Soyez les bienvenus à la 33e séance du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion qu'il a adoptée le jeudi 4 février 2021, le Comité entreprend l'étude de l'impact environnemental de l'agriculture.
La séance est de formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021, ce qui signifie que des membres sont en présentiel, dans la pièce, et d'autres participent à distance, grâce à l'application Zoom. Le compte rendu des travaux sera accessible sur le site Web de la Chambre des communes, et la webémission montrera toujours la personne exerçant son droit de parole plutôt que l'intégralité des membres du Comité. J'en profite pour rappeler à tous les participants que les captures d'écran ou les photographies de leur écran sont interdites.
[Français]
Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles. Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du micro pour désactiver le mode sourdine. Les micros des participants qui se trouvent dans la salle seront, comme d'habitude, contrôlés par l'agent des délibérations et de la vérification. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en mode sourdine.
[Traduction]
Sur ce, je souhaite la bienvenue à nos témoins de la prochaine heure. Il s'agit de M. Bruce Taylor, président d'Enviro-Stewards inc., et de Mme Candace Laing, vice-présidente au Développement durable et aux relations avec les parties prenantes, chez Nutrien.
Sans plus tarder, commençons par les déclarations préliminaires, pour lesquelles chacun de vous disposera de sept minutes et demie.
La parole est d'abord à M. Taylor.
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Très bien. Je commence donc.
Je vous remercie de votre invitation. C'est un plaisir pour moi d'être ici.
Enviro-Stewards est une firme d'ingénierie basée à Elmira, immédiatement au nord de Waterloo, en Ontario, mais active dans toute l'Amérique du Nord.
Je suis venu exposer une façon pratique, pour le secteur agricole, d'atteindre la neutralité climatique et même mieux. Notre mission consiste à faire prospérer des entreprises résilientes et à améliorer la vie de tous et chacun. Si le sujet vous intéresse, nous avons une conférence de l'Association internationale pour la formation des cadres sur notre travail de développement en Afrique de l'Est, mais notre travail qui rapporte se fait en Amérique du Nord.
Par exemple, les Aliments Maple Leaf sont la première grande entreprise agroalimentaire dans le monde à être carboneutre. Nous lui avons fait franchir ce pas en novembre 2019. Pour le faire, nous avons évalué avec elle les mesures de conservation de 35 établissements. Comme la compagnie a adopté une stratégie privilégiant la conservation, la carboneutralité lui fait faire des économies plutôt que de lui coûter des sous. Elle n'attend pas 2030, 2040 ou 2050 pour agir. Elle le fait dès maintenant. C'est effectivement rentable.
Je voudrais d'abord montrer une difficulté que je perçois dans le processus habituel d'acquisition. Pour acheter un certain taux de conservation de l'eau dans l'agroalimentaire, conserver l'énergie ou éviter le gaspillage alimentaire, habituellement, on soumissionne au moindre coût. Par exemple, dans 60 usines de la région d'York, qui nous ont confié un mandat pour la conservation de l'eau, nous sommes arrivés à une économie de 36 % de l'eau par usine, dont beaucoup étaient des fabricants d'aliments et de boissons.
Une économie de 0 % de l'eau permet souvent d'être le moins-disant dans une adjudication. Il est beaucoup plus facile de s'engager à ce taux que d'en économiser 36 %. En conséquence, tout entrepreneur compétent se trouve à perdre dans un appel d'offres ordinaire, parce qu'il est désavantagé sur le plan de la concurrence. On croit que le meilleur audit énergétique est celui qui coûte le moins cher. Le moins cher donnera lieu au maximum de dépenses quand viendront les travaux, parce que la seule façon d'y parvenir est de suivre le sentier battu.
Dans le mémoire technique que je vous ai fait parvenir, vous verrez que, à London, en Ontario, nous sommes parvenus à chauffer la totalité d'une patinoire intérieure avec la chaleur actuellement rejetée, par un procédé différent du procédé normal. J'essaie d'inculquer que, dans un appel d'offres, ce qui compte, ce n'est pas le coût de l'audit, c'est la valeur de ce qu'on trouve qu'il faut faire.
La tentative a été un peu mieux réussie quand Agriculture et Agroalimentaire Canada a publié une demande de propositions pour un projet de réduction du gaspillage alimentaire. Ç'a été mieux, parce que le coût n'était pas l'enjeu. Il s'agissait de produire la meilleure proposition, d'après les trois critères donnés. J'y reviens dans une minute.
Je vous donnerai quelques exemples pris dans le secteur alimentaire. L'établissement vinicole Southbrook Vineyards est déjà certifié or selon la norme LEED. Il produit un vin bio, biodynamique et régénérateur. Un audit énergétique normal qu'il a commandé lui a révélé qu'il pouvait réaliser des économies de 5 %, avec un délai de récupération des montants investis de 20 ans. Par la suite, nous avons trouvé et installé des solutions qui permettaient de comprimer les coûts de l'électricité et ceux du gaz de 40 % dans les deux cas. Fait intéressant, il avait commandé des panneaux solaires pour remplacer le solde de l'énergie. Il a annulé l'achat du tiers d'entre eux. Il n'en avait plus besoin, parce qu'il n'avait plus besoin de cette énergie. Ç'a permis d'éviter de recouvrir une demi-acre du vignoble avec des panneaux solaires.
Un audit bon marché aboutit finalement à proposer la mauvaise solution. Dans cet établissement, il s'agissait de quatre mois, deux si on tient compte de la valeur du vin qui aurait été perdu à cause du terrain recouvert de panneaux solaires.
Nous préconisons la démarche qui privilégie la prévention. C'est beaucoup plus payant. Ça touche la conception des programmes. La plupart des programmes sont conçus pour injecter de l'argent dans du capital et pour essentiellement rendre attrayants des projets qui ne le sont pas. Nous avons réalisé un projet, dans le cadre d'un programme, où il en coûtait 2 500 $ pour évaluer une usine sur ce qu'il fallait y faire et 500 000 $ pour mettre la solution en œuvre. Tout ce que ç'a réussi à faire, c'est d'exécuter des mesures qui l'auraient été de toute manière, faute de temps pour trouver la bonne solution.
Si on prend le temps de découvrir ce qu'il faut faire, on a même pas besoin de mise de fonds. La période moyenne de recouvrement des montants investis dans tous nos projets est d'un an. Si on trouve ces solutions, on n'a pas besoin des capitaux, ce qui rend les programmes beaucoup moins chers, et on peut obtenir ce qu'on veut acheter en premier lieu. Je serai heureux de faire des observations sur la conception de ces programmes.
En ce qui concerne la justice sociale, après avoir comprimé tout ce qu'on peut… Des mesures de conservation appliquées à notre propre bureau, nous ont permis de réduire notre empreinte de gaz à effet de serre de 78 % par employé. Il faut compenser le reliquat. Nous y sommes parvenus de façon durable, mais qu'est-ce qu'on en fait ensuite? La plupart des programmes en cours au Canada visent à profiter aux Canadiens et aux entreprises canadiennes plutôt qu'aux victimes du changement climatique que nous avons provoqué dans les pays en développement.
Par exemple, nous sommes allés au Soudan du Sud, réparer des panneaux solaires sur le toit d'un orphelinat. Dans ce pays, la production d'électricité est double, grâce à l'ensoleillement deux fois plus intense. Nous avons fermé une génératrice qui servait uniquement à actionner la pompe à eau. L'argent, au lieu d'aller à l'achat de carburant pour cet appareil, sert à acheter de la nourriture aux enfants. Sur le plan socio-économique et environnemental, c'est beaucoup mieux, mais, au Canada, nous obtenons un crédit nul dans tout programme axé sur l'environnement. Nous en obtiendrions seulement si nous mettions des panneaux solaires sur notre propre toit, à Elmira, et recevions un ensoleillement limité tout l'hiver.
Des « XPrizes » servent à récompenser la séquestration du carbone. La meilleure séquestration consiste tout simplement à le laisser dormir sous forme de charbon. Jamais il ne sera plus inerte que dans cet état-là.
Planter des arbres, c'est une bonne idée. C'est ce que nous devrions faire, mais qu'en est-il de, d'abord, ne pas les couper? Dans les pays en développement, on coupe les arbres pour faire bouillir l'eau pour la rendre potable. Si on y donnait d'abord de l'eau potable, on n'aurait pas besoin de… Si on se montre malin, on obtient de bien meilleurs résultats pour tous les objectifs de développement durable, et non pour un seul à la fois.
La plus belle chance à saisir est peut-être la prévention du gaspillage alimentaire. Vous connaissez peut-être les grands nombres, c'est-à-dire qu'on gaspille le tiers de toute la production alimentaire de la planète. Si le gaspillage alimentaire était un pays, ce serait le troisième producteur de gaz à effet de serre, après la Chine et les États-Unis. Le deuxième consommateur d'eau en importance sur la planète est la culture d'aliments qu'on gaspille. Au Canada, on flambe ainsi 49 milliards de dollars par année.
Près de la totalité de l'effort a été consacré au détournement de cette masse pour en empêcher la mise en décharge, parce que, rendue là, elle se transformera en méthane. Si on en détourne la totalité des décharges, on continue de gaspiller le tiers de la nourriture. Ça reste le troisième émetteur de gaz à effet de serre en importance dans le monde, le deuxième consommateur d'eau en importance sur la planète, et on continue de gaspiller la plus grande partie de ces 49 milliards de dollars. La seule manière de ne pas le faire est, en premier lieu, de ne pas gaspiller la nourriture, et presque aucun programme ne vise cet objectif.
Chez les Soupes Campbell, à Toronto. Nous avons réglé les dossiers de l'énergie et de l'eau grâce à l'intégration des procédés, ce qui a permis des économies de 1,6 million de dollars par année. Dans le dossier subséquent de la nourriture, nous avons trouvé à éviter le gaspillage de 700 000 $ par année de nourriture qui n'avait pas à être gaspillée. Une centrale en transformait les déchets en énergie, mais ça fait 4 000 tonnes de moins de gaz à effet de serre à conserver sous forme de nourriture, parce que ça se trouvait dans cette chaîne d'approvisionnement.
Par effet de levier et grâce au cofinancement de la fondation Walmart, nous avons pu faire 50 audits dans tout le Canada. Ce programme était administré par l'Agence canadienne d'inspection des aliments et la Provision Coalition. Nous sommes allés dans 50 usines…
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Merci, monsieur le président. Merci pour votre invitation.
Je me nomme Candace Laing et je suis la vice-présidente au Développement durable et aux relations avec les parties prenantes chez Nutrien. Je suis à Saskatoon. Je reconnais que c'est sur le territoire du traité no 6 et la patrie traditionnelle des Métis.
Pour ceux qui connaissent moins bien notre compagnie, qui a un peu plus de trois ans, Nutrien est le résultat d'une fusion de deux compagnies canadiennes de premier plan des secteurs agricole et minier, qualifiées d'égales, Agrium et la Potash Corporation of Saskatchewan. Ensemble, sous l'appellation de Nutrien, nous sommes devenus le premier fournisseur mondial d'intrants et de services agricoles. Notre entreprise englobe des activités qui comprennent notre division de vente au détail, connue sous l'appellation de Nutrien Ag Solutions, ainsi que la fabrication et l'extraction d'engrais à base de potasse, d'azote et de phosphate.
Malgré sa croissance — elle est maintenant présente dans 13 pays et sur trois continents — notre compagnie possède encore de vastes installations au Canada. Nous avons aussi mine de potasse en Saskatchewan, quatre usines d'engrais azotés en Alberta et près de 300 points de vente au détail, principalement dans tout l'ouest du pays. À cela, il faut ajouter deux sièges sociaux, à Calgary et à Saskatoon.
L'objectif de notre compagnie est de cultiver notre monde en partant de rien. Nous avons un gros défi à relever, puisqu'on s'attend à ce que la population mondiale atteigne, d'ici 2050, 10 milliards d'habitants. L'alimentation de cette population croissante sans augmenter l'utilisation des terres et tout en combattant le changement climatique sera l'un de nos plus grands défis et l'une des meilleures occasions à saisir. L'avenir de l'agriculture dépend de dirigeants de l'industrie, de partenaires et de gouvernements qui prendront des mesures concrètes pour appuyer les pratiques de l'agriculture durable. Le mois dernier, notre compagnie a lancé son plan d'alimentation pour l'avenir, qui comprend des engagements pour aider à réduire notre empreinte carbone. Ces engagements représentent pour nous des conditions essentielles à la prochaine transition dans l'agriculture. Nous sommes déterminés à diminuer les émissions directement attribuables à nos opérations, tout en appuyant les producteurs au moyen de nos produits et services, pour qu'ils puissent stocker plus de carbone dans le sol et réduire les émissions au moyen d'une meilleure gestion des éléments nutritifs.
Parmi nos engagements, à réaliser d'ici 2030, il y a celui de permettre aux producteurs d'adopter l'agriculture durable sur 75 millions d'acres, à l'échelle mondiale; un programme exhaustif de décarbonation, qui permet aux producteurs d'accélérer l'adoption de pratiques agricoles qui tiennent compte des données climatiques et la séquestration du carbone dans le sol avec, à la clé, la récompense de leurs efforts par des crédits carbone et des actifs; et, au moins une réduction de 30 % de nos émissions de gaz à effet de serre par tonne de produits fabriqués, tout en poursuivant la transition vers les engrais donnant lieu à de faibles émissions carbonées.
[Difficultés techniques] parlent d'occasions de réduire les émissions et de séquestrer le carbone dans la production végétale, et c'est ce que Nutrien fait, pour accélérer l'adoption de solutions favorables au climat et fondées sur la nature, dans le secteur agricole, et de récompenser les producteurs de leurs efforts.
Pendant l'actuelle saison de croissance, nous pilotons notre programme de réduction des émissions carbonées. Nous avons ciblé 100 000 acres en Amérique du Nord, parmi lesquelles 20 000 étaient en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. L'intérêt des producteurs a été extrêmement encourageant et il excède notre objectif en nombre d'acres sur lesquelles le programme s'appliquera. Nous exécutons maintenant nos études pilotes sur 200 000 acres, dans toute l'Amérique du Nord, dont 45 000 au Canada.
Ce programme permet aux producteurs d'accélérer l'application de méthodes agricoles tenant compte des données climatiques et la séquestration du carbone dans le sol. Chez Nutrien, nous collaborons directement avec nos producteurs, pour élaborer des plans personnalisés de culture qui permettent de réduire leur empreinte carbone. Nous contribuons par la vérification des rendements, relativement au carbone, et nous payons actuellement les producteurs directement pour leur participation, en prévoyant que nous aurons besoin d'être prêts pour appuyer [Difficultés techniques] sur un marché obligatoire ou volontaire de compensations.
Notre objectif à long terme est d'appliquer les leçons de ces études pilotes et de faire accéder le programme à l'échelle mondiale, pour obtenir des répercussions et un changement réels et durables. Une facette importante de nos études pilotes englobe l'intervention en cas de difficultés dans les protocoles de compensation en vigueur et la chasse aux obstacles qui s'opposent à leur adoption. Le protocole de réduction des émissions d'oxyde de diazote, dans le cadre de conformité de l'Alberta relatif au carbone, est un chef de file mondial. Pourtant, il n'a fait l'objet d'aucune opération en dix ans, en partie en raison d'importantes lourdeurs administratives et d'un faible retour sur l'investissement des producteurs.
Dans un premier temps, nos études pilotes nous ont enseigné deux leçons: d'abord, l'utilité des outils numériques, qui capturent et créent des preuves crédibles, ce qui facilite la mesure, par les producteurs, de leurs progrès dans la réduction des émissions carbonées. La numérisation [Difficultés techniques] quand la plupart des protocoles de compensation, comme le susmentionné, sur l'oxyde de diazote, ont été créés. Leur intégration, comme nous le faisons, dans des programmes existants et nouveaux rendra les crédits carbone plus accessibles aux producteurs.
Ensuite, nous avons appris que les protocoles doivent être cumulables. Nos études pilotes emploient en même temps des protocoles de gestion du carbone organique et de l'azote du sol pour maximiser les réductions d"émissions. Ce cumul est économiquement logique pour le producteur, qui risque de ne pas trouver suffisamment de valeur et de rendement dans un seul protocole pour investir dans les changements de pratiques.
Nous communiquons constamment nos résultats aux ministères de l'Environnement et du Changement climatique et de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire ainsi qu'aux ministères des provinces. Le protocole susmentionné de réduction n'a pas été désigné comme prioritaire pour l'élaboration de notre programme fédéral de compensations, mais nous, chez Nutrien, nous espérons que les leçons de nos études pilotes permettront de se raviser plus vite.
L'adoption de ce protocole aidera également le gouvernement fédéral à atteindre l'objectif de réduction de 30 % des émissions d'oxyde de diazote par le secteur des engrais d'ici 2030. J'insiste là-dessus: cet objectif est extrêmement ambitieux et peut-être même inatteignable sans compromettre les rendements des cultures, ce qui menacerait la sécurité alimentaire mondiale et notre position comme chef de file mondial du secteur agricole. Mais nous croyons que, par la création d'une valeur dans les actifs carbonés de l'agriculture, nous pouvons accomplir des progrès importants. Ce qui n'est pas sans importance, nous pouvons aider le Canada à profiter des occasions notables qu'offre l'agriculture pour atteindre nos contributions déterminées à l'échelle nationale.
Bref, voici nos recommandations:
D'abord, nouez avec nous un partenariat et collaborez avec nous. Donnez au programme de réduction des émissions carbonées de Nutrien toute sa force de frappe, grâce à la création d'une série de protocoles accessibles et cumulables en agriculture, dans le système fédéral de compensations, qui permette de combiner la gestion de l'azote et la séquestration du carbone.
Ensuite, recourez à la politique de la carotte et non à celle du bâton pour toutes les politiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole. Nous avons besoin d'un appui stratégique pour nous aider à adapter à une échelle supérieure les solutions climatiques, tout en maintenant la productivité et en améliorant la résilience des producteurs.
Nous avons l'occasion de reconnaître le mérite des producteurs canadiens, qui sont déjà parmi ceux dont les méthodes sont les plus soutenables dans le monde entier.
Sur ce, je remercie les députés de leur temps et je serai heureuse de répondre à leurs questions.
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Oui, c'est cela. Nous parlons également de la réduction de l'utilisation de produits toxiques. Tous ces éléments sont liés entre eux. Ainsi, si on réduit l'utilisation de produits toxiques, on a besoin de moins de ventilation et de moins d'énergie. Tous ces éléments vont ensemble. Nous n'essayons donc pas de les séparer. Nous les évaluons tous ensemble. C'est la manière la plus efficace de procéder. Il n'y a pas de programme conçu à partir de ce principe; nous nous contentons donc de faire ce que nous pouvons avec les différents programmes offerts.
Lorsque vous élaborez vos programmes, je vous encourage à penser à la conservation. Chacune de ces 50 usines économisera 350 $ pour chaque tonne de carbone qu'elle évitera de produire. C'est sans compter la taxe sur le carbone, qui s'ajouterait à cela. Quand vous regardez vos échelles, c'est plus 100 à moins 100 en ce qui concerne la réduction marginale pour le carbone. Pour ce qui est de la perte d'aliments, on évite 350 $ par tonne d'économies. Ce sont les initiatives les plus profitables que ces usines peuvent mettre en œuvre, et cela protège ensuite les emplois dans ces usines.
En ce qui concerne les repas, nous avons proposé de travailler dans 150 usines à l'échelle du Canada, et ce, dans tous les secteurs — la boulangerie, les protéines, l'agriculture primaire, les légumes, etc. — et les économies réalisées seraient suffisantes pour offrir deux repas à chaque sans-abri au Canada pendant 20 ans. Ce sont les économies conservatrices que nous avons prévues en fonction de la mise à l'échelle, en présumant que nous réussissions à réaliser la moitié des économies qui ont été obtenues dans les 50 premières usines. Le gouvernement fédéral obtiendrait 25 $ en impôts pour chaque dollar dépensé dans ce programme. Les industries participantes obtiendraient 19 $ en revenus supplémentaires pour chaque dollar dépensé dans la mise en œuvre de ces mesures, selon les résultats déjà obtenus dans les 50 premières usines.
Je vous encourage vivement à commencer dès maintenant. Ne tardez pas. Nous faisons également cela aux États-Unis. Nous venons tout juste de travailler avec une entreprise de protéines, au Kansas, où nous avons réduit de 30 % les pertes alimentaires totales. C'est formidable. Cette entreprise est maintenant plus efficace. Pourquoi ne pouvons-nous pas investir dans ce processus au Canada?
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Oui. Nous travaillons actuellement avec les intervenants d'un tel projet, à Guelph; ce projet s'appelle Our Food Future, si je ne me trompe pas.
En gros, nous travaillons avec une demi-douzaine de petits fabricants dans cette ville, par exemple une laiterie, une brasserie, une usine de mise en conserve et une cidrerie. L'économie circulaire signifie qu'au lieu de fabriquer des produits qui aboutissent dans un dépotoir, ces produits suivent un trajet circulaire, mais la plupart des gens ne pensent pas à la taille de ce cercle. Il faut utiliser le plus petit cercle possible.
Par exemple, s'il s'agit de bière, il faut qu'elle reste de la bière. S'il reste des céréales, nous nous en occuperons, mais il faut d'abord maximiser le rendement. C'est à ce moment-là qu'on prévient les pertes alimentaires et c'est là que se trouve la plus grande valeur, mais ensuite, il faut déterminer comment adapter l'écosystème pour les résidus. Le gouvernement fédéral participe actuellement à un projet de démonstration qui est un modèle d'économie circulaire, une expression de plus en plus à la mode. La régénération est une autre expression à la mode, mais le gaspillage de nourriture est un problème très important en ce moment, car il représente une grande responsabilité.
Nous parlons de nourrir 10 milliards de personnes. Si on gaspille un tiers de la nourriture, voilà où se trouve la nourriture manquante. Il faut cesser de brûler la forêt amazonienne et mieux utiliser la nourriture que nous cultivons déjà.
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Oui, tout à fait. Pour ce qui est des réductions concernant l'azote, nous examinons les choses en fonction de ce qui se passe entre aujourd'hui et 2030, puis presque entre 2030 et 2050. La raison en est qu'il y a certaines considérations technologiques. Si nous voulons accroître l'utilisation de l'ammoniac vert, nous aurons un accès suffisant aux énergies renouvelables probablement dans plus de 15 ans.
En outre, comme je l'ai dit, en ce qui concerne la technologie, nous venons de lancer en consultation publique, par l'intermédiaire de l'Association internationale de l'industrie des engrais, une feuille de route sur la technologie de l'azote qui décrit la période entre aujourd'hui et 2050. C'est vraiment intéressant, mais il s'agit de savoir jusqu'où notre secteur peut aller concernant les émissions absolues d'ici 2050.
Chez Nutrien, nous nous engageons à fixer des objectifs fondés sur la science et nous sommes engagés dans un processus avec des pairs et des partenaires, soit l'initiative d'objectifs fondés sur la science, afin d'établir la partie de notre budget carbone qui est logique pour notre entreprise et notre secteur.
Parallèlement à ce travail et à l'élaboration d'une approche sectorielle, nous avons fixé cette cible de réduction de l'intensité de 30 % d'ici 2030. Entre maintenant et 2030, nous nous concentrons sur la réduction — toute réduction supplémentaire dans laquelle nous pouvons investir. Il y a également le captage du carbone.
Nous disposons d'une certaine capacité de production d'ammoniac bleu lorsque nos sites sont situés au même endroit que les infrastructures pour le carbone. Pour les sites qui ne sont pas situés au même endroit, nous devons envisager des options à plus long terme, afin de trouver d'autres solutions pour les engrais bleus et à faible teneur en carbone.
La gérance des nutriments 4B est un ensemble de pratiques de gestion exemplaires: bonne source à la bonne dose, au bon moment et au bon endroit. Ces pratiques nous aident vraiment à réduire les émissions d'oxyde nitreux entre autres choses, et contribuent à la qualité de l'eau, etc. Le rôle qu'elles ont à jouer et la manière dont elles sont liées au Protocole de réduction des émissions d’oxyde nitreux sont vraiment importants.
Dans le cadre de notre programme sur le carbone, nous envisageons, entre autres, de faire participer les producteurs à toutes les étapes de la mise en œuvre des pratiques, des producteurs qui sont au niveau avancé aux producteurs qui se penchent sur les bases. Les pratiques de gérance des nutriments 4B sont vraiment décrites de cette manière. Il y a un niveau de base, un niveau intermédiaire et un niveau avancé. Nous travaillons avec tous ces producteurs pour voir comment nous pouvons continuer à faire avancer les choses sur le plan des pratiques.
Comme je l'ai déjà mentionné, il y a certains coûts lorsque l'on passe aux pratiques intermédiaires et avancées. Les producteurs n'ont peut-être pas tout ce dont ils ont besoin pour calculer les taux variables, ce qui est une très bonne pratique, mais ils n'ont peut-être pas tout l'équipement nécessaire, etc.
Nous les aidons à surmonter ces obstacles, à élaborer un plan et à le combiner avec le protocole sur le carbone organique du sol et d'autres produits afin de tirer pleinement parti de l'actif carbone de l'exploitation agricole.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Taylor, je vais poursuivre avec vous. Après en avoir discuté avec plusieurs agriculteurs de ma circonscription, je sais que leurs factures d'électricité peuvent être très élevées.
Ici, en Colombie-Britannique, nous sommes très chanceux, car, bien sûr, plus de 90 % de notre électricité est produite par l'hydroélectricité, mais je regarde dehors, par une belle journée ensoleillée. Il y a toute cette énergie qui nous est fournie depuis ce gros orbe brillant dans le ciel. Regardez le prix des panneaux solaires, et voyez à quel point ils n'ont cessé de baisser. Ils sont de plus en plus efficaces. Je sais que vous avez parlé d'aider un viticulteur. Je regarde tout cet espace vide sur les toits des granges qui pourrait être couvert de panneaux solaires.
Pour les régions dont la production d'électricité dépend des combustibles fossiles, s'agit-il d'une solution de plus en plus viable pour les agriculteurs? Je sais que nous avons un climat variable. Nos hivers ne sont pas les meilleurs, mais nos étés sont assez extraordinaires pour la production d'électricité.
Est-ce quelque chose que nous devrions également faire? Devrions-nous aider nos agriculteurs à installer des panneaux solaires sur leur toit et sur leur propriété?
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, nous vous remercions de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui.
Comme on vous l'a indiqué, je m'appelle Isabelle Rayle-Doiron et je suis secrétaire générale et avocate générale chez Danone Canada. Je suis accompagnée de mon collègue Jean-Marc Bertrand, notre directeur des achats.
Danone Canada est une filiale de Danone, un chef de file mondial dans le secteur des aliments et boissons. Nous offrons des produits essentiels à base de lait et de végétaux, de l'eau et des produits nutritifs spécialisés.
[Français]
Établie au Canada en 1930 par la compagnie de yogourt Delisle, Danone est aujourd'hui l'une des plus importantes compagnies de produits laitiers et de produits d'origine végétale au pays. Nous sommes fiers d'être établis à Boucherville, au Québec, et à Mississauga, en Ontario. Notre mission est d'offrir la santé par l'alimentation au plus grand nombre possible de personnes.
[Traduction]
Danone est la plus grande entreprise orientée vers le consommateur à avoir reçu la certification B Corp au Canada, ce qui témoigne bien de notre détermination à respecter les normes les plus élevées qui soient en matière de rendement social et environnemental. Nous sommes résolus à contribuer à la lutte contre le changement climatique en mettant en oeuvre des solutions à bilan carbone positif et en visant la carboneutralité d'ici 2050, de la ferme jusqu'à la fin de vie de nos emballages. L'agriculture est au coeur de nos activités. Danone soutient les efforts des agriculteurs, nos acteurs principaux dans ce contexte, pour effectuer la transition vers des pratiques respectueuses de l'environnement.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, M. Jean-Marc Bertrand, notre directeur des achats qui pilote nos initiatives en faveur de l'agriculture régénératrice au Canada. Il va vous parler de nos efforts actuels en la matière et vous dire comment nous entrevoyons d'éventuels partenariats entre le gouvernement du Canada et l'industrie afin de réduire l'impact environnemental de l'agriculture.
Ce n'est pas d'hier que Danone s'intéresse aux pratiques agricoles régénératrices à l'échelle planétaire. Nous avons articulé notre vision en la matière autour de trois grands principes: premièrement, la protection des sols, de l'eau et de la biodiversité; deuxièmement, l'autonomisation d'une nouvelle génération d'agriculteurs; et troisièmement, le respect du bien-être des animaux. Nous avons été inspirés à ce titre par le travail impressionnant accompli par nos collègues de Danone ailleurs dans le monde en partenariat avec les agriculteurs locaux.
Aux États-Unis, Danone a établi un partenariat avec les agriculteurs pour lancer une initiative en faveur de la santé des sols. Cela comprend un investissement initial de 6 millions de dollars pour mettre à l'essai d'ici 2022 des méthodes de gestion pour la santé des sols sur une superficie de 100 000 acres. Il s'agit de redonner au sol sa capacité de piéger le carbone et de réduire les émissions totales découlant des activités agricoles, notamment via la gestion du fumier et l'efficacité énergétique des bâtiments. Cette étude permet également de quantifier et de confirmer le rendement des investissements consentis pour l'initiative en faveur de la santé des sols et la transition vers des méthodes d'agriculture régénératrice.
Au Canada, il existe peu d'occasions de s'associer à des agriculteurs pour mettre en valeur les méthodes d'agriculture régénératrice d'une manière pouvant bénéficier à chaque partenaire. Cela dit, Danone Canada a mis en place des projets d'agriculture régénératrice à petite échelle qui sont tout de même très prometteurs.
[Français]
Depuis 2019, Danone Canada est fière de faire équipe avec la coopérative Nutrinor, qui est établie dans la région du Lac-Saint-Jean, au Québec. Ensemble, nous étudions des façons d'améliorer la santé des sols, le bien-être des animaux et l'autonomie des agriculteurs.
[Traduction]
Autre exemple, la marque Silk de Danone, un chef de file dans la catégorie des produits d'origine végétale a annoncé l'an dernier un partenariat avec le projet New Acre mené par Alus Canada.
Silk contribuera ainsi à la gestion et la remise en état de 90 acres de terres agricoles dans sept collectivités de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec au cours des sept prochaines années. Dans le cadre du projet New Acre, des rapports annuels seront produits pour suivre l'évolution des principaux indicateurs de rendement comme les gains totaux en matière de biodiversité, l'amélioration de la qualité de l'eau et la séquestration du carbone organique dans le sol des terres marginales remises en état.
Ces projets sont autant d'exemples de l'engagement de Danone Canada à travailler en partenariat avec les agriculteurs pour les aider à améliorer leurs méthodes.
Nous estimons que le gouvernement a un rôle important à jouer à l'égard des quatre aspects suivants.
Premièrement, il y a les outils et les mesures. Pour faire la promotion des pratiques d'agriculture régénératrice au Canada, nous devons d'abord mesurer l'impact environnemental des méthodes actuellement en usage pour nous donner une base de référence claire. La cueillette de données sera un autre élément essentiel en permettant de concevoir des outils pour mesurer les résultats et les répercussions positives du recours à des méthodes régénératrices.
Deuxièmement, il y a l'éducation et l'assistance technique. Pour que l'initiative soit couronnée de succès, il faudra aussi offrir aux agriculteurs l'éducation, la formation et le soutien technique nécessaires pour mieux aligner leurs pratiques avec les principes de l'agriculture régénératrice. Le gouvernement peut apporter son aide en appuyant un grand nombre d'agriculteurs dans leurs efforts en ce sens, notamment grâce à des partenariats avec des entreprises comme la nôtre pour mobiliser davantage le milieu agricole.
Troisièmement, il y a les incitatifs financiers. Pour permettre une transition à grande échelle vers l'agriculteur régénératrice, il est essentiel d'offrir de généreux incitatifs financiers. Ainsi, on peut optimiser les programmes actuels en mettant l'accent sur les pratiques les plus déterminantes afin d'encourager les agriculteurs désireux de faire cette transition à aller de l'avant.
Quatrièmement, il y a la coordination. Nous croyons aussi en l'importance d'une approche coordonnée réunissant le gouvernement et toutes les parties prenantes, y compris les transformateurs alimentaires, de telle sorte que le secteur privé puisse contribuer aux efforts déployés au Canada pour la mise en valeur des méthodes d'agriculture régénératrice.
En conclusion, nous estimons que la transition accélérée d'un plus grand nombre d'exploitations vers les pratiques d'agriculture régénératrice pourra certes nous aider dans la lutte contre plusieurs problèmes planétaires, des changements climatiques jusqu'à la perte de biodiversité, en passant par la rareté de l'eau, tout en favorisant une croissance économique durable et inclusive.
Chez Danone, nous croyons en effet à l'existence d'un lien étroit entre la santé des personnes et la santé de la planète.
[Français]
Je vous remercie de nous avoir permis de comparaître devant votre comité aujourd'hui.
[Traduction]
Nous serons ravis de répondre à toutes vos questions dans les deux langues officielles.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité, et j'en profite également pour dire un merci spécial à mon député, Yves Perron.
Je suis vraiment heureux que vous m'ayez invité pour discuter avec vous de vos travaux sur l'étude des pratiques exemplaires en agriculture. Pour moi, il s'agit d'un moment particulier.
Les Jardins de l'écoumène existent depuis une vingtaine d'années et se situent dans la région de Lanaudière, là où nous avons commencé. Nous produisons principalement des semences, c'est-à-dire des semences biologiques issues de variétés patrimoniales.
Au début, quand nous avons lancé notre entreprise, nous étions un peu considérés comme des personnes marginales. En effet, beaucoup de gens se demandaient pourquoi nous voulions faire de la culture biologique et pourquoi nous utilisions des variétés patrimoniales. À cette époque, nous étions dans une période d'effervescence des engrais, c'est-à-dire des pratiques plus technologiques comme les OGM et les hybrides, qui étaient grandement prisées par l'industrie et par de nombreux jardiniers.
Aujourd'hui, la tendance a changé. Notre entreprise est en pleine croissance. Je dirais que, au cours des 20 dernières années, notre chiffre d'affaires est passé de quelques milliers de dollars à 2,5 millions de dollars. Les produits de notre entreprise sont biologiques et s'adressent à une clientèle de jardiniers. Nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli au cours des dernières années.
Dès le départ, notre entreprise s'est donné deux axes: un axe économique, qui nous a permis de développer cette entreprise, et un axe écologique. Je tiens à préciser que, pour nous, l'écologie renvoie vraiment à la science, la science de l'écologie. Celle-ci nous permet de comprendre les écosystèmes, les biotopes, les niches et les services écosystémiques, avec lesquels nous pouvons travailler dans le but de produire des denrées alimentaires ou des semences, mais toujours en respectant les écosystèmes. Notre entreprise travaille avec la nature dans le but d'en comprendre le fonctionnement et d'acquérir des pratiques respectueuses sur les plans de la santé des sols, de l'eau et de la biodiversité. Ce sont les activités de notre entreprise.
Quand j'ai pris connaissance de votre étude, j'ai un peu souri. Je me suis dit que vous vous attendiez à ce que je vous parle un peu des pratiques qu'on peut utiliser afin d'avoir de meilleures conditions, tant pour la santé humaine que pour celle des sols et la biodiversité, entre autres. Ensuite, je me suis dit intuitivement que quelque chose dans votre étude m'échappait. Parmi les gens que je vois aujourd'hui, y en a-t-il qui cherchent des solutions? Pourtant, vous détenez déjà la solution.
Vous détenez déjà la solution parce que le Canada s'est doté d'une norme nationale sur l'agriculture biologique. Cette norme est celle sur laquelle nous basons nos pratiques. Vous êtes sûrement un peu au courant de la façon dont fonctionne la norme de certification biologique.
Au Québec, les audits sont faits par un organisme qui s'appelle Québec Vrai. Tout cela se fait en amont en lien avec les normes ISO. Dans ces normes, on nous demande d'appliquer des pratiques qui préservent les sols et la santé des écosystèmes. On nous interdit l'usage de pesticides, de produits chimiques et d'OGM. On nous demande d'arriver à un niveau de production où l'impact écologique est vraiment réduit au minimum.
Aujourd'hui, je vais me mettre dans la peau d'un politicien. J'ai envie de vous démontrer ce que je ferais, si j'étais à votre place, pour m'assurer que le Canada a des pratiques plus respectueuses de l'environnement.
Je me suis intéressé à ce que vous avez déjà entre les mains. À titre de référence, je précise que les membres du Comité et les analystes peuvent obtenir des renseignements de l'Association pour le commerce biologique du Canada. Je ne sais pas si vous allez recevoir des représentants de l'Association, mais elle décrit très bien toutes les pratiques qui sont normalisées et les pratiques qui sont interdites en [difficultés techniques].
Par exemple, nous pratiquons, entre autres, la rotation des cultures et le compagnonnage. Nous utilisons également du compost et des insectes bénéfiques pour régulariser les ravageurs. Nous travaillons avec des sols vivants. Nous avons un projet de recherche-développement avec différents partenaires, comme Bio-Terre. Nous réalisons présentement un projet de trois ans sur la caractérisation de la microbiologie des sols. Dans le domaine des aliments biologiques, nous devons nous assurer que la chaîne alimentaire du sol permet de bien nourrir nos plantes.
Tout à l'heure, j'ai nommé certains produits qui sont interdits: les engrais de synthèse, les pesticides toxiques, les OGM et les boues d'épuration. En fait, on interdit tout produit qui contrevient au bon fonctionnement des écosystèmes.
Si les membres du Comité le désirent, ils peuvent trouver plus de renseignements sur le site de l'Association du commerce biologique du Canada.
J'aimerais aussi porter à votre attention un élément qui, à mon avis, est un non-sens. Pour obtenir une certification biologique, nous devons débourser 3 600 $ par année. C'est un non-sens. Je comprends difficilement comment on peut justifier que des entreprises de petite ou de moyenne taille doivent débourser des sous pour démontrer qu'elles prennent soin de l'environnement et que leurs pratiques sont exemplaires. Nous nous assurons que toutes nos pratiques respectent les normes. Chaque année, une personne mène des audits pour vérifier que nos pratiques correspondent aux normes. C'est un non-sens.
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Oui. Je vais d'abord vous parler de ces témoignages.
Il y a plusieurs exemples que je pourrais vous citer parmi les 34 exploitations agricoles participant au projet de 100 000 acres aux États-Unis. Plus près de nous, j'ai pu rencontrer deux producteurs québécois qui s'adonnent à ce que nous appelons les grandes cultures, soient celles de denrées comme le maïs, les pois et le soja.
Il a fallu un certain temps pour que cela se mette en branle. Ces agriculteurs avaient amorcé leur réflexion à ce sujet, chacun de leur côté. En fin de compte, leur production a augmenté de 10 à 15 %, et ils ont pu réduire leurs coûts parce qu'ils n'ont plus besoin d'utiliser des engrais chimiques. Ils n'en sont pas encore à l'agriculture totalement biologique, suivant la description que M. Lévêque vient de nous en faire, mais ils s'en rapprochent grâce à leurs méthodes qui réduisent la consommation énergétique.
Vous vous rendez moins souvent dans vos champs avec votre tracteur et vous émettez donc moins de gaz carbonique. Vous laissez le sol se régénérer lui-même, car il a tout ce dont il a besoin pour le faire. On ne laisse jamais le sol à nu. On y ajoute des cultures-abris, ce qui permet de séquestrer davantage de carbone et de s'affranchir des intrants.
Tout bien considéré, ils sont gagnants sur tous les tableaux. Ils bénéficient de rendements plus élevés et de coûts plus faibles. On ne peut toutefois pas chiffrer le tout sans savoir de quelle culture exactement il est question et à quel endroit est située l'exploitation agricole. C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de réaliser des projets pilotes pour bien évaluer les choses. Une méthode que nous jugeons très efficace en Ohio peut très bien ne pas être applicable au Lac Saint-Jean, pas plus qu'au Kansas d'ailleurs. Je n'ai malheureusement pas de solution magique à vous soumettre aujourd'hui, mais nous savons que cela fonctionne en principe. Il s'agit simplement d'adapter le processus à la réalité de chaque région et de chaque type de végétal cultivé.
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Merci beaucoup, monsieur MacGregor.
J'aimerais faire une petite observation, parce que je suis agriculteur biologique certifié, mais j'ai déjà fait de l'agriculture conventionnelle.
[Français]
Je ne veux pas critiquer les producteurs conventionnels, car j'en ai moi-même été un. Par ailleurs, tous les efforts pour réduire l'empreinte carbone sont importants.
Je comprends le fait qu'il faut payer pour obtenir la certification biologique. J'ai connu l'agriculture biologique et l'agriculture conventionnelle, et, d'après moi, on s'en va tous vers un monde meilleur.
Je remercie les représentants de Danone, M. Jean-Marc Bertrand, directeur des achats, et Me Isabelle Rayle-Doiron. Je remercie également M. Jean-François Lévêque, des Jardins de l'écoumène.
[Traduction]
Je remercie l'ensemble des membres du Comité. Merci de votre présence. Je vous souhaite un bon reste de semaine. Nous nous reverrons non pas la semaine prochaine, mais la suivante.
[Français]
Merci à tous et bonne fin de semaine.
(La séance est levée.)