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Merci, monsieur Blaney.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité aujourd'hui. Je comparais devant vous à la suite du dépôt du Rapport annuel du commissaire aux langues officielles, qui a eu lieu le 2 novembre dernier. Ce rapport contient une évaluation du rendement de Bibliothèque et Archives Canada par rapport à ses obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles.
M. Mark Melanson m'accompagne aujourd'hui, étant donné que c'est lui qui chapeaute l'application de la Loi sur les langues officielles dans notre organisme.
Bibliothèque et Archives Canada réunit les fonds, les services et le personnel de deux organismes maintenant fusionnés: la Bibliothèque nationale du Canada et les Archives nationales du Canada. L'essence de son mandat consiste à préserver le patrimoine documentaire du Canada pour les générations actuelles et futures; être une source de savoir permanent, accessible à tous et qui contribue à l'épanouissement culturel, social et économique du Canada; faciliter au Canada la concertation des divers milieux, y compris évidemment les communautés de langue officielle en situation minoritaire intéressées à l'acquisition, la préservation et la diffusion du savoir; et, finalement, être la mémoire permanente de l'administration fédérale et de ses institutions.
[Traduction]
Des changements importants sont survenus au cours de la dernière décennie dans le domaine de I' information: production surabondante, création accélérée, multiplication des formats, facilité d'accès sans précédent et influence croissante des usagers. Le contraste frappant avec la période précédente, caractérisée par une création et une production restreintes, des sources faisant autorité, l'intervention de spécialistes, un nombre limité de formats, des échanges réduits et un nombre limité de participants. Cette nouvelle réalité force une remise en question des fondements mêmes des pratiques et théories traditionnelles qui ont structure la gestion de I 'information, la bibliothéconomie, le patrimoine documentaire et la constitution de la mémoire permanente du Canada.
Dans un environnement en constante évolution, BAC doit trouver les moyens d'atteindre des résultats optimaux en desservant la population.
[Français]
À titre de bibliothécaire et archiviste du Canada, je dirige le processus de modernisation de l'organisme dans toutes ses grandes sphères d'activité en garantissant le respect du mandat prescrit par la loi en matière d'acquisition, de préservation et de diffusion du patrimoine documentaire national pour les générations actuelles et futures.
Tout au long de ce processus, je puise dans mon expérience antérieure en tant que président du Conseil du Réseau des champions ministériels des langues officielles pour veiller à ce que le nouvel organisme incarne de manière exemplaire l'esprit et l'intention de la Loi sur les langues officielles.
Selon moi, le respect des langues officielles constitue une marque de respect pour les collègues et la population canadienne. Il y va aussi de la pérennité institutionnelle et constitutionnelle, une façon de mettre en valeur notre singularité et de dynamiser nos valeurs nationales au quotidien. En un mot, il s'agit de respecter nos principes fondateurs.
L'avenir des langues officielles dépend de notre volonté et de notre aptitude à assurer la dualité linguistique. Il n'est pas nécessaire d'attendre de nouvelles règles, de nouveaux règlements; il faut agir avec les règles et règlements que nous avons, dans le respect de nos valeurs et en faisant preuve de créativité ainsi que d'esprit novateur.
Les Canadiens s'attendent à ce que leur fonction publique fédérale soit institutionnellement bilingue, pas uniquement pour les servir dans la langue officielle de leur choix, mais également pour nourrir la réflexion sur les politiques publiques grâce au travail et aux idées nouvelles provenant des deux communautés de langue officielle.
[Traduction]
Concernant le rapport annuel publié par le commissaire aux langues officielles, je voudrais répondre sous trois angles: les réussites de BAC, les domaines où des progrès sont réalisables et les domaines où nous avons pris d’importantes mesures d’amélioration.
En particulier, BAC a eu droit à des notes parfaites pour la prestation de ses services dans les deux langues officielles, en personne ou au téléphone. Bibliothèque et Archives Canada a été l’une des trois institutions seulement à recevoir une note parfaite pour l’offre active de services au téléphone.
Par ailleurs, Bibliothèque et Archives Canada est fière d’avoir obtenu la plus haute note décernée, parmi les 16 institutions fédérales évaluées, pour l’application de la Loi sur les langues officielles sur les lieux de travail.
Je tiens enfin à mentionner que l'évaluation des mesures globales prises par BAC pour favoriser l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire a été réalisée au cours de la première année d'un plan quadriennal des langues officielles.
[Français]
Compte tenu du délai imparti pour la concrétisation du plan d'action de BAC, il est attendu que des ajustements seront nécessaires, après la première année de mise en oeuvre, eu égard à la nature même du travail lié à la gestion du patrimoine documentaire d'une collectivité.
Nous ne sommes plus au temps où un service d'archives nationales déterminait unilatéralement ce qui constituait la collection adéquate du patrimoine documentaire pour une communauté de langue officielle en situation minoritaire et l'accessibilité à ce patrimoine. Un organisme moderne comme Bibliothèque et Archives Canada cherche à former des partenariats avec les membres de ces communautés pour qu'ils participent activement à la résolution des questions concernant leur propre patrimoine. Cette consultation et cette collaboration constructives servent d'assise au plan d'action de BAC pour promouvoir la viabilité et la pérennité des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
À titre d'illustration, cette année, lors de la Conférence des archivistes fédéral, provinciaux et territoriaux, un projet de collaboration a été lancé pour élaborer une stratégie nationale relativement au patrimoine documentaire des collectivités franco-canadiennes. Ce projet rassemble les archives territoriales du Yukon, les archives provinciales du Nouveau-Brunswick, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Ontario et de l'Île-du-Prince-Édouard, Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada.
À l'heure actuelle, les organismes partenaires participent activement aux consultations pour fixer les nouveaux paramètres du projet et les critères à retenir pour documenter un patrimoine commun.
[Traduction]
La formation de ce réseau conduit également à penser que BAC aura l'occasion de partager son expertise croissante dans le domaine numérique avec les communautés minoritaires de langue officielle. La transition d’un monde analogue vers un monde numérique permet à ces communautés de transcender leur isolement géographique en améliorant les échanges entre les membres de la communauté et avec les ministères fédéraux. Le réseautage social multiplie les occasions de renforcement des liens communautaires, et BAC, en partenariat avec les collectivités, peut consigner les particularités de cette transition vers la réalité numérique du XXIe siècle.
[Français]
Monsieur le président, le projet de modernisation de Bibliothèque et Archives Canada repose fondamentalement sur le principe de la promotion de la dualité linguistique canadienne. L'accomplissement de notre mandat pour fournir aux citoyens un accès permanent à leur patrimoine documentaire exige de poursuivre notre collaboration avec les communautés minoritaires de langue officielle pour garantir la préservation de leur patrimoine.
Je vous remercie et il me fera plaisir de répondre à vos questions.
Bonjour, monsieur Caron. Bonjour, monsieur Melanson.
Je vais vous avouer sincèrement qu'en tant que porte-parole des langues officielles au Bloc québécois, j'ai été très étonné quand j'ai vu la note. Évidemment, ce n'était pas dans le sens heureux du terme. L'étonnement est double parce que j'ai visité le centre, à Gatineau. J'ai déjà eu recours à vos services sur la rue Wellington, ici à Ottawa. Pour tenter d'expliquer cette situation, j'ai pensé à une foule de choses.
Je dois avouer qu'en tant que consommateur et, plus tard, comme député, je n'avais rien à reprocher à Bibliothèque et Archives Canada. Cependant, il est certain que le commissaire aux langues officielles fait des études beaucoup plus approfondies. À l'époque, lorsque j'ai rencontré M. Wilson — et je vous ai rencontré également, monsieur Caron, à propos d'un autre dossier —, il m'a fait part de difficultés concernant le transfert entre l'édifice de la rue Wellington et l'endroit où vous êtes présentement. Selon moi, il y a peut-être beaucoup à faire en ce qui a trait à la culture au sein de la boîte. Il y a eu au moins une pétition pour éviter le transfert des gens d'Ottawa à Gatineau. On disait que c'était
[Traduction]
parce qu’ils ne voulaient pas partir là-bas, dans la brousse.
[Français]
Vous connaissez l'histoire mieux que moi. Les gens ne voulaient pas travailler à Gatineau, un lieu francophone éloigné, situé à l'autre bout du monde. Or cet endroit est à 17 km ou moins d'ici. Il y a donc cet aspect de la culture interne.
Je pense en particulier à une statistique concernant le service en personne. C'est dans le rapport du commissaire. On y mentionne que dans 100 p. 100 des cas, vous annoncez visuellement que vous faites de l'offre active. Je lève mon chapeau. On indique par contre que la proportion est de 56 p. 100 lorsque vient le temps d'ouvrir la bouche et de répondre aux gens qui veulent du service en français. Donc, seulement 56 p. 100 des services sont offerts en français.
Quel genre d'électrochocs faut-il pour faire comprendre...? D'autant plus que nous sommes dans la région de la capitale nationale. Ailleurs au pays, le choc peut être grand, et la question de la majorité anglophone unilingue peut être très présente, mais ici... Monsieur Melanson, vous avez le dossier en main. Monsieur Caron, vous l'avez aussi. Vous êtes le « porte-dossier », si je peux me permettre cette expression.
Que faut-il faire pour que la prochaine fois, vous ayez des « A » partout en ce qui concerne la culture de votre organisme?
Ce que je voulais dire, et que je crois encore, c’est que nous devons aller au-delà de toutes nos obligations et être porteurs d’un esprit de bilinguisme dans les institutions et dans toutes les institutions fédérales.
J’ai tenu les mêmes propos aux dirigeants d’organismes fédéraux, c’est-à-dire que s’il est vrai que nous devons obéir à des règles, nous devons en faire davantage pour donner vie à ce concept et le rendre possible.
Ce que nous voulons vraiment, c’est donc insuffler un véritable esprit de bilinguisme dans les institutions. Il ne s’agit pas simplement d’en arriver au point B entre autres, ce n’est pas l’état d’esprit recherché. Il nous faut des institutions véritablement bilingues, qui puissent servir les Canadiens dans la langue de leur choix.
C’est la conclusion à laquelle m’amène ma lecture des écrits du XVIIIe siècle qui traitent de nos principes fondateurs. Cela est inscrit dans les principes fondateurs de notre pays.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à monsieur Caron et à monsieur Melanson. Merci d’avoir pris le temps d’être parmi nous aujourd’hui.
Je tiens aussi à vous féliciter pour la note qui vous a été décernée. Nous savons aussi que quoi qu’on fasse, il y a toujours place à l’amélioration. Je crois que c’est une qualité de tout enseignant — on cherche sans cesse à améliorer les autres.
Je dois dire que j’aime votre idée d’oublier nos vieilles notions de bilinguisme d’obligation et de continuer de développer ce que vous qualifiez de bilinguisme positivement nécessaire et volontairement adopté. C’est du cœur que provient tout ce qui est fait volontairement, parce que c’est lui qui donne à tout une coloration plus agréable et positive.
Je suis donc persuadée que ces deux caractéristiques — se montrer positif et agréable dans son ministère — apporteront elles aussi une grande différence dans votre note. Ce sont aussi des caractéristiques qui plaisent aux gens qui visitent votre ministère.
Je suis une députée du Nouveau-Brunswick et j’ai donc été heureuse de vous entendre dire ce matin que la Conférence des archivistes fédéral, provinciaux et territoriaux inclut le Nouveau-Brunswick parmi ses provinces. Vous savez comme moi que le Nouveau-Brunswick renferme beaucoup de poches de population francophone, et que les services bilingues y sont tout aussi importants que dans l’ensemble de notre beau pays.
Comme je suis enseignante, je suis certainement très consciente de l’importance des beaux et grands services offerts par les bibliothèques, qui dispensent une information abondante. Il faut que cette information soit disponible à tous.
Pour en venir à ma question, il est bien connu que la responsabilité pour les langues officielles incombe au ministère du Patrimoine canadien. Je me demande quel est votre degré de collaboration avec Patrimoine canadien pour établir des mesures positives susceptibles d’assurer une plus grande conformité à la partie VII de la Loi sur les langues officielles.
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Merci, monsieur le président.
Je ne peux pas vous féliciter. Si j'étais rentré à la maison, dans le temps où j'étais à l'école, avec un bulletin portant des notes « E » et « D », je n'aurais pas été très populaire. Je peux vous l'assurer.
Une voix: Vous auriez été puni.
M. Claude Gravelle: J'aurais été très puni.
À mon avis, le fait que vous pensiez que le bilinguisme devrait s'implanter de façon volontaire représente un grand pas de reculons. J'ai fréquenté une école bilingue. Quand quelqu'un fréquente une école bilingue, il fréquente une école anglaise. Ce n'est pas une école française ni une école bilingue. J'espère que ce ne sera jamais une décision volontaire.
Quand, pour la dernière fois, avez-vous rencontré le commissaire aux langues officielles, en personne, pour discuter des langues officielles?