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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 22e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 19 octobre 2020, le Comité se réunit pour son étude sur l’état du saumon du Pacifique.
Bien sûr, il y a beaucoup de consignes à suivre. Nous connaissons tous les recommandations des autorités sanitaires à respecter quand nous participons à la réunion en personne et que nous entrons en contact avec d'autres, donc je ne les répéterai pas, mais en tant que président, j’appliquerai ces mesures pendant toute la durée de la réunion, et je remercie d’avance les membres pour leur coopération.
Pour ceux qui participent virtuellement, je voudrais énoncer quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s’exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d’interprétation sont offerts dans le cadre de cette réunion.
Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, le français ou l’anglais. Avec la dernière version de Zoom, vous pouvez désormais parler dans la langue de votre choix sans avoir à sélectionner le canal de la langue correspondante. Vous remarquerez également que la fonction « Lever la main » de la plateforme se trouve désormais à un endroit plus facilement accessible sur la barre d’outils principale, si vous souhaitez prendre la parole ou attirer l'attention du président. Pour les membres qui participent en personne, procédez comme vous le feriez normalement lorsque le Comité entier se réunit en personne dans une salle de réunion.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l’icône du microphone pour activer votre micro. Pour les personnes présentes dans la salle, votre microphone sera contrôlé comme d’habitude par l’agent des délibérations et de la vérification. Je vous rappelle que tous les commentaires des membres et des témoins doivent être adressés à la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, il est très important que votre micro soit en sourdine.
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons d'abord Marvin Rosenau, docteur en philosophie (en sciences biologiques) au British Columbia Institute of Technology. Nous accueillons également Karen Wristen, directrice exécutive de la Living Oceans Society. Enfin, nous recevons Emiliano Di Cicco, chercheur en santé des poissons à la Fondation du saumon du Pacifique.
Je rappelle aux témoins qu'ils ont jusqu'à cinq minutes chacun pour nous présenter leurs déclarations. Je serai assez strict sur le temps, comme nous voulons également pouvoir leur poser des questions, bien sûr.
Nous entendrons d'abord M. Rosenau. Allez-y dès que vous êtes prêt.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Marvin Rosenau, et c'est pour moi un honneur de vous parler aujourd'hui. Je travaille dans le domaine des pêches depuis 40 ans et cumule une expérience locale, nationale et internationale, tant dans le secteur public que privé, dans le milieu universitaire et scientifique comme dans celui de la gestion, des politiques et des tribunaux. Je suis aujourd'hui enseignant dans le programme Poisson, faune et activités récréatives du British Columbia Institute of Technology, où je me concentre plus précisément sur les sciences aquatiques et l'étude du poisson.
Je crois personnellement que les déclins qu'on observe actuellement dans les populations de saumon dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique et le fleuve Fraser sont attribuables en grande partie aux piscicultures. Cependant, avec l'annonce récente de la décision du MPO de retirer 19 piscicultures des voies migratoires des saumoneaux sauvages en dévalaison, dans les îles Discovery, en plus du démantèlement des piscicultures de l'archipel de Broughton, il y a plusieurs années, le ministère avance dans la bonne direction. Je félicite la ministre Jordan, le comité permanent et les autres de ces décisions courageuses.
Aujourd'hui, je parlerai surtout de la destruction de l'habitat et de l'inaptitude du MPO à s'attaquer véritablement au problème. C'est mon thème. Les espèces et les écosystèmes ne peuvent pas survivre et prospérer sans un habitat fonctionnel. Je me pose donc les questions suivantes: y a-t-il suffisamment de règles appropriées en place au Canada pour protéger les stocks et les espèces de saumon en Colombie-Britannique des perturbations de leur habitat, notamment dans la Loi sur les pêches du Canada? Les règles existantes sont-elles efficacement mises en œuvre, à l'étape du renvoi ou à celle de l'approbation des nouveaux projets susceptibles d'avoir des effets néfastes ou lorsque toutes sortes d'infractions surviennent et que les agents des pêches doivent mener une enquête puis déterminer s'ils porteront des accusations ou s'ils recommanderont des mesures d'assainissement?
Je suis d'avis que malgré l'amélioration récente de la Loi sur les pêches grâce au projet de loi , qui était excellent... Selon mon expérience de plus de 30 ans à utiliser cette loi, rien ne porte à croire que nos lois, nos règlements et nos politiques ne sont pas assez robustes pour protéger le poisson et son habitat. Cependant, la mise en œuvre des règles existantes est parfois lamentable. Cela peut découler d'un manque de volonté dans le processus décisionnel interne du MPO ou parfois, d'une mauvaise compréhension de ce qui constitue une destruction de l'habitat. De même, il lui arrive souvent de mal comprendre comment restaurer l'habitat ou atténuer les dommages.
La difficulté du MPO à recruter du personnel compétent pour assurer la protection de l'habitat en Colombie-Britannique demeure un enjeu de taille. La fermeture du bureau de l'habitat du MPO, à Prince George, et la fermeture d'autres bureaux à Quesnel, à Clearwater et dans l'Est de la Colombie-Britannique en font foi.
À mon avis, pour travailler dans le domaine depuis de nombreuses années, la protection de l'habitat est l'aspect le plus difficile de la gestion des pêches et exige toujours beaucoup de travail et des décisions difficiles. Quand ils font bien leur travail, les décideurs du ministère sur les questions liées à l'habitat doivent constamment dire aux promoteurs, aux aquaculteurs, aux entrepreneurs forestiers, aux sociétés minières ou aux sociétés hydroélectriques que non, ils ne peuvent pas faire ceci ou cela, ce qui arrive rarement.
C'est devenu la norme que de capituler devant les promoteurs en raison des pressions exercées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du gouvernement. Le projet du Terminal 2 à Roberts Bank, dans l'estuaire du fleuve Fraser, et le projet d'agrandissement du réseau de Trans Mountain en sont de bons exemples.
Le personnel responsable de la protection de l'habitat et de la mise en application des lois, ainsi que les décideurs du Programme de protection du poisson et de son habitat, le PPPH, au MPO, se sentent souvent personnellement et professionnellement vulnérables à la critique. Ils essaient pourtant de faire ce qu'il faut, soit de protéger l'habitat. Selon mes propres observations et ma propre histoire personnelle, les supérieurs rabrouent souvent durement les employés qui cherchent à prendre des positions qui se défendent, pourtant, sur les plans juridique et scientifique.
Par exemple, on a spectaculairement omis de protéger de nombreux habitats du saumon au cours des dernières années lorsque des forêts entières en région inondable ont été détruites pour faire place à des terres agricoles entre Mission et Hope, dans le Bas-Fraser, en Colombie-Britannique, et je pense que vous avez probablement des chiffres à cet égard. Selon moi, bon nombre de ces activités dans ce qu'on appelle le cœur du Fraser constituent des violations claires des dispositions de la Loi sur les pêches concernant l'habitat du poisson. Le MPO n'a pourtant accusé aucun propriétaire en vertu de cette loi, à ma connaissance, et jusqu'à un millier d'hectares d'habitat exceptionnel pour l'alevinage dans le fleuve Fraser sont disparus ou disparaîtront en raison d'une mauvaise application de la loi ou de mauvaises décisions de tri au PPPH.
Le MPO a manqué à son devoir de bien interpréter la science ou la loi ou a simplement refusé de faire appliquer ses propres règles dans ce cas-ci, et ce n'est qu'un exemple.
En conclusion, le Canada a beaucoup de bonnes règles visant le saumon qui seraient adéquates pour protéger le poisson et son habitat, mais le gouvernement doit s'assurer d'exercer ses pouvoirs existants et d'éviter toute ingérence politique, pour plutôt appuyer son personnel de première ligne à l'aide de ressources supplémentaires et de toutes les façons que je viens de décrire.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président. Je remercie tous les membres du Comité de m'avoir invité aujourd'hui. C'est pour moi un très grand honneur que de participer à cette séance.
On m'a recommandé de préciser que mon exposé prendrait 5 minutes et 50 secondes; j'espère arriver à vous le présenter au complet.
Je me présente: je m'appelle Emiliano Di Cicco. Je suis docteur en médecine vétérinaire et j'ai un doctorat en ichtyopathologie. Je travaille dans le domaine depuis plus de 15 ans et depuis 6 ans en Colombie-Britannique.
En 2015, j'ai été embauché comme ichtyopathologiste et gestionnaire de projet pour l'Initiative stratégique visant la santé du saumon, dont l'abréviation est ISSS. Notre principal objectif était d'évaluer la contribution des agents pathogènes et des maladies au déclin du saumon du Pacifique.
Nous avons évalué plus de 50 agents infectieux détectés dans un échantillon de 30 000 saumons prélevés au cours des 10 dernières années, dans le cadre de l'enquête la plus approfondie sur les infections et les maladies jamais menée sur le saumon sauvage. Nous avons identifié plusieurs agents infectieux qui semblent avoir un impact sur la santé des saumons sauvages et dont les effets semblent potentiellement aussi importants que les effets bien connus de la température de surface de la mer.
Pour vous donner quelques exemples, nous nous sommes rendu compte que l’orthoréovirus pisciaire, qu'on appelle plus simplement le PRV, a une incidence sur l'état et la survie des saumons quinnat et coho. Ce virus, introduit en Colombie-Britannique depuis l'océan atlantique il y a une trentaine d'années, environ, est également répandu dans les élevages de saumon. Il s'agit d'un aspect important à garder à l'esprit, car les virus ont le potentiel d'évoluer rapidement, et un peu comme on le voit actuellement avec le coronavirus, la présence d'un grand nombre d'hôtes favorise la réplication virale et l'apparition de variants plus dangereux.
À titre de pathologiste à l'ISSS, j'ai dirigé deux principales études sur les effets des infections causées par le PRV en Colombie-Britannique. La première nous a permis d'identifier une maladie qu'on appelle l'inflammation des muscles squelettiques et cardiaques, soit l'IMSC, et qui est associée au PRV dans les élevages de saumon de l'Atlantique en Colombie-Britannique.
Compte tenu du poids de la preuve à l'échelle mondiale, qui indique que le PRV cause l'IMSC chez le saumon de l'Atlantique, nous avons recommandé que le PRV soit considéré comme un agent pathogène réglementé en vertu de la Loi sur les pêches.
La seconde étude nous a permis de constater que le PRV peut également induire une maladie connexe chez le saumon quinnat, qu'on appelle la jaunisse/anémie. Cette maladie a également été observée et décrite chez les saumons coho du Chili, et nos saumons sauvages portant une grande concentration de PRV développent une pathologie similaire à celle décrite chez les saumons d'élevage. Enfin, ce sont les saumons échantillonnés dans un rayon de 30 kilomètres d'une salmoniculture, en Colombie-Britannique, qui affichent le taux le plus élevé d'infection causé par le PRV.
Le même phénomène a été observé pour une autre bactérie, Tenacibaculum maritimum, qui semble responsable d'une mortalité importante dans les salmonicultures et joue probablement un rôle dans la santé et la survie du saumon rouge, du saumon quinnat et du saumon coho.
Il importe de souligner que cette bactérie a été observée en concentration abondante dans l'eau entourant les salmonicultures actives en période d'éclosion et que le risque d'infection du saumon rouge est particulièrement élevé dans le fleuve Fraser, puisqu'il passe près des élevages dans les îles Discovery.
L'un des quinze nouveaux virus découverts chez le saumon par notre équipe est le nidovirus, qui est apparenté aux coronavirus. Il infecte les branchies, le tissu respiratoire du saumon. Nous observons ce virus le plus souvent dans les poissons relâchés par les écloseries fédérales. Selon nos résultats préliminaires, ce virus pourrait jouer un rôle important dans la survie des saumons juvéniles au moment de leur entrée dans l'environnement marin.
Cependant, il y a aussi des agents qui ont incidence sur la survie des saumons sauvages qui sont naturellement présents dans leurs écosystèmes. C'est le cas, par exemple, d'un petit parasite de la peau qui provoque la maladie des points blancs chez les jeunes saumons du Pacifique en eau douce et qui semble avoir un effet important sur leur survie en mer.
Les agents que je viens de mentionner ne sont pas les seuls à présenter un risque pour nos saumons sauvages, mais ils sont parmi les plus importants et les plus présents d'une espèce à l'autre.
Par nos recommandations de mesures de gestion, nous ne pouvons qu'atténuer les facteurs que nous pouvons contrôler, dont la plupart seront anthropiques. Pour ce qui est des maladies qui touchent le saumon, notre principal levier est de resserrer le contrôle sur les saumons d'élevage, soit dans les salmonicultures et les écloseries. Nous avons le pouvoir de choisir quand et comment ces saumons seront élevés et quelle sera leur abondance par rapport à celle du saumon sauvage. Nous pouvons réglementer le type et le niveau d'infection tolérés. Dans ce contexte, il est fortement recommandé de privilégier les méthodes d'élevage en circuit fermé pour la salmoniculture.
En outre, il existe un risque lié au fait que les écloseries relâchent un grand nombre de saumons du Pacifique qui peuvent non seulement entrer en concurrence avec les saumons sauvages pour une offre alimentaire en baisse, mais aussi représenter une source supplémentaire de transmission et d'évolution des maladies. Il est donc essentiel de surveiller et de réglementer proactivement l'état et la santé des poissons d'écloserie avant de les relâcher dans l'océan. Tous les résultats des tests devraient être accessibles au public afin d'inspirer confiance en notre système de gestion.
Pour terminer, je dirais que l'expression d'une maladie associée à un pathogène est souvent déclenchée par les conditions environnementales auxquelles est exposé un poisson. Il faut s'attendre à ce que la fréquence et l'incidence des maladies augmentent à mesure que la situation climatique se dégrade. Les effets cumulatifs du stress et des maladies ne font probablement pas que s'additionner, et il ne fait aucun doute que les effets directs et indirects du changement climatique se répercutent sur la survie du saumon en eau douce, dans les estuaires et dans l'océan. C'est pourquoi il est non seulement recommandé, mais nécessaire d'agir rapidement pour nous attaquer aux agents pathogènes et aux maladies qui touchent les poissons. Nous n'avons pas de temps à perdre. Nous avons besoin de mesures d'atténuation et d'assainissement dès maintenant.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Quand j'ai été invitée à comparaître devant le Comité, je pensais vous parler du pou du poisson, étant donné que c'est un sujet sur lequel j'ai publié beaucoup d'articles. Je suppose, toutefois, que vous en avez déjà beaucoup entendu parler, donc je voudrais plutôt vous parler aujourd'hui d'une chose totalement nouvelle.
Dr Di Cicco l'a mentionnée. Il s'agit d'une nouvelle étude réalisée par l'ISSS sur une bactérie du nom de Tenacibaculum. Comme c'est un terme assez aride en une heure aussi tardive de l'après-midi, je vous parlerai plutôt de la maladie qu'elle provoque, à savoir la « pourriture buccale », si vous me permettez d'utiliser ce terme un peu moins scientifique.
Ce que je veux surtout mentionner à propos de la pourriture buccale, c'est l'importance de cette découverte. Vous savez sans doute tous que la Commission Cohen n'a pas réussi à trouver de « preuve tangible », pour reprendre les mots du juge Cohen. Je pense que nous pourrions très bien en avoir trouvé une maintenant.
Il a été établi que cette bactérie infecte d'abord les jeunes saumons sauvages puis qu'elle a, pour reprendre les mots des chercheurs de l'ISSS, « des effets à l'échelle de la population ». C'est ce que nous cherchions depuis le début pour pouvoir quantifier le risque pour le saumon rouge, et pour le saumon rouge du fleuve Fraser en particulier.
Le plus important encore, dans cette découverte, c'est que l'équipe de l'ISSS a pu déterminer exactement où le phénomène survient. Grâce à l'analyse d'échantillons de saumons sauvages prélevés le long de leur voie migratoire, les chercheurs ont pu déterminer que les infections se produisaient dans la région des îles Discovery, que la bactérie y était présente dans les salmonicultures et qu'elle se répercutait dans une proportion de 87,9 % sur le taux de survie du saumon rouge en migration.
Il s'agit d'une information très importante, qui contredit carrément les conclusions de l'une des neuf évaluations du risque réalisées par le ministère des Pêches et des Océans pour éclairer la dans sa décision concernant les îles Discovery.
J'aimerais prendre quelques secondes pour vous résumer les résultats de cette évaluation du risque de pourriture buccale, parce que c'est important de comprendre ce qui y est arrivé. Le ministère a conclu qu'il y avait un risque élevé d'éclosion, qu'il était très probable que cette maladie frappe le saumon d'élevage, mais aussi qu'il était très probable que les juvéniles soient également exposés à cet organisme. Ce que les fonctionnaires ne savaient pas — ils ont déterminé que c'était très incertain —, c'est si le saumon rouge pourrait également être infecté à la suite d'une exposition à la bactérie. Ne sachant pas cela, ils ont décidé que ni l'abondance ni la diversité du saumon rouge du fleuve Fraser ne seraient affectées plus que de façon négligeable.
Toutes ces conclusions ont désormais été réfutées. Premièrement, concernant la probabilité d'infection, il y a certitude qu'il y aura infection. Deuxièmement, concernant la gravité des effets, personne n'oserait qualifier d'effets « négligeables » des effets touchant 87,9 % de la population.
Cela illustre bien la fragilité des évaluations du risque du MPO. Les recherches scientifiques de base pour les appuyer n'ont pas été faites. Les preuves sont là, maintenant, et cette évaluation du risque est passée à la trappe.
L'autre élément important que je souhaite mentionner, c'est ce qui c'est passé quand l'information a été transmise le long de la chaîne hiérarchique du MPO ou plutôt, ce qui ne s'est pas passé. Mme Miller-Saunders a avisé la haute direction le 15 décembre 2020, juste avant que la ministre ne prenne sa décision, qu'elle avait de nouveaux résultats de modélisation et de nouvelles preuves très pertinents pour la décision à prendre.
Quand les membres du Comité recevront mes documents écrits, ils verront que j'ai copié textuellement la correspondance échangée sur ces résultats, que nous avons obtenue grâce à une demande d'accès à l'information. Il est très intéressant de souligner que Mme Miller-Saunders a donné à ses supérieurs immédiats une description complète et vulgarisée de ses constats, si bien qu'il n'y avait aucun doute sur l'importance de ces résultats.
Elle écrit dans son premier courriel, le 15 décembre, à 13 heures, que « nos modèles révèlent des associations entre cet agent [c'est-à-dire la pourriture buccale] et l'état et la survie des populations entières de saumon quinnat, de saumon coho et de saumon rouge ».
Elle mentionne également discuter de ces conclusions et de ces travaux avec le personnel depuis plus d'un an, ce n'était donc pas une surprise pour ses collègues.
Un extrait de la description vulgarisée fournie par Mme Miller-Saunders est sans équivoque. Le risque de contamination que présentent les élevages de saumon des îles Discovery éclipse celui que présentent les autres fermes salmonicoles. Le risque d'infection d'origine aquacole est jusqu'à 12,7 fois plus élevé que le risque naturel de base pour cet agent. La modélisation permet de conclure à une réduction de 87,9 % du taux de survie des saumoneaux. C'est très clair.
Le paragraphe récapitulatif, à la fin de cette description non scientifique l'expose encore plus clairement: « Nos modèles font état de probabilités réalistes et graves de transmission d'origine aquacole de la “pourriture buccale” au saumon rouge du fleuve Fraser et de risque de contamination de populations complètes de saumon quinnat, de saumon coho et de saumon rouge ». Bien que « l'incertitude demeure », selon elle, « c'est l'ensemble des données probantes plutôt qu'un modèle en particulier qui devrait donner à réfléchir ».
Elle poursuit son résumé en ces termes: il se dégage de « l'ensemble conjugué » des résultats que la pourriture buccale est « l'une des causes les plus probables de la détérioration à grande échelle des populations sauvages et que les infections chez le saumon rouge du fleuve Fraser proviennent vraisemblablement de sources salmonicoles, en particulier dans la région des îles Discovery. Compte tenu des connaissances sur l'état déprimé des stocks de saumon rouge du fleuve Fraser, les preuves que nous présentons suggèrent qu'une extrême prudence et des recherches supplémentaires sont de mise. »
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Il y a deux aspects à prendre en considération. D'abord, les preuves sont manifestes, partout dans le monde, que les activités aquacoles ont des effets sur les populations sauvages lorsque les deux types de populations sont présentes dans la même région. Nous parlons de la situation qui prévaut ici, sur la côte Ouest, mais c'est la même chose en Europe. Comme Karen Wristen vient de le mentionner dans son exposé, il y a des effets cumulatifs qui doivent nous porter à nous demander si l'incidence est vraiment minime ou bien plus grande que cela.
Il y a un certain nombre de facteurs dont il faut tenir compte. Premièrement, nous avons des preuves qu'une multitude d'agents pathogènes sont présents dans les piscicultures et qu'ils peuvent menacer le saumon du Pacifique, et même le saumon sauvage du Pacifique, dans ce cas-ci, puis que ces agents peuvent être présents en grandes concentrations. C'est vrai pour le Tenacibaculum, mais c'est vrai pour plusieurs autres agents aussi. Dans ce cas-ci, les piscicultures peuvent être un incubateur, et en même temps, elles peuvent être un réservoir.
Nous avons mené une étude sur le SHV, un virus qui peut demeurer présent dans une pisciculture, laquelle devient alors comme réservoir, et infecter le hareng, dont se nourrit le saumon.
Il ne faut pas oublier non plus que les saumons sauvages qui passent près des piscicultures, comme le saumon rouge dans les îles Discovery et les autres saumons sauvages qui vivent à proximité, comme le quinnat, sur la côte ouest de l'île de Vancouver, courent un plus grand risque d'être contaminés par ces agents lorsqu'ils sont rejetés en grandes concentrations par les piscicultures. C'est un autre facteur de risque à surveiller dans ce casse-tête.
Nous avons aussi des preuves que certains de ces agents pathogènes peuvent causer des lésions et des maladies, comme on l'observe chez les poissons d'élevage. Par exemple, le PRV...
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Je vous remercie, monsieur le président.
Les témoignages étaient passionnants. J'ai moi-même perdu la notion du temps. Je remercie tous les témoins, MM. Di Cicco et Rosenau ainsi que Mme Wristen, de leurs témoignages.
Madame Wristen, je vous ai écoutée attentivement et avec intérêt. Vous avez parlé de causes multifactorielles au sujet de ce qui se passe présentement quant aux populations de saumons du Pacifique.
J'aimerais que vous nous donniez plus de détails sur ce dont vous nous parliez plus tôt relativement au ministère lui-même. Vous avez mentionné, par exemple, les différences marquées entre les informations scientifiques dont le ministère pouvait disposer pour faire des propositions à la . Vous avez également parlé de Mme Miller-Saunders, qui constate un peu la même chose quant aux différences dans les données scientifiques.
Comment pourrions-nous améliorer cet état de fait au sein du ministère lui-même?
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C'est une question très vaste. Pour vous répondre, je me limiterai à ce qui s'est passé dans le cas de ces recommandations scientifiques en particulier.
C'était des recommandations écrites, pour ainsi dire. L'importance de ces observations a été occultée par la façon dont on les a qualifiées, mises en contexte, puisqu'on a bien laissé entendre qu'elles n'avaient pas été publiées, de sorte qu'elles n'étaient peut-être pas aussi graves que le cri d'alarme que Kristi Miller essayait de lancer à ses supérieurs hiérarchiques. On ne sait même pas avec certitude si l'information a été transmise à la avant qu'elle ne prenne sa décision, selon le dossier papier que nous pouvons voir.
Chose certaine, il n'y a rien qui paraît dans le compte rendu de décision soumis à la cour — et je suis au courant parce que je suis une partie concernée dans cette affaire — qui laisse croire qu'elle a vu cette information avant de prendre sa décision. Cela a des ramifications concrètes très importantes. Il y a des entreprises devant les tribunaux, en ce moment, qui essaient d'obtenir une injonction pour que cette décision soit annulée et que les piscicultures des îles Discovery soient remises en activité, et le juge saisit de l'affaire ne verra aucune preuve des conséquences désastreuses de ces piscicultures sur le saumon rouge du fleuve Fraser s'il décide de les rouvrir. L'information manque tout simplement au dossier, ce qui est indéfendable.
Si nous voulons éviter qu'une telle situation ne se reproduise, il faut retirer du mandat du MPO toute fonction de promotion de l'industrie. Le ministère ne peut pas à la fois promouvoir l'aquaculture et protéger adéquatement le saumon sauvage. Il peut assurément réglementer l'aquaculture. Il a tout le savoir-faire nécessaire pour cela, mais il ne peut pas concilier la promotion de l'aquaculture avec une protection adéquate du saumon sauvage. Il est évident qu'il n'a pas su le faire jusqu'ici, et rien n'indique qu'il pourrait le faire à l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Je veux aviser Mme May que je vais lui laisser un peu de temps pour qu'elle puisse également poser quelques questions.
Nous avons obtenu des données indiquant une évolution des conditions dans les grands fonds océaniques. Le changement climatique, un phénomène bien réel, a un impact sur les sources d'alimentation, comme le plancton, et les saumons chinook qui remontent sont de plus petite taille. Ils remontent plus tôt et ne sont tout simplement pas dans un état leur permettant de frayer et de procréer.
Que pouvons-nous faire pour contrer les conditions qui prévalent dans les grands fonds océaniques et qui échappent en grande partie à notre contrôle?
Je vais demander à M. Rosenau de répondre à cette question, et peut-être entendre également M. Di Cicco à ce sujet.
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Oui, aux États-Unis, le déclin d'espèces comme les saumons quinnat et coho n'a pas été aussi brutal que dans le Fraser ou le détroit de Géorgie. Les phénomènes ne sont donc pas synchrones. En fait, en certaines années, le sockeye de la rivière Okanagan est aussi ou plus nombreux que dans tout le bassin du Fraser.
Oui, également, des problèmes se sont manifestés, par exemple les oscillations semi-décennales les plus hâtives, dont les maximums et les minimums très importants dans le temps sont indépendants de tout ce qui se passe dans le détroit de Géorgie ou le reste du Pacifique.
La situation générale, c'est le changement climatique, mais malgré cela, il se passe dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique et dans le Fraser quelque chose de très particulier, différent de ce qui se passe aux États-Unis, au sud, et en Alaska, au nord, en certaines années de montaisons exceptionnelles.
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Oui. Ça rappelle l'époque de la mise en valeur des salmonidés, dans les années 1970 et 1980, mais, à mon sens, de la menue monnaie en comparaison. La Colombie-Britannique, c'est le saumon, et vice versa.
Mais j'ajouterais, et ça remonte à mon enjeu du Coeur du Fraser et les grandes îles, que si nous ne pouvons pas arrêter l'enchaînement de certaines des pertes vraiment graves d'habitats et du tronçon entre Hope et Mission, lequel est absolument capital pour les stocks du Fraser... Il y a Big Bar, le Coeur du Fraser, le pou du poisson, la pourriture de la bouche. Autant de catastrophes.
Malgré ce que je sais des piscicultures, que je connais bien, je privilégierais le Coeur du Fraser. Prenez une partie de l'argent, ce que le ministère des Pêches et des Océans a hésité à faire, et placez-le là.
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Merci encore. Heureux d'être de retour au bercail.
Monsieur Rosenau, je suis passé par le Cœur du Fraser, il y a quelques semaines et j'ai vu certaines des pertes d'habitats auxquelles vous faisiez allusion dans certaines de vos images. La personne qui se trouvait là et moi, nous avons discuté de la méconnaissance de l'habitat du saumon. Quand on aperçoit même de l'esturgeon dans les eaux en crue, même dans certains secteurs forestiers, certains ne comprennent simplement pas que c'est là qu'est le poisson. C'est indispensable à leur survie.
Parlons de l'irritation qu'engendre la non-application de certains règlements le long du cours du Fraser. De nombreux fonctionnaires des pêches publiques s'irritent notamment de constater que certains règlements sont inappliqués. Vous l'avez évoqué dans votre déclaration préliminaire.
Comment y remédieriez-vous? Vous parlez de faire respecter les règlements et de les appliquer. En quoi feriez-vous mieux?
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Merci beaucoup. Vous devez être sorti avec mon ami Dean Werk, un gars formidable.
Ça vient d'en haut. Il faut un changement psychologique de la direction exercé par les cadres supérieurs vers les niveaux inférieurs. Nous savons que, dans les années 1990 jusque vers 2013, l'enlèvement du gravier était une grande affaire, apparemment pour la protection contre les inondations. Nous savions que c'était seulement pour l'industrie de la construction. Nous, les groupes d'intendance, nous rencontrions les gestionnaires locaux et les gestionnaires intermédiaires et nous leur disions que ça ne servait à rien pour la protection contre les inondations, qu'ils détruisaient beaucoup d'habitats. Nous nous faisions répondre que c'était sur l'ordre d'Ottawa, qu'Ottawa disait d'enlever le gravier, que c'était une question politique. Il n'y a vraiment pas de secret. Il faut que ça vienne d'en haut, et les cadres doivent appuyer le personnel opérationnel, les gens du terrain.
Le paragraphe 35.2(2) vise les zones d'importance écologique. C'est une bonne idée qui a été concrétisée il y a environ deux ans. Encore une fois, ça concerne le sujet dont vous parlez, et lorsque nous nous adressons aux cadres intermédiaires supérieurs, au ministère des Pêches et des Océans, ils nous répondent que ça ne bougera pas avant deux ou trois ans, parce que, au niveau de la direction, les cadres supérieurs n'appuieront pas une telle initiative.
À mon avis, Ottawa doit se débarrasser de ce mauvais pli psychologique.
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En premier lieu, je peux vous dire que les changements climatiques sont bien réels. Je ne suis pas le seul à le dire. Voilà ma réponse à votre première question.
Les répercussions des changements climatiques sur le saumon sont diverses. Les poissons sont hétérothermes, ce qui signifie qu'ils utilisent la température du milieu ambiant pour... Leur température suit la température du milieu ambiant. Lorsque la température d'une rivière se situe entre 20 et 25o Celsius, ce n'est pas la température optimale pour les poissons qui s'y trouvent. Cela occasionne un stress excessif chez les poissons. C'est la première répercussion.
D'un autre côté, si la température augmente dans l'océan, où se trouve l'ensemble de la chaîne alimentaire, les algues et le phytoplancton prolifèrent, tout comme les crevettes qui s'en nourrissent. On peut alors se demander quelle quantité de nourriture est disponible pour les saumons. C'est une chaîne.
Malheureusement, tous ces changements se produisent même lorsqu'il y a une augmentation minime de la température. Même une hausse de deux ou trois degrés Celsius peut entraîner un grand changement dans la productivité.
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Encore une fois, nous devons évaluer les coûts et les avantages, ainsi que les répercussions sur la propagation des agents infectieux à partir des salmonicultures, qui dépend de plusieurs variables selon l'emplacement de la ferme aquacole.
Si l'élevage se trouve dans un canal très lisse, il est bien sûr plus facile d'y contenir les agents infectieux avec le va-et-vient des marées. Différents éléments entrent en ligne de compte.
Dans l'ensemble, je dirais que nous avons observé un effet dans un rayon de 30 kilomètres de la salmoniculture, et que la distribution est graduelle. La concentration est dense dans les environs de la ferme aquacole, mais les agents infectieux se diluent à mesure qu'on s'en éloigne.
Je sais que la salmoniculture au large des côtes est une solution qui a été envisagée dans d'autres pays. Elle comporte des coûts et des avantages. Il est avantageux qu'elle permette de diluer la concentration des agents, des polluants, et aussi des rejets de poissons. Cependant, il peut être difficile pour la structure de la ferme de subir les conditions en pleine mer. Comme je l'ai dit, ce type d'opération présente des avantages et des inconvénients.
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Je souhaite remercier le président.
Monsieur Rosenau, nous avons discuté de l'importance cruciale de l'amélioration, la restauration et la protection de l'habitat. Bien sûr, la surveillance et la science entrent également en ligne de compte.
Croyez-vous que le budget actuel est vraiment déterminant? Est-il essentiel que nous ayons un budget pour le rétablissement du saumon sauvage?
Je sais que les Nuu-chah-nulth de mon secteur ont cherché à obtenir des fonds pour contribuer au rétablissement et à la protection de l'habitat. Souvent, leurs demandes ne sont pas retenues parce qu'il y a très peu de fonds.
Pensez-vous que le budget actuel est vraiment essentiel?
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J'ai une question pour vous trois. Elle repose sur une hypothèse. Je ne veux pas mettre qui que ce soit dans une position terriblement difficile ou embarrassante, mais si vous aviez une liste de trois mesures que vous pourriez prendre...
Je vais vous le demander sans détour. Je vous demande chacun votre point de vue. Si toutes les exploitations piscicoles fermaient leurs portes, pensez-vous que nous verrions un rétablissement immédiat des stocks de saumon dans le fleuve Fraser et tout au long de la côte Ouest?
Grâce à cette seule mesure... Je sais qu'une multitude de facteurs entrent en ligne de compte, mais selon vous, car je suis certain que vous y pensez constamment, si les exploitations piscicoles fermaient leurs portes, pourriez-vous garantir qu'il serait alors plus probable que ces stocks, de saumon quinnat, coho ou peu importe, se rétablissent, dans un contexte où la gestion des pêches et tout le reste demeureraient inchangés?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie encore nos témoins. Je crois qu'ils ont tous appris beaucoup de choses à la plupart d'entre nous.
Il y a un sujet sur lequel je vais faire une observation — il en a souvent été question pendant la discussion —: les changements climatiques. C'est une conversation que j'ai eue avec Brian Riddell — encore une fois, un ancien expert —... eh bien, pas ancien puisqu'il est toujours un expert de la situation de nos saumons en Colombie-Britannique, et de la réalité connexe. Je lui ai demandé ce que nous pouvions faire pour régler le problème — pas celui des changements climatiques, mais celui du saumon en Colombie-Britannique. Je parlais précisément du poisson. Ce n'est pas une chose qui peut se régler en brandissant une baguette magique et en disant deux phrases. Une fois de plus, je pense que cela renvoie à ce que M. Rosenau disait, à l'établissement d'un plan plus vaste à long terme, comme la mise sur pied d'une commission.
Comme il me reste encore du temps, je veux parler au Dr Di Cicco — et j'espère que je prononce bien votre nom. Vous avez parlé des exploitations piscicoles et d'autres installations similaires, et vous avez mentionné leurs répercussions négatives dans votre déclaration liminaire. J'ai parlé à l'ambassadeur de Norvège, un pays qui pratique l'aquaculture, car je me penchais sur la question. Vous savez, il y a forcément un pays qui s'adonne à cette pratique d'une manière qui a peut-être moins de répercussions sur les stocks sauvages.
Je ne veux pas présumer que vous êtes au fait des différentes pratiques aquacoles du monde entier, mais y a-t-il des pays qui en ont de bonnes? Le cas échéant, quelles sont certaines des principales choses qu'ils effectuent différemment pour avoir du succès?
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Je vois. Je vous remercie de ces explications.
À propos de la conversation que j'ai eue à ce sujet avec l'ambassadeur de Norvège au Canada, il m'a dit que l'industrie de l'aquaculture de son pays a aussi commencé ses activités il y a 40 ans — du moins, c'est ce que j'ai compris —, mais qu'elle a toujours cherché à faire des progrès technologiques. On songe à mettre les cages plus loin dans des eaux plus profondes pour que les répercussions attribuables à la nourriture qui s'échappe des filets soient moindres. Pour moi, ce que nous devrions probablement regarder en tant que pays, c'est si d'autres pays s'y prennent mieux que nous et de quelle façon. Nous devrions ensuite, de toute évidence, adopter ces pratiques dans notre pays.
J'ai une dernière observation, peut-être pour M. Rosenau, car nous avons parlé d'un ami commun, Dean Werk.
En ce qui a trait aux mesures prises par la , je suis notamment préoccupé par les répercussions sur les personnes qui protègent l'environnement sur les cours d'eau. M. Werk en fait partie. Il est sur le terrain. J'étais avec lui; nous faisions de la recherche sur l'esturgeon dans le cadre du programme mis en œuvre pour le protéger, un programme qui a connu beaucoup de succès. C'est la raison pour laquelle nous avons actuellement une population d'esturgeons. Certains esturgeons sont plus vieux que la Confédération. C'est dire à quel point ils sont vieux, comme vous le savez.
Que pouvons-nous faire pour mieux soutenir ces gardiens de l'environnement — ceux qui sont sur le terrain, qui pêchent peut-être à la canne pendant la semaine, mais qui sont sur le terrain les fins de semaine? Ils ramassent des ordures le long des cours d'eau, ou ils aident à rétablir la santé de cours d'eau et de l'habitat dont nous venons tout juste de parler, et qui est disparu dans certains cas. Comment pouvons-nous mieux aider ces bénévoles à multiplier ces efforts? J'estime que ce serait un excellent investissement. Avez-vous une idée à cette fin?
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Je travaille étroitement avec un de mes anciens étudiants, qui conseille les collectivités. Il travaille maintenant pour le MPO et a des liens avec ces groupes locaux de protection de l'environnement. Ils sont nombreux à se débrouiller avec les moyens du bord.
Nous avons mis fin au dégravoiement de la rivière Vedder, qui était une mesure illogique prise l'été dernier par la Ville de Chilliwack pour se protéger contre les inondations. J'ai probablement consacré deux semaines à l'analyse des données. Lorsque nous avons présenté les données aux organismes, y compris le MPO, ils nous ont dit que nous connaissions ces choses beaucoup mieux qu'eux. La situation a fini par devenir gênante au point de mettre fin au projet.
L'une des choses qui pourraient être avantageuses pour les groupes de protection serait probablement du financement, mais l'autre chose à faire serait de donner des moyens à votre personnel de première ligne, de rouvrir les bureaux. Cette présence sur le terrain est extrêmement importante. Ce sont les personnes à qui j'enseigne dans mes cours.
Il faut appuyer une présence sur le terrain et interagir avec les groupes locaux de protection de l'environnement.
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Eh bien, je ne suis pas un partisan des écloseries. Une grande partie de mon hypothèque a été payée par mon ancien associé, qui était gestionnaire d'une écloserie. Je pense toutefois qu'il faut être très prudent à propos des écloseries.
Je vais revenir sur ce que j'aurais aimé dire pour répondre à une de vos autres questions. Je pense que les résultats seraient instantanés si les exploitations piscicoles fermaient, et les écloseries ne seraient presque plus nécessaires. Je pense que les résultats seraient déterminants à ce point-là.
Dans le cas du glissement de Big Bar, lorsqu'il est possible que le matériel génétique soit perdu, les écloseries sont parfois très importantes du point de vue de la conservation. Le long de la rivière Nechako, j'ai étudié les débits et ce genre de choses, dans le contexte d'une cause entendue par la Cour fédérale avec Rio Tinto, à laquelle j'ai travaillé. Sans l'écloserie d'esturgeons, la population disparaîtrait probablement.
Il y a ces équilibres curieux. Je ne dis pas que les écloseries sont formidables ni qu'on ne devrait jamais y avoir recours, mais selon moi, il faut s'en servir avec beaucoup de prudence. Ce serait peut-être nécessaire si la situation à Big Bar n'est pas entièrement réglée, en particulier pour soutenir les stocks intérieurs.
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Je suppose que je suis le pêcheur endurci ici. Je passe probablement plus de temps à pourchasser le saumon quinnat que n'importe quelle autre personne présente à cette réunion.
Oui, encore là, il y a des répercussions éventuelles négatives d'un point de vue génétique. Ce que je dirais, cependant, c'est que si vous avez une pêcherie, chaque saumon quinnat et chaque saumon coho doivent être marqués, et il devrait y avoir une discrimination très claire.
Le problème avec les écloseries, encore une fois, c'est qu'elles sont le crack du monde de la pêche. Vous développez une dépendance très facilement, et vous pouvez être aux prises avec les problèmes associés à des stocks faibles, ce à quoi Carl Walters et les gens de l'Université de la Colombie-Britannique ont été confrontés il y a 30 ou 40 ans. C'est tout simplement un fait connu.
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Si je peux commencer, j'ai examiné les pratiques dans plusieurs instances au cours de la dernière année lorsque nous menions l'initiative visant à renforcer la durabilité en aquaculture. Je ne peux pas dire qu'il y a une instance pour laquelle je peux déclarer, « C'est un modèle à suivre, c'est très bien fait ». Je pense que c'est parce que cette industrie était nettement en avance sur la réglementation de n'importe quel gouvernement. C'était énorme et percutant avant que quiconque comprenne quelles en seraient les répercussions, de sorte que chaque instance a dû se rattraper et essayer de réglementer.
Certaines des mesures de rattrapage étaient meilleures que d'autres. La Norvège se distingue comme étant un excellent exemple, car elle a considérablement limité la croissance de l'industrie dans les eaux, sauf si l'industrie peut respecter les normes environnementales, ce qui signifie de contrôler les poux et la propagation des maladies. Ces mandats en Norvège sont gérés complètement différemment que nous les gérons ici.
Je ne suis pas sûre que nous puissions en tirer une leçon directe, mais l'une des choses qui ressort, c'est qu'ils exigent des sommes beaucoup plus élevées pour le droit d'utiliser les océans. C'est une technique que nous pourrions employer pour inciter les éleveurs de saumon à cesser d'utiliser l'océan comme un égout et à opter pour un élevage en circuit fermé. C'est une autre option que la Norvège encourage: la mise au point de nouvelles technologies, notamment l'élevage en parc clos terrestre.
Quelqu'un a posé une question plus tôt et a signalé que ces développements étaient prohibitifs, et je dois dire qu'ils ne le sont pas. Il y a plus de 70 projets qui ont été annoncés dans le monde entier dans le domaine de l'élevage en parc clos terrestre. On s'attend à ce que ces infrastructures d'élevage produisent plus d'un million de tonnes de saumon au cours de la prochaine décennie.
Il y en a plusieurs qui sont en train d'être construites, et au moins trois, à ma connaissance, qui sont en production en ce moment et qui vendent déjà leurs poissons. Elles ne sont pas prohibitives. Elles attirent des milliards de dollars d'investissements dans le monde entier, et les investisseurs pourraient aussi être attirés ici, car nous avons tous les avantages nécessaires pour créer une industrie salmonicole terrestre.