:
Bienvenue à la 12
e séance du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
[Français]
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 29 octobre 2020, le Comité entreprend son étude sur l'octroi des licences d'exportation d'armes, avec une attention particulière sur les licences d'exportation vers la Turquie.
[Traduction]
Pour assurer le bon déroulement de la réunion, j'invite tout le monde à laisser son micro en sourdine sauf pour parler. Il faudra aussi adresser ses commentaires à la présidence. Quand il vous restera 30 secondes pour poser vos questions ou pour parler, je vous ferai signe avec ce carton jaune qui fait désormais partie du paysage. Les services d'interprétation sont accessibles à partir de l'icône du globe au bas de votre écran.
Chers collègues, nos témoins ont accepté de rester jusqu'à 17 h 45. Cela nous donne une heure complète avec eux. Je propose que nous poursuivions sur cette lancée.
[Français]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
[Traduction]
Nous accueillons Justin Mohammed, militant des droits de la personne et des politiques d'Amnistie internationale Canada, ainsi que Stacia Loft, stagiaire en droit. De Project Ploughshares, nous accueillons Cesar Jaramillo, directeur exécutif, et Kelsey Gallagher, chercheur. De l'Institut Rideau des affaires internationales, nous accueillons Peggy Mason, présidente.
Sans plus tarder, nous allons commencer par les représentants d'Amnistie internationale. Vous avez cinq minutes pour faire votre déclaration préliminaire.
Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi d'abord de souligner que je me joins au Comité depuis le territoire algonquin non cédé d'Ottawa, en Ontario.
Nous tenons à remercier le Comité de nous avoir invités, surtout en cette Journée internationale des droits de l'homme. Nous souhaitons à tous les membres du Comité une bonne Journée internationale des droits de l'homme.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, comme vous le savez peut-être, le Canada a adhéré au Traité sur le commerce des armes, ou TCA, en septembre de l'an dernier, après quoi ce texte est devenu exécutoire pour le Canada en droit international. Il s'agit d'une convention importante qui peut aider à prévenir la perpétration de crimes internationaux graves, dont les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. C'est pourquoi Amnistie internationale a fait campagne au Canada et partout dans le monde pour encourager les États à adopter des lois nationales qui mettent pleinement en œuvre les conditions du traité.
Amnistie internationale est encouragée par la décision du Comité d'étudier les contrôles, les protocoles et les politiques entourant l'octroi et le gel des exportations d'armes. Cependant, nous rappelons respectueusement au Comité que ces mesures ne sont tout simplement pas des lois. Il faut commencer par veiller à ce que le cadre juridique du Canada mette pleinement en œuvre toutes les obligations juridiques internationales prévues dans le traité.
Le projet de loi , modifiant la Loi sur les licences d'exportation et d'importation, la LLEI, a été présenté pour mettre en œuvre le TCA, et il a renforcé le régime canadien de contrôle des exportations. Toutefois, le régime juridique et réglementaire qu'il a créé n'a pas permis de mettre pleinement en œuvre le traité. Plusieurs organismes de la société civile ont présenté des mémoires sur ces lacunes au Comité sénatorial des affaires étrangères en novembre 2018, puis, de nouveau, quand Affaires mondiales Canada a entrepris des consultations en vue d'élaborer un ensemble de règlements qui allaient accompagner le projet de loi C-47 en avril 2019.
Je vais simplement vous donner deux exemples qui ont été soulignés dans ces mémoires. Premièrement, l'article 6 du Traité sur le commerce des armes interdit de façon absolue certains transferts d'armes, comme ceux qui violent les embargos ou les transferts d'armes du Conseil de sécurité de l'ONU, dès lors qu'on sait que les armes vont être utilisées pour la commission d'un génocide, de crimes contre l'humanité ou de crimes de guerre. L'interdiction absolue de telles exportations n'existe pas en droit canadien.
Deuxièmement, on constate aussi des lacunes dans le processus d'exportation d'armes des États-Unis. Un soi-disant permis d'exportation général permet d'exempter presque toutes les exportations d'armes américaines de l'examen prévu aux articles 6 et 7 du TCA. De telles exemptions ne sont pas autorisées en vertu du traité.
Comme mes collègues vous l'expliqueront plus en détail, le fait de ne pas intégrer pleinement le TCA dans le droit canadien a pour conséquence que le Canada continue d'exporter des armes qui pourraient être utilisées pour commettre des crimes internationaux graves.
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue, Stacia Loft, qui poursuivra notre témoignage.
Notre compréhension du processus d'examen des exportations du Canada après le projet de loi s'appuie sur le rapport final d'Affaires mondiales Canada concernant les exportations d'armes vers l'Arabie saoudite. Le a ordonné aux fonctionnaires de rendre public le document plus tôt cette année. Il y a certes lieu de saluer cet exercice de transparence, mais il faut dire que le rapport final révèle de graves lacunes dans le processus d'évaluation des exportations du Canada.
Premièrement, ce rapport laisse entendre, à tort, que la définition de « risque sérieux » devrait tenir compte de la question de savoir s'il est possible de déceler un comportement répétitif relativement aux violations des droits de la personne. Ce n'est pas le bon critère en vertu du TCA. La perspective de risque existe, et c'est ce dont il faut tenir compte. Bien que le comportement répétitif puisse être un indicateur de risque, il n'est pas un déterminant du risque. Il indique un seuil plus élevé que celui exigé par le traité.
Deuxièmement, le rapport final ne s'appuie pas sur des rapports autorisés par des organisations de défense des droits de la personne ou de la société civile, qui documentent depuis longtemps les violations des droits de la personne en Arabie saoudite et les violations possibles du droit international et du droit humanitaire. Il est également sélectif dans son traitement du rapport de 2019 du groupe d'experts éminents de l'ONU. Enfin, il comporte des erreurs d'interprétation en droit humanitaire international. Par exemple, il ne tient pas compte des préoccupations exprimées au sujet des fusils utilisés par les tireurs d'élite, affirmant qu'ils servent au ciblage de précision et qu'ils sont donc moins susceptibles d'entraîner des pertes civiles.
Bien que de tels fusils soient un moyen de guerre autorisé, cela ne signifie pas que les méthodes d'utilisation sont conformes. Un fusil de tireur d'élite entre les mains d'une personne qui l'utilise pour cibler des civils ne représente pas moins une violation du droit humanitaire international. Si c'est là toute la rigueur qu'on applique aux questions de droit international humanitaire en matière d'exportation d'armes par le Canada, c'est là que le bât blesse.
Pourquoi le Canada a-t-il besoin d'un système de contrôle des exportations plus rigoureux, plus précisément d'un système qui mette pleinement en œuvre le TCA? Le cas de l'Arabie saoudite est un exemple. Le bilan de ce pays en matière de droits de la personne est incontestable. Il est de notoriété publique qu'il viole les droits de la personne, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Tout cela soulève des questions. Si l'on considère que, dans une telle situation, il n'existe pas de risque que des armes canadiennes soient utilisées pour commettre de graves violations contre les droits de la personne et le droit humanitaire international, alors quand va-t-on estimer qu'un tel risque existe?
En conclusion, Amnistie internationale propose deux recommandations à l'intention du Comité. Je serai brève.
Premièrement, le Canada devrait modifier sa législation nationale pour s'assurer qu'il respecte entièrement les modalités du TCA. Entretemps, le gouverneur en conseil pourrait prendre des règlements donnant force de loi à ces obligations.
Deuxièmement, et nous finirons là-dessus, le Canada devrait réévaluer les permis d'exportation dès que des violations du droit international humanitaire et du droit international en matière de droits de la personne, ou dès que des cas de violence fondée sur le sexe sont allégués par des organismes d'enquête nationaux ou internationaux, ou par des organisations de défense des droits de la personne ou encore par des organismes de la société civile.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant votre comité.
Distingués membres du Comité, contrairement à ce que prétend le gouvernement, le Canada n'a pas l'un des meilleurs systèmes de contrôle des exportations au monde.
Et ce n'est pas là une question d'opinion ou d'interprétation. Les rapports annuels sur les exportations militaires canadiennes préparés par Affaires mondiales Canada confirment un fait indéniable, à savoir qu'aujourd'hui, la plupart des exportations d'armes canadiennes contribuent à soutenir des régimes autocratiques, à perpétuer des conflits armés ou à permettre la violation des droits de la personne.
Un exemple récent concerne les exportations militaires canadiennes vers la Turquie. On a constaté la présence de capteurs optiques produits en Ontario par L3Harris Wescam dans de nombreuses autres zones de conflit, notamment en Syrie, en Irak et en Libye. Plus récemment, l'Azerbaïdjan s'est servi de tels capteurs dans des attaques contre des cibles arméniennes dans le Nagorny-Karabakh. Ces exportations présentent un risque important de violation des droits de la personne et du droit humanitaire international. Dans le cas de la Libye, elles constituent une violation flagrante d'un embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l'ONU.
La suspension par le Canada des exportations d'armes vers la Turquie après le signalement de cas d'utilisation abusive était bienvenue et nécessaire, mais si l'on se fie à l'histoire récente, elle pourrait être de courte durée.
C'était la quatrième fois en un peu plus de trois ans que le Canada annonçait la suspension des permis d'exportation vers un pays accusé de violation du droit international. Deux de ces incidents concernaient l'Arabie saoudite, la principale destination des exportations d'armes canadiennes, et l'un des pires violateurs des droits de la personne sur la planète. Chaque fois que la suspension a été levée, les médias ont relâché leur attention. Dans le cas des exportations saoudiennes, les suspensions n'ont pas empêché une seule exportation parce qu'elles ne s'appliquaient qu'aux permis futurs.
Il est troublant de constater que l'industrie canadienne de l'armement est désormais liée de façon inquiétante à des régimes déshonorants engagés dans certains des conflits les plus dévastateurs du monde. Nous sommes conscients que ce point de vue s'oppose au discours soigneusement élaboré du gouvernement sur les normes élevées de rigueur et de transparence qui sont censées guider les décisions du Canada en matière d'exportation d'armes, mais les preuves sont solides et convaincantes.
Le monde en prend bonne note. En septembre de cette année, le Groupe d'éminents experts internationaux et régionaux sur le Yémen, mandaté par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a publié un rapport qui confirme non seulement la tendance des violations des droits de la personne commises par toutes les parties au conflit, mais aussi le rôle que le Canada et d'autres exportateurs d'armes ont joué auprès des parties au conflit pour perpétuer la crise.
On constate un écart criant entre la rhétorique et la pratique au sujet des exportations d'armes canadiennes. Il est grand temps que le Parlement exerce une surveillance stricte sur cet aspect important de la politique étrangère du Canada. Un point de départ pourrait être la création d'un sous-comité du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international pour assurer le respect du droit national et international, y compris les obligations du Canada en vertu du Traité sur le commerce des armes.
Je vais céder la parole à mon collègue Kelsey Gallagher.
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Merci, monsieur Jaramillo.
Et merci au Comité de son accueil.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, au cours des dernières années, le Canada a exporté en Turquie d'importants volumes de capteurs de surveillance et d'acquisition de cibles L3Harris Wescam fabriqués au Canada, qui sont utilisés par l'armée turque. Ces capteurs sont généralement fixés sous les ailes d'aéronef et de drones, et ils servent à surveiller des cibles potentielles au sol. Toutefois, il ne faut pas les confondre avec de simples caméras. La variante des capteurs canadiens exportés en Turquie, le Wescam MX-15D, est également munie d'un marqueur laser qui sert à diriger les munitions vers leurs cibles. Elles sont essentielles à la conduite des frappes aériennes modernes.
La majorité des capteurs fabriqués au Canada et exportés en Turquie sont utilisés sur le drone turc Bayraktar TB2 et ils l'ont aussi largement été au combat dans plusieurs zones de conflit. La Turquie les a par ailleurs fournis à ses alliés en Libye et dans le Nagorny-Karabakh. La fourniture par la Turquie de capteurs Wescam à ses alliés est un exemple classique de détournement, soit le transfert illicite de systèmes d'armes à des utilisateurs non autorisés. Le fait que des armes canadiennes soient détournées vers la Libye est particulièrement inquiétant, car cela constitue également une violation de l'embargo sur les armes imposé par les Nations unies il y a près de 10 ans contre ce pays.
Le détournement est interdit en vertu du Traité sur le commerce des armes, auquel le Canada est partie. Par conséquent, le gouvernement du Canada a l'obligation, en vertu du droit international, de lutter contre le détournement illicite des systèmes d'armes, ce qui s'applique incontestablement à la Turquie. Tandis que la suspension temporaire des exportations d'armes du Canada vers la Turquie est un pas dans la bonne direction, cette mesure se fait attendre depuis longtemps. Selon un rapport de l'ONU publié l'an dernier, depuis mai 2019, voire plus longtemps, la Turquie détourne des drones vers la Libye, y compris le Bayraktar TB2 qui est invariablement équipé de capteurs Wescam fabriqués au Canada. À elles seules, ces conclusions auraient dû faire ressortir clairement le risque important associé à ces exportations d'armes.
Compte tenu du comportement effronté de la Turquie en Libye, Affaires mondiales Canada n'aurait pas dû être surpris d'apprendre que les mêmes armes canadiennes alimenteraient la guerre dans le Nagorny-Karabakh. De toute évidence, la fourniture d'armes par la Turquie à l'Azerbaïdjan a eu une influence considérable sur l'issue de ce conflit.
Pour s'acquitter de ses obligations en vertu du droit international, le gouvernement du Canada devrait cesser complètement d'exporter de tels systèmes d'armes vers la Turquie ou courir le risque de ne pas respecter les cadres internationaux de contrôle des armements auxquels il a volontairement adhéré.
Merci.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée ici aujourd'hui.
Le Canada a besoin d'un organisme indépendant et impartial de contrôle des exportations d'armes. Depuis que je suis devenue présidente de l'Institut Rideau, en juin 2014, nous suivons, bon an mal an, la longue et sordide saga de nos exportations d'armes vers l'Arabie saoudite.
Ces exportations se sont poursuivies en dépit d'une répression interne odieuse au Royaume d'Arabie saoudite, d'assassinats planifiés par l'État pouvant atteindre le territoire canadien et, ultime tache, d'un rapport d'expert des Nations unies sur les droits de la personne nommant explicitement et humiliant les exportateurs d'armes, y compris le Canada, l'Iran et le Royaume-Uni pour avoir « contribué à perpétuer le conflit » au Yémen et pour les souffrances humaines quasi inimaginables qu'il a engendrées.
Et hélas, ce n'est pas tout.
Comme vous l'avez entendu, Project Ploughshares a documenté de façon exhaustive le fait que la technologie canadienne des drones exportée en Turquie est utilisée dans les conflits en Libye, en Syrie et en Irak. Les allégations selon lesquelles la Turquie aurait transféré ce matériel à des groupes armés en Libye, contrairement à l'embargo obligatoire sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l'ONU il y a 10 ans, sont particulièrement choquantes.
Il y a aussi ce qui se passe au Nagorny-Karabakh.
Nous avons été témoins d'une tendance cynique à Affaires mondiales Canada à suspendre les nouvelles licences d'exportation sous les projecteurs des médias, à annoncer une enquête interne, puis à lever la suspension dès que le battage médiatique s'estompe, tout en continuant dans la plupart des cas les exportations réelles de toute façon, en vertu des permis existants.
Le rapport d'Affaires mondiales, qui justifie la levée de la dernière suspension d'exportation d'armes dans le cas de l'Arabie saoudite, soutient même que, malgré les appels répétés des experts de l'ONU afin que tous les pays cessent leurs exportations d'armes, les armes canadiennes ne sont pas visées. C'est ce qui a amené le groupe d'experts des Nations unies, dans son rapport suivant, celui de septembre 2020, à désigner explicitement le Canada. Jamais, l'ancienne ambassadrice que je suis n'aurait imaginé voir le nom du Canada dans un tel rapport.
Je pose la question: à quoi sert-il qu'Affaires mondiales enquête sur lui-même?
Le conflit d'intérêts est évident, car Affaires mondiales Canada poursuit deux objectifs de politique contradictoires, soit permettre la vente d'armes à des acheteurs étrangers, d'une part, et respecter les obligations internationales et nationales visant à protéger les droits de la personne et la sécurité internationale qui exigent des limites strictes sur les ventes, d'autre part. De plus, quand le ministre annonce une enquête d'Affaires mondiales, il demande en fait aux fonctionnaires de déterminer s'ils lui ont donné de mauvais conseils la première fois. Quelle est la probabilité qu'ils le fassent?
Le nouveau cadre réglementaire en place, qui a permis au Canada d'adhérer au Traité sur le commerce des armes impose des limites juridiques strictes au pouvoir discrétionnaire du ministre d'approuver les exportations, mais ce ne sont pas ces dispositions telles qu'elles sont rédigées qui font problème. Le problème, c'est la loi telle qu'elle est appliquée ou, plus précisément, telle qu'elle n'est pas appliquée.
Comment le gouvernement du Canada peut-il être obligé d'agir conformément aux lois canadiennes? À l'heure actuelle, le seul recours dont disposent les citoyens, à part la cour de l'opinion publique, consiste à traîner le gouvernement du Canada en Cour fédérale, mais les procédures judiciaires sont longues et coûteuses, et interviennent nécessairement a posteriori. C'est pourquoi nous avons besoin d'un nouvel organisme indépendant pour administrer de façon impartiale nos exportations d'armes conformément aux lois canadiennes et internationales.
Au nombre des arguments en faveur de cette mesure, mentionnons l'absence de conflit d'intérêts de la part des administrateurs entre la promotion du commerce et le respect des droits de la personne, les embargos sur les armes prononcés par les Nations unies et d'autres obligations juridiques du Canada; le fait qu'on n'ait pas demandé aux fonctionnaires d'examiner leurs propres recommandations antérieures; et un avis juridique indépendant et expert fondé sur toutes les preuves disponibles, ainsi que d'autres compétences requises pour guider les décisions. De plus, un comité de la Chambre des communes pourrait être chargé d'assurer la surveillance parlementaire, comme l'a recommandé aujourd'hui Project Ploughshares. L'avantage ultime pour les élus est de faire en sorte que la politique intérieure ne soit plus montrée du doigt.
Entretemps, Affaires mondiales peut prendre deux mesures immédiates pour améliorer son lamentable bilan. Premièrement, le ministère pourrait entreprendre des consultations sur la création d'un groupe consultatif indépendant, comme cela avait été promis en avril 2020, et, deuxièmement, il pourrait mandater un avis juridique d'expert indépendant sur la conformité aux obligations juridiques internationales du Canada dans le cadre du processus actuel de demande de permis d'exportation d'Affaires mondiales.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais parler des pouvoirs conférés par la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. J'aimerais entendre Mme Mason et les témoins de Project Ploughshares à ce sujet. Je crois comprendre qu'il y a un certain nombre d'années, ces pouvoirs ont été délégués à Affaires mondiales, à un niveau inférieur à celui du ministre, et que, il y a plusieurs années, ces pouvoirs délégués ont été révoqués pour être remis au cabinet du ministre.
Avez-vous des renseignements à ce sujet, madame Mason, monsieur Jaramillo ou monsieur Gallagher?
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Auparavant, le ministre avait presque tous les pouvoirs nécessaires pour autoriser toutes les exportations vers n’importe quelle destination, peu importe le bilan du destinataire sur le plan des droits de la personne.
Récemment, dans le cadre du projet de loi , qui visait à préparer le Canada à adhérer au Traité sur le commerce des armes, les choses ont évolué pour le mieux. Il y a maintenant ce qu’on appelle la clause du risque substantiel en vertu de laquelle, si Affaires mondiales Canada détermine qu’il existe un risque ou une possibilité de mauvaise utilisation d’une exportation donnée, le ministre a non seulement le pouvoir, mais aussi l’obligation de refuser ladite exportation. Nous sommes maintenant dans une position beaucoup plus solide.
Comme l’a dit ma collègue, Peggy Mason, de l’Institut Rideau, c’est la loi. Il y a toujours un écart entre la loi telle qu’elle est rédigée et la loi telle qu’elle est appliquée. C’est l’application de la loi qui comporte de graves lacunes.
Je dois dire que tous vos rapports sont très détaillés. Ils parlent d’obligations juridiques, surtout en ce qui concerne la Turquie, qui continue de détourner les ventes d’armes en contradiction avec le droit international. Je n’essaie pas de dire que le Canada n’a rien à voir là-dedans, mais quel est le rôle des pays de l’OTAN qui continuent de permettre à la Turquie de violer le TCA? Croyez-vous — et quelqu’un qui connaît les tenants et aboutissants de cette question, comme Mme Mason, pourra nous le dire — que le Canada ne peut rien faire parce que des membres de l’OTAN, comme le Royaume-Uni et les États-Unis dont vous avez parlé, exercent des pressions sur les autres membres pour qu’ils maintiennent le statu quo et acceptent les violations pour diverses raisons géopolitiques?
Quelqu’un peut-il répondre à cette question? La question est tendancieuse. Je ne connais pas la réponse parce qu’aucun d’entre nous ne sait ce qui se passe ici, mais pouvez-vous me dire, madame Mason, comment cela fonctionnerait à l’intérieur de l’OTAN? Ensuite, M. Jaramillo pourra répondre.
Vous avez parlé de la nécessité de modifier les lois nationales relativement au TCA. Selon vous, quels amendements devrions-nous apporter? Je pensais que la loi était déjà précise et conforme au TCA, mais notre loi nationale devrait-elle être modifiée davantage? Comment pouvons-nous éviter la politique intérieure?
On sait ce qui se passe à la période des questions quand, après une simple question, tout se transforme en champ de mines politique et que les choses s’embrouillent, au lieu que nous examinions clairement nos lois et nos obligations. Comment pouvons-nous modifier le projet de loi ? Devrait-il être modifié? Quelles mesures devrions-nous prendre ensuite pour nous assurer...?
Vous avez parlé d’un groupe de surveillance indépendant qui aurait une position claire au sujet de ses obligations juridiques, de son indépendance juridique, etc., un groupe qui pourrait devenir réalité. Comment échapper aux affres de cette politisation des débats qui nous guette à la Chambre des communes dès qu’il sera question de ce projet de loi, dès qu’il faudra voter à son sujet, parce ce que tout le monde s’adonnera à des jeux politiques? Que faire? Je pose cette question non pas parce que je suis partisan, mais parce que je ne veux pas que le nom du Canada soit traîné dans la boue sur la scène internationale et que nous ne respections pas nos obligations. À quoi devrait ressembler la législation nationale?
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Ce n’est pas vraiment radical quand on considère le genre de monde dans lequel nous vivons maintenant, avec le genre de défis et le genre de « nouvelle pensée » dont nous avons besoin. Ce n’est pas du tout aussi radical que cela, mais c’est radical pour la vieille diplomatie d’Affaires mondiales.
Si la décision finale était prise par un organisme indépendant, les parlementaires n’y participeraient pas. Le rapport serait présenté au Parlement, qui pourrait débattre de l’opportunité d’adopter une nouvelle loi, etc., mais les décisions seraient prises au départ par l’organisme indépendant.
Rappelons-nous, par exemple, le scandale du thon contaminé dans les années 1980, à la suite duquel, le ministre a perdu son pouvoir de renverser les conclusions des inspecteurs. Il en a découlé certaines avancées comme en matière de salubrité des aliments à Agriculture Canada. Le mandat d’exécution du programme de promotion alimentaire a alors été confié à une agence distincte, l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
C’était en 1997. Ce n’est pas que nous ne pouvons pas faire ce genre de choses. C’est simplement qu’avec la diplomatie, parfois, dans ces domaines, les choses semblent plus difficiles qu’elles ne le sont en réalité.
:
Je vais continuer dans la même veine, monsieur le président.
On a bien vu que le disposait de pouvoirs importants, bien que ces pouvoirs soient bien paramétrés. On a vu que le ministre cherchait justement à ne pas porter seul le singe sur les épaules, pour reprendre l'expression courante.
On l'a vu dans le dossier concernant la suspension du moratoire sur la vente d'armes à l'Arabie saoudite, alors que, en plein milieu du confinement lié à la pandémie, le ministre a pris cette décision, ce qui a surpris un peu tout le monde.
J'ai eu l'occasion de communiquer avec le ministre, qui m'a dit qu'un rapport relativement indépendant lui avait été soumis et qu'il montrait que l'on pouvait aller de l'avant. J'ai donc demandé à voir ce rapport. Or, à ma grande surprise, c'était un rapport interne du ministère des Affaires étrangères, qui était manifestement conçu de façon à avaliser et à légitimer la levée de ce moratoire.
On pouvait lire dans ce rapport des arguments faisant état de violations des droits de la personne, mais de violations qui, jusqu'à un certain point, n'avaient pas été suffisamment documentées. C'est un argument que l'on a entendu jusqu'à plus soif, ces dernières semaines, de la part d'Affaires mondiales Canada.
Le ministre a ajouté qu'il s'entourerait d'une espèce de comité de sages pour le conseiller dans ce type de circonstances. Or, pour ma part, je n'ai pas vu la moindre trace de ce comité de sages. Ai-je raté un épisode?
Avez-vous été informé de la mise sur pied dudit comité de sages — je m'adresse à l'ensemble des témoins — qui informe ou conseille le ministre quant aux décisions qu'il doit prendre sur le plan des ventes d'armes canadiennes?
:
Je vous remercie de la question.
Si vous me permettez d’en parler brièvement, nous avons été surpris par la levée du moratoire sur l’Arabie saoudite, même si nous en étions au principe d’une vente d’armes à l’Arabie saoudite « quoi qu’il arrive ». Comme vous l’avez dit, c’est une décision qui a été prise en plein milieu d’une pandémie. Il a fallu près de deux ans après l’assassinat brutal de Jamal Khashoggi par les autorités saoudiennes au consulat d’Istanbul. Le moratoire a été adopté très peu de temps avant que le Canada ne se range à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de demander un cessez-le-feu et peu de temps avant que le Canada ne perde les élections à un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. Face à tout cela, il y a donc bien matière à redire au sujet de la justification donnée pour cette décision malavisée, puisque le risque associé aux exportations vers l’Arabie saoudite est manifeste.
Je me fais l’écho des propos tenus par Mme Mason tout à l’heure, quand elle a dit que les exportations d’armes semblent être convenue, quoi qu’il advienne, si bien que tous les signaux d’alarme possibles ont été levés et que le gouvernement est toujours déterminé à honorer cette entente malheureuse.
:
Pourrais-je aussi intervenir sur deux ou trois points.
On a parlé des sages. Le ministre a annoncé qu’il allait mettre sur pied un groupe d’experts indépendants chargé de fournir des conseils, mais cela n’a pas encore été fait.
On a aussi parlé de l’enquête en cours. Je pense que nous devrions prendre l’exemple de la Turquie. Dans les semaines qui ont suivi, le Globe and Mail a envoyé sur le terrain un journaliste indépendant pour prendre des photos en Arménie de l’équipement en question, ce qui a clairement démontré qu’il s’agissait de la technologie canadienne Wescam. Affaires mondiales a déclaré n’avoir dépêché personne sur place. Ensuite, on a demandé au ministère s’il allait envoyer quelqu’un pour vérifier, et il ne s’est pas engagé à le faire.
Selon les rapports, il n’y a pas de preuves ou il manque de preuves sur le terrain, mais d’après ce que nous pouvons voir, aucun véritable effort n’a été déployé pour en trouver et les preuves documentées présentées par des organisations internationales comme Amnistie internationale, Oxfam et autres ne sont pas acceptées.
Je remercie nos témoins de leur témoignage sur ce sujet fondamental. Nous avons, bien sûr, des obligations en vertu du TCA et en vertu de la loi, et comme cela a été souligné, il y a certaines différences entre les deux. Je vais toutefois vous poser une question avant d’attaquer ce sujet.
Dans le cas de la Turquie, nous parlons des drones et de la technologie des drones. Nous savons, d’après votre propre analyse, qu’il n’est pas nécessaire de constater des infractions systématiques pour déterminer qu’il existe un risque important. La technologie des drones comporte-t-elle, en soi, un risque important de violation des obligations internationales en matière de droits de la personne ou de nos obligations en vertu du traité? Je vous invite tous à répondre rapidement par oui ou par non, car je pense que, dans certains cas, on considère qu’il s’agit d’une violation. C’est certainement le cas de la Libye à cause de l’embargo — c’est évident —, mais pour tirer une telle conclusion, faut-il faire une évaluation pays par pays ou déterminer que l’utilisateur ultime avait des exigences ou encore qu’on avait des renseignements le concernant?
Nous pourrions peut-être commencer par Amnistie internationale.
L’idée d’obliger les États à réévaluer une licence en vigueur lorsque de nouveaux renseignements deviennent disponibles me préoccupe. En octobre 2019, lorsque le Canada a suspendu les licences d’exportation d’armes vers la Turquie — seulement l’octroi de nouvelles licences, comme vous l’avez souligné, sans effet sur les licences en vigueur —, on nous a dit qu’il existait déjà 15 licences, couvrant jusqu’à 60 caméras, y compris des caméras de remplacement au cas où celles-ci seraient endommagées. Il n’y a eu aucune interférence dans ce cas.
Il semble que ces caméras ont continué d'être exportées, même après la nouvelle suspension, en avril 2020, des exportations d’armes vers la Turquie, en vertu des licences précédemment octroyées.
Puis-je vous demander si cela constituerait en soi une violation du Traité sur le commerce des armes, par opposition au droit canadien en particulier?
Je pose la question à quiconque souhaite y répondre.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à tous d’être ici aujourd’hui.
Même si je n'ai pas une longue expérience du Parlement — je n’ai été élu qu'en octobre 2019 — et des travaux en comité, je ne pense pas avoir entendu une série de témoignages plus accablants concernant le comportement de notre gouvernement, qui se targue pourtant de sa transparence dans tous les aspects de sa conduite.
Il me semble que c’est vraiment la racine du problème, parce que nous ne savons pas pourquoi les licences d’exportation pour la dernière série de drones Wescam vers la Turquie ont été approuvées. Nous savons qu’il y a eu un échange entre le et le président Erdogan à la fin d’avril, et que les licences ont été approuvées par la suite.
Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que nous savions déjà à ce moment qu’il y avait un problème de détournement. Ces drones canadiens se sont retrouvés en Libye plus d’un an avant que les drones canadiens vendus à la Turquie ne se retrouvent également dans le conflit dans le Haut-Karabakh. Si les évaluations des risques sont prises au sérieux, comment est-il possible que le gouvernement fédéral approuve la vente de ces drones aux Turcs encore une fois, sachant que la Turquie, pays pourtant allié de l’OTAN, avait déjà violé les modalités de l’accord en détournant la technologie vers la Libye?
Peut-être qu'un représentant de Project Ploughshares pourrait répondre en premier?
:
Le détournement n’est pas nécessairement très rare, et il a des répercussions négatives. La prolifération des armes a évidemment des effets négatifs et elle alimente les conflits. Cependant, d’autres pays, des alliés du Canada, se sont surpassés pour tenter d’endiguer la menace de détournement. Nous avons vu des exemples positifs de la façon de procéder dans d’autres États parties au Traité.
Un exemple que nous pourrions examiner est le régime de vérification après l’expédition. Par exemple, l’Allemagne et la Suisse ont en quelque sorte intégré un instrument à leur autorisation. Lorsqu’ils autorisent des licences d’exportation, il y a essentiellement une disposition selon laquelle, si un risque est décelé, les représentants du pays exportateur d’armes peuvent s’adresser au destinataire, se rendre sur place et enquêter pour s’assurer que tout est en règle. C’est une mesure que le Canada pourrait prendre immédiatement pour combler cette lacune en matière de connaissances.
Comme l'a dit mon collègue Cesar, force est de constater l'échec lamentable de l’évaluation des risques menée par le Canada. Si la société civile peut trouver des exemples de détournement à partir de Waterloo, en Ontario, Affaires mondiales pourrait certainement en faire plus avec les ressources incalculables dont ce ministère dispose.
:
Oui, monsieur Fonseca. Merci. C’est très juste.
Comme je l’ai dit dans mes remarques liminaires, ce n'est pas la première fois que le gouvernement, confronté à une surveillance accrue de la part des médias, annonce une suspension. Je rappelle aux membres du Comité qu’il ne s’agissait pas d’un cas où le gouvernement a été proactif en identifiant ce détournement au Nagorno-Karabakh. C’est le résultat des pressions exercées par la société civile et les médias pour que ces allégations soient mises au jour. Nous n’avons pas constaté de proactivité de la part du gouvernement.
En réaction à l’attention médiatique, le gouvernement a annoncé quatre fois au cours des trois dernières années des suspensions semblables. Trois des quatre licences — et le dossier de la quatrième est toujours en attente — ont été rétablies. Chaque fois, la suspension coïncide avec une surveillance accrue de la part des médias, et lorsque l’attention des médias est relâchée, le gouvernement rétablit les licences. C’est un fait. Dans les trois derniers cas, le gouvernement a rétabli les licences octroyées à l’Arabie saoudite et à la Turquie après la première annonce selon laquelle nous ne leur en vendrions plus.
Comme nous en sommes au quatrième cas, nous devons prendre cette suspension avec un grain de sel. Ce n’est pas une question de mauvaise foi. Il s’agit simplement d’examiner les précédents récents. Chaque suspension finit par être rétablie. Nous espérons que celle-ci tiendra, mais il y a deux leçons à tirer. Premièrement, le gouvernement n’est pas proactif. Il a simplement été confronté aux preuves qui lui ont été présentées. Deuxièmement, toutes les suspensions semblables imposées dans les dernières années n’ont pas été maintenues. Les exportations ont donc recommencé.
Nous espérons que ce ne sera pas le cas avec la plus récente suspension annoncée.
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Oui. L’un des grands avantages du processus législatif appelé projet de loi , qui a mené à l’adhésion fort attendue du Canada au Traité sur le commerce des armes, a été la disposition sur le risque sérieux et l'expression « ne peut ». En raison de l’inclusion de la clause de risque sérieux, la prise en considération des facteurs de risque est désormais obligatoire.
Auparavant, le gouvernement avait l’obligation de tenir compte de certains facteurs, mais tant que ces facteurs étaient pris en considération, le ministre pouvait essentiellement autoriser des exportations n’importe où. Maintenant, le ministre a une obligation en loi. Si un déclencheur lié aux droits de la personne est identifié, le ministre « ne peut » autoriser ces envois. Nous sommes maintenant dans une meilleure position, parce que le ministre, encore une fois, a l’obligation de refuser certaines licences d’exportation.
La mesure dans laquelle cette obligation continuera d’être mise en œuvre reste à voir.
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Je tenterai de faire cela court, monsieur le président.
D'abord, en ce qui concerne la question des caméras pour les drones turcs, je crois que le mal est fait dans la mesure où certains d'entre nous avons entendu de la bouche de l'ambassadeur turc au Canada que la Turquie avait développé une technologie typiquement turque pour la fabrication de ses drones. Ils peuvent alors maintenant se passer de la technologie canadienne, qu'ils ont probablement copiée, d'ailleurs.
Je veux revenir sur une déclaration que Mme Mason a faite dans le cadre d'un mémoire présenté au comité sénatorial chargé de l'examen du projet de loi C-47. Elle y avait souligné la nécessité de prévenir les abus liés à la confidentialité commerciale.
L'une des raisons pour lesquelles nous nous réunissons, c'est justement que, lors d'une audience de responsables d'Affaires mondiales Canada, plusieurs des questions que nous posions avaient pour réponse qu'on ne pouvait pas y répondre en raison du secret lié aux dispositions commerciales.
Selon vous, madame Mason, comment pouvons-nous contourner cette difficulté à laquelle les parlementaires, entre autres, sont toujours confrontés lorsque vient le temps de discuter de ces questions avec les représentants d'Affaires mondiales Canada?
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Merci beaucoup d'avoir posé cette question.
J’ai le regret de dire que c’est un autre domaine où Affaires mondiales abuse du prétexte de la « confidentialité commerciale ». En fait, l’OCDE a établi une définition de la confidentialité commerciale qui est interprétée de façon très précise comme concernant l’établissement des prix et la compétitivité des soumissions. Par conséquent, ce critère ne devrait certainement pas empêcher la communication de l’essentiel de l’information aux parlementaires et au public. Bien entendu, ce prétexte a été utilisé dans le cas de la vente d'armes à l’Arabie saoudite. Nous n’avons rien pu savoir. Il ne s’agissait pas seulement de confidentialité commerciale, mais c’était supposément une modalité de l’accord.
J'aimerais maintenant souligner un point qui passe malheureusement inaperçu, à savoir que dans le plus récent rapport annonçant la levée de la suspension des exportations, le rapport d’avril 2020 sur l’Arabie saoudite, le avait une bonne chose à dire, et c’est que dans le contrat renégocié avec l’Arabie saoudite, la pénalité a été éliminée. J'ai bien dit que la pénalité est éliminée si l’exportation contrevient à l’utilisation autorisée par l’utilisateur final autorisé.
On y disait aussi qu’on pouvait donner beaucoup plus d’information sur le contrat, et que tout compte fait, on devrait pouvoir obtenir beaucoup plus d’information.
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Si vous me le permettez, je suis d’accord avec Mme Mason.
De plus, entretemps, comme je l’ai dit plus tôt, nous recommandons que ce comité crée un sous-comité pour être informé à ce sujet, parce que le processus d’évaluation des risques est effectivement déficient. Il est réactif.
Monsieur Fonseca, dans le Globe du 22 septembre, il est écrit que le Canada est accusé d’avoir manqué à ses obligations en vertu du Traité sur le commerce des armes. C’était avant que la décision ne soit prise. Déjà en septembre, c’était dans les médias, ce qui indique une évaluation ponctuelle des risques.
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Merci beaucoup, monsieur Harris.
[Français]
Chers collègues, cela nous mène à la fin de notre séance, et presque à la fin de l'année parlementaire.
[Traduction]
En notre nom à tous, je tiens à remercier nos témoins de nous avoir fait part de leurs connaissances et de leurs points de vue cet après-midi.
[Français]
J'aimerais également remercier notre merveilleuse équipe de la Chambre des communes, notre greffière, nos analystes, nos interprètes, nos techniciens et nos messagers.
[Traduction]
À mes collègues du Comité et à nos équipes, merci de votre aide et de votre collaboration. Je vous souhaite, ainsi qu’à vos proches et à tous les Canadiens, de très joyeuses Fêtes. Joyeuse Hanoukka, joyeux Noël, joyeuse fête de Kwanzaa et mes meilleurs voeux de santé, bonheur et prospérité pour la nouvelle année.
Sur ce, la séance est levée.