:
Bonjour, je souhaite la bienvenue à tous.
Je souhaite également la bienvenue à M. Regan, qui remplace M. Drouin.
[Traduction]
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 29e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Conformément à l'ordre de renvoi adopté le mercredi 24 février 2021 et à la motion adoptée par le Comité le 9 mars 2021, le Comité reprend son étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre (combustible agricole admissible).
La séance d’aujourd’hui se déroule en format hybride, conformément à l’ordre de la Chambre du 25 janvier 2021, ce qui veut dire que les membres du Comité participent à la séance soit en personne dans la salle, soit à distance par Zoom.
Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que la diffusion montrera toujours la personne qui parle, et non l'ensemble du Comité.
Je tiens à rappeler à tous les participants que les photos de l'écran et les captures d'écran sont interdites.
[Français]
Afin de garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles. Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour désactiver le mode sourdine. Les microphones des participants qui se trouvent dans la salle seront, comme d'habitude, contrôlés par l'agent des délibérations et de la vérification. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre microphone en mode sourdine.
[Traduction]
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue au groupe de témoins que nous accueillons durant la première heure.
Notre premier témoin d'aujourd'hui n'en est pas à sa première comparution au Comité.
[Français]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à M. Sylvain Charlebois.
[Traduction]
Il est professeur et directeur de l'Agri-Food Analytics Lab à l'Université Dalhousie. De la Fondation David Suzuki, nous accueillons M. Tom L. Green, conseiller principal en politiques climatiques. Nous accueillons aussi Mme Isabelle Turcotte, directrice de la Politique fédérale à l'Institut Pembina.
Nous allons commencer par les déclarations préliminaires; chaque organisme dispose de cinq minutes.
[Français]
Nous allons commencer par vous, monsieur Charlebois. Vous avez la parole pour cinq minutes.
:
Monsieur le président, membres du Comité, merci beaucoup.
Les changements climatiques sont un véritable problème et nous préoccupent grandement. Tout le monde convient qu’il faut agir rapidement. La taxe sur le carbone semble être une solution simple et équitable, mais pour les agriculteurs, une taxe sur le carbone de 170 $ la tonne change complètement la donne. D'ici 2030, selon certaines estimations, une ferme moyenne de 5 000 acres devra débourser une somme importante pouvant atteindre des dizaines de milliers de dollars en nouvelle taxe, sans aucune compensation. Cela suffit à compromettre la capacité de toute exploitation à faire des profits. Dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, toutes les taxes sur le carbone ne sont pas égales.
En outre, l'impact d'une taxe de 170 $ sur la compétitivité du secteur dépendra grandement de ce qui se passera aux frontières du Canada et au-delà. Compte tenu de la compétitivité des marchés alimentaires nationaux et internationaux, une taxe de 170 $ par tonne imposée au Canada, mais non imposée dans d'autres grands pays exportateurs et importateurs aura sans doute pour effet de pénaliser nos propres agriculteurs. Les producteurs ne peuvent hausser leurs prix même si les coûts de production augmentent à la ferme. C'est simplement une économie de preneurs de prix. Contrairement aux secteurs de la transformation et de la distribution des aliments, cette réalité économique afflige considérablement la production. Taxer notre production alimentaire nationale donnera aux importateurs un important avantage concurrentiel. Il est impératif de protéger nos propres agriculteurs.
Les agriculteurs sont parmi les meilleurs intendants de l'environnement au monde. Ils gagnent principalement leur vie en ayant accès à d'abondantes ressources naturelles. Ils ne peuvent absolument pas négliger l'environnement. En fait, beaucoup de Canadiens ignorent l'importance de la séquestration du carbone à la ferme. Ces 30 dernières années, au Canada, les changements technologiques ont été plus nombreux dans les fermes que dans les épiceries. Cela pourrait expliquer pourquoi les Canadiens tendent à sous-estimer les progrès réalisés depuis une génération par les agriculteurs dans l'adoption de pratiques environnementales saines.
Un exemple est le recours peu fréquent au travail du sol dans les Prairies. La pratique est toujours utilisée au Manitoba, dans une certaine mesure, en raison des sols argileux lourds qui doivent être asséchés pendant plusieurs années afin de faciliter l'ensemencement. Une étude non publiée du Dr Stuart Smyth et de Mme Chelsea Sutherland, de l'Université de la Saskatchewan, porte sur la séquestration du carbone à la ferme. On y compare les pratiques de travail du sol avant 1995 — avant le canola génétiquement modifié tolérant aux herbicides — aux données sur la rotation des cultures de 2016 à 2019. La culture continue permet une séquestration continue du CO2. L'élimination du travail du sol a permis de réduire considérablement la quantité de carbone du sol libérée dans l'atmosphère.
Ces progrès découlent en grande partie de la recherche en génie génétique. L'adoption de ces nouvelles technologies par les agriculteurs a permis de réduire l'empreinte carbone du secteur. Au lieu de cibler injustement les agriculteurs, il convient de célébrer et de reconnaître leur travail. Il manque de mesures incitatives pour favoriser des changements importants. Par exemple, il n'existe aucun substitut technologique au propane pour assécher les grains à la récolte. Nous devons développer de nouvelles technologies afin d’offrir des options environnementales à nos producteurs.
Il sera essentiel de préserver la compétitivité de nos agriculteurs tout en assurant l'autonomie alimentaire accrue du Canada, surtout si notre pays aspire à atteindre son objectif de devenir une puissance agricole, comme établi par le rapport Barton il y a quelques années.
[Français]
J'aimerais aussi transmettre au Comité un message important, qui va au-delà de l'agriculture. Pour les consommateurs, il existe également des risques importants. Les agriculteurs continuent de prétendre que le prix des denrées alimentaires augmentera en partie à cause de la taxe sur le carbone, qui atteindra 50 $ la tonne métrique l'an prochain. Cet argument ne tient pas vraiment la route. Le Québec et la Colombie-Britannique appliquent cette taxe depuis 2007 et 2008, respectivement, et le prix des aliments a à peine changé.
Par contre, si la taxe sur le carbone passe à 170 $ la tonne, en minimiser l'effet sur l'abordabilité des aliments sans procéder à une évaluation rigoureuse demeure dangereux.
Des recherches supplémentaires sont évidemment nécessaires, mais il est certainement possible que le taux d'inflation alimentaire augmente considérablement.
:
Je vous remercie beaucoup.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Le Canada est confronté à une urgence climatique qui se traduit par une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes: vagues de chaleur, inondations, sécheresses. J'ai été touché par le témoignage de Mme Karen Ross, de Fermiers pour la transition climatique, devant le Comité la semaine dernière au sujet des défis que doivent relever les agriculteurs alors que les changements climatiques exacerbent les phénomènes météorologiques extrêmes.
La Fondation David Suzuki préconise depuis longtemps la tarification de la pollution par le carbone, et nous avons joué un rôle important dans la promotion de la taxe sur le carbone de la Colombie-Britannique, qui était un précédent. Nous sommes aussi intervenus devant la Cour suprême du Canada dans un récent renvoi. La Cour a confirmé l'importance de veiller à la tarification de la pollution par le carbone dans l'ensemble de la fédération. La Cour a reconnu que le changement climatique représente une grave menace pour l'avenir de l'humanité et l'a décrit comme « une menace de premier ordre pour le pays, et même pour le monde. »
Pourquoi fixer un prix à la pollution par le carbone? Comme l'explique l'organisme Clean Prosperity, fixer le prix du carbone « constitue pour une économie un signal puissant sur la nécessité de réduire son empreinte carbone, et favorise l'émergence des technologies carboneutres dont nous avons besoin. »
J'aimerais reconnaître que le consensus atteint dans l'ensemble du spectre politique sur la nécessité de fixer un prix à la pollution par le carbone a été tournant.
Cependant, le projet de loi minerait la Loi sur la tarification de la pollution par les gaz à effet de serre. C'est la mauvaise solution. Elle envoie un mauvais signal et risque d'inciter d'autres secteurs à faire pression pour obtenir leurs propres exemptions.
Nous sommes conscients des efforts considérables de nombreux agriculteurs pour réduire les émissions, employer des pratiques de gestion des sols favorisant la capture du carbone et restaurer la biodiversité à l'échelle locale. Pour atteindre notre objectif de limiter la hausse de la température à 1,5 °C d'ici 2030, nous devons réduire les émissions d'environ 7 % par année dans l'ensemble de l'économie.
On a présenté le projet de loi comme un moyen d'appuyer les agriculteurs en réduisant leurs coûts énergétiques, en particulier les coûts de séchage du grain, dans les administrations assujetties au filet de sécurité fédéral. Cependant, cet amendement a pour effet de créer une nouvelle subvention inefficace aux combustibles fossiles, alors que le Canada et les dirigeants du G20 ont convenu, en 2009, de les éliminer progressivement. L'ajout d'une nouvelle subvention en 2021 est particulièrement problématique. Selon le directeur parlementaire du budget, cette subvention aux combustibles fossiles coûterait au gouvernement fédéral 47 millions de dollars en 2021, et jusqu'à 60 millions de dollars en 2024-2025.
Soulignons que depuis la présentation de cette mesure législative, le gouvernement a annoncé, dans le budget de 2021, des mesures portant précisément sur les coûts énergétiques dans le secteur agricole et sur sa transition unique. Il prévoit 10 millions de dollars pour aider les agriculteurs à adopter des solutions écoénergétiques et à entreprendre la transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables et 50 millions de dollars pour les aider à acheter des séchoirs à grains plus efficaces. En outre, environ 100 millions de dollars en taxes sur le carbone pour le gaz naturel et le propane payées par les agriculteurs leur seront remis.
Ces subventions et remises sont une meilleure solution que le projet de loi . Elles préservent le signal de la tarification du carbone, récompensent les producteurs et innovateurs du secteur agricole qui trouvent des façons de réduire la dépendance aux combustibles fossiles dans les exploitations agricoles et améliorent la compétitivité du secteur par rapport à l'adoption de cibles plus ambitieuses en matière de climat dans le monde entier. Le projet de loi C-206 peut réduire les coûts énergétiques à court terme, mais il n'aide pas le secteur agricole canadien à affronter la nécessité incontournable de réduire la consommation de combustibles fossiles, d'améliorer l'efficacité énergétique et de faire la transition aux sources d'énergie propres.
Remplacer une tarification du carbone par une autre subvention aux combustibles fossiles envoie absolument le mauvais message. Alors que tous les principaux partis politiques du Canada ont déclaré leur appui à la tarification de la pollution par le carbone, cette approche ne fera qu'accroître notre défi associé aux efforts d’atténuation et à la menace des changements climatiques. En outre, cette mesure va à l'encontre de notre engagement à éliminer les subventions aux combustibles fossiles.
En conclusion, la Fondation David Suzuki exhorte le Comité à voter contre ce projet de loi qui a pour effet de créer une nouvelle subvention aux combustibles fossiles et de miner le régime de tarification du carbone.
Ce que nous avons constaté dans d'autres secteurs, c'est l'idée que les technologies qui permettraient de réduire la dépendance aux subventions aux combustibles fossiles ou d'accroître l'efficacité énergétique ne sont pas disponibles. Nous avons besoin d'une tarification de la pollution par le carbone en guise de mesure incitative, et nous assistons déjà à l'émergence de solutions de ce genre dans l'ensemble de l'économie.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de faire une présentation. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour. Je m'appelle Isabelle Turcotte.
Le Pembina Institute est un centre de réflexion à but non lucratif qui milite pour l'établissement de politiques solides et efficaces pour appuyer la transition vers les énergies propres. Nous avons beaucoup travaillé sur la question de la tarification du carbone à l'échelle nationale et provinciale.
Beaucoup de choses ont changé depuis que le projet de loi a été présenté à la Chambre en février 2020. L'administration américaine reconnaît maintenant la menace existentielle que représentent les changements climatiques pour notre bien-être et notre prospérité. Le débat juridique sur la tarification du carbone a été réglé, et le Parti conservateur du Canada a mis fin au débat politique avec son nouveau plan climatique dans lequel il reconnaît que la tarification est le moyen le plus efficace de réduire nos émissions.
Ce sont là d'excellentes nouvelles pour les Canadiens.
La discussion sur l'augmentation des ambitions climatiques s'accélère dans la foulée du sommet des dirigeants sur le climat qui s'est tenu le 22 avril. Des milliers de personnes se sont mobilisées partout dans le monde pour faire de cette rencontre un point de départ important vers la COP26, y compris ici, au pays. En effet, selon un récent sondage d'Environnement et Changement climatique Canada sur la « contribution déterminée au niveau national » du Canada, les Canadiens veulent voir plus de gestes concrets contre les changements climatiques. Cela nécessitera des réductions d'émissions importantes et durables dans l'ensemble de l'économie.
L'agriculture représente 8 % des émissions du Canada, soit 59 mégatonnes, et ces émissions sont en grande partie attribuables à la fermentation entérique et aux sols agricoles. Mon mémoire contient des données ventilées, pour ceux qui ont le document écrit, mais essentiellement, il faut retenir que ces 59 mégatonnes ne comprennent pas les émissions liées à la combustion, qui s'élèvent à environ 13 mégatonnes.
L'urgence climatique et la demande croissante de produits à faibles émissions de carbone, notamment dans le secteur agricole, exigent que nous nous attaquions à toutes ces sources d'émissions.
Examinons d'abord les émissions de combustion. Dans les provinces où le filet de sécurité s'applique, la redevance fédérale sur les combustibles ne s’applique ni à l’essence ni au carburant diesel utilisés dans les tracteurs, les camions et autres engins utilisés à la ferme, ce qui aide considérablement les agriculteurs. Pour une exploitation agricole moyenne, selon une étude réalisée en 2019, l'impact de la tarification du carbone sur les activités de séchage du grain, qui ne sont pas exemptées, varie de 0,05 % à 0,38 % des coûts d'exploitation nets, ce qui représente 210 $ à 774 $. Ces résultats ne tiennent pas compte de la remise pour la tarification du carbone offerte aux agriculteurs, qui a été augmentée dans le budget de 2021. Il convient aussi de noter qu'on souligne, dans cette étude, que les combustibles de chauffage et l'électricité sont les moins importantes sources de coûts pour les agriculteurs.
Une stratégie de réduction des coûts pour les agriculteurs devrait vraiment être axée sur la réduction de l'utilisation d'engrais et de chaux, comme le suggère cette étude.
Nous sommes conscients que les agriculteurs ne peuvent transmettre une partie des coûts aux consommateurs. Nous considérons aussi que la meilleure façon de les protéger des effets de la tarification du carbone est de réduire les émissions. Les Canadiens apprécient leurs agriculteurs et sont reconnaissants du travail essentiel qu'ils font. Nous voulons que nos agriculteurs prospèrent.
Nous appuyons les mesures qui aident les agriculteurs à investir pour y parvenir. Nous nous réjouissons de l'annonce, dans le budget de 2021, de l'augmentation de la part des recettes de la tarification du carbone remise aux agriculteurs et de l'enveloppe de 50 millions de dollars pour l'achat de séchoirs à grains efficaces.
Il convient de noter que la tarification du carbone a déjà favorisé l'innovation technologique et l'émergence de solutions de rechange aux séchoirs à grains. Par exemple, Triple Green Products, une entreprise manitobaine, produit des systèmes de chauffage, de compostage et de déshydratation alimentés au biocarburant qui sont notamment utilisés dans les secteurs minier, agricole et industriel.
Permettez-moi de souligner rapidement que les plus grandes sources d'émissions du secteur agricole ne sont aucunement visées par le régime fédéral de tarification du carbone.
Le budget de 2021 comprend aussi des mesures pour appuyer la réduction des émissions non attribuables à la combustion, y compris 200 millions de dollars pour des mesures prises à l’exploitation agricole pour améliorer la gestion de l'azote, accroître le recours aux cultures de couverture et normaliser le pâturage en rotation. Des fonds sont également prévus pour les zones humides et les arbres dans les fermes, pour les énergies propres et l'abandon du diesel.
En conclusion, pour reprendre les propos de ma collègue Karen Ross, de Fermiers pour la transition climatique, qui a comparu au Comité avant moi, les agriculteurs canadiens veulent devenir des chefs de file en matière de lutte contre les changements climatiques. Les discours qui visent précisément à miner le message nécessaire qu'envoie la tarification pour promouvoir les investissements en innovation et la réduction des émissions sont contraires à cet objectif.
Nous pensons que les agriculteurs et les Canadiens en général seraient mieux servis en s'appuyant sur les mesures récemment annoncées pour soutenir les agriculteurs, notamment les agriculteurs novateurs de partout au pays qui réduisent déjà les émissions, renforcent notre résilience aux changements climatiques et se préparent à évoluer dans une économie mondiale décarbonisée.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie de votre question, monsieur Lehoux.
En fait, il n'y a pas vraiment de solution de rechange. En fait, il y en a, mais leur coût n'est pas aussi abordable et elles ne sont pas aussi efficaces.
Il faut comprendre que les agriculteurs ne peuvent pas contrôler les règles du marché. Beaucoup de gens ne comprennent pas à quel point les agriculteurs sont vulnérables et à la merci des marchés.
Une hausse de la taxe sur le carbone pourrait empêcher les producteurs d'être très compétitifs et même entraîner la disparition de certaines fermes. Plusieurs fermes ont d'ailleurs déjà disparu. Cette taxe pourrait contribuer à faire disparaître plus de fermes d'ici les prochaines années.
:
Je vous remercie de votre question, madame Bessette.
Ce que nous savons, c'est que le Canada est particulièrement susceptible de pâtir des changements climatiques et qu'il subira des changements de près du double du taux global. Nous observerons plus d'événements extrêmes, comme les inondations observées au Québec, les feux de forêt à Fort McMurray et dans ma province, la Colombie-Britannique, ainsi qu'une augmentation de la sécheresse.
Les fermiers, de même que toute la société, accuseront donc des pertes. Les coûts vont augmenter chaque année, si nous ne prenons pas plus de mesures pour éliminer nos émissions de gaz à effet de serre.
:
Je vous remercie de votre question.
Comme je le mentionnais dans mon allocution, plus tôt, je dois avouer que la filière agricole n'est pas un dossier que je suis de très près. Quoiqu'il en soit, nous connaissons l'existence de cette compagnie du Manitoba, qui produit justement un séchoir à grains permettant aux producteurs de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
On peut souligner que la tarification du carbone a eu son effet. Nous avons établi un signal de prix en mettant un prix sur le carbone, ce qui a créé, pour certains entrepreneurs qui y voient une occasion financière, un incitatif pour mettre ces technologies sur le marché. En combinaison avec le soutien financier offert aux agriculteurs dans le budget de 2021, ces technologies seront également offertes aux agriculteurs.
C'est une dynamique de plus en plus installée, avec la mise en place de la tarification sur le carbone. En outre, un prix qui augmente graduellement donne une certitude dans le temps pour les investissements. C'est une dynamique qu'on observe dans tous les secteurs économiques, pour les grands émetteurs industriels de GES, entre autres.
Il est vrai que, pour certains secteurs, les émissions sont très difficiles à réduire, parce que ce sont des émissions liées aux procédés. Toutefois, cette difficulté ne doit pas nous arrêter, parce que nous savons très bien que l'ensemble des pays signataires de l'Accord de Paris voient l'occasion économique aussi dans la décarbonisation de notre économie. Ils sont à la recherche de ces occasions de marché et font des investissements dans la recherche-développement pour que leurs entreprises s'imposent comme chefs de file.
:
Je vous remercie beaucoup.
Madame Turcotte, M. Green et vous avez fait mention des montants annoncés dans le budget.
Je vais maintenant m'adresser à M. Green. Vous me dites tous deux que le fait de donner une exemption lance un mauvais signal, et que des montants sont prévus au budget. Il s'agit de 10 millions de dollars pour l'énergie propre, de 50 millions de dollars pour des séchoirs à grain et de 100 millions de dollars remboursables.
Monsieur Green, compte tenu de l'immensité du territoire canadien et du nombre de nos producteurs agricoles, ne trouvez-vous pas que ce sont de petits montants?
:
Ne trouvez-vous pas que le fait de facturer cela d'abord aux producteurs et de leur rendre par la suite certaines sommes partielles va susciter chez eux une dépendance face au gouvernement ainsi qu'un état d'attente? Mon parallèle est peut-être boiteux, mais je pense ici aux compensations relatives aux accords commerciaux que nous signons et que nous attendons pendant cinq, six ou huit ans.
Les producteurs craignent aussi ce genre de situation. Ils nous demandent de leur laisser leur marge de manœuvre pour qu'ils puissent innover. Vous avez mentionné tantôt, je crois, qu'ils investissent déjà dans des séchoirs à grains plus efficaces, mais ils n'ont pas de solutions de rechange au propane ou au gaz naturel, qui sont rentables et efficaces pour les affaires. En les exemptant, ne pourrait-on pas, parallèlement, investir des montants en évitant de les étouffer avec la paperasserie et l'administration lourde liée à l'exigence de faire des remboursements?
J'aimerais entendre votre avis sur cette question.
:
Un soutien plus important de l'État pourrait inciter la recherche-développement. Je lance l'idée.
Je vais maintenant m'adresser à M. Charlebois, étant donné que le temps file.
Monsieur Charlebois, votre énoncé est très percutant. C'est le cas chaque fois que nous nous rencontrons. Vous avez parlé de la séquestration du carbone à la ferme. Vous avez dit que cela devrait être reconnu. Comme le temps dont je dispose est très limité, je vais vous poser une brève question.
Ne pensez-vous pas qu'il serait temps de reconnaître cet apport, d'essayer de soutenir les agriculteurs en reconnaissant leur rôle de protecteurs de l'environnement et en les encourageant financièrement? Cela pourrait donner lieu à de l'innovation et accroître leur performance.
J'aimerais que vous me donniez votre avis sur cette question.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Green, je commencerais peut-être par vous. Je suis tout à fait d'accord avec vous: la tarification du carbone sert à envoyer un signal fort que nous devons changer nos façons de faire et cela incite les gens à trouver une façon plus économique et, au bout du compte, moins polluante de fonctionner. Cela a marché pour moi. J'ai maintenant un véhicule électrique et je me réjouis déjà de la réduction des coûts d'essence qu'entraîne cet achat, et ce, chaque mois.
Le problème qui me vient à l'esprit, c'est qu'en ce qui concerne les solutions de rechange, votre témoignage a été réfuté par des agriculteurs qui sèchent leurs grains. Si nous essayons d'inciter les agriculteurs à adopter des solutions de rechange, je conviens que c'est un objectif très louable, mais pour l'instant, les agriculteurs qui sèchent des tonnes de grains chaque année... J'ai parlé du système de biomasse et ils ont dit qu'ils n'étaient pas vraiment au courant, et qu'ils n'étaient pas sûrs qu'il puisse être appliqué à l'échelle dont ils ont besoin concrètement. Il faudrait aussi qu'ils enlèvent les résidus de culture dans leurs champs chaque année, ce qui représenterait un coût supplémentaire, mais cela priverait aussi leurs champs de cet important contenu de carbone qui est nécessaire pour nourrir les cultures de l'année suivante.
Je sais que mes collègues vous ont posé d'autres versions de cette question, mais s'il n'y a pas de solutions de rechange viables à l'heure actuelle — c'est ce que nous disent les agriculteurs —, le projet de loi ne serait-il pas utile pour leur donner un répit sur le plan financier en attendant que les technologies voient le jour?
:
La tarification du carbone a été conçue de telle sorte qu'elle a été d'abord fixée à 20 $ la tonne et qu'elle augmente progressivement d'année en année, ce qui donne le temps aux gens de s'adapter.
Je suis favorable à l'idée qu'on soutienne les agriculteurs dans ce processus de transition au moyen, entre autres, du recyclage des recettes, de subventions, de recherches, soit de mesures que le gouvernement fédéral et d'autres intervenants proposent. Cela me semble logique. Cependant, nous sommes un peu dans un cercle vicieux. Si l'on supprime la tarification du carbone ici, rien n'incite à aller de l'avant avec ces technologies. Peut-être que dans certaines exploitations agricoles, les agriculteurs commenceront à utiliser une pompe à chaleur pour chauffer leur étable. Peut-être que le réseau de distribution de l'électricité n'est pas assez fort pour la quantité de chaleur ou d'électricité dont ils auront besoin. Cependant, la compagnie d'électricité ne sera pas disposée à accroître ses capacités tant qu'elle ne saura pas qu'il y aura une demande, et nous devons donc créer ces signaux de prix dans toute l'économie.
Cependant, il y a un problème. Je comparais aujourd'hui devant le comité de l'agriculture, mais je pourrais comparaître devant d'autres comités dans différents secteurs, et les gens pourraient se demander si nous devrions faire cela, car les technologies sont à peine naissantes et doivent être développées.
Comme je l'ai dit, nous avons besoin de ces signaux de prix dans toute l'économie, et nous devons agir dans tous les secteurs. Le temps presse en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique, et je pense que le Comité peut proposer au gouvernement différentes façons de soutenir les agriculteurs tout en préservant le signal de prix. De plus, nous ne voulons pas donner l'impression que si les gens insistent suffisamment, ils auront droit à leur propre exemption pour la tarification du carbone, car bien vite, tout le système sera affaibli.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie également les témoins.
J'aimerais commencer par faire une déclaration. Je vais corriger les faits. Nous ne parlons pas aujourd'hui d'une subvention aux combustibles fossiles pour l'agriculture. Nous parlons de réduire un coût. Il y a là une énorme différence. Il ne s'agit pas d'une subvention.
Je vais d'abord m'adresser à M. Green. Je crois que c'est vous qui avez dit cela.
Parlons des pompes à chaleur. Je suis un agriculteur. Je viens d'un endroit où l'on produit des grains et des légumes, mais je ne connais pas les pompes à chaleur. À ma connaissance, elles sont loin d'être une possibilité crédible.
De nombreux témoins ont dit — et vous l'avez dit vous-même — que les agriculteurs sont des preneurs de prix, alors parlons du signal dont il est question ici. Qui devrait payer le coût du signal, à votre avis? Est-ce que ce devrait être la communauté agricole ou bien l'ensemble des Canadiens?
:
Tout d'abord, je tiens à préciser que lorsque je parlais de « subvention aux combustibles », je me suis basé sur ladéfinition de « subvention » de l'OMC: « une subvention sera réputée exister [...] s'il y a une contribution financière des pouvoirs publics ou de tout [autre] organisme public du ressort territorial d'un Membre [...], c'est-à-dire dans les cas où [cela] comporte un transfert direct de fonds », ce qui inclut la suppression d'une taxe. Voilà pourquoi j'ai parlé de subvention aux combustibles.
Les agriculteurs sont, en effet, des preneurs de prix, mais ils prennent aussi des prix sur des choses comme le gaz naturel. Nous avons constaté, entre autres, que, depuis 2006, le prix du gaz naturel a chuté plutôt rapidement au Canada, au grand détriment des régions productrices de gaz en Alberta et en Colombie-Britannique, par exemple. Il s'agit de l'une des nombreuses choses et, comme en a témoigné ma collègue du Pembina Institute, les évaluations des coûts ne montrent pas que cela compromettrait la viabilité des exploitations agricoles, surtout si des mesures de soutien appropriées sont prises.
:
C'est une bonne question, monsieur Epp.
Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration préliminaire, pour une taxe de 50 $, il n'y a aucune raison de s'inquiéter de l'abordabilité des aliments au pays. Nous avons deux ou trois cas, avec le Québec et la Colombie-Britannique, et nous n'avons vu aucune différence sur le plan des tendances des prix dans les deux provinces au cours de la dernière décennie environ. Toutefois, je pense qu'une taxe de 170 $ change la donne. Nous devons examiner en profondeur l'effet que cette taxe pourrait avoir sur l'abordabilité des aliments au fil du temps. Toute la chaîne d'approvisionnement sera touchée par la taxe sur le carbone, et pas seulement l'agriculture.
Encore une fois, je pense que l'ensemble du secteur voit d'un bon oeil la tarification du carbone. Il y a de bonnes choses qui découlent de la politique de tarification du carbone. Par exemple, nous voyons davantage de délocalisation à proximité ou de délocalisation intérieure au Canada. Kraft Heinz investit au Canada. AB InBev investit au Canada. Cela s'explique par le fait que la plupart des multinationales repensent leurs chaînes d'approvisionnement vertes. Il y a beaucoup d'aspects positifs, mais en même temps, je pense que nous devons évaluer exactement dans quelle mesure le prix de notre panier d'épicerie sera touché par la taxe sur le carbone à 170 $ d'ici 2030.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins. Je vous suis vraiment reconnaissant pour votre participation à la séance d'aujourd'hui.
Je vais essayer de poser des questions à autant de personnes que possible. Je commence par M. Green.
Les agriculteurs veulent vraiment contribuer; ils veulent réduire leur empreinte environnementale. Notre gouvernement est déterminé à travailler avec eux pour que cet objectif soit atteint, et c'est justement ce que nous essayons de faire sur cette tribune.
Il y a différentes façons de réduire ses émissions. Nous en avons mentionné quelques-unes et il en a été question également lors de témoignages précédents. Les solutions ne se limitent pas à celles touchant le séchage du grain. Vous avez mené des recherches sur l'énergie renouvelable, l'écologisation des transports et les investissements dans les infrastructures numériques et à large bande qui faciliteraient le recours à l'automatisation et à l'intelligence artificielle.
Pouvez-vous nous parler de certains moyens technologiques déjà à notre disposition pour aider dans l'immédiat les agriculteurs et les inciter à réduire leur empreinte carbone?
:
C'est une excellente question.
Nous constatons une accélération vraiment marquée de la mise au point de technologies à faibles émissions de carbone. À titre d'exemple, l'Agence internationale de l'énergie prédisait en 2000 que la production d'énergie solaire allait augmenter de 18 gigawatts avant 2020. Je crois que c'est aux environs de 2016 que cette production a été haussée de 18 gigawatts en une seule année. On a donc nettement sous-estimé la rapidité d'expansion de cette technologie et la mesure dans laquelle les prix allaient baisser.
Nous pouvons notamment constater que la tarification du carbone permet à différents pays d'encourager les innovations semblables qui contribuent en fin de compte à accroître l'efficience énergétique. Il y a une période de transition qui exige une capacité d'adaptation et qui peut entraîner une augmentation temporaire des coûts, mais, comme je l'indiquais précédemment, étant donné la grande fluctuation du prix du gaz naturel, la taxe sur le carbone représente en fait une portion moindre de ce montant, et le changement intervenu depuis 2006 avec la chute du prix du gaz naturel...
:
Merci pour cette réponse.
Je vais maintenant me tourner vers Mme Turcotte. Vous avez parlé de l'entreprise Triple Green au Manitoba qui utilise un système de séchage à base de biomasse. C'est une nouvelle technologie qui prend rapidement de l'expansion du fait que le propane est composé à 82 % d'eau et que le gaz naturel se compose de 66 % d'eau, une humidité qui se transforme en vapeur d'eau et qui est maintenant introduite dans les séchoirs et dans le grain. En s'assurant que cette source de chaleur est sèche, on obtient une plus grande efficience. L'entreprise se targue d'offrir des solutions qui permettent d'économiser.
Cette technologie est en pleine croissance et prend rapidement de l'expansion, mais elle témoigne également du rôle que peut jouer le secteur privé. Pouvez-vous nous parler des avantages concurrentiels de ces entreprises qui sont les moteurs de l'innovation, du point de vue non seulement des investissements que peut faire notre gouvernement, mais également des investissements privés?
:
Oui, certainement. Je suis désolée que nous ayons ces problèmes.
Je pense qu'il faut surtout se rappeler à quel point il est important que nos entreprises privées puissent savoir à quoi s'en tenir pour ce qui est des politiques en vigueur de manière à pouvoir investir dans l'innovation et dans les technologies permettant de réduire nos émissions. Cela est essentiel non seulement pour aider nos entreprises canadiennes qui souhaitent être moins exposées à la tarification du carbone, mais aussi pour accroître notre capacité concurrentielle et atteindre nos objectifs en matière de climat et d'économie.
Je parlais de la situation en Alberta et en Ontario où l'on a malheureusement constaté au cours des dernières années d'importants bouleversements avec des volte-face quant aux politiques de tarification du carbone, avec toutes les répercussions qui s'ensuivent. Les entreprises arrivent difficilement à convaincre leur siège social qui n'est pas situé au Canada d'investir ici.
Maintenant que l'on a dévoilé le barème d'augmentation de la tarification d'ici 2030, il faut continuer à faire en sorte que les entreprises bénéficient d'une bonne prévisibilité en leur faisant valoir que le Canada est un bon endroit où investir dans les technologies à faibles émissions de carbone. Il y a ici un marché très vigoureux pour ces technologies et on peut aussi avoir accès aux marchés internationaux à partir du Canada.
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Merci, c'est une bonne question, monsieur Perron.
À mon avis, avec une taxe sur le carbone de 50 $ la tonne, nous sommes tout de même en terrain connu, parce qu'il y a eu des études de cas avant d'arriver à ce montant. Par contre, le fait de la tripler, dans un contexte canadien, nous amène en terrain inconnu. Il s'agit quand même d'un changement assez important.
Depuis l'annonce de cette hausse par le au mois de décembre, j'ai posé beaucoup de questions à différentes personnes à Ottawa et je n'ai pas obtenu de réponse ou d'évaluation. Revenons sur le prix abordable des aliments. Selon moi, c'est là le point de départ. Ensuite, quelles seraient les conséquences en amont sur les plans de la distribution, de la transformation et de la production? Nous ne connaissons pas l'incidence qu'aura cette augmentation, quand même importante.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Green, c'est à vous que je vais de nouveau m'adresser.
Nous parlons de ces technologies novatrices pouvant être accessibles, mais il me semble ressortir clairement de nos échanges que l'utilisation d'un combustible quelconque, qu'il s'agisse de résidus de culture ou de propane, est nécessaire pour obtenir l'efficience requise afin de faire fonctionner ces séchoirs à grain.
J'aimerais savoir si la Fondation David Suzuki a des idées pour aider les agriculteurs à recueillir les biogaz — comme le méthane — issus par exemple du compostage du fumier pour les emmagasiner dans des citernes avant de les utiliser comme combustible pour faire fonctionner ces séchoirs. Je suppose que l'on pourrait parler alors d'un combustible carboneutre parce qu'il est dérivé d'une matière organique, plutôt que d'une source fossile. Est-ce une mesure novatrice dont on pourrait envisager l'utilisation de façon provisoire dans des circonstances comme celles-ci?
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Nous reprenons nos travaux pour la seconde heure de notre séance.
[Français]
De Biocarburants avancés Canada, nous accueillons M. Fred Ghatala, directeur, Carbone et Durabilité, et aussi, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, M. Jasmin Guénette, vice-président, Affaires nationales.
Bonjour, monsieur Guénette.
Nous accueillons aussi Mme Virginia Labbie, analyste principale des politiques, Affaires agroalimentaires.
Nous allons commencer les témoignages.
Monsieur Ghatala, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie. C'est un honneur d'être des vôtres aujourd'hui.
Je m'appelle Fred Ghatala et je suis directeur de la division Carbone et Durabilité pour Biocarburants avancés Canada. Nous sommes le porte-parole national des producteurs, des distributeurs et des concepteurs de technologies fondées sur les carburants avancés.
Nos membres sont des chefs de file à l'échelle internationale. Ils ont construit et exploitent des usines sur quatre continents, avec une capacité de production annuelle dépassant les 15 milliards de litres de carburants avancés. Au Canada, nos membres exploitent actuellement sept installations dont la capacité annuelle dépasse les 670 millions de litres. Nous mettons au point de nouvelles technologies et construisons des installations de production afin de répondre à la demande croissante de biocarburants avancés et d'autres combustibles propres non fossiles.
Un récent sondage auprès de nos membres nous indiquait que plus de 60 projets d'immobilisations sont prévus d'ici 2030 avec des investissements en capital dépassant les 15 milliards de dollars, tout cela en réponse aux politiques comme la Norme sur les combustibles propres, la et les mesures prises par les provinces. La modélisation économique de la Norme sur les combustibles propres indique que la demande de biocarburants pourrait être multipliée par un facteur de deux à trois d'ici 2030, ce qui permettrait la création de 20 000 emplois et un rendement économique additionnel de plus de 10 milliards de dollars.
Les matières premières du Canada sont essentielles au soutien des investissements dans la nouvelle capacité nationale de production de biocarburants avancés. Les secteurs canadiens de l'agriculture et de la foresterie se sont démarqués à l'échelle planétaire grâce à leur bilan de durabilité des produits récoltés, avec des données fiables démontrant les impacts sur la terre, l'air et l'eau.
Comme la demande mondiale de produits agricoles et forestiers durables et de combustibles non fossiles propres a augmenté au cours des deux dernières décennies, nos systèmes d'approvisionnement en biomasse ont largement investi dans l'innovation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les autres impacts environnementaux, tout cela en augmentant l'approvisionnement global à partir d'une superficie moindre. Les données de Statistique Canada révèlent que, depuis 2000, notre pays a diminué de 0,4 % par année la superficie totale ensemencée, ce qui correspond à huit millions d'acres de moins. Le Canada a démontré sa capacité à récolter des cultures de manière durable, à fournir des résidus agricoles et forestiers à faible coût et à faible teneur en carbone, et à adopter des solutions de gestion circulaire des déchets pour appuyer une expansion de la production de combustibles propres.
Nous disposons d'une multitude d'options d'approvisionnement en combustibles propres comme les cultures conventionnelles, les graisses animales fondues, les déchets municipaux et industriels, l'extraction directe du gaz carbonique dans l'air, le biobrut et même la production accrue de lipides dans les cultures existantes. Il est essentiel de veiller à ce que les secteurs agricoles et forestiers canadiens participent activement aux marchés des faibles émissions de carbone afin de tirer pleinement profit des vastes avantages qu'offrent les nouvelles politiques comme la Norme sur les combustibles propres.
L'augmentation de la production de combustibles propres au Canada signifie également une dépendance moindre à l'égard des importations de produits pétroliers raffinés et de biocombustibles dans l'ouest et le centre du Canada. L'Association canadienne des carburants indique que ces marchés ont eu recours en 2019 à plus de 12 milliards de litres d'essence, de diesel et de carburéacteurs importés. Nous considérons que l'amendement proposé est une reconnaissance du fait que les producteurs agricoles sont effectivement dépendants des marchés et que des mesures doivent être prises pour accroître leur capacité concurrentielle.
De plus, comme l'intensité de carbone des biocombustibles a considérablement diminué au cours de la dernière décennie, nous savons que les agriculteurs s'efforcent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans l'amélioration durable de leur rendement et de leurs pratiques agricoles. Disons simplement que les agriculteurs sont un élément clé de la solution climatique et que nous sommes favorables à toutes les politiques pouvant leur permettre de continuer à produire des résultats en ce sens.
En conclusion, l'expansion du recours aux biocarburants avancés est l'outil le plus abordable et le plus efficace dans l'immédiat pour réduire les émissions des véhicules à combustion interne qui font actuellement rouler notre économie. À l'avenir, nous miserons de plus en plus sur les véhicules électriques et l'hydrogène à faible teneur en carbone. Cependant, pour parvenir à la carboneutralité d'ici 2050, nous devons nous attaquer aux secteurs des transports difficiles à décarboniser, comme les parcs de véhicules existants, le transport de longue distance, l'aviation, et le transport maritime et ferroviaire.
Les avantages économiques des biocarburants avancés bénéficient aux collectivités rurales agricoles et forestières de tout le Canada. Pour que le Canada réussisse à attirer des investissements dans la production de biocarburants avancés, l'innovation et l'expansion de la chaîne d'approvisionnement et des infrastructures, il est essentiel que les producteurs agricoles canadiens soient en mesure de participer.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Monsieur le président et chers membres du Comité, bonjour.
Je m'appelle Jasmin Guénette et je suis le vice-président des affaires nationales de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, ou FCEI. Je suis accompagné de ma collègue, Virginia Labbie, qui est analyste principale des politiques agroalimentaires. Je ferai ma courte présentation en français et ma collègue fera la sienne en anglais.
Je tiens à vous dire que nous sommes très heureux d'être avec vous aujourd'hui. Vous avez reçu par courriel une présentation PowerPoint, sur laquelle nos commentaires s'appuieront.
Je vous rappelle que la FCEI est un organisme non partisan et sans but lucratif qui défend les intérêts des PME auprès des gouvernements. Nous comptons 95 000 membres de partout au pays qui travaillent dans tous les secteurs de l'économie, et 6 000 de ces membres travaillent dans le secteur agricole.
Comme vous le savez, la pandémie est très difficile pour les petites entreprises indépendantes. Notre plus récent sondage montre que seulement 56 % des PME ont complètement repris leurs activités. C'est encore plus inquiétant quand on voit que seulement 29 % des PME ont des revenus normaux pour ce temps de l'année. Ce n'est donc pas le moment d'ajouter des coûts ou d'augmenter les taxes que doivent payer les entreprises qui éprouvent déjà des difficultés financières. Au contraire, c'est le moment de trouver des manières d'alléger leur charge fiscale.
Nous sommes ici aujourd'hui pour appuyer le projet de loi et ma collègue, Virginia Labbie, vous présentera plusieurs données qui étayent notre position.
Madame Labbie, la parole est à vous.
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Merci, monsieur Guénette.
Nous sondons régulièrement nos membres agriculteurs quant aux enjeux qui ont une incidence sur leur entreprise. Il est clair que les agriculteurs se soucient de l'environnement. En fait, près de 80 % d'entre eux ont pris au cours des dernières années des mesures en vue de réduire leur impact environnemental, et c'est notamment le cas de 85 % de ceux du secteur des grandes cultures.
Lorsqu'on leur a demandé ce qui les avait motivés à mettre en place des mesures afin de mieux protéger l'environnement, 87 % des agriculteurs ont indiqué qu'ils le faisaient par conviction personnelle.
La FCEI continue d'entendre des agriculteurs affirmer que le filet de sécurité fédéral pour la tarification du carbone a déjà eu une incidence importante sur leurs résultats. Parmi nos membres agriculteurs, 82 % ont convenu que la taxe fédérale sur le carbone a des répercussions négatives sur leur entreprise.
Une analyse des données nous indique que 94 % des agriculteurs du secteur des grandes cultures et 93 % des éleveurs se disent parmi les plus touchés. On leur a demandé d'estimer le montant que leur entreprise s'attendait à payer en taxe fédérale sur le carbone au cours de la première année d'application, et les agriculteurs ont indiqué avoir payé en moyenne près de 14 000 $.
Il est important de noter que ces coûts ont été engagés au moment où la taxe fédérale sur le carbone était fixée à 20 $ la tonne. Comme vous le savez, cette taxe doit augmenter pour atteindre 170 $ la tonne en 2030. Cela représente une hausse de plus de 325 % par rapport au niveau actuel et de 750 % par rapport au moment où ces données ont été recueillies.
Les agriculteurs qui ont répondu à nos sondages ont été nombreux à nous dire qu'il leur était impossible de refiler ces coûts supplémentaires à leurs clients. Ainsi, 83 % des agriculteurs du secteur des grandes cultures ont dit qu'ils pourraient refiler moins de 10 % des coûts de la taxe carbone à leurs clients. Plus de 78 % indiquent devoir assumer la totalité de ces coûts.
Étant donné que la plupart des agriculteurs sont des preneurs de prix, l'ampleur des augmentations de la taxe fédérale sur le carbone entravera leur capacité de soutenir la concurrence et d'investir dans leur entreprise et dans les nouvelles technologies. De plus, l'effet d'entraînement dans l'ensemble du secteur a fait grimper les coûts indirects pour les agriculteurs en raison de la taxe carbone qui s'applique aux intrants agricoles et aux services de transport par rail et par camion.
Il est clair que même une hausse annuelle progressive de la tarification des émissions a tout lieu d'inquiéter les agriculteurs. À l'approche de la hausse de 30 $ à 40 $ la tonne prévue pour le 1er avril, près des trois quarts des agriculteurs ont déclaré que cela aurait un impact important sur leur entreprise.
Il est juste de dire que les agriculteurs sont profondément préoccupés par l'escalade de ces coûts d'ici 2030. C'est pourquoi il est important de leur offrir dès maintenant un allégement à l'égard de la tarification du carbone et c'est aussi pour cette raison que le projet de loi constitue une première étape positive et urgente pour alléger ce fardeau indu pour les agriculteurs.
La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante est d'avis qu'une taxe carbone appliquée au propane et au gaz naturel utilisé pour sécher le grain punit les entreprises pour l'utilisation d'un produit pour lequel il n'existe pas de solution de rechange applicable. Dans le contexte de la pandémie, nous devons trouver des moyens d'aider les agriculteurs et de faire en sorte que le secteur agricole soit concurrentiel et fonctionne à son plein potentiel pour contribuer à la reprise économique au Canada.
Nous exhortons donc tous les députés à appuyer le projet de loi .
Merci de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous présenter les points de vue de nos membres agriculteurs concernant le projet de loi .
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Merci, monsieur le président.
Je poserai mes premières questions aux représentants de la FCEI. L'un des objectifs de la taxe sur le carbone, qui est tout à fait louable, est d'inciter les agriculteurs à prendre des mesures pour réduire leur empreinte carbone.
Compte tenu du fait qu'il n'y a pas de solutions de rechange viables — nous avons entendu beaucoup de témoignages pour en attester — et de la situation précaire des agriculteurs, qui sont souvent criblés de dettes et n'ont d'autre choix que d'accepter les prix qu'on leur offre, serait-il possible, à votre avis, d'après les chiffres que vous voyez et ce que les agriculteurs vous disent, qu'une augmentation de la taxe sur le carbone à 170 $ la tonne cause la perte de certaines entreprises agricoles, particulièrement de petites fermes familiales?
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Comme vous l'avez entendu dans ma déclaration préliminaire, nous savons que les agriculteurs ont payé en moyenne 14 000 $ environ en taxes la première année d'application. Je pense que vous avez aussi entendu aujourd'hui que si cette taxe passe à 170 $ la tonne, cela changera vraiment la donne, comme le disait M. Charlebois.
Comme nous l'avons mentionné, nous avons constaté, en sondant nos membres, que cette taxe leur a coûté 14 000 $ en moyenne la première année, alors qu'elle s'établissait à 20 $ la tonne. Comme nous le savons, la taxe fédérale sur le carbone devrait augmenter jusqu'à 170 $ la tonne. C'est une augmentation de plus de 325 % par rapport à aujourd'hui et de 750 % par rapport au moment où ces données ont été recueillies.
Je pense qu'on peut dire que cela aura une incidence énorme sur les revenus agricoles et la compétitivité des fermes. C'est la raison pour laquelle nous croyons que le projet de loi offrirait un allégement plus que nécessaire à la taxe sur le carbone.
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Je vous remercie de cette question.
Oui, comme je l'ai mentionné dans mon exposé, le milieu agricole joue un rôle central dans le potentiel de croissance exceptionnel que présentent les biocarburants avancés. Nous nous attendons à ce que la demande double ou triple, donc le Canada a l'occasion de répondre à la demande créée par la norme sur les combustibles propres, qui devrait passer de 2,5 milliards de litres à 6,5 milliards de litres. C'est une occasion en or.
Au cours des six dernières semaines, nous avons vu les médias annoncer une hausse importante de la demande, donc nous appuyons vivement tout ce qui permettra aux agriculteurs de participer davantage à la production de matière première pour créer les biocarburants avancés dont le Canada aura besoin.
Les représentants du secteur agricole que nous recevons nous disent presque à l'unanimité qu'ils n'ont pas présentement de solution de rechange économiquement viable pour leur entreprise. Nous essayons d'appliquer le principe du choix collectif assumé collectivement. Or le fait d'envoyer la facture aux producteurs, qui, en tant que preneurs de prix, voient simplement leurs marges de profit diminuer, nous semble très punitif. Il serait donc possible d'adopter le projet de loi tout en mettant en œuvre un programme incitatif.
Je suis content qu'un spécialiste des biocarburants soit parmi nous.
Quelles sont les possibilités qui s'offrent à nous, monsieur Ghatala? Selon vous, dans combien de temps pourrait-on mettre en œuvre une solution de rechange économiquement viable pour les entreprises, notamment en ce qui concerne le séchage des grains?
Comme mes collègues l'ont dit, nous avons entendu beaucoup de témoins déplorer le manque de solutions de rechange viables. Je m'intéresse beaucoup à la génération de biocarburants à la ferme. L'une des difficultés, c'est la mise en place de l'infrastructure et du système de distribution nécessaires. Cela prend du temps. Chaque fois qu'il y a eu un grand changement dans la société d'une source de carburant à une autre, il a fallu du temps pour créer un réseau de distribution.
Quelles sont les possibilités qui existent pour générer des biocarburants à la ferme, au moyen des méthodes de compostage existantes et du captage du méthane? Les producteurs pourraient-ils l'entreposer dans leurs propres réservoirs pour l'utiliser à la ferme? Est-ce une technologie qui pourrait gagner rapidement en popularité au cours des cinq prochaines années, environ?
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Oui, c'est ce que nous avons entendu clairement. Je vous remercie.
Je vais me tourner vers la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Je pense que le sondage auprès de vos membres est très clair. Pour ce qui est des façons pour le secteur agricole d'être un acteur clé dans la lutte contre les changements climatiques, la fédération a-t-elle déjà mené des sondages, ou dispose-t-elle de données, sur les autres politiques possibles qui sont populaires parmi ses membres?
Quels genres de politique les agriculteurs veulent-ils que le gouvernement fédéral adopte pour les aider à contribuer à la lutte contre les changements climatiques? Quels genres de politique appuient-ils?
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Nous avons demandé, bien entendu, à nos membres ce qu'ils ont fait pour protéger l'environnement.
Comme je l'ai mentionné dans ma déclaration liminaire, nous effectuons régulièrement des sondages auprès de nos membres qui sont agriculteurs, et ils nous fournissent des centaines de commentaires sur les questions qui les préoccupent. Je pense qu'ils sont conscients de faire partie de la solution, et non pas du problème.
J'aimerais vous lire quelques commentaires que nous avons reçus de nos membres.
Voici un commentaire d'un membre de la Saskatchewan: « Les agriculteurs protègent toujours l'environnement. Si ce n'était pas le cas, nous perdrions notre gagne-pain. Des méthodes comme le semis direct ont eu des effets positifs énormes en préservant mieux nos sols, en séquestrant le carbone et en réduisant considérablement l'utilisation du carburant. » C'est donc un commentaire.
Les agriculteurs se soucient de la protection de l'environnement. Nous savons qu'ils ont pris diverses mesures. Nous avons reçu des centaines de commentaires. Ils ont été nombreux à acheter de nouveau équipement plus performant. Ils ont adopté des pratiques agricoles sans travail ou avec travail réduit du sol. Ils utilisent des technologies pour maximiser l'efficacité et réduire les intrants. Ils préservent et protègent les habitats fauniques. Ils ont accru la gestion du fumier, protègent les cours d'eau et recyclent plus de matériels agricoles.
Nous avons mené divers sondages sur l'environnement, et nous savons que nos membres procèdent à des investissements. Il est important que les responsables des politiques reconnaissent les progrès importants réalisés dans le secteur agricole et reconnaissent que le secteur fait partie de la solution, et non du problème.
Nous craignons dans ce cas que l'imposition de taxes sur le carbone coûteuses pour le secteur nuise vraiment à la viabilité de nombreuses entreprises agricoles, à leur rentabilité et à leur capacité d'investir dans les nouvelles technologies.
C'est l'un des points que je voulais souligner. L'augmentation progressive jusqu'à 170 $ la tonne sape leur capacité d'investir dans du nouvel équipement. Je répète encore une fois que nous appuyons les objectifs du projet de loi et considérons qu'il s'agit d'un premier pas positif pour remédier à l'iniquité de la taxe fédérale sur le carbone.
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Je vous remercie beaucoup.
Je remercie nos témoins. Nous avons beaucoup appris pendant cette heure.
Je m'adresse aux représentants de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je pense que vous avez cité certains chiffres et coûts liés à la taxe sur le carbone pour les agriculteurs. Ma question comporte deux volets. Je vais essayer de glisser deux questions ici pour avoir vos commentaires.
Les agriculteurs sont des chefs de file de l'innovation dans l'intendance environnementale et les pratiques à faibles émissions de carbone, mais le projet de loi est conçu de façon à s'assurer qu'ils pourront, pendant une année difficile, souffler un peu à un moment où les prix augmentent de façon générale en raison des conditions météo difficiles ou d'autres scénarios du genre.
La fédération aurait-elle des commentaires à ce sujet et sur les effets qu'aurait le projet de loi ?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma première question s'adresse à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. Je veux les remercier de défendre les petites entreprises. En tant qu'ancien propriétaire d'une petite entreprise, j'en ai fait partie, et je trouvais que la fédération faisait du bon lobbying en faveur des petites entreprises.
Ma première question porte sur votre sondage auprès de vos membres. Vous avez dit avoir 95 000 membres, mais 6 000 entreprises agroalimentaires. Avez-vous inclus seulement les entreprises agroalimentaires dans votre sondage? Ce que je veux savoir, en fait, c'est combien d'entreprises ont participé au sondage? C'est le sondage que vous nous avez envoyé aujourd'hui, je crois.
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Lors de notre dernière séance, nous avons accueilli une représentante de Fermiers pour la transition climatique. Je présume que vous connaissez cet organisme, qui a publié un communiqué de presse à propos du budget fédéral disant qu'il contenait une bonne nouvelle pour « l'agriculture canadienne, alors que les fermiers se préparaient pour une nouvelle saison agricole ».
Le gouvernement a affecté un financement sans précédent pour aider les agriculteurs canadiens à adopter des pratiques écologiques, une mesure qui, selon les prévisions, réduira beaucoup les émissions de gaz à effet de serre produites par les fermes. L'organisme mentionne également qu'« Ottawa investira 200 millions de dollars en nouveau financement sur deux ans pour soutenir les fermiers à réduire les émissions (...), 60 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour protéger les arbres et les terres humides des fermes et 10 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour alimenter les fermes avec des énergies vertes. » Ce sont là quelques mesures prévues dans le budget.
L'organisme Fermiers pour la transition climatique se réjouit du budget, et je pense qu'il n'appuie pas le projet de loi . Il compte plus de 20 000 membres et selon l'un d'eux, Ian McCreary, un producteur de céréales et éleveur de bovins en Saskatchewan:
Nos clients nationaux et internationaux demandent des aliments cultivés de façon plus durable et avec seulement neuf saisons agricoles pour atteindre notre objectif national de 2030 dans l’Accord de Paris, cet investissement aidera les fermiers partout au pays à grandir les pratiques qui sont connues pour réduire les émissions dans notre secteur. (...) Les changements climatiques pose la plus grande menace à notre secteur et cet investissement est essentiel pour qu’on puisse continuer à prospérer.
Ma question est donc la suivante: si le projet de loi n'est pas adopté, quelles sont les suggestions de vos membres? Souhaitent-ils obtenir des subventions et des remises pour ce que leur coûte la tarification de la pollution?
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Comme vous l'avez mentionné, nous sommes sur le terrain chaque jour pour parler de ces enjeux avec nos membres et nous les consultons par l'entremise de divers sondages. Dans nos discussions avec les agriculteurs, ils nous disent tous la même chose: les exemptions sont préférables aux remises. C'est pourquoi nous sommes venus ici aujourd'hui pour appuyer le projet de loi.
Nous devons attendre bien sûr de voir les détails des remises — qui serait admissible, comment leur entreprise pourrait y participer, etc. —, alors il nous faudra plus d'information avant de nous prononcer sur un système de remises, et nous allons devoir consulter nos membres, comme nous le faisons toujours. Nous demandons toujours leur point de vue.
Nous sommes heureux de voir que le gouvernement fédéral a reconnu que la taxe fédérale sur le carbone sur le gaz naturel et le propane est un problème. Nous l'avons vu dans le budget. Nous sommes heureux de voir que tous les partis d'opposition ont appuyé le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, et en discutant avec nos membres agriculteurs, nous avons compris qu'ils appuient les exemptions, et c'est l'une des raisons pour lesquelles la fédération appuie le projet de loi C-206.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Ghatala, j'aimerais poursuivre ce que nous disions. Vous avez mentionné que vous pensiez qu'il était très possible d'intégrer, d'ici 2030, 15 % de gaz renouvelables aux combustibles utilisés pour le séchage des grains, entre autres, sans modifier les équipements actuels. Il serait assez ironique de continuer à taxer les producteurs qui font cet effort sur les autres combustibles qu'ils utilisent.
Je crois comprendre que vous suggérez d'adopter le projet de loi . J'ai beaucoup de questions à poser, mais nous n'avons pas beaucoup de temps, alors essayons de procéder rapidement.
Si on adoptait le projet de loi C-206, auriez-vous un amendement à proposer pour inciter les producteurs à utiliser des biogaz?
Sinon, comment le gouvernement devrait-il les inciter à le faire?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Mes deux questions s'adressent à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Premièrement, la portée du projet de loi est très étroite. Il se lit assez rapidement. Êtes-vous satisfait de ce projet de loi dans sa forme actuelle, ou proposeriez-vous d'y apporter des amendements?
Deuxièmement — et elle découle de ma question précédente —, vous avez dit que les agriculteurs sont très fiers du travail qu'ils font comme intendants de l'environnement sur leurs terres. Je suis d'accord avec vous. Nous connaissons leur fierté et savons qu'ils ont besoin d'un environnement sain pour produire de bonnes cultures. Avez-vous eu des commentaires de vos membres sur la façon de traduire cette fierté dans une politique fédérale efficace?
Vos membres souhaitent-ils que le gouvernement fédéral mette en place des incitatifs pour favoriser l'adoption de meilleures pratiques agricoles pour récompenser la séquestration du carbone? Est-ce que votre organisme a déjà reçu des commentaires à ce propos?