:
Je tiens à remercier le comité de m'avoir invité à prendre la parole sur la question de la santé mentale et à vous expliquer comment le gouvernement du Canada appuie la recherche sur les besoins des personnes aux prises avec la maladie mentale et le mésusage de substances.
Comme vous le savez, les Instituts de recherche en santé du Canada, ou IRSC, sont l'organisme du gouvernement du Canada chargé de financer la recherche en santé répondant à des critères d'excellence dans les universités, les hôpitaux et les centres de recherche partout au Canada.
Pour réaliser leur mandat, les IRSC soutiennent la recherche selon une structure interdisciplinaire unique constituée de 13 instituts virtuels. La mission de l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies, dont je suis actuellement le directeur scientifique, est de favoriser l'excellence dans l'innovation et une recherche responsable sur le plan de l'éthique pour améliorer nos connaissances du fonctionnement et des troubles du cerveau et de l'esprit, de la moelle épinière, des systèmes sensoriels et moteurs, de même que sur la santé mentale, les maladies mentales et toutes les formes de dépendance.
Entre 2006-2007 et 2013-2014, les IRSC ont investi plus de 475 millions de dollars dans la recherche en santé mentale et les troubles de comportement connexes. Cela inclut des investissements dans un certain nombre de grandes initiatives qui visent à répondre aux besoins de populations fortement sujettes à ces troubles. Un bon exemple est la principale initiative des IRSC, la Stratégie de recherche axée sur le patient du Canada, ou SRPC. Cette initiative a pour objectif central de favoriser la prestation de soins de santé fondés sur des données probantes en intégrant des approches diagnostiques et thérapeutiques novatrices au lieu d'intervention et, il va sans dire, de générer de nouvelles connaissances permettant d'améliorer la santé des Canadiens.
Dans le cadre de la SRAP, les IRSC travaillent avec des partenaires pour établir des réseaux de recherche qui produisent les données scientifiques et les innovations dont nous avons besoin pour améliorer la santé des patients et les systèmes de soins de santé. Le premier réseau de la SRAP soutenu par les IRSC oeuvre dans le domaine de la santé mentale des adolescents. Ce réseau vise à améliorer les soins offerts aux jeunes Canadiens aux prises avec une maladie mentale en transformant les découvertes prometteuses issues de la recherche en pratiques et en politiques. Il représente un investissement de 25 millions de dollars sur cinq ans, réparti à parts égales entre les IRSC et la Fondation Graham Boeckh de Montréal.
Les IRSC travaillent aussi avec des partenaires pour améliorer les activités de prévention du suicide dans les communautés autochtones. En mars dernier, par exemple, en partenariat avec le gouvernement du Nunavut, le Conseil circumpolaire inuit et d'autres partenaires fédéraux et internationaux, les IRSC ont organisé, sous les auspices du Conseil de l'Arctique, un symposium circumpolaire sur le bien-être mental axé sur la prévention du suicide. Cette rencontre a mis en présence des chercheurs, des membres des communautés, des praticiens, des responsables des politiques et des jeunes de toutes les régions de l'Arctique dans le but de déterminer et de mettre en commun les pratiques exemplaires pouvant servir à promouvoir le bien-être mental et à prévenir le suicide.
En juin 2012, les IRSC ont également lancé l'initiative phare Voies de l'équité en santé pour les Autochtones, qui vise à soutenir l'élaboration, la mise en oeuvre et l'application à grande échelle d'interventions et de programmes axés sur l'amélioration de la santé et du bien-être des Autochtones dans quatre domaines clés, dont la prévention du suicide.
À titre d'exemple, nous signalons l'étude de la docteure Susan Chatwood, de l'Institut de recherche en santé circumpolaire à Yellowknife, qui porte sur les programmes de santé mentale existants dans l'Arctique et vise à déterminer ce que différentes régions peuvent apprendre les unes des autres pour trouver une solution à ce problème extrêmement grave.
Les IRSC appuient également un certain nombre d'initiatives visant à remédier au problème du mésusage de substances. Par exemple, le 1er mai 2015, j'ai eu le plaisir d'annoncer, avec la ministre de la Santé, la création de l'Initiative canadienne sur l'abus de substances. Il s'agira d'un réseau de recherche national destiné à améliorer la santé des Canadiens qui ont des problèmes de dépendance.
Cette initiative, qui représente un investissement fédéral de 7,2 millions de dollars sur cinq ans, est unique en ce sens qu'elle a pour objet le transfert et l'adoption de nouvelles approches fondées sur des données probantes pour réduire les risques du mésusage de substances pour la santé, notamment la dépendance, la surdose et le décès. Les chercheurs financés grâce à cette initiative travailleront aussi étroitement avec les prestataires de services et les représentants des personnes qui ont un problème de mésusage de substances afin qu'elles puissent être en meilleure santé.
En conclusion, monsieur le président, je voudrais vous assurer que les IRSC sont déterminés à continuer de travailler avec des partenaires publics et privés pour appuyer la recherche dans ces importants domaines et assurer l'application des résultats de la recherche en vue d'améliorer les services et les traitements destinés aux personnes atteintes de troubles mentaux.
Encore une fois, je vous félicite, vous et vos collègues, d'avoir entrepris cette étude et je tiens à vous remercier de m'avoir fourni l'occasion de vous entretenir de cet important sujet. Il va sans dire que je serai ravi de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, monsieur le président, de me fournir l'occasion de vous donner un aperçu des programmes et services financés par Santé Canada dans le domaine de la santé mentale et du bien-être des Premières Nations et des Inuits.
[Français]
Santé Canada reconnaît que la prise de mesures à l'égard des problèmes de santé mentale et de toxicomanie est une priorité de santé importante pour les Premières Nations et les Inuits. Par conséquent, le ministère consacre cette année plus de 300 millions de dollars à une gamme de programmes et de services touchant le mieux-être mental.
Ces programmes comprennent la promotion de la santé mentale, la prévention de la toxicomanie et du suicide, d'autres services d'intervention dans les situations de crise, des services de traitements et de suivis ainsi que des services de soutien destinés aux anciens élèves des pensionnats indiens admissibles et leurs familles.
Santé Canada travaille avec ses partenaires afin que les mesures prises pour appuyer les individus, les familles et les communautés relativement aux soins de santé mentale soient coordonnées et incluent le soutien familial, l'emploi, la formation, l'éducation et les services sociaux.
À la lumière des pratiques exemplaires, nous savons que le soutien offert aux personnes, aux familles et aux communautés doit être sécuritaire sur le plan culturel et axé sur les communautés. Nous ne pouvons trouver des solutions viables que si nous collaborons avec nos partenaires, y compris avec les organisations des Premières Nations et des Inuits, et — ce qui est le plus important — avec les communautés elles-mêmes.
[Traduction]
Les recherches sur la promotion de la santé mentale et la prévention du suicide mettent en lumière la nécessité d'interventions globales, à plusieurs volets, qui s'inscrivent dans un continuum de mieux-être. Les interventions qui englobent les niveaux individuel, familial, communautaire et fédéral, provincial et territorial se sont révélées particulièrement efficaces.
Nous avons travaillé avec l'Assemblée des Premières Nations et des chefs de file du domaine de la santé mentale afin de mettre au point le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations. Les communautés ont été invitées à prendre part à cette démarche et à présenter leurs idées.
Ces discussions ont fait ressortir l'importance fondamentale de la culture. Les autres éléments considérés comme indispensables pour aller de l'avant incluaient l'innovation communautaire, les partenariats intergouvernementaux, la collaboration et la coordination entre les différents secteurs ainsi que les liens entre les programmes et les services.
Le cadre a été ratifié par l'Assemblée générale des chefs de l'Assemblée des Premières Nations qui l'a publié en janvier 2015. Nous travaillons maintenant avec l'Inuit Tapiriit Kanatami en vue d'élaborer un cadre du continuum du mieux-être mental pour les lnuits.
Santé Canada participe comme partenaire à la mise en oeuvre du Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations, lequel préconise des modèles intégrés de prestation des services mettant en valeur les forces des communautés et le savoir autochtone.
Nous chercherons dorénavant à renforcer les programmes fédéraux de mieux-être mental avec nos partenaires, par exemple en favorisant l'intégration entre les programmes fédéraux, provinciaux et territoriaux, et en offrant les programmes de façon moins cloisonnée, plus coordonnée et plus efficace, afin de répondre aux besoins particuliers des communautés.
[Français]
Nous soutenons également des équipes de mieux-être mental qui offrent des traitements spécialisés à un groupe de communautés des Premières Nations aux prises avec des problèmes de santé mentale. Les équipes ont pour objectif d'accroître l'accès à un éventail de services de mieux-être mental incluant la sensibilisation, l'évaluation, le traitement, le counseling, la gestion de cas, l'aiguillage et les soins de suivi.
Par l'entremise de la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones, nous appuyons le dépistage de la dépression en milieu scolaire, l'éducation et la formation des intervenants de première ligne en vue de réduire la stigmatisation et d'améliorer la sensibilisation des communautés, de la formation sur l'aiguillage et l'intervention, des services d'intervention en situation de crise, le suivi et le soutien des jeunes à risque, ainsi que des activités culturelles et traditionnelles qui renforcent les facteurs de protection et qui réduisent les facteurs de risque.
Depuis 2008, nous avons soutenu une gamme de services destinés aux anciens élèves des pensionnats indiens et à leurs familles, afin qu'ils puissent aborder de façon sécuritaire les problèmes liés au mieux-être et à la santé affective qui découlent de la divulgation des abus subis durant leur enfance. Par exemple, en 2013-2014 seulement, Santé Canada a soutenu la prestation d'environ 630 000 services de soutien émotionnel et culturel à d'anciens élèves et à leurs familles, ainsi que 47 000 consultations auprès de professionnels de la santé mentale.
[Traduction]
Le 20 février 2015, la a annoncé un investissement visant à prévenir, dépister et contrer la violence familiale et la violence faite aux enfants. Les sommes investies par Santé Canada faciliteront l'accès des membres des Premières Nations victimes de violence à des services de counselling en santé mentale qui sont en contact avec des refuges. Cet argent permettra également d'améliorer les services offerts aux membres des Premières Nations et aux lnuits victimes de violence de manière à ce qu'ils soient mieux coordonnés et adaptés à la culture et qu'ils tiennent davantage compte des traumatismes subis.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions tout à l'heure.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de souligner le travail qu'effectue l'Agence de la santé publique du Canada afin d'améliorer le bien-être mental des Canadiens. Nous collaborons étroitement avec nos partenaires afin de contribuer à la mise en oeuvre de la stratégie en matière de santé mentale pour le Canada.
[Traduction]
Un rôle important en matière de santé publique est la surveillance de la santé mentale et de la maladie mentale au sein de la population canadienne. Le système de surveillance de la maladie mentale de l'agence permet de suivre les tendances d'un certain nombre de maladies mentales, comme les troubles de l'humeur et les troubles anxieux. Ce système comprend des données complémentaires, notamment sur les blessures auto-infligées, par exemple, les comportements suicidaires, et la maltraitance des enfants.
Comme vous le savez, ces données nous apprennent que la maladie mentale touche de nombreux Canadiens: au moins un sur trois aura un problème de santé mentale au cours de sa vie, et un sur sept utilise les services de santé pour un problème de santé mentale tous les ans. De plus, environ 4 000 Canadiens se suicident chaque année et le nombre de tentatives de suicide est encore beaucoup plus élevé.
Pour éviter tout chevauchement et tirer profit du travail réalisé à la grandeur du pays, l'agence est membre du Groupe de collaboration en matière d'information sur la santé mentale et la toxicomanie avec nos collègues de la Commission de la santé mentale du Canada ainsi que d'autres partenaires nationaux recueillant des données sur la santé mentale.
Le budget de 2013 prévoyait une réaffectation de 2 millions de dollars des fonds de l'agence sur une période de trois ans dans le but d'améliorer la collecte de données et la préparation de rapports sur la maladie mentale et la santé mentale. À cette fin, l'agence collabore avec la Commission de la santé mentale du Canada pour améliorer ses données sur la santé mentale positive et le bien-être.
Nous disposons maintenant d'un ensemble d'indicateurs de santé mentale positive chez les Canadiens et ces indicateurs constituent le fondement de la surveillance permanente de la santé mentale et des facteurs qui influent sur ces changements aux niveaux individuel, familial, communautaire et sociétal. La capacité d'adaptation des personnes, les relations positives avec la famille et un milieu favorable sont quelques exemples de ces indicateurs. Nous savons que 65 % des Canadiens estiment que leur état de santé mentale est très bon ou excellent et que 82 % sont satisfaits de leur vie. Les Canadiens sont aussi bien ancrés dans leur collectivité: 87 % des adultes estiment que leur quartier est un lieu d'entraide. En collectant et en analysant ces données, nous serons capables de partager plus d'information sur les facteurs qui nous aident à préserver notre santé mentale et à prévenir la maladie mentale.
Une autre grande priorité de l'Agence est la prévention du suicide. L'adoption de la en décembre 2012 a donné de la visibilité à la question et souligné que le suicide était un problème de santé publique. Le cadre fédéral de prévention du suicide vise à améliorer l'information, la collaboration et les ressources pour les Canadiens, et à fournir aux personnes qui s'efforcent de prévenir le suicide l'information la plus récente sur les pratiques exemplaires.
Nos échanges avec nos partenaires et les intervenants nous ont appris que la fragmentation de l'information était l'un des principaux obstacles auxquels ils sont confrontés dans leur travail. La prévention du suicide ne sera efficace que si tous les secteurs y participent, notamment le gouvernement, les organisations non gouvernementales, les collectivités, le milieu universitaire et le secteur public. Le cadre servira de point de départ pour l'établissement de partenariats sur des activités concrètes; il nous tarde de collaborer avec la Commission de la santé mentale du Canada afin de contribuer à la réalisation des objectifs du cadre.
L'agence s'efforce également d'améliorer le bien-être mental des Canadiens avant même l'apparition de problèmes de santé mentale. Un autre rôle clé de l'agence consiste à piloter des activités nationales qui favorisent la santé mentale positive, comme les programmes de renforcement de la résilience des personnes et des collectivités. Nous investissons 112 millions de dollars par an dans des programmes communautaires destinés aux familles vivant dans des conditions à risque, comme la pauvreté, l'isolement social, l'abus d'alcool ou de drogues et la violence familiale.
Ces programmes tiennent compte des facteurs qui influent sur la santé mentale, notamment les compétences parentales, le développement des jeunes enfants, le bon déroulement des grossesses et les problèmes de santé mentale, comme la dépression post-partum. En créant des milieux favorables, nous avons un impact positif sur la santé mentale.
Le soutien de l'innovation en matière de promotion de la santé mentale est une priorité pour nous. Des projets d'envergure sont en cours pour promouvoir la santé mentale chez les enfants, les jeunes et les familles à la grandeur du Canada. Ces projets ont déjà eu des effets positifs, notamment en ce qui concerne la résilience des enfants et des jeunes, leur estime de soi, l'image qu'ils ont d'eux-mêmes, leur capacité d'adaptation et leurs aptitudes sociales. Par exemple, certaines de nos interventions dans les écoles ont permis de réduire les comportements agressifs, la violence dans les relations et l'abus d'alcool, elles ont contribué à l'amélioration du milieu scolaire et elles ont été intégrées dans les programmes d'enseignement.
Notre travail se fonde sur nos engagements internationaux, notamment sur le soutien du Canada à la résolution de l'Organisation mondiale de la Santé à l'appui d'un plan d'action global pour la santé mentale de 2013 à 2020. Une autre de nos priorités est de réduire les risques pour la santé mentale, notamment l'exposition à la violence familiale et à la violence envers les enfants. Comme l'a signalé mon collègue, la a récemment annoncé un investissement de 100 millions de dollars sur 10 ans pour répondre aux besoins en matière de santé des victimes de violence familiale. Cet investissement servira notamment à soutenir les projets communautaires visant à aider les victimes à se refaire une santé physique et mentale après un épisode de violence familiale.
[Français]
Notre travail de santé publique dans les domaines de la santé mentale et de la prévention du suicide repose sur un vaste éventail de partenaires qui pilotent des initiatives destinées à mieux répondre aux besoins des Canadiens en matière de santé mentale. Nous collaborons avec la Commission de la santé mentale du Canada et notre travail est harmonisé avec la Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada.
Je vous remercie.
:
Merci pour votre question.
La rencontre qui a eu lieu dans la région circumpolaire a fait ressortir, je pense, une vérité très importante, à savoir qu'il n'existe pas de solution universelle pour lutter contre ce fléau. Il est très important que les approches soient fondées sur les traditions de la société, c'est-à-dire des segments de la société aux prises avec le problème, et qu'elles y soient bien ancrées. Il est très important que les collectivités apprennent à reconnaître les problèmes existants ainsi que les facteurs susceptibles de prédisposer une personne à essayer de mettre fin à ses jours. Le principal message à retenir est que les déterminants sociaux et environnementaux à l'origine de ces troubles doivent faire l'objet d'une attention très soutenue.
Par ailleurs, à l'autre extrémité du spectre, concernant les facteurs biologiques fondamentaux qui pourraient expliquer les tendances au suicide, des recherches très importantes sont menées à l'Université McGill par Gustavo Turecki et ses collègues. Leurs travaux démontrent clairement que l'adversité dans la petite enfance peut influer sur les facteurs épigénétiques. Je n'ai pas l'intention de faire un exposé sur l'épigénétique, mais ce qu'il importe de retenir ici, c'est que nous commençons à mieux comprendre comment l'environnement peut avoir une influence sur la lecture du code génétique. Cela ne change pas le code, mais plutôt la façon dont les données génétiques peuvent influer sur la structure du cerveau et, par conséquent, sur nos pensées et nos actions. Ces résultats sont vraiment très prometteurs, parce que l'épigénétique pourrait également permettre de découvrir des bioindicateurs d'une tendance à un comportement suicidaire et, à long terme, nous permettre d'intervenir.
En terminant, je veux également signaler l'étroite relation existant entre la dépression et le suicide dans tous les segments de la société canadienne. La reconnaissance de la nécessité d'un traitement précoce et efficace des premiers signes de dépression sera, à mon avis, une autre étape importante.
J'espère que cela répond, en partie, à votre question.
:
C'est très bien, car je pense que dans un pays aussi vaste que le nôtre, avec nos gouvernements provinciaux et les autres administrations, nous avons à la fois des lacunes et des chevauchements dans notre recherche. Je pense que la Commission de la santé mentale ne fait peut-être pas de la recherche « traditionnelle », mais bon nombre de ses programmes, comme At Home/Chez Soi, etc., peuvent nous dire quels sont les effets sur les communautés. Je suis ravie d'entendre que vous travaillez avec elle.
Je veux poser une question à l'Agence de la santé publique du Canada. Ce n'est pas une question provocatrice. C'est simplement que vous avez recueilli toutes ces données. Vous et Santé Canada avez étudié beaucoup de choses.
Dans le même temps, l'UNICEF vient d'afficher son rapport. Vous avez parlé de la capacité d'adaptation et vous avez parlé du fait que les jeunes ont tendance à être les plus heureux. En fait, ce n'est pas exact. Le rapport de l'UNICEF indique que le Canada se classe 24e sur les 29 pays les plus riches du monde s'agissant du bonheur de leurs enfants. Les enfants du Canada sont parmi les plus malheureux dans le monde et disent qu'ils ne peuvent pas parler à leurs parents. Cela les situe à la 25e place sur 28 dans le monde.
Je pense que c'est un problème. On doit avoir certaines relations avec sa famille, comme vous l'avez dit. Or, nous avons perdu sept places concernant l'indice du bonheur chez les enfants et les relations des enfants avec leurs parents. Nous avons également 35 % des enfants du Canada, ce qui nous place au 21e rang sur 29 dans le monde, qui se plaignent d'être victimes d'intimidation non seulement à l'école, mais partout dans la société.
Je sais que Rome n'a pas été bâtie en un jour, mais cette situation existe depuis un certain temps déjà. Selon vous, quels sont les obstacles qui empêchent votre travail, les données que vous recueillez et les groupes avec lesquels vous travaillez, d'aboutir à des résultats positifs pour les enfants canadiens? Vous avez dit que les données sont très difficiles à trouver, mais travaillez-vous réellement en étroite collaboration? Ceci est un domaine que les provinces, les écoles, etc., devraient commencer à étudier ensemble. Quelles sont les difficultés? Pourquoi perdons-nous des places en matière de bien-être des enfants et des relations des enfants et que devrait-on faire à ce sujet, selon vous?
:
Oui. Nous avons bon nombre de très importants partenariats.
Je suis responsable des partenariats entre les IRSC et l'organisme correspondant en Chine, qui s'appelle la Fondation nationale des sciences naturelles. Nous avons établi, au cours d'une période de 10 ans, un partenariat très efficace avec la Chine. J'ai été plus qu'étonné quand, à ma première rencontre avec le chef de cet organisme, j'ai demandé quels étaient en Chine les problèmes de santé les plus répandus. Je pensais au cancer ou à quelque autre maladie. Il m'a répondu qu'un de leurs plus graves problèmes était l'héroïnomanie, qu'il y avait en Chine plus d'un million d'héroïnomanes et que toute aide qu'on pouvait leur apporter dans ce domaine serait grandement appréciée.
Nous travaillons en étroite collaboration avec l'Union européenne. En fait, nous sommes l'un des rares pays non européens, autres qu'Israël, je crois, à avoir conclu un partenariat de recherche officiel avec l'Union européenne.
Dans un autre domaine de santé mentale, soit la démence, la perte de fonctions cognitives associées au vieillissement, qui constitue de toute évidence un problème de mauvaise santé mentale, nous sommes partenaires de la Commission européenne dans un programme conjoint portant sur la neurodégénérescence dans la démence et nous avons une collaboration de recherche très active.
Le partenariat international est très important pour les IRSC et les Canadiens font face à de gros calibres.
Pour terminer, j'ai un chiffre concernant les articles de recherche publiés au Canada. Plus de la moitié des articles que nous publions le sont en partenariat avec un chercheur à l'étranger.
Mon autre question porte sur les capacités d'adaptation des personnes que vous avez mentionnées. Ma question est peut-être très élémentaire. Pouvez-vous m'aider à comprendre comment vous aidez les jeunes à acquérir ces capacités? Qu'est-ce qui est important?
Madame Fry a mentionné l'intimidation et les situations difficiles. Si je me reporte à mes jeunes années à l'école, je me souviens qu'il y avait de l'intimidation. Je pense, cependant, que l'évolution de la société a fait que les parents, moi-même y compris sans doute, sont aujourd'hui davantage protecteurs de leurs enfants.
Mes parents n'étaient pas aussi protecteurs que je le suis. Enfants, nous étions plutôt indépendants et nous devions composer nous-mêmes avec la plupart des situations, parfois avec l'aide d'amis ou de frères ou sœurs. On ne s'attendait pas à ce que les autorités scolaires s'en mêlent sauf si la situation se dégradait à un tel point que leur intervention devenait nécessaire.
Pourriez-vous développer cette problématique? Quels sont les enjeux? Comment pouvons-nous aller de l'avant et quelle est la meilleure solution?
Pour ce qui se passe dans les écoles aujourd'hui, nos partenaires qui œuvrent en milieu scolaire, enseignants et concepteurs de programmes d'études, nous disent que l'intimidation est un problème important qui influe sur la santé et le bien-être des écoliers. De fait, nous avons financé un organisme, appelé PreVAiL, qui fait des recherches visant à prévenir la violence et à préparer des programmes d'études pour que les enseignants puissent, dans le milieu scolaire, mieux aider les élèves à comprendre l'intimidation et à la prévenir et à composer avec l'intimidation.
D'après ce que nous avons appris et d'après les résultats provenant d'enquêtes, comme l'Enquête sur les comportements liés à la santé des enfants d'âge scolaire, dirigée par l'Organisation mondiale de la Santé, la violence, l'intimidation et les menaces exercées contre les enfants sont un problème important dans nos écoles. C'est une situation que nous prenons très au sérieux à l'Agence de la santé publique, vu notre rôle qui est d'aider à doter les collectivités, et donc les écoles qui en sont une composante, des outils nécessaires pour comprendre ce problème et prendre des mesures pour le résoudre.
Dans nos programmes, nous ciblons les enfants les plus vulnérables, ceux issus de familles monoparentales, ceux qui vivent peut-être dans des conditions qui ne sont pas propices à leur acquisition des capacités que les enfants de milieux plus favorisés acquièrent. Dans ces situations, nos programmes de financement apportent un soutien aux programmes communautaires de base destinés aux enfants et aux familles qui leur permettent de trouver un environnement sécuritaire, de parler des problèmes qui les touchent et d'obtenir l'aide et le soutien dont ils ont besoin pour acquérir les capacités de santé mentale qui leur serviront plus tard dans la vie.
Nos évaluations de ces programmes font voir un effet très bénéfique sur ces enfants. Dans nos visites sur le terrain, en voyant l'environnement bienveillant et sécuritaire où sont accueillis des enfants du même âge, suivis par des conseillers, et où les parents apprennent à composer avec des situations difficiles, nous constatons l'utilité et la nécessité pour les communautés de promouvoir ces programmes établis à l'intention des enfants vulnérables.
Nous nous attaquons au problème sur deux fronts.
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Merci. C'est une excellente question.
Il y a le National Native Alcohol and Drug Abuse Program, le NNADAP en anglais. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous donner tout de suite le nom en français.
Dans le contexte de ce programme, nous utilisons certains indicateurs. À la fin d'un traitement, par exemple, on peut voir si une personne a laissé tomber un ou plusieurs éléments de sa dépendance à une substance.
On réexamine le même résultat après six mois afin de voir où en est la personne relativement à sa dépendance. De tels indicateurs sont très communs dans les programmes de traitement. On ne s'éloigne pas de cela.
Par contre, il est très difficile de suivre la clientèle à long terme. Il y a des limites à ce qu'on peut faire à cet égard. On suit ce genre d'indicateurs pour voir si les centres de traitement ou les programmes qu'on soutient ont un rendement aussi bon que ce qui existe pour la population en général et ce qui dessert une population non autochtone.
On a aussi des programmes plutôt axés sur des activités, comme le programme de prévention du suicide, par exemple. Il s'agit souvent d'activités qui ont été développées dans chacune des régions du pays. On mène des campagnes spécifiques sur ces activités ou ces projets. On va développer des indicateurs de rendement pour savoir combien de personnes, combien de jeunes et combien de familles ont été touchés par ce programme. Quel type d'intervention y a-t-il eu? Souvent, il faut aussi recueillir le point de vue des participants pour savoir ce que cela leur a apporté. Cela renforce-t-il ou combat-il des problèmes qui sont présents dans leur milieu? Cela leur donne-t-il plus de chances de composer avec l'adversité qui peut être liée à des problèmes de santé mentale ou à des problèmes de dépendance? Il y a ce genre d'indicateurs.
On a des évaluations, mais il est extrêmement difficile de savoir quel est l'effet à long terme de ces mesures. C'est la raison qui explique le travail qu'on a fait avec l'Assemblée des Premières Nations. Il s'agit de définir un cadre de mieux-être en santé mentale pour voir comment réorganiser les programmes.
Au cours des 25 dernières années, Santé Canada a développé différents programmes par silos et à la pièce. On a aussi essayé, à l'époque, de faire des programmes qui seraient pareils partout au pays.
En consultation et en partenariat avec plusieurs partenaires et spécialistes, on essaie d'utiliser les bonnes pratiques avec le cadre qu'on a développé avec l'Assemblée des Premières Nations. Nous voulons indiquer quel est le cadre d'ensemble et quels sont les éléments fondamentaux à ce sujet.
Par exemple, la culture a été définie comme un élément fondamental afin de bâtir la résilience et de recréer la connexion avec le milieu, avec l'histoire et avec la famille pour redonner un sens ou donner un meilleur sens à la vie dans la communauté. Il s'agit de mettre la culture au centre de tout cela et d'inviter les communautés qui gèrent ces programmes à repositionner les programmes que nous finançons. Ces programmes ne sont pas définis. Ils peuvent être ajustés en fonction des besoins s'ils fonctionnent à l'intérieur de ce cadre et que l'ensemble des composantes est touché.
Les évaluations nous ont fait découvrir une autre réalité. Bien que nous soyons convaincus qu'une intervention bien ancrée dans les communautés et avec un contrôle communautaire est extrêmement importante pour connaître du succès, il y a des types de services spécialisés qui ont besoin d'être offerts à une autre échelle. On a donc commencé à investir dans des équipes d'intervention en santé mentale qui fournissent des services plus spécialisés pouvant soutenir plusieurs communautés. On a aussi commencé à intervenir dans des situations de crise parce qu'on ne peut pas s'attendre à ce que la capacité des organisations à composer avec de grandes crises soit présente.
Les évaluations nous ont aussi amenés à identifier des écarts dans ce qu'on finançait. Les programmes ont été modulés au fil des années pour créer ce nouveau type d'interventions. Les équipes d'intervention en santé mentale aident les communautés à compléter l'offre de services. Les évaluations nous amènent donc à ajuster l'offre. Je dirais que le cadre de santé mentale développé par les Premières Nations, avec l'appui de Santé Canada, est un guide pour le proche avenir. Il y a un enthousiasme dans tout le pays à l'endroit de ce guide afin de développer et de repositionner les programmes pour une intervention plus efficace à long terme. Je dirais donc que les évaluations sont utiles.
Les résultats des apprentissages des 10, 15 et 20 dernières années qui nous indiquent où aller sont canalisés dans ce cadre. J'inviterais donc les membres du comité à jeter un coup d'oeil sur ces aspects. Nous sommes très fiers d'avoir fait cela avec l'Assemblée des Premières Nations.
On travaille présentement à faire la même chose avec les Inuits. En effet, si on pense que la culture est fondamentale, il faut aussi respecter le fait que les Inuits ont une culture différente. Il faut donc établir un cadre qui va être basé sur leur réalité et sur leur culture. On va le faire.
C'est un autre enseignement de l'intervention des 20 dernières années, à savoir que les programmes développés à Ottawa où on tente de faire la même chose un peu partout sont limités si on n'est pas en mesure de les adapter aux réalités des communautés, des milieux et des cultures avec lesquels on compose.
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Voilà une excellente question. Je ne pense pas que nous ayons tenté, dans les programmes que nous offrons, de nier ce problème. Il s'agit en effet d'un problème, mais nous avions omis un élément qui figure désormais dans ce cadre, qui est d'aller de l'avant pour aider les gens à prendre une part active dans leur communauté et dans la vie économique.
Le programme était lacunaire sur un point. Comme nous étions dans une situation de crise, aux prises avec le problème de toxicomanie, nous ne nous sommes pas tellement préoccupés de la suite, des services post-traitement et du soutien dans la communauté. C'est là un élément que nous ajoutons au programme, car pour venir à bout du seul phénomène de la stigmatisation, il faut aider les clients, ceux qui sont touchés par ces problèmes, à se reprendre en main et à prendre une part active à la vie économique en retournant aux études... les soutenir quand ils y sont.
La connexion avec les autres genres de programmes des services provinciaux ou territoriaux est également très importante, car en adoptant une approche axée uniquement sur la santé, nous ne sortirons pas de la problématique de la santé. Mais si nous voulons vraiment amener les gens touchés par des problèmes de santé mentale et de toxicomanie à se reprendre en main, il doit y avoir une connexion avec ces autres programmes afin de les aider à progresser dans la vie après avoir surmonté une crise ou un problème de toxicomanie.
Il se peut que cela ne soit pas une réponse directe à la stigmatisation, mais il faut dire que nous sommes tellement absorbés par nos efforts pour résoudre le problème que le facteur de la stigmatisation ne nous saute pas aux yeux. Je pense que la façon de composer avec la stigmatisation est d'inclure ces éléments dans notre intervention, dont le but est d'aider les gens à progresser dans la vie après leur traitement et à surmonter leur crise ou leur problème de toxicomanie.
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Je vous remercie et vous souhaite un bon après-midi.
[Traduction]
Monsieur le président et membres du comité, je tiens à vous dire combien je suis heureuse d'être ici aujourd'hui.
Je m'appelle Louise Bradley et je suis présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada. Je tiens à signaler la présence à mes côtés de ma collègue Jennifer Vornbrock, vice-présidente de notre équipe Connaissances et innovation.
Permettez-moi de commencer par un survol de la Commission et de son mandat. La Commission a été créée en 2007 dans le sillage des travaux du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie et de son étude intitulée « De l’ombre à la lumière », qui recommandait la mise sur pied d'une commission nationale de la santé mentale.
La Commission a pour mandat d'améliorer le système de la santé mentale et de faire évoluer les attitudes et les comportements des Canadiens à l'égard de la maladie mentale. La Commission est un agent de coordination, qui harmonise et promeut les intérêts des gouvernements, des organismes, des particuliers atteints de maladie mentale et de leurs familles. Notre travail regroupe dirigeants et spécialistes en santé mentale et facilite l'application étendue d'idées, de politiques et de programmes.
Je suis heureuse de pouvoir dire que, dans le budget fédéral de 2015, le gouvernement du Canada a fait connaître son intention de renouveler le mandat de la Commission pour 10 ans à partir de 2017. La Commission est enchantée d'avoir l'occasion de poursuivre son travail, sous la direction du nouveau président de son conseil d'administration, l'honorable Michael Wilson. M. Wilson a exercé ses talents et son influence, qui sont considérables, pour promouvoir la santé mentale à titre de simple citoyen. Conscients de ses réalisations jusqu'à ce jour, nous avons hâte de voir ce qu'il réussira à accomplir, fort du soutien de la Commission et de nos nombreux partenaires.
La Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada, qui a été rendue publique en 2012, continue d'orienter le travail de la Commission. Elle prévoit des mesures pour améliorer les soins en santé mentale et les systèmes qui y sont associés grâce à six orientations stratégiques. Depuis l'introduction de cette stratégie, la Commission a travaillé sans relâche pour faire en sorte qu'elle soit adoptée, partageant ses recommandations avec les parties concernées partout au pays et à l'étranger. J'ai entendu dire par des représentants de gouvernements provinciaux et territoriaux que la Stratégie est devenue un document de base qui sert à la formulation de leurs propres plans et priorités en santé mentale.
La Stratégie a eu une influence extraordinaire, mais la Commission sait qu'il subsiste des obstacles à sa mise en oeuvre à l'échelle du Canada. Afin de faciliter le processus de mise en oeuvre, la Commission a lancé son propre examen de la stratégie. Après en avoir discuté avec les intervenants et les responsables gouvernementaux, la Commission a déterminé que les mesures suivantes seraient utiles à cette fin: la coordination des services et des ressources en santé mentale, y compris l'intégration des services de santé mentale, des soins primaires, des soutiens au logement et des services d'aide aux toxicomanes; la création d'un plan d'action basé sur les priorités partagées de la stratégie et indiquant les prochaines étapes à ceux qui cherchent à la mettre en oeuvre; l'amélioration des données relatives à la santé mentale par un suivi plus serré des tendances actuelles et par la détermination des lacunes d'information. La Commission envisage avec confiance sa collaboration future avec les parties concernées et les autorités gouvernementales en vue de mettre en oeuvre ces mesures au cours de la prochaine décennie.
La Commission a saisi toutes les occasions pour utiliser la Stratégie comme guide de l'expansion de nos activités. La question de la prévention du suicide revêt une importance suprême et nous y travaillons depuis des années, notamment au moyen de notre initiative de lutte contre la stigmatisation, de nos programmes de santé mentale en milieu de travail et de l'échange de connaissances visant à fournir des outils et à promouvoir les pratiques exemplaires.
Nous savons que cette question bénéficie d'un large soutien parmi les parlementaires, comme en fait foi l'adoption du projet de loi , qui a reçu l'aval de tous les partis. Beaucoup d'entre vous connaissent aussi la campagne #308conversations que la Commission a lancée l'an dernier et dont le député s'est fait le champion. La campagne consistait à demander aux 308 députés de la Chambre des communes de tenir une réunion portant sur la prévention du suicide dans leurs circonscriptions respectives. L'objectif de ces rencontres était d'inciter les gens à en parler et d'obtenir des renseignements sur les interventions offertes dans les communautés.
Au cours de la seconde étape de ce projet, qui est un prolongement de son initiative de lutte contre la stigmatisation, la Commission élabore un modèle communautaire de prévention du suicide, qui vise à adapter et à appliquer au contexte canadien un programme existant et éprouvé de prévention du suicide. Ce modèle, mis au point par le Dr Ulrich Hegerl, est un programme communautaire multi-niveaux de prévention du suicide qui a fait ses preuves en réduisant les taux de suicide de 24 % au cours des deux années de mise à l'essai dans une collectivité. La Commission travaille actuellement avec différents intervenants pour déterminer la mise en oeuvre d'un modèle pancanadien.
Cette initiative prolongera un autre programme clé de la Commission, à savoir le programme Chez Soi/At Home, qui est un projet de recherche participative. Il a permis d'obtenir des résultats positifs et à faible coût dans le cadre de la démarche de lutte contre l'itinérance « Logement d'abord », qui offre aux sans-abri atteints d'un problème de santé mentale chronique un accès immédiat à des logements subventionnés. Ses participants étaient parmi les Canadiens les plus vulnérables, hautement stigmatisés, disant souffrir d'isolement et présentant un risque élevé de suicide. Chez Soi/At Home a montré que les personnes atteintes d'un problème de santé mentale chronique qui bénéficient d'un logement sans restrictions sont plus susceptibles de conserver ce logement et de voir leur qualité de vie s'améliorer. Le programme a aussi montré que chaque tranche de 10 $ investis dans les services « Logement d'abord » pour les participants ayant des besoins élevés a permis à la collectivité de réaliser une économie de coût de presque 22 $.
Le succès de ce programme a incité le gouvernement fédéral à investir 600 millions de dollars dans la démarche axée sur le « Logement d'abord », par l'entremise de la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. Grâce à ses recherches novatrices, la Commission a été en mesure de concevoir des approches concrètes et économiques pour améliorer la qualité de vie de Canadiens sans-abri et atteints d'une maladie mentale chronique.
Exerçant son leadership pour ce qui est de la transformation des systèmes de services en santé mentale, la Commission accorde une plus grande importance à l'échange de connaissances et à la diffusion des pratiques exemplaires. Le Centre d'échange de connaissances, qui est au cœur du travail de la Commission, comprend de nombreux pôles de partage d'information, tant en ligne qu'au moyen de réunions. Le CEC diffuse de l'information sur les initiatives de la Commission et sur d'autres pratiques exemplaires, s'assurant ainsi que les bons renseignements vont aux bonnes personnes et que celles-ci sauront s'en servir.
Le CEC est également voué à améliorer les données et les ressources en matière de santé mentale. Le mois prochain, il introduira un ensemble d'indicateurs nationaux de la santé mentale, qui permettra d'obtenir des données essentielles sur le taux d'automutilation, la prévalence de maladies mentales spécifiques, le taux de suicide et le taux d'accès aux services. Ces données comporteront indicateurs de la santé mentale pour certaines sous-populations, telles que les jeunes LGBTQ et les immigrants récents. Cette information permettra de déterminer les domaines dans lesquels on répond aux besoins des Canadiens et ceux où il y a place pour l'amélioration.
Comme vous pouvez le constater, la Commission travaille fort, comme toujours, et elle est prête à amorcer la planification à long terme de la prochaine étape. À l'heure actuelle, la Commission cherche à se faire conseiller sur son nouveau mandat par le gouvernement fédéral, Santé Canada et d'autres partenaires clés. Elle consulte également différents responsables gouvernementaux et parties concernées partout au pays pour discuter de priorités communes.
Ces discussions constitueront le fondement du plan d'action sur la santé mentale au Canada, qui fixera les buts et les priorités à l'appui de la mise en œuvre de la Stratégie. Tout comme la Stratégie a orienté le travail au cours de la dernière décennie, le plan d'action sur la santé mentale au Canada donnera le ton pour la prochaine. En menant à bien ce plan d'action, la Commission sera en mesure de régler des problèmes pressants, notamment en matière de prévention du suicide, d'accès et de services de soutien en santé mentale pour les premiers intervenants, les personnes âgées, les enfants et les jeunes ainsi que pour diverses autres populations.
Pour terminer, je tiens à féliciter les membres du comité d'avoir défini les mesures futures à prendre au niveau fédéral. Il reste encore beaucoup à faire. Avec le renouvellement du mandat de la Commission, c'est le moment idéal pour redoubler d'efforts. Nous sommes à un moment charnière dans le domaine de la santé mentale au Canada et nous devons consacrer plus que jamais nos énergies à la transformation du système.
J'ai hâte de travailler avec vous tous, de même qu'avec tous les Canadiens, à la poursuite de nos efforts pour atteindre le but que nous visons tous, qui est l'amélioration de la santé mentale des Canadiens.
Merci beaucoup.
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À vrai dire, nous jouons déjà un rôle de coordination et la Stratégie est bien établie. Elle est reflétée dans les programmes d'environ neuf des treize provinces et territoires. Ce travail est donc bien amorcé.
La Stratégie a été élaborée en consultation avec des milliers de personnes, y compris des représentants des principales parties concernées, telles que l'Agence de la santé publique, Santé Canada et d'autres.
L'un des aspects essentiels de notre travail est que tout se fait en collaboration ou en partenariat avec d'autres. De fait, nous avons établi bien au-delà de 250 partenariats. Nos partenaires et les gouvernements provinciaux et territoriaux nous ont demandé de continuer d'exercer ce rôle.
La Commission existe depuis seulement huit ans. Nous avons accompli beaucoup et nous sommes, je pense, sur la bonne voie
En bref, la réponse est oui. La Commission exerce effectivement un rôle de coordination. C'est un rôle que nous jouons depuis le début, et nous espérons continuer de le jouer.
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Je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Vous savez, madame Bradley, quand on discute de santé mentale, on finit toujours par parler de suicide, mais aussi de toxicomanie, d'accoutumance et de l'abus de médicaments. Il y a tout un éventail de médicaments sur ordonnance dont on sait qu'ils causent le suicide. Le médicament contre l'acné, l'Accutane, en est un, mais la plupart d'entre eux sont des antidépresseurs, et toutes les grandes sociétés pharmaceutiques offrent au moins un ISRS et un IRSN.
C'est un fait bien connu que les antidépresseurs causent le syndrome sérotoninergique, qui se caractérise par une agitation, un rythme cardiaque accéléré, des convulsions et qui peut éventuellement être mortel chez ceux qui en souffrent. Ils sont la cause de beaucoup d'abus d'alcool et de drogues, de suicides et d'actes de violence bizarres. Dans chacune des fusillades survenues dans des écoles sur lesquelles j'ai fait des recherches, le tireur prenait un antidépresseur ou était en sevrage. Ces choses-là ne sont pas, de façon générale, rapportées par les médias. D'ailleurs, le pilote allemand qui a tout récemment provoqué l'écrasement de son avion dans les Alpes prenait des antidépresseurs. Son geste était délibéré.
En Afghanistan, les États-Unis ont perdu plus de soldats par suicide qu'au combat. Cela était également le cas des forces armées britanniques en 2012, ainsi que des forces de défense australiennes. À un certain moment, les anciens combattants américains de retour d'Iraq se suicidaient au rythme d'environ un à l'heure, plus précisément de 22 par jour. En Iraq, il y avait, apparemment, un soldat sur quatre qui prenait un antidépresseur en situation de combat ou à son retrait du champ de bataille.
Au cours de cette période, soit de 2001 à 2009, la quantité d'antidépresseurs commandée aux sociétés pharmaceutiques par les forces militaires a augmenté de 76 %.
Ces chiffres sont renversants, et il va sans dire qu'aucune autre guerre n'a été marquée d'une pareille incidence de suicides. Bien entendu, on n'avait pas d'antidépresseurs durant la guerre du Vietnam ou la Seconde Guerre mondiale. Cependant, la corrélation entre les antidépresseurs et le suicide est manifeste et, pourtant, personne n'en parle, personne ne fait quoi que ce soit.
Nos autorités demeurent passives et se contentent de laisser faire. Nos médecins militaires distribuent à tout venant ces médicaments, puis regardent partir au combat des soldats regonflés à l'aide d'un médicament, dont l'étiquette elle-même porte la mise en garde qu'il peut rendre suicidaire ou violent, et qui causent des réactions psychotiques pouvant se traduire par des suicides et des meurtres, tout particulièrement après le rapatriement des soldats. La période la plus dangereuse survient lorsqu'on cesse de prendre l'antidépresseur ou qu'on en augmente la dose, chose qui peut parfois se produire, je suppose, quand les soldats rentrent au pays.
De nos jours, les antidépresseurs sont prescrits très libéralement au Canada. Dans certains groupes d'âge, c'est un Canadien sur quatre qui prend un antidépresseur. Nous venons au troisième rang mondial pour l'administration d'antidépresseurs.
Je vous demande s'il y a, à votre connaissance, quelqu'un qui a fait des recherches sur la corrélation entre l'administration ou la privation d'antidépresseurs et le suicide.
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Avant de poser mes questions, je tiens à féliciter la Commission de la santé mentale du Canada pour le travail excellent qu'elle accomplit depuis huit ans. En huit ans, vous avez amélioré les résultats des patients de santé mentale plus que toute autre mesure prise au Canada ne l'a fait au cours de ces huit dernières années.
Je voulais vous poser une question au sujet du renouvellement de 10 ans. Je voudrais vous demander si vous saviez quelles ressources on allait vous fournir et comment vous alliez pouvoir faire votre travail avec cela. Vous dites que vous êtes présentement en pourparlers avec le gouvernement alors je ne veux pas vous placer dans une situation difficile en vous posant une question comme celle-ci.
Je le répète, le projet At Home/Chez Soi et tout le travail que vous avez accompli pour éliminer la stigmatisation ont permis de faire d'énormes progrès au cours de ces dernières années. Avez-vous des projets en cours sur le trouble bipolaire avec des groupes comme la Société canadienne de la schizophrénie et auprès de personnes atteintes d'une pathologie? Si tel est le cas, vous pourriez peut-être me dire ce qui, à votre avis, devrait être la prochaine étape à prendre pour éviter de simplement hospitaliser les gens qui ont des troubles pathologiques, mais pour les soutenir — nous savons que certaines provinces envisagent de le faire — au lieu de les enfermer à nouveau dans des établissements, car nous savons tous que ce n'est pas la bonne solution. Avez-vous mené des projets là-dessus? Selon vous, quelles seraient les bonnes recommandations à présenter au sujet de ces groupes-ci?
La deuxième question que je voulais vous poser a trait à la politique extrêmement sévère sur le très petit nombre de personnes qui se trouvent en prison au Canada pour avoir commis un crime violent parce qu'elles souffrent d'une maladie mentale. Je voulais savoir ce que vous pensez de cette notion selon laquelle on devrait enfermer ces personnes et ne plus jamais les libérer. Avez-vous travaillé auprès de détenus atteints d'une maladie mentale?
Pourriez-vous me dire ce que vous savez de ces deux domaines et ce que vous recommanderiez que nous fassions de ces personnes. Selon vous, quels sont les plus grands défis qui entravent ce programme?
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En ce qui concerne la Société canadienne de la schizophrénie et leurs différentes filiales provinciales, nous collaborons d'assez près avec la Société pour les troubles de l'humeur du Canada et avec, sauf erreur, les 17 membres de l'Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale, l'ACMMSM, et je sais que vous la connaissez. Oui, nous collaborons de très près.
Nous nous sommes en quelque sorte écartés des diagnostics précis. Mais il est reconnu que la schizophrénie et le trouble bipolaire sont les maladies les plus complexes et les plus difficiles à diagnostiquer. Tous ces troubles ont une chose en commun: la stigmatisation, et c'est pourquoi ils font partie intégrante de l'initiative intitulée Changer les mentalités que la commission mène depuis sa création. Nous poursuivons ce travail en nous concentrant sur les enfants et sur les adolescents, sur le milieu de travail, sur les professionnels de la santé et sur les médias. Il est clair que la façon dont les médias présentent les décès par suicide et autres touche ces organismes de très près. Nous ne nous penchons pas sur un diagnostic précis ou sur une catégorie diagnostique particulière, mais nous collaborons de très près avec tous ces organismes et nous les connaissons très, très bien.
En ce qui concerne la santé mentale dans les établissements correctionnels, je crois que c'est ce que vous mentionnez dans votre question en parlant de troubles concomitants, nous savons qu'il se trouve un bien plus grand nombre de détenus atteints de maladies mentales et de troubles de toxicomanie dans les établissements provinciaux et fédéraux. J'espère que pendant la prochaine phase de la commission, nous pourrons examiner cela d'un peu plus près. Comme je l'ai dit, nous avons beaucoup de groupes d'intervenants. Nous avons fait plus de progrès avec certains d'entre eux qu'avec d'autres. Mais le nombre est très élevé si vous comptez les établissements provinciaux et fédéraux ainsi que les collectivités qu'ils touchent. Nous reconnaissons qu'il s'agit d'un domaine important. Nous n'avons pas vraiment fait beaucoup de progrès, mais nous avons concentré nos activités dans d'autres domaines. Dans le cadre du projet At Home/Chez Soi, nous avons observé l'évolution de cette population à travers le système juridique, y compris les services correctionnels, alors dans ce domaine particulier je vous dirai que nous avons fait des progrès, mais qu'il y a encore beaucoup à faire.
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Je remercie la commission du travail qu'elle accomplit et merci, madame, d'être venue aujourd'hui.
Avant de poser mes questions, je voudrais soulever une erreur que j'ai remarquée. À la page 6 de votre déclaration préliminaire, je crois qu'il y a un mot qui ne devrait pas s'y trouver. Dans la phrase « en réduisant les taux de suicide de 24 % », l'anglais parle de réduire « la prévention du suicide de 24 % », et ce mot prevention s'insère mal dans cette phrase. On devrait lire « la réduction du suicide », et non la réduction de la prévention du suicide. Je soulève cela au cas où ce rapport allait rester dans les anales pour toujours.
Mme Louise Bradley: Merci.
M. Harold Albrecht: Mais je vous remercie encore pour votre travail.
Nous avons entendu aujourd'hui deux mots qui à mon avis sont importants. Le premier est « stigmatisation », et l'autre est « espoir ». Je suis vraiment heureux qu'on ait déjà souligné cela.
La campagne #308conversations a ouvert une excellente tribune pour notre personnel communautaire qui participe à des initiatives de prévention du suicide et de santé mentale et auprès de personnes qui ont fait face au suicide d'un membre de leur famille. Dans ma région, quatre députés se sont réunis pour diriger l'une de ces conversations. Nous avons attiré environ 100 participants à cet événement qui se déroulait sur toute une matinée. C'était un événement important. Les conversations en personne, les médias sociaux, les activités organisées dans le cadre de cet événement ainsi que la couverture des journaux et des radiodiffuseurs ont contribué à souligner, et ainsi à éliminer, une bonne partie des stigmates les plus évidents. Il y avait des travailleurs de première ligne, des bénévoles, des entraîneurs de hockey et de baseball, des membres du personnel des conseils scolaires et autres — tous ces participants étaient importants. L'après-midi s'est terminé en une séance sur le modèle safeTALK. Nous avons en fait reçu de la formation sur ce modèle.
J'ai deux questions à vous poser sur la campagne #308conversations. D'abord, je crois qu'initialement vous espériez la lancer de mai à août 2014. Vous l'avez prolongée jusqu'à mai 2015. Savez-vous maintenant combien de députés ont réellement participé à cette initiative?
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Merci d'avoir posé cette excellente question.
Oui, nous avons accompli beaucoup de travail dans ce domaine. Je vais vous parler d'une initiative que nous avons lancée récemment spécialement pour les adolescents. Avec notre initiative de lutte contre la stigmatisation que nous appelons Changer les mentalités, nous menons une campagne intitulée La tête haute. Au printemps dernier, nous avons rassemblé 130 adolescents de toutes les provinces et de tous les territoires du pays. Après avoir mené des recherches, nous avions découvert que le moyen le plus efficace de réduire la stigmatisation et de modifier la façon de regarder les personnes atteintes de maladies mentales et, ce qui est plus important encore, d'éliminer la discrimination et les comportements qui en découlent, c'est la sensibilisation par la communication directe.
Ces jeunes sont restés ensemble pendant toute une semaine. Ils étaient en contact avec des camarades atteints de maladies mentales. Nous avons écouté leurs expériences, puis nous leur avons donné de l'éducation et leur avons remis un ensemble d'outils en leur disant de retourner dans leurs écoles secondaires et d'organiser des sommets similaires à celui-ci. J'ai assisté à un de ces sommets il y a à peine une semaine, à St. John's où l'un des participants avait réuni 400 étudiants de toutes les écoles secondaires de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Il y en a aussi eu un en Colombie-Britannique qui a bien sûr réuni beaucoup plus de participants. D'autres sommets sont en train de s'organiser. Ça ressemble un peu à une toile d'araignée qui s'étend sur tout le pays.
Nous participons à des initiatives comme le Jack Project et d'autres groupes.
Nous ciblons particulièrement les jeunes. À propos, pour vous donner une idée de notre stratégie, si vous ne voulez pas lire toute la Stratégie du Canada en matière de santé mentale, si vous lisez la version rédigée pour les jeunes, elle a à peu près le tiers de la longueur, et son contenu est très simple et direct. Le Conseil des jeunes a réécrit la stratégie dans le langage des jeunes, si l'on peut dire. On trouve des caricatures d'un bout à l'autre du document, et Michael Wilson et moi n'étions pas très heureux de notre version pour adultes, et nos jeunes ont pris cette merveilleuse initiative afin de décrire l'impact qu'ils ont dans le milieu scolaire.
Je pourrais vous parler aussi des lieux de travail. Mais je voudrais d'abord savoir si j'ai répondu à votre question ou si vous voudriez plus de détails.
Il y a environ un an et demi, la commission a élaboré une norme de sécurité psychologique pour le milieu de travail qui, je le répète, est une première mondiale et, pour autant que nous le sachions, la seule qui existe. Nous l'avons créée en partenariat avec des experts en la matière. Nous avons fait cela de concert avec l'Association canadienne de normalisation, avec le BNQ et avec plusieurs autres organismes. Elle porte sur toute la question de la santé mentale en milieu de travail.
Il fut un temps — et c'est probablement encore le cas dans bien des endroits —, où la santé mentale était une chose dont on s'occupait hors du travail. C'était une chose séparée. Et pourtant l'endroit où nous passons le plus grand nombre de nos heures d'éveil est, si l'on peut dire, rempli de dangers pour la santé mentale; par conséquent, elle offre de nombreuses occasions de faire de la promotion et de la prévention en matière de santé mentale. Cette norme de sécurité psychologique pour le milieu de travail a été conçue comme toute autre norme de santé en milieu de travail. Par exemple, nous savons que quiconque entre dans un chantier de construction doit porter un casque. Cette norme de sécurité psychologique tient compte de ce qui se passe à l'intérieur du casque de chantier. Nous avons maintenant un guide qui montre aux entreprises, aux gouvernements et aux organismes de quelle façon appliquer cette norme. Ce sont des instructions complètes, faciles à lire et claires sur la façon de le faire. Nous sommes maintenant à mi-chemin d'une étude de trois ans sur 40 entreprises qui ont mis cette norme en vigueur et que nous suivons pour en étudier les coûts ainsi que les répercussions qu'elle a sur le moral des employés, sur les personnes handicapées, sur l'absentéisme et autres. D'autres pays l'ont aussi adoptée. Nous continuons à poursuivre cette initiative très prometteuse.
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Merci beaucoup d'avoir organisé l'une des #308conversations. C'est très important de le faire.
En ce qui concerne le plan d'action sur la santé mentale, nous avons tenu des discussions en table ronde dans tous les provinces et territoires, sauf deux ou trois. Nous avons l'intention d'en organiser dans toutes les provinces et dans tous les territoires.
Les gens nous disent quelles prochaines étapes ils pensent que nous devrions entreprendre. Nous pensons le savoir, mais nous n'en sommes pas sûrs. Nous n'avons pas consulté les gens sur la stratégie depuis longtemps. Nous menons aussi un sondage en ligne. Nous avons également établi un mécanisme pour consulter l'ensemble des Canadiens le mois prochain. Nous obtiendrons ainsi l'opinion de gens qui ne se consacrent pas entièrement à ce sujet, et nous désirons les entendre.
Nous ne voulons pas que la stratégie se perde sur les tablettes, même s'il s'agit d'un très joli document. Je pense que même si nous avons une avance de deux ans sur nos plans, il est vraiment important que nous examinions ce qu'elle signifie et ce qu'elle donnerait comme stratégie sur la santé mentale. Sur quelles priorités devrions-nous nous concentrer maintenant et à long terme pour que cette stratégie entre vraiment en oeuvre?
Nous avons effectué un peu d'analyse environnementale dans les provinces et dans les territoires pour voir ce qui réussit et ce qui ne réussit pas. Évidemment, chacune des provinces l'applique différemment. Cela ne veut pas dire que certaines sont meilleures et que d'autres sont pires. Elles sont tout simplement différentes.
Où concentrer nos efforts, maintenant? Je crois qu'il faut que nous établissions nos indicateurs de santé mentale. C'est la première fois qu'on établit des indicateurs au Canada. Nous serons alors prêts, à la prochaine réunion de notre conseil d'administration en juin, à présenter les résultats de toutes ces discussions, des sondages et de nos discussions en groupes avec les citoyens. Je pense que c'est vraiment la prochaine chose à faire lorsque nous entamerons la prochaine phase des travaux de la commission, de concert avec tous nos intervenants et partenaires.