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Chers collègues, je vous souhaite la bienvenue à la 33
e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
[Traduction]
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le mardi 23 mars, nous allons maintenant passer à une séance d'information sur la situation actuelle d'Alexei Navalny.
Nous accueillons aujourd'hui le chef de cabinet de M. Navalny, M. Leonid Volkov.
Monsieur Volkov, je vous remercie d'être des nôtres aujourd'hui. Vous pourrez faire une brève déclaration liminaire de cinq à sept minutes pour renseigner le Comité sur la situation actuelle de M. Navalny.
Ensuite, nous passerons aux questions des députés. Comme toujours, j'invite tous les participants à mettre leurs microphones en sourdine lorsqu'ils ne parlent pas. Lorsqu'il vous restera 30 secondes, qu'il s'agisse des questions ou du témoignage, je vous ferai signe avec ce bout de papier jaune.
Des services d'interprétation sont à votre disposition. Il suffit de cliquer sur l'icône de globe au bas de l'écran, comme toujours.
Monsieur Volkov, je vous invite maintenant à prendre la parole.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de bien vouloir m'accueillir. C'est un grand honneur.
Je vais essayer d'être très bref, car la partie la plus intéressante et la plus importante est toujours la période de questions, bien sûr.
Voici les grandes lignes: M. Navalny est maintenant emprisonné depuis 180 jours et il se remet maintenant de la grève de la faim qu'il a faite pendant les 24 derniers jours afin d'obtenir de se faire examiner par des médecins civils en qui il pouvait avoir confiance pour des problèmes d'engourdissement, dans les jambes et un bras, apparus pendant son emprisonnement illégal.
Malgré les multiples demandes de... et le verdict de la Cour européenne des droits de l'homme préconisant sa libération immédiate — la Cour européenne des droits de l'homme faisant partie intégrante du système juridique russe —, le gouvernement russe a refusé de libérer M. Navalny, qui reste donc en prison.
Notre capacité de communiquer avec lui est très limitée. Il est autorisé à recevoir la visite de ses avocats du lundi au vendredi, les jours ouvrables. Aucune lettre n'est permise, mais ses avocats sont tout de même en mesure de communiquer avec lui verbalement. Par leur entremise, nous pouvons rester en contact avec lui.
Entretemps, le Kremlin a lancé une nouvelle campagne de répression contre l'organisation politique de Navalny. Nous n'avons pas de parti officiel. Nous avons déposé des documents pour enregistrer un parti neuf fois au cours des huit dernières années. Toutes ces tentatives ont été rejetées, de sorte que nous n'avons jamais été autorisés à participer à une élection à titre d'entité politique.
Nous avons quand même une organisation politique dynamique et forte. Nous avions 40 bureaux régionaux dans toutes les grandes villes russes. Nos candidats ont réussi à participer aux élections locales comme indépendants — sans l'appui d'aucun parti — et ont pu remporter des élections locales bien des fois.
Notre mouvement vit uniquement de sociofinancement. Nous sommes donc tout à fait en mesure de financer nos enquêtes anticorruption, nos bureaux régionaux et nos campagnes électorales.
À l'intérieur de la Russie, nous comptons plusieurs millions de partisans qui suivent nos enquêtes sur les médias sociaux, qui nous font des dons et qui participent à nos campagnes à titre de bénévoles.
Et voici que le procureur de Moscou a récemment demandé que notre mouvement politique soit désigné comme extrémiste, ce qui pourrait donner à sourire puisqu'il s'agit d'un mouvement très pacifique qui ne cherche qu'à participer aux élections, mais il n'y a là rien de drôle, car cela veut dire qu'une fois que le tribunal aura décidé que nous sommes un mouvement extrémiste — ce qui se produira le 17 mai, dans une semaine —, les dirigeants du mouvement seront passibles d'une peine de 10 ans de prison, les donateurs, même s'ils n'envoient que 100 roubles, c'est-à-dire 2 $, d'un maximum de huit ans de prison, et les membres d'un maximum de six ans de prison. Nous avons donc dû dissoudre officiellement le mouvement, qui n'a plus désormais aucune existence officielle.
Cela dit, nous sommes demeurés très optimistes. Nous considérons tous ces gestes du Kremlin comme des éléments de la campagne électorale, de la préparation en vue des prochaines élections. La Russie élira la Douma d'État du parlement national dans quatre mois, à la mi-septembre. Ce sera un parlement très important, car il siégera pendant la transition, en 2024, lorsque M. Poutine devra soit se faire réélire, soit nommer quelqu'un d'autre. Néanmoins, il devra relever des défis importants au cours de cette transition. Il est très important pour lui que cette Douma soit très propre, très stérile.
Comme le taux d'approbation du parti de M. Poutine, Russie Unie, est d'environ 27 %, le Kremlin admet apparemment qu'il n'est pas possible d'obtenir les résultats électoraux qu'il souhaite, c'est-à-dire la majorité constitutionnelle à la Douma, sans recourir à des mesures extraordinaires. Voilà pourquoi non seulement Alexei Navalny est en prison, mais de très nombreuses personnalités importantes de l'opposition sont aussi assignées à résidence ou forcées de quitter le pays. C'est pourquoi le Kremlin essaie de nous forcer à fermer nos bureaux régionaux pour empêcher tout politicien indépendant de faire campagne.
Poutine a appris cette leçon par le passé. Il sait pertinemment que la meilleure stratégie consiste à bourrer les urnes et à truquer les élections le jour du scrutin. Il est astucieux de voler les élections à l'avance: il suffit de ne laisser personne participer, tout simplement, de ne laisser aucun candidat indépendant, aucun candidat capable de livrer une vraie lutte faire figurer son nom sur le bulletin de vote. C'est exactement ce que fait le Kremlin à l'heure actuelle.
Nous avons quand même notre stratégie, le « vote intelligent » ou le vote tactique comme au Royaume-Uni, par exemple. Nous appuyons les candidats les plus solides de toutes les circonscriptions. Nous demandons à nos partisans de voter de façon tactique pour ceux qui ont les meilleures chances de défaire et de déloger les candidats actuels de Russie Unie. Nous espérons pouvoir accomplir beaucoup de choses aux élections de septembre, en nous fondant sur notre expérience des deux élections régionales précédentes, où nous avons réussi à vaincre de nombreux représentants de Russie Unie.
Cela contribuera à accroître les turbulences politiques et à stimuler la combativité dans la politique interne russe, et nous espérons que cela nous aidera à faire avancer un peu les choses vers le changement démocratique et la transition.
L'objectif ultime de notre mouvement politique est le changement démocratique et la transition, et nous croyons que la Russie est essentiellement un pays européen par son histoire et sa culture. Elle appartient à l'Europe. Pour nous, être Européen signifie avoir des institutions efficaces, des élections compétitives, des tribunaux équitables, des médias indépendants, etc., tout ce que Poutine a détruit et démoli au cours des 20 dernières années et tout ce dont les citoyens ont besoin pour définir l'évolution de leur pays et son orientation.
On nous demande souvent ce que cela signifie. Vous voulez que la Russie devienne un pays européen, mais qu'est-ce que cela veut dire? Le Portugal, le Danemark et la Suède sont tellement différents. Mais ils ont le plus grand dénominateur commun, c'est-à-dire qu'ils ont des institutions démocratiques qui fonctionnent et que les citoyens peuvent utiliser pour choisir l'orientation de leur pays: du côté des libéraux ou des conservateurs, à gauche ou à droite, un peu plus de ce côté-ci, un peu plus de ce côté-là. Ce sont des choses très importantes, et il faut se rendre compte que les citoyens russes n'ont aucun de ces outils en leur possession à l'heure actuelle. L'essentiel, maintenant, la stratégie essentielle, est simplement de rétablir les institutions politiques de base pour relancer les luttes politiques, qui n'existent à peu près pas en Russie.
Voilà où nous en sommes et voilà ce que nous faisons. J'attends vos questions avec impatience.
Merci beaucoup de votre attention.
Merci beaucoup, monsieur Diotte.
Son état de santé est maintenant meilleur. Il est à l'hôpital. Comme c'est l'hôpital de la prison, ce n'est pas très agréable, mais au moins, il y a une certaine surveillance médicale et il reçoit des soins médicaux. On lui donne un traitement.
Il y a eu une forme étrange de compromis politique. M. Navalny a fait la grève de la faim surtout pour obtenir le droit de se faire examiner par des médecins de son choix, des médecins à qui il faisait confiance. Poutine ne pouvait pas accepter parce qu'il aurait perdu la face, mais les pressions internationales et les pressions de l'opinion russe étaient très fortes. Il y a donc eu un compromis.
M. Navalny a été examiné par des médecins civils dans un hôpital civil de Vladimir. Ils ont remis les résultats de l'examen à ses médecins personnels. Ils ont vérifié. Ils ont été d'accord sur certaines choses et pas sur d'autres. Les médecins se sont mis d'accord sur le traitement. Il reçoit maintenant ce traitement qui a été approuvé par ses médecins personnels...
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Le journalisme indépendant est quasi inexistant. Le Kremlin a une machine de propagande et de désinformation très efficace. Il a le plein contrôle de la télévision, des médias et des journaux, Internet étant la seule ressource relativement libre où des opinions différentes peuvent exister et coexister.
Le Kremlin lance actuellement une vaste campagne contre d'importants médias indépendants sur Internet. Selon les informations les plus récentes, Meduza, le plus important organe de presse indépendant, basé en Lettonie, à Riga, a été désigné comme un « agent étranger », ce qui est une très mauvaise désignation, car elle empêche en fait les annonceurs de travailler avec lui. Les conséquences financières pour les médias sont très lourdes. Et puis, s'il réussit à détruire Meduza, le Kremlin s'attaquera ensuite à tous les autres médias.
Meduza essaie maintenant, par exemple, de lancer une campagne de sociofinancement. Il est à espérer que ce média sera en mesure de recueillir suffisamment de dons pour continuer son action et de compenser en quelque sorte la perte de revenus publicitaires, mais pour les médias indépendants, les temps sont durs. Par ailleurs, nous constatons un essor du journalisme d'enquête en Russie, par exemple. Le public essaie vraiment de trouver de l'information indépendante, se détourne donc de plus en plus nombreux de la télévision, se rendant compte désormais que c'est de la propagande, et cherche activement des opinions dissidentes indépendantes en ligne.
Une dernière chose, très brièvement. Ce qui est vraiment important ici, c'est la position que prendront les grandes plateformes Internet. Techniquement, le gouvernement russe a adopté une série de lois qui rendent illégale toute forme de publication hostile à Poutine sur Internet, bien sûr, et il impose d'énormes amendes à Google, à Facebook, à Twitter et aux autres s'ils ne suppriment pas cette information. Jusqu'à maintenant, Google, Facebook et Twitter n'ont pas cédé. Il leur arrive de payer les amendes sans pour autant supprimer l'information. Si ces plateformes tiennent bon, tout ira bien. Si elles commencent à céder aux exigences du gouvernement, l'effet sera dévastateur.
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Merci, monsieur Fonseca.
Nous n'en avons jamais discuté. Même quand M. Navalny était encore dans le coma, pour nous tous — je veux dire pour moi, sa femme, ses amis proches et ses collègues —, cela n'a jamais été un sujet d'interrogation. Nous savions tous qu'une fois qu'il serait rétabli, il retournerait dans son pays. Il n'aurait jamais pu envisager de poursuivre sa carrière politique en exil.
Au cours de ses 10 années de carrière politique active, il a été visé par de nombreuses mesures de répression et il a été exposé à bien des risques. Il a été la cible d'une attaque à l'acide en 2017, et il a failli y perdre un œil. Il a dû subir de nombreuses chirurgies après avoir reçu de l'acide dans l'oeil. Il a été harcelé par le gouvernement de bien des façons. Il a été assigné à résidence pendant un an. Il a passé au total huit ou neuf mois en prison, en détention. Il a été sous arrêt pendant 15 ou 30 jours ensuite, et puis aussi avant même qu'un procès soit annoncé.
Il a bâti un grand mouvement politique. Il avait l'impression que maintenant, rester à l'étranger, rester en exil allait réduire à néant tout ce qu'il avait accompli. Cela aurait été comme dire que tous les risques déjà pris n'avaient servi à rien.
Nous comprenons tous. Il est très clair pour nous, en Russie, qu'on ne peut pas être un dirigeant politique efficace si on reste à l'étranger. Beaucoup ont essayé, mais personne n'a réussi.
Je ne suis pas un dirigeant politique. Je suis un gestionnaire politique. Je dirige les activités courantes de notre organisation, de nos bureaux régionaux. Nous avons décidé conjointement avec M. Navalny, il y a deux ans, lorsque la menace d'emprisonnement est devenue trop grande, que je devais quitter le pays, essentiellement, pour assurer le bon fonctionnement de l'organisation. Pour lui, il était impossible de convoquer des rassemblements s'il n'y participait pas.
C'est un homme politique. Il est citoyen de la Russie. Il n'a rien fait de mal. Il n'a violé aucune loi. Pourquoi devrait-il rester à l'étranger? C'est une chose très importante dont nous n'avons jamais discuté. C'était clair pour nous dès le début. Il n'avait pas de doute. Il ne m'a pas demandé, par exemple, s'il devait rentrer ou non.
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Merci, monsieur le président.
Merci infiniment, monsieur Volkov, d'être parmi nous aujourd'hui. Nous apprécions vraiment que vous preniez le temps d'échanger avec nous. Je tiens à vous témoigner toute notre solidarité et vous prie de bien vouloir la communiquer à M. Navalny.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion, il y a de cela quelques jours, de prendre la parole dans le cadre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour exiger la libération de M. Alexei Navalny. J'étais très fier de le faire au nom de mes collègues. Le Canada, comme d'autres pays occidentaux tels que les États-Unis et les pays de l'Union européenne, a pris un certain nombre de mesures allant dans le sens de ce que vous avez demandé, c'est-à-dire d'imposer des sanctions contre certains oligarques qui financent les activités de M. Vladimir Poutine. Neuf personnalités russes ont été sanctionnées par le Canada.
Peut-être pourriez-vous, vous ou votre organisation, nous transmettre le nom d'autres oligarques qui pourraient faire l'objet de sanctions de la part du gouvernement du Canada?
Si l'objectif est de couper les fonds qui alimentent cette bête qu'est M. Vladimir Poutine, je pense qu'il faut effectivement faire un certain nombre de gestes et être en mesure d'identifier clairement ces personnes ainsi que les raisons pour lesquelles elles devraient figurer sur la liste.
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Merci beaucoup de votre appui et de votre question, monsieur Bergeron.
En ce qui concerne les sanctions visant des personnes en particulier, il est tout d'abord important que l'Europe, par exemple, ainsi que le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada, fasse le premier pas. Oui, ils sont passés de sanctions économiques sectorielles à des sanctions visant des personnes, parce que malheureusement, chaque fois qu'une série de sanctions sectorielles est lancée, on sabre le champagne au Kremlin. Ces gens-là s'en réjouissent.
En effet, il est possible de mettre tous les problèmes au compte des sanctions étrangères qui pèsent sur l'économie russe. Pourquoi le revenu du ménage moyen en Russie diminue-t-il pendant huit années consécutives? C'est à cause du méchant Occident, à cause de l'OTAN, à cause des États-Unis, parce qu'ils essaient de tuer notre économie par des sanctions. De telles sanctions leur donnent simplement l'occasion de voler davantage et d'expliquer tous les problèmes en utilisant leur machine de propagande.
Par contre, les sanctions qui visent expressément des personnes sont efficaces, croyons-nous, parce que la propagande ne peut pas les faire passer pour des sanctions contre la Russie. Elles visent des personnes, et ces personnes ne représentent évidemment pas notre pays. Il est donc très important que l'Union européenne, par exemple, ait adopté la loi européenne Magnitski pour les violations des droits de la personne et ait commencé à sanctionner certaines personnes.
Cela dit, la première liste ne va pas faire beaucoup de mal. On y trouve surtout des gens comme des responsables des forces de sécurité qui sont, il est vrai, responsables de l'empoisonnement de M. Navalny. Mais ils ne sortent pas de la Russie et ils n'ont pas d'actifs à l'étranger.
Le but de sanctions qui pèseraient sur les amis et les oligarques de Poutine, ce n'est pas de priver M. Poutine de ressources financières. Malheureusement, il a accès à des sommes énormes. La Russie a exporté du pétrole et du gaz d'une valeur de plus de 3 billions de dollars américains au cours des 20 années de règne de Poutine, et lui et ses amis ont raflé la majeure partie de ces fonds. L'idée est de nous mettre en position de force face à Poutine et à ses amis, parce que chaque fois que l'Europe ou les États-Unis essaient de construire des ponts, de faire des compromis, d'établir un dialogue, malheureusement Poutine, étant donné sa psychologie, y voit un signe de faiblesse.
Poutine considère malheureusement ses homologues occidentaux comme des hypocrites. Selon des sources très fiables, sa série télévisée préférée serait House of Cards. Il pense qu'ils sont tous... vous savez, ils tiennent un discours sur les droits de la personne, la liberté, la démocratie. C'est ce qu'ils doivent dire à leurs électeurs, mais ils n'y croient pas vraiment. « Ils ont besoin de mon pétrole et de mon gaz, pense Poutine, et ils ont vraiment besoin d'argent. Ils vont traiter avec moi, ils vont travailler avec moi, quoi que je fasse. Il n'y a pas de ligne rouge qu'il ne faudrait pas franchir, et je peux faire ce que je veux. »
Chaque fois que le président Macron ou le chancelier autrichien Sebastian Kurz supposent que malgré tout, malgré toutes les violations des droits de la personne, ils doivent encore faire des compromis, etc., Poutine se dit: « Ah, j'ai encore gagné. Ils ont encore tellement besoin de mon pétrole et de mon gaz. »
Les sanctions personnelles contre les oligarques de Poutine sont importantes si l'Occident veut exercer des pressions, se bâtir une position solide. Le blocage des avoirs de Poutine, qui sont nominaux — ce sont les avoirs de ses amis, mais bien sûr, ce sont en fait ses avoirs personnels —, permettrait aux dirigeants occidentaux de parler à Poutine en ayant une position beaucoup plus solide que maintenant, parce que l'argent compte vraiment beaucoup pour lui.
C'est notre idée. La politique d'apaisement a malheureusement échoué.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous, monsieur Volkov, de vous être joint à nous.
Tout d'abord, en mon nom personnel, et je crois parler au nom de la très grande majorité des Canadiens, qui abhorrent ce qui arrive à M. Navalny en Russie et à d'autres personnes ciblées par l'État, qu'il a parfois assassinées ou empoisonnées... Dans le cas de M. Navalny, les menaces continuent, comme l'emprisonnement et les tentatives d'assassinat... Je dirai donc que nous admirons le courage personnel et la force de M. Navalny et des gens comme vous qui tentez de relever ce très lourd défi.
Je suis certain que la décision qu'il a prise de rentrer en Russie et de faire face aux conséquences parce qu'il tenait à être là sera une source d'inspiration pour d'autres, qui continueront d'essayer d'apporter à la Fédération de Russie les changements qui s'imposent.
Cela dit, vous parlez ouvertement de ces questions pendant une séance publique. Vous avez des moyens de communiquer avec des gens à l'intérieur de la Russie, parfois sans encombre, parfois en vous faisant surprendre, mais j'ai l'impression que vous avez un moyen de faire passer votre message.
Je suppose que j'ai ici un exemple de désinformation. Vous êtes sans doute au courant d'un rapport d'Amnistie internationale, une organisation internationale bien connue et respectée qui appuie ceux qui luttent contre l'autoritarisme, la dictature et les violations des droits de la personne dans le monde. Selon un rapport, elle aurait retiré M. Navalny de sa liste de prisonniers d'opinion à cause de déclarations qu'il aurait faites par le passé.
Êtes-vous au courant de cette allégation, qui semble avoir été prise au sérieux pendant un certain temps? Savez-vous d'où elle peut venir?
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Merci beaucoup, monsieur Harris. C'est une question très importante parce qu'elle montre l'étendue et la puissance de la campagne de désinformation que le Kremlin a lancée contre Alexei Navalny et permet de constater qu'Alexei Navalny et son mouvement sont pris très au sérieux.
En fait, c'est en 2013 que Navalny s'est présenté comme maire de Moscou et que les services de l'État on commencé à répandre des articles de désinformation contre lui dans les médias occidentaux. Par exemple, ils ont fait paraître un article, payé pour faire paraître un article dans le Jerusalem Post dénonçant son antisémitisme, ce qui est assez drôle, puisqu'il a été un invité d'honneur à ma houppa et qu'on peut citer bien d'autres faits semblables.
La campagne de cette année a été, bien sûr, la plus remarquable. On a tenté de miner sa crédibilité et celle de notre mouvement sur de nombreuses plateformes internationales différentes, notamment en utilisant des gens qui se sont fait passer pour moi, en communiquant avec différentes instances nationales et internationales comme l'Assemblée parlementaire de l'OSCE et d'autres, et en propageant de la désinformation.
Le cas d'Amnistie internationale a été très remarquable parce que la campagne a atteint son but dans cette affaire. On lui a présenté un certain nombre de citations faussement interprétées ou des déclarations qu'Alexei Navalny a faites en 2007 et qu'il a ensuite rétractées et condamnées, mais les agents russes ont réussi à faire accepter leur thèse par certaines sections régionales d'Amnistie, ce qui a mené à cette décision.
Heureusement, M. Navalny a communiqué avec Amnistie internationale. Elle mène une vigoureuse campagne et nous lui en sommes reconnaissants. Elle la mène dans le monde entier pour le protéger et le faire libérer. Je crois savoir qu'elle réexaminera bientôt sa décision concernant le statut de M. Navalny comme prisonnier d'opinion. Elle m'a fait savoir hier qu'elle publiera un communiqué de presse le 12 mai après avoir essayé de voir comment une campagne de désinformation russe a réussi à l'influencer et comment elle a pu être victime de cette campagne.
Amnistie internationale va non seulement rétablir le statut de M. Navalny, mais aussi faire un examen, qui sera, je l'espère, très intéressant, de ce qui a pu se passer, de la façon dont cela s'est produit.
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Et, espérons-le, elle dénoncera ce qui a mené à toute cette affaire, au départ.
Je me demande autre chose. Nous savons ce à quoi vous faites face et nous connaissons les difficultés que vous éprouvez dans le régime électoral en Russie. Il y a sans doute lieu de se demander comment il est désormais possible de militer en faveur d'un changement à l'intérieur de la Fédération de Russie.
À l'intérieur de la Russie, quelle est l'attitude des Russes qui souhaitent... Ils n'aiment pas plus l'autoritarisme que quiconque, mais après l'effondrement de l'Union soviétique, par exemple, la situation n'a pas permis un relèvement général du niveau de vie, ni une amélioration de la capacité de fonctionner dans un régime non autoritaire. M. Poutine propose toujours la même chose. Comment la population peut-elle croire que les choses pourraient changer sous un régime différent?
Je me demande donc quand votre campagne... Radio Free Europe a diffusé quelque chose au sujet de la création d'un nouveau parti politique en 2018, ce qui est peut-être la dernière fois qu'un nouveau parti a été créé. Il s'agit de Russie du futur, parti créé en mai 2019 par votre organisation, qui propose de vrais changements et de vraies réformes.
Je dirais qu'il s'agit de « généralisations », dans une certaine mesure, et non, me semble-t-il, d'une vision pour une nouvelle Russie ou une nouvelle fédération russe capable d'apporter une prospérité susceptible de relever le niveau de vie de la population. Proposez-vous une vision d'avenir attrayante? Nous prenons connaissance de sondages d'opinion du Centre Levada — j'ignore si vous ajoutez foi à ces sondages — selon lesquels les Russes ne sont pas tout à fait en faveur de Poutine, mais ne semblent pas non plus croire que votre mouvement est aussi puissant que nous le souhaiterions ou que vous le souhaiteriez.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Volkov, je vous remercie de prendre le temps de comparaître.
Vous avez dit que les sanctions sont efficaces pour contrer les actions du président Poutine, point de vue que je partage. Alexei Navalny a publié une liste des oligarques du Kremlin qui donnent au président Poutine les moyens de mener son action et de se maintenir au pouvoir. Certains de ces oligarques détiennent des actifs importants au Canada.
Récemment, l'ancien champion du monde des échecs et figure de l'opposition russe Garry Kasparov a également exhorté les gouvernements occidentaux à appliquer des sanctions contre les Russes responsables de l'empoisonnement et de l'arrestation de votre collègue Alexei Navalny.
Bien que le gouvernement du Canada ait imposé des sanctions à certains Russes, d'autres y ont échappé de façon inexplicable. À ce propos, le gouvernement du Canada devrait-il imposer des sanctions à cinq personnes en particulier qui ont déjà été sanctionnées par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne?
Êtes-vous d'avis que le premier qui devrait être visé par les sanctions du gouvernement du Canada est Evgueni Prigojine, qui dirige l'Internet Research Agency et le Groupe Wagner, qui a recours à des mercenaires? Cet homme figure sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI. Ses opérations de désinformation ont visé le Canada et des représentants du gouvernement du Canada.
Que pensez-vous de l'idée de l'inscrire sur la liste des personnes visées par des sanctions?
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Oui, et les risques augmentent.
Lorsque nous avons eu des manifestations, en janvier dernier, 12 000 personnes ont été détenues, ce qui a été la plus grande vague de répression dans notre pays depuis 1937, depuis l'époque de Staline. Plus de 1 000 personnes ont été arrêtées après cette mise en détention. L'emprisonnement a été de courte durée, soit de 15 à 30 jours, mais c'est quand même très important. Certains perdent leur emploi, sont congédiés et expulsés de leurs établissements, de leurs collèges, etc.
Poutine a montré qu'il est prêt à intensifier la répression, malheureusement. Il a mis nos partisans en danger.
Par exemple, la nouvelle loi et la désignation de notre organisation comme extrémiste permettraient d'infliger à tous ceux qui nous font des dons une peine d'emprisonnement maximale de huit ans. Nous devrons donc cesser d'accepter des dons à l'intérieur du pays une fois que cette décision judiciaire sera en vigueur. Nous avons 160 000 donateurs qui nous envoient en moyenne 500 roubles ou 7 dollars américains par mois. Nous devrons mettre un terme à tout cela parce que, autrement, tous ces gens seraient en danger.
Poutine n'a pas une machine répressive assez puissante pour arrêter 160 000 personnes, mais il en arrêterait une dizaine au hasard pour faire peur à tous les autres.
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Cela nous ramène aussi aux questions importantes de M. Harris, auxquelles je n'ai pas eu le temps de répondre, alors je vais essayer de combiner vos deux questions et de répondre brièvement.
Poutine a très bien réussi à faire accepter l'idée des années 1990. Le début des années 1990, après la destruction du communisme, a été un véritable désastre pour de nombreuses familles. Beaucoup n'étaient pas prêtes à subir de tels changements dans tout.
À l'époque soviétique, les gens ne savaient pas ce qu'était l'argent. L'argent est une institution, c'est vrai, mais les choses n'ont pas fonctionné de la même façon dans l'économie soviétique que dans l'économie de marché. Je ne parle pas du marché boursier ou de choses du genre. Les gens ne savaient pas ce qu'étaient une banque, ce qu'était l'entrepreneuriat, ce qu'était le monde des affaires, ce qu'était le profit ou la vente. Les gens n'étaient pas du tout préparés.
Le début des années 1990, qui a pourtant été balayé par un grand vent de liberté politique, a été une catastrophe économique. Poutine est arrivé au pouvoir et a réussi à gagner énormément en popularité en affirmant que cette époque ne se reproduirait pas. Son principal credo politique était celui de la stabilité. « Je vous ai apporté la stabilité », disait-il jusqu'à plus soif.
Eh bien, ce discours a fonctionné de 2002 à 2010. Les gens étaient prêts à tout lui pardonner pour cette fameuse stabilité. Mais maintenant...
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Poutine tente de contrôler l'Internet, mais ce médium demeure relativement libre, car l'Internet russe s'est développé dans les années 1990, à l'époque de la liberté politique et de la concurrence économique. La toile s'est donc développée de façon très concurrentielle, en ce sens que chaque fournisseur de services Internet a essayé de bâtir ses propres liaisons transfrontalières.
Par exemple, la Chine n'a que trois liaisons transfrontalières pour ses fournisseurs Internet nationaux, tandis que la Russie en a plus de 900. L'Internet chinois a été conçu pour être très contrôlable, tandis que l'Internet russe était relativement gratuit. Jusqu'à maintenant, les efforts de censure de Poutine ont échoué. Il ne réussit pas là aussi bien qu'ailleurs.
Pour revenir à votre très importante question précédente, encore une fois, Poutine faisait la promotion de la stabilité et du concept de lutte contre la pauvreté dans les années 1990, disant qu'il apportait la stabilité, et ainsi de suite. Aujourd'hui, cependant, la Russie vit un changement générationnel. Poutine est là depuis 22 ans, et toute une génération n'ayant rien connu d'autre que le régime Poutine est apparue, une génération qui veut du changement et qui recherche le changement.
Ces gens-là sont aussi des utilisateurs de l'Internet russe, ce n'est pas un auditoire de la télévision nationale. L'auditoire de la propagande télévisée de Poutine diminue, tandis que celui des internautes augmente. De plus, les jeunes ont beaucoup voyagé, contrairement à leurs aînés, à l'époque communiste. Les gens ont pu se rendre en Europe pour voir comment la démocratie fonctionne et ce que pourrait être leur société dans une démocratie, et ainsi de suite.
Les choses évoluent lentement. Vous avez raison. Poutine jouit encore d'un appui considérable. Le sondage Levada est tout à fait juste; Poutine bénéficie encore de quelque 50 % de l'appui populaire, mais nous n'en sommes plus aux 80 % d'approbation d'il y a 10 ans. Comme beaucoup de gens réussissent à avoir accès à différentes opinions sur Internet, les gens essaient de se rendre compte de ce qui se passe, et des choses comme, par exemple, notre vidéo d'enquête sont très utiles ici.
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M. Navalny a souvent répondu à des questions sur l'annexion de la Crimée. Vous pourriez facilement trouver bon nombre de ses déclarations publiques à ce sujet.
Pour conclure très rapidement, nous disons que l'annexion de la Crimée était illégale. Poutine a commis un crime contre la Russie et ses intérêts nationaux. Il a violé les accords internationaux, ce qui a entraîné l'application de sanctions contre la Russie — et qui a miné la crédibilité de notre pays sur le plan de la coopération internationale, etc. — après avoir violé publiquement les obligations russes envers la Crimée, selon le protocole de Budapest de 1994.
Cela étant, nous ne sommes pas tous... Quand un crime est commis et qu'il est reconnu, il est facile de le sanctionner. Quand quelqu'un tue une personne, on peut punir le tueur, mais on n'est pas capable de ramener la victime à la vie. Poutine a créé un énorme problème pour le monde, qui conservera probablement encore longtemps toute son ampleur, comme dans le Nord de Chypre, en Cisjordanie ou dans de nombreux autres territoires. Je veux dire qu'il y a maintenant deux millions de citoyens russes installés en Crimée. Il faut tenir compte de leur avis.
Nous espérons que le futur gouvernement de la Russie et le futur gouvernement de l'Ukraine, avec l'aide de médiateurs internationaux, parviendront à mettre en place un processus pour régler le statut de la Crimée. Il s'agit d'une annexion illégale, mais il semble maintenant qu'il n'existe pas de façon simple de se sortir de la situation créée par Poutine.
En ce qui concerne l'Est de l'Ukraine, c'est très clair. La Russie de Poutine a commis des crimes contre l'humanité, puisqu'elle a parrainé une guerre civile qui a coûté la vie à 13 000 personnes. C'est un crime. La Russie doit cesser d'appuyer les paramilitaires dans la région du Donbass, elle doit respecter les accords de Minsk qu'elle a signés et céder le contrôle frontalier à l'Ukraine, elle doit cesser d'appuyer les mouvements séparatistes dans le Donbass. Ce faisant, la situation reviendra à la normale. C'est très clair pour nous.
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Merci, monsieur le président, et merci, monsieur Volkov.
[Conformément à une motion adoptée le 11 mai 2021, une partie de ce témoignage a été supprimée. Voir le Procès-verbal du 11 mai 2021]
M. Robert Oliphant: Je tiens à vous assurer, à la suite des questions de M. Chong — et vous le savez peut-être —, que, le 24 mars dernier, notre a imposé une autre série de sanctions en réponse directe à l'arrestation et à la détention de M. Navalny. Nous revoyons régulièrement ces sanctions.
Nous avons deux régimes de sanctions différents au Canada. Nous veillons à ce qu'ils soient à la fois judicieux et efficaces, de sorte que nous n'imposerons pas de sanctions aux criminels, même si des gens disent que... Nous cherchons à ce que les sanctions soient efficaces. Et puis, nous agissons en collaboration avec des partenaires internationaux, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne et ainsi de suite.
C'est une discussion permanente. Si vous avez des suggestions à ce sujet, nous serions heureux de les entendre, et nous les examinerons. Cependant, nous devons nous conformer à deux lois. Nous sommes très prudents à cet égard. Cette liste a été dressée le 24 mars de concert avec les Américains.
Permettez-moi, pour un instant, de laisser le sanctions de côté pour parler de l'effet de la décision des procureurs de l'État contre la Fondation anticorruption. En quoi cela limitera-t-il votre action en Russie ou à l'extérieur de la Russie, et avez-vous des suggestions à faire au Canada — puisque les procureurs vous qualifient d'organisation extrémiste à cause de son travail de lutte contre la corruption — sur la façon dont nous pouvons vous appuyer?
Pour ce qui est du deuxième volet de la question, celui du statut d'organisation extrémiste, cette classification aura un énorme impact sur notre capacité à mener des activités en personne sur le territoire russe. Les activités en personne deviendront très dangereuses pour les participants et nous devrons les limiter au strict minimum. Nous devrons relocaliser bon nombre de nos employés et nous concentrer sur des actions en ligne.
Cependant, nous savons quoi faire. Nous avons beaucoup de projets que nous voulions lancer en ligne, mais nous n'avions pas les ressources pour le faire, parce que nous étions occupés à d'autres choses sur le terrain. Maintenant, nous aurons les mains libres pour nous occuper de ces projets qui avaient été, en quelque sorte, mis en suspens. Nous allons les reprendre, et j'espère que M. Poutine n'aimera pas les conséquences de sa décision de détruire notre organisation physique au pays.
Toutefois, le plus important, c'est le nombre de personnes que nous pouvons rejoindre. Quand nous avons lancé notre mouvement, nous avions peut-être 50 000 adeptes. Après la campagne présidentielle de Navalny, quand nous avons mis sur pied notre réseau régional, nous avons pu atteindre plusieurs millions de personnes. Aujourd'hui, nous avons un auditoire quotidien d'environ 15 millions de partisans, et il est important. Nous allons continuer à parler à ce public malgré tous les problèmes que pose la censure sur Internet, et tout le reste, et nous allons continuer à le faire croître en misant aussi sur le changement générationnel qui se produit dans la politique russe à l'heure actuelle, et dont j'ai déjà parlé en répondant à la question de M. Harris.
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Nous sommes très optimistes. Tout d'abord, nous ne pourrions pas continuer à faire ce que nous faisons en nous montrant pessimistes. Il faut beaucoup d'optimisme ou une bonne part d'optimisme pour faire tout cela.
Deuxièmement, même si nous voyons déjà... Par exemple, comme nous avons dû dissoudre officiellement notre réseau de bureaux régionaux, nous avons également annoncé que chaque bureau régional pourra poursuivre ses activités de son propre chef. Nous leur transmettrons notre base de données de sympathisants et la partie régionale de la base de données des donateurs afin que chaque bureau puisse organiser un mouvement régional et continuer de faire ce qu'il veut de son côté, c'est-à-dire, communiquer avec ses sympathisants pour entreprendre localement de nouveaux projets politiques et pour présenter des candidats lors des élections locales.
La majorité de nos anciennes sections régionales ont choisi de le faire et, bien que Poutine ait en quelque sorte détruit le mouvement centralisé de Navalny, il y aura désormais 30 ou 40 mouvements d'opposition régionaux que nous avons préparés, que nous avons en quelque sorte lancés. Nous avons beaucoup accompli ensemble, comme faire des enquêtes, organiser des rassemblements et ainsi de suite. Maintenant, ces anciens bureaux sont capables d'agir seuls — il y a beaucoup de nouveaux jeunes leaders en Russie — et c'est bien.
Je suis également très optimiste au sujet de la situation dans son ensemble. Il y a un changement de génération. Dans les sondages fédéraux, la cote de Poutine est toujours très bonne, mais dans les sondages auprès des électeurs de moins de 30 ans, Navalny est plus estimé que Poutine, malgré tous les efforts des machines à propagande, toutes les campagnes de salissage de son image et de peur. Le temps joue en notre faveur. C'est un lent processus historique, mais il est inévitable [ Inaudible].