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Merci. Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
Je m'appelle Michel Perron et je suis directeur général du Centre canadien de la lutte contre les toxicomanies, ou le CCLT, comme je l'appellerai dans mon exposé.
J'aimerais vous féliciter, monsieur Lobb, de votre nomination en tant que président du comité. Merci de nous accueillir.
Aujourd'hui, Paula Robeson m'accompagne; elle est une des courtières du savoir du CCLT et elle s'occupe du dossier sur l'abus des médicaments d'ordonnance.
Pour ceux qui connaissent moins bien le CCLT, nous avons été créés par le Parlement pour harmoniser les pratiques du gouvernement, des organismes sans but lucratif et du secteur privé à l'égard des enjeux liés à l'alcoolisme et à la toxicomanie. Par conséquent, nous avons le mandat prescrit par la loi au niveau fédéral d'exercer un leadership à l'échelle nationale pour réduire les méfaits causés par l'alcool et d'autres drogues, et nous travaillons en ce sens depuis notre création, il y a 25 ans, en 1988.
Nous sommes financés en grande partie par Santé Canada pour réunir ces organismes. Je crois que nous avons démontré que nous pouvions y arriver dans des domaines comme le traitement de l'alcoolisme, la prévention de la toxicomanie chez les jeunes et en ce qui concerne un grand nombre de problèmes qui sont importants pour vous personnellement, pour vos circonscriptions et pour le comité. Il est donc approprié et pertinent que le CCLT ait lancé le processus qui rassemble un grand nombre d'entre nous ici aujourd'hui.
[Français]
Je souhaite vous présenter la stratégie baptisée « S'abstenir de faire du mal: Répondre à la crise liée aux médicaments d'ordonnance au Canada » , que le centre a lancée en mars dernier en collaboration avec de nombreux partenaires, y compris Santé Canada. Cette stratégie constitue une approche unique au Canada pour lutter contre la crise liée aux médicaments sur ordonnance au pays, une crise qui préoccupe à juste titre le gouvernement, comme en fait foi le dernier discours du Trône et la présente réunion du comité.
[Traduction]
Pourquoi élaborer une stratégie? Je sais que des renseignements ont été diffusés. Je pense que les membres du comité connaissent certains faits sur l'ampleur de la crise liée aux médicaments d'ordonnance au Canada. Permettez-moi de vous en parler un peu plus en détail.
Le Canada est maintenant le deuxième plus grand consommateur d'opioïdes d'ordonnance par habitant au monde, derrière les États-Unis. En Ontario, les décès liés aux opioïdes d'ordonnance ont doublé de 1991 à 2004, et le taux de décès atteint maintenant le double de celui du VIH.
Des données récentes montrent que parmi les 2 300 décès liés aux drogues en Ontario entre 2006 et 2008, 60 % étaient attribuables aux opioïdes. Cette proportion atteint jusqu'à 74 % dans les décès liés aux drogues en Nouvelle-Écosse. Ce sont des nombres moins élevés, mais il s'agit tout de même d'une proportion assez importante.
L'utilisation de médicaments d'ordonnance est un problème de plus en plus grave chez les jeunes Canadiens. Un sondage mené en 2001 auprès d'élèves de la 7e à la 12e année en Ontario a révélé que 14 % d'entre eux prétendent utiliser des analgésiques à des fins non médicales. Parmi eux, 72 % ont dit qu'ils se les procuraient à la maison et 6 % les obtiennent de leurs amis. L'abus de médicaments d'ordonnance parmi les élèves de l'Ontario est au troisième rang derrière la consommation excessive d'alcool et la consommation de cannabis.
Il est clair que l'abus des médicaments d'ordonnance nous touche tous et qu'il faut adopter une approche nationale pour régler ce problème.
La stratégie « S'abstenir de faire du mal », dont nous vous parlerons aujourd'hui, a été lancée en mars 2013 par le CCLT, en collaboration avec la ministre de la Santé de l'époque, Leona Aglukkaq, et plus de 20 partenaires qui ont participé à la mise au point de cette stratégie. Il s'agit d'une stratégie à l'échelle nationale d'une durée de 10 ans qui formule 58 recommandations en vue de s'attaquer aux ravages provoqués par les opioïdes d'ordonnance, les stimulants et les sédatifs, afin d'améliorer la santé et la sécurité des collectivités canadiennes de partout au pays.
[Français]
Cette stratégie est le fruit de plus d'une année de travail du Conseil consultatif national sur l'abus de médicaments sur ordonnance, qui comptait des professionnels de la santé, des patients, des familles, des membres des Premières Nations, des représentants des forces de l'ordre, des organismes de réglementation, l'industrie pharmaceutique et les chercheurs. Le conseil a été coprésidé par la Coalition on Prescription Drug Misuse de l'Alberta,
[Traduction]
et je sais que vous allez rencontrer ses représentants au cours des prochaines semaines.
[Français]
Il y avait aussi le ministère de la Santé et du Mieux-être de la Nouvelle-Écosse ainsi que le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral a été représenté dans ce processus par plusieurs ministères, notamment Santé Canada, Sécurité publique Canada, le ministère de la Défense nationale et le ministère de la Justice.
Le CCLT a réuni ces organismes avec la ferme intention d'aider à trouver des solutions. Lorsque nous avons lancé ce processus il y a un peu plus d'un an, nous savions tous parfaitement bien que le statu quo ne pouvait pas durer et que nous devions trouver une nouvelle façon de procéder.
Après la première réunion que nous avons organisée, tous les intervenants ont demandé au CCLT de diriger l'élaboration de la stratégie, comme nous l'avons fait dans d'autres domaines.
Pour répondre à la question considérée par le comité, c'est-à-dire le rôle du gouvernement fédéral, il est très clair lorsqu'il s'agit de s'attaquer au problème à l'échelle nationale, mais j'aimerais aussi souligner que cela dépasse tous les niveaux de gouvernement et le gouvernement lui-même. Toutefois, nous avons pris la liberté d'énumérer toutes les recommandations de la stratégie « S'abstenir de faire du mal » qui recommandaient la participation du gouvernement fédéral pour les porter à votre attention. J'aimerais aussi souligner que Santé Canada a été reconnu en tant que co-leader, aux côtés du Centre canadien de la lutte contre les toxicomanies, et d'autres parties, qu'elles soient liées à la réglementation, à l'aspect professionnel, etc. Un exemplaire a été remis au greffier du comité.
[Français]
Voici en gros les aspects qui nécessitent l'engagement du gouvernement fédéral, à savoir prévenir les méfaits associés aux médicaments d'ordonnance pour les personnes, les familles et les collectivités, veiller à ce que le système ait la capacité d'assurer un traitement efficace et en temps opportun des personnes touchées, contrôler et suivre l'évolution de la délivrance d'ordonnances ainsi que de la consommation, de l'abus et des méfaits associés, et ce, à l'échelle provinciale, territoriale et nationale.
[Traduction]
Il faut aussi veiller à ce que les organismes d'application de la loi aient les outils dont ils ont besoin pour empêcher le détournement et le trafic de médicaments d'ordonnance et qu'ils aient accès aux sanctions pénales appropriées, il faut examiner les lois et les règlements aux niveaux fédéral, provincial et territorial qui régissent tous les domaines de notre système actuel d'ordonnance de médicaments et enfin, il faut contribuer à l'amélioration — et diriger les efforts en ce sens — de la recherche et du partage des connaissances sur la nature et l'étendue du problème de l'abus des médicaments d'ordonnance au Canada.
Dans un autre ordre d'idées, j'étais très heureux — je pourrais même dire enchanté — que les ministères de la Santé des niveaux fédéral, provincial et territorial se soient récemment penchés sur la stratégie « S'abstenir de faire du mal », et se soient engagés à travailler dans les domaines liés aux programmes de surveillance des prescriptions et à la surveillance et à la sensibilisation des médecins prescripteurs — ce sont, encore une fois, des recommandations clés qui se sont retrouvées dans la stratégie. Donc, en plus des intentions et des mesures prises aux échelons fédéral, provincial et territorial, de nombreuses autres activités qui répondent aux recommandations compilées sont déjà en cours. Nous aimerions souligner que la coordination globale et stratégique de ces efforts est essentielle pour éviter le chevauchement et maximiser les investissements.
[Français]
Soit dit en passant, depuis le lancement il y a huit mois de la stratégie intitulée « S’abstenir de faire du mal: Répondre à la crise liée aux médicaments d’ordonnance au Canada », le centre a formé des équipes de mise en oeuvre chargées d'assurer la concrétisation de chacune des 58 recommandations.
[Traduction]
Pour parler franchement, nous progressons et nous avons un plan. Nous avons un plan pour le Canada, et nous avons les bonnes personnes pour concrétiser la vision décrite dans la stratégie « S'abstenir de faire du mal » et nous collaborons actuellement en vue d'obtenir les ressources pour mener ce projet à terme.
Monsieur le président, même si le comité a raison de tenir compte du rôle du gouvernement fédéral lorsqu'il se penche sur le problème de l'abus des médicaments d'ordonnance, je dirais qu'il doit aussi tenir compte du rôle du CCLT, un organisme créé par une loi du Parlement et qui relève du Parlement, car il fait partie de la solution.
Afin de clarifier les choses pour les membres du comité, j'ai apporté des exemplaires des parties pertinentes de la Loi sur le CCLT pour expliquer la raison d'être et la portée de notre objectif et comment nous pouvons vous aider. Par définition, nous avons une responsabilité imposée par la loi de non seulement lancer le processus « S'abstenir de faire du mal », mais aussi de veiller à ce qu'il soit mené à terme.
De plus, il est impératif que les efforts et le dévouement d'un grand nombre d'organismes qui ont participé à l'élaboration de la stratégie et qui se sont engagés à y travailler jusqu'à sa mise en oeuvre ne soient pas laissés de côté. Le fait que nous ayons 58 recommandations résultant d'un consensus signifie que nous avons à bord tous les organismes clés — et ils sont prêts à s'engager dans le processus — responsables de non seulement cerner les problèmes, mais aussi de les résoudre. Il faut plus que des paroles et de la bonne volonté; il s'agit aussi d'investir des vrais dollars, d'agir de façon professionnelle et de s'engager à créer une approche nationale afin de nous aider à résoudre ce problème.
[Français]
Distingués membres du comité, la stratégie « S’abstenir de faire du mal: Répondre à la crise liée aux médicaments d’ordonnance au Canada » lance un vibrant appel à l'action. Elle propose des solutions détaillées qui nous incitent tous à trouver une solution au problème de l'abus des médicaments d'ordonnance au Canada.
[Traduction]
Je suis très heureux de savoir que vous entendrez d'autres intervenants qui ont collaboré à la mise au point de la stratégie « S'abstenir de faire du mal », notamment Ada Giudice-Tompson, dont le fils est décédé d'une surdose de médicaments non intentionnelle, et Dre Susan Ulan de la Coalition on Prescription Drug Misuse. Je suis certain que ces intervenants vous livreront un message cohérent sur les mesures qu'il faut prendre maintenant. En effet, une partie de notre rôle consiste à atténuer les distractions liées à cet enjeu et à vous aider à vous concentrer, en tant que décideurs, sur le signal, et la stratégie « S'abstenir de faire du mal ».
En conclusion, monsieur le président, nous demandons au comité de se pencher attentivement sur trois volets. Tout d'abord, il faut donner priorité aux fonctions principales que le gouvernement fédéral peut utiliser pour s'attaquer au problème de l'abus des médicaments, en tenant compte des recommandations formulées dans la stratégie « S'abstenir de faire du mal ». J'ajouterais aussi le CCLT à cela.
Deuxièmement, il faut souligner l'appui de votre comité à l'égard de la structure et du processus de la stratégie « S'abstenir de faire du mal » qui, encore une fois, est une vraie stratégie à l'échelle nationale visant à régler ce problème.
Enfin, troisièmement, il faut s'engager à examiner les façons de fournir les ressources adéquates pour faire progresser la stratégie et le rôle actuel et futur du CCLT.
[Français]
Je tiens à remercier le comité de l'intérêt qu'il porte à cette question. Elle est d'une importance vitale pour la santé et la sécurité de la population canadienne.
[Traduction]
Je serai très heureux de répondre à vos questions.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Perron, et merci, madame Robeson, d'être ici aujourd'hui. Vous nous avez fourni beaucoup de renseignements.
La première question que j'aimerais poser — et ce n'est peut-être pas approprié pour vous —, c'est que je trouve un peu curieux que nous ayons cette stratégie « S'abstenir de faire du mal ». Je présume qu'elle a été lancée en mars dernier, et qu'elle est donc très récente. Mais on peut se demander pourquoi nous l'étudions, car il semble que nous avons une stratégie.
Vous avez énuméré quelques domaines dans lesquels nous pourrions vous aider, mais on peut se demander pourquoi nous étudions cela. Mais j'ai tout de même quelques questions.
J'ai remarqué que la Nouvelle-Écosse était l'une des provinces mentionnées. En fait, c'est la seule province qui participe au projet. Cela m'intrigue, car je ne sais pas si vous vous en souvenez, monsieur Perron, mais lorsque le Comité spécial sur la consommation non médicale de drogues ou médicaments a publié son rapport en 2001 ou en 2002, je me souviens que cette étude, qui avait été menée partout au Canada, révélait qu'au Canada atlantique en particulier, on abusait des médicaments d'ordonnance beaucoup plus qu'ailleurs au Canada et que les problèmes de dépendance étaient plus fréquents. J'aimerais savoir si vous pouvez nous donner une idée de la situation à l'échelle du pays. Je sais qu'en Colombie-Britannique, le problème concerne davantage les soi-disant médicaments illégaux, alors qu'au Canada atlantique, il s'agissait des médicaments d'ordonnance légaux. Est-ce toujours le cas? La situation varie-t-elle beaucoup d'une région à l'autre à l'échelle du pays? C'est ma première question.
Ma deuxième question, c'est que j'aimerais vraiment savoir si vous allez enquêter sur un point en particulier. J'ai fait un survol rapide de la stratégie pendant que vous parliez pour voir où cela se trouve, et je ne l'ai pas encore trouvé. Je pensais que cela se trouverait peut-être dans la partie sur la surveillance et le suivi — et que nous mettrions peut-être sur pied une sorte de système national sur le mode de fonctionnement des pharmacies et des dispensaires, afin d'empêcher les gens de faire affaire avec plusieurs commerces et de remplir des ordonnances deux fois, trois fois, etc. Est-ce que cela fait partie du plan? Et si oui, où cela se trouve-t-il?
Troisièmement, j'ai remarqué que Santé Canada dirigeait un grand nombre de ces volets, ce qui est évidemment normal. J'aimerais savoir si Santé Canada s'est engagé à financer la mise en oeuvre de cette stratégie.
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Je vous remercie de vos remarques.
Je veux ajouter certaines choses. Tout d'abord, lorsque nous avons amorcé la discussion, nous avons appris que pour ce qui est des gens qui veulent utiliser des médicaments, il y a beaucoup de mouvements dans les marchés. C'est en partie la raison pour laquelle il faut, bien entendu, axer les efforts sur l'efficacité de la prévention dès le départ, mais aussi tendre la main aux gens en difficulté quand ils deviennent dépendants.
À Ottawa, ce n'est pas vraiment l'OxyContin qui pose problème, mais le fentanyl. Nous avons constaté qu'en faisant diminuer l'utilisation d'un médicament, un autre apparaît.
Il nous faut déterminer très clairement la façon dont nous souhaitons régler le problème et définir une stratégie nationale cohérente qui inclut tous les gouvernements, les organismes sans but lucratif et le secteur privé, et cela inclut certains des autres éléments dont j'ai parlé.
En ce qui concerne le Krokodil, je dois souligner que nous faisons partie d'un réseau qui se penche sur les nouvelles substances psychoactives, car bon nombre de ces drogues apparaissent, et il en sera toujours ainsi. Chaque jour, il y a un nouveau chimiste, et le phénomène continuera.
En ce qui concerne les nouvelles substances psychoactives, nous avons un système d'alerte, si l'on veut, dont se sert le CCLT dans les régions. Nous avons justement posé des questions au sujet du Krokodil. À moins que je me trompe, on n'a encore rien rapporté au Canada. Ce sont les dernières nouvelles que nous avons eues.
Cela dit, je vais étudier cet aspect, car l'un de nos défis, c'est de recueillir la bonne information. Je pense que la Dre Fry a dit que nous devons agir. Au bout du compte, je comprends ce que vous dites au sujet de...
J'aimerais revenir un peu en arrière. Je pense qu'on a déjà parlé — j'ai peut-être déjà soulevé la question — de l'alcool et des traitements. Au Canada, nous avons le Cadre national d'action, qui est un plan d'action national, pancanadien, de lutte contre l'abus d'alcool et d'autres substances. Entre autres, il cible 13 priorités nationales, et le CCLT joue un rôle pour 8 d'entre elles. L'une des stratégies porte sur l'abus de médicaments d'ordonnance. Toutefois, puisque nous établissons des activités de prévention dans le cadre de la stratégie sur l'abus de médicaments d'ordonnance, la question qui se pose pour nous, c'est la bonne prévention.
On peut ensuite parler de récents travaux qui ont été financés par le gouvernement dans sa Stratégie nationale antidrogue, dans le cadre de laquelle nous avons élaboré les premières normes nationales de prévention de l'abus de substances chez les jeunes pour les écoles, les familles et les collectivités.
Autrement dit, si une personne habite à Estevan, en Saskatchewan, et veut participer à un programme de prévention dans son école, les normes lui donnent la certitude que les programmes sont conformes au bon type de prévention, de sorte que non seulement le programme est destiné aux jeunes, mais il est utile.
L'essentiel au sujet du CCLT, c'est que nous essayons de combiner un certain nombre de ces volets, qu'il s'agisse de l'alcool, des jeunes, du campus et des stimulants, comme on l'a soulevé plus tôt, ou des normes de prévention pour appuyer la pratique de prévention que nous avons ciblée avec les provinces. Cela fait partie de l'objectif qui consiste à établir tous les liens, que nous mettons de l'avant.
La question du cannabis est l'une de celles qui nous préoccupe beaucoup, non seulement quant à la consommation chez les jeunes et à la variété des ingrédients qui composent le cannabis et le changement moléculaire entre le tétrahydocannabinol — l'ingrédient actif qui, si l'on veut — et le CBD, une autre molécule, qui atténue certains effets psychoactifs du cannabis... Le cannabis est très présent au Canada. Nous sommes préoccupés par ses répercussions sur le développement du cerveau.
Nous pouvons en savoir plus sur différentes preuves, et nous prévoyons les faire connaître. En fait, le gouvernement fédéral a récemment appuyé le CCLT pour faire progresser les connaissances dans le domaine: la prévention, les compétences des personnes qui s'occupent de la prévention, et mettre l'accent sur le cannabis et le sport dans le cadre des efforts de prévention. Il s'agit de fonds que Santé Canada nous a versés récemment, surtout dans le cadre de la Stratégie nationale antidrogue.
La dernière chose que je veux dire, c'est qu'il sera intéressant que dans le cadre de ses travaux sur les médicaments d'ordonnance, le Comité de la santé se penche sur un sujet dont on ne discute jamais vraiment en profondeur, c'est-à-dire la consommation de la marijuana à des fins médicales et la place qu'elle occupe dans ce système. C'est un sujet que nous devrons étudier pour la suite des choses. Il s'agit d'une stratégie de 10 ans. Il y a des changements quant à l'offre de cette substance à des fins médicales, et nous devons nous pencher sur la question.
C'est très intéressant, et je crois qu'il est important de comprendre l'évolution du problème. Mais je tiens à vous rappeler qu'il n'est pas nouveau; ce sont les médias du monde qui en ont fait une nouvelle.
À l'époque victorienne, l'opium — d'où viennent les opiacés et les opioïdes — était consommé régulièrement par toutes les femmes respectables, sous forme de teinture. L'opium était une drogue légale. Elle est devenue illégale en raison des guerres commerciales avec la Chine. Ce n'est donc pas un phénomène nouveau, mais il est encore bien présent.
Ce qu'on ne savait pas à l'époque, c'est que la toxicomanie est une maladie chronique, qui émane du manque de dopamine au cerveau, qui ne produit plus les bons déclencheurs. C'est pourquoi certaines personnes boivent beaucoup d'alcool sans devenir alcooliques, et d'autres le deviennent. Lorsqu'on était jeunes, on voulait se saouler pour faire comme les autres; aujourd'hui, la plupart d'entre nous boivent de façon responsable. Mais certains de nos amis n'ont jamais pu arrêter. Nous savons qu'il s'agit d'une maladie cérébrale chronique et qu'il faut aborder le problème.
Vous avez fait valoir un bon argument au sujet des pratiques de prescription. Contrairement à ce qu'on peut croire, monsieur Lizon, les médecins en savent très peu au sujet de la dépendance. On en sait un peu plus depuis 15 ans seulement. Donc, le médecin prescrit un médicament en espérant que son patient pourra arrêter de le prendre. S'il le prescrit à la mauvaise personne, qui a des problèmes de dopamine, elle n'y arrivera pas.
Je vais vous raconter une histoire. C'est important et je crois que je peux faire des commentaires en plus de poser des questions. Mon amie a accouché récemment, par césarienne. Lorsqu'elle a quitté l'hôpital après deux jours, elle se sentait bien: elle s'est levée puis est partie, tout était parfait! On lui a donné de l'OxyContin pour réduire la douleur à la maison. J'étais très surprise d'apprendre qu'on lui avait prescrit ce médicament, et je lui ai demandé de jeter l'ordonnance. Je trouvais cela ridicule. Si vous avez mal, prenez du Tylenol extra fort. Mais c'est une pratique courante, et cela pose problème.
Vous avez parlé du rôle de la publicité dans le problème; je crois que c'est un enjeu très important. On sait que beaucoup de jeunes consomment de l'ecstasy et d'autres drogues. Après un certain temps, le taux de sérotonine dans le cerveau baisse, et ils entrent dans un état dépressif. Ils fouillent alors dans l'armoire à pharmacie de leurs parents et prennent des antidépresseurs; ils développent une dépendance, puisque les antidépresseurs augmentent le taux de sérotonine et leur permettent de fonctionner normalement. Donc, dans ce cas-ci, une drogue illicite donne lieu à la consommation abusive d'un médicament sur ordonnance, et c'est un grave problème. Les publicités à la télévision vantent les propriétés des médicaments, ce qui peut encourager l'abus par certaines personnes.
Je crois que le comité devrait faire des recommandations sur la publicité des médicaments, comme les narcotiques, les opiacés, les barbituriques et les antidépresseurs. La publicité vante les bienfaits des médicaments aux jeunes. Ils ouvrent l'armoire à pharmacie de leurs parents et voilà: ils consomment ces médicaments. Je crois que c'est un volet très important.
Il ne faut pas se concentrer uniquement sur l'activité criminelle. Vous l'avez dit plus tôt, l'éducation est importante. Il faut tenir compte de la publicité. Elle n'est pas nécessaire, et elle est dangereuse.
Qu'en pensez-vous?
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Hedy Fry: J'ai posé une question.
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J'ai 30 secondes pour y répondre, c'est cela?
Des voix: Oh, oh!
M. Michel Perron: Vous avez soulevé beaucoup de questions, madame Fry.
D'abord, au sujet de la publicité, la recommandation diffère peut-être un peu de ce que vous aviez imaginé. On parle de la publicité et du marketing des sociétés pharmaceutiques, destinés aux médecins. La pratique a beaucoup changé au fil des années, mais c'est une question que nous avons soulignée dans notre rubrique sur la prévention:
Effectuer un examen indépendant des données et formuler au besoin des recommandations sur le lien entre la promotion (p. ex. publicité, marketing ciblant les cliniciens) et les méfaits associés aux médicaments d'ordonnance.
Pour faire le lien avec votre argument, nous voulons étudier le contexte dans lequel les personnes consomment les médicaments. Nous savons qu'un grand nombre de Canadiens développent une dépendance après s'être fait arracher une dent, s'être cassé un bras, ce genre de choses. Je ne veux pas montrer du doigt une profession en particulier, mais, sans le savoir, les gens deviennent dépendants de médicaments parfois très puissants, dont il est difficile de se défaire.
Nous convenons tous que la situation ne peut plus durer, et qu'il faut rectifier le tir.
J'aimerais souligner que la stratégie « S'abstenir de faire du mal » se concentre sur les rôles de tous les intervenants, et j'espère que nous l'avons bien exprimé dans le rapport. On peut leur demander de confirmer leur engagement et leur participation au processus. Nous avons déjà tenu ces discussions.
Il faut établir une approche nationale qui évoluera au fil du temps, en fonction des nouveaux enjeux comme la consommation du cannabis, entre autres. Je ne veux pas trop insister, mais nous croyons que l'engagement du gouvernement fédéral, du comité et d'autres intervenants est nécessaire.