:
La séance est ouverte. Bienvenue à la 36
e séance du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 4 février, le Comité reprend son étude sur la contribution environnementale de l'agriculture.
La séance d'aujourd'hui se déroule de façon hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier. Par conséquent, les membres participent soit en personne dans la salle, soit à distance grâce à l'application Zoom. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Sachez qu'en webémission, on ne voit que la personne qui parle et non tout le Comité. Je profite de l'occasion pour rappeler à tous les participants qu'il est interdit de faire des captures d'écran ou de prendre des photos de leur écran.
[Français]
Pour garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du micro pour désactiver le mode sourdine. Les micros des participants qui se trouvent dans la salle seront, comme d'habitude, contrôlés par l'agent des délibérations et de vérification.
Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre micro en mode sourdine.
[Traduction]
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Pour le premier groupe de témoins, nous accueillons, du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, M. Warren Goodlet, directeur général, Direction de la recherche et de l'analyse, Direction générale des politiques stratégiques; M. Matt Parry, directeur général, Direction de l'élaboration et de l'analyse des politiques, Direction générale des politiques stratégiques; M. Marco Valicenti, directeur général, Direction des programmes d'innovation, et M. Javier Gracia‑Garza, conseiller spécial, Agriculture et changement climatique.
Nous accueillons également, du ministère de l'Environnement, M. John Moffet, sous-ministre adjoint, Direction générale de la protection de l'environnement, et Tara Shannon, sous-ministre adjointe, Service canadien de la faune.
Bienvenue à tous à notre comité.
Le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire fera une déclaration préliminaire de sept minutes et demie. Que celui ou celle qui veut commencer y aille. Vous avez sept minutes et demie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme vous l'avez indiqué, je m'appelle Matt Parry et je suis le directeur général de la Direction de l'élaboration et de l'analyse des politiques à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
C'est un plaisir de vous revoir. Je vous remercie de me donner l'occasion de parler des initiatives du gouvernement concernant l'impact environnemental du secteur agricole canadien.
Au cours des vingt dernières années, le secteur agricole canadien a adopté d'importantes mesures pour réduire ses répercussions sur l'environnement. Les efforts déployés à ce jour ont permis d'améliorer l'efficacité de la production et la séquestration du carbone, ce qui a permis au secteur d'accroître sa productivité sans augmenter ses émissions de manière significative.
Depuis 2005, les émissions totales de gaz à effet de serre du secteur agricole canadien sont relativement stables. Selon le Rapport d'inventaire national du Canada de 2021, les émissions de GES du secteur agricole s'élevaient à 73 millions de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone en 2019, contre 72 millions de tonnes en 2005.
Cependant, les émissions totales ne représentent qu'une partie du tableau. Au cours des deux dernières décennies, les terres agricoles sont également devenues une source importante de séquestration du carbone, puisqu'elles ont retiré jusqu'à 11 millions de tonnes en 2005.
[Français]
Malgré ces progrès, des mesures supplémentaires sont nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et continuer à séquestrer le carbone dans les terres et les sols agricoles.
Comme le soulignait le discours du Trône, l'action climatique est une pierre angulaire du plan du gouvernement visant à créer et soutenir 1 million d'emplois dans tout le pays. Les agriculteurs ainsi que les éleveurs sont des partenaires clés dans la lutte contre les changements climatiques. Soutenir leurs efforts pour réduire les émissions et renforcer la résilience est une priorité essentielle du gouvernement.
Le secteur agricole canadien a le potentiel de jouer un rôle important dans la réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre au Canada, tout en présentant des avantages environnementaux, sociaux et économiques connexes. À cette fin, Agriculture et Agroalimentaire Canada travaille avec les provinces et les territoires, les agriculteurs et d'autres intervenants du secteur agricole et alimentaire canadien pour élaborer et mettre en œuvre des solutions novatrices qui protègent l'environnement, tout en soutenant les agriculteurs et en faisant croître l'économie.
Dans le cadre du Partenariat canadien pour l'agriculture, jusqu'à 438 millions de dollars en financement à frais partagés sont mis à la disposition des agriculteurs pour l'adoption de pratiques de gestion bénéfiques qui protègent et améliorent la résilience des sols, de l'eau, de l'air et de la biodiversité, renforcent la résilience et atténuent les effets des changements climatiques. Le financement permet également de sensibiliser les producteurs aux risques environnementaux au moyen des plans agroenvironnementaux.
Agriculture et Agroalimentaire Canada a aussi une longue expérience de recherche sur les pratiques et les technologies visant à réduire les répercussions de l'agriculture sur l'environnement, et il transfère ces connaissances aux producteurs. Ces travaux consistent à répertorier les pratiques innovantes susceptibles de protéger les sols de l'érosion et d'accroître le carbone stocké dans les sols, de réduire les risques pour la qualité de l'eau, de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et d'améliorer la biodiversité sur les terres agricoles.
Aussi, ces travaux ont contribué à améliorer la qualité, le rendement, la sécurité et la durabilité des aliments produits par les agriculteurs canadiens.
[Traduction]
Un certain nombre de nouvelles mesures ont été annoncées au cours des six derniers mois dans le Plan climatique amélioré du Canada et dans le budget de 2021, afin d'étendre la collaboration avec les agriculteurs et les éleveurs et d'accélérer les progrès dans la lutte contre les changements climatiques.
Premièrement, le gouvernement investit 165,7 millions de dollars sur sept ans dans un Programme amélioré des technologies propres en agriculture pour aider le secteur à mettre au point et à adopter des technologies propres transformatrices.
Dans le budget de 2021, 50 millions de dollars de ce programme ont été consacrés à aider les agriculteurs à acheter des séchoirs à grains plus efficaces, et 10 millions de dollars à l'alimentation des fermes en énergie propre et à l'abandon du diesel. Le reste du financement de ce programme soutiendra les investissements dans les technologies durables visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Deuxièmement, en mars 2021, le gouvernement a annoncé le programme des Solutions agricoles pour le climat doté de 185 millions de dollars. Il s'agit de soutenir le développement et la mise en œuvre à la ferme de pratiques agricoles permettant de lutter contre les changements climatiques, par une augmentation de la séquestration du carbone et une réduction des émissions. Les projets mis en œuvre dans le cadre de ce programme contribueront également à des avantages environnementaux connexes, tels que la protection de la biodiversité et des ressources en eau douce. Par exemple, des pratiques comme la plantation de brise-vent ou de cultures de couverture permettent de stocker le carbone dans les sols et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le programme vise à établir un réseau pancanadien de centres de collaboration régionaux composés de producteurs, de scientifiques et d'autres intervenants, que nous appelons des Laboratoires vivants.
Troisièmement, en plus des 185 millions de dollars annoncés précédemment pour le programme des Solutions agricoles pour le climat, le budget de 2021 prévoit 200 millions de dollars supplémentaires sur deux ans pour soutenir les mesures climatiques à la ferme, afin de réduire les émissions par une meilleure gestion de l'azote, l'adoption accrue de cultures de couverture et la normalisation du pâturage en rotation. Des travaux sont en cours pour mettre au point et lancer ces travaux dès que possible.
Enfin, le gouvernement consulte le secteur en ce qui concerne l'objectif annoncé de réduire, d'ici 2030, les émissions de GES attribuables à l'application d'engrais de 30 % par rapport aux niveaux de 2020.
Le ministère continue par ailleurs de collaborer avec Environnement et Changement climatique Canada, ainsi qu'avec d'autres partenaires dans le cadre d'initiatives visant à améliorer la durabilité de l'environnement, notamment par la création d'une Agence canadienne de l'eau chargée d'assurer la salubrité, la propreté et la bonne gestion de l'eau au Canada
Le ministère est aussi en train d'élaborer un Plan d'action du secteur agricole pour les espèces en péril, dans le cadre de l'Approche pancanadienne pour la transformation de la conservation des espèces en péril, qui vise à déterminer et à prioriser les possibilités pour le secteur de favoriser des résultats positifs pour les espèces en péril et la conservation de la biodiversité.
Pour conclure, je voudrais réaffirmer que le secteur agricole a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les changements climatiques et la transition vers une économie propre. Agriculture et Agroalimentaire Canada s'efforce d'aider les agriculteurs à atteindre cet objectif, afin de s'assurer que l'impact environnemental du secteur continue de diminuer alors que sa production économique continue de croître.
Je vous remercie de votre temps. Mes collègues et moi-même nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
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Ce sera moi, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je m'appelle John Moffet et je suis sous-ministre adjoint de la Direction de la protection de l'environnement, qui administre la réglementation des mesures de protection de l'environnement. Je suis accompagné cet après-midi de ma collègue Tara Shannon, qui est mon homologue en sa qualité de sous-ministre adjointe du Service canadien de la faune.
Comme M. Parry l'a expliqué, les fermes canadiennes ont un rôle important à jouer dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre par la mise en œuvre d'activités de conservation ou par l'adoption de nouvelles pratiques ou technologies de gestion. J'ajouterai qu'Environnement et Changement climatique Canada gère des incitatifs visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, par le truchement de crédits compensatoires pour les gaz à effet de serre.
Comme nous l'avons indiqué dans notre plan renforcé pour le climat publié en décembre, le gouvernement est en train d'élaborer un système fédéral de compensation des émissions de gaz à effet de serre. Celui‑ci vise à encourager l'adoption de mesures rentables de réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant d'activités qui ne tombent pas sous le coup du système fédéral de tarification de la pollution par le carbone, ce qui s'entend de nombreuses activités du secteur agricole. Les crédits compensatoires peuvent offrir un incitatif financier pour une activité sous la forme d'un crédit qui peut être vendu afin de compenser une quantité équivalente d'émissions de gaz à effet de serre d'une autre source.
Nous avons publié un projet de règlement pour établir le système de compensation en mars et nous prévoyons de publier le règlement définitif cet automne.
Non seulement ce dispositif va assurer la conformité dans le cadre du système de tarification fédéral, mais nous nous attendons en outre à voir une augmentation du nombre de demandes de compensation déposées auprès d'autres sources fédérales, comme celles destinées à aider les entreprises à atteindre la carboneutralité, qui sont de plus en plus nombreuses. Étant donné que les crédits compensatoires remplacent une réduction dans un secteur réglementé, nous devons établir des règles pour nous assurer que les projets de crédits compensatoires donnent des réductions réelles, supplémentaires, vérifiées, quantifiées et permanentes des gaz à effet de serre. Autrement dit, pour qu'une activité de conservation ou une pratique de gestion des terres donne lieu à des crédits, elle doit aller au‑delà des pratiques courantes. Il ne saurait être question d'une activité déjà imposée par la loi ou couverte par la tarification existante, et il ne saurait s'agir non plus d'une pratique courante.
Pour qu'un projet donne droit à des crédits compensatoires, il doit être jugé admissible au regard d'un protocole de compensation approuvé. Ce genre de protocole détermine la démarche standard à suivre pour quantifier les réductions et les absorptions d'émissions pour les activités admissibles. En allant au‑delà des pratiques courantes dans leurs fermes, les gestionnaires des terres agricoles profiteront non seulement de la possibilité de générer des crédits compensatoires, mais aussi d'améliorer la santé et la productivité des terres.
Les pratiques agricoles qui pourront donner lieu à des crédits compensatoires seront établies à l'étape de l'élaboration des protocoles. Autrement dit, les activités devant donner droit à des crédits dépendront des activités pour lesquelles nous avons élaboré des protocoles. Nous avons commencé à travailler sur le premier ensemble de protocoles, et parmi les quatre premiers, se trouve le protocole d'appui à la captation du carbone organique dans le sol. Celui‑ci permettra aux agriculteurs de générer des crédits compensatoires grâce à des pratiques de gestion durable des terres agricoles qui augmentent les niveaux de carbone organique dans le sol.
Comme vous vous en doutez, ce protocole est complexe et il exige d'autres recherches ainsi que la consultation des parties prenantes. Nous avons demandé à un comité d'experts de nous conseiller à cet égard, et nous prévoyons d'élaborer le protocole en 2022.
Nous examinons également d'autres protocoles de compensation possibles pour le secteur agricole, notamment pour ce qui est de la gestion des aliments du bétail, de la non-conversion des prairies, de la réduction des émissions d'oxyde d'azote provenant des engrais, de la digestion anaérobie et de la gestion du fumier du bétail.
Voilà le bref aperçu que je voulais vous donner de notre système fédéral de compensation des émissions de gaz à effet de serre et de la façon dont celui‑ci pourrait créer des occasions pour le secteur agricole. Je me ferai un plaisir de répondre à toute autre question que vous pourriez avoir au sujet de cette initiative, et ma collègue est à votre disposition pour décrire certaines des activités qui sont en cours à l'appui de la protection de la faune et de la biodiversité.
Merci.
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Je remercie, monsieur le président, mon collègue de sa prévenance.
Je vais poursuivre dans la même veine que mon collègue Matt Parry. Je réponds oui, tout à fait. Je pense que l'un des éléments que nous étudions en collaboration avec les parties prenantes, les associations du secteur et d'autres intervenants sur le terrain consiste à examiner les pratiques agronomiques pour voir s'il y a lieu d'y substituer des « pratiques exemplaires », appelons-les ainsi, c'est‑à‑dire d'opérer un transfert de connaissances. Il s'agit d'étudier les situations sous divers angles, de déterminer, par exemple, s'il faut envisager une culture de couverture ou la gestion des éléments nutritifs.
Il est possible de perfectionner certaines de ces pratiques, y compris des pratiques de gestion exemplaires, dans le cadre des laboratoires vivants — une collaboration entre agriculteurs et universitaires —, de les examiner et d'y recourir comme moyen de transfert de connaissances par le truchement de programmes de formation, de services agronomiques, etc.
Alors oui, nous examinons ces éléments dans le cadre de notre ensemble de programmes.
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Merci beaucoup. Monsieur le président, je voudrais faire deux observations.
En ce qui concerne le séchage des céréales, je rappelle encore une fois au Comité que, dans le budget de 2021, sur les 165 millions de dollars prévus pour le Programme des technologies propres en agriculture, 50 millions de dollars ont été réservés à cette fin, de même que 10 millions de dollars pour le remplacement des carburants, autre élément considéré comme faisant partie de ce programme.
Nous sommes également très actifs auprès d'entreprises canadiennes qui explorent ces nouvelles technologies. Le fonds sera en place pendant plusieurs années, sept ans, mais on sait qu'il y a des besoins dans l'immédiat. Nous envisageons de nouvelles technologies, comme celles utilisant la biomasse, que j'ai déjà mentionnées. Cependant, ce fonds permet aux entreprises de songer à construire certains nouveaux prototypes, ce qui représente pour nous un moyen de financer la recherche et l'innovation dans le domaine de l'efficacité écologique, du séchage des céréales ou du chauffage des granges. Le programme permettra à la fois... et de penser à de nouveaux prototypes dans ce domaine.
Quant au milieu universitaire, je répète, au sujet des solutions climatiques en agriculture, qu'il s'agit d'un programme, les Laboratoires vivants, de 185 millions de dollars sur 10 ans. Dans ces laboratoires, il y aura des producteurs, des universitaires, des ONG également, qui élaboreront, dans le cadre de leur proposition de projet, de nouvelles pratiques de gestion exemplaires favorisant une plus grande efficacité dans les différentes composantes des efforts de réduction des gaz à effet de serre. Le milieu universitaire jouera un rôle à cet égard.
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Je vous remercie beaucoup.
J'aimerais m'adresser à M. Moffet maintenant. Je vais procéder rapidement et, s'il le faut, j'y reviendrai lors de la deuxième ronde.
Monsieur Moffet, vous avez mentionné dans votre intervention qu'il fallait aller au-delà du statu quo, c'est-à-dire ne pas tenir compte de ce qui se faisait déjà. Or, lors de séances précédentes, nous avons reçu des gens qui font de l'agriculture biologique depuis plus de 20 ans. Ce sont des pionniers qui ont mis au point des techniques.
Avez-vous prévu une façon d'intégrer ces gens-là dans votre système de crédits compensatoires pour reconnaître ce qu'ils font?
Même si ce n'est pas nouveau, ce qu'ils font est quand même très positif pour la protection de l'environnement. C'est assez difficile de ne pas le reconnaître. Encourager un producteur extrêmement polluant à devenir moins polluant, c'est bien, mais n'y a-t-il pas moyen d'intégrer les gens qui ont déjà fait beaucoup d'efforts à votre processus?
:
Volontiers, monsieur le président. Merci de la question.
En effet, l'information qui est disponible actuellement, comme vous l'avez souligné, date d'un certain temps. Elle a été recueillie au recensement de 2011. Le recensement est effectué tous les cinq ans, et nous sommes en train de mettre à jour l'information jusqu'en 2016.
Cela étant dit, nous avons l'information, et il y a un système qui enregistre... entre le recensement et la modélisation interne que nous faisons pour chacune des pratiques différentes — les cultures, etc. — qui sont élaborées partout au pays. Les chiffres seront bientôt mis à jour, et nous travaillons à modifier le calendrier de façon à avoir des rapports plus fréquents sur le carbone dans nos sols.
Les méthodes que nous utilisons sont à peu près normalisées dans le monde entier. Il s'agit de modèles ou de systèmes agréés dans les normes internationales.
Maintenant, pour répondre à votre dernière question au sujet de la diversité des sols dans notre pays et des différentes conditions d'ordre géographique, nous appliquons des coefficients et des modèles différents pour chaque région. Nous sommes en train d'établir, grâce à certaines de ces activités, les différences de capacité de stockage des sols entre les différentes régions du pays.
Cela étant dit, le cycle du carbone est un système très dynamique, et ce qui est biologiquement possible nécessite, je dirais, une continuité dans les pratiques. Ce n'est pas un système que je définirais comme très stable, mais c'est un système dynamique.
Je vais m'arrêter là‑dessus.
Je m'adresse maintenant au ministère de l'Environnement, précisément à M. Moffet.
La note d'information de la Bibliothèque du Parlement fait mention des balances d'azote et de phosphore pour l'agriculture, et c'est assez encourageant de voir combien elles se sont améliorées au fil du temps, surtout en comparaison avec les autres pays membres de l'OCDE.
Vous avez dit tout à l'heure, au sujet de nos cibles environnementales, que nous ne pouvons pas regarder en arrière. Nous n'allons pas obtenir de crédits pour un retour... Nous devons aller de l'avant.
Pouvez-vous mettre cela en perspective, surtout dans le cas du phosphore, l'agriculture représentant une charge de phosphore comparativement à...? Nous entendons parler des rejets d'eaux usées municipales. Est‑ce qu'il y a des améliorations dans ce domaine également?
Dans ce problème auquel nous devons nous attaquer, quelle est la part de l'agriculture par rapport à d'autres secteurs?
:
Monsieur Moffet, je suis désolé...
M. John Moffet: Nous étudions la question. Voilà la réponse en deux mots.
M. Kody Blois: Je ne veux pas vous interrompre, mais je n'ai pas beaucoup de temps pour poser des questions, et celle‑ci risque d'être longue.
J'aimerais savoir, dans la mesure où vous pourriez en faire part au Comité, ce qui se fait actuellement pour essayer d'en arriver à cette harmonisation. C'est à titre de député que j'aimerais le savoir, si possible, juste pour que vous le sachiez.
Il me reste environ 55 secondes, alors je vais m'adresser rapidement à vous, monsieur Valicenti. En ce qui concerne la norme sur les combustibles propres, il y a des solutions pour notre secteur. Vous avez parlé des granules de bois, par exemple. Quand on utilise ces granules pour le séchage des céréales, s'agit‑il d'un combustible de remplacement pour utilisation finale ou est‑ce qu'elles sont simplement mélangées à d'autres types de combustibles qui sont déjà en usage?
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Moffet, j'aimerais que nous reprenions notre conversation là où nous l'avons laissée tantôt.
Vous avez mentionné que le fait de reconnaître les bonnes pratiques environnementales employées par le passé constituait un défi.
Lors des échanges que vous avez eus avec mes collègues, vous avez parlé entre autres de l'agriculture sans labour, une pratique qui pourrait être encouragée. Cependant, si j'ai bien compris vos réponses, une personne qui utiliserait cette pratique depuis cinq ans se retrouverait sans rien. Je pense que, objectivement, ce n'est pas souhaitable de faire cela.
N'y aurait-il pas moyen d'établir une moyenne d'émissions de gaz à effet de serre ou de pollution par production ou par superficie? Je n'ai pas la prétention d'être un scientifique ou un décideur du ministère, mais j'aimerais proposer une idée. On pourrait établir une moyenne, et les gens qui se retrouveraient en dessous pourraient obtenir des crédits compensatoires qu'ils pourraient transférer à d'autres producteurs. Cela pourrait être une mesure incitative majeure à suivre le modèle des pionniers, plutôt que de pénaliser les pionniers.
J'aimerais vous entendre à ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Ma prochaine question s'adresse à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Le premier rapport du Comité portait, bien sûr, sur la série de programmes de gestion des risques de l'entreprise. Nous savons tous que les agriculteurs sont confrontés à une multitude de risques, soit la volatilité des prix, l'évolution des relations internationales, mais aussi, de plus en plus, les changements climatiques. Votre propre site Web décrit les risques associés aux changements climatiques. Il y a des possibilités, certes, mais aussi tout un tas de risques.
J'ai une question à deux volets. Premièrement, Agriculture et Agroalimentaire Canada a‑t‑il examiné les dépenses prévues pour l'ensemble des programmes de gestion des risques de l'entreprise dans le contexte des changements climatiques? Avons-nous une analyse de ce que pourraient représenter nos dépenses pour le contribuable?
Deuxièmement, y a‑t‑il un mouvement qui chercherait à examiner si les bonnes pratiques de gestion vont inclure des éléments concernant l'adoption par les agriculteurs de mesures d'adaptation aux changements climatiques?
:
Je souhaite la bienvenue aux témoins suivants.
[Français]
Nous devons recevoir M. Pierre Lampron, président des Producteurs laitiers du Canada, mais nous l'attendons toujours.
Nous recevons également M. David Wiens, vice-président des Producteurs laitiers du Canada.
[Traduction]
Je dois dire qu'en cette Journée mondiale du lait, le moment est bien choisi pour vous accueillir au sein de notre comité. Nous accueillons aussi M. Darrin Qualman, de l'Union Nationale des Fermiers.
[Français]
Il est directeur de la Politique et de l’Action en matière de crise climatique pour l'Union Nationale des Fermiers.
[Traduction]
Bienvenue, monsieur Qualman.
Si vous voulez commencer, monsieur Qualman, vous avez sept minutes et demie pour faire votre déclaration préliminaire. Vous avez la parole.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je suis heureux de comparaître devant vous aujourd'hui.
Quand j'ai reçu votre invitation, j'ai été ravi de constater que vous vouliez étudier des façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre en agriculture, de promouvoir la santé des sols, de réduire la dépendance du secteur agricole aux combustibles fossiles et d'encourager les agriculteurs à adopter des pratiques respectueuses de l'environnement. Ce sont précisément les bonnes questions et les bons objectifs. Merci de poursuivre ce travail.
Dans les sept minutes qu'il me reste, je vais vous décrire sept points qui peuvent renforcer les fondements de vos travaux.
Tout d'abord, votre travail est important, il arrive à point nommé et il s'appuiera sur le travail déjà en cours et, surtout, il le fera progresser. Le travail d'élaboration de mesures à la ferme et de politiques gouvernementales visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre progresse, mais il peut bénéficier de votre soutien et de votre aide. Je vais mentionner trois projets en cours, à titre d'exemple.
En 2019, l'Union nationale des fermiers a produit le rapport intitulé Lutter contre la crise agricole et la crise climatique. Ce rapport contient un plan détaillé visant à réduire les émissions agricoles de 30 % d'ici le milieu des années 2030 afin d'améliorer les sols et d'offrir d'autres avantages environnementaux connexes.
En 2020, plus d'une douzaine d'organisations se sont réunies pour former Fermiers pour la transition climatique, un groupe de travail qui a présenté des recommandations au gouvernement du Canada. Certains programmes recommandés ont été inclus dans le budget de 2021. Je vous en remercie.
En 2021, l'Union nationale des fermiers a publié son rapport intitulé Imaginez si... Vision d'un système agricole et alimentaire à émissions nulles pour le Canada. Ce rapport très positif et très facile à lire fournit des détails sur la façon dont les agriculteurs et les décideurs peuvent collaborer pour réaliser des réductions d'émissions aussi ambitieuses que rapides au cours des prochaines décennies. Votre étude s'appuiera sur les travaux déjà en cours. Je mentionne le rapport de l'Union nationale des fermiers pour que vous ayez une idée des recherches et des ressources que nous mettons volontiers à votre disposition.
Deuxièmement, en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur agricole, ce qu'il faut savoir par dessus tout, c'est que l'agriculture ne produit pas d'émissions de gaz à effet de serre. Ce sont les intrants agricoles qui les produisent. Nous le savons avec certitude parce que nous disposons de 10 000 années de données. Pendant 10 000 ans, les agriculteurs ont pratiqué l'agriculture et n'ont eu aucun effet sur l'atmosphère ou le climat. Cela est resté vrai jusqu'au début du XXe siècle. Puis, à mesure que les agriculteurs adoptaient de plus en plus d'intrants agricoles, les émissions ont augmenté en flèche. Il s'ensuit inévitablement que tout système alimentaire agricole à faibles émissions devra être un système à faibles intrants.
Troisièmement, les mesures de réduction des émissions peuvent accroître le revenu agricole net. Les marges des agriculteurs ont beaucoup diminué. Autrement dit, pour chaque dollar que les agriculteurs gagnent, une part de plus en plus grande sert à payer les intrants. La dépendance croissante des agriculteurs à l'égard des intrants achetés fait augmenter les émissions et diminuer les marges. Ainsi, la réduction de la dépendance aux intrants achetés peut avoir le double avantage de réduire les émissions et d'augmenter les revenus.
Quatrièmement, l'engrais azoté est un énorme problème environnemental. Il est particulier parmi tous les produits et procédés humains du moment qu'il est une source majeure des trois principaux gaz à effet de serre, soit le dioxyde de carbone, l'oxyde nitreux et le méthane. Lors de sa fabrication, l'engrais azoté est une source importante de dioxyde de carbone. Par exemple, la plus importante source d'émissions de gaz à effet de serre au Manitoba est l'usine d'engrais des frères Koch à Brandon.
Lorsqu'il est utilisé dans les champs agricoles, l'azote produit des émissions d'oxyde nitreux, et l'engrais azoté produit des sources importantes de méthane à partir de sa charge en matières premières gazières. En Saskatchewan, d'où je viens et où j'ai été agriculteur pendant de nombreuses années, le tonnage d'engrais azoté a quadruplé depuis 1991. La surutilisation de l'azote a un large éventail d'effets néfastes sur l'environnement, dont des zones océaniques mortes, l'acidification et la pollution des eaux souterraines par les nitrates. Nous devons nous dépêcher de réduire notre utilisation d'engrais azotés.
Cela dit, l'agriculture en soi ne crée pas de problèmes environnementaux, c'est la surutilisation des intrants agricoles qui les crée. Par conséquent, les solutions passent par des approches à faible apport.
Cinquièmement, je vous demande de ne pas appuyer les mauvaises solutions. Sous prétexte de lutter contre les changements climatiques, il y a tout un combat pour le contrôle des fermes canadiennes. Nous sommes aux prises avec une crise climatique. Or, comme il arrive souvent en période de crise, certains cherchent des moyens de faire des profits.
Les entreprises agro-industrielles ont proposé des technologies qui, selon elles, peuvent réduire les émissions, des technologies telles que les plateformes de données, l'intelligence artificielle, l'agriculture de précision, les capteurs, les drones, les robots, les tracteurs sans conducteur, etc. Cependant, ces technologies menacent d'enfermer les agriculteurs dans un vaste réseau de flux de données, de brevets, de logiciels et de plateformes technologiques. Cette toile technologique réduira le contrôle et les marges des agriculteurs. Il existe une solution de rechange, à savoir des mesures axées sur la santé des sols, la biodiversité, la résilience, les solutions fournies par les exploitations agricoles et le travail avec la nature.
Au moment d'entreprendre votre étude, n'oubliez pas qu'il y a deux cadres de solution concurrents, l'un qui rend les agriculteurs de plus en plus dépendants de l'industrie, et l'autre, qui leur donne davantage de ce dont ils ont besoin sur le plan biologique.
Sixièmement, je vous enjoins de faire progresser la justice, la diversité, l'équité et l'inclusion. En réfléchissant à des façons de rendre nos activités moins dommageables pour l'environnement, assurez-vous également que les programmes et les politiques que vous préconisez profitent à toutes les exploitations agricoles, quelles que soient leur échelle et leurs méthodes de production. Je vous exhorte à appuyer les petites et moyennes exploitations agricoles, les jeunes agriculteurs, les nouveaux agriculteurs, les agriculteurs autochtones et d'origine ethnique ou raciale diverse, en somme toute la diversité des Canadiens qui veulent produire des aliments pour nos tables.
Enfin, le septième point, c'est que nous devons chercher à réduire les émissions aussi intensément, efficacement et rapidement que s'il s'agissait d'une guerre. Les changements climatiques sont la crise la plus grave qui ait jamais frappé l'humanité. Malgré cela, nous cherchons à contrer ses effets croissants beaucoup trop lentement. Je vous le demande comme si vous étiez confrontés à une urgence majeure, parce que c'est tout à fait le cas. Soyez ambitieux et courageux, je vous en conjure.
Merci. L'Union nationale des fermiers, la coalition Fermiers pour la transition climatique et d'autres intervenants ont élaboré des plans pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en agriculture, accroître la résilience et atténuer les effets environnementaux. Je ne demande qu'à vous en faire part afin que le Comité en tienne compte lors de l'élaboration de son rapport.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je peux commencer. Je vais vous avancer certains commentaires que le président de Producteurs laitiers du Canada, Pierre Lampron, avait l'intention de faire. Je sais que vous le connaissez tous très bien. Je suis quant à moi le vice-président de l'association et j'exploite une ferme dans le Sud du Manitoba. Nous estimons que c'est une bonne occasion de parler des efforts que les producteurs laitiers canadiens déploient continuellement en faveur de la durabilité.
Bien entendu, je ne saurais me priver du plaisir d'évoquer la Journée mondiale du lait, que nous fêtons aujourd'hui, comme vous l'avez dit tantôt. C'est une journée que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a désignée pour reconnaître l'importance du lait comme aliment mondial. Le thème de cette année est la durabilité, un domaine où nous avons fait d'énormes progrès, et les agriculteurs d'un bout à l'autre du pays se tournent vers la technologie pour nous aider à créer un avenir à faibles émissions de carbone pour le secteur laitier. Nous allons en parler un peu.
Nous nous félicitons de pouvoir affirmer que l'empreinte carbone du secteur laitier canadien est déjà l'une des plus faibles au monde. La production d'un litre de lait au Canada génère moins de la moitié des émissions de gaz à effet de serre que la moyenne mondiale, et c'est une statistique dont nous sommes extrêmement fiers. De plus, de 1990 à 2016, l'empreinte carbone d'un litre de lait produit au Canada a diminué de 23 % selon les données officielles.
Au fil des ans, la production laitière a fait de grands progrès envers la réduction des émissions et de la quantité de terre et d'eau nécessaires pour produire chaque litre de lait. Une analyse du cycle de vie menée par des experts indépendants a montré que, de 2011 à 2016, le secteur laitier canadien a réduit son empreinte carbone de 7 %, sa consommation d'eau de 6 % et son utilisation des terres de 11 %. Il y a peu de secteurs au Canada ou ailleurs dans le monde qui puissent égaler ce genre de progrès.
En 2019, Producteurs laitiers du Canada a reçu une reconnaissance internationale d'Unilever pour son engagement à l'égard de pratiques de production durables. Dans ce contexte, notre exposé d'aujourd'hui porte sur la façon dont notre secteur fait avancer les choses et sur le rôle que le gouvernement peut jouer.
Pour moi, comme pour beaucoup de producteurs laitiers qui ont grandi sur des fermes multigénérationnelles, la durabilité fait vraiment partie de mon ADN. Sur ma propre ferme, ma mère a commencé à planter des brise-vent il y a une cinquantaine d'années, ce qui réduit considérablement l'érosion des sols par le vent. J'ai poursuivi cette pratique jusqu'à ce jour et j'ai cherché à la renforcer avec d'autres pratiques durables, et si nous avions le temps, je pourrais vous décrire certaines d'entre elles.
Cela dit, notre secteur continue de faire des progrès extraordinaires, et notre initiative proAction est au cœur de tout cela. Il s'agit d'un programme obligatoire pour toutes les fermes laitières du Canada qui fournit un cadre national efficace et coordonné permettant aux producteurs laitiers de démontrer et de documenter les pratiques exemplaires et la façon de faire preuve d'une intendance responsable des terres et, bien sûr, des animaux dont nous avons la garde.
Cet automne, notre secteur franchira une autre étape importante sur la voie d'un avenir plus durable lorsque le module de l'environnement de notre initiative proAction sera entièrement mis en œuvre. L'exigence fondamentale de ce module est le plan d'action que chaque agriculteur peut élaborer et mettre en œuvre pour l'environnement, en évaluant les points forts et ceux qu'il y a lieu d'améliorer dans sa ferme. C'est bien sûr très important parce que nous sommes très diversifiés d'un bout à l'autre du pays et d'une région à l'autre, et c'est là un facteur dont le plan environnemental tient compte tout en reconnaissant les particularités de chaque exploitation.
Dans le cadre de notre module sur l'environnement, les agriculteurs sont également tenus de protéger le sol, les eaux souterraines et les eaux de surface par une gestion responsable des eaux usées et du fumier. Un autre facteur clé de nos progrès est attribuable à nos investissements continus dans la recherche. Les producteurs laitiers canadiens allouent plus de 2 millions de dollars par année à des projets de recherche sur la nutrition et la production laitières.
En outre, de nombreux agriculteurs travaillent avec un nutritionniste spécialisé en ruminants pour élaborer des régimes adaptés à leurs troupeaux afin de réduire le méthane qui est émis naturellement par le processus de digestion. En effet, parmi les secteurs agricoles, les fermes laitières comptent le plus grand nombre de biodigesteurs. Cette technologie peut réduire de 60 % les émissions de méthane provenant de l'entreposage du fumier tout en produisant de l'énergie renouvelable, qui peut être utilisée à la ferme et revendue aux réseaux électriques locaux.
Le principal obstacle à une utilisation plus répandue des biodigesteurs réside dans le coût, qui peut se chiffrer en millions de dollars. Bien que les agriculteurs absorbent actuellement la majorité de ces coûts, le financement du gouvernement pour les biodigesteurs, ainsi que pour d'autres formes d'énergie renouvelable, serait certainement bien accueilli par notre industrie.
De plus, à mesure que de nouveaux aliments pour animaux et additifs sont mis au point dans le but de réduire les émissions entériques, il nous serait vraiment très utile de pouvoir compter sur le financement de la recherche et sur des processus d'approbation rapides pour leur mise en marché.
Les producteurs laitiers travaillent également à améliorer la biodiversité. Selon un sondage que nous avons mené en 2017, 55 % des producteurs avaient augmenté les pratiques culturales de conservation du sol, 11 % avaient réduit les jachères d'été et 16 % avaient commencé à planter des cultures vivaces au cours des cinq années précédentes.
Aussi, en 2020, Producteurs laitiers du Canada a travaillé avec Canards illimités Canada et des chercheurs de l'Université de Guelph pour mieux comprendre les pratiques de biodiversité dans les fermes laitières canadiennes.
En moyenne, les agriculteurs interrogés mettaient en œuvre de cinq à six pratiques dans leur ferme, comme la rotation des cultures, la réduction des travaux de labourage, l'utilisation moins intense de pesticides chimiques et d'engrais et la restauration des terres humides. Grâce à ces innovations, l'industrie est devenue plus efficace, ce qui réduit l'empreinte environnementale de chaque litre de lait que nous produisons.
Les producteurs laitiers canadiens adoptent de plus en plus de nouvelles pratiques en matière de santé des sols et de séquestration du carbone. Ils augmentent la fertilité des sols et captent le carbone dans leurs fermes depuis des décennies.
Il sera essentiel que notre travail soit reconnu au moment où le gouvernement du Canada cherche à adopter un système fédéral de crédits compensatoires pour les gaz à effet de serre. Toutefois, selon le projet de règlement actuel, les activités de compensation de carbone qui ont commencé le 1er janvier 2017 ne seront pas reconnues, car elles seront considérées comme étant des pratiques courantes. Pourtant, les meilleures pratiques de gestion qui réduisent les émissions et séquestrent le carbone impliquent un choix délibéré de la part de l'agriculteur chaque année, au moment de la plantation et de la récolte.
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Merci. Je peux certainement vous répondre.
Ce qu'on a constaté, c'est qu'il faut des fourrages de grande qualité... l'ensilage de maïs, par exemple, est un aliment qui aide à les réduire. Un autre moyen consiste simplement à augmenter la production. Nos quotas sont fondés sur la matière grasse butyrique, de sorte que nous nourrissons les vaches de manière à atteindre le juste équilibre entre la matière grasse et les protéines. Ainsi, il faut moins de lait pour remplir nos quotas.
Il se passe des choses vraiment intéressantes. On en est encore au stade de développement, mais il y a certains types d'algues, par exemple, qui sont connus pour réduire considérablement les émissions de méthane chez le bétail. Je pense que ça promet. Évidemment, nous ne vivons pas tous au bord de la mer, alors nous n'y avons pas accès, mais nous avons des additifs alimentaires, n'est‑ce pas? Nous alimentons donc... Nous avons des régimes alimentaires de base, mais ce qui stimule vraiment notre production, ce sont des choses comme les distillateurs de blé, des céréales, le tourteau de canola et toutes ces bonnes choses qui font gagner en efficacité.
Il y a ensuite la recherche, et je pense qu'il est vraiment important de continuer à chercher ces divers types de plantes et d'additifs alimentaires qui nous aident à réduire toujours davantage nos émissions de méthane. Nous avons commencé à le faire, oui, mais je pense qu'il y a beaucoup plus de potentiel.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos témoins.
Je souhaite aux Producteurs laitiers du Canada une bonne Journée mondiale du lait. Il me semblait approprié de le dire d'entrée de jeu.
Monsieur Qualman, je vais commencer par vous. J'ai trouvé très intéressant que vous disiez que le problème n'est pas l'agriculture, mais nos intrants. Cela m'a frappé.
En mai, nous avons entendu le témoignage de Danone qui a investi une partie de ses fonds propres pour aider les éleveurs à changer leurs pratiques et à adopter des méthodes agricoles régénératrices. Les représentants de l'entreprise nous ont dit que ces éleveurs ont bénéficié d'une amélioration de la santé des sols, d'une diminution de la facture en intrants et d'une augmentation des rendements. La sainte trinité, quoi.
De votre point de vue, et j'ai lu beaucoup de documents de l'Union nationale des fermiers, il semble qu'il faille opérer un changement de paradigme. Étant donné que notre comité va rédiger son rapport et faire ses recommandations au gouvernement fédéral, pourriez-vous nous en dire davantage sur les façons dont le gouvernement fédéral pourrait mieux contribuer à ce changement de paradigme?
Je sais que les agriculteurs ont déjà beaucoup de connaissances de base. Ils sont tout à fait indépendants et nous ne voulons pas d'une approche selon laquelle la sainte parole émane forcément d'Ottawa, mais nous voulons recenser les méthodes qui fonctionnent dans ces trois domaines particuliers.
Si vous pouviez nous en dire plus à ce sujet, je pense que ce serait très utile. Merci.
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Je vous remercie de la question.
Nous avons effectivement besoin d'un changement de paradigme. Nous avons besoin d'une véritable transformation de l'agriculture, et ce, dans à peu près tous les secteurs pour les rendre moins dépendants des combustibles fossiles et réduire les émissions. L'agroécologie en est un élément fondamental, l'accent étant mis sur le travail avec la nature, en obtenant plus de ce dont nous avons besoin de la biologie et moins de l'industrie, sur moins d'intrants pétroindustriels et plus de ce dont nous avons besoin de la biodiversité, des organismes du sol, etc.
Pour ce qui est de certaines des façons dont le gouvernement peut appuyer cette idée de transformation et la mener à bien, nous avons proposé la création d'une nouvelle agence, l'Agence canadienne de résilience agricole, selon le modèle de l'Administration du rétablissement agricole des Prairies.
La dernière catastrophe environnementale majeure en agriculture s'est produite dans les années 1930. Dans la foulée, le gouvernement a créé l'Administration du rétablissement agricole des Prairies chargée de travailler auprès des agriculteurs afin de vraiment changer leurs façons de faire les choses, d'améliorer la gestion des apports d'eau, le travail du sol et tout ce qui entoure la ferme, de planter des arbres, etc.
Nous pensons que c'était un très bon modèle. Nous sommes au XXIe siècle et nous sommes aux prises avec une autre crise climatique. Nous pensons que l'Agence canadienne de résilience agricole pourrait fournir des analyses de sol gratuites et mettre à disposition des agronomes vulgarisateurs indépendants, c'est‑à‑dire des agronomes qui ne se concentrent pas uniquement sur la vente d'intrants supplémentaires, mais qui aident plutôt les agriculteurs à faire la transition vers un modèle à faible niveau d'intrants et à faibles émissions. Ils pourraient exploiter des fermes de démonstration où les pratiques à faibles émissions et à faible niveau d'intrants seraient peaufinées et mises en évidence, etc.
L'Agence canadienne de résilience agricole est un exemple de la façon dont le gouvernement pourrait diriger ce genre de transformation et participer à ce dont nous parlons, c'est‑à‑dire à des efforts s'apparentant à un temps de guerre sur ce front.