:
Je déclare la séance ouverte. Bienvenue à la 18
e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes. Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le 24 octobre 2020, nous reprenons l'étude de la capacité de transformation.
La réunion se déroulera en formule hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier 2021. Par conséquent, des membres sont présents dans la salle, et d'autres participent à la réunion à distance au moyen de l'application Zoom. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montre toujours la personne qui a la parole plutôt que l'ensemble du Comité.
De plus, je rappelle à tous les participants qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de votre écran au cours de la réunion.
[Français]
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Au bas de l'écran, vous pouvez choisir entre le parquet, l'anglais et le français, sans avoir à sélectionner le canal linguistique. Vous pouvez aussi utiliser la fonction « lever la main ». Si vous souhaitez prendre la parole ou alerter le président et que cette option ne fonctionne pas, vous pouvez toujours lever la main, et la greffière établira la liste des députés qui souhaitent prendre la parole.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Cliquez sur le microphone pour désactiver le mode sourdine.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre microphone en mode sourdine.
[Traduction]
Vous aurez peut-être remarqué que le calendrier de comparution a été modifié à la dernière minute et que nous accueillons aujourd'hui un groupe de trois témoins. La réunion se terminera à 17 heures ou un peu plus tard étant donné que nous avons eu un petit problème.
Permettez-moi maintenant de présenter nos témoins.
Je connais très bien Ron Lemaire, qui représente l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. Il a témoigné à de nombreuses reprises devant le Comité. Bienvenue, monsieur Lemaire.
Nous accueillons également Kelleen Tait, associée, et Glenn Fraser, dirigeant national, Pratiques de transformation des aliments et des boissons, du cabinet MNP S.E.N.C.R.L., s.r.l. Je vous souhaite la bienvenue à tous les deux.
Je pense que le troisième témoin n'est pas encore des nôtres. Il s'agit de Derek Johnstone, adjoint spécial au président national des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce Canada. Quand il se joindra à nous, nous lui donnerons du temps pour présenter sa déclaration liminaire.
Monsieur Lemaire, nous allons écouter votre déclaration liminaire. Vous avez sept minutes et demie.
:
Merci, monsieur le président.
Au nom de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, qui représente plus de 800 entreprises de culture, d'emballage, de transport et de ventes de fruits et de légumes au Canada et qui soutient quelque 249 000 emplois à l'échelle du pays, je voudrais remercier le président et les membres du Comité de nous donner la possibilité de donner notre point de vue sur l'augmentation de la capacité de transformation du Canada.
Je vais vous parler aujourd'hui d'une chaîne d'approvisionnement complexe, dont tous les intervenants travaillent d'arrache-pied pour approvisionner le Canada entier en fruits et légumes frais, mais aussi pour mettre en valeur les possibilités et trouver des solutions afin d'accroître notre capacité de transformation et notre compétitivité.
Nos recommandations appuient l'objectif du gouvernement d'atteindre 75 milliards de dollars d'exportations d'ici 2025, comme le recommande le rapport Barton. Nous appuyons également son objectif d'accroître la capacité locale afin d'assurer la sécurité alimentaire et de renforcer la souveraineté alimentaire du Canada, en plus d'approvisionner tous les Canadiens en aliments sains.
Le secteur canadien des fruits et légumes frais engendre des bénéfices considérables pour notre économie, nos communautés et le gouvernement. Pour 2018 seulement, la valeur totale du secteur a atteint 17,7 milliards de dollars, et son développement, y compris dans le domaine de la transformation, est une source directe de nouveaux emplois pour de nombreux travailleurs canadiens. Parallèlement, le gouvernement perçoit annuellement 2,6 milliards de dollars en impôts sur la production.
Le secteur des fruits et légumes frais pourrait potentiellement acheminer beaucoup plus de produits vers la transformation et la production à valeur ajoutée comme les fruits et les légumes congelés, les aliments pour bébés, les jus, la laitue effilochée, les salades prêtes à manger minimalement transformées, les mini-carottes, les purées et beaucoup d'autres. En 2020, selon une enquête menée par Caddle, 24 % des Canadiens ont déclaré qu'ils pensaient acheter plus de produits congelés l'année suivante, c'est-à-dire en 2021.
Malheureusement, les conditions du marché font en sorte que beaucoup plus de produits canadiens de seconde catégorie destinés à la transformation ou à la fabrication de jus sont vendus sur le marché libre des États-Unis qu'au Canada. C'est le cas parce que nous imposons nous-mêmes des restrictions à nos secteurs de la transformation. Il faut moderniser les processus d'acheminement des produits frais de seconde catégorie vers le secteur de la transformation pour promouvoir les investissements à l'échelon provincial, particulièrement en Ontario. Le modèle ontarien des produits réglementés est un bon exemple d'instrument qui a eu un effet dissuasif sur l'innovation et l'investissement.
À notre connaissance, il n'y a pas de nouveau transformateur dans le marché canadien en raison des problèmes de main-d'œuvre, des régimes d'imposition des sociétés et de la réglementation dans la province la plus importante. Les conditions du marché réglementé de l'Ontario restreignent la circulation des produits frais et leur accès au marché libre et aux circuits de transformation. Les producteurs ontariens envoient maintenant leurs carottes fraîches en Caroline du Nord, où elles sont transformées en purée, ou vers les États de New York, du New Jersey et de la Pennsylvanie, où elles sont coupées en dés pour la confection de soupes. Ce n'est qu'un exemple.
Or, quand une entreprise canadienne vend ses produits aux États-Unis, elle récupère à peine 35 % des revenus bruts en raison des coûts de logistique et de transport. De prime abord, on peut penser que ces exportations contribuent à l'atteinte de l'objectif du rapport Barton mais, en réalité, le rendement est loin d'être optimal pour nos producteurs.
Pour favoriser l'augmentation de notre capacité nationale de transformation, le gouvernement fédéral devra concentrer son attention et ses efforts sur trois éléments: le modèle de travail dans les usines; le coût élevé des produits et des intrants, et la concurrence des produits congelés importés d'outre-mer, beaucoup moins chers à produire à cause des faibles coûts des intrants et de la main-d'œuvre.
Le Comité a reçu divers témoignages sur la pénurie de main-d'œuvre. Je me permets de vous rappeler que, selon les estimations, il manque 30 000 travailleurs dans le secteur de la transformation, et que ce nombre devrait doubler d'ici 2025. La pénurie de main-d'œuvre spécialisée place déjà le secteur dans une position extrêmement difficile. Notre association préconise d'axer notre stratégie en matière de main-d'œuvre sur la pénurie de travailleurs dans les métiers spécialisés, sur l'accès à des travailleurs étrangers qualifiés, ainsi que sur le soutien à l'automation et à l'innovation.
Nous savons tous que le secteur des produits frais fait face à une concurrence féroce. Parce que la réussite ou l'échec dépendent uniquement des prix et des volumes dans notre secteur, le gouvernement canadien doit trouver des moyens de mettre en valeur les possibilités directes et à court terme de la chaîne d'approvisionnement afin de soutenir et de créer les débouchés offerts sur les marchés nationaux et internationaux.
En même temps, il est crucial de revoir les modèles de réglementation fédéraux et provinciaux pour saisir toutes les possibilités et comprendre les lacunes qui sont des conséquences imprévues des modèles de produits et des volumes de production réglementés. La pandémie de COVID-19 a imposé des difficultés nouvelles et importantes aux entreprises de la chaîne d'approvisionnement, qui ont dû absorber des coûts supplémentaires pour se procurer de l'équipement de protection individuelle et d'autre matériel comme des outils de dépistage, mettre en place des protocoles de distanciation physique afin d'assurer la sécurité des travailleurs, etc.
Forcément, ces nouveaux coûts se répercutent sur le prix des produits frais vendus aux Canadiens et ont un effet négatif sur la sécurité alimentaire.
Nous sommes très reconnaissants de l'aide gouvernementale versée au programme de protection au travail pour le secteur agroalimentaire et au Fonds d'urgence pour la transformation, mais elle est insuffisante pour s'attaquer aux nombreux défis économiques auxquels notre secteur fait face, d'autant plus que les protocoles liés à la COVID-19 ne semblent pas près de disparaître.
Le gouvernement canadien devrait adopter des programmes d'encouragements fiscaux pour inciter l'industrie à investir au Canada. Par exemple, il pourrait accorder des crédits d'impôt pour l'équipement de protection individuelle aux entreprises qui assurent la sécurité de leurs travailleurs sur les chaînes d'emballage et de transformation, ou des crédits d'impôt à l'investissement pour stimuler la croissance du produit intérieur brut.
Comme je l'ai dit d'entrée de jeu, il existe un potentiel réel d'augmenter le volume des produits destinés à la transformation et à la production à valeur ajoutée dans le secteur canadien des fruits et des légumes frais. Le gouvernement canadien pourrait favoriser la croissance de notre secteur en collaborant avec ses acteurs pour trouver des solutions aux défis que je viens de vous décrire.
L'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes est très reconnaissante de la possibilité qui lui est offerte de faire connaître son point de vue. Je répondrai volontiers aux questions des membres du Comité.
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Merci, monsieur le président.
C'est un honneur de pouvoir discuter avec vous de la reconstruction en mieux du secteur agroalimentaire afin de lui insuffler de la vigueur et de le rendre plus compétitif. Jamais il n'a été aussi crucial de renforcer notre capacité de fabrication d'aliments et de boissons pour augmenter la compétitivité nationale et mondiale de ce secteur. Le Canada ne peut pas se permettre de tirer de l'arrière dans cette course mondiale.
Je m'appelle Glenn Fraser et je suis le dirigeant national, Pratiques de transformation des aliments et des boissons chez MNP. Je suis accompagné par ma collègue, Kelleen Tait, notre dirigeante nationale pour les secteurs du bétail et de la volaille.
MNP est un chef de file dans les domaines des services de conseil en matière de comptabilité, de consultation et de fiscalité. Notre siège social est au Canada et, pour cette raison, MNP occupe une place de choix pour défendre les intérêts de plus de 20 000 clients du secteur agroalimentaire, dont 1 000 entreprises de fabrication d'aliments et de boissons de partout au pays. Une chose est sûre, le contexte commercial aura beaucoup changé après la pandémie de COVID-19. On prévoit que les activités se feront de plus en plus en ligne à mesure que les fabricants d'aliments et de boissons se tourneront vers des solutions technologiques d'automation, de mécanisation, de numérisation, de commerce en ligne ou d'intelligence artificielle pour améliorer leur efficience et leur efficacité.
MNP s'attend à ce que les Canadiens assistent à une croissance marquée de l'applicabilité et des investissements dans ces domaines de la chaîne d'approvisionnement de ce secteur. En fait, c'est déjà commencé. Pour améliorer la compétitivité nationale et mondiale, le gouvernement fédéral devrait contribuer à la recherche de solutions aux problèmes et aux obstacles qui freinent la croissance et la rentabilité. Nous avons trois recommandations à lui faire pour reconstruire en mieux.
Notre première recommandation au gouvernement fédéral est de jouer un rôle de chef de file en adoptant des politiques et des programmes qui assureront une disponibilité continuelle de main-d'œuvre spécialisée. L'accès à la main-d'œuvre est essentiel dans un secteur qui constitue la pierre angulaire de la chaîne d'approvisionnement alimentaire du Canada. Il manque actuellement 10 % de travailleurs dans le secteur de la fabrication d'aliments et de boissons, et cette pénurie devrait s'aggraver dans les cinq prochaines années. Le gouvernement fédéral doit explorer différentes options de politiques axées sur l'investissement dans l'automation, la formation et la sensibilisation aux carrières.
L'automation permet aux entreprises d'améliorer leur efficience et de réduire leurs coûts, et elle peut également fournir une partie de la solution aux pénuries de main-d'œuvre, souvent exacerbées en période de perturbation. L'automation créera par ailleurs une demande de travailleurs spécialisés et des emplois mieux rémunérés plus attrayants pour les jeunes, qui seront fiers de contribuer à leurs communautés.
Pour tirer le meilleur parti des possibilités, le gouvernement fédéral devra mettre en place des mesures d'encouragement et des programmes axés sur la formation et le perfectionnement des compétences attendues d'une main-d'œuvre moderne. Des politiques ciblées seront aussi nécessaires pour informer les jeunes sur les perspectives de carrières et d'emplois spécialisés et enrichissants offertes par le secteur.
Notre deuxième recommandation au gouvernement concerne le soutien à l'innovation dans le secteur de la fabrication d'aliments et de boissons. Les investissements sont en baisse dans ce secteur à cause de la diminution des marges bénéficiaires, des difficultés d'accès aux capitaux d'investissement et des obstacles à l'accès aux crédits d'impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental.
Le gouvernement devrait travailler en partenariat avec les gouvernements provinciaux et l'industrie pour élargir les programmes de financement en place et élaborer des politiques de promotion de l'innovation dans le secteur de la fabrication des aliments et des boissons. L'innovation ne se limite pas aux technologies de pointe ou nouvelles. Elle peut aussi passer par des stratégies et des technologies déjà utilisées au Canada et ailleurs dans le monde et qui ont fait leurs preuves.
Les programmes comme Agri-innover d'Agriculture Canada et le Fonds stratégique pour l'innovation d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada pourraient être élargis et offrir des mesures d'encouragement à l'investissement aux fabricants d'aliments et de boissons. Nous tenons à souligner l'importance de l'innovation, de l'automation, de la mécanisation, de la numérisation, du commerce électronique et de l'intelligence artificielle dans ce secteur. Les programmes de financement de ce type doivent être adaptés aux réalités du secteur de la fabrication d'aliments et de boissons, et les mécanismes d'accès au financement devront être allégés et simplifiés.
Notre troisième recommandation s'adresse aux ministres de l'Agriculture du fédéral, des provinces et des territoires, à qui nous demandons d'adopter un code de conduite des épiciers afin de favoriser des relations justes, transparentes et efficientes entre les détaillants et les fabricants d'aliments et de boissons. Au Canada, cinq grandes épiceries au détail contrôlent 80 % du marché. Cette domination a créé un déséquilibre dans les relations commerciales entre les détaillants et les fabricants, qui doivent composer avec des coûts de transaction, des frais et des pénalités arbitraires, qui parfois s'appliquent rétroactivement.
La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation en ajoutant de nouveaux défis et de nouveaux coûts à tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement.
Les détaillants ont refilé une partie des coûts financiers associés à la COVID-19 aux fabricants d'aliments et de boissons, dont la plupart, sinon tous, étaient déjà aux prises avec une escalade des coûts.
Un code de conduite pour les épiciers favoriserait des discussions constructives et transparentes entre les détaillants et les parties prenantes du secteur de la fabrication d'aliments et de boissons, au bénéfice de tous les Canadiens.
En conclusion, nous souhaitons remercier le Comité pour l'important travail qu'il accomplit pour accroître la compétitivité du secteur de la fabrication d'aliments et de boissons. L'automation, la spécialisation, la formation et la sensibilisation de la main-d’œuvre, l'amélioration des programmes d'innovation et l'instauration d'un code de conduite pour les épiciers sont autant de mesures essentielles pour favoriser la croissance et la prospérité de ce secteur névralgique à l'échelle nationale, l'atteinte d'objectifs d'exportation réalistes et la compétitivité à l'échelle mondiale.
La mise en œuvre de nos recommandations sera essentielle pour assurer notre sécurité alimentaire et l'approvisionnement en aliments de qualité et abordables à l'ensemble des Canadiens.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Au nom des Travailleurs et des travailleuses unis de l'alimentation et du commerce, ou TUAC, je remercie le Comité permanent de nous donner la possibilité de faire connaître nos points de vue. Je tiens aussi à souligner son travail sur un sujet aussi important.
Avant de vous présenter certaines de nos réflexions, j'aimerais glisser quelques mots au sujet de notre organisation.
Nous sommes le porte-voix des travailleurs de l'alimentation au Canada. Notre organisation syndicale est l'une des plus importantes au pays, et c'est à la fois une grande fierté et un immense privilège de représenter plus d'un quart de millions de personnes qui travaillent d'arrache-pied un peu partout au Canada. Environ 80 % de nos membres travaillent dans des secteurs liés à l'alimentation. Nous nous plaisons à dire qu'on trouve des membres des TUAC dans toute la chaîne alimentaire, du champ à l'assiette.
Pendant la pandémie, nos membres ont joué un rôle essentiel en première ligne pour approvisionner les Canadiens en produits alimentaires et autres produits et services essentiels dans leur vie quotidienne.
Je peux vous assurer que les 12 derniers mois n'ont pas été de tout repos pour les travailleurs de l'alimentation du Canada. Beaucoup de nos membres ont eu peur d'aller travailler, et on peut les comprendre. Ils ont eu peur d'être malades, ou de transmettre le virus à leur famille. Ils ont été des milliers à recevoir un diagnostic positif, beaucoup ont dû être hospitalisés, et certains sont décédés.
À titre d'organisation syndicale représentant des travailleurs de l'alimentation, nous avons demandé diverses mesures et interventions liées à la pandémie, dont plusieurs ont été mises en œuvre à des degrés divers dans le secteur, et par les principaux employeurs surtout. Toutefois, l'uniformité et la mise en application restent problématiques.
L'Agence canadienne d'inspection des aliments surveille la production. Toutefois, elle nous a indiqué très clairement que son travail est d'assurer la salubrité des aliments dans les usines, pas des personnes qui y travaillent. Cette responsabilité, comme vous le savez, appartient aux provinces, avec lesquelles nous avons eu des expériences mitigées, c'est le moins qu'on puisse dire, pendant la pandémie.
Depuis l'éclosion de la pandémie, et bien avant en fait, la cadence de travail a toujours été l'éléphant dans la pièce. À cause de la vitesse imposée sur les chaînes de production, il est à peu près impossible de respecter les règles de distanciation physique. Depuis des années, elle a été la principale cause de lésions attribuables au travail répétitif et de troubles de santé mentale pour un grand nombre de membres des TUAC.
La vérité, en un mot, est que la protection de la chaîne d'approvisionnement alimentaire au Canada passe avant tout par la protection des travailleurs de l'alimentation. Or, à cause de divers problèmes structurels importants, il est impossible de leur assurer une protection complète.
L'analyse des difficultés de recrutement de main-d’œuvre doit tenir compte de ces facteurs, qui font partie du problème.
Cela dit, le potentiel du secteur de la transformation des aliments reste énorme. Ce secteur pourrait et devrait recruter des travailleurs et créer plus d'emplois pour les Canadiens.
Notre organisation est très préoccupée par la croissance exponentielle du Programme des travailleurs étrangers temporaires ces dernières années. Nous recommandons vivement de diversifier les solutions adoptées pour redresser la situation de notre secteur, notamment en privilégiant l'élargissement des programmes des candidats du fédéral et des provinces, et en veillant à ce que les Canadiens soient bien informés des occasions et des parcours offerts dans le secteur de la transformation des aliments.
Le gouvernement doit encourager les investissements dans le développement du marché du travail intérieur. Des données indiquent qu'il existe une relation inverse entre le recours à des travailleurs étrangers temporaires et les investissements publics dans des mesures actives d'emploi, ce qui n'est pas franchement la meilleure avenue pour construire l'avenir.
Pour construire l'avenir, nous exhortons le Comité à recommander la mise à contribution des parties prenantes dans l'élaboration de mesures et de stratégies de recrutement et de perfectionnement. Les TUAC, notamment, pourraient être des alliés de choix pour la promotion des métiers des services et de l'industrie de l'alimentation. Si les employeurs étaient obligés de collaborer avec nous, par l'entremise d'un processus comme l'étude d'impact sur le marché du travail ou un autre, pour recenser les sources de main-d’œuvre au pays, les résultats seraient probablement meilleurs et plus utiles pour l'ensemble du secteur.
Une chose est certaine, en tant qu'organisation syndicale représentant des travailleurs de l'alimentation, il est difficile pour nous de concevoir un système alimentaire canadien totalement dépendant d'une main-d’œuvre temporaire, précaire et vulnérable, comme c'est dorénavant le cas dans le secteur agricole primaire. Si rien n'est fait, la stabilité et la sécurité de l'un des secteurs les plus cruciaux du Canada seront compromises, au détriment de notre souveraineté alimentaire.
Une chose est certaine, en tant qu'organisation syndicale représentant des travailleurs de l'alimentation, il est difficile pour nous de concevoir un système alimentaire canadien totalement dépendant d'une main-d’œuvre temporaire, précaire et vulnérable, comme c'est dorénavant le cas dans le secteur agricole primaire. Si rien n'est fait, la stabilité et la sécurité de l'un des secteurs les plus cruciaux du Canada seront compromises, au détriment de notre souveraineté alimentaire.
Je m'arrête ici. Je remercie le Comité de son invitation et de son travail sur un sujet de la plus grande importance.
Je suis impatient de répondre à vos questions. Merci.
:
C'est la grande question, bien évidemment. Je pense que nous pourrions tirer davantage profit des réseaux des parties prenantes. Comme organisation syndicale des travailleurs de l'alimentation, nous représentons un quart de million de personnes au Canada, qui viennent de plus de 600 communautés. Pourtant, nous n'avons jamais été sollicités sérieusement pour participer à la promotion des perspectives dans le secteur. Nous représentons des dizaines de milliers de travailleurs du secteur de la viande, et nous savons qu'il offre de très bons emplois, dont beaucoup sont des emplois syndiqués à temps plein qui viennent avec un régime de retraite.
Je vous dirais que beaucoup de Canadiens, malgré les efforts déployés par les employeurs et certaines démarches du gouvernement, ne sont pas au courant de ces possibilités. Je peux même vous dire que certains de nos membres ne sont pas au courant. Les parties prenantes auraient beaucoup à apporter, mais elles sont sous-utilisées. Nous voulons contribuer à cet effort, et nous tenons à ce que ce soit entendu. C'était une des raisons pour lesquelles nous voulions venir ici aujourd'hui.
Comme vous le savez peut-être, le Programme des conseils sectoriels du Canada offrait un forum aux parties prenantes, qui pouvaient participer à un processus tripartite pour trouver des solutions à ce genre de défis. Ce programme, malheureusement, a été aboli il y a une dizaine d'années, si bien que nous n'avons plus de forum au Canada pour avoir ce genre de discussions. À mon avis, c'est une perte pour le secteur.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
La solution que nous cherchons à cet égard revient, encore une fois, à une série de stratégies que j'ai déjà mentionnées. L'une de ces stratégies consiste à s'assurer d'avoir accès à un bassin de travailleurs suffisant pour nous permettre de produire et de transformer efficacement nos produits chez nous. Le problème inhérent à la vente aux États-Unis est lié aux coûts supplémentaires entraînés par la logistique et le transport. Il faut aussi tenir compte des conditions du marché qui déterminent le prix des produits de base au moment où ils sont vendus, et ce prix fluctue.
Nous avons déjà entendu quelques observations au sujet de l'Ontario et du Canada. Lorsque l'on cherche de nouvelles possibilités de croissance en Ontario, et que l'on commence à regarder des éléments majeurs comme l'automatisation et l'innovation, on constate que ce sont peut-être les meilleures opportunités qui s'offrent à nous. Si nous sommes dans l'incapacité de trouver des travailleurs, et si nous devons nous engager sur la voie d'une automatisation accrue ou de l'innovation entourant la chaîne de production, comme nous l'a expliqué M. Johnstone, il faut miser sur la vitesse de la chaîne et son mode de fonctionnement ainsi que sur d'autres outils à introduire dans cette chaîne. Nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre pour amener le produit à destination. C'est vrai même à une vitesse accélérée et avec un nombre réduit de travailleurs, nous éprouvons malheureusement de la difficulté à répondre à la demande pour le produit sur le marché à moindre coût.
Nous évoluons dans un environnement concurrentiel qui nous force à trouver le modèle de production, de transformation et d'expédition le plus efficient pour amener le produit à destination. Malheureusement, au niveau mondial, d'autres pays ont déjà mis en place des stratégies dont une main-d’œuvre à faible coût dans certains cas. Dans d'autres cas, on a recours à des mesures d'encouragement et de soutien du secteur de la transformation pour aider les entreprises à prospérer grâce au modèle fiscal. On mise aussi sur la structure d'entreprise pour permettre aux sociétés de bénéficier d'incitatifs, des incitatifs qui sont offerts parfois même seulement pour leur présence dans le pays.
:
Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
C'est une bonne question, et je m'excuse auprès des interprètes, parce que je suis sur le canal anglais.
Je vais répondre très brièvement. J'aimerais parler de la situation dans laquelle nous nous retrouvons aujourd'hui, parce que cette situation nous place dans un environnement très particulier. Nous devons faire face à plusieurs niveaux d'autorité et plusieurs niveaux de responsabilité pour assurer la sécurité des travailleurs.
Premièrement, il faut les faire entrer au pays, et suivre des protocoles pour les faire passer de leur point d'origine jusqu'à l'usine de transformation ou jusque dans la région ou l'exploitation agricole où ils travailleront.
Le défi fondamental qui nous occupe actuellement est l'inconnu. Nous sommes tous au courant des récents changements qui ont été apportés aux exigences d'entrée au Canada et des difficultés que cela entraîne pour nous. Nous attendons la date du 14 mars, parce qu'il n'est pas encore clair si les travailleurs étrangers temporaires devront demeurer dans un hôtel prévu par le gouvernement ou encore s'ils seront exemptés de cette obligation et transférés directement vers l'exploitation agricole où ils respecteront une période de quarantaine.
Nous devons prendre en considération toute une gamme de défis qui ne cessent de faire grimper les coûts. Nous devons donc garder les yeux sur la question des coûts dans le système.
Les autres éléments dont il faut tenir compte sont les ordres de gouvernement municipal et provincial.
Concernant la question qui nous occupe aujourd'hui, si un travailleur étranger arrive au pays, il va atterrir à Toronto. S'il doit demeurer trois jours à Toronto en raison des nouvelles mesures, puis se rendre dans les provinces atlantiques, il devra respecter un autre 14 jours de quarantaine. Nous nous retrouvons aujourd'hui avec une période de 17 jours pendant laquelle les travailleurs ne sont pas disponibles, ce qui représente aussi un fardeau pour eux aussi.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Et merci à tous nos témoins.
Je vais commencer par M. Johnstone. Je voudrais vous parler de la fermeture récente de l'usine Olymel, à Red Deer. Un représentant d'Olymel est venu nous en parler un petit peu.
Je tenais à connaître votre point de vue sur la question pour commencer. Comment vont les travailleurs de cette usine? Comment se débrouillent-ils dans cette nouvelle situation où ils se retrouvent plongés?
Aussi, pourriez-vous élargir la conversation un peu et nous parler du point de vue des syndicats? Nous avons appris au cours de cette étude que les usines de transformation de la viande sont devenues tellement concentrées que lorsque l'une d'entre elles ferme ses portes, cela entraîne un énorme effet cascade sur toute la chaîne d'approvisionnement.
D'après vous, comment devrions-nous procéder pour protéger les usines de transformation et, bien entendu, les employés qui y travaillent, de ces chocs futurs sur le système?
:
Merci, monsieur MacGregor. C'est une très bonne question.
Je peux vous dire que la situation à l'usine d'Olymel traduit la pire crainte pour ces travailleurs. Chaque matin au réveil, et chaque soir au coucher, ils se demandent quand la prochaine éclosion aura lieu. La plus récente s'est produite à l'usine d'Olymel.
Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration liminaire, nos membres sont très inquiets d'aller au travail, et avec raison. On a apporté des changements dans l'usine. J'ai entendu parler de l'installation d'écrans en plexiglass. C'est probablement la même chose dans la majorité, si ce n'est la totalité, des grandes usines de transformation. La distanciation est respectée dans les coins repas et ainsi de suite. Vraiment, à partir du moment où la chaîne fonctionne à plein régime, on ne peut pas faire grand-chose au sujet de la densité sur le plancher. S'il se produit une éclosion, c'est un peu comme une bombe à retardement. C'est ce qui vient de se produire à l'usine de Red Deer.
Je peux vous dire que lorsque cela arrive, en plus de la pression et du stress d'avoir à se rendre au travail, lorsque les travailleurs se retrouvent sans emploi, ils doivent en plus s'adapter à la nouvelle réalité. De nouveaux programmes ont été mis sur pied pendant toute la pandémie de COVID, bien entendu. La PCMRE est la plus récente incarnation de cette forme d'aide. Encore une fois, c'est aux employés qu'il incombe de présenter une demande pour la recevoir, contrairement à ce qui se fait dans d'autres administrations.
Il semble que dans des pays comme le Danemark, où la transformation du porc représente une énorme portion de l'économie, les choses ne se passent pas ainsi. Dans de tels scénarios, les formalités administratives se règlent directement entre employeurs et gouvernement. Non seulement les employés se retrouvant dans un tel scénario reçoivent-ils leur plein salaire, mais aussi, sans avoir à faire quelque démarche administrative que ce soit. Les formalités sont réglées directement par l'employeur et l'entreprise.
C'est une chose qui, à mon avis, pourrait s'avérer très utile pour nos membres qui souhaitent seulement se rendre au travail tous les jours. Actuellement, ce sont eux qui portent le fardeau de ces éclosions lorsqu'elles se déclenchent à bien des égards. Certainement, et très évidemment, il s'agit de leur propre santé, mais aussi, sur le plan pratique, il faut qu'ils réussissent à joindre les deux bouts. La situation est difficile dans les usines de transformation de la viande à bien des égards.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Merci à tous les témoins.
Monsieur Lemaire, c'est toujours un plaisir de vous recevoir à notre comité.
Je reviendrai plus tard aux représentants de MNP, mais je vais vous prédire qu'à un moment donné, nous allons entendre le implorer le secteur privé de faire plus d'investissements. Ce fut d'ailleurs le cas du regretté ministre Flaherty, il y a environ 10 ans, après la fin de la récession. Il avait demandé au secteur privé de faire plus d'investissements. Je sais, de manière générale, que le secteur manufacturier avait réclamé une déduction pour amortissement accéléré, ce qui fut fait dans l'Énoncé économique de l'automne 2018.
Monsieur Lemaire, concernant ces mesures fiscales, est-ce que vos membres y ont recours, ou bien est-ce que ça ne fonctionne pas? Devrions-nous adopter d'autres mesures? Je sais que vous avez mentionné qu'il faudrait davantage d'incitatifs fiscaux. Je serais curieux de savoir à quoi pourraient ressembler ces incitatifs.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais me tourner vers M. Lemaire et l'ACDFL.
L'un de nos précédents témoins représentait le Conseil de l'innovation agroalimentaire ou CIA. J'ai été interpellé par les observations que vous avez faites dans votre déclaration liminaire concernant l'énorme potentiel des produits à valeur ajoutée. Malgré les difficultés que vous avez énumérées, je sais qu'il y a eu quelques histoires de réussite. Il y a des entreprises qui réussissent au Canada dans les conditions actuelles. Et c'est ce qui m'intéresse vraiment.
J'ai demandé au CIA s'il y avait des dénominateurs communs dans ces histoires de réussite. On m'a répondu que c'est notamment la présence d'un écosystème pouvant réunir des chercheurs, des entrepreneurs, des représentants de l'industrie, et des investisseurs pour encadrer les entrepreneurs.
Pourriez-vous nous parler de certaines de ces histoires de réussite, concernant n'importe quel membre de l'ACDFL qui aurait connu le succès dans les conditions actuelles et dans le domaine des procédés innovateurs de transformation des aliments? Pourriez-vous aussi nous expliquer les facteurs de leur réussite?
:
Oui, tout à fait. À titre d'exemple, je peux vous parler de Sliced, dans l'Ouest, qui fait partie du Star Group. Pour connaître la recette du succès de cette entreprise, on peut voir, pour commencer, qu'elle s'est assurée d'avoir le contrôle de sa base de production. Elle s'est dotée d'un écosystème intégré dans lequel elle gère toutes les étapes, du début à la fin. Elle a aussi investi considérablement dans l'automatisation et dans une chaîne de production innovatrice. Elle a eu recours à une technologie avancée dans ses opérations de production et de coupe de fruits et légumes afin que la transformation de ces produits frais s'effectue le plus efficacement possible.
Ensuite, il faut prendre en compte les principales caractéristiques du conditionnement et la gestion des centres de coûts. Il faut continuellement surveiller l'ensemble des coûts et la structure, de la production jusqu'au conditionnement, et enfin, jusqu'au consommateur. Il faut être en mesure de tout gérer. En même temps, l'élément dont on tient de plus en plus compte aujourd'hui est celui de la durabilité qui commence à s'insérer dans cette proposition de pleine valeur.
L'entreprise a examiné tous ces éléments et les a réunis. Même la manière dont elle s'est adaptée durant la pandémie de COVID, notamment en examinant comment elle pourrait redistribuer et gérer sa chaîne d'approvisionnement sur le marché, est fondamentale.
Des histoires de réussite, il y en a d'un bout à l'autre du pays. Je suis fermement convaincu que l'occasion est là. Le modèle qui se dégage et vers lequel nous avons la possibilité de nous diriger est celui du modèle régional. Selon ce modèle, dans notre secteur, nous pouvons centraliser la production avec les producteurs afin qu'ils puissent s'unir et avoir accès au marché.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Johnstone, je suis très content de pouvoir vous poser à nouveau ma question.
Lors de votre présentation, vous avez mentionné avoir observé une relation inverse entre le recours à des travailleurs étrangers et l'investissement.
Depuis le début des travaux du Comité, nous constatons que les deux problèmes existent. Il y a en effet un sous-investissement dans l'industrie au pays, mais le manque de main-d'œuvre est tellement grand qu'il est nécessaire de recourir aux travailleurs étrangers.
Avez-vous vraiment dit cela? J'aimerais que vous nous en disiez davantage là-dessus.
Comment fait-on pour concilier ces deux problèmes? Les travailleurs étrangers sont-ils couverts par les conventions en vigueur dans les usines où votre association est représentée?
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Nous avons déjà négocié des conventions collectives et nous sommes très fiers de la façon dont nous les avons utilisées par le passé pour tirer parti le mieux possible du Programme des candidats des provinces afin de permettre aux employés régis par celles-ci de disposer de cheminements efficaces vers la citoyenneté, et nous n'en avons pas fait assez en la matière.
Pour en revenir, monsieur Perron, au point que vous avez soulevé, des travailleurs étrangers temporaires sont effectivement devenus membres de notre organisation. Ça a été en particulier le cas dans les usines de transformation de la viande. Nous sommes très fiers de l'utilisation que nous avons faite de nos contrats pour tirer tout le parti possible du Programme des candidats des provinces afin de permettre à ces travailleurs migrants de vraiment disposer d'un accès efficace à la citoyenneté,
C'est un aspect de ce que vous faites sur lequel vous n'avez probablement pas suffisamment insisté aujourd'hui en rappelant que le gouvernement fédéral a mis sur pied ce Programme des candidats des provinces qui permet à ces dernières de désigner des candidats, même si, par le passé, l'Ontario n'en a guère fait usage. Il faut que ce programme soit perçu comme l'un des piliers mis en place pour répondre aux besoins en main-d'oeuvre du secteur.
Qu'un migrant, un travailleur étranger temporaire vienne au Canada et y passe 30 ans à tenter sans fin d'obtenir la citoyenneté n'est dans l'intérêt de personne. Si nous voulons que l'emploi dans notre secteur soit caractérisé par la sécurité, la stabilité et la longévité, il faut que nous permettions aux gens qui viennent chez nous de prendre racine ici et d'y construire leur vie. C'est essentiel.
Au sujet de l'autre point que vous avez soulevé, soit la relation inverse entre les investissements dans la politique sur le marché du travail et l'expansion du Programme des travailleurs étrangers temporaires, nous ne faisons que citer les données de l'OCDE. Ceux-ci montrent clairement que, au cours des 20 dernières années, les investissements publics dans des mesures destinées à mettre au travail les personnes sous-employées et à offrir des débouchés aux personnes qui se sont retirées du marché du travail pour se perfectionner, ou le pourcentage du PIB représenté par ces investissements dans de tels programmes au Canada, ont connu des fluctuations de la même ampleur que le recours aux travailleurs étrangers temporaires, mais le premier a diminué alors que le second a augmenté.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Johnstone, je vais vous garder sous les feux de la rampe.
Je partage votre sentiment sur l'efficacité des programmes des candidats des provinces et sur l'identification de leurs lacunes. C'est la raison pour laquelle ma femme est venue au Canada. Elle a immigré ici, elle venait d'Australie, grâce au programme des candidats de la Colombie-Britannique qui avait relevé qu'elle avait des compétences dont on manquait sur l'île de Vancouver.
Vous avez fait allusion au Programme pilote sur l'agroalimentaire qui est en vigueur. Si vous avez des commentaires à faire sur celui-ci, je serai ravi de les entendre. Veuillez également nous dire s'il y a une série de recommandations concrètes que vous aimeriez voir figurer dans notre rapport. C'est notre objectif ultime avec ce document. Nous tenons à faire ce genre de recommandations pour que le gouvernement fédéral y réponde.
Si vous désirez ajouter autre chose pour impliquer davantage les intervenants, ou quoi que ce soit d'autre pour inciter nos universités à intéresser un plus grand nombre de Canadiens à ces emplois, sentez-vous libre de le faire.
Je vous remercie.
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Le Programme pilote sur l'agroalimentaire est entré en vigueur l'an dernier. Je viens tout juste de demander une mise à jour des données sur sa performance, mais je ne les ai pas encore reçues. J'ignore donc quelle a été sa performance.
L'engagement était de créer 2 700 nouvelles possibilités de résidence permanente pour les travailleurs du secteur agroalimentaire, en visant surtout ceux du secteur de la viande.
Les critères sont encore très exigeants. Il faute entre autres obtenir un niveau de 4 en anglais. Nous savons que nombre de travailleurs étrangers temporaires qui viennent au Canada n'ont pas une telle maîtrise de la langue. À ce que j'en sais, le programme ne comporte aucune disposition permettant aux travailleurs d'améliorer leurs compétences linguistiques.
En toute franchise, le nombre de travailleurs retenus est nettement insuffisant. Nous entendons parler de 30 000, voire de 65 000 personnes. Si 2 700 par année est un bon départ, c'est non négligeable, mais nous sommes encore très loin de répondre au second point que vous avez soulevé, monsieur MacGregor, soit que ce programme doit constituer un point d'appui efficace pour résoudre la crise à laquelle est confronté notre secteur, en tenant compte en même temps des investissements importants pour dynamiser et développer les marchés intérieurs de l'emploi qui suivent la trajectoire que nous observons avec le nombre de travailleurs étrangers temporaires.