme divise ou unifie, je pense qu'on est tous d'accord sur le fait que ça nous unifie. Cela fait partie de notre identité.
Monsieur Nadeau, en ce qui concerne votre question au sujet du Manitoba, je vais vous aider un peu. En 1999, le gouvernement conservateur de cette province a publié un rapport, « le rapport Chartier ». Un juge avait préparé un rapport pour le premier ministre de l'époque, Gary Filmon. C'est ce rapport qui influence les services en français dans notre province et qu'on utilise depuis 10 ans pour s'assurer qu'il y a des services en français.
En fait, la province du Manitoba reçoit beaucoup d'argent du fédéral parce qu'elle est dans une position où elle a besoin des paiements de transfert. Par conséquent, chaque fois que 40 ¢ sur 1 $ sont dépensés au Manitoba par le gouvernement de la province, cela vient du gouvernement fédéral. Cela démontre un engagement extraordinaire du fédéral dans notre province. Vous n'êtes pas la seule personne à déclarer que le Manitoba sert de modèle.
Par ailleurs, le rapport de la FCFA, concernant le Nouveau-Brunswick, dit clairement ceci en anglais:
[Traduction]
il faut noter que les effectifs de langue maternelle française du Nouveau-Brunswick n'ont cessé de s'accroître entre 1951 et 1991. Les nombres sont passés de […] en 45 ans, reflet du dynamisme d'une communauté peu touchée par le transfert linguistique…
C'est vraiment incroyable. Ensuite, on indique que depuis 1991, la population de langue maternelle française est à peu près stable.
[Français]
Le Nouveau-Brunswick est aussi un modèle parce que la population ne subit pas l'effet de l'assimilation, et je souhaite que nous puissions apprendre quelque chose de vous à cet égard.
Je vais partager le peu de temps qui nous est alloué avec M. Weston.