Merci de nous avoir invités à témoigner devant votre comité. Nous avons de bonnes nouvelles du Manitoba à annoncer. Vous avez en main un exemplaire de mon exposé, donc plutôt que de le lire textuellement, je vais vous en résumer les grandes lignes.
Je suis accompagné de mon collègue, Colin Lemoine, qui pourra m'aider dans notre autre langue officielle, si vous le préférez. Il est analyste des politiques et personne-ressource clé dans le cadre de notre initiative francophone en cours.
Je suis en outre accompagné de Lei Wang, qui se joint à nous ici à Ottawa pour des rencontres avec Citoyenneté et Immigration Canada, un partenaire clé dans le cadre de nos efforts ainsi que de notre programme d'aide à l'emploi pour les immigrants.
J'aimerais vous fournir un peu de contexte tiré du document que vous avez devant vous, et vous parler des cibles que nous avons établies au Manitoba, soit 7 p. 100 d'immigration francophone. Cette cible est ambitieuse, mais c'est dans notre habitude, au Manitoba.
La plupart de nos réalisations dans la province dans le domaine de l'immigration se fondent sur notre partenariat avec Citoyenneté et Immigration Canada. Notre accord bilatéral, l'Accord Canada-Manitoba en matière d'immigration, nous a vraiment aidés, grâce à nos programmes des candidats de la province et à notre accord déléguant la responsabilité de l'établissement au Manitoba, à réaliser les progrès que nous avons enregistrés en matière d'immigration au cours de la dernière décennie.
J'aimerais vous parler davantage de notre initiative francophone, mais sachez qu'à l'origine, autour de 1998 ou 1999, notre province n'attirait pas d'immigrants. Le Canada, et encore moins le reste du monde, ne nous considérait pas comme une destination de choix pour les immigrants.
Or, grâce à ce partenariat extrêmement créatif et dynamique, nous avons réussi à faire du Manitoba l'une des destinations les plus prisées pour les immigrants au Canada. Nous y sommes arrivés en établissant des cibles ambitieuses, que nous avons pu atteindre, soit 10 000 admissions jusqu'en 2006, et une cible renouvelée de 20 000 admissions d'ici 2016. Une partie du problème qui se pose avec ces cibles ambitieuses établies pour l'immigration francophone, c'est que même si le nombre global d'immigrants s'est accru, il nous faut encore rattraper quelques points de pourcentage.
Voilà donc en gros notre stratégie en matière d'immigration.
Évidemment, nous n'y sommes pas arrivés seuls. J'ai déjà mentionné le solide partenariat que nous avons établi avec le gouvernement du Canada. Les intervenants communautaires, avec qui nous travaillons en étroite collaboration, ont également joué un rôle clé. Vous trouverez, dans le document devant vous, une liste des principales organisations avec lesquelles nous collaborons dans nos collectivités francophones, pas seulement à Winnipeg, mais dans l'ensemble de la province du Manitoba, dans toutes les régions.
Nous essayons de faire en sorte qu'environ 75 à 80 p. 100 des immigrants soient admis au titre du programme des candidats de la province, et que 30 p. 100 de ces candidats s'établissent à l'extérieur de la région de la capitale, soit à l'extérieur de Winnipeg. La répartition des immigrants francophones n'est pas la même, puisqu'ils se concentrent encore principalement dans les zones urbaines. Néanmoins, les collectivités régionales sont des acteurs clés dans cette stratégie, grâce à des organisations comme le CDEM, soit le Conseil de développement économique du Manitoba.
Permettez-moi maintenant de vous parler un peu de notre programme de promotion et de recrutement et de ce qui importe le plus, soit l'aide que nous offrons aux immigrants à leur arrivée.
Nos campagnes de promotion et de recrutement ont ciblé surtout la francophonie, dans son ensemble, et quoique certains pays dominent naturellement, nous nous intéressons à tous les pays dont une partie de la population est francophone et pourrait envisager de migrer vers le Manitoba.
Nous avons effectué nos missions de promotion et de recrutement en étroite collaboration avec un partenaire important, la Société franco-manitobaine. Il s'agit également là d'un de nos partenaires clés dans les programmes d'établissement. Les organisations énumérées dans notre mémoire — CDEM, ANIM, etc. — sont également associées à la SFM. Nous avons participé avec eux à des initiatives de recrutement en France, en Belgique et en Afrique occidentale. Nous pouvons dire que, de façon générale, notre public cible se répartit en trois catégories.
Les étudiants internationaux, inscrits au Collège universitaire de Saint-Boniface, sont un des éléments clés de notre stratégie d'immigration: nous voulons que ces étudiants internationaux deviennent résidents permanents grâce au programme des candidats de la province. Il s'agit là d'une composante importante de notre stratégie d'immigration dans le cadre dudit programme.
Le Manitoba a été la première province à ajouter une catégorie au programme des candidats pour les étudiants internationaux, afin de leur permettre de passer de résidents temporaires à permanents s'ils trouvent un emploi après l'obtention de leur diplôme. Cette initiative continue de porter ses fruits au Manitoba. Le collège, qui est notre université francophone la plus importante et la plus couronnée de succès, ne fait pas exception. En fait, je pense que, proportionnellement, les étudiants sont plus nombreux à être titulaires d'un diplôme de cette université plutôt que d'autres. Cette initiative au collège remporte un franc succès, surtout auprès des étudiants d'Afrique occidentale — du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Burkina Faso et du Mali.
Nous avons rendu visite à nos partenaires des ambassades de ces régions pour donner davantage de visibilité à notre communauté et à nos établissements. Le défi à relever lorsqu'on est une province qui ne représente pas un premier choix ou un choix logique pour les immigrants francophones, c'est de se faire connaître, de montrer qu'il est possible ailleurs qu'au Québec de vivre en français et d'offrir une éducation dans cette langue à ses enfants. Comme nous considérons que le Manitoba est doté de tous ces atouts, nous nous sommes associés à ces établissements pour mieux nous faire connaître dans ces pays ciblés.
D'autre partenaires nous ont aidés, notamment la section des visas de l'ambassade à Paris et, évidemment, Citoyenneté et Immigration Canada. Les activités comme Destination Canada et les fonds alloués par le gouvernement fédéral à ce genre d'initiatives jouent un rôle essentiel en donnant l'occasion à toutes les provinces de se présenter comme destination éventuelle pour les immigrants en provenance de la France, de la Belgique et des régions francophones de l'Europe. C'est différent de ce que promet le Québec, qui est évidemment le premier choix pour de nombreux immigrants francophones, mais il s'agit tout de même d'un milieu où vous, votre famille et vos enfants pouvez travailler et vivre dans les deux langues officielles. Grâce à nos programmes d'immersion dans les écoles et à nos établissements d'enseignement postsecondaire, vous pouvez très certainement offrir une éducation en français à vos enfants.
Je crois que ces efforts de promotion et de recrutement, bien qu'ils portent leurs fruits, doivent encore être peaufinés. J'ai profité de ma visite ici à Ottawa pour rencontrer mes collègues, internationaux et locaux, à Citoyenneté et Immigration Canada, pour qu'on puisse trouver de nouvelles stratégies et initiatives, dont je me ferai un plaisir de discuter davantage.
Si nous en sommes maintenant là au Manitoba, c'est que nous nous sommes faits connaître et que nous avons adopté des approches novatrices: nous avons établi des partenariats avec les collectivités et des établissements, le gouvernement fédéral et des bureaux à l'étranger pour innover, tout en maintenant l'intégrité et les normes d'assurance de la qualité nécessaire en matière d'immigration. Si nous voulons continuer à attirer plus d'immigrants francophones à l'extérieur du Québec, il nous faudra maintenir ces partenariats créatifs et innovateurs.
En matière d'immigration, nous insistons souvent sur le nombre d'admissions, mais nous considérons que notre réussite au Manitoba est principalement attribuable à l'aide que nous apportons aux immigrants à leur arrivée, grâce à nos programmes d'établissement. Nous finançons divers programmes de formation linguistique, d'établissement et d'intégration, ainsi que des programmes d'aide à l'emploi pour les nouveaux arrivants, et nous considérons qu'il s'agit là d'une des principales raisons pour lesquelles notre taux de rétention des immigrants est si bon.
Ce qui distingue notre programme des candidats de la province — surtout par rapport à nos collègues dans l'Ouest —, c'est qu'ils ne misent pas sur les travailleurs étrangers temporaires. Nous choisissons nos candidats éventuels en nous basant davantage sur un modèle de capital humain; nous pouvons dire que notre programme cadre davantage avec la philosophie du programme d'immigration au niveau fédéral, puisque nous nous inspirons de ces critères de sélection. Ainsi, la plupart des immigrants n'ont pas d'emploi réservé. Nous admettons évidemment des travailleurs étrangers temporaires, mais 70 p. 100 de nos immigrants sont des gens ou des familles qui arrivent sans avoir d'emplois qui les attendent.
Notre taux de participation au marché du travail est l'un des plus élevés au Canada. Il est également l'un des plus élevés parmi les programmes des candidats de la province. Il se situe à environ 80 p. 100, selon la conjoncture économique. Néanmoins, il est toujours élevé. Il est attribuable à l'aide que nous apportons pour les immigrants à leur arrivée et par la suite.
Les immigrants francophones ne font pas exception. Nous travaillons en très étroite collaboration avec nos partenaires pour veiller, grâce à L'Accueil francophone et à d'autres organisations, à ce qu'à leur arrivée, les immigrants soient accueillis, qu'ils reçoivent des conseils et qu'ils soient aiguillés vers les programmes dont ils ont besoin au début de leur établissement. Par la suite, évidemment, on les aide à trouver des occasions de formation linguistique et d'emploi.
Je tiens à souligner le fait que l'immigration francophone est un des éléments de notre accord bilatéral avec le gouvernement fédéral, lequel a été renouvelé en 2003 et est en train d'être reconduit à nouveau, afin que l'immigration francophone soit une priorité absolue. J'oublie parfois de le signaler, parce que même sans cet accord, cela demeurerait une priorité pour nous au Manitoba.
C'est important puisque cela reflète la composition de notre communauté. C'est une stratégie importante et une priorité pour notre gouvernement. Fort de notre partenariat fructueux avec le gouvernement fédéral, puisque nous finançons aussi conjointement certaines de ces organisations, nous pensons avoir atteint de bons résultats jusqu'à maintenant, ce que démontrent en partie les chiffres énumérés dans le document.
Ce qui motive notre division et les collectivités — j'ai rencontré un certain nombre de nos partenaires avant de venir me joindre à vous —, c'est nos efforts constants et nos réalisations, comme la foire d'emplois Destination Canada, qui s'est tenue en novembre. À cette occasion, une vaste équipe, composée non pas seulement de représentants d'organisations gouvernementales, mais également d'organisations communautaires, urbaines et rurales, s'est rendue en France pour rencontrer des familles, pour leur parler du Manitoba et de ses collectivités francophones.
Cette activité a porté ses fruits. Trente familles qui n'avaient probablement jamais entendu parler du Manitoba, de Saint-Boniface ou de nos collectivités francophones auparavant, sont intéressées au Canada et présentent maintenant des demandes. Certaines de ces familles ont déjà été approuvées et ont déjà séjourné dans notre province.
C'est l'approche qu'il faut adopter, soit travailler sur le terrain dans des pays où les gens s'intéressent au Canada, pour les convaincre que le Manitoba est une destination de choix, et pour les appuyer tout au long du processus, de la sélection jusqu'à leur arrivée et même par la suite, pour veiller à leur établissement.
J'imagine qu'il ne me reste plus de temps. J'ai débordé un peu, alors je m'arrêterai là. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Bonjour, monsieur le président, et bonjour à vous, mesdames et messieurs les membres du comité parlementaire. Merci infiniment de nous avoir invités à vous faire un exposé ce matin.
J'aimerais vous présenter Joëlle Désy. Joëlle est l'une de mes collègues à l'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse. Elle est notre francophone désignée au sein de l'office.
Merci, Joëlle, de m'avoir accompagnée.
Tout comme Ben, je vais essayer de situer pour vous la question dans son contexte. Je vais peut-être faire des comparaisons entre la Nouvelle-Écosse et le Manitoba pour vous donner une idée de notre situation comparativement à celle du Manitoba.
La Nouvelle-Écosse compte un peu moins d'un million d'habitants. De ce nombre, il y a environ 35 000 personnes dont la langue maternelle est le français. Ce sont les Acadiens. Parmi ces 35 000 personnes, il y en a environ les deux tiers qui vivent dans des régions très rurales de la Nouvelle-Écosse. Cela vous donne une petite idée de la composition de notre population.
Vous savez peut-être également que la population de la Nouvelle-Écosse est plus âgée que celle de n'importe quelle autre province canadienne, et l'immigration est donc très importante pour nous pour diverses raisons: marché du travail, population, diversité culturelle et, bien entendu, le maintien de la langue française.
Contrairement au Manitoba, l'Office de l'immigration de la Nouvelle-Écosse n'a pas entrepris d'efforts sérieux avant 2005. Avant cette date, notre position était que c'est bien lorsque des immigrants viennent chez nous et que c'est bien qu'ils restent. Mais il n'y avait aucune politique pour véritablement appuyer une initiative en matière d'immigration.
Cela a changé en 2005 avec l'adoption d'une stratégie et l'ouverture de l'Office de l'immigration. Notre bureau est petit comparé à celui du Manitoba, mais je pense que nous avons eu beaucoup de chance puisque le Manitoba nous a reçus avant l'ouverture de notre Office de l'immigration. Les Manitobains nous ont fait profiter des nombreuses leçons qu'ils avaient apprises et ils nous ont fait part de leurs excellents programmes et de leurs brillantes idées. Le Manitoba est un phare pour les autres provinces. Sa stratégie en matière d'immigration est audacieuse et c'est la clé de son succès. Nous suivons donc son exemple à de nombreux égard.
Je tiens également à dire que, comme le Manitoba, nous avons signé une entente avec le gouvernement du Canada, avec Citoyenneté et Immigration Canada. C'est notre principal partenaire en matière d'immigration et il nous fournit la part du lion du financement pour les programmes d'établissement.
Cependant, contrairement au Manitoba, nous n'avons pas d'entente de transfert des responsabilités. Alors, la division de la Nouvelle-Écosse au sein de Citoyenneté et Immigration Canada fournit des fonds directement aux organismes communautaires pour financer leurs programmes.
Mais nous avons de bonnes nouvelles. En 2003, notre année de référence pour les données sur l'immigration, la Nouvelle-Écosse a accueilli environ 1 400 personnes. En 2008, ce nombre était passé à plus de 2 650. Il s'agit d'une augmentation d'environ 79 p. 100. Nous pensons être sur la bonne voie, mais nos chiffres sont modestes, surtout lorsqu'on les compare à ceux du Manitoba. Mais nous croyons que nous avons préparé le terrain pour assurer le succès de notre programme d'immigration.
Non seulement le nombre d'immigrants qui se sont établis dans notre province a doublé, ils sont également plus nombreux à y rester. En 2003, selon les données du recensement de 2001, 40 p. 100 seulement des immigrants restaient dans la province. C'était très gênant, mais je suis fière de vous dire que d'après le recensement de 2006, nous conservons 64 p. 100 des immigrants. Nous sommes donc ravis par ces deux tendances, mais nous savons aussi qu'il nous reste encore pas mal de chemin à parcourir.
Comme le Manitoba, nous avons une entente en matière d'immigration, et une annexe, ou une partie de l'entente, qui nous permet également d'avoir un programme des candidats de la province. Cependant, contrairement au Manitoba, ce programme représente environ le tiers des immigrants reçus. Au Manitoba, c'est de 70 à 80 p. 100, d'après ce que vous disiez, mais chez nous, c'est seulement le tiers, ce qui veut dire que nous pouvons encore optimiser notre programme des candidats de la province.
Nous avons également créé des partenariats avec des organismes communautaires locaux et, bien sûr, avec les organismes acadiens francophones locaux. Ce partenariat nous a bien servis. Nous fournissons des fonds aux organismes pour financer leurs initiatives, tout comme le fait Citoyenneté et Immigration Canada — et je crois qu'ils ont également accès à d'autres sources de financement. Donc, nous avons créé un partenariat avec eux.
Nous avons également participé à Destination Canada, aux foires d'immigration à Paris, en France, au Maroc et dans d'autres régions du monde. Nous avons commencé en 2005 seulement et nous commençons à voir les résultats de ces foires d'immigration. Nous commençons à obtenir un rendement sur cet investissement en Nouvelle-Écosse.
En Nouvelle-Écosse, il existe un organisme de premier plan qui aide à l'établissement des immigrants. Il a récemment changé de nom. Il s'appelle maintenant Immigrant Settlement and Integration Services of Novia Scotia, ou ISIS. C'est un petit organisme qui fonctionne néanmoins très efficacement. Il offre des programmes dans différents domaines: établissement, formation linguistique, intégration au marché du travail, etc. Les programmes et services de l'organisme sont offerts en français à tous les immigrants francophones qui viennent s'établir en Nouvelle-Écosse. Une bonne part des programmes de l'organisme sont d'ailleurs offerts en français.
Grâce au processus de sélection et à notre programme de candidats, lequel est notre principal outil pour attirer des immigrants, nous avons la possibilité d'augmenter notre taux de rétention. Si nous choisissons bien les immigrants — c'est-à-dire, si nous sélectionnons comme candidats les personnes qui sont susceptibles de venir en Nouvelle-Écosse, d'y rester et d'y réussir leur vie —, nous pourrons certainement améliorer nos taux de rétention. Notre programme de candidats est notre outil principal à cet égard.
Comme je l'ai dit, ce programme représente environ un tiers de nos immigrants ayant obtenu le droit d'établissement. Jusqu'à présent, nous avons probablement choisi comme candidats moins de 2 000 personnes, mais des 2 600 immigrants ayant obtenu le droit d'établissement l'an dernier, environ 229 ont dit que le français étaient leur seule langue officielle parlée ou qu'ils parlaient les deux langues officielles. Je crois qu'environ 27 d'entre eux ont dit que le français était la seule langue officielle qu'ils pouvaient parler; les 202 autres ont déclaré qu'ils étaient bilingues.
Il ne s'agit donc pas de nombres considérables, mais nous sentons que nous allons dans la bonne direction et que nous attirons de plus en plus d'immigrants. Comme je l'ai dit, nous établissons les bases de nos partenariats avec des organisations acadiennes et francophones et avec l'Université Sainte-Anne. Mais je rappelle que la Nouvelle-Écosse a une Loi sur les services en français, qui assure la prestation de services en français.
Notre bureau de l'immigration a aussi pris des engagements à cet égard. Nous participons à des comités nationaux et à une table ronde locale sur l'immigration de francophones, laquelle doit permettre d'établir des stratégies pour recruter et retenir plus d'immigrants.
Comme le temps file, je terminerai en parlant de l'élaboration d'une nouvelle stratégie. Notre première stratégie date de 2005, et elle viendra bientôt à échéance. Nous élaborons actuellement une nouvelle stratégie d'immigration pour la Nouvelle-Écosse.
Nous avons consulté nos partenaires francophones à ce sujet, et ils ont exprimé une vision très claire concernant le besoin d'attirer des immigrants francophones en Nouvelle-Écosse. Ils ont notamment recommandé d'améliorer l'information sur les communautés et les services acadiens et francophones qui était offerte aux immigrants francophones confirmés et éventuels, et ce, avant même leur arrivée. Comme Ben l'a indiqué, il est important de travailler avec les immigrants avant qu'ils arrivent au Canada pour qu'ils soient bien informés concernant les services qui seront mis à leur disposition en Nouvelle-Écosse.
Par ailleurs, les organisations francophones aimeraient fournir directement des services d'aide à l'établissement, d'intégration au marché du travail et de formation linguistique. À l'heure actuelle, l'organisme ISIS fournit la majeure partie de l'aide à l'établissement et de la formation linguistique. Les organisations francophones souhaitent qu'il y ait une ou des organisations distinctes qui fourniraient ces services en français. Il s'agirait d'organismes francophones. Enfin, elles aimeraient que ces services soient fournis grâce à la création d'un centre d'accueil pour les immigrants francophones.
Ces recommandations ont été présentées à Citoyenneté et Immigration Canada et au gouvernement provincial. Nous travaillons avec ces organismes pour voir si les recommandations en question doivent être mises en œuvre, mais nous sommes persuadés que nos partenariats avec ces organisations, avec Citoyenneté et Immigration Canada et avec nos collègues des autres provinces nous aideront à travailler très efficacement au chapitre de l'immigration francophone et de notre stratégie d'immigration générale.
Merci.
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Vous avez parfaitement raison. Notre équipe et les ministères concernés sont déterminés à faire avancer cet enjeu. C'est un défi pour nous.
Dans notre exposé, nous avons parlé de la grande proportion d'immigrants francophones qui, jusqu'à présent, relèvent de la catégorie « raison humanitaire ». Souvent, ces immigrants viennent d'Afrique. Dans le cas des personnes qui viennent d'un pays déchiré par la guerre et dont les études ont été interrompues, il est difficile de savoir où les placer dans le système scolaire.
Selon une certaine philosophie pédagogique assez répandue aujourd'hui, il est préférable de regrouper des personnes de même âge. Parfois, cependant, un tel regroupement ne fonctionne pas parce que les personnes en question ont manqué plusieurs années d'études, notamment. C'est un problème grave, et nous sommes déterminés à le régler. Pour ce faire, nous avons quelques pistes de solution.
Au gouvernement du Manitoba, lorsque le dossier de l'immigration était assez restreint, tout était centralisé dans un ministère. Il m'appartenait à moi, ainsi qu'à mes collègues ou à mon prédécesseur, de traiter ce dossier. Avec l'appui des organismes communautaires, nous avons jugé cependant que pour faire progresser cet enjeu, il fallait convaincre nos collègues des autres ministères que, à de nombreux égards, tout le monde devait contribuer au bon établissement des immigrants.
L'ancienne ministre de l'Immigration, Nancy Allan, a lancé une stratégie de croissance qui s'est avérée très efficace. Il s'agit d'un partenariat stratégique permanent qui regroupe différents ministères, dont le Secrétariat aux affaires francophones, et qui permet de corriger les problèmes liés à l'éducation et à la formation. Souvent, lorsqu'un dossier est centralisé dans un seul ministère, les gens disent qu'ils ne sont pas concernés. C'est pourquoi nous devons avoir un mandat commun. C'est ce qui a été reconnu au Manitoba.
Par ailleurs, je crois que Citoyenneté et Immigration Canada doit participer davantage au processus dès le départ.
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C'est une question complexe. J'essaierai de vous fournir une réponse qui soit à la hauteur.
En général, je ne crois pas que ce soit une question d'assimilation ni de taux, si taux il y a. Je crois que l'on doit regarder la réalité sur le terrain et les objectifs qu'on essaie d'atteindre. C'est certainement ce que l'on a fait au Manitoba.
Nous aurions ce type de conversation aujourd'hui si nous avions adopté le statu quo en 1998 et si nous avions dit, « À quoi bon? ». Si nous nous étions contentés de constater que les immigrants ne viennent pas au Manitoba et qu'ils seraient fous d'y venir, et cela a sans doute été l'attitude de certains agents d'immigration à l'étranger, nous n'aurions pas cette conversation aujourd'hui, car nous aurions été écartés du processus.
Il faut un point de départ. La réalité, pour beaucoup de communautés de langues officielles en situation minoritaire de l'extérieur du Québec, c'est qu'il faut d'abord prendre en compte la réalité bilingue avant de tenir des propos réalistes sur la capacité de vivre et de travailler en français dans la plupart des régions.
Nous estimons que notre objectif, une cible de 7 p. 100, et les partenariats sur le terrain nous permettront de transformer et de revitaliser les collectivités. Si nous les avions présentés aujourd'hui, vous auriez probablement constaté que le Saint-Boniface d'aujourd'hui est très différent du Saint-Boniface d'il y a dix ans.
Qu'il s'agisse de Saint-Pierre, de Saint-Malo ou de toute autre localité du Manitoba, nous voyons des possibilités et nous avons bon espoir que la stagnation et l'assimilation ne sont pas les seuls éléments en cause. Il existe un réel potentiel de croissance, une expansion des collectivités et un accroissement du fait français au Manitoba.
Nous avons du travail à faire. Comme nous l'avons dit, cela se traduit par davantage d'investissements dans les services offerts dans tous les milieux. Vous avez commencé par parler d'assimilation. Moi, je commencerais par me demander comment faire ce que nous avons accompli jusqu'à présent.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bienvenue à tous. Je vais parler en anglais pour que ce soit plus rapide. En effet, j'ai plusieurs commentaires à faire.
[Traduction]
Premièrement, nous avons parlé, monsieur Rempel, de certaines choses qui sont disponibles non seulement au Manitoba, mais à Saint-Boniface, et je me demande si vous connaissez le René Deleurme Centre de Saint-Boniface.
Non? Je ne veux pas vous mettre sur la sellette. Il relève du ministère de l'Éducation et je dirais à certains de mes collègues que même si vous nous faites un merveilleux exposé sur l'immigration, il y a d'autres choses dans le domaine de l'éducation qui peuvent aider à répondre aux besoins de nos collectivités, des collectivités francophones qui viennent dans notre merveilleuse province.
Le René Deleurme Centre est situé dans l'école Lavallée. Il existe justement pour s'occuper de situations comme celle de la collectivité congolaise mentionnée par M. Bélanger. Le René Deleurme Centre accepte des immigrants et des réfugiés. Ils sont amenés au centre et subissent une évaluation du niveau de scolarité qu'ils ont atteint car, bien sûr, de nombreux réfugiés ont interrompu leurs études. Ils évaluent également les besoins familiaux, car bon nombre de ces familles ont besoin de counselling.
Il faut en général trois ou quatre semaines pour évaluer ces familles, pour évaluer les enfants, puis pour les placer dans la bonne école, leur offrir les bons services de counselling, etc., pour leur permettre de bien s'intégrer. Je suis très fier que le gouvernement du Manitoba finance également ce genre de centre, mais cela fait partie du ministère de l'Éducation. Ainsi, la collectivité congolaise est très active. Je proposerais que nous invitions des représentants du René Deleurme Centre pour discuter de cette question.
En ce qui concerne l'éducation, nous avons un programme d'été auquel participe la collectivité congolaise. Cela se passe dans une école et les participants peuvent rattraper leurs études jusqu'au niveau qui correspond à leur âge. Dans le cadre du programme d'emploi d'été du Canada, ils ont eu accès à des fonds — ce qui les a aidés l'an dernier — et il y a des personnes qui étaient là pour les aider.
Bien sûr, pour ce qui est des services en français, vous avez parlé du Collège universitaire de Saint-Boniface, mais de nombreux organismes comme Pluri-elles offrent également des cours de français. Ce n'est donc pas le seul service disponible dans la province. C'est simplement celui que vous connaissez puisque vous travaillez dans le domaine de l'immigration, mais Pluri-elles et la SFM ont obtenu 112 000 $ l'an dernier justement pour aider les réfugiés à mieux s'intégrer. Il y a un certain nombre de choses disponibles.
J'aimerais également dire un mot sur le recensement, car il est tellement important que nous comprenions ce que M. Weston a dit pendant que nous faisons cette étude. Je ne suis pas compté dans le recensement, or je suis parfaitement bilingue. Bon nombre des familles nées au Manitoba, qui sont considérées comme étant des familles franco-manitobaines, ne sont pas comptées comme étant des francophones aux fins du recensement. Bon nombre de nos familles parlent les deux langues à la maison. C'est ainsi que cela fonctionne. Or, il n'y a aucune catégorie, aucune définition pour ces personnes, lorsqu'elles remplissent le formulaire de recensement. Ainsi, nous avons perdu tout un secteur de francophones qui ne correspondent pas aux définitions.
Nous avons parlé auparavant de modifier la définition du recensement afin de ne pas perdre ces personnes dans le calcul. Donc, je le répète, l'assimilation n'est pas le seul critère que nous devrions prendre en compte, car il y a des familles comme la mienne qui font que les chiffres sont en réalité plus élevés. Les étudiants en immersion font augmenter le nombre de personnes qui aimeraient avoir accès aux services en français. J'aimerais que l'on me compte. J'aimerais que mes enfants soient comptés et je pense qu'ils devraient l'être, afin que les services en français soient offerts de manière plus générale et pas seulement à ceux dont la langue maternelle ou la deuxième langue officielle est le français.
J'aimerais donc savoir ce que vous pensez de l'idée de modifier la définition pour inclure ces personnes qui ne sont pas comptées, mais qui méritent de l'être.