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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord remercier les honorables membres du Comité permanent de la santé pour prendre aujourd'hui le temps d'étudier mon projet de loi, soit le projet de loi . J'aimerais aussi remercier les nombreuses sages-femmes qui ont travaillé avec moi à ce dossier.
La réalité de la pratique des sages-femmes est bien différente d'un océan à l'autre, que ce soit au fin fond des Territoires du Nord-Ouest ou au centre-ville de Toronto. Leur ouverture et leur générosité m'ont permis de mieux comprendre leur monde et l'impact de leur travail sur notre société. Je remercie tout particulièrement l'Association canadienne des sages-femmes, le National Aboriginal Council of Midwives et l'Ordre des sages-femmes du Québec de leur implication à cet égard.
L'automne dernier, la Chambre des communes s'est dite unanimement en faveur du projet de loi. Nous avons su démontrer, en tant que parlementaires, notre appui aux sages-femmes du Canada et notre engagement à faire du 5 mai la Journée nationale de la sage-femme.
Vous constaterez que le titre du projet de loi représente bien ce qu'il demande, à savoir une reconnaissance de la profession de sage-femme en faisant du 5 mai la Journée nationale de la sage-femme.
Depuis 1992, l'Organisation mondiale de la Santé a instauré la Journée internationale de la sage-femme. Elle est soulignée dans plusieurs pays du monde. C'est pourquoi la date du 5 mai a été retenue pour instituer la Journée nationale de la sage-femme.
Que ce soit ici ou ailleurs, le travail des sages-femmes est nécessaire pour la santé des mères et des enfants. Bien que le nombre de sages-femmes augmente chaque année au pays, moins de 5 % de la population a accès à leurs services, ce qui est insuffisant par rapport à la demande.
La situation est encore plus criante dans les communautés autochtones ou éloignées, où la naissance est dénaturée et n'a rien à voir avec la réalité vécue dans les grands centres urbains. La présence des sages-femmes en milieu éloigné aide les communautés à renouer avec les pratiques ancestrales qui leur sont chères.
Il est aussi important de souligner que les sages-femmes canadiennes sont reconnues internationalement pour la qualité de leur travail. Nous pouvons être très fiers d'elles.
Je crois sincèrement que ce qui compte ici, c'est de souligner le travail inestimable que les sages-femmes accomplissent tous les jours. C'est la raison pour laquelle j'ai mis en avant le projet de loi .
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de nous donner l'occasion de témoigner aujourd'hui dans le cadre de l'étude du projet de loi . Je tiens également à remercier la marraine du projet de loi, la députée Rosane Doré Lefebvre, qui a présenté ce projet de loi devant la Chambre des communes et qui a personnellement défendu la cause des sages-femmes au Canada. Nous exprimons également notre gratitude à l'endroit de la députée Peggy Nash pour le travail qu'elle a fait en vue d'instaurer une journée nationale de la sage-femme au Canada.
La Journée internationale de la sage-femme a été officiellement créée en 1992 par la Confédération internationale des sages-femmes, mieux connue sous l'acronyme ICM. Depuis lors, chaque année, le 5 mai marque un jour de célébration de la profession de sage-femme à l'échelle mondiale. Ce jour rappelle au monde le rôle indispensable que jouent les sages-femmes pour la santé des mères et de leurs nouveaux-nés. Le Fonds des Nations Unies pour la population, le FNUAP, la Fédération Internationale de Gynécologie et d'Obstétrique, la FIGO, et l'Organisation mondiale de la Santé, l'OMS, ont reconnu, dans le cadre de déclarations publiques, l'importance de la Journée internationale des sages-femmes.
L'Association canadienne des sages-femmes croit fermement que le projet de loi est une étape importante pour la reconnaissance de la contribution essentielle des sages-femmes à des soins de maternité sécuritaires et de qualité pour les familles canadiennes et du rôle important que les sages-femmes jouent dans la mise au monde des milliers de bébés en santé au Canada.
Nous tenons aussi à remercier les membres du comité, soit le Dr Colin Carrie, la Dre Hedy Fry ainsi que les députés Lois Brown et Peggy Nash, qui ont fait écho à cette appréciation dans les déclarations qu'ils ont livrées, en 2013 et 2014, devant la Chambre des communes concernant le 5 mai comme étant la Journée internationale de la sage-femme. Bien sûr, l’ACSF est aussi reconnaissante envers tous les partis politiques pour le soutien unanime que le projet de loi a reçu à ce jour.
L'Association canadienne des sages-femmes est l'organisme national qui représente les sages-femmes et la profession de sage-femme au Canada. La mission de l'Association canadienne des sages-femmes consiste à fournir un leadership et un plaidoyer pour la pratique de sage-femme en tant que profession réglementée financée par l'État. Cette pratique joue un rôle essentiel au sein du système de soins de maternité primaire dans l'ensemble des juridictions canadiennes.
L'Association canadienne des sages-femmes, ou l'ACSF, travaille également à soutenir les intérêts et les objectifs de 13 associations de sages-femmes provinciales et territoriales ainsi que le National Aboriginal Council of Midwives, le NACM. Il y a actuellement un peu plus de 1 300 sages-femmes en exercice au Canada. La pratique de sage-femme au Canada offre un modèle de soins basé sur des données probantes qui est sécuritaire et rentable. Les sages-femmes sont des professionnelles de la santé qui offrent des soins primaires aux femmes et à leurs bébés pendant la grossesse, l'accouchement et la période post-partum. Elles sont souvent le premier point d'entrée aux services de maternité. Elles sont entièrement responsables des décisions cliniques et de la gestion des soins au sein de leur champ de pratique.
Les modèles de soins des sages-femmes varient d'un bout à l'autre du pays, mais tous sont basés sur des principes de continuité professionnelle, de choix éclairés et de choix du lieu de naissance, qui comprend les centres hospitaliers, les maisons de naissance ou le domicile d'une personne.
Les sages-femmes fournissent tous les soins et services professionnels requis pour assurer un suivi à faible risque pendant la grossesse, le travail, l'accouchement ainsi que durant la période postnatale, et ce, pour la mère et le nouveau-né. Cela comprend les examens physiques, les tests de dépistage et de diagnostic, l'évaluation des risques et des conditions anormales de même que la conduite des accouchements vaginaux normaux.
Les sages-femmes travaillent en collaboration avec d'autres professionnels de la santé, consultent des médecins spécialistes ou réfèrent les personnes à ces derniers le cas échéant. Dans les juridictions où les sages-femmes travaillent dans leur champ de pratique complet, la pratique des sages-femmes comprend la surveillance de la péridurale, le déclenchement, dans le cas d'une grossesse prolongée, et la stimulation du travail à l'aide de médicaments, la prescription et la pose de contraceptifs, des soins pour le bébé au-delà de la période de six semaines ainsi que beaucoup d'autres aspects de soins primaires.
Comme les sages-femmes sont des expertes de la naissance normale, elles aident à réduire les taux élevés d'interventions. Les femmes qui bénéficient d'un modèle de continuité de soins des sages-femmes sont moins susceptibles de subir une hospitalisation prénatale, une anesthésie régionale ou une épisiotomie. Leurs nouveaux-nés sont plus susceptibles de faire un séjour écourté à l'hôpital lorsqu'il est nécessaire et sont moins susceptibles d'y être réadmis.
Les services des sages-femmes aident aussi à réduire les temps d'attente dans les salles d'urgence, car ces dernières sont sur appel et sont directement disponibles à leur clientèle 24 heures par jour et sept jours sur sept.
Selon les statistiques de l'Ontario, le taux de césariennes pratiquées par les sages-femmes correspond au pourcentage de 15 % recommandé par l'Organisation mondiale de la santé. Si des services de sages-femmes étaient largement mis en place, cette seule réduction pourrait permettre d'économiser des millions de dollars par an en services de santé.
Présentement, il existe sept universités dans cinq provinces qui offrent un programme de baccalauréat de quatre ans en pratique de sage-femme. Il y a aussi quelques programmes de formation de sage-femme dans certaines communautés des Premières Nations et des Inuits. En dépit de cela, seulement de 2 à 5 % des femmes au Canada ont actuellement accès à des services de sages-femmes.
Pourquoi en est-il ainsi? Au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince-Édouard, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Yukon, la profession n'y est pas encore réglementée et les services des sages-femmes ne sont pas couverts par le régime public d'assurance-maladie. Les familles n'ont donc pas accès à ces soins.
Dans les réserves, les pénitenciers et les bases militaires qui relèvent de la compétence fédérale, les communautés font face à de nombreux obstacles lorsqu'elles tentent de mettre en place des services de sages-femmes. Ces tentatives se traduisent le plus souvent par un échec quant à l'amélioration des services de santé et l'offre de services permettant aux femmes d'accoucher dans leur communauté.
L'Organisation mondiale de la santé, certains organismes des Nations Unies et d'autres partenaires mondiaux ont déterminé que les sages-femmes constituent la solution pour réduire la mortalité maternelle et infantile. Grâce à l'Initiative de Muskoka et aux plus récents investissements du gouvernement en matière de santé maternelle, néonatale et infantile au niveau international, le Canada a joué un rôle important pour accroître l'accès des femmes à des soins obstétricaux de qualité.
Toutefois, un rapport de 2013 de l'UNICEF a révélé que le Canada se classait 22e sur 29 pays développés au chapitre des taux de mortalité infantile. Ce chiffre est surtout attribuable aux taux plus élevés dans les communautés autochtones, où les femmes doivent quitter leur communauté pendant des semaines pour donner naissance dans des centres urbains, et ce, loin de leur famille et de leur réseau de soutien.
Les sages-femmes peuvent jouer un rôle important dans la résolution de ces questions. L'Association canadienne des sages-femmes anticipe favorablement la possibilité de travailler avec le gouvernement fédéral ainsi qu'avec les provinces et les territoires en vue d'améliorer les soins de maternité offerts à la population canadienne.
En juin 2017, à Toronto, le Canada sera l'hôte du congrès international des sages-femmes. Près de 4 000 sages-femmes et professionnelles des soins de maternité du monde entier seront au Canada pour apprendre et discuter de questions concernant la santé maternelle, infantile et du nouveau-né. Ce sera une occasion unique pour nous de démontrer au monde les contributions du Canada et de partager ce qu'il fait au sein de ses propres frontières pour offrir des soins de maternité justes et équitables à toute sa population.
Les données du monde entier démontrent que les sages-femmes sont essentielles à l'amélioration de la santé des mères et des bébés. Nous devons travailler ensemble pour nous assurer que, en juin 2017, lorsque les sages-femmes et les professionnelles de la santé du monde entier se réuniront à Toronto, le Canada sera considéré comme un chef de file dans la prestation de services de santé maternelle et infantile sécuritaires, équitables et efficaces à toutes les familles canadiennes, et qu'il continue d'être un leader mondial dans ce domaine.
Nous saluons l'Initiative de Muskoka du gouvernement et les investissements plus récents en santé maternelle, néonatale et infantile internationale qui ont favorisé la formation de sages-femmes et d'accoucheurs qualifiés et qui ont augmenté l'accès des femmes à des services de sages-femmes de qualité à l'échelle mondiale.
L'Association canadienne des sages-femmes continue de jouer un rôle important en assurant l'utilisation maximale de l'expertise canadienne de façon à consolider la pratique des sages-femmes à l'échelle internationale.
En terminant, la pratique des sages-femmes au Canada propose un modèle de soins de maternité qui suscite un haut niveau de satisfaction chez la clientèle. En outre, il réduit les taux d'intervention et présente un ratio coûts-bénéfices des plus intéressants. Ce modèle est particulièrement adapté pour offrir des soins dans les communautés rurales et éloignées où les coûts de transport associés au transfert des patientes sont incroyablement élevés.
La flexibilité et la pérennité qui prévalent lorsque les sages-femmes travaillent dans leur champ de pratique complet nous amènent à affirmer que ce modèle devrait être exploré et développé par ceux qui recherchent des modèles de soins novateurs.
Nous sommes ravies à l'idée d'accueillir le congrès international des sages-femmes au Canada en 2017. Nous voyons cela comme une occasion qui permettra au Canada de briller encore davantage sur la scène mondiale. Le projet de loi est une étape importante au chapitre de la reconnaissance officielle de la profession de sage-femme, qui est en expansion, ainsi que de la possibilité qu'elle offre d'améliorer notre système de soins de santé, partout au pays.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant votre comité. Je me ferai un plaisir de répondre à toutes les questions que vous pourriez avoir à ce sujet.
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Bonjour. Je m’appelle Ellen Kanika Tsi Tsa Blais. Je suis une sage-femme autochtone de la nation des Oneidas de la Thames, qui est l’une des six nations de la Confédération iroquoise. Je suis originaire du territoire des Haudenosaunee, peuple de la maison longue, et je suis honorée d’être ici aujourd’hui à titre de coprésidente du National Aboriginal Council of Midwives, aussi appelé NACM. Je tiens à remercier les peuples de la nation algonquine dont je visite aujourd’hui le territoire non cédé.
Monsieur le président, membres du comité, merci de me donner l’occasion de témoigner devant vous dans le cadre de votre étude du projet de loi . Je tiens aussi à remercier la marraine du projet de loi, la députée Rosane Doré Lefebvre, qui l’a déposé, qui a personnellement défendu la profession de sage-femme au Canada et qui contribue à mettre au jour les défis auxquels nous faisons face dans nos communautés. Nous sommes aussi reconnaissantes à Peggy Nash du travail qu’elle a accompli pour que l’on institue une journée nationale de la sage-femme au Canada.
Le NACM croit que le projet de loi marque une étape importante dans notre démarche pour souligner la contribution vitale des sages-femmes à la prestation de soins de maternité au Canada. Il croit aussi que cette mesure législative donnera à la contribution des sages-femmes autochtones à la santé et aux soins prodigués dans la communauté la visibilité dont elle a tant besoin. Les sages-femmes autochtones ont toujours travaillé dans la collectivité et transmis les connaissances culturelles entourant les accouchements sécuritaires, mais leur travail est devenu presque invisible au cours du siècle dernier en raison de la médicalisation des accouchements. Nous travaillons d’arrache-pied pour reprendre notre rôle, et une mesure législative comme le projet de loi nous aide à le faire.
Nous aimerions remercier les membres du comité, M. Colin Carrie, Mme Hedy Fry, et les députées Lois Brown et Peggy Nash, qui ont manifesté leur appréciation dans des déclarations à la Chambre des communes. Le NACM sait aussi gré à tous les partis politiques de leur appui unanime au projet de loi à ce jour.
Le NACM vise à ce que des sages-femmes pratiquent dans chaque communauté autochtone. Nous croyons qu’il s’agit d’une façon sécuritaire et économique d'offrir des soins de maternité. Le rôle que nous jouons et les connaissances que nous possédons pour protéger, soigner et honorer les femmes qui donnent la vie sont essentiels à la guérison collective et nous lient tous les uns aux autres.
Le NACM est un groupe diversifié de sages-femmes autochtones, d’anciennes et d’étudiantes de partout au Canada. Il compte parmi ses membres des sages-femmes autorisées et des sages-femmes qui pratiquent en vertu de certaines clauses d’exemption dans les lois provinciales en matière de santé. Nous favorisons l’excellence des soins génésiques offerts aux Inuits, aux Premières Nations et aux Métisses. Nous militons en faveur du rétablissement des programmes de formation des sages-femmes autochtones et du choix du lieu d’accouchement pour toutes les communautés autochtones, conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Les sages-femmes autochtones contribuent au mieux-être des communautés et permettent la création d’espaces de guérison sacrés et profonds. Ce sont des fournisseuses de soins de santé primaires dévouées qui sont pleinement responsables des décisions cliniques et de la gestion de soins prénataux, périnataux et postnataux à faible risque. Elles encouragent l’allaitement et enseignent la nutrition et les compétences parentales. Elles sont des chefs de file, des mentors et des gardiennes de cérémonie. Les sages-femmes autochtones travaillent avec d’autres professionnels de la santé, dont des médecins, des pédiatres et d’autres spécialistes au besoin, et promeuvent les soins respectueux des valeurs culturelles.
En 2012, le Conseil canadien de la santé a reconnu les pratiques du NACM en matière de santé autochtone comme étant prometteuses. Il y a actuellement 11 pratiques de sages-femmes au Canada qui se consacrent à offrir des soins aux communautés autochtones. Notre travail est prometteur, mais il nous reste du chemin à faire. Aujourd’hui, très peu de communautés autochtones ont accès à des sages-femmes et la plupart des femmes accouchent à l’extérieur de leur communauté.
Je vous invite à penser à vos familles. Imaginez-vous que vous êtes sur le point d’être grands-parents pour la première fois. Vous êtes aux anges. Vous attendez ce moment depuis des mois, après avoir aidé votre fille à se préparer à vivre cette belle expérience. Vous avez hâte de rencontrer votre premier petit-enfant. Votre fille est nerveuse à l’idée d’accoucher et vous la rassurez. Vous lui avez fait un petit cadeau pour le bébé et vous le lui donnez lorsque vous allez la reconduire à l’aéroport. Conformément à la politique d’évacuation, elle doit se rendre à Thunder Bay pour mettre son enfant au monde parce qu’il n’y a pas de maternité dans votre collectivité. Vous la regardez partir avec émotion. Vous essayez de rester en contact par téléphone pendant les semaines où elle attend que son travail commence et vous vous inquiétez de savoir comment vous allez payer le compte de téléphone qui est au-dessus de vos moyens.
Votre famille se réunit dans la maison de son mari et attend la nouvelle de l’arrivée du bébé. L’après-midi suivant, vous apprenez que le bébé est né par césarienne ce matin-là. C’est une fille. Vous et votre gendre avez désespérément envie de la prendre dans vos bras, de l’accueillir. On vous dit que vous pourrez le faire dans une semaine environ.
Lorsque votre fille revient, elle est émotive et épuisée après les quatre longues semaines qu’elle a passées seule. Elle avait pensé allaiter son bébé, car elle avait appris que c’était la meilleure chose à faire, mais elle n’a pas été en mesure de trouver le soutien dont elle avait besoin alors qu’elle était si loin de chez elle. Vous savez qu’elle a commencé à donner du lait maternisé à son bébé et, encore une fois, vous vous inquiétez de ce que cela va coûter. Vous pensiez être transporté de rencontrer votre petit-enfant. Au lieu de cela, vous songez à tout ce que vous avez déjà manqué.
C’est ce à quoi ressemblent aujourd’hui les naissances dans la plupart de nos collectivités. Chaque jour, les familles sont séparées et les femmes accouchent seules, même lorsque de plus en plus de recherches soulignent les coûts de cette pratique sur le plan social et sur le plan de la santé.
Organiser des services obstétriques plus près des collectivités autochtones fait partie intégrante du processus de guérison dans ces communautés. Les sages-femmes autochtones perçoivent l’accouchement comme un processus physiologique sain et honorent chaque naissance comme un cheminement spirituel. Nous croyons que les femmes autochtones ont le droit inhérent de choisir leurs fournisseurs de soins et de participer activement aux décisions qui concernent leur santé. Travailler étroitement avec les femmes pour les aider à retrouver leur identité et à se rétablir après avoir accouché nous permet de nous remettre de traumatismes historiques et actuels, de dépendances et de violences. Lorsque les naissances ont lieu ailleurs que dans la collectivité, ses membres sont privés de la force et de la joie qui y sont associées et des liens qu’elles permettent de tisser avec la mère, sa famille, la collectivité et le cosmos.
Dans bien des cas, les sages-femmes autochtones sont les premières et les seules professionnelles de la santé qu’une femme consulte pendant sa grossesse. Nous avons une occasion unique de nouer une relation de confiance avec le système de soins de santé qui aura des répercussions sur la santé de la famille et de la communauté. Par exemple, le succès du centre de santé Inuulitsivik, l’un des trois centres de naissance du Nunavut, a été reconnu dans plusieurs forums internationaux, par exemple par l’Organisation mondiale de la santé. Depuis 1986, des sages-femmes inuites formées sur place offrent des soins économiques le long de la côte de la baie d’Hudson. Le taux d’évacuation pour accoucher a depuis chuté, passant de 91 % en 1983 à seulement 9 % en 1998, ce qui a permis de réduire les coûts de façon dramatique. Il est possible d’accoucher plus près de chez soi.
Dans les territoires fédéraux comme les réserves, les collectivités doivent surmonter des obstacles importants lorsqu’elles tentent de mettre en place des services de sages-femmes. À l’heure actuelle, le fédéral n’accorde aucun financement pour permettre aux sages-femmes de pratiquer dans les réserves à part le financement réaffecté transféré à l’Autorité sanitaire des Premières Nations en Colombie-Britannique.
J’ai déjà eu l’honneur de participer à la guérison d’une jeune femme grâce au pouvoir transformateur de l’accouchement avec des sages-femmes autochtones de Toronto. Cette femme était issue des nations cri de l’Ouest canadien. Elle avait déjà donné naissance à plusieurs bébés, qui avaient tous été confiés aux services de protection de la jeunesse lorsqu’elle vivait dans l’Ouest. Elle avait été victime d’abus sexuels aux mains de membres de sa famille qui avaient eux-mêmes eu une enfance brisée dans les pensionnats où ils avaient subi des violences sexuelles, physiques et émotionnelles de la part de leurs enseignants. Elle avait commencé à prendre de la drogue pour engourdir sa douleur. Lorsqu’elle est arrivée à Toronto, elle était enceinte et elle a été encouragée à faire appel à des sages-femmes autochtones pour son accouchement.
Elle était convaincue d’être incapable de s’occuper de son bébé et se préparait à l'abandonner dès sa naissance à la Société d’aide à l’enfance. Pendant son accouchement, les sages-femmes autochtones se sont montrées attentionnées et compatissantes envers elle et ont chanté et joué du tambour pour accueillir son bébé dans le monde. Elle m’a dit qu’à ce moment-là, elle a senti que tous ses ancêtres étaient présents pendant son accouchement. Son enfant est né au lever du jour. Plus tard, grâce à une connexion spirituelle, un ancien qui ignorait l’heure à laquelle le petit était né lui a donné le nom spirituel de « celui qui apporte la lumière ». À partir de ce moment-là, elle a appris comment prendre soin d’elle. Après une année de travail acharné, inspirée et soutenue par ses sages-femmes autochtones, elle a ramené son fils à la maison pour y rester.
Dans l’ensemble, le NACM fait partie des premières associations professionnelles nationales de sages-femmes autochtones. À l’échelle mondiale, d’autres sages-femmes autochtones voient le NACM comme un chef de file. En 2017, la conférence mondiale des sages-femmes se tiendra à Toronto, et le NACM aura l’occasion de présenter ses méthodes novatrices sur la scène internationale.
Le projet de loi marque une première étape dans la reconnaissance du rôle essentiel que jouent les sages-femmes pour veiller à la santé de nos collectivités. C’est une mesure qui continue de donner de la visibilité au travail que nous accomplissons pour aider nos enfants à se forger de véritables identités, donner de la force à nos femmes, créer des liens solides dans nos familles et bâtir un avenir sain pour nos communautés.
Je veux terminer avec une prière de Katsi Cook, mentor de sages-femmes, que nous utilisons dans notre cercle médical pour bénir les naissances: Détends-toi où tu te trouves et sens que notre mère la Terre supporte ton poids. Inspire de l’oxygène. Il fait partie du ciel et de chacun d’entre nous. Je suis reconnaissante que ta naissance se fasse paisiblement. Je prie pour que tu vives paisiblement, car quand je pense à ton avenir, je sais que tu seras toujours aimé.
Merci de m’avoir permis de témoigner devant le comité. Je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Premièrement, je tiens à remercier Mme Doré Lefebvre d’avoir témoigné devant nous aujourd’hui. C’est un réel plaisir de vous accueillir pour discuter de ce projet de loi très important. Je pense que nous savons tous que vous y avez beaucoup travaillé et que vous avez obtenu énormément d’appui partout au pays. C’est vraiment merveilleux qu’il ait été adopté à l’unanimité en deuxième lecture à la Chambre des communes et que nous en discutions aujourd’hui en comité. Merci d’être venue nous en parler.
Je remercie aussi nos deux témoins d’être venus aujourd’hui. Je suis très heureuse que nous puissions vous donner du soutien et de la visibilité dans ce dossier. Vous accomplissez un travail extraordinaire, mais les Canadiennes et les Canadiens sont peu informés de ce que vous faites et de qui vous êtes. Je pense que votre témoignage d’aujourd’hui, les récits que vous nous avez livrés, et la prière que vous nous avez récitée nous donnent une idée de l’importance de votre travail et de son incidence positive sur la vie de particuliers et de communautés entières.
Je ne veux pas employer le terme « choquant », mais c’est vraiment incroyable que vous ne soyez que 1 300 au pays. Vous formez vraiment un tout petit groupe de femmes qui accomplissent un travail extraordinaire. J’aimerais pouvoir dire que votre nombre triplera ou quadruplera. Je pense que le but, la philosophie, d’accoucher plus près de chez soi, d’être chez soi, est très important. C’est quelque chose qui change l’expérience de l’accouchement pour une femme. Je vous remercie du travail que vous faites.
Bien sûr, le projet de loi est très important, car il reconnaît le 5 mai. C’est déjà une journée reconnue à l'échelle internationale, mais il est important que nous la soulignions au Canada.
Je ne veux pas vraiment m’attarder à ce que vous faites, puisque notre temps est limité. J’aimerais plutôt m’arrêter aux obstacles et aux défis qui sont les vôtres. Je suis particulièrement déçue d’apprendre que les sages-femmes dans les réserves et dans les communautés autochtones ne reçoivent aucun financement fédéral sauf, comme vous l’avez mentionné je crois, par l’intermédiaire d'autres transferts de la Colombie-Britannique. Je me souviens que vous ayez mentionné, au cours de discussions précédentes, qu’il y avait un problème avec les classifications du Conseil du Trésor. J’aimerais beaucoup que vous nous rappeliez de quel problème il s’agit. Je me dis que c’est au moins un point dont nous pourrions faire le suivi. J’espère que le projet de loi sera adopté et qu’il sera renvoyé à la Chambre, mais peut-être qu’il y a une autre question à laquelle nous pourrions donner suite. C’est clairement une question de compétence fédérale.
Je me demande si vous pourriez toutes les deux nous rappeler la question pour laquelle vous vous battez depuis si longtemps au Conseil du Trésor et peut-être que nous pourrions vous aider de quelque façon que ce soit.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Madame Rosane Doré Lefebvre, je tiens à vous féliciter d'avoir soulevé cette question. À la réaction unanime de la Chambre, je crois que vous avez pu constater que nous reconnaissons tous les mérites de votre idée.
Je suis interpelé par le fait qu'en français, vous parliez de « sages-femmes ». Voilà un terme très intéressant. Je ne sais pas d'où vient le mot anglais midwife, mais je sais qu'on l'utilise depuis longtemps. La notion de sage-femme est très appropriée, car elle permet de comprendre le rôle que cette personne joue, soit celui d'aider les femmes à accoucher, des femmes plus jeunes habituellement. Ce sont elles qui ont besoin de quelqu'un d'expérimenté, de quelqu'un qui a assisté à maints accouchements, c'est-à-dire d'une sage-femme. C'est particulièrement vrai à notre époque où l'on entend tellement d'histoires d'horreur à ce sujet. Les accouchements suscitent beaucoup de frayeur. Je crois cependant que, dans la majorité des cas, cette peur n'a pas sa raison d'être. La majorité des accouchements — la très très grande majorité — continuent à présenter très peu de risque. Du point de vue de la santé, ce sont des expériences normales pour les familles.
Je suis heureux que vous soyez ici pour que nous puissions en discuter. Vous avez touché à quelques points très intéressants. Une partie de votre exposé a porté sur la façon dont la présence des sages-femmes aide les collectivités. J'estime que c'est une tragédie lorsque les femmes sont forcées de s'en aller loin de leurs familles et de leurs collectivités pour accoucher. C'est beaucoup mieux si elles peuvent le faire en restant dans leur milieu.
De plus, si je puis me permettre de parler au nom des papas, je pense que la présence du père est une bonne chose, puisqu'ils sont eux aussi censés jouer un rôle dans l'éducation de l'enfant. Or, c'est un problème qui prend de l'ampleur avec le temps. Que le père manque l'accouchement est aussi une tragédie, une vraie tragédie, mais une tragédie d'un autre ordre. J'estime que le papa doit établir un « dialogue » avec l'enfant — qui, rappelons-le, baigne dans un milieu aqueux —, puisque l'ouïe est le premier sens important à se développer, et que les bébés sont par conséquent sensibles aux sons qui les entourent. C'est d'ailleurs pour cela que les bébés sont beaucoup plus à l'aise dans leur propre environnement. Un accouchement à la maison est probablement préférable, car les sons et la musique de la maison sont ceux auxquels le bébé est habitué. L'environnement sonore de la maison est très différent de celui d'un hôpital.
Je crois que le sujet d'aujourd'hui suscite un grand intérêt.
Ellen, vous avez parlé d'une jeune mère qui voulait allaiter, mais qui n'avait trouvé personne dans l'hôpital très occupé où elle était pour l'aider avec les défis pratiques que cela représentait. Quelle occasion perdue! Pour la plupart des bébés, les mères n'ont besoin que d'un petit peu d'encadrement, d'une aide toute en douceur. On insiste beaucoup sur le contact peau contre peau et sur la grande importance que cela revêt pour les bébés naissants. Dans cette optique, le fait de les prendre, de les envelopper et de les amener ailleurs aussitôt qu'ils voient le jour n'est pas la meilleure chose à faire.
Je crois que les sages-femmes excellent dans tous ces aspects qui entourent la naissance. Vous avez un rôle de premier plan en ce qui concerne la dissémination de ce message afin que les bébés puissent naître sans problème et plus confortablement, ainsi que pour aider les mères à partir sur le bon pied avec leur enfant. Je tiens ici à ajouter quelque chose à l'intention des papas, car j'estime qu'ils devraient se sentir concernés. Je crois que la plupart des sages-femmes souhaitent que le père soit sur place dans la mesure du possible.
Bref, je voulais seulement dire que parce que vous n'êtes que 1 400... Je pensais que vous étiez 1 400, mais je crois que Mme Davies a dit qu'il y avait 1 300 sages-femmes en exercice. Tout d'abord, pouvez-vous confirmer ce nombre? De plus, pour les besoins du compte-rendu, pouvez-vous nous parler de la formation des sages-femmes au Canada? Je crois que beaucoup de Canadiens ne comprennent pas la formation en bonne et due forme que les sages-femmes reçoivent à l'heure actuelle.
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Je vous remercie beaucoup de cette question. Je vais y répondre en français.
Au Canada, il y a présentement 1 300 sages-femmes enregistrées, et ce nombre augmente très rapidement. Notre profession connaît une croissance assez rapide étant donné que sept universités forment à l'heure actuelle des sages-femmes. Il s'agit d'un baccalauréat de quatre ans et même, à certains endroits, de quatre ans et demi. Cette formation comporte beaucoup de pratique, en l'occurrence beaucoup de possibilités pour les étudiantes sages-femmes de travailler auprès des femmes enceintes et des bébés.
Il y a aussi quelques programmes de formation dans les communautés des Premières Nations, en général, et les communautés inuites, partout au Canada. Il s'agit de quelques programmes de formation vraiment adaptés aux besoins des sages-femmes autochtones. Il y a également un programme de formation qui fait office de pont pour les sages-femmes ayant été formées à l'étranger. Des sages-femmes venant notamment d'Europe, d'Amérique latine ou des États-Unis peuvent bénéficier d'un programme un peu plus rapide et venir travailler au Canada. C'est ce qui fait que la croissance de la profession de sage-femme est assez importante en ce moment. On espère que cela va doubler voire tripler assez rapidement.
Au Canada, les sages-femmes ont beaucoup d'autonomie dans leur travail du fait qu'elles pratiquent leur profession majoritairement à l'extérieur des centres hospitaliers. Elles sont responsables des suivis prénataux et, après l'accouchement, des suivis postnataux ainsi que des accouchements normaux des femmes en santé. Or les sages-femmes formées à l'étranger ont besoin d'une formation d'appoint parce que le modèle canadien de soins des sages-femmes n'est pas celui qu'on applique dans tous les pays. Les sages-femmes qui arrivent de l'étranger doivent donc souvent réapprendre cette autonomie et développer un jugement clinique plus pointu pour pouvoir travailler de façon autonome.
D'ailleurs, nos programmes de formation sont présentement reconnus internationalement. Ils sont considérés comme le golden standard partout dans le monde pour ce qui est du développement de l'autonomie et du jugement clinique chez les sages-femmes. Il est de plus en plus fréquent que des pays où la formation n'était pas de niveau universitaire et où celle-ci ne représentait pas nécessairement quatre ans d'université essaient de remonter le niveau de la formation des sages-femmes de façon à atteindre un niveau semblable à celui qui prévaut ici. Bref, nous avons au Canada des sages-femmes extrêmement bien formées.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président et honorables membres du comité, je m'appelle Richard Aucoin et je suis le directeur exécutif de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada.
Je suis ravi d'être ici aujourd'hui pour vous présenter un mot d'ouverture sur la Loi sur les produits antiparasitaires, une loi dont vous entamez l'examen.
Je suis accompagné aujourd'hui par mes collègues de l'ARLA, à savoir Mme Connie Moase, directrice de la Direction de l'évaluation sanitaire, et M. Jason Flint, directeur de la Direction des politiques, des communications et des affaires réglementaires.
Au nom du , l'ARLA réglemente les pesticides au Canada en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires. Elle a pour objectif premier de prévenir les risques inacceptables qui découlent de l'utilisation de pesticides pour les gens et l'environnement.
Cet objectif est atteint d'abord et avant tout en conduisant une évaluation scientifique exhaustive du produit avant sa commercialisation et en suivant un processus rigoureux d'approbation. De plus, la loi fournit des directives sur les activités à conduire après la commercialisation, comme les réévaluations cycliques, les examens spéciaux et la surveillance, ainsi que les activités de conformité et d'application de la loi.
La version actuelle de la loi a été révisée en 2002 et est entrée en vigueur en 2006. La nouvelle version de la loi visait les trois objectifs suivants: premièrement, de mieux protéger la santé et l'environnement; deuxièmement, de fournir un système réglementaire des plus transparents; et, troisièmement, de renforcer le contrôle des pesticides après l'homologation.
J'aimerais vous donner quelques exemples de la façon que la loi répond à ces objectifs.
[Traduction]
Monsieur le président, la loi a été renforcée en 2006 afin de donner le pouvoir de réglementer les pesticides tout au long de leur cycle de vie, y compris la capacité de retirer ceux qui ne répondent plus aux normes scientifiques actuelles. De par leur nature, les pesticides peuvent être des substances dangereuses, c'est pourquoi nous devons prendre des précautions particulières quant à notre façon d'effectuer nos examens scientifiques afin d'assurer qu'il n'existe aucun risque inacceptable. Par exemple, la loi nous oblige à examiner toutes les sources possibles d'exposition, y compris les aliments, l'air et l'eau. Une telle démarche nous permet d'obtenir le portrait le plus juste possible des risques associés à l'utilisation des pesticides.
Certaines couches de la population canadienne, comme les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées, peuvent être plus sensibles aux effets de l'exposition aux pesticides. Dans cette optique, la Loi sur les produits antiparasitaires nous oblige à appliquer des marges de sécurité supplémentaires afin de protéger ces personnes pouvant être vulnérables.
La science ne cesse d'évoluer, et de nouvelles méthodes d'évaluation des risques sont constamment en développement. Il est important de nous tenir au courant de ces méthodes afin d'assurer le plus haut niveau de protection possible aux Canadiens. Même si la loi se veut stricte dans sa démarche visant la protection de la santé et de l'environnement, elle offre néanmoins assez de souplesse pour permettre l'inclusion de nouvelles méthodes scientifiques et de nouveaux processus dans un contexte où le milieu réglementaire change rapidement. Cela nous permet aussi d'établir plus rapidement et de façon plus efficace les normes en matière de salubrité des aliments. Par exemple, la limite maximale de résidus de pesticides dans les aliments est fixée directement en vertu de la Loi sur les produits antiparasitaires.
Un deuxième aspect important à l'égard duquel la loi a été actualisée est celui de la transparence et de l'ouverture. En vertu des dispositions très précises de la loi en la matière, les activités réglementaires de notre agence doivent être facilement accessibles au public. Chaque année, nous tenons plus de 30 consultations publiques au sujet de nos décisions réglementaires importantes. Par exemple, avant de prendre une telle décision à propos d'un nouveau pesticide, nous rendons publics les résultats de nos examens scientifiques pour savoir si les gens ont des préoccupations, des observations ou des ajouts à suggérer. En outre, le public peut prendre connaissance des données sur nos essais scientifiques et des renseignements sur lesquels nous nous fondons pour en arriver à nos décisions. Les Canadiens peuvent avoir recours à ces mécanismes pour faire valoir leurs opinions et leurs préoccupations à l'égard de nos propositions de décisions réglementaires. La loi prévoit également des mécanismes permettant à toute personne du public de demander le réexamen d'une décision importante pour autant, bien évidemment, que cette requête s'appuie sur des bases scientifiques.
Les Canadiens peuvent aussi faire des recherches dans notre registre public électronique qui renferme une vaste gamme de renseignements sur les pesticides homologués. Le registre contient des dossiers sur les décisions et les consultations de l'ARLA concernant les produits homologués; sur les conditions strictes que nous imposons relativement à l'utilisation des pesticides; sur l'étiquetage, qui fait partie intégrante du processus d'approbation et doit être très strict; ainsi que sur nos règlements, nos politiques, nos lignes directrices et nos directives.
Passons maintenant au renforcement du contrôle des pesticides après l'homologation, le troisième aspect important à l'égard duquel la loi a été modifiée. Des dispositions de la loi appuient notre capacité à surveiller les effets produits par les pesticides après leur homologation et une fois qu'ils ont été utilisés dans des conditions réelles, et nous permettent également de prendre des mesures réglementaires, s'il s'avère nécessaire de le faire.
En vertu de la loi, tous les pesticides doivent être réévalués suivant un cycle de 15 ans. Nous pouvons ainsi déterminer si les produits répondent aux normes environnementales et sanitaires les plus récentes, et réduire l'effet de tout nouveau risque détecté, notamment en changeant les utilisations autorisées d'un pesticide. Nous pouvons en effet supprimer certaines utilisations autorisées d'un pesticide s'il ne satisfait plus à nos normes.
La version actuelle de la loi nous donne de grands pouvoirs de réglementation aux fins de la collecte de renseignements concernant l'utilisation et les effets des pesticides après leur commercialisation en imposant l'obligation de présenter des rapports sur les ventes et des déclarations sur les incidents. Les fabricants présentent des rapports sur les volumes de vente de leurs produits depuis 2008. Ces données sur les ventes peuvent être utilisées pour évaluer les profils d'utilisation à l'échelle nationale, et servent également à effectuer les évaluations après la commercialisation et la surveillance des produits.
Notre programme de déclaration d'incidents, dans le cadre duquel les fabricants sont légalement tenus de déclarer les incidents relatifs à leurs produits, est en vigueur depuis 2007. Les citoyens peuvent aussi rapporter des incidents via l'Internet et d'autres moyens. Le programme fournit à l'agence des renseignements utiles sur les effets non désirés découlant de l'utilisation de pesticides et nous permet de prendre des mesures lorsque des risques sont relevés. Les incidents sont souvent le résultat d'une mauvaise utilisation d'un produit, qu'elle soit intentionnelle ou non, et les profils de ces incidents peuvent nous guider afin de trouver la meilleure mesure à prendre. Ces renseignements peuvent nous amener à entreprendre des activités de sensibilisation et à établir des exigences concernant des énoncés d'étiquettes plus clairs afin de sensibiliser davantage les consommateurs à l'égard de l'importance d'utiliser les bons produits et de suivre les instructions très précises qui figurent sur l'étiquette.
La Loi sur les produits antiparasitaires investit l'ARLA du pouvoir de mettre en place des programmes efficaces de conformité et d'application de la loi, lesquels lui permettent de mener des inspections visant les entités assujetties à la loi, comme les fabricants, les utilisateurs et les détaillants. De plus, la loi procure à l'agence la capacité de renforcer le respect de la loi au moyen de règlements, en imposant des mesures adaptées à la situation. Cela peut prendre la forme de mesures pouvant aller de l'éducation à des campagnes ciblées de sensibilisation, jusqu'à l'imposition de sanctions monétaires sévères.
Encore aujourd'hui, monsieur le président, la Loi sur les produits antiparasitaires continue de donner à notre agence la souplesse de s'adapter aux changements dans l'environnement réglementaire, que ce soit au pays ou à l'étranger. Au fur et à mesure que la science évolue, de nouveaux produits sont mis au point et de nouvelles méthodes d'évaluation et de gestion des risques sont élaborées en collaboration avec plusieurs pays. De plus, les examens scientifiques conjoints sont la norme pour l'évaluation des nouveaux produits. Ainsi, environ la moitié du travail d'évaluation que nous effectuons dans ce contexte se fait en collaboration avec un ou plusieurs autres pays de l'OCDE, dont les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni. Cette collaboration réglementaire internationale permet des gains d'efficience qui favorisent une mise en marché plus rapide des produits les plus novateurs et sécuritaires. De plus, il est important de souligner que cette collaboration permet au Canada d'avoir accès aux meilleurs outils scientifiques au monde et de contribuer à leur conception. Les progrès technologiques réalisés, notamment pour la gestion de l'information, sont aussi des éléments facilitateurs dans le cadre des activités ayant trait à l'homologation, à la diffusion des données, à la surveillance et à la mobilisation des intervenants.
La Loi sur les produits antiparasitaires donne le pouvoir de protéger la santé et l'environnement, de surveiller étroitement l'utilisation des pesticides dans des conditions réelles et de prendre des mesures lorsque des risques sont relevés. De plus, grâce aux dispositions de la loi ayant trait à la transparence, Santé Canada est redevable aux Canadiens; ces derniers comptent sur un système solide en matière de réglementation des pesticides.
Pour conclure, monsieur le président, nous sommes d'avis que la Loi sur les produits antiparasitaires continue de fournir des assises solides à la mise en oeuvre d'un système réglementaire en matière de pesticides qui sert à protéger la santé des Canadiens et leur environnement.
Merci.
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L'utilisation de ces molécules suscite d'abord des craintes à l'échelle mondiale, en raison du déclin de populations d'organismes pollinisateurs, comme les abeilles. Ces craintes se fondent sur beaucoup de facteurs, qui vont du changement climatique aux maladies, en passant par les parasites des abeilles et, peut-être, les pesticides. Le Canada, comme tous les pays membres de l'OCDE, y compris cet organisme où nous présidons un groupe de travail, anime des discussions qui visent à élucider le phénomène. Si des pesticides sont en cause, que pouvons-nous faire?
Au Canada même, des mortalités d'abeilles ont été imputées aux néonicotinoïdes, mais le phénomène était très localisé, à des régions de culture très intensive du maïs et du soja, dans le sud de l'Ontario et dans quelques localités du Québec. Nous croyons que ces mortalités découlent probablement d'une pratique agricole qui a entraîné dans ces cultures des poussières provenant de semences traitées aux néonicotinoïdes, ce qui a probablement été néfaste pour les abeilles.
Nous collaborons avec les acteurs du secteur pour essayer de neutraliser ce facteur. Ces quelques dernières années, nous avons collaboré très étroitement avec ces acteurs du secteur agricole, les producteurs, les fabricants, les apiculteurs, les provinces, pour trouver des moyens d'atténuer ces risques pour les abeilles. Jusqu'ici, nos efforts ont été couronnés d'un certain succès. Le printemps dernier, par exemple, nous avons constaté une réduction d'environ 70 % de la mortalité des abeilles par rapport au printemps précédent. C'est un progrès. Nous avons encore beaucoup à faire pour être sûrs que nous protégeons les abeilles.
Avec l'agence de protection de l'environnement des États-Unis, le service chargé de la réglementation des pesticides en Californie et nos homologues de l'étranger, nous avons effectué une réévaluation scientifique étendue de ces néonicotinoïdes, dans toute la gamme de leurs utilisations, pour nous assurer qu'on peut continuer à les utiliser sans danger.
Comme je l'ai dit, le seul lien direct, actuellement, concerne les cultures de maïs et de soja dans le sud de l'Ontario.
En ce qui concerne les LMR, comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, l'agence fixe effectivement, sous le régime de la Loi sur les produits antiparasitaires, la quantité maximale de résidus de pesticides qu'on peut légalement autoriser dans un produit alimentaire. Nous reconnaissons aussi, cependant, que parce que le Canada fixe ces limites, tout comme d'autres pays, si notre norme diffère, numériquement, de certaines normes de ces pays, cela peut compliquer le commerce de produits alimentaires avec eux.
Nous avons beaucoup collaboré avec Agriculture Canada, par exemple. C'était pour comprendre si, le cas échéant, ces LMR étaient susceptibles de contribuer à l'érection de barrières commerciales dans le monde, comment, à quel moment et entre quels pays. Cela risque de nuire à l'exportation de certains produits canadiens ou à certains de nos producteurs agricoles qui essaient d'exporter leurs produits, ce qui est extrêmement important pour eux. Comme vous savez, le marché est maintenant vraiment global.
Nous avons essayé de faire profiter les autres pays de nos compétences scientifiques concernant la nature de ces limites maximales de résidus, la nature des données, de l'information et des données scientifiques sur lesquelles le Canada fonde sa norme et de communiquer ces renseignements aux autres pays qui peuvent posséder des données ou des renseignements différents, ou un processus différent de normalisation de la salubrité des aliments, pour harmoniser nos méthodes de normalisation avec celles des autres pays et essayer de concilier les écarts entre les normes.
Très souvent, ces écarts minimes sont vraiment sans conséquence sur la salubrité. Souvent, ce sont des causes mineures de friction, parce que les écarts sont minimes. Bien honnêtement, il arrive que des pays essaient de les exploiter pour entraver les échanges commerciaux ou, peut-être, aviver le risque d'une querelle commerciale si tel produit est exporté dans tel autre pays. De nos compétences scientifiques nous avons fait amplement profiter l'agriculture et notre autre réseau de contacts dans les pays membres de l'OCDE ainsi que le forum du Codex sur les normes de salubrité des aliments, pour essayer de faire disparaître certaines de ces barrières commerciales qui ne sont pas vraiment nécessaires.