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Chers collègues, je vous souhaite la bienvenue à la quatrième séance du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes.
[Traduction]
Conformément à l'ordre de renvoi du 22 octobre 2020, le Comité entreprend une séance d'information sur la situation actuelle au Bélarus.
[Français]
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 23 septembre 2020. Les délibérations seront publiées sur le site Web de la Chambre des communes.
À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité.
[Traduction]
Pour veiller au bon déroulement de la séance, j'aimerais vous présenter quelques règles à suivre.
Les membres du Comité et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts et vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « Parquet », « Anglais » ou « Français ».
[Français]
Les députés qui participent en personne doivent faire comme ils le feraient habituellement si tous les membres du Comité se réunissaient en personne dans une salle de comité. Gardez à l'esprit les directives du Bureau de régie interne concernant le port du masque, ainsi que les protocoles en matière de santé.
[Traduction]
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous appelle par votre nom. Si vous participez par vidéoconférence, veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Les microphones des personnes présentes dans la salle seront contrôlés par l'agent des délibérations et de la vérification, comme d'habitude. Lorsqu'il ne vous restera plus que 30 secondes à votre temps de parole, je vous ferai signe en brandissant une feuille de papier jaune. Lorsque vous ne parlez pas, votre microphone devrait être en sourdine.
[Français]
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins.
[Traduction]
Aujourd'hui, nous accueillons David Sproule, haut représentant pour l'Arctique et directeur général des Affaires arctiques, eurasiennes et européennes.
[Français]
Nous recevons également Alison Grant, directrice du service Europe de l'Est et Eurasie.
[Traduction]
Monsieur Sproule, vous avez sept minutes pour faire votre déclaration.
Vous avez la parole.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'expliquerai brièvement la situation au Bélarus depuis la période juste avant les élections présidentielles d'août 2020 jusqu'aux interventions du Canada dans la crise actuelle. Ensuite, je serai heureux de répondre à vos questions.
Avant ces événements, les relations du Canada avec le Bélarus, bien que modestes, étaient assez bonnes, notamment après la reprise de nos échanges diplomatiques et le retrait du Bélarus, en 2016, de la Liste des pays visés. Ce retrait a entraîné la fin de toutes les mesures en place contre le Bélarus depuis 2006, étant donné les améliorations notables dans le déroulement des élections présidentielles de 2015, la libération de prisonniers politiques et la facilitation, par le pays, des négociations au sujet de l'Ukraine.
Avant les élections présidentielles du 9 août, de grands rassemblements de contestation avaient déjà commencé à avoir lieu. En effet, des gens manifestaient contre les restrictions imposées pendant la campagne électorale qui empêchaient la tenue d'élections démocratiques libres et équitables. À l'approche des élections, le Canada a participé à des discussions directes et multilatérales avec le Bélarus sous l'égide de l'OSCE pour déplorer la détérioration de la situation et pour exhorter le gouvernement à respecter ses obligations internationales en matière de droits de la personne.
De nombreuses irrégularités ont été signalées immédiatement après le scrutin. L'opposition, des organisations non gouvernementales et d'autres gouvernements — notamment ceux du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis —, ainsi que l'Union européenne ont annoncé qu'ils n'accepteraient pas les résultats et ont qualifié les élections de frauduleuses.
Malgré la nature pacifique des manifestations, les forces de sécurité ont réprimé brutalement et arrêté arbitrairement les manifestants pour tenter d'empêcher la tenue de ces rassemblements pacifiques. Selon certaines sources, des personnes détenues auraient été victimes de torture et d'autres formes de mauvais traitements, y compris des violences sexuelles et fondées sur le sexe. Le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme au Bélarus a indiqué qu'à ce jour, au moins 20 000 personnes avaient été détenues, et que certaines d'entre elles étaient encore derrière les barreaux. Des journalistes ont également été ciblés, détenus et battus ou ils ont perdu leur accréditation.
Les autorités ont également intensifié leurs efforts en vue de détenir et de poursuivre en justice des figures politiques qui siègent au Conseil de coordination de l'opposition, qui compte sept membres, dont sa dirigeante, Svetlana Tikhanovskaya. À l'heure actuelle, toutes ces personnes, sauf une, sont en exil ou détenues au Bélarus.
Alexandre Lukashenko continue de blâmer l'opposition, d'accuser l'Occident d'ingérence et de rejeter les appels en faveur de nouvelles élections présidentielles. Des travailleurs des usines d'État, des entreprises privées et des étudiants ont entamé un mouvement de grève après que M. Lukashenko ait refusé de démissionner avant la date butoir du 25 octobre, comme le réclamait Mme Tikhanovskaya. Le 29 octobre, M. Lukashenko a procédé à un remaniement parmi les hauts responsables de la sécurité, y compris le ministre de l'Intérieur, et a désigné d'autres personnes comme aides présidentielles dans les régions particulièrement touchées par les manifestations et les activités d'opposition.
Depuis le début de la crise, le Canada a activement réagi aux événements qui se déroulent au Bélarus. Notre pays a toujours plaidé pour le respect des droits de la personne et il a clairement fait savoir au gouvernement biélorusse que ses actions étaient inacceptables. Nous agissons en étroite coordination avec des partenaires partageant nos valeurs, notamment l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Ensemble, nous avons déclaré que M. Lukashenko n'avait pas la légitimité voulue pour diriger le Bélarus et nous avons conjugué nos efforts pour appuyer les aspirations démocratiques du peuple biélorusse.
À ce jour, le Canada a fait 10 déclarations, notamment par l'intermédiaire du groupe de direction de la Coalition pour la liberté des médias, un groupe dirigé conjointement par le Canada et le Royaume-Uni. De plus, en coopération avec plus de 30 pays partenaires, le Canada a dirigé la rédaction d'une déclaration commune contre les interruptions d'Internet.
Le Canada poursuit le dialogue avec ses partenaires afin de trouver une solution pacifique à l'impasse politique au Bélarus. Le a coordonné ses démarches avec celles de ses homologues, en plus de s'entretenir avec Mme Tikhanovskaya. Il a aussi parlé au ministre biélorusse des Affaires étrangères, M. Makei. Le Canada continue de plaider pour une médiation par l'entremise de l'OSCE, sous la présidence actuelle de l'Albanie et, ultérieurement, de la Suède.
De plus, à l'OSCE, notre pays a plaidé pour que l'on invoque le Mécanisme de Moscou, déclenché par 16 États participants, qui a permis de lancer une mission d'enquête sur les allégations de violation des droits de la personne au Bélarus. Le rapport d'enquête et ses recommandations ont maintenant été rendus publics.
La visite récente du en Lituanie, le 16 octobre, a permis de solidifier les liens avec les ministres des Affaires étrangères des pays baltes, afin de soutenir le peuple biélorusse. Ensemble, les ministres se sont engagés à travailler avec des partenaires internationaux pour que les responsables des violences et des atteintes à la démocratie au Bélarus répondent de leurs actes. Le a également rencontré Mme Tikhanovskaya en personne en Lituanie.
Le 23 septembre, le Canada a annoncé un financement de 600 000 $ pour appuyer la société civile au Bélarus, en particulier les médias indépendants et les femmes. Nos représentants sont en discussion avec des partenaires de programmes potentiels sur la manière dont l'aide du Canada peut favoriser une gouvernance démocratique du pays et soutenir le travail des instances pour la démocratie.
Le 29 septembre, le Canada et le Royaume-Uni ont été les premiers pays à imposer des sanctions contre Alexander Lukashenko, après sa cérémonie d'investiture secrète. Au total, le Canada impose des sanctions à 42 représentants biélorusses en vertu de la Loi sur des mesures économiques spéciales pour des violations flagrantes et systématiques des droits de la personne. Ces mesures ont été prises en étroite coordination avec l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis.
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Comme vous le savez bien, même malgré l'Accord d'Helsinki, les violations sont légion.
Le Canada est membre de l'OSCE. Je me demande ce que l'OSCE entend faire du fait que le BIDDH, qui a comme mission, comme vous le savez, d'observer les élections dans la région, n'a pas pu surveiller les élections en question. L'année dernière, le BIDDH avait fait 32 recommandations pour des élections libres et justes, comme interdire la torture des prisonniers politiques et permettre aux membres d'autres partis de présenter leur candidature sans crainte de discrimination ou de représailles. Aucune recommandation n'a été suivie, et on a interdit la participation du BIDDH.
Quelles mesures pensez-vous que l'OSCE pourrait prendre, un organisme qui travaille en consensus et qui, par conséquent, ne peut rien faire, quelles que soient les circonstances... Vous me pardonnerez mon cynisme. Y a-t-il quelque chose que l'OSCE peut faire en tant qu'organisme? Le Bélarus en est membre. Le Bélarus a signé tous les accords, et n'en respecte aucun.
Que pensez-vous que l'OSCE peut vraiment faire, outre les sanctions économiques, les restrictions à la frontière, et ainsi de suite? Il y a eu des instances de viol et de torture. Des violences sexuelles ont lieu. L'intimidation est totale.
J'aimerais signaler au Comité que les gens qui organisent la plupart des manifestations dans les rues, jour après jour, sont surtout des femmes, et ces femmes se font intimider par des menaces de viol et de violence sexuelle. Que peut faire l'OSCE en tant qu'organisme?
Sinon, l'OSCE est vraiment impuissante.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être des nôtres encore une fois cette semaine. J'espère que nous réussirons à aller plus en profondeur que nous l'avons fait la dernière fois.
L'une des choses qui mystifient un peu tout le monde, ce sont les motivations de la Russie dans ce conflit. Nous savons qu'il n'y a pas d'atomes crochus entre M. Loukachenko et M. Poutine. Au cours des premiers instants, les premiers jours du soulèvement populaire en Biélorussie, on a vu que la Russie hésitait entre prendre le parti de M. Loukachenko ou s'opposer à lui.
M. Loukachenko s'est rendu à Moscou. Il y a eu un échange entre les deux hommes et, au terme de cette discussion, la Russie, semble-t-il, a pris le parti de la Biélorussie.
Selon vous, stratégiquement ou tactiquement, qu'est-ce qui a amené la Russie à choisir de soutenir M. Loukachenko plutôt que de s'inscrire dans un processus comme celui que semblent vouloir suivre la plupart des pays de l'OSCE dans ce dossier?
Nous avons vu de nombreux citoyens vulnérables descendre dans la rue pour participer à ces manifestations. Nous avons vu des femmes, des personnes handicapées, des travailleurs d'usine et des universitaires. Les protestations rallient ainsi un large éventail d'individus. On les compte par centaines de milliers, et ce nombre ne cesse d'augmenter. Je veux aussi vous parler de tous ces athlètes — olympiens, champions du monde, vedettes du tennis, etc. — qui se joignent aux protestations.
Pour ce qui est de notre politique étrangère, il y a une requête qui m'a été adressée par l'Alliance biélorusse du Canada et M. Mitt Korot. On voudrait que le Canada envisage la possibilité d'offrir un statut de réfugié, et de résident permanent, aux individus victimes de persécution qui pourraient ainsi être parrainés s'ils envisagent de s'installer chez nous.
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Merci infiniment, madame Grant.
Madame Dabrusin, je vous remercie de ces questions.
C'est ici que se termine notre deuxième série de questions.
Je vous propose, comme nous devons nous pencher sur les travaux futurs du Comité, de remercier tout de suite nos témoins de leur présence parmi nous aujourd'hui, de leurs bons services, de leurs compétences et de leurs témoignages, puis de reprendre immédiatement à huis clos pour nous attaquer au reste de l'ordre du jour.
Monsieur Sproule, madame Grant, je vous remercie infiniment de vos témoignages devant nous cet après-midi.