:
Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un plaisir d'être parmi vous.
[Français]
Je m'appelle Geneviève Moineau et je représente l'Association des facultés de médecine du Canada.
[Traduction]
L'Association des facultés de médecine du Canada représente la médecine universitaire au Canada et regroupe 17 facultés de médecine. Elle appuie et facilite la collaboration de ces 17 facultés dans leurs mandats de recherche en santé, d'éducation médicale et de soins cliniques, sans jamais se détourner de la responsabilité sociale.
Nous estimons avoir une position unique pour aider à soutenir et à faciliter tout effort aux niveaux fédéral et pancanadien. Partenariat universitaire de facultés de médecine, nous apportons un leadership collectif, nos compétences et nos efforts de promotion, l'objectif étant l'excellence en éducation, en recherche et en soins de santé pour tous les Canadiens.
Nos objectifs stratégiques sont donc les suivants: appuyer les facultés de médecine, leur corps professoral, leur personnel et leurs apprenants, les étudiants en médecine et les résidents; devenir le promoteur principal et la première source d'information en médecine universitaire au Canada; soutenir des initiatives de collaboration visant l'excellence et l'innovation en médecine universitaire; intégrer tout cela en vue d'améliorer la santé de l'ensemble de la population.
Nous appuyons fermement le mandat universitaire du point de vue de la responsabilité sociale. C'est là un principe fondamental de notre association.
J'ai la chance d'exercer la médecine pédiatrique d'urgence.
[Français]
Je travaille dans la salle d'urgence du Centre hospitalier pour enfants de l'est de l'Ontario.
[Traduction]
J'ai donc l'honneur de travailler main dans la main avec tous les professionnels de la santé qui interviennent pour soigner les enfants les plus gravement malades. La notion de « champ d'activité » est une réalité que je vis au jour le jour dans ma pratique. Je peux vraiment l'appuyer aussi bien comme dirigeante de l'association que comme dispensatrice de soins.
Dans notre travail à l'association, nous comprenons vraiment, dans le cadre de notre mandat de soutien à la recherche en santé, que les facultés de médecine sont au centre de tous les lieux où se pratique et s'exécute cette recherche. Nous sommes une grande source de stimulation pour tous les aspects économiques de la recherche en santé. Notre association surveille l'agrément dans les facultés de médecine et dans l'éducation médicale continue avec un grand nombre des partenaires qui sont ici avec moi aujourd'hui, l'Association médicale canadienne et...
[Français]
le Collège des médecins du Québec.
[Traduction]
Il faut signaler que tout notre travail d'agrément se fait au niveau national. Il s'agit d'un ensemble de normes et de processus qui s'étendent à l'ensemble du pays. Voici un autre exemple d'entreprise vraiment nationale en matière de santé, bien que le soutien et le financement se situent au niveau provincial.
Sur le plan de l'éducation, vous êtes nombreux à être au courant des importants projets que l'AFMC a dirigés, de ses projets sur l'avenir de l'éducation médicale. Le premier est le projet MD, que vous pouvez voir dans les notes qui vous ont été remises. Dix recommandations importantes sont en voie d'être mises en oeuvre.
Je signale plus particulièrement la huitième recommandation sur la pratique interprofessionnelle et intraprofessionnelle.
Je parlais de notre projet MD sur l'avenir de l'éducation médicale au Canada, dont la huitième recommandation porte sur la pratique interprofessionnelle et intraprofessionnelle. Nous mettons en oeuvre ces recommandations en ce qui concerne les facultés. C'est une entreprise suivie de notre association.
Le projet suivant porte sur l'avenir de l'éducation médicale et concerne l'éducation postdoctorale ou la formation en résidence. Grâce au généreux soutien de Santé Canada et avec la collaboration des facultés, nous avons formulé 10 recommandations dont voici la première: assurer une composition judicieuse de l'effectif, une répartition appropriée et un nombre suffisant de médecins pour répondre aux besoins de la société. Nous voyons là encore une considération importante, celle des changements possibles dans les champs d'activité, toujours pour répondre aux besoins de la société. Un des principes directeurs du projet consiste à valoriser, incarner et intégrer l'interprofessionnalisme et l'intraprofessionnalisme à l'apprentissage et à la pratique des résidents. Nous estimons être en bonne voie d'intégrer ces notions à l'éducation médicale et en résidence.
Ce qui manque ici, cependant, c'est une stratégie pour le médecin en exercice. Nous envisageons de lancer notre projet de l'avenir de l'éducation médicale sous l'angle du perfectionnement continu. J'espère que nous pourrons collaborer sur cet aspect.
L'AFMC aborde de bien des façons la notion de champ d'activité et la formation des professionnels de la santé. Je voudrais souligner un point: nous avons été invités à coprésider le Groupe de travail sur la planification des effectifs médicaux, qui a été mis sur pied par le Comité sur les effectifs en santé à la demande de la Conférence des sous-ministres de la Santé.
Son mandat est triple: élaborer un processus de collaboration et de coordination pour s'attaquer au déséquilibre entre l'offre et la demande de médecins, élaborer un outil pancanadien de planification afin d'offrir plus de renseignements sur l'offre de médecins et la demande de la société, et enfin, créer des produits qui aideront à fournir des renseignements exacts pour permettre à ceux qui font des études de médecine, y compris ceux qui étudient à l'étranger, ou envisagent de le faire, de prendre des décisions éclairées sur leur résidence et leur pratique.
L'AFMC est en fait un chef de file dans la création de données d'orientation professionnelle propres à aider, nous l'espérons, ceux qui doivent prendre des décisions sur leur carrière en médecine et ceux qui les aident à prendre ces décisions.
Nous, de l'AFMC, avons vraiment un point de vue unique ici. Nous déterminons l'avenir de notre profession, car nous prenons des décisions sur les admissions et la formation des étudiants en médecine et des résidents. Nous perfectionnons aussi ceux qui exercent déjà la profession et ont peut-être besoin de se recycler à cause des besoins en remédiation ou d'un changement dans leur champ d'activité.
Bien sûr, l'objectif de tout cela est d'améliorer les soins. La recommandation de notre association est donc que, selon elle, le gouvernement fédéral est idéalement positionné pour prendre des mesures afin de devenir, de façon constante, celui qui facilite l'harmonisation des professions actuellement réglementées et tenter d'améliorer la réglementation des champs d'activité dans l'ensemble des provinces et territoires.
Le gouvernement fédéral devrait, sur la base des meilleures preuves possibles, car il nous faut le plus de données possible pour informer nos décisions, appuyer un élargissement du champ d'activité des professions de la santé réglementées, le cas échéant, pour divers milieux d'exercice, avec l'appui et la supervision d'autres membres de l'équipe soignante, notamment les médecins, dans le but d'offrir aux patients des soins efficaces et efficients. Par soins efficients, je veux dire que les bons soins sont assurés au bon patient par le bon praticien réglementé.
La dernière recommandation, c'est que le gouvernement fédéral appuie le développement d'une consultation nationale sur le développement professionnel continu des médecins en mettant l'accent sur la prestation de soins interprofessionnels axés sur les patients et prodigués en équipe.
Comme j'exerce la médecine, que j'ai la possibilité de pratiquer... Toute réorientation à l'urgence se fait sur le mode de la pratique interprofessionnelle. On ne saurait trop insister sur l'importance de l'infirmière, du paramédical, du travailleur social, du pharmacien, l'importance du travail en équipe pour dispenser des soins centrés sur le patient.
Je m'occupe des soins dispensés à ma mère âgée, qui est actuellement dans un établissement de soins de longue durée. Je comprends là aussi l'importance d'un champ d'activité approprié et peut-être de l'élargissement de la pratique des dispensateurs de soins qui ne sont pas médecins. Nos facultés sont parfaitement d'accord là-dessus, et nous espérons être une source d'information dans un dialogue suivi avec vous sur la question.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur Lobb. Bonjour aux membres du Comité permanent de la santé.
Je suis médecin de famille. J'ai exercé la médecine à Corner Brook, à Terre-Neuve, pendant près d'un quart de siècle et j'ai travaillé au Collège de médecins de famille pendant 10 ans, avant de devenir directrice exécutive et PDG au début de l'an dernier.
C'est un honneur de comparaître et je vous remercie de votre invitation. Je vous proposerai une vue d'ensemble de nos pratiques exemplaires actuelles et expliquerai les contributions que le gouvernement fédéral peut apporter concernant le champ d'activité des médecins de famille au Canada.
Le Collège des médecins de famille du Canada, le CMFC, est le porte-parole de la médecine familiale au Canada. Il représente plus de 30 000 médecins de famille. Il défend les intérêts de ses membres pour assurer la prestation de soins de santé de grande qualité. Sur le plan de l'éducation, son mandat est d'établir des normes pour la formation, l'agrément et le maintien de l'agrément des médecins de famille et d'homologuer les programmes de formation postdoctorale en médecine de famille dans les 17 facultés de médecine au Canada.
Dans leur diversité et leur complexité, les services dispensés aux patients dans le champ de la médecine familiale sont essentiels au système de santé au Canada. Nous sommes le premier point de contact, la pièce maîtresse de la prestation des soins primaires et parfois secondaires. Tous les Canadiens devraient avoir un médecin de famille pour assurer des soins suivis, pendant toute la vie, dans la pratique familiale, les services d'urgence, les hôpitaux et chez les patients partout au Canada.
Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour soutenir les modèles innovateurs de soins primaires. Il doit travailler avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour améliorer la prestation de soins en équipe. Les équipes interprofessionnelles et les soins qu'elles offrent doivent être définis en fonction de la population desservie. Dans cette optique, les gouvernements peuvent favoriser le travail en collaboration des équipes par des structures de financement qui appuient le champ complet de la pratique de tous les dispensateurs de services, récompensent l'efficacité et l'efficience des équipes et renforcent la responsabilité des organisations à l'égard de l'accès et de la prestation de services axés sur les besoins.
Nous devons nous garder de morceler le rôle de ceux qui offrent les services. Pour qu'on ait l'impression d'être bien soigné... Je veux dire par là qu'il y a deux types d'expérience: une expérience des soins où, au bout du compte, on a l'impression que les soignants se sont vraiment occupés de soi, et une autre, où les bonnes décisions ont probablement été prises, mais où, en somme, on n'a pas vraiment l'impression qu'on s'est occupé de soi. Je parlerai du premier modèle.
Pour en arriver là, il faut que tous les soignants soient acceptés globalement. Le gouvernement fédéral doit s'efforcer d'assurer l'accès aux soins pour ceux qui habitent dans les coins reculés de notre pays et pour les collectivités autochtones. Nous avons conçu un nouveau modèle d'éducation fondé sur les compétences pour garantir que les résidents en médecine familiale acquièrent les expériences voulues de la prestation de soins complets, de la continuité des soins et des expériences d'éducation centrées sur la médecine familiale. Nous préparons les futurs médecins de famille à être socialement responsables envers toutes les populations, y compris les populations vulnérables, rurales et éloignées.
Nous espérons que le gouvernement fédéral pourra appuyer la vision de centre de médecine de famille pour le patient du CMFC: d'ici 2022, tous les Canadiens auront non seulement leur propre médecin de famille, mais aussi un médecin de famille dont la pratique offre un centre médical pour le patient. C'est un modèle de soins en équipe, un modèle axé sur le patient dans lequel les soignants travaillent dans tout leur champ d'activité pour assurer l'excellence des soins et visent les meilleurs résultats pour le patient.
À mon sens, les besoins de la population et les champs d'activité évoluent dans les différentes spécialisations médicales et professions de la santé. La prestation des soins en équipe permet aux professionnels de la santé comme les infirmières praticiennes et les auxiliaires médicaux de travailler avec les médecins de famille et d'offrir un large éventail de service. Grâce au chevauchement des champs d'activité, les patients peuvent profiter des forces propres aux divers professionnels de l'équipe. Une conception claire des champs d'activité des membres de l'équipe peut orienter le choix des soignants qui offriront les services de façon à répondre au mieux aux besoins du patient en lui offrant des soins de qualité dans les meilleurs délais.
Nous appuyons les modèles de pratique dans lesquels les professionnels autres que les médecins jouent un rôle accru pour améliorer l'accès aux soins. Nous devons veiller par contre à ce que l'élargissement des champs d'activité ne compromette pas la sécurité du patient ni la qualité des soins.
Par exemple, le droit de prescrire des médicaments doit aller de pair avec la capacité de faire un diagnostic, de tenir compte des diagnostics différentiels, des résultats des recherches et, surtout, du point de vue du patient sur la gestion des soins. Dans la plupart des cas, les professionnels qui obtiennent le droit de prescrire des médicaments ne doivent exercer ce droit que lorsqu'ils font partie d'équipes de collaboration qui comptent des médecins de famille.
Nous appuyons la collaboration et non la concurrence, car nous estimons que la collaboration aidera en fin de compte à assurer au patient de meilleurs soins dans de bons délais.
Pour le montrer, voici quelques exemples venus surtout de l'Ontario.
À London, une équipe de santé familiale déclare une réduction de 20 p. 100 environ, sur un an, de la proportion des patients atteints d'une maladie pulmonaire obstructive chronique dont le mal a été exacerbé. En 2011, l'équipe de santé familiale de Petawawa a fait état d'une amélioration de 30 p. 100 en un an de la proportion des patients diabétiques dont il a été solidement établi qu'ils contrôlaient mieux leur taux de glycémie. En Ontario toujours, il y a eu d'excellents exemples récents de collaboration entre des médecins de famille et des psychiatres, dans un modèle de soins en collaboration: un psychiatre vient en pratique familiale pour offrir des consultations et un soutien aux soignants, ce qui améliore l'accès et la qualité des soins psychiatriques.
Quant à la formation continue chez les médecins de famille, le gouvernement fédéral a un rôle à jouer, selon nous. Le collège offre une orientation et crée des normes pour les programmes de résidence, si bien que les médecins de famille peuvent commercer à exercer partout au Canada. Nous savons que le gouvernement fédéral a proposé un financement et des initiatives ciblés pour assurer les services dans les zones rurales et éloignées. Il a axé ses politiques sur la remise de prêts en contrepartie de l'exercice de la médecine dans les localités rurales. Nous sommes favorables à une mesure de l'impact de ces incitatifs sur le maintien en poste. Nous entendons dire que les localités rurales arrivent à recruter, mais qu'elles ont beaucoup de mal à retenir leurs médecins.
Il faut une approche pancanadienne pour aider à former les médecins non seulement dans le cadre hospitalier, mais aussi dans les collectivités, où est dispensée une si grande partie des soins que nous recevons tous.
Une fois qu'ils ont commencé à exercer, les médecins de famille ont besoin d'aide pour maintenir les connaissances et les compétences nécessaires pour répondre aux besoins de leurs patients. Un problème émergent dont nous vous parlerons tous est le maintien et le renforcement des compétences et du rendement des médecins. Selon nous, le gouvernement fédéral peut faire comprendre l'importance de la question en appuyant les organismes d'agrément, et nous sommes l'un d'eux, en étudiant le problème de plus près et en adoptant les politiques propres à répondre au mieux aux besoins de tous les Canadiens.
Ceux, parmi d'autres, qui exercent la médecine en milieu rural ou éloigné, sont aux prises avec une situation particulièrement difficile. Leurs patients ont besoin qu'ils aient des connaissances et des compétences dans un éventail très large de la pratique médicale et qu'ils enrichissent et renforcent leurs acquis. Cela peut être plus difficile quand on exerce en milieu rural. La formation généraliste que les médecins de famille reçoivent aide à faire de la médecine familiale l'une des professions médicales les plus agiles. Nous sommes formés pour vous soigner dès les premiers stades de la vie jusqu'à sa fin.
Je dirai pour conclure que nous sommes déterminés à travailler avec vous et le gouvernement fédéral pour faire en sorte que les médecins de famille continuent d'offrir les soins primaires optimaux et parfois des soins secondaires, lorsqu'il y a lieu, à tous les Canadiens.
Merci encore de nous avoir invités à comparaître.
Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, merci de nous offrir la possibilité de vous entretenir aujourd'hui de la question des champs de la pratique et de la formation des professionnels de la santé.
Il faut féliciter le comité de s'être attaqué à cette question complexe et difficile. Certains de ceux qui comparaissent aujourd'hui travaillent à ce dossier depuis 20 ans, et ce genre de discussion a cours depuis 20 ans.
Je m'appelle Fleur-Ange Lefebvre. Je suis directrice générale et chef de la direction de la Fédération des ordres des médecins au Canada, la FOMC. Je signale aux traducteurs que c'est l'une des rares organisations dont le nom soit plus court en français qu'en anglais.
[Français]
Il s'agit de la Fédération des ordres des médecins du Canada.
[Traduction]
À la différence des Dres Moineau et Lemire, je ne suis pas médecin.
Notre organisation représente les 13 ordres provinciaux et territoriaux de médecins sur les scènes nationale et internationale. Il importe de signaler que la FOMC n'a aucun pouvoir de réglementation. Je dois ajouter que les ordres sont créés par voie législative. Le terme « pouvoir » n'est pas un vain mot. Les ordres font leur devoir dans l'intérêt supérieur du public. Leur rôle est d'inscrire et d'autoriser des médecins compétents et d'exercer une surveillance pour qu'ils tiennent leurs compétences à jour.
Concernant les chevauchements entre champs d'activité, les ordres sont conscients qu'ils existent non seulement entre les divers professionnels de la santé, mais aussi en médecine. Il y a beaucoup de spécialisations et de sous-spécialisations. Ainsi, comme la Dre Lemire l'a dit, les médecins de famille soignent des diabétiques, mais ils savent et doivent savoir quand tel patient a besoin des services d'un autre spécialiste.
Les chevauchements sont probablement inévitables et très probablement souhaitables, pourvu que l'objectif ultime soit de donner au patient des soins de qualité dans les meilleurs délais. La coordination des soins est indispensable si on veut éliminer les doubles emplois, et chacun doit connaître ses propres limites. L'essentiel, c'est que chaque professionnel de la santé qui a pris la formation voulue travaille dans toute l'étendue de son champ d'activité en fonction de ses connaissances, de ses compétences et de son jugement.
Quant aux normes pancanadiennes, il y en a beaucoup, et elles contribuent toutes à une plus grande mobilité des médecins dans tout le Canada. Elles sont le fondement de cette mobilité. Les études supérieures et la réglementation des professions relèvent des gouvernements provinciaux et territoriaux. Néanmoins, le Canada a une tradition à la fois longue et respectable, voire enviable, en matière d'élaboration, d'adoption et d'application de normes nationales ou pancanadiennes.
Pour ce qui est de la formation et de l'agrément, nous conviendrons tous qu'il faut s'intéresser davantage à la souplesse dans la formation en ce moment, surtout lorsqu'il s'agit de programmes pluriannuels comme ceux des études médicales postdoctorales ou des résidences en médecine. Nous sommes tous au courant des statistiques plutôt déconcertantes du chômage, ces dernières années, dans les cohortes des médecins qui sortent de l'université.
D'autres témoins présents ce matin sont mieux placés que moi pour aborder ces questions. Les normes d'inscription au tableau des ordres et de permis relèvent cependant des membres de la Fédération des ordres des médecins du Canada. Les ordres comptent sur une formation rigoureuse ou les processus d'autorisation de l'Association des facultés de médecine du Canada, du Collège des médecins de famille du Canada, du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, et il ne faut surtout pas oublier...
[Français]
le Collège des médecins du Québec.
[Traduction]
Les ordres des médecins comptent aussi sur les sociétés nationales de médecins spécialistes pour établir et promulguer des normes de pratique dans leurs disciplines respectives. C'est néanmoins le rôle des ordres de veiller à ce que le permis de pratique ne soit accordé que pour des compétences éprouvées dans une discipline médicale donnée. Si le médecin choisit la discipline qu'il étudie, un contrôle rigoureux est exercé sur ce qu'il peut faire et auprès de quelle population.
Comme la Dre Moineau l'a déjà dit, un médecin en exercice ne peut pas choisir de changer de discipline sans faire la preuve de ses compétences dans la nouvelle discipline. Il faut souvent une nouvelle formation. Il ne peut pas revenir non plus à sa discipline initiale, au bout de trois ans, sans devoir faire de nouveau la preuve de ses compétences. L'époque où on obtenait son permis pour la vie est révolue. Les médecins sont maintenant tenus de produire une preuve satisfaisante de leur engagement à maintenir leurs compétences dans leur pratique.
Autrement dit, les médecins doivent confirmer dans un cadre de responsabilité professionnelle que leur compétence et leur rendement demeurent à la hauteur des normes. Voilà l'énoncé de notre position sur la revalidation.
Un mot maintenant de nos normes de pratiques médicales et de l'inscription des médecins au Canada. Nous avons élaboré des normes pancanadiennes pour le permis complet et provisoire d'exercice. Dans les deux cas, il faut exercer la médecine comme principal médecin responsable. Ce travail a été accompli en partie pour faire en sorte que nos membres se conforment à l'Accord fédéral-provincial-territorial sur le commerce intérieur. Cet accord prévoit la mobilité des médecins qui ont un plein permis d'exercice, mais aussi l'étude de la mobilité des médecins qui travaillent avec un permis provisoire si l'administration d'accueil peut adapter aux restrictions et aux exigences de surveillance prévues au permis. Il n'est jamais possible de discuter de normes sans parler des diplômés étrangers en médecine. La plupart d'entre eux, s'ils arrivent avec un permis, recevront un permis provisoire.
La norme canadienne est décrite comme l'ensemble de titres universitaires qui rendent un candidat automatiquement admissible à un permis sans restriction dans l'ensemble des provinces et territoires canadiens. On trouvera les détails dans mes notes d'allocution. Je ne les ai remises que ce matin, mais elles sont disponibles. Le terme « admissible » est utilisé de propos délibéré. D'autres éléments influencent la décision d'accorder un permis. Nous devons vérifier un certificat de déontologie, vérifier l'aptitude à exercer la médecine, c'est-à-dire l'état de santé du médecin. Nous avons aussi défini de façon très détaillée les critères de sélection et les normes du permis provisoire. Il suffit d'en faire la demande.
On m'a dit que le comité s'intéressait notamment à la télémédecine. La question présente des défis particuliers, car tous les ordres de médecins ne situent pas le lieu de la responsabilité de la même manière. Certains estiment que c'est l où le médecin se trouve lorsque les services sont dispensés. Je veux parler ici des services accordés d'une administration à l'autre. Pour d'autres, le lieu de la responsabilité est l'endroit où le patient reçoit les services. Nous avons élaboré une politique, qui se trouve également avec mes notes, qui règle ces problèmes, nous l'espérons, mais nous croyons qu'une importante administration qui avait une position différente de celle des autres songe à la modifier. Voilà le genre d'échange que nous avons dans l'espoir de finir par arriver à une norme commune.
Vous voudrez peut-être savoir que nous définissons la télémédecine ainsi: l'utilisation de compétences médicales pour poser un diagnostic ou soigner un patient par intermédiaire de technologies de télécommunication et d'information, le patient et le soignant étant séparés par la distance. La télémédecine peut comprendre, sans s'y limiter, la prestation de services de pathologie, l'imagerie médicale et la consultation par le patient.
Je voudrais dire un mot des évaluations de préparation à la pratique. Le Conseil médical du Canada n'est pas représenté ici, mais au moyen de sa collaboration en matière d'évaluation national, il prépare des normes pancanadiennes pour l'évaluation de diplômés en médecine étrangers qui pourraient être admissibles à l'exercice de la médecine au Canada sans complément de formation, dans le cas de ceux qui ne cherchent pas à suivre une formation postdoctorale ou en résidence. Comme l'Accord sur le commerce intérieur prévoit la mobilité pour certains médecins ayant un permis provisoire, comme je l'ai déjà dit, il est impérieux d'établir des normes pour que chaque administration puisse compter sur la rigueur de l'évaluation effectuée ailleurs. En effet, une fois que les médecins ont obtenu un permis provisoire dans une administration, ils pourront très probablement demander leur permis ailleurs.
Un autre point intéressera peut-être le comité: notre toute nouvelle politique sur la communication des renseignements professionnels. Elle décrit les renseignements qui seront communiqués à d'autres ordres de médecins lorsque médecin va travailler dans une autre administration, voire dans un autre pays, puisque nous nous intéressons aussi à la scène internationale. Le but visé est de faire en sorte que les renseignements voulus soient transmis à l'ordre de médecins d'accueil pour qu'il puisse prendre une bonne décision sur le médecin en cause. Parmi les renseignements transmis, on trouve de l'information sur le champ de la pratique du médecin.
Pour faire suite à notre travail sur la revalidation, et la Dre Moineau a déjà abordé la question en partie, nous travaillons avec plusieurs protagonistes à l'élaboration d'un système de renforcement du rendement du médecin. Il s'agira d'une amélioration de la qualité pendant toute la vie et d'un système d'assurance qui a un impact constructif et démontrable sur la qualité des soins au patient et qui est à la fois réalisable et durable.
Le système de renforcement aidera les médecins à cerner leurs propres besoins pertinents en apprentissage, besoins qu'on peut combler par l'éducation. Cela peut contribuer à améliorer la qualité des soins et la sécurité. Il portera sur tous les rôles et compétences du médecin — pour ceux qui se fient au Collège des médecins de famille et au Collège royal —, et sur toutes les dimensions de la pratique du médecin: clinique, administration, éducation et recherche.
J'en arrive à nos recommandations. La FOMC estime que, au coeur des discussions sur la pratique, se trouve la question des ressources humaines en santé. Nous devons considérer les professionnels de la santé, médecins compris, comme une ressource nationale. Les cadres de la formation et de la réglementation des médecins et autres professionnels appuient cette conception des choses, tandis qu'on élabore, adopte et appuie des normes pancanadiennes pour ces processus.
Le rôle du gouvernement fédéral devrait être de faciliter les échanges et de réunir les divers protagonistes pour examiner la question très complexe et mouvante de la planification des ressources humaines en santé au Canada et pour le Canada.
Le gouvernement fédéral, probablement par l'entremise de Santé Canada, et avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, devrait assurer le leadership de la façon suivante: a) en étant le convocateur, le facilitateur et le coordonnateur; b) en réunissant les données pertinentes d'une manière exhaustive et intelligible; c) en encourageant tous les protagonistes à s'engager dans le processus, car ce n'est le mandat principal d'aucun d'entre nous; d) en cernant les facteurs de réussite et en établissant une grille d'évaluation constante.
Je sais que cela commence à devenir répétitif. Cela ne vous étonnerait pas que nous sachions tous ce que chacun de nous dirait avant même de nous présenter ce matin.
Pour conclure, au nom de la FOMC et de ses membres, les 13 ordres provinciaux et territoriaux au Canada, je remercie le comité et le gouvernement du Canada de leur intérêt pour la question.
Merci. Je serai heureux de répondre aux questions.
:
Monsieur le président, membres du comité, merci de ces travaux du comité sur une question très importante et de votre invitation à comparaître.
Le Collège royal, comme Marc Lalonde l'a dit il y a des années, et l'un des secrets les mieux gardés au Canada. Nous essayons de nous ouvrir et de faire profiter aux autres de nos points de vue et des compétences de nos membres, qui sont plus de 40 000. Nous appuyons leur perfectionnement professionnel constant et établissons des normes pour leur formation dans 65 disciplines médicales et chirurgicales.
Le Collège a été créé par une loi fédérale en 1929 et depuis, il surveille l'agrément des médecins spécialistes au Canada. Il appuie aussi l'innovation dans le système de santé partout au Canada et participe à un certain nombre d'initiatives pancanadiennes. Par exemple, il est membre du consortium AEMC EMPr, dont la Dre Moineau a parlé.
À peu près comme le Collège des médecins de famille, nous nous sommes lancés dans une transformation majeure des modalités de formation des médecins au Canada. Nous parlons de « La compétence par la conception ». Nous nous écartons d'un système fondé sur la durée pour adopter un système fondé sur les compétences, assorti d'étapes, qui portera sur l'éducation médicale depuis la résidence jusqu'à la retraite. Nous avons bon espoir que ce système rendra les spécialistes de demain plus souples pour répondre aux besoins des patients et s'adapter au contexte en constante mutation des soins de santé, question à laquelle le comité s'intéresse maintenant.
Nous savons que les champs d'activité des professionnels de la santé changent constamment, y compris ceux des médecins, à cause de nombreux facteurs comme les pénuries d'effectifs en santé, des besoins croissants des patients et des découvertes scientifiques et technologiques. Les rôles changent sans cesse. Ce n'est pas avant les années 1950 que les infirmières à ce qu'on appelait alors l'Hôpital Civic d'Ottawa, tout près d'ici, ont pu se charger de tâches comme la prise de la tension, les injections intramusculaires ou même l'administration d'antibiotiques par intraveineuse. Seul un médecin pouvait faire ces choses-là.
Parce que l'approche de la prestation des soins évolue sans cesse, de nouvelles professions émergent, comme celle des auxiliaires médicaux, et des modèles de soins interprofessionnels apparaissent. Tandis que le champ d'activité des professionnels de la santé non médecins s'élargit pour englober de nombreux rôles à divers niveaux du jugement clinique dans le diagnostic et le traitement des patients, le Collège royal est d'accord et croit que ces professionnels jouent un rôle important dans le soin des patients et aident à améliorer l'accès.
Nous bénéficiions tous de ces nouvelles façons de faire, mais nous reconnaissons aussi que des précautions s'imposent si nous voulons assurer la sécurité et le bien-être des patients. C'est d'autant plus important qu'il y a tant de définitions différentes, parmi les professionnels de la santé au Canada, du champ d'activité, de l'admission, des exigences en matière d'éducation et de la surveillance réglementaire.
Il y a beaucoup de normes pancanadiennes en médecine, comme mes collègues viennent de l'expliquer, mais ce n'est pas la même chose dans le cas de beaucoup d'autres professions dans le domaine de la santé. En Alberta et au Manitoba, par exemple, les pharmaciens peuvent commander et interpréter des tests de laboratoire, mais ce n'est pas le cas en Colombie-Britannique ni en Saskatchewan. Ils peuvent donner une pharmacothérapie en Ontario et au Nouveau-Brunswick, mais pas en Colombie-Britannique, à l'Île-du-Prince-Édouard ni à Terre-Neuve.
Même dans la profession émergente d'auxiliaire médical, où on fait des efforts honnêtes pour établir des normes pancanadiennes, l'Université du Manitoba offre un diplôme de deuxième cycle alors que l'Université McMaster offre un diplôme de premier cycle. Cette profession est réglementée au Manitoba, mais pas en Ontario.
Une approche mieux coordonnée de la réglementation des professions du domaine de la santé aide à assurer non seulement des normes pancanadiennes pour l'éducation et la pratique, mais aussi, peut-on espérer, des soins plus sûrs et de grande qualité. Le fait même de réglementer une profession favorise aussi la collecte de données qui peuvent guider l'amélioration de la qualité et la planification.
Le champ d'activité de tout professionnel de la santé doit toujours correspondre à une formation et à une éducation de qualité pendant toute la pratique. Il ne faut donc pas négliger d'évaluer la qualité des programmes d'éducation qui permettent de commencer à exercer et du perfectionnement professionnel continu.
Le champ d'activité de tous les professionnels de la santé devrait certes faire l'objet de normes d'éducation exigeantes, mais il nous faut aussi une surveillance réglementaire, ce qui est d'autant plus important que ces professionnels peuvent se déplacer partout au Canada. Nous ne voulons pas qu'un professionnel de la santé formé dans une administration arrive dans une autre avec des compétences légèrement différentes. Ce n'est pas dans l'intérêt des patients. Et le système est plus facile à contrôler.
Comprendre la nature des champs d'activité aidera non seulement à assurer la sécurité des patients, mais aussi à mieux comprendre l'impact sur les soins, les résultats obtenus et la façon de planifier les effectifs du système de santé. Nous avons fait des recherches qui montrent que les modèles de pratique interprofessionnelle et l'évolution des champs d'activité ont un impact direct non seulement sur la prestation des soins, mais aussi sur le nombre de médecins dont le Canada a besoin. À l'inverse, il y a probablement des répercussions sur d'autres professions du domaine de la santé. Tandis qu'évoluaient différents rôles dans les soins de santé, quelque chose de plus déconcertant s'est produit. Nous avons constaté, et continuons de constater, car les recherches se poursuivent, que le chômage et le sous-emploi sont à la hausse chez les médecins. Ce n'est pas nécessairement mauvais, si nous pouvons mieux veiller à former les bonnes personnes pour faire les bonnes choses.
Voici un exemple. Avec l'arrivée des auxiliaires en anesthésie, qui sont de plus en plus en demande chez les anesthésistes, nous voyons que le nombre d'anesthésistes dont nous avons besoin au Canada pourrait diminuer de moitié. Une étude a été réalisée en 2010 sur les auxiliaires médicaux qui travaillent avec des chirurgiens orthopédistes dans une clinique d'arthroplastie ou de remplacement d'articulations à Winnipeg. Les auxiliaires ont aidé à réduire les temps d'attente et à faire augmenter le nombre d'opérations que les chirurgiens peuvent faire. Mais nous n'avons pas utilisé ces faits pour élaborer une approche plus cohérente de la planification de nos services et du nombre de travailleurs nécessaires.
De nouveaux rôles ont aussi émergé chez les infirmières en pratique avancée, qui se substituent aux médecins ou font un travail complémentaire du leur. Les infirmières praticiennes non seulement jouent divers rôles dans les soins primaires, mais pratiquent aussi aux soins intensifs dans les hôpitaux et assument de très nombreux rôles, assurant des soins, par exemple, à des patients gravement malades qui ont des problèmes complexes. Les infirmières en pratique avancée peuvent aussi se spécialiser dans le traitement d'une maladie donnée ou dans une sous-spécialité médicale, comme la néonatalogie, la cardiologie, la psychiatrie et les soins palliatifs.
L'évaluation des champs d'activité devrait figurer dans la réglementation territoriale et provinciale, car il faut s'assurer que ces changements ont les effets souhaités, comme l'amélioration des soins, une prestation plus efficiente et rentable des services et de bons résultats pour la santé des patients. Mais nous ne savons pas. Il est indispensable de mettre en commun nos connaissances et nos recherches sur ces mesures de rendement et d'autres, si nous voulons continuer à faire progresser la qualité dans le système de santé du Canada et si nous voulons utiliser judicieusement les ressources humaines et financières. Ici, le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle.
S'appuyant sur ses recherches sur les défis de l'emploi des médecins, le Collège royal a commencé à planifier avec les organisations d'autres professionnels de la santé et avec des chercheurs d'autres travaux de recherche sur les champs d'activité en médecine et dans d'autres professions de la santé, notamment les soins infirmiers. C'est là une vaste entreprise, et ce n'est qu'avec un soutien financier correct qu'il sera possible de contribuer ainsi à la constitution d'un corpus de faits et de renseignements pour guider la politique d'intérêt public et la planification du système de santé.
Si nous songeons à ce qui nous attend, j'entrevois du chômage chez les médecins, comme nos recherches l'ont montré récemment. Cela est symptomatique des lacunes qui existent toujours dans la planification de l'effectif dans le domaine de la santé au Canada, ce qui comprend à la fois la planification et la bonne formation de chacun selon ses tâches. Bien qu'il y ait beaucoup d'efforts constructifs pour améliorer nos approches de la planification et de la régulation de l'effectif au Canada, des lacunes subsistent. Nos recherches, parmi d'autres, ont montré qu'une planification isolée pour chacune des professions ne fera que perpétuer les problèmes actuels qui entravent l'accès rapide à des soins sûrs et de haute qualité pour les Canadiens. Comme je l'ai déjà dit, cela empêche aussi les travailleurs d'exploiter leur plein potentiel.
Nous ne devons pas nous limiter au nombre de professionnels de la santé et aux besoins de la population en matière de santé, soit les éléments prédominants, d'habitude, dans notre planification des services de santé et de leurs effectifs. Nous avons appris que, dans cette planification, il était tout aussi important de comprendre et de prendre en compte les effets des modèles de prestation interprofessionnelle des soins et de la disponibilité de ressources comme les heures en salle d'opération et aussi l'évolution des champs d'activité, de l'éducation des professionnels et de la réglementation qui régit toute leur vie professionnelle.
Nous avons un certain nombre d'éléments d'excellence, comme ceux que le Groupe de travail sur la planification des effectifs médicaux commence à produire. Nous avons un corpus croissant de données et d'éléments probants, ainsi qu'un vif intérêt pour la collaboration chez beaucoup. Le Collège royal et tant d'autres, si vous revenez sur tous les mémoires soumis à votre comité et à d'autres, espèrent depuis longtemps une stratégie nationale des ressources humaines en santé et un leadership fédéral pour susciter, faciliter et soutenir la collecte et l'analyse de données au niveau pancanadien afin de soutenir les entreprises provinciales et territoriales en santé et en planification et développement de l'effectif. Un institut ou une agence pancanadiens ou nationaux depuis longtemps réclamés serviraient à mobiliser les avantages et les forces des apprentissages, des éléments probants et des expériences des provinces, des territoires, des organismes professionnels et des chercheurs.
L'intérêt du Comité permanent de la santé pour les champs d'activité des professionnels de la santé est réconfortant. Nous sommes vraiment reconnaissants de pouvoir faire état des résultats de nos recherches et nos recommandations sur la voie à suivre.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
D'abord, merci aux témoins d'être là. Comme nous amorçons tout juste cette étude, les témoins d'aujourd'hui sont les premiers que nous entendons, en dehors des fonctionnaires. Nous abordons tout juste le sujet et commençons à y réfléchir, c'est du moins mon cas.
Pour commencer, il est magnifique de voir un groupe aussi estimé de femmes qui représentent de grandes organisations au Canada. Merci beaucoup de vos exposés.
Je vais me faire un peu l'avocat du diable. Une petite partie ou une grande partie de ce que vous dites, ou peut-être beaucoup, est difficile à transposer dans la réalité quotidienne du patient. Voilà la préoccupation que je voudrais exprimer.
Nous avons cette énorme question du champ d'activité, de la pratique en équipe, des soins centrés sur le patient, et je ne comprends pas qu'on n'aille pas beaucoup plus vite. Vous représentez quatre grandes entités qui sont au centre de cette discussion. Vous avez souligné la nécessité que le gouvernement fédéral joue un rôle, et je suis tout à fait d'accord, comme catalyseur, collaborateur, convocateur, etc. Dites-nous ce que serait l'approche idéale du travail en équipe, par exemple en milieu urbain. Quelle serait-elle dans une localité éloignée? Pourriez-vous la décrire? Dites-nous comment les liens s'établissent en pratique familiale et aussi dans un établissement de soins actifs.
J'ai l'impression que nous ne pouvons pas nous faire une idée de ce que serait. Vous avez donné des exemples, mais si nous avions une approche idéale des soins en équipe axés sur le patient, supposons à Ottawa, quelle serait mon impression si je me présentais comme patiente? J'ai souvent l'impression que les gens se font renvoyer d'un endroit à l'autre. On va chez le médecin de famille, puis chez le spécialiste et chacun ne s'occupe que d'une petite chose. Il faut encore aller ailleurs pour telle autre chose. Puis, le généraliste a l'impression de ne pas avoir la compétence voulue, mais qui s'occupe de vous, globalement? J'ai l'impression que quelque chose manque.
Je suis un peu négative et je vous soumets le problème. Le système devrait être meilleur qu'il n'est. Tout le monde parle de la même chose, mais il ne se passe rien, ou alors de façon très fragmentaire. Si vous pouviez nous livrer vos réactions et nous donner des exemples concrets, ce serait vraiment utile.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence. Je répéterai que ce groupe de témoins est formé de quatre femmes très influentes. Extraordinaire.
L'idée des équipes multidisciplinaires dont nous avons parlé n'est pas nouvelle. L'accord sur la santé de 2004 prévoyait de l'argent pour cela, et l'idée a été acceptée par le gouvernement fédéral et les premiers ministres de toutes les provinces. Il s'agissait de mobiliser le rôle de leadership du gouvernement fédéral et tout le reste pour transformer et réformer la pratique des soins primaires, tenir compte de l'équipe, voir ses liens avec les soins actifs — ce qui était la question de Libby —, de voir comment, si on travaille à l'hôpital, on sait amener les patients, dès qu'ils le peuvent, dans un nouveau système.
Qu'est-il advenu de cet effort? C'est la première question. Pourquoi cela s'est-il enrayé en 2007 environ et n'y a-t-il eu rien d'autre depuis? Le gouvernement fédéral a versé de l'argent pour que ce travail se fasse.
Deuxièmement, j'ai remarqué que certaines provinces ont fait quelques petites choses. Il y a d'excellents exemples sur le terrain. Calgary a une excellente clinique. L'Ontario a fait beaucoup de bon travail. La Nouvelle-Écosse aussi, je crois. Mais elles n'ont pas les moyens d'aller plus loin.
Quant à l'idée de champ d'activité, chaque fois que je me déplace au Canada et rencontre des ministres de la Santé, peu importe de quelle allégeance politique, ils me disent tous la même chose. Il y a trois domaines où le Conseil de la fédération ne peut pas agir seul: les ressources humaines dans le domaine de la santé, les produits pharmaceutiques et enfin la réforme des soins primaires.
En somme, étant donné que le Conseil de la fédération a avoué ne pas pouvoir prendre les mesures qui s'imposent, avez-vous un plan en tête pour faire en sorte que nous ayons des effectifs de la bonne composition et qu'on n'y retrouve pas que des professionnels de la santé, mais aussi, en lien avec les équipes, des défenseurs de la cause du logement, des travailleurs sociaux, voire des conseillers scolaires?
Si le gouvernement fédéral ne s'engage pas, que prévoyez-vous pour faire avancer le dossier? Si nous ne faisons rien, nous n'aurons pas des soins efficients et efficaces, dispensés dans les meilleurs délais, et nous gaspillerons beaucoup d'argent dans les services de soins actifs. Que prévoyez-vous faire?
D'abord, qu'est-il advenu du plan de 2004 au sujet de la réforme des soins primaires et des ressources humaines dans le domaine de la santé?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui. Je partagerai mon temps de parole avec M. Lunney. J'aimerais seulement faire quelques remarques.
Certains d'entre vous, à mon avis, ont visé juste sur quelques sujets. Premièrement, je pense qu'il y a une occasion de travailler avec les professions médicales à évaluer le modèle de rémunération à l'acte par rapport au modèle de soins primaires. Dans ma petite localité de la Colombie-Britannique, Sparwood, nous avons adopté le modèle de soins de santé primaires qui, croyons-nous, fonctionne beaucoup mieux que celui de la rémunération à l'acte. Nous avons trois médecins, alors qu'à 20 minutes de route de chez nous, à Fernie, une localité de 4 000 habitants, il y a 18 médecins qui, pour la plupart, travaillent à temps partiel parce qu'ils sont là pour faire du ski. Ils ne sont pas là en fait pour exercer leur profession, mais ils gagnent suffisamment d'argent pour y demeurer toute l'année. Quelqu'un a parlé de la légitimité sociale, et je pense qu'il s'agit d'un élément important dans certaines régions.
Enfin, je pense que l'une des choses qu'il a été intéressant de suivre au fil des ans en Colombie-Britannique a été la mise en oeuvre des autorités sanitaires par la province, un projet qui a échoué, à mon avis. Pour ma part, c'est une forme de protection entre les municipalités et la province, et il est devenu très difficile, même pour la profession médicale, d'avoir accès aux effectifs dont on a besoin au moment opportun.
Je ne fais que ces quelques remarques pour permettre à M. Lunney de parler de nouveau.
Allez-y, monsieur Lunney.
Je vous suis reconnaissant d'avoir tous réfléchi à cette question, et vous avez donné des exemples: adjoints au médecin, adjoints en anesthésie, adjoints en arthroplastie et infirmières praticiennes. Les gens essaient des modèles plus efficaces et des approches fondées sur le travail d'équipe. Vous avez fait un bon travail de réflexion en la matière, et j'apprécie le fait que ce soit l'AFMC qui parle du rôle important que pourrait jouer le gouvernement fédéral en supervisant, en fait, différents modèles et en encourageant les essais, mais surtout en supervisant et en rendant compte des meilleurs modèles parce que certains fonctionneraient mieux que d'autres, évidemment, en particulier dans les régions rurales.
À propos des régions urbaines et rurales, je m'inquiète un peu, car 80 % de notre population est urbaine. Toutes les ressources sont urbaines et, bien sûr, nous devons malgré cela trouver le moyen de desservir les régions du Canada situées en-dehors de nos grandes villes.
Par exemple, et cela cadre bien avec la télésanté, il y a en Colombie-Britannique un centre anticancéreux novateur, à Vancouver, ou l'on traite des patients. L'oncologiste administre des traitements, et il y a quatre médecins généralistes, bientôt six. Ils mènent des travaux novateurs qui donnent de bons résultats, notamment par l'augmentation des taux de vitamine D, le soutien psychologique et les conseils, la gestion du stress, l'alimentation saine, l'exercice, etc. La province a élargi ce programme. Grâce à la télésanté, ils atteignent les régions rurales où des patients ont des besoins élevés et se mettent en ligne avec eux de façon à ce qu'ils aient toujours accès à quelqu'un pour expliquer ce qui se passe dans leur corps. Il s'agit d'un modèle novateur.
Nous aimerions appliquer ce genre de modèle à plus grande échelle, mais c'est en quelque sorte de la médecine intégrée.
J'aimerais vous interroger brièvement au sujet des médecins qui offrent une thérapie orthomoléculaire, parce qu'il y a des permis et certains problèmes de réglementation avec les médecins qui pratiquent de façon non conventionnelle, et quelqu'un qui recommande un supplément à base de réglisse. Il y a un grand intérêt de la part du public pour la nutrition clinique qui, par des soins peu coûteux et peu risqués, peut vraiment améliorer l'état des patients. Les gens s'y intéressent, mais nous avons des problèmes avec les organismes de réglementation.
L'une de vous accepterait-elle de nous faire part de ses commentaires à ce sujet? Je sais que certains collèges sont intéressés à mettre sur pied des facultés de médecine intégrée, car la population le souhaite. Pourquoi avons-nous des problèmes avec les organismes de réglementation?
J'espère que vous n'avez pas trop l'impression d'être placées dans une position inconfortable. Vous avez fourni des réponses très complètes. Je pense qu'effectivement nous reconnaissons l'existence des querelles de clocher, entre autres, et de territoire, mais vous faites également partie des solutions.
Je voulais simplement reprendre la question de mon collègue, M. Morin, au sujet des infirmières praticiennes et des adjoints au médecin. Je ne comprends pas pourquoi leur nombre n'est pas plus élevé au Canada. C'est mieux en Ontario qu'en Colombie-Britannique. C'est très difficile en Colombie-Britannique.
J'aimerais vous raconter une expérience récente. Je me trouvais aux États-Unis lorsque j'ai attrapé une bronchite. Je suis allée consulter un médecin et je dois vous dire que j'ai été très impressionnée. Je ne prêche pas en faveur de leur système médical, mais en ce qui a trait au bureau du médecin... D'abord, je n'ai pas vu de médecin, j'ai vue une infirmière praticienne. On a relevé tous mes antécédents médicaux et on les a enregistrés à l'ordinateur pendant que j'étais en consultation avec un adjoint médical. Donc, j'ai vu deux personnes.
De plus, on ne m'a jamais remis d'ordonnance. Celle-ci a été envoyée directement à la pharmacie par courrier électronique. Donc, en ce qui concerne les abus, je n'ai jamais reçu d'ordonnance en main propre. Je me suis rendue directement à la pharmacie, et un dossier électronique avait été créé. Je me suis dit: wow!, c'est tellement simple.
Je suis surprise de voir qu'au Canada, parce que la plupart des médecins ont leur pratique individuelle ou avec d'autres médecins, ce sont eux qui décident s'ils engageront une infirmière praticienne, et la plupart ne le font pas. Donc, comment faire pour les inciter à éviter le problème qu'a soulevé M. Young dans son exemple éloquent d'un bureau de médecin rempli de personnes qui n'étaient là en réalité que pour faire soigner une grippe? Une infirmière praticienne pourrait faire le travail.
Cela nous apparaît tellement évident, mais cela ne se produit pas. Donc, que pouvons-nous faire pour que cela se produise?
:
J'ai l'impression d'avoir servi de cible depuis une heure, mais ça va, je peux le prendre.
Des voix: Oh, oh!
Dre Francine Lemire: Je vous dirai ce que j'ai déjà dit ailleurs. Certainement que, pour les médecins de famille, en essayant de susciter de l'intérêt pour cette discipline, avons-nous dit, ils ont plus ou moins la possibilité d'exercer la médecine familiale, ils peuvent poursuivre dans des domaines qui présentent un intérêt particulier, ils peuvent bénéficier d'une certaine souplesse dans la profession. Tout ceci est vrai, sauf que, maintenant, nous devons agir sur certaines de ces conséquences, c'est-à-dire qu'en tant que médecins de famille payés par la société, qui se voient conférés ce privilège par la société, ils ont une responsabilité envers la société.
Pour moi, en tant que médecin de famille, c'est être capable de voir tous les hommes et toutes les femmes de tout âge qui présentent tous des problèmes. Je ne veux pas dire par là que, si vous avez des douleurs à la poitrine, je vous enverrai voir un cardiologue.
Offrir un suivi remarquable, veiller à la santé d'une population définie et le faire dans plus d'un milieu de pratique. C'est une responsabilité sociale que nous avons en tant que médecins de famille et, cela, nous devons le faire valoir. Ce n'est pas un choix arbitraire. On ne peut pas séparer ces cinq principes. Ils font partie des fondements de cette profession.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, de m'accorder ce temps.
Pour avoir été médecin de famille, je peux vous dire qu'il est difficile d'engager quelqu'un lorsque, en milieu urbain, 55 % de votre revenu est consacré aux frais généraux. Vous n'avez pas une grande marge de manoeuvre.
Je reviens sur le mélange. Actuellement, nous avons un déséquilibre. À titre d'exemple, il y a trop peu de médecins de famille, et beaucoup de personnes vont consulter directement les obstétriciens, les pédiatres, les spécialistes pour ce qui entre en réalité dans les soins primaires. C'est une façon coûteuse d'utiliser le système.
Vous avez mentionné, Dre Lemire, la nécessité pour les médecins de famille ou les personnes qui prodiguent des soins de santé primaires d'être mieux rémunérés afin qu'ils puissent faire ce travail. Regarder les modèles de capitation, de médecins salariés, etc., c'est une façon d'envisager la question. Mais comment envisagez-vous un plan de 10 ans, par exemple, avec tous ces gens travaillant ensemble en disant: voici le nombre de pédiatres dont nous aurons besoin dans 10 ans? Vous empêchez donc des gens d'obtenir un diplôme, et tout le monde veut choisir une spécialité. Ils ne peuvent pas. On n'a pas besoin d'eux. Ils sont trop nombreux. Allons vers ceci et établissons cela.
Les seules personnes, à mon avis, qui peuvent établir ce mélange, sont celles des collèges d'infirmières, de médecins, de pharmaciens, etc., qui travaillent ensemble à envisager le mélange approprié. Selon vous, comment cela peut-il se produire? Cela peut-il se produire sans la présence du gouvernement fédéral à la table?