:
Merci, monsieur Blaney, et encore une fois, merci aux membres du comité. Bienvenue, encore une fois.
J'aimerais commencer aujourd'hui en résumant brièvement l'expérience de notre communauté à l'égard de la Loi sur les langues officielles. C'est le but de la réunion d'aujourd'hui. Je poursuivrai ensuite en expliquant comment certaines de ces expériences ont marqué la communauté anglophone du Québec et en décrivant quelques-unes des barrières qui entravent notre vitalité et notre viabilité collectives. Je demanderai ensuite au président de donner la parole à ma collègue Nicola, qui a déjà été présentée. Elle est coprésidente du Comité permanent pour la jeunesse du QCGN. Je ferai tout cela en cinq minutes.
Dans l'intérêt des nouveaux membres, permettez-moi de commencer par une description de la communauté d'expression anglaise du Québec. Je serai bref. Il existe plusieurs mythes entourant la communauté anglophone du Québec. Beaucoup continuent d'imaginer une élite aisée de Westmount, de race blanche et de religion chrétienne qui passe ses étés à Georgetown. En réalité, nous sommes la communauté de langues officielles du Canada qui est la plus diversifiée. Vingt-trois pour cent d'entre nous appartiennent à une minorité visible, vivant en tant que minorité à l'intérieur d'une minorité, avec toutes les conséquences économiques et sociales que cela suppose. Comme d'autres communautés de langues officielles minoritaires, la nôtre est vieillissante et en déclin en comparaison avec la majorité. De plus, comme dans le cas des autres communautés de langues officielles minoritaires au Canada, nous sommes confrontés à un exode élevé.
Notre communauté est confrontée à l'idée reçue que les anglophones ont facilement accès aux arts et à la culture. Cependant, l'omniprésence des médias électroniques américains génériques n'est pas le reflet de l'expérience de notre communauté et ne nous permet pas de faire entendre notre voix. L'English Language Art Network, ou ELAN, qui est membre du QCGN, déploie actuellement beaucoup d'efforts afin de faire valoir ce point auprès du CRTC. Nous n'entendons pas parler de notre réalité ni sur les ondes de CNN, ni sur celles de NBC, ni même sur celles de Citytv, de Toronto.
Un autre défi pour notre communauté est l'accès à des services en anglais dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Oui, nous avons des hôpitaux anglophones sur l'île de Montréal et à Québec, mais il y a un manque de soins offerts en anglais dans les régions. C'est particulièrement le cas des personnes âgées, dont plusieurs sont isolées et unilingues et ne bénéficient d'aucun soutien familial ou communautaire.
Des commissions scolaires anglophones existent et elles offrent une éducation en anglais au Québec, nous le savons, mais au coeur des régions, les jeunes ne disposent pas du même type d'accès ou de possibilités pour poursuivre leurs études dans des domaines spécialisés, ce qui les force à quitter la maison afin de saisir d'autres occasions ailleurs. Bref, nous sommes une communauté qui a besoin de soutien pour maintenir sa vitalité et sa viabilité.
Comme la FCFA l'a indiqué dans son rapport du mois de novembre dernier, nous critiquons le Règlement sur les langues officielles de 1991, qui établit les services fondamentaux à partir de calculs démographiques plutôt qu'à partir du principe territorial. Les communautés linguistiques en situation minoritaire au Canada connaissent un déclin démographique. Les communautés rurales et isolées sont particulièrement vulnérables. Comme le souligne pertinemment le rapport de la FCFA, la section 4 à elle seule contredit les deux premiers objets de la loi: assurer les communications avec le public et la prestation des services... ainsi que la mise en oeuvre des objectifs des institutions fédérales et appuyer le développement des minorités francophones et anglophones.
Nous appuyons entièrement l'approche des « trois C » de la FCFA afin que l'intention de la Loi sur les langues officielles soit appliquée. Les principes de la loi doivent être compris et mis en oeuvre de façon cohérente, constituante et continue. Nous aimerions particulièrement mettre l'accent sur la prestation des services en anglais à l'intérieur des cadres provinciaux. Les communautés de langues officielles en situation minoritaire devraient toujours bénéficier des programmes les plus généreux.
L'influence de la communauté anglophone du Québec sur les processus des langues officielles et son inclusion dans ceux-ci s'améliorent, mais sont encore loin d'égaler celles de la minorité francophone résidant à l'extérieur du Québec. Nous avons été consternés et très déçus à la suite du récent discours du Trône, qui a omis d'inclure la communauté anglophone du Québec dans la partie qui traite de la « feuille de route pour la dualité linguistique canadienne ».
La feuille de route, bien sûr, constitue la stratégie de fond qui définit les principales décisions stratégiques à l'égard de la dualité linguistique et du développement des communautés de langues officielles en situation minoritaire du gouvernement du Canada. Des questions nous viennent donc naturellement à l'esprit.
Comment cette omission sera-t-elle perçue par les bureaucrates qui gèrent la feuille de route actuelle et par ceux qui planifient la nouvelle en 2013? Qui a décidé que la dualité n'incorporait qu'une seule langue? La semaine dernière, j'ai écrit une lettre au , qui abordait ces questions précisément. Nous sommes toujours en attente d'une réponse.
Enfin, nous appuyons également la demande de la FCFA d'accroître les pouvoirs du commissaire aux langues officielles. Selon le QCGN, il est clair que la communauté anglophone du Québec est mieux servie par un gardien habilité et apolitique des droits linguistiques. Il est bien connu que le gouvernement du Canada a négocié des ententes bilatérales avec la province de Québec dans les domaines de l'éducation, de l'emploi et de l'immigration sans consulter à fond la communauté anglophone du Québec et sans mettre en place un mécanisme pour rendre compte de la façon dont le financement fédéral soutient la vitalité de notre communauté.
Concrètement, aux termes de l'article 7 de la loi, les responsabilités du gouvernement canadien à l'égard de notre communauté sont dissoutes quand le pouvoir fédéral est dévolu ou le financement est fourni à Québec. Un commissaire aux langues officielles habilité pourrait jouer un rôle important dans ce processus, surtout s'il s'assure que le gouvernement du Canada a respecté ses obligations envers la communauté anglophone du Québec dans ses relations bilatérales avec le Québec.
En conclusion, nous appuyons fortement les francophones du Québec et du Canada, et nous comprenons les mesures nécessaires pour renforcer et soutenir la langue française. Bien entendu, notre communauté ne s'inquiète pas de la santé et de la vitalité de la langue anglaise, et nous nous attendons à ce que cette dernière continuera à bien se porter. La communauté anglophone du Québec doute de la vitalité et de la viabilité de son identité à long terme.
L'objectif de la communauté est l'intégration, l'acquisition de compétences en français pour ses jeunes et l'inclusion de la communauté dans tous les aspects de la société québécoise. Une communauté anglophone qui est forte, intégrée, bilingue et engagée à l'intérieur du Québec est le modèle même la dualité linguistique canadienne.
Avec la permission du président, j'aimerais maintenant vous présenter Nicola Johnston qui, comme vous le savez déjà, est coprésidente du Comité permanent pour la jeunesse de notre conseil d'administration. Mme Johnston est une étudiante de deuxième cycle qui termine une maîtrise en politique et administration publiques à l'Université Carleton.
Merci, monsieur Blaney.
:
Merci beaucoup, monsieur Donnelly, de cette présentation.
[Français]
Bonjour, monsieur Blaney.
Bonjour, mesdames et messieurs.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonjour. Je suis très honorée de venir partager avec vous mon expérience en tant que membre de la jeunesse anglophone du Québec. Je vous remercie de m'avoir invitée à témoigner devant le comité aujourd'hui.
Comme l'a mentionné M. Donnelly, je suis une jeune anglophone originaire des Cantons de l'Est. J'estime que les jeunes anglophones ont une identité unique en son genre. Nous sommes uniques parce que nous vivons dans un endroit dynamique où nous avons l'occasion de devenir bilingues et où nous sommes entourés par des francophones ou des anglophones, ou les deux.
C'est pour cette raison que lorsque nous quittons le Québec, nous avons souvent l'impression qu'il y a quelque chose qui manque. Nous apprécions le fait d'être issus d'un endroit bilingue et biculturel. Nombre d'entre nous aimeraient y rester ou y revenir.
À l'instar de beaucoup de jeunes Québécois, j'espère participer à part entière au développement de ma province et de ma région natale, et contribuer à son avenir en offrant le meilleur de moi-même. Pour ce faire, j'ai travaillé d'arrache-pied pour devenir bilingue, comme nombre d'autres Québécois. Quatre-vingt pour cent des Québécois de langue maternelle anglaise âgés de 15 à 45 ans sont bilingues. En contrepartie, nous demandons d'être acceptés et intégrés en tant que Québécois bilingues et biculturels tout en conservant une place où nous pourrons préserver notre identité anglophone.
Cependant, si on la compare avec la réalité des jeunes francophones, la réalité des jeunes anglophones du Québec se traduit par une représentation et une participation politiques moins élevées et un taux de chômage plus élevé. Nous sommes réellement exclus de la fonction publique du Québec (avec un taux de participation de 0,2 p. 100). Prenons l'exemple de ma maîtrise, qui a pour objectif de m'offrir une formation adéquate afin de pouvoir occuper un poste dans la fonction publique provinciale ou fédérale. Je suis consciente du fait qu'étant anglophone, je serai confrontée à de grands défis, voire à des obstacles, si je veux accéder à un poste dans la fonction publique de ma propre province. En revanche, nombre de mes camarades de classe retourneront dans leurs provinces respectives pour trouver des emplois dans la fonction publique de leur province, où ils acquerront un sentiment d'appartenance et d'identité qui ne nous est pas accessible.
De plus, pour beaucoup, cet espoir d'acquérir un sentiment d'appartenance et de prospérer sur le plan économique n'est réalisable qu'ailleurs, loin des régions où ils ont grandi. Ironiquement, notre bilinguisme est considéré comme un véritable atout aux yeux des employeurs à l'extérieur du Québec, alors que le fait d'être anglophone chez soi nous met dans une position désavantageuse sur le plan financier.
Pour une personne qui, comme moi, aura obtenu deux diplômes, les probabilités de demeurer au Québec sont faibles. Les statistiques démontrent que plus le niveau de scolarité est élevé, moins il est probable que les diplômés restent ou retournent au Québec. Ce phénomène accentue le déclin démographique dans les collectivités rurales, y compris dans les Cantons de l'Est, d'où je viens et où l'on constate que cette « tranche d'âge centrale » est largement sous-représentée.
Sur une note positive, les jeunes d'aujourd'hui expriment clairement leur désir de rester au Québec et de contribuer à la société québécoise. Ils souhaitent se distancer des conflits et des insécurités du passé tout en accueillant avec enthousiasme un bilinguisme, une cohésion sociale ainsi qu'un désir incontestable de mettre fin aux deux solitudes.
Nous savons également que l'exode connaît un ralentissement à l'heure actuelle. La cohorte bilingue et bien éduquée a déployé les efforts nécessaires pour acquérir les compétences linguistiques requises afin de pouvoir participer pleinement à la société québécoise en suivant de meilleures formations en langue française et en établissant des liens avec la société francophone. La communauté des jeunes anglophones du Québec constitue une ressource importante, non seulement capable d'interpréter le monde anglophone, mais aussi d'agir de façon organique en tant qu'intermédiaire linguistique afin d'aider à éliminer les obstacles culturels et linguistiques.
Aujourd'hui, nous exhortons le gouvernement du Canada à respecter ses obligations à l'égard des jeunes anglophones du Québec, soit entamer avec nous un dialogue officiel, pertinent et continu pour garantir notre succès et être à la tête des efforts en montrant que nous sommes un atout précieux et reconnu pour le Québec et le Canada. Nous voulons rester au Québec, mais les circonstances jouent contre nous.
Nous sommes plus que prêts à être citoyens du Québec et nous sommes plus que capables de l'être. Par conséquent, je vous exhorte aujourd'hui, pour le bien du monde de demain, à nous aider à vivre dans notre propre province et à nous permettre de profiter de notre expérience unique en son genre de même que de notre environnement biculturel contemporain et exceptionnel. Permettez-nous de profiter de cette qualité de vie, de contribuer à celle-ci et de saisir cette occasion qui se présente.
[Français]
Je vous remercie de nouveau pour m'avoir donné cette chance de m'adresser à vous aujourd'hui. J'espère sincèrement que mes expériences et mes suggestions vous seront utiles aujourd'hui.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur Donnelly, madame Johnston, madame Martin-Laforge, merci beaucoup d'être venus témoigner et de nous avoir fait part de ces remarques réfléchies qui, à mon avis, méritent mûre réflexion.
J'aimerais que vous me disiez si j'ai bien compris la situation dans laquelle se trouve la communauté anglophone au Québec à l'heure actuelle. Récemment, quelqu'un m'a dit quelque chose qui, à mon avis, représentait très bien la situation, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Essentiellement, cette personne m'a dit qu'au Québec, la langue anglaise n'était pas menacée, que c'était plutôt la communauté anglophone qui l'était.
Je crois que cette phrase m'a permis de comprendre ce que vivait la communauté anglophone au Québec parce que j'ai pu tirer un parallèle avec ma situation en tant que francophone de l'Ontario. Je suis devenu bilingue parce que je voulais participer pleinement aux affaires de ma province. J'avais du mal à obtenir des services. Jeune, j'ai dû faire la grève pour avoir mon école, car je voulais aller à l'école en français. Il m'était pratiquement impossible d'obtenir des soins de santé dans ma propre langue. Ce n'est que grâce aux soeurs que c'était possible, et ainsi de suite.
Si quelqu'un essayait de décrire la situation de la communauté anglophone aux responsables du QCGN en disant qu'au Québec, la langue anglaise n'était pas menacée, mais que la communauté anglophone l'était, quelle serait votre réaction?
:
Je veux seulement dire quelques mots, puis peut-être Sylvia voudra-t-elle formuler des commentaires.
Monsieur Bélanger, cette question revient à ce que nous répétons sans cesse, à savoir que l'enjeu, c'est la vitalité de la communauté. Oui, en ce qui concerne les langues, comme je l'ai dit dans mon discours, nous vivons dans la réalité nord-américaine. Ceux qui ont la télévision par câble et par satellite ont accès à 200 ou 300 stations de télévision en anglais, donc il n'y a pas de manque à ce titre. Toutefois, en ce qui concerne la vitalité de la communauté, surtout dans les régions — et ce n'est pas dire qu'il n'y a pas de problèmes à Montréal aussi, parce qu'il y en a —, au plan des institutions et des collectivités, s'il y a moins d'élèves qui fréquentent les écoles, le nombre des services est réduit. Les écoles jouent un rôle très important au plan de la culture. Elles deviennent les centres culturels des communautés. Lorsque le taux de fréquentation scolaire chute, cet aspect en souffre.
Les jeunes partent parce qu'ils veulent aller ailleurs pour étudier et le problème, c'est que nombre d'entre eux ne reviennent pas dans leur ville natale. Voilà pourquoi nous parlons d'exode.
Le dernier recensement a montré que le nombre de nouveaux arrivants au Québec et le nombre de personnes qui quittent la province s'équivalent à l'heure actuelle, mais chez les jeunes, il y a un facteur double.
Donc oui, ce n'est pas une question de langue, mais une question de vitalité pour la communauté.
Sylvia, j'ignore si vous avez quelque chose à ajouter.
:
Merci de votre question.
Comme M. Donnelly l'a indiqué, les inscriptions aux écoles primaires et secondaires anglophones diminuent. C'est un enjeu majeur. Je pense fermement que les écoles anglophones sont des centres de vitalité communautaire dans nos collectivités. Lorsque les inscriptions diminuent, il y a un risque que les écoles ferment. Il ne s'agit pas seulement de centres d'apprentissage, mais d'endroits où les enfants peuvent participer à des activités parascolaires. Ce sont des endroits où les enfants et les parents peuvent établir des amitiés durables. Il ne s'agit pas seulement d'amitiés, mais également de capital social. Je continue de profiter des relations que j'ai établies avec des gens dans des écoles anglophones que j'ai fréquentées, et je pense que c'est incroyablement important.
Les écoles sont également des centres d'activité économique. Il s'agit de sources d'emploi importantes pour nos collectivités. Bon nombre de mes amis enseignent dans des écoles anglophones. Je ne sais pas ce qu'ils feraient sinon. Ils seraient obligés de partir si ces écoles fermaient. C'est un aspect important dont il faut tenir compte.
L'autre aspect important, c'est que nous avons vraiment besoin d'une meilleure intégration dans la société francophone. Lorsque je parle d'une meilleure intégration, je ne parle pas nécessairement de connaissances plus avancées de la langue française, mais je pense qu'il y a tout de même une tentative pour y arriver. Je parle également de combler certains écarts, de sorte qu'il s'agit aussi de biculturalisme.
Permettez-moi de vous donner un exemple. J'ai fréquenté une école secondaire régionale où il y avait un volet francophone et un volet anglophone. Nous les appelions le « côté français » et le « côté anglais », parce qu'aucune tentative ne visait à harmoniser les activités entre les écoles. Il y avait une division très claire dans la cour d'école. Cela illustre très bien ce que nous avons appelé les deux solitudes qui se produisent. Il doit y avoir un effort concerté afin d'harmoniser tout cela.
Les deux volets sont administrés par une commission scolaire française et une autre anglaise, mais je ne pense pas que cela devrait être un obstacle à une plus grande intégration. Comme Sylvia l'a dit, la langue n'est pas l'enjeu principal; il s'agit aussi de biculturalisme et de permettre aux anglophones et aux francophones d'avoir l'impression de se comprendre, peu importent les mots.
:
Merci, monsieur le président.
Cela sonne comme chez nous, mais nous, c'est dans le sens contraire,
[Traduction]
de l'autre côté.
Vous dites que cela ne fait aucun doute: ce n'est pas la langue, c'est la collectivité. C'est la façon dont on contribue au développement de la collectivité, dont on mobilise les gens, dont on trouve des emplois aux gens.
Eh bien chez moi, on a trouvé une façon de régler le problème: les LeBlancs deviennent les Whites,
[Français]
les Roi sont devenus les Roy, les Lebrun sont devenus les Brown to get a job.
[Traduction]
Ce que je veux dire, c'est que c'est la réalité, chez moi. C'est incroyable. Je suis certain que vous savez que ça se passe ainsi.
La question ou l'observation que j'ai, madame Johnston, tourne autour de ce que vous avez dit sur... Et en passant, ne vous méprenez pas; ce n'est pas ce que je veux que vous fassiez. Je pense que ce qui est arrivé dans ma région était terrible. Les gens ont dû changer leur nom pour décrocher un emploi. Ne vous méprenez pas; même s'ils devaient m'appeler « Good » au lieu de Godin, ne vous méprenez pas.
Une voix: Ou « God ».
M. Yvon Godin: Oui, « God-in »
J'ai une observation au sujet de ce que vous avez dit, qu'il y avait deux écoles, qu'il semblait que l'on ne souhaite pas voir les étudiants se réunir, que c'est mal et qu'il faudait favoriser l'intégration. Mais en fait, lorsque c'est ce qui arrive... C'est arrivé chez moi. Ils ont dû séparer les deux districts — le district anglophone de l'école et le district francophone — parce que dans la cour d'école, on n'apprenait pas les deux langues; on ne parlait que l'anglais, et le français se perdait.
La Chambre est actuellement saisie d'un projet de loi que j'ai présenté. Je demande que lorsqu'une nomination est faite à la Cour suprême du Canada, la personne soit bilingue — pas francophone ni anglophone, bilingue. Le gouvernement s'y oppose. C'est un fait. Lorsqu'une affaire est entendue en français et que les neuf juges se réunissent pour en parler, étant donné que l'un des neuf juges ne parle pas français, toute la conversation se déroule en anglais. Et c'est un fait. Je veux simplement vous dire ce que j'en pense.
Les gens craignent que c'est ce qui se produira et que c'est ce qu'ils devront faire. Les anglophones nous disent parfois: « Nous ne pouvons pas apprendre le français parce que vous ne nous en donnez pas la chance. Chaque fois que nous tentons de parler, vous passez à l'anglais et nous n'avons pas la chance de pratiquer. » C'est un autre fait dont je voulais vous faire part.
Lorsque vous dites qu'il ne s'agit pas de la langue, je pense qu'il s'agit en fait d'une question qui touche la langue. Vous dites que nous ne pouvons pas trouver d'emploi même si nous sommes bilingues. Je veux comprendre, parce que ce n'est pas logique, selon moi. Si un employeur peut embaucher une personne bilingue, il pourrait donner un meilleur service à la population. Je ne dis pas que c'est ce que les gens font; je dis que si on devait embaucher une personne bilingue, lorsque les clients appellent, on pourrait donner un meilleur service à la population.
Pourquoi pensez-vous que c'est ainsi?
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Pour continuer dans la même veine, je pense qu'il est très important que les personnes bilingues qui ont comme langue maternelle l'anglais et qui essaient de leur mieux d'apprendre le français se souviennent que nous vivons au Canada, où les compétences et l'éducation signifient encore quelque chose. À la Cour suprême du Canada, ce n'est pas une question de langue, c'est une question de donner à une personne accusée ou à une victime la représentation juridique qu'elle mérite.
En passant, je suis bilingue.
[Français]
Vous êtes aussi bilingues, mais il y a des fois où on ne comprend pas complètement, à cause de l'accent ou de la langue d'une région, le sens d'un mot ou d'une idée.
[Traduction]
C'est pourquoi il est si important d'éliminer l'interprétation simultanée à la Cour suprême du Canada, afin de ne pas empêcher les gens et les anglophones de profiter de la meilleure représentation. Je voulais simplement corriger le tir. Je sais que j'ai utilisé la plus grande partie de mon temps. J'espère que le rappel au Règlement mal informé de n'a pas empiété sur mon temps de parole.
J'ai une question à vous poser, mademoiselle Johnston, parce que j'ai vécu ce à quoi vous aspirez. Je suis allée dans une école où il y avait un bassin d'élèves francophones, et les anglophones de ma communauté pouvaient fréquenter cette école. Nous réussissions bien. Notre français est considéré comme le meilleur français de la province. Plus tard, nous avons fait ce que vous avez indiqué, nous les avons séparés, et j'ai remarqué que le français que l'on parle dans ma province natale n'est pas le même que celui que j'ai appris. Cela m'inquiète.
J'aimerais savoir comment vivre en français quand il y a une telle séparation? Comment vivez-vous en français à l'extérieur de votre école? Sans théâtre, sans ce genre de choses, qu'est-ce qui s'offre à vous pour que vous puissiez vivre en français à l'extérieur de votre école?
:
Oui, je peux répondre à cette question.
Nous avons dit dans notre discours que ce n'est pas une question de langue. Mais la langue est bien sûr un facteur. Elle le sera toujours. Par contre, on ne pourra pas mesurer l'appartenance à sa collectivité, dans notre cas la vitalité de nos collectivités anglophones partout au Québec, par le degré d'intégration du côté francophone. Pour ce qui est des arts et de la culture, nous allons tous voir des films en anglais et en français. Nous écoutons les chanteurs francophones et anglophones. Cela se fait naturellement à Montréal et dans le reste du Québec.
Quand on parle de vitalité de la communauté, dans le contexte scolaire, lorsqu'une école anglophone compte une forte population francophone, les enfants francophones fréquentent ces écoles pour améliorer leur anglais, mais leur but n'est pas de s'intégrer dans la communauté anglophone. Par la suite, lorsqu'ils cherchent des emplois, les francophones qui ont fréquenté l'école anglaise et acquis un bilinguisme de niveau intermédiaire obtiendront toujours les emplois, plutôt que les anglophones qui ont un français de niveau intermédiaire. C'est encore la langue de travail majoritaire, etc.
C'est donc l'un des problèmes auxquels nous sommes confrontés. C'est pour cette raison que nos jeunes nous disent depuis un an — et le problème n'existe pas seulement dans les communautés rurales, mais à Montréal également — que nous devons améliorer l'enseignement du français dans les écoles anglophones, pour les élèves anglophones.
L'avantage, c'est que ces écoles comptent déjà une bonne population francophone et qu'elles se trouvent dans un milieu francophone. Le bilinguisme est courant. En rehaussant le niveau de bilinguisme, ce qui signifie dans notre cas à améliorer le français des élèves anglophones, nous aiderons ces élèves à se trouver des emplois plus tard là où ils vivent et nous accroîtrons les chances qu'ils restent dans leur collectivité.
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Évidemment, si l'on n'est pas à la table, on ne participe pas vraiment aux discussions.
À la suite de la non-mention — si on me passe cette expression — de nos groupes en tant qu'une des deux minorités linguistiques officielles —, je n'ai pas peur d'avouer avoir été assez naïf pour dire à ma directrice générale que c'était peut-être un simple oubli, que les autorités sont tellement habituées à parler des collectivités francophones que peut-être cette fois-là... Toutefois, elle m'a dit on ne peut plus clairement que rien dans le discours du Trône n'est la conséquence d'un oubli. Tout son contenu a une raison d'être.
Par conséquent, lorsqu'on voit avec quelle fermeté on mentionne l'appui à donner aux minorités francophones hors Québec et qu'on en fera une priorité, et qu'on ne fait pas la moindre allusion à notre groupe, alors nous concluons, au fur et à mesure que les discussions se poursuivent...
J'ai brièvement parlé de notre groupe appelé ELAN, l'English Language Arts Network. Au Quebec Community Groups Network, nous avons investi au cours des derniers 12 mois plus de 60 000 $ à la fois en effectif et en argent afin d'élaborer une proposition pour la culture artistique et le patrimoine qui nous permettrait d'avoir accès au financement de la feuille de route. Cependant, pendant toute l'année, on nous a laissé entendre que telle chose n'est pas tout à fait ce que l'on souhaite ou bien qu'il faut changer telle autre chose et que les autorités réfléchissent à la question.
Maintenant, lorsqu'on observe ce genre de choses et que vous dites que nous ne sommes même pas sûrs de faire partie du discours du Trône, quel genre de messages est-ce que cela envoie à un ministère qui est chargé de la gestion de ces fonds et de décider à quelle fin les affecter? Cette situation cause beaucoup de mécontentement.
:
J'aimerais dire au comité qu'il y a un très beau programme au Québec qui s'appelle « Place au jeunes ». C'est un programme provincial qui encourage les jeunes à retourner dans leur milieu. D'ailleurs, dans les
townships, la directrice générale de l'Association des Townshippers, Rachel Garber, a réussi à établir ce programme. Toutefois, la structure du programme est provinciale. Vous comprenez? Alors, par rapport aux anglophones, cela cloche, à cause de la représentation, du nombre de jeunes, etc.
Quand, au fédéral, on conçoit des programmes de compétence provinciale, cela nous cause des ennuis, parce qu'on n'arrive pas à inclure la communauté dans le programme dévolu à la province. Il faut bien comprendre que la province de Québec donne des droits aux anglophones, mais les droits des anglophones, au Québec, sont individuels. Alors, quand le gouvernement procède à la dévolution de n'importe quel programme, le Québec va considérer les anglophones,
[Traduction]
Toutefois, il ne s'agit pas d'un engagement lié à la vitalité de la collectivité, et je vous prierai donc d'en tenir sérieusement compte car c'est très important. Nous parlons de services et de services aux particuliers. Nous ne parlons pas de la vitalité de la collectivité, parce que cela ne correspond pas au cadre provincial du Québec.
Le gouvernement et les pouvoirs fédéraux peuvent faire une foule de choses, mais si on ne sait pas qu'au Québec, on ne considère pas la collectivité de la même manière, alors on est en train de dépenser de l'argent en pure perte pour la collectivité anglophone.
:
Notre gouvernement a dit que le principe est bon. Le problème, c'est que nous ne sommes pas capables d'embaucher des juges à une telle vitesse à la grandeur du pays. Cela ferait en sorte que plusieurs provinces n'auraient pas assez de candidats.
De plus, j'aimerais vous prendre comme exemple, madame Laforge.
Mme Laforge a oublié un mot en français dans son intervention précédente. Sans l'interprétation simultanée, certains éléments pourraient échapper aux juges en raison des accents et de la capacité de comprendre différentes langues. Voilà ce que nous craignons. Nous ne voulons pas porter préjudice à ceux qui sont extrêmement compétents en matière de droit et qui ont les qualifications nécessaires pour être nommés à la Cour suprême, car je le répète, la compétence devrait être un facteur clé.
Bien sûr, d'autres projets de loi mettent l'accent sur ces éléments. Je suis certaine qu'à un moment ou un autre, vous serez consultés à ce sujet. Je serai ravie de recevoir vos observations à tout moment. Mon bureau est toujours ouvert. Nous entretenons une bonne relation de travail et j'espère que vous me communiquerez votre point de vue sur bon nombre de ces éléments.
Madame Johnston, je répète que je suis très intéressée par votre milieu. Cela me dérange que vous soyez une jeune femme qui craint de ne pas pouvoir travailler dans sa collectivité, parce que vous représentez ce que ma collectivité perçoit comme un idéal. Vous êtes une personne très bilingue, et il est ennuyeux de vous entendre dire que vous ne pensez pas pouvoir trouver un emploi là-bas.
Nous avons effectué une étude. Chaque année dans la fonction publique, 5 000 postes bilingues ne sont pas comblés. Votre collectivité et vous pourriez nous aider à combler ces postes. Mais de là à vous entendre dire que vous ne pensez pas être en mesure de combler ces postes parce que dans votre province votre français ne sera jamais suffisant! Comment régler ce problème?
Je ne crois pas qu'un crédit d'impôt pour vous aider à terminer vos études permettra d'éliminer le sentiment exprimé par Mme Laforge et vous-même selon lequel votre français ne sera jamais assez bon. Pensez-vous honnêtement qu'un crédit d'impôt peut changer la mentalité des employeurs, comme vous l'avez dit, qui ont pour règle de ne pas embaucher des anglophones en priorité car, selon vos dires, leur français n'est pas assez bon?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par une clarification. Mme Glover dit qu'elle a perdu du temps de parole lorsque j'ai interrompu la discussion pour soulever un rappel au Règlement. En pareil cas, le chronomètre s'arrête, donc elle n'a pas perdu de temps.
Je veux aussi dire que le témoignage de Mme Glover est terrible. Elle dit que le projet de loi veut supprimer la traduction à la Cour suprême. Jamais de la vie! Cela n'a jamais été l'intention du projet de loi. Ce n'est pas dans le projet de loi. Elle dit des faussetés. Elle est en train de susciter la peur chez les Canadiens.
C'est regrettable que le gouvernement conservateur ne veuille pas appuyer le projet de loi. Il ne reconnaît pas encore le bilinguisme au Canada, il ne reconnaît pas le fait qu'il faut offrir les services dans les deux langues.
J'apprécie le fait que M. Donnely appuie le projet de loi en principe. On peut donc ainsi rédiger le projet de loi de façon à donner la chance aux deux communautés.
C'est un manque de respect envers la communauté anglaise. C'est comme si les juges et les avocats n'étaient pas assez intelligents pour apprendre le français. C'est une insulte à la communauté anglaise. C'est terrible et inacceptable, mais je vais mettre cela de côté.
À propos du discours du Trône, monsieur Donnelly, vous dites que vous n'y voyez pas de préoccupations concernant la communauté anglophone. Je peux vous comprendre. De plus, quand on regarde plus loin que le discours du Trône, on constate qu'il y a le budget. Non seulement les anglophones ne s'y retrouvent pas, mais également les francophones. Il n'y a rien dans le budget. Un discours du Trône et une vision sans argent, cela ne va pas loin. Êtes-vous d'accord avec moi?
:
Merci, monsieur le président du comité.
Mesdames et messieurs les membres du comité, c'est avec plaisir que je me présente devant vous aujourd'hui. Je suis accompagné de Judith LaRocque, sous-ministre du ministère du Patrimoine canadien, et de Pablo Sobrino, sous-ministre adjoint à la Politique stratégique, à la planification et aux affaires ministérielles du Patrimoine canadien.
J'aimerais tout d'abord saluer les nouveaux membres du comité, M. Bélanger, M. Généreux, qui s'en vient bientôt, et John Weston. Merci également à l'ensemble des membres de ce comité de m'accueillir pour faire le point sur le dossier des langues officielles.
Le moment s'y prête bien puisque nous sommes au coeur des Rendez-vous de la francophonie, une occasion formidable de dialogues et de célébrations que nous sommes fiers d'appuyer et qui rassemble les Canadiens de partout au pays. Aujourd'hui, j'aimerais rappeler les priorités de notre gouvernement en matière des langues officielles, faire le point sur la mise en oeuvre de la Feuille de route de la dualité linguistique canadienne, et discuter de l'appui soutenu que notre gouvernement offre aux organismes communautaires partout au pays.
Mais, auparavant, permettez-moi de dire quelques mots sur les Jeux olympiques d'hiver qui viennent de se terminer et les Jeux paralympiques qui se sont terminés dimanche.
La place du français dans le cadre des Jeux olympiques a été, depuis le début, une priorité de notre gouvernement. Je suis fier de pouvoir affirmer que le gouvernement du Canada a investi de façon inégalée pour s'assurer que tous les aspects des Jeux tiennent compte des deux langues officielles de notre pays.
[Traduction]
Ces investissements sont allés notamment à l'Olympiade culturelle, qui a présenté quelque 650 spectacles sur scène, dont plus du tiers ont été donnés par des artistes francophones. Le relais des flammes olympiques et paralympiques s'est déroulé dans les deux langues officielles, et les 15 installations olympiques et tous les sites olympiques ont offert des services aux Canadiens et aux visiteurs dans la langue officielle de leur choix.
Les Jeux olympiques et paralympiques sont réellement les jeux du Canada. Les organisateurs ont dépassé les normes du Comité international olympique. Plus important encore, ils ont mis en valeur ce que notre pays a de mieux à offrir, et ce, dans les deux langues officielles. Ces impressions ont eu un écho chez tous les hauts dirigeants qui ont assisté aux jeux. Le commissaire aux langues officielles, par exemple, s'est dit impressionné par le niveau de bilinguisme aux Jeux olympiques et heureux de la présence du français aux cérémonies de clôture.
[Français]
M. Pascal Couchepin, Grand Témoin de la Francophonie aux Jeux olympiques d'hiver de Vancouver a affirmé que « Les Jeux olympiques de Vancouver ont été livrés avec succès. Ils sont la voie à suivre en matière de diversité linguistique. Il est difficile, à mon sens, de faire mieux ».
[Traduction]
Enfin, Jacques Rogge, président du Comité international olympique, s'est dit très heureux de la réussite des jeux au plan des langues officielles. Il a ajouté que les annonces ont été faites en français et en anglais, et que l'ensemble des sites et des affiches étaient bilingues.
Monsieur le président, plus de trois milliards de personnes dans le monde entier se sont tournées vers le Canada durant les Jeux olympiques. Je suis fier d'avoir pris part à ce moment historique de notre pays.
[Français]
Les Canadiens qui n'ont pas eu la chance de se rendre à Vancouver et à Whistler ont aussi pu suivre les compétitions chez eux dans la langue officielle de leur choix grâce à l'entente conclue entre CTVglobemedia et ses partenaires. Je suis heureux que CTV et CPAC aient fait équipe pour présenter une couverture des Jeux en français sur leurs chaînes, en plus des chaînes de RDS et V. C'est sans oublier la Place de la francophonie qui a accueilli plusieurs milliers de visiteurs et qui a montré aux gens de Vancouver et au monde entier la qualité de nos artistes francophones et la vitalité de nos communautés.
En outre, les jeunes journalistes qui ont participé au projet Franco Médias 2010, un projet que nous avons appuyé, ont offert une perspective francophone des Jeux à l'ensemble des Canadiens. Quant à la communauté de Maillardville, le berceau de la francophonie en Colombie-Britannique, elle a su profiter de la dernière année pour être davantage présente sur la scène culturelle de ma province natale. Elle nous a fait honneur durant les Jeux, mais aussi durant les célébrations de son centenaire à l'occasion de son Festival du Bois, que nous appuyons fièrement. Cette communauté, qui donne une couleur particulière à ma province, et les Jeux, qui ont enthousiasmé les Canadiens de partout au pays, ont été une source de fierté pour moi.
En ce qui concerne les cérémonies d'ouverture, nous croyons qu'elles ont offert un spectacle d'envergure et de qualité. David Atkins et ses collaborateurs ont fait un excellent travail artistique. Je me suis dit désolé par le niveau de français durant les cérémonies. Par contre, nous sommes heureux du travail réalisé par le COVAN. Nous pouvons tous être fiers que les Jeux olympiques de Vancouver aient établi une nouvelle norme en matière de bilinguisme sur la scène internationale. La promotion de nos deux langues officielles et l'appui aux communautés de langues officielles en situation minoritaire ont été des priorités de notre gouvernement et le demeurent.
[Traduction]
Le discours du Trône est clair. Le bilinguisme est une valeur fondamentale de la société canadienne. Notre feuille de route pour la dualité linguistique canadienne nous permet de concrétiser cette vision. En date d'aujourd'hui, plus de 70 p. 100 des engagements annoncés en juin 2008 dans le cadre de la feuille de route ont été confirmés et financés.
De plus, dans le budget, notre gouvernement a maintenu le niveau inégalé de financement accordé à CBC/Radio-Canada. De cette façon, la société pourra continuer d'offrir des services importants aux communautés de langues officielles en situation minoritaire.
[Français]
Mes homologues des provinces et des territoires sont des partenaires clés dans l'atteinte de nos objectifs. J'aurai l'occasion de les rencontrer à la prochaine Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne, à Yellowknife, les 22 et 23 juin prochain. Ces rencontres sont l'occasion de travailler ensemble au soutien de la francophonie canadienne. C'est d'ailleurs à la dernière conférence, à Vancouver, en septembre 2009, que nous avons convenu de consacrer une journée à la francophonie durant les Jeux olympiques d'hiver de 2010.
Par ailleurs, le Programme d'appui aux droits linguistiques a été annoncé l'an dernier. Dans le cadre du 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles, j'ai réitéré l'engagement de notre gouvernement à livrer un programme pleinement opérationnel avant la fin de 2009. Je suis heureux de dire mission accomplie. Le programme, piloté par l'Université d'Ottawa, a commencé ses activités le 22 décembre dernier. Cet automne, j'ai aussi eu l'honneur de présider la Conférence des ministres responsables de TV5 qui a eu lieu ici à Ottawa. C'est d'ailleurs sous notre présidence de la Conférence que nous avons annoncé un financement accru de 25 millions de dollars sur cinq ans à TV5, et ce, à partir de 2009-2010. Cette conférence a été un franc succès et, grâce à ce financement accru, TV5 pourra favoriser le rayonnement de nos créateurs et artistes dans le monde entier, tout en reflétant la diversité culturelle de la Francophonie.
[Traduction]
Si l'année dernière a été fort occupée, vous vous rappellerez qu'elle a aussi été marquée par la nécessité de revoir notre façon de faire pour répondre aux besoins des organismes représentant les communautés de langues officielles au Canada.
Votre comité a d'ailleurs étudié les effets des délais d'approbation du financement pour les organismes qui représentent les communautés de langues officielles, et nous nous sommes rencontrés à ce sujet en octobre. Notre gouvernement répondra d'ici le 1er avril aux recommandations du comité, mais je peux vous annoncer que nos mesures donnent des résultats. Au moment où je vous parle, 88 p. 100 des organismes représentant des communautés de langues officielles ont reçu une confirmation de financement pour leur programmation. D'ici la mi-avril, la quasi-totalité de nos organismes auront une confirmation de financement. Les autres organismes bénéficiaires devraient recevoir une réponse au cours des prochaines semaines. Les modifications aux normes de service pour la prestation de programmes seront affichées sur notre site Web à compter du 1er avril. Nos partenaires communautaires peuvent avoir l'assurance que nous continuons à agir pour réduire les formalités administratives et pour alléger les processus de financement.
En terminant, j'aimerais revenir sur les Jeux olympiques pour vous faire part d'une impression qui m'a marquée. Nos athlètes et nos médaillés se sont exprimés avec une grande aisance en français comme en anglais. Je l'ai constaté à plusieurs reprises et ça m'a inspiré beaucoup de fierté. Nos athlètes ont agi à titre d'ambassadeurs sur la scène internationale non seulement sur le plan sportif, mais aussi sur le plan diplomatique, et ce, en s'exprimant dans les deux langues officielles et en représentant fièrement la culture canadienne.
[Français]
Les athlètes canadiens sont les champions d'aujourd'hui et les leaders de demain. Je ne peux m'empêcher de constater que l'avenir de nos langues officielles est des plus prometteurs.
Je vous remercie. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Premièrement, j'ai deux petits commentaires préliminaires, monsieur le ministre.
Vous mentionnez que les organismes des communautés de langue officielle ont reçu une confirmation. N'oubliez pas que le comité n'a pas seulement étudié la réception d'une confirmation. Il faut aussi s'assurer que l'argent sera là. Les organismes, même s'ils ont une confirmation, doivent trouver l'argent — le bridging — pour être capables de faire leurs activités. Cela veut dire qu'ils seront obligés de prendre encore leur carte de crédit et de trouver des marges de crédit auprès des institutions financières, de payer des intérêts — que vous ne voulez pas rembourser. Et ils ne sauront pas exactement quand l'argent sera disponible pour être en mesure de payer les salaires. C'est un commentaire. Il ne suffit pas de dire qu'ils ont reçu un accusé de réception. Il faut plus que cela.
Ensuite, monsieur le ministre, on sera obligés de procéder rapidement ce matin. On avait demandé d'avoir deux heures en votre compagnie. On sait que la tendance depuis quelque temps, c'est d'avoir une limite d'une heure pour rencontrer les parlementaires lors des séances de comité, dont celui des langues officielles. J'espère qu'à l'avenir, on corrigera cette situation.
Maintenant, si on abordait le vif du sujet. Vous avez parlé de la Feuille de route. Monsieur le ministre, que donne une feuille de route si, en définitive, vous ne prenez pas le temps d'écouter les besoins des organismes ou des communautés? Vous me direz certainement que vous avez fait ceci et cela et que vous ferez ceci et cela. Je vous demande à quoi cela sert d'avoir une feuille de route si, en même temps, vous ne prenez pas le temps d'écouter ceux qui ont des revendications.
Je vous cite une rencontre de la semaine dernière que nous avons eue avec M. François Côté, de l'ARC du Canada. L'ARC du Canada a demandé de vous rencontrer pour être en mesure de vous proposer un nouveau projet concernant les radios communautaires. On parle d'une demande totale de 4,2 millions de dollars. Un de mes collègues ici, au comité, a posé la question suivante: « Avez-vous fait la demande auprès du ministre pour faire valoir vos besoins? La réponse a été: « Oui, au ministre du Patrimoine, il y a un an et demi. Nous avons fait à nouveau, au mois de novembre, une demande parce qu'on n'avait pas eu de réponse. On vient de nous aviser, par un accusé de réception, qu'on nous rencontrera peut-être dans un avenir futur. »
Trouvez-vous cela acceptable, monsieur le ministre? Vous parlez de la Feuille de route, mais si vous ne prenez pas le temps de rencontrer des organismes aussi importants que l'ARC du Canada, qui est là pour assurer la survie des radios communautaires qui sont les radios des communautés de par le pays, comment pouvez-vous dire que la Feuille de route avance? Car pendant tout ce temps, vous refusez de rencontrer un organisme aussi important qui représente tellement de communautés d'un bout à l'autre du pays?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur le ministre, madame LaRocque et monsieur Sobrino.
Si on a annulé la réunion, c'était pour des raisons techniques. On a toujours demandé que les rencontres soient télévisées. C'était tout simplement pour cette raison que nous avons annulé la réunion et non pas parce que nous ne voulions pas vous voir.
Cela étant dit, monsieur le ministre, il y a trois sujets qui me touchent. Le premier est une question dont vous avez sûrement entendu parlé. Il s'agit de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Vous avez même déclaré être déçu à ce sujet. On a découvert tout dernièrement dans l'accord de contribution que le gouvernement fédéral n'avait pas exigé auprès du COVAN l'égalité du français et de l'anglais dans le cadre de cette cérémonie. Ça a donné lieu à une situation malheureuse. La nation québécoise n'a donc pas été représentée de façon égale lors de la cérémonie d'ouverture. On se souvient que M. Charest, le premier ministre du Québec, a aussi exprimé ses regrets à ce sujet. On sait aussi qu'une quarantaine de plaintes ont été déposées depuis auprès du commissaire aux langues officielles concernant cette cérémonie au cours de laquelle le français et l'anglais n'ont pas été reconnus de façon égale. On peut même parler d'une quasi-absence du français.
On vous a rencontré avant les Jeux olympiques, on vous a entendu à la Chambre des communes et on a rencontré les gens du COVAN, qui nous ont dit en quelque sorte don't worry, be happy. Or on s'est aperçu qu'il n'en allait pas de même.
Je me demande s'il y avait anguille sous roche quand vous nous avez dit que tout irait bien. Le fait de croire cela sans toutefois faire pression ou inclure dans l'entente de contribution les mots nécessaires pour qu'il y ait une représentation à la hauteur des aspirations de la nation québécoise, du fait français au Québec et au Canada est-il dû à de la naïveté politique? Quels suivis allez-vous faire face à cette situation? Les Jeux olympiques sont terminés, mais j'aimerais entendre votre explication concernant le fait que le français n'a pas eu sa place lors de la cérémonie d'ouverture.
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Je crois que la vraie leçon à tirer des Jeux olympiques, en tant que pays, est que les standards en matière de bilinguisme international ne sont pas les mêmes que ceux du Canada. Je crois qu'il y a eu un très bel effort de la part du COVAN en ce qui concerne tous les aspects des Jeux olympiques, qu'il s'agisse des événements sportifs, des édifices, de la traduction ou de la signalisation. Tout cela était complètement bilingue. À cet égard, je crois que ça a été un succès entier.
Pour ce qui est de la cérémonie d'ouverture, nous étions désolés de cette situation, et je l'ai dit.
[Traduction]
Je pense que le COVAN, avec toutes les meilleures intentions, voulait s'assurer que ces jeux incluaient tous les Canadiens. Je pense que cela a été très clair pour toute la durée des jeux et lors de tous les événements.
Cependant, ce que le Canada doit reconnaître pour l'avenir, c'est que la norme canadienne pour les langues officielles n'est pas nécessairement la même que la norme du Comité international olympique pour les langues officielles, par exemple. Nous devons continuer de l'affirmer et de nous assurer que c'est là une attente qui est bien comprise, non seulement par des organisations comme le COVAN, mais aussi par tous nos partenaires du secteur privé, du secteur public et des différents paliers de gouvernement. C'est ce que nous devons faire.
[Français]
Les réussites étaient claires et c'était un très grand succès. Malheureusement, dans le cas de la cérémonie d'ouverture, ce message ne constituait pas une réussite complète.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, madame la sous-ministre, monsieur Sobrino.
Pour ce qui est de la Feuille de route, on aura l'occasion d'y revenir. On se penchera sur cette question parce qu'il faut se rendre compte que les chiffres dont on parle tiennent à peine compte de l'inflation. Si on reprend du tout début, du Plan d'action jusqu'à la Feuille de route, on verra que ce qu'on fait auprès des communautés ne leur offre aucune augmentation. On aura l'occasion d'en reparler.
Monsieur le ministre, je voudrais revenir sur la question des Jeux olympiques. Je suis enchanté du fait que vous ayez reconnu que, effectivement, lors de la cérémonie d'ouverture, il y a eu des lacunes. Je vais à mon tour reconnaître que, du côté de l'organisation, de la signalisation, des annonces, c'était très bien, mais allons plus loin. Cette situation reflète un malaise, une difficulté que je pourrais qualifier de « nationale ». Il est vrai que les Jeux olympiques se tenaient à Vancouver, mais c'était les Jeux olympiques du Canada. J'espère qu'on est d'accord là-dessus.
Ce qui s'est produit reflète le fait que le français a été traité comme une langue de service, une langue utilitaire plutôt que, et contrairement à ce qu'elle est vraiment et à ce qu'elle devrait être, une langue identitaire, une langue de communautés, une langue culturelle dans laquelle un peuple exprime une volonté collective.
Moi, monsieur le ministre, comme francophone, quand j'ai regardé la cérémonie d'ouverture, je ne m'y suis pas identifié. Je peux imaginer pourquoi le premier ministre Charest a eu la réaction qu'il a eue. Je peux le comprendre et je vous félicite de la réaction que vous avez eue le surlendemain lorsque vous avez dit qu'il n'y avait pas eu suffisamment de français. Je pense que c'est le reflet d'un malaise qui se propage non seulement à cause de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. C'est un reflet qu'on connaît tous, c'est-à-dire que le français, au lieu d'être une langue identitaire, devient une langue de service ou une langue utilitaire.
Vous, comme ministre du Patrimoine et responsable des Langues officielles, comprenez-vous la signification de cette difficulté?
Après les Jeux olympiques, monsieur Moore, cela nous fait plaisir que vous soyez là. Je sais que vous êtes toujours disposé à revenir. On aura certainement d'autres questions à vous poser.
Il faut faire un bilan des Jeux olympiques. Je n'y étais pas, mais ce que j'ai vu de la séance d'ouverture m'a énormément déçue. J'en ai beaucoup entendu parler car les gens me téléphonaient pour me dire qu'ils étaient déçus, que cela n'avait aucun sens et que les francophones n'y étaient pas. Par contre, j'ai entendu dire que cela fonctionnait plus ou moins bien sur le terrain. Il y avait quand même de bons services, mais ce n'était pas parfait. Il y a eu des plaintes, des gestes, des gens étaient insatisfaits. Il faut aussi le reconnaître, il ne faut pas se fermer les yeux. Il faut s'assurer qu'on mettra les bouchées doubles la prochaine fois.
Pensons à ce qui s'est passé à Québec en fin de semaine. J'y étais samedi, car c'était le Red Bull Crashed Ice. Il y avait plus de 150 000 personnes, dont beaucoup d'anglophones de partout au Canada. Personne ne s'est plaint d'avoir été mal servi. Les services ont été rendus dans les deux langues et il n'y a pas eu de problème. Il s'agissait d'un événement international et qui a bien fonctionné. Cela peut peut-être servir d'exemple.
Parlons de notre inquiétude relative aux médias locaux, aux radios communautaires et à tout ce qui est communautaire. Ces gens se battent depuis des années pour être financés. J'en connais plusieurs dans mon comté. Ils sont sous-financés, ils ont souvent perdu leurs locaux, ils ont dû être hébergés par des groupes sociaux pour pouvoir continuer à fonctionner. De plus en plus, on se dirige vers cela. J'aimerais que vous nous assuriez que ces médias, qu'il s'agisse de radio ou de journaux, vont pouvoir survivre parce que, dans les petites communautés, c'est extrêmement important. Il y a beaucoup de bénévolat, mais s'ils n'ont pas une petite base solide leur permettant de fonctionner, ils vont tout simplement s'éteindre.
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Franco Médias 2010 était un projet important, et ce, pour plusieurs raisons. En tant que gouvernement, nous recherchons toujours des projets ou des investissements clés sur le terrain. Il ne s'agit pas seulement de grands projets, mais aussi, de temps à autres, de projets plus modestes qui peuvent aider les jeunes à apprendre et parler les langues officielles dans des régions du Canada où il est un peu plus difficile de trouver de l'emploi ou des débouchés. Ça peut permettre de faire part d'histoires qui se passent dans des communautés principalement anglophones et de parler de ces communautés anglophones dans les médias francophones qui sont disponibles partout au pays sous forme électronique. C'est important.
[Traduction]
Je pense que ce que le gouvernement cherche toujours en ce qui a trait aux langues officielles, par rapport aux nouveaux médias, c'est de trouver ces nouvelles possibilités. Je me souviens que lorsque j'ai commencé à faire de la politique, je disais toujours qu'il était dommage que lors de grands rassemblements publics au Québec, par exemple, les jeunes étaient tellement enthousiasmes devant la possibilité que le Québec quitte le Canada. Ils parlaient de quitter un pays qu'ils n'avaient jamais vu, au sujet duquel ils n'avaient jamais lu, dont ils n'avaient jamais entendu parler, dont on ne parlait jamais dans leurs médias car ce n'était pas disponible. Parce que lorsque l'on a une tragédie, comme une fusillade à Prince George, ou un grand succès, comme les Jeux olympiques, ou tout autre grand moment, tous les Canadiens devraient être au courant. Tous les Canadiens devraient être au courant des expériences communes, tragédies, triomphes, succès, échecs et luttes de leurs concitoyens. Nous devrions tous être au courant de cela.
Mais lorsqu'il y a une barrière linguistique entre une région du pays et une autre, cela n'aide pas l'avenir de notre pays si nous ne pouvons partager ces expériences, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Donc lorsqu'on a ce projet, Franco Médias 2010, il s'agit en fait de prendre quelques jeunes qui voudraient devenir journalistes, de leur donner un peu d'argent et de les laisser parler des Jeux olympiques. Non pas seulement des aspects des jeux liés aux sports, mais des événements adjacents aux jeux — les bénévoles, l'infrastructure, les succès, les aspects importants sur le terrain et dont on ne parle pas souvent —, de faire en sorte qu'ils parlent de toutes ces choses en français aux Canadiens partout au pays, de sorte que ces événements ne soient pas tout simplement filtrés par les radiodiffuseurs officiels de CTV, que l'on puisse ainsi faire cela dans le cadre de différents projets comme celui-ci afin de pouvoir communiquer ces expériences dans les deux langues officielles.
Prenons par exemple les inondations terribles qui ont eu lieu dans la province de Québec il y a environ dix ans; il n'est pas utile pour le pays si les gens de Port Moody, d'où je viens, ne peuvent pas être témoins de cet événement et de cette expérience et comprendre ce qui s'est passé dans leur propre langue. Nous devons comprendre les tragédies et les succès qui ont lieu dans d'autres régions du pays, et lorsque la barrière est la langue, à notre avis, le rôle du gouvernement est d'investir dans des revues, dans les médias, dans des projets comme celui-ci pour les jeunes, de façon à surmonter ces obstacles afin que nous puissions partager tous ensemble ces expériences qui nous rapprochent les uns des autres au pays.