:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 30e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 24 février 2021, et à la motion adoptée par le Comité le 9 mars 2021, le Comité reprend son étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre (combustible agricole admissible).
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hydride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier 2021. Par conséquent, les membres sont, selon le cas, présents dans la salle ou participent à distance grâce à l'application Zoom. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Comme vous le savez, la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
J'aimerais saisir l'occasion de rappeler à tous les participants à cette réunion que les captures d'écran et la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées.
[Français]
Afin de garantir le bon déroulement de la réunion, j'aimerais vous faire part de certaines règles.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour désactiver le mode sourdine. Les micros des participants qui se trouvent dans la salle seront, comme d'habitude, contrôlés par l'agent des délibérations et de la vérification. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence. Lorsque vous n'avez pas la parole, mettez votre microphone en sourdine.
[Traduction]
Avant d'accueillir nos témoins, j'aimerais rappeler aux membres que les amendements proposés au projet de loi doivent être envoyés à la greffière avant le vendredi 7 mai, à 17 heures.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, nous accueillons Warren Goodlet, directeur général, Direction générale des politiques stratégiques.
Bienvenue, monsieur Goodlet.
Aussi du ministère, nous recevons Matt Parry, directeur général, Direction de l'élaboration et de l'analyse des politiques, Direction générale des politiques stratégiques.
Du ministère des Finances, nous accueillons Phil King, directeur général, Division de la taxe de vente, Direction de la politique de l'impôt, et Gervais Coulombe, directeur principal, Accise, Division de la taxe de vente, Direction de la politique de l'impôt.
Merci à vous deux.
Du ministère de l'Environnement, nous recevons Judy Meltzer, directrice générale, Bureau du marché du carbone, Direction générale de la protection de l'environnement.
Je crois savoir qu'il n'y aura qu'une déclaration liminaire de cinq minutes pour tous les ministères.
Peu importe qui veut faire la déclaration liminaire, la parole est à vous.
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Merci, monsieur le président.
Comme on l'a mentionné, je suis Matt Parry. Je suis le directeur général de la Direction de l'élaboration et de l'analyse des politiques à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Merci de nous donner l'occasion d'être ici aujourd'hui pour discuter du projet de loi et des initiatives du gouvernement liées à la tarification de la pollution par le carbone dans le secteur agricole.
Je commencerai par souligner que les changements climatiques constituent l'un des plus grands défis de notre époque. Pour y faire face, il faut l'engagement de toutes les parties de la société canadienne, et les agriculteurs et les éleveurs du Canada font partie de la solution climatique.
Agriculture et Agroalimentaire Canada est activement engagé sur de nombreux fronts pour aider le secteur agricole à réduire ses émissions, de la recherche scientifique au soutien direct aux agriculteurs de tout le pays. Nous travaillons à l'élaboration de solutions efficaces et efficientes qui permettent aux agriculteurs de faire prendre de l'expansion à leur entreprise tout en réduisant les émissions.
Les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole canadien sont relativement stables depuis 2005. Selon le Rapport d'inventaire national de 2021, les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole au Canada étaient d'environ 73 mégatonnes d'équivalent en dioxyde de carbone en 2019, la dernière année pour laquelle des données sont disponibles.
La plupart de ces émissions — environ 60 mégatonnes — sont attribuables à des émissions biologiques provenant des animaux d'élevage et de la production de cultures. Les 13,6 mégatonnes restantes proviennent de l'utilisation de carburants à la ferme, ce qui comprend le carburant pour la machinerie telle que les tracteurs et les moissonneuses-batteuses, ainsi que les sources de chauffage. Ces émissions sont restées relativement stables depuis 2005.
Des émissions de carburant, environ 10 mégatonnes proviennent du transport à la ferme, comme l'essence et le diesel, qui sont actuellement exemptés de la tarification de la pollution. Environ 3,6 mégatonnes proviennent de la combustion fixe, ce qui comprend le séchage du grain et le chauffage des étables, qui ne sont pas exemptés.
Compte tenu de la structure du prix de la pollution par le carbone, cela signifie qu'environ 5 % des émissions de gaz à effet de serre provenant de la production agricole sont actuellement couvertes par la tarification de la pollution.
[Français]
La tarification de la pollution par le carbone est reconnue comme la méthode la plus efficace pour susciter l'innovation et favoriser l'efficacité énergétique afin de réduire les émissions. Depuis 2019, chaque province et chaque territoire du Canada a mis un prix sur la pollution. Les provinces et les territoires peuvent concevoir leur propre système, en respectant les normes nationales minimales, ou adhérer au système fédéral. Le système fédéral de tarification de la pollution par le carbone vise précisément à tenir compte de la situation unique du secteur agricole.
En février 2021, le gouvernement a annoncé qu'il accorderait de nouvelles remises pour l'utilisation de carburant à la ferme, comme pour le séchage du grain, afin d'aider les producteurs d'aliments et d'encourager de nouveaux investissements dans les technologies propres.
Comme annoncé dans le budget, le gouvernement a l'intention de verser une partie des produits de la redevance fédérale sur les combustibles directement aux agriculteurs.
[Traduction]
Cette mesure s'appliquera aux agriculteurs de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et de l'Ontario, les provinces où la redevance fédérale sur les combustibles s'applique. On estime que les agriculteurs de ces provinces recevront 100 millions de dollars la première année, et ce montant devrait augmenter à mesure que le prix de la pollution augmente. D'autres détails seront fournis par le gouvernement plus tard en 2021.
On a également annoncé dans le budget de 2021 que 50 millions de dollars des 165 millions de dollars récemment annoncés pour le Programme des technologies propres en agriculture seront consacrés aux technologies de séchage du grain, et 10 millions de dollars seront versés à l'alimentation des fermes en énergie propre.
[Français]
Ces deux éléments du Programme des technologies propres en agriculture aideront les agriculteurs à investir dans de nouvelles technologies plus efficaces qui réduisent davantage l'utilisation de carburant à la ferme.
Des travaux sont en cours pour mettre au point et lancer ces initiatives dès que possible.
[Traduction]
Grâce à ces programmes, ainsi qu'aux initiatives existantes dans le cadre du Partenariat canadien pour l'agriculture, Agriculture et Agroalimentaire Canada travaille avec les agriculteurs et d'autres intervenants du secteur agricole à réduire les émissions et à lutter contre les changements climatiques.
En conclusion, les mesures annoncées dans le budget de 2021 soulageront les agriculteurs dans les provinces et territoires assujettis au filet de sécurité tout en aidant le secteur à réduire l'utilisation des combustibles fossiles grâce à une meilleure efficacité et à de nouvelles technologies. Agriculture et Agroalimentaire Canada s'efforce de soutenir les agriculteurs aujourd'hui, tout en élaborant et en mettant en oeuvre des politiques qui contribueront à réduire les émissions demain.
Merci du temps que vous nous avez consacré; nous serons ravis de répondre à vos questions.
Comme vous le savez, nous n'avons qu'un témoin pour la seconde partie de la réunion, alors nous prolongerons notre temps avec ce groupe de témoins jusqu'à 18 heures, heure de l'Atlantique, ou 17 heures, heure de l'Est. Cela nous donnera environ 30 minutes avec notre témoin à la deuxième partie.
Je vais suivre la liste des intervenants. Je vais commencer par le premier intervenant jusqu'au dernier et, si je dois le faire, je reprendrai du haut de la liste. Nous avons environ une heure 10 minutes.
Bienvenue, monsieur Lawrence.
[Français]
Je vous souhaite également la bienvenue, madame Pauzé...
Ma question s'adresse aux témoins qui veulent y répondre. Si c'est les trois, je n'y vois pas d'inconvénient.
Merci beaucoup. Je suis d'accord avec vous pour dire que les changements climatiques constituent un problème réel, sérieux et urgent. Je pense que c'est le consensus parmi ce groupe et ce comité. Cela ne fait aucun doute et ne fait pas l'objet de discussion.
L'un des problèmes concerne ce que les intervenants m'ont dit. Ils m'ont fait part les uns après les autres qu'ils préfèrent le projet de loi pour un certain nombre de raisons. L'une des principales raisons est que l'argent est une exemption. Il reste dans leurs poches. Il a une réelle répercussion financière. Le système de crédit est peut-être mieux que rien, mais l'idée que l'argent soit versé ou revienne au gouvernement et qu'il n'ait pas de détails à ce sujet n'est vraiment pas suffisante. Si le gouvernement est si généreux et qu'il fait un travail fantastique avec le crédit, rien ne l'empêche d'abroger le projet de loi C-206 à l'avenir, une fois que ce système de crédit sera en place et fonctionnel.
Ne voudriez-vous pas donner aux agriculteurs un répit en ce qui concerne le projet de loi ? Si c'est à la discrétion du gouvernement, il peut évidemment l'abroger si son système de crédit est si généreux que les agriculteurs n'ont plus besoin de cette exemption.
:
Je peux répondre directement à la question de savoir pourquoi, peut-être, il s'agirait d'un programme de soutien plutôt que d'une exemption. Il y a plusieurs raisons.
Il y a quelques problèmes techniques. Par exemple, la livraison de gaz naturel et de propane est légèrement différente de la livraison d'essence et de diesel, qui est exemptée. C'est généralement acheminé directement et en continu. On peut se retrouver dans une situation où ce n'est pas seulement l'exploitation agricole qui reçoit le gaz naturel, mais aussi la maison qui est alimentée en gaz naturel. Il serait difficile de faire la distinction entre la consommation de l'exploitation agricole et celle de la maison et d'en déduire les frais de combustible lorsqu'il n'y a qu'un seul compteur. Il y a le chauffage de la maison, ou encore un barbecue branché au gaz naturel, et ce serait exempté de la redevance sur les combustibles.
Il y a aussi la question du signal de prix. À tout le moins, avec l'allégement a posteriori, on maintient le signal de prix. Il incite toujours les agriculteurs à trouver des moyens plus efficaces, plus écologiques et moins émetteurs de GES pour mener à bien leurs activités agricoles. L'objectif ultime, en fait, c'est que personne ne paie cette taxe sur le carburant. C'est le changement de comportement par la technologie. Lorsque les agriculteurs ne peuvent pas le faire, ils récupèrent l'argent, ce qui leur apporte un soutien financier.
Ce sont là les deux principales raisons pour lesquelles on a choisi...
De plus, ce qui est ressorti du témoignage... Le Conseil de l'innovation agroalimentaire, le prochain groupe que nous allons entendre, a rédigé un excellent rapport qui révèle que, même si certaines technologies existent, elles sont nouvelles et ne sont pas prêtes à être déployées à grande échelle. Le signal de prix ne mène nulle part.
Je voudrais également dénoncer l'hypocrisie du gouvernement dans cette affaire. Un article du National Post a récemment révélé qu'il accordait à DuPont une énorme exemption pour les hydrofluorocarbures, qui seraient mille fois pires que le dioxyde de carbone. Alors que cette société internationale d'un milliard de dollars bénéficie d'une exemption, nous n'en accordons aucune aux agriculteurs. J'aurais pensé que ce signal de prix s'appliquerait aux sociétés d'un milliard de dollars en plus des agriculteurs. N'est-ce pas le cas?
:
Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins.
Je vais peut-être commencer avec M. King ou un témoin du ministère de l'Environnement.
Quand j'examine le projet de loi , il est assez simple. Il essaie seulement de modifier la définition de carburant agricole admissible.
D'après ce que je comprends, si l'on examine l'ensemble de la Loi sur la tarification de la pollution par les gaz à effet de serre, il y a des définitions des activités agricoles admissibles et des machines agricoles admissibles, ce que ce projet de loi particulier n'aborde pas du tout. Seriez-vous d'avis que le défi, malgré la noble intention de M. Lawrence en ce qui concerne ce projet de loi, c'est qu'il est imparfait en ce sens qu'il ne tient pas compte des activités et des machines qui sont peut-être nécessaires pour le séchage du grain ou le chauffage des étables et autres installations?
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Je vous remercie de cette explication. C'est clair.
À l'échelle du pays, nous constatons que la pollution a un prix. Dans les provinces où s'applique le filet de sécurité, le montant réel recueilli est ensuite remboursé par personne, alors que si vous êtes un gros pollueur, vous pourriez avoir à contribuer davantage au système que ce qui vous revient. Si vous avez moins contribué au système, cela signifie un chèque pour le remboursement en fonction de votre contribution.
Je sais que ce n'est que le début. Pouvez-vous me dire la façon dont vous comptez prendre ces 100 millions de dollars et les distribuer aux agriculteurs actuels, par personne, afin de veiller à ce que nous encouragions les agriculteurs qui modifient leur comportement en les récompensant?
Je veux d'abord vous dire que je siège au Comité permanent de l'environnement et du développement durable et, franchement, je ne suis pas désorientée du tout de vous entendre. C'est très bien.
Ma première question s'adresse à M. King.
Vous avez dit que vous connaissiez très bien le projet de loi, parce que vous l'aviez rédigé.
Est-ce que je comprends bien que, au départ, dans la première mouture, il n'y avait pas d'exemption pour le propane et le gaz naturel, mais que maintenant il y en a une?
:
Merci, monsieur King. J'aimerais effectivement ajouter quelques éléments.
Il faut tout de même se rappeler que, lorsque le projet de loi sur la tarification des gaz à effet de serre avait été présenté, il y avait eu des consultations. En outre, cela avait été précédé, en 2017, d'un document technique. Pendant tout ce processus, il y avait eu une prise de conscience et une importante consultation auprès des Canadiens, notamment les agriculteurs, bien entendu.
La redevance sur les combustibles, qui est présentement en vigueur dans les quatre provinces en question, ne s'applique pas à de nombreuses émissions provenant du secteur agricole. Pensons, entre autres, à toutes les émissions biologiques qui proviennent des troupeaux. Elles constituent pourtant une part importante de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à nos témoins.
Monsieur King, je vais peut-être commencer par vous.
Dans l'échange précédent que vous avez eu avec M. Blois, vous avez exprimé des doutes quant à savoir si le projet de loi a été rédigé de sorte que l'ARC en comprenne précisément le but.
À la lecture des définitions actuelles de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre, je vois clairement que la culture et la récolte des grains relèvent de la définition de l'agriculture, et que la machinerie utilisée pour le séchage pourrait, je crois, se retrouver dans la catégorie de la « machinerie agricole admissible ». C'est un appareil stationnaire; c'est un appareil industriel sur la propriété.
Êtes-vous toujours certain que, malgré cette définition étroite de ce qu'est un combustible agricole admissible, l'intention sera mal comprise?
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Je suis d'accord avec vous à 100 %. Je pense que l'innovation et les échanges entre agriculteurs et le partage des données ont conduit à des innovations étonnantes dans le secteur agricole. Je tiens à préciser que dire — et faire dire à de très hauts fonctionnaires du ministère de l'Agriculture — que la tarification du carbone favorise l'innovation en agriculture, c'est une chose que beaucoup de gens que je représente et que je connais verraient difficilement comme étant la seule façon de parvenir à l'innovation.
À en parler, j'en conclus que c'est le but de ce projet de loi. Vous ne pouvez pas parvenir à l'innovation. Je sais que nous avons parlé de la façon dont il pourrait y avoir des technologies novatrices et nouvelles pour le séchage des grains. C'est possible, mais c'est dans 5 à 10 ans. Monsieur Parry, si vous n'avez pas pu en mentionner une, c'est parce qu'il n'y a pas d'innovation à l'heure actuelle qui permette de sécher 50 000 boisseaux, à part le gaz naturel ou le propane. Nous en sommes encore loin.
Le projet de loi que M. Lawrence propose vise une exemption qui donnerait aux agriculteurs une chance de continuer à faire ce qu'ils font bien, car il y a des agriculteurs en Saskatchewan, en Alberta et au Manitoba qui paient des dizaines de milliers de dollars en redevances sur le carbone parce qu'ils utilisent des séchoirs à grains et des pompes d'irrigation.
Monsieur King, vous avez parlé d'irrigation. À ma ferme, il y a toujours la livraison. Il y a un réservoir de propane qu'un camion livre dans la cour, et ce réservoir fait fonctionner un moteur qui pompe l'eau d'irrigation dans les tuyaux. Ce n'est pas qu'une canalisation. Il y a encore des cas où le propane est livré pour une utilisation à la ferme. Je pense que M. Lehoux connaît de nombreuses personnes qui se font livrer du propane pour chauffer des granges, dans sa circonscription de Beauce.
Ce ne sont là que quelques points que je voulais souligner. En Saskatchewan et dans l'Ouest canadien, ce sont de très grosses exploitations agricoles, des agro-industries. Les séchoirs à grains sont des installations solides, des installations industrielles, qui servent à nourrir les gens, non seulement au Canada, mais dans le monde entier. Je crois que ces agriculteurs ont besoin de cette exemption pour s'assurer qu'ils peuvent continuer à fournir ce bon service.
Ma dernière question est la suivante. Vous savez tous très bien — je le sais — que la rotation des cultures est l'une des grandes innovations en agriculture qui a permis de conserver les éléments nutritifs dans le sol. Encore une fois, j'aimerais que M. Parry me dise si c'est une taxe qui a incité les agriculteurs de partout au Canada à pratiquer la rotation des cultures.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous nos témoins d'être ici. Je leur en suis reconnaissant.
Je vais poursuivre dans la même veine que mes collègues. Il est formidable de pouvoir maintenant dire que tous les grands partis politiques s'entendent sur l'importance de la tarification du carbone. Je suis heureux que les conservateurs aient changé d'avis et se soient ralliés à notre position. J'en suis reconnaissant.
Je tiens à dire que tout le monde ici, peu importe le parti, soutient les agriculteurs. Notre gouvernement soutient les agriculteurs et les innovations dont on a parlé et dont ils font la promotion.
Je sais que nous avons différents piliers et moyens pour les soutenir, et nous nous entendons tous sur la tarification de la pollution. Le gouvernement dit que nous voulons réduire autant que possible les émissions, limiter les répercussions des changements climatiques et continuer de contribuer au renforcement de la résilience des agriculteurs. Nous voulons aussi soutenir les technologies propres, qui vont également créer des emplois.
J'aimerais d'abord poser mes questions à M. Parry. Vous avez parlé brièvement de nouvelles technologies propres, que l'on voit déjà. Vous avez plus précisément dit que Triple Green utilise des biocarburants. Je pense que c'est au Manitoba. Il se sert de la chaleur sèche et de biocombustibles. Je me suis penché là-dessus, car dans ma circonscription, Kitchener—Conestoga, une entreprise qui s'appelle Bio-En utilise des digesteurs anaérobies, qui transforment le méthane du compost en énergie.
Pouvez-vous parler de certaines des méthodes qui permettent de prendre du biocombustible pour créer de la chaleur?
:
Merci, monsieur le président.
Je profite de l'occasion pour remercier les témoins qui sont parmi nous aujourd'hui, puisque je n'ai pas eu la chance de le faire lors du premier tour.
Je sais que la question a été posée précédemment, mais je n'ai pas l'impression que nous avons obtenu une réponse claire. Je ne sais pas lequel d'entre vous répondra à ma question, mais j'aimerais savoir comment on explique que l'exemption du propane et du gaz naturel n'ait pas été incluse dans la première mouture de la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre.
En effet, on comprend l'idée d'avoir exempté le diesel et l'essence, car c'est bon pour la production, entre autres. Cependant, la plupart des témoins nous disent que le propane et le gaz naturel sont moins nocifs pour l'environnement et qu'il n'existe pas d'autres options qui soient accessibles ou viables économiquement, malgré les innovations qu'on est en train de faire.
Pourquoi cela n'a-t-il pas été inclus, au départ? Il me semble que cela correspond à l'esprit de la Loi.
Merci beaucoup, monsieur Epp.
Monsieur King, je veux poursuivre dans la même veine que M. MacGregor.
Quand nous regardons les définitions du projet de loi , il ne fait aucun doute pour moi — à vrai dire, c'est clair comme de l'eau de roche — que le séchage du grain est inclus. C'est d'ailleurs aussi ce que nos légistes parlementaires ont dit.
Si on prend la définition de l'agriculture, en fait, si on demande en quoi elle consiste, elle englobe certainement la production de céréales. Qu'est-ce qu'une « activité agricole admissible »? Cela comprend l'utilisation d'une machinerie agricole admissible. Qu'est-ce qu'une « machinerie agricole admissible »? C'est une machine industrielle ou un équipement à moteur fixe ou mobile.
Tout cela comprend manifestement le séchage du grain. Je ne comprends pas comment vous pouvez même concevoir que le séchage du grain n'est pas inclus là-dedans, et j'estime qu'il est ridicule de dire le contraire.
Pouvez-vous répondre, monsieur King.
:
Je vous remercie, monsieur Ellis. Nous respectons très bien le temps prévu.
Si vous me le permettez, j'aimerais ajouter une question ou une remarque. J'ignore si un des témoins peut éclairer ma lanterne.
À mon avis, des informations trompeuses sont véhiculées. J'ai entendu dire que puisque le gaz naturel ou le propane ont une faible teneur en humidité, le grain sécherait beaucoup plus rapidement à l'aide de ces combustibles qu'avec les autres. Moi qui ai travaillé à la ferme — j'ai utilisé quelques séchoirs —, je sais que la flamme ne sèche pas directement le grain. La chaleur passe par un échangeur thermique. Je pense donc que le type de combustible n'a rien à voir.
De plus, le chauffage au biocarburant et à la biomasse existe depuis longtemps. En fait, j'ai moi-même une chaudière à biomasse depuis plus de 30 ans, et il y a eu beaucoup d'améliorations sur ce plan. J'en ai vu une sur l'île qui brûle de la paille. Certains ont dit que si nous enlevons la paille, nous perdrons des nutriments précieux. Or, nous le faisons constamment lorsque nous vendons la paille ou d'autres produits.
Je me demande simplement s'il est possible d'accélérer la cadence puisque la technologie existe déjà. Il s'agit plutôt d'une remarque, mais si quelqu'un veut répondre, je vais l'écouter. Sinon, nous allons poursuivre.
Je tiens à remercier nos témoins: M. Goodlet et Matt Parry, du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire; Phil King et Gervais Coulombe, du ministère des Finances; et Judy Meltzer, du ministère de l'Environnement. Je vous remercie tous d'avoir témoigné.
Nous allons suspendre la séance quelques minutes, après quoi nous reviendrons pour écouter notre dernier témoin. N'allez pas trop loin; nous serons de retour sous peu.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître de nouveau devant votre comité. La dernière fois que j'ai témoigné, c'était en février. Il y avait une tempête de neige, et je pense que j'avais songé aux défis des connexions Internet dans les régions rurales. Je suis fier de dire que notre région a bénéficié d'une mise à niveau, et que je devrais pouvoir utiliser Internet sans problème aujourd'hui. En plus, il n'y a pas de neige.
La dernière fois que j'ai comparu, c'était pour discuter de la capacité de transformation. Je constate que votre rapport a été publié, et je tiens vraiment à féliciter le Comité pour son excellent document, qui contient des recommandations substantielles. J'espère que le gouvernement contactera les parties prenantes pour discuter de leur mise en œuvre — des gens comme nous.
Ce serait formidable, mais je suis ici pour discuter du projet de loi , monsieur le président.
Je voulais d'abord préciser que le projet de loi vise à élargir l'exemption de la taxe sur le carbone à certaines exploitations agricoles qui utilisent du propane et du gaz naturel. Comme vous le savez, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou GES, est une priorité tant pour le Canada que pour les agriculteurs. Toutefois, lorsqu'il n'y a pas d'autre option viable, les agriculteurs ne devraient pas être pénalisés pour réaliser ce qu'ils font de mieux: nourrir les Canadiens et contribuer à notre économie.
Nous sommes assurément en faveur du projet de loi, et ce, pour les raisons suivantes.
Pour l'instant, il n'existe pas d'option viable et extrapolable à l'ensemble du secteur. Bien qu'il existe de nouvelles technologies, elles doivent encore faire l'objet de recherches, surtout pour les adapter aux conditions particulières du Canada.
Le caractère extrapolable de ces nouvelles technologies est également un problème. Ce n'est tout simplement pas encore au point, et nous devons être réalistes sur le fait que nous ne serons pas en mesure d'accroître l'échelle de ces nouvelles technologies dans un proche avenir.
Nous avons fait des recherches sur la question, monsieur le président. Nous avons consulté nos membres, et ils nous ont donné une réponse presque unanime. Si les coûts des agriculteurs augmentent, certains d'entre eux abandonneront le secteur, ce qui aura un effet négatif sur l'emploi, sur la balance commerciale et aussi sur notre sécurité alimentaire, un enjeu auquel nous devons vraiment réfléchir.
Le Conseil de l'innovation agroalimentaire a récemment organisé un webinaire sur l'agroalimentaire et les changements climatiques. Il réunissait des experts internationaux tels que M. Ould-Dada, directeur adjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture; Mme Ringler, qui travaille à l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires; et Mme Sally Rockey, qui a longtemps été cadre supérieur de la fonction publique aux États-Unis, et qui est désormais directrice générale de la Foundation for Food and Agricultural Research.
Ils étaient tous d'accord pour dire ceci: il est primordial de tenir compte de la sécurité alimentaire lors de la mise en œuvre de mesures visant à réduire les émissions de GES en agriculture; par ailleurs, des investissements soutenus dans la recherche et l'innovation sont essentiels pour soutenir les réductions des émissions de GES dans l'agriculture ainsi que l'adaptation aux changements climatiques.
Nous sommes tout à fait en accord avec ces deux énoncés de nos experts, et nous croyons que le Comité devrait y réfléchir et adopter [Difficultés techniques]. Nous pensons toutefois que l'exemption doit aussi s'appliquer à d'autres types d'agriculture.
Pour l'instant, l'exemption se limite à certains types d'agriculture, et nous trouvons injuste de pénaliser les autres agriculteurs, comme ceux qui ont des granges et qui ont besoin de chaleur pour les animaux. Il n'est pas raisonnable de les laisser pour compte. Il y a d'autres types d'agriculteurs qui font eux aussi un travail important et qui fournissent au Canada et aux Canadiens un service essentiel. Nous croyons qu'ils devraient aussi être pris en compte par le projet de loi afin de les aider.
De plus, nous croyons que la mesure devrait être permanente, monsieur le président. C'était un sujet de discussion au sein du Conseil, mais en fin de compte, la grande majorité de nos membres ayant répondu au sondage ont jugé important d'étendre la protection pour qu'elle soit permanente.
La raison est simple. Les agriculteurs réalisent des investissements importants pour le matériel et l'équipement. Une mesure temporaire augmentera leur inquiétude et les empêchera de faire une planification financière adéquate et de faire l'acquisition de nouvelles machines. Pour l'instant, aucun appareil, aucune technologie n'est extrapolable et ne leur permet d'utiliser d'autres carburants de façon viable, comme un carburant propre et renouvelable. Par conséquent, nous croyons que la mesure devrait être permanente pour qu'ils aient la certitude — et j'insiste sur ce mot — qu'il n'y aura pas de changement dans un avenir proche.
Monsieur le président, il existe des solutions plus écologiques, comme les systèmes de gazéification, la pyrolyse à basse température, les digesteurs anaérobies et les équipements à batteries. Il y a bel et bien différentes options, mais elles rencontrent plusieurs obstacles. J'ai dit qu'elles ne sont souvent pas viables. Leur prix est tout simplement trop élevé, et il serait irréaliste d'en accroître l'échelle.
Il ne faut pas oublier que nos agriculteurs soutiennent la concurrence des États-Unis, de la Russie, du Brésil et d'autres pays. Nous devons être prudents à ce chapitre...
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C'est une autre bonne question.
Cela dépend des pays. En France et en Allemagne, par exemple, énormément de choses sont faites pour aider les producteurs à faire une transition. Notamment, il y a énormément de financement pour les producteurs. Ce n’est pas le cas au Canada. Nous ne sommes pas au même niveau. Dans ces pays, grâce aux subsides qu'ils reçoivent, les fermiers peuvent se permettre d'adopter ces technologies extrêmement chères; autrement, la plupart des fermiers n'en ont pas les moyens.
Toutefois, nos inquiétudes sur le plan de l'environnement ne sont peut-être pas partagées par d'autres pays, comme la Russie ou le Brésil, qui nous font toujours concurrence malgré tout. Nos fermiers, s'ils veulent vendre leurs grains, doivent pouvoir faire concurrence à ce genre de pays.
C'est pour cette raison que je dis que nous devons réellement faire attention à ce que nous faisons. Comme le dit très justement l'expression, il vaut mieux ne pas tuer la poule aux œufs d'or.
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Je vois que certains projets pilotes ont déjà été mis sur pied. Des projets de ce genre existent au Manitoba, en Ontario et au Québec. Il y a eu récemment un reportage très intéressant de Radio-Canada à ce sujet.
Cependant, pour encourager ce genre d'initiative à l'échelle de tout le secteur, il va falloir plus qu'un ou deux projets pilotes. Cela va nécessiter une recherche plus approfondie sur les divers domaines, sur la commercialisation et sur la capacité d'obtenir les matériaux de base, en vue d'adopter ces nouvelles technologies à l'échelle du pays. Je pense qu'il va falloir davantage que quelques petits projets pilotes.
Si vous me demandez ce qui sera nécessaire, je vais vous répondre que, selon moi, un effort concerté du gouvernement et des industries de production sera nécessaire pour trouver de nouvelles technologies et investir massivement dans ces dernières, dans la recherche et dans leur mise en œuvre. Je pense qu'il va falloir faire cela d'une façon à la fois systématique et directe, tout en accroissant la collaboration.
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Vous parlez d'investissements massifs en recherche-développement et vous dites qu'il faudra développer tout cela rapidement, ce sur quoi nous sommes d'accord.
Plus tôt, en réponse à une question de Mme Bessette, vous avez dit qu'il fallait une exemption permanente pour qu'il y ait des investissements. Parmi les témoins que nous avons reçus, il y avait Mme Ross, si mes souvenirs sont exacts, qui avait un nouveau séchoir qu'elle disait plus performant, donc moins polluant.
Croyez-vous que les gens du milieu devraient continuer à améliorer leurs séchoirs actuels ou qu'ils devraient plutôt garder leur argent d'ici à ce que ces nouvelles technologies soient au point, c'est-à-dire dans sept ou huit ans, peut-être?
Faudrait-il quand même continuer à moderniser les séchoirs actuels?
:
Merci, monsieur MacGregor.
C'est tout le temps que nous avions, mais je peux peut-être me permettre une brève question.
Nous savons que les États-Unis sont probablement notre plus grand concurrent, mais que leur marché est probablement aussi notre plus grand marché. Nous savons qu'il y a une nouvelle administration à la tête du pays, qui resserrera les règles sur les émissions de carbone. Si elle devait imposer une tarification du carbone aux agriculteurs... Elle évoque aussi la possibilité d'imposer une taxe si elle ne juge pas le produit d'une entreprise suffisamment respectueux de l'environnement.
Compte tenu des coûts de chauffage élevés au Canada, entre autres choses, croyez-vous que cela pourrait changer votre opinion sur la meilleure façon de procéder ou devrions-nous simplement multiplier les incitatifs pour développer la technologie nécessaire plus vite?
:
Je pense qu'il faut développer la technologie le plus vite possible. Nous avons aussi un qui affirme avoir une excellente relation avec le nouveau président, donc je suis certain qu'il n'y aura pas de nouvelle taxe sur nos produits et que nous ne subirons aucun effet négatif de tout cela.
Il faut simplement nous atteler à la tâche. Il faut mettre des incitatifs en place. Il faut favoriser et financer l'adoption de ces technologies, mais aussi faire attention de tenir compte de la réalité des agriculteurs établis.
Monsieur le président, vous avez tout à fait raison. Il y a une nouvelle administration qui est arrivée au pouvoir, un nouveau shérif au sud de notre frontière, probablement un peu moins tonitruant que le précédent, mais il y a un nouveau shérif en ville. Nous espérons vraiment qu'il apportera un vent de changement positif.
Que cela ne fasse aucun doute, monsieur le président, nous croyons qu'il doit y avoir des changements et qu'il faut réduire nos émissions de GES. Nous croyons simplement qu'il faut agir avec prudence, sans pénaliser le milieu agricole, qui aide tellement notre pays.