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Je déclare la séance ouverte. Bonjour à tous.
Bienvenue à la 34e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 28 avril 2021, le Comité se réunit pour étudier l'état du saumon du Pacifique.
La séance d'aujourd'hui se déroule en format hybride, conformément à l'ordre pris par la Chambre le 25 janvier 2021. Ainsi, les membres peuvent y assister en personne dans la pièce ou à distance par le truchement de l'application Zoom. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes, ne montrant que la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, je voudrais énoncer quelques règles à suivre.
Les membres et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont offerts au cours de la séance. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre « parquet », « anglais » ou « français ». Vous pouvez utiliser l'icône « Lever la main » dans la barre d'outils principale de la plateforme si vous voulez prendre la parole ou attirer l'attention de la présidence.
Avant de parler, cliquez sur le microphone pour activer votre micro. Quand vous ne parlez pas, votre micro devrait être désactivé. Attendez que je vous nomme avant de parler. Si vous suivez la séance par vidéoconférence, cliquez sur le microphone pour activer votre micro.
Je vous rappelle que toutes les interventions des membres et des témoins doivent se faire par l'entremise de la présidence.
Je voudrais maintenant accueillir nos témoins d'aujourd'hui. Nous recevons l'honorable Bernadette Jordan, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, qui est, je pense, accompagnée d'un certain nombre de fonctionnaires du ministère des Pêches et des Océans.
Madame la ministre, peut-être souhaitez-vous présenter les personnes qui vous accompagnent. Nous entendrons ensuite votre déclaration d'ouverture.
Vous pouvez y aller quand vous êtes prête.
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Je vous remercie, monsieur le président. C'est un grand plaisir que d'être de nouveau ici avec vous tous. Je vous remercie de m'offrir l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je voudrais tout d'abord souligner que je témoigne depuis Wolastoqiyik et Mi'kma'ki, le territoire traditionnel non cédé du peuple micmac.
Je suis accompagnée aujourd'hui de plusieurs fonctionnaires, soit Timothy Sargent, sous-ministre adjoint de Pêches et Océans Canada; Niall O'Dea, sous-ministre adjoint principal, Politiques stratégiques; Jean-Guy Forgeron, sous-ministre adjoint principal, Gestion des pêches et des ports; Rebecca Reid, directrice générale régionale de la région du Pacifique; Arran McPherson, sous-ministre adjoint, Sciences des écosystèmes et des océans; Alexandra Dostal, sous-ministre adjointe, Écosystèmes aquatiques; Hugo Pagé, sous-ministre adjoint et dirigeant principal des finances; et Andy Smith, sous-commissaire, Construction navale et matériel.
Étant donné qu'il s'agit de ma première comparution depuis le dépôt du budget de 2021 à la Chambre des communes, j'aimerais parler de certains des investissements qui sont propres à Pêches et Océans Canada, ou MPO. Aujourd'hui, je vais donc discuter du budget et me concentrer sur les thèmes de la conservation et de la protection de nos ressources marines, et du soutien des collectivités et des économies côtières. Au cours des cinq prochaines années, le MPO et la Garde côtière recevront des investissements importants qui permettront au ministère de poursuivre son travail important dans ces domaines.
Je serai également heureuse de répondre à vos questions au sujet du saumon du Pacifique.
Notre gouvernement sait que la santé de nos océans est étroitement liée à celle de notre économie et de notre population. L’une des façons de conserver et de protéger nos ressources marines est d’établir des réseaux d’aires marines protégées, ou AMP, et d’autres mesures de conservation efficaces par zone. Les AMP sont un moyen éprouvé d’aider les espèces aquatiques, les habitats et les écosystèmes à se remettre des situations de stress causées par l’activité humaine comme la surpêche, l’extraction des ressources naturelles et la pollution
Lorsque notre gouvernement a pris le pouvoir en 2015, moins d'un pour cent de nos océans étaient protégés. Aujourd’hui, près de 14 % de nos océans le sont, et l’objectif est d’atteindre 25 % d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030. Pour aider le Canada à atteindre ses objectifs ambitieux en matière de conservation marine, le budget de 2021 réserve à ces objectifs 976,8 millions de dollars pour les cinq prochaines années. Cet investissement servira à élargir notre réseau d’AMP sur les trois côtes, en étroite collaboration avec les partenaires autochtones, provinciaux et territoriaux ainsi qu’avec les collectivités locales, afin de mieux protéger et gérer les zones vulnérables. En fin de compte, ce travail profitera à l’ensemble de l’environnement marin, aux collectivités côtières et aux économies locales.
Le budget de 2021 annonce également que le gouvernement fédéral entend prendre des mesures vigoureuses pour s’attaquer au grave déclin du saumon du Pacifique sur la côte Ouest. Malgré les importantes mesures de conservation prises ces dernières années, les changements climatiques et les menaces d’origine humaine, notamment la détérioration de l’habitat, les contaminants, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, les changements dans l’utilisation des terres et des eaux, et les pressions découlant de la pêche internationale ont eu une incidence négative sur le saumon du Pacifique à chaque étape de son cycle de vie.
À l’heure actuelle, 50 populations différentes de saumon du Pacifique pourraient être inscrites sur la liste de la Loi sur les espèces en péril ou sont en attente d’évaluation par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Les raisons de cette situation sont nombreuses, complexes et extrêmement préoccupantes. Lorsque des événements imprévus comme le glissement rocheux de Big Bar se produisent, les risques pour les stocks de saumon vulnérables sont encore amplifiés. Il faut prendre des mesures audacieuses, soutenues et coordonnées pour stabiliser, protéger et rétablir les stocks de saumon du Pacifique pour les collectivités qui dépendent de la pêche durable et les écosystèmes qui les soutiennent.
En avril dernier, comme bon nombre d’entre vous le savent, notre gouvernement a annoncé un investissement historique dans le saumon du Pacifique. Cet investissement sans précédent de 647 millions de dollars est l’investissement le plus transformateur que le gouvernement n’ait jamais fait pour sauver le saumon, et vise à mettre fin aux déclins dès maintenant, tout en aidant à reconstituer les stocks à long terme. Notre gouvernement adoptera une approche collaborative axée sur le renforcement des partenariats avec les provinces et les territoires, les Premières Nations, l’industrie, les organisations et d’autres intervenants qui font déjà tant pour protéger et conserver le saumon.
Nous devons réunir les partenaires clés autour de la table pour déterminer les mesures qui favoriseront la santé du saumon et pour établir l’ordre de priorité de ces mesures. Je sais que cet investissement intervient dans la foulée de l’étude du Comité sur cette importante question, et je remercie les membres de leur travail dans ce dossier. Je suis impatiente d’entendre vos recommandations. Je suis convaincue que cet investissement apportera une réponse coordonnée pour favoriser le rétablissement des stocks de saumon du Pacifique afin de soutenir les nombreux pêcheurs, collectivités et entreprises qui dépendent de la santé de ces stocks.
Monsieur le président, le budget de 2021 donnera à mon ministère les moyens financiers d’atteindre nos objectifs en matière de conservation marine, de s’attaquer au déclin du saumon du Pacifique et de protéger les espèces aquatiques en péril. Il fournira à la Garde côtière des fonds supplémentaires pour prévenir et atténuer les incidents environnementaux sur l’eau, grâce au prolongement de la location des navires de remorquage d’urgence situés sur la côte Ouest du Canada.
Le budget de 2021 aidera également les collectivités côtières à se relever et à sortir plus fortes de la pandémie de COVID‑19, notamment en investissant dans les ports pour petits bateaux.
En 2019, l’industrie de la pêche commerciale a effectué des débarquements évalués à près de 3,7 milliards de dollars et a employé plus de 45 000 travailleurs. Même pendant les périodes difficiles de la dernière année, le poisson et les fruits de mer figuraient parmi les principaux produits alimentaires exportés par le Canada. Le budget de 2021 prévoit un financement de 300 millions de dollars qui servira à réparer, à renouveler et à remplacer l’infrastructure des ports pour petits bateaux au cours des deux prochaines années. Ce financement contribuera à assurer l’avenir de cette industrie en fournissant des ports sûrs et fonctionnels tout en créant des emplois bien rémunérés pour les Canadiens.
Nous renforçons également notre engagement en faveur de la sécurité maritime des collectivités côtières autochtones, en veillant à ce que ces collectivités puissent obtenir les bateaux et les équipements dont elles ont besoin pour assurer la sécurité des personnes dans les eaux locales.
Monsieur le président, ces investissements dans les collectivités côtières constituent un investissement dans notre avenir qui rapportera des dividendes dans les mois et les années à venir, alors que le Canada et le monde se remettront de la pandémie.
Qu’il s’agisse de conserver et de protéger nos ressources marines ou de soutenir les collectivités et les économies côtières, tout ce travail est interrelié. En définitive, le budget de 2021 est un investissement dans les familles et les collectivités canadiennes. Il s’agit d’investissements qui mettent en lumière le fait que la prospérité économique et la santé à long terme de notre environnement peuvent et doivent aller de pair.
En qualité de ministre, je suis convaincue que le financement dont j’ai parlé aujourd’hui permettra à Pêches et Océans Canada et à la Garde côtière canadienne de réaliser les priorités clés qui contribuent à une économie maritime plus forte, à des océans plus sains et à des collectivités côtières plus résilientes.
C’est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Bienvenue, madame la ministre. Je suis ravi de vous voir aujourd'hui.
Madame la ministre, ma première question est la suivante. Peu importe l'objet de notre étude, les pêches que nous examinons et la côte d'où viennent les témoins, nous entendons encore et encore que vous et le ministère négligez complètement de consulter adéquatement les intéressés avant de prendre des décisions qui bouleversent l'industrie, créant ainsi une forte instabilité alors que la COVID‑19 provoque déjà beaucoup d'incertitude. Cette instabilité constante pousse les gens à s'interroger sur l'avenir de leur moyen de subsistance. Il leur est difficile de prendre des décisions d'avenir au sujet d'un domaine qui les passionne et dans lequel ils œuvrent et souhaitent continuer de gagner leur vie.
Pourquoi vous et le ministère persistez-vous à écarter du processus de prise de décisions les personnes qui sont les plus touchées par vos décisions? Nous entendons à ce sujet les doléances des Autochtones, des pêcheurs commerciaux, des pêcheurs de crevettes, des pêcheurs de homard de la côte Est et des pisciculteurs de la Colombie-Britannique. Le manque de consultation réelle ou de participation au processus de prise de décisions est décrié de toute part sur les deux côtes, car les gens sont informés seulement après les faits.
Madame la ministre, avez-vous une explication à ce sujet?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je voudrais dire que je ne suis pas d'accord avec ces affirmations. Nous consultons un large éventail d'intervenants quand nous prenons des décisions. Nous nous appuyons aussi sur des données probantes pour prendre des décisions.
Au cours de la dernière année, j'ai rencontré d'innombrables fois des communautés des Premières Nations, l'industrie, des pêcheurs commerciaux, des groupes d'intervenants et des organisations environnementales. En fait, une des plus grandes parties de mon travail consiste à rencontrer les intervenants et à écouter leurs préoccupations et leurs observations. Un grand nombre des politiques que nous élaborons découlent de ces consultations.
Sachez également que nous rencontrons aussi régulièrement nos partenaires provinciaux et territoriaux au sujet des décisions sur la gestion des pêches. Cependant, nous fondons un bon nombre de nos décisions sur des données probantes afin de savoir où se trouvent les stocks et ce qu'il se passe dans le secteur.
Par exemple, pendant la pandémie de COVID‑19, nous avons dû prendre des décisions très difficiles à propos de l'ouverture des saisons...
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Merci, monsieur le président.
Soyez la bienvenue au Comité permanent des pêches et des océans, madame la ministre. Je suis content de m'entretenir avec vous aujourd'hui. Dans votre allocution d'ouverture, vous avez beaucoup parlé de partenariats avec l'industrie. Je pense que c'est important. Le saumon de l'Atlantique, en tant que ressource, se porte généralement bien au Québec. Le modèle québécois est assez exemplaire quant à l'efficacité de sa gestion.
La directrice générale de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, lorsqu'elle a comparu devant le Comité il y a deux semaines, a parlé de collaboration avec les communautés et les pêcheurs ainsi que de partage d'expertise, ce que je trouve très important. Cela pourrait aussi servir d'inspiration pour la gestion du saumon du Pacifique en Colombie‑Britannique.
Est-ce que vous et votre ministère comptez collaborer avec les experts et les communautés, notamment au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde, afin d'observer ce qui se fait pour assurer l'avenir de l'espèce?
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Encore une fois, je dirai que votre ministère a manipulé la science et a fourni un rapport qui a dilué la science qui était là.
Je veux passer à autre chose.
Madame la ministre, la rivière Adams, dans ma circonscription de North Okanagan-Shuswap, était autrefois connue comme les 300 acres les plus riches du monde en raison du saumon rouge et des autres variétés de saumons qui s'y trouvaient de la fraie à l'éclosion.
Depuis des années, nous assistons à un déclin constant du saumon, et votre gestion de statu quo ne fonctionne pas. Vos actions et inactions, rien que cette année, ont fait du tort aux Britanno-Colombiens, ainsi qu'aux familles et aux collectivités qu'ils soutiennent. Votre décision concernant les îles Discovery a été annoncée sans aucun plan pour les centaines de travailleurs qu'elle affectera. À cause de votre réinterprétation soudaine de la réglementation, 600 pêcheurs de crevettes de la Colombie-Britannique ont vu leur gagne-pain mis en péril, ainsi que 9 000 Britanno-Colombiens qui dépendent d'une pêche publique pour la main-d'œuvre et l'emploi, parce que vous avez encore une fois rejeté la proposition de pêcheries sélectives de stocks marqués. Les jeunes saumons sauvages du Pacifique continuent d'être dévastés par les pinnipèdes, et pourtant vous refusez d'accepter des propositions relatives à leur gestion.
Malgré le mandat que vous a confié votre , vous n'avez pas non plus réussi à faire...
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d’être parmi nous, madame la ministre.
Devant moi, il y a la baie de Caraquet, la baie des Chaleurs et le golfe du Saint‑Laurent. Comme vous le savez, les cours d’eau de cette région sont utilisés par les pêcheurs de homard, de crabe, de hareng et de plusieurs autres espèces.
J’aimerais vous dire merci, car cette année, à la suite de votre intervention et de toutes nos discussions, un service de déglaçage a pu être fourni par des bateaux de la Garde côtière, des aéroglisseurs. Dans ma circonscription, des contrats ont été établis avec de tierces parties comme Goupe Océan et ECO Techonologies, ce qui a permis aux pêcheurs de crabe, et même de homard, de commencer la saison plus tôt et a fait en sorte qu'il y ait moins d’interactions avec les baleines noires de l’Atlantique. Cela a porté des fruits. En effet, le quota est presque entièrement atteint.
Il y a encore des difficultés. Certaines zones sont fermées présentement, ce qui cause des problèmes.
Madame la ministre, je vous remercie encore une fois. J’aimerais que vous rappeliez aux personnes qui nous écoutent, et même aux gens de ma communauté, pourquoi nous protégeons les baleines noires. Beaucoup de marchés sont en jeu et le fait de ne pas les protéger pourrait avoir d'importantes conséquences.
J’aimerais que vous nous en parliez, madame la ministre.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence, madame la ministre.
Madame la ministre, de nombreuses collectivités, entreprises et familles de la côte Ouest du Canada dépendent de l'accès au saumon quinnat pour leur subsistance, leur sécurité alimentaire, leurs traditions familiales et leurs entreprises.
Je vous ai déjà posé des questions sur les pêches sélectives de stocks marqués. Il s'agit d'une façon prudente et durable de fournir un accès essentiel au saumon quinnat tout en minimisant ou en éliminant pratiquement les répercussions sur les stocks sauvages préoccupants. Le ministère est au courant des propositions de pêches sélectives de stocks marqués depuis maintenant plus de huit ans, et nous ne pouvons tout simplement pas obtenir une réponse définitive dans un sens ou dans l'autre.
Madame la ministre, je me plais à croire que c'est vous qui dirigez le ministère. Je me plais à croire que vous avez vu le caractère raisonnable des propositions des conseils consultatifs en matière de pêche sélective de stocks marqués. Presque tout le monde dit que nous pouvons aller de l'avant avec ce genre de choses.
Allez-vous demander à votre ministère d'ouvrir la porte à la pêche sélective de stocks marqués afin que nous puissions disposer de cet outil de conservation efficace et atteindre un équilibre entre la conservation et les objectifs socio-économiques?
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Merci de poser la question, monsieur Morrissey.
Parmi les choses que nous entendons tous figurent les ventes non comptabilisées de poisson. C'est un problème. Bien entendu, comme vous le savez, le MPO réglemente la pêche, mais une fois au quai, la transformation et la vente du poisson relèvent des provinces.
Je dirai que nous collaborons avec les provinces dans ce dossier. De plus, bien entendu, les agents de la GRC ont un certain nombre d'outils pour donner suite aux préoccupations et enquêter. Nous ne leur disons pas quoi faire. Ils sont indépendants.
Je pense qu'il est aussi important de souligner que je vais rencontrer très bientôt les ministres des Pêches de l'Est du pays, au cours des prochaines semaines, et ce sera un sujet de discussion, car c'est préoccupant. Lorsque les gens vendent le poisson sans respecter la loi, nous en subissons tous les conséquences. Il y a une incidence sur le prix, sur nos données et sur nos exportations, et nous voulons donc nous assurer que c'est fait dans le respect des règles.
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Tout à fait. Je ne les ai pas nommés dans mon discours. Je m'excuse.
Je siégeais à votre comité lorsque nous avons fait l'étude d'un an, que M. Arnold a mentionnée, sur les aires marines protégées. Nous savons que les meilleures sont mises sur pied à partir de rien. Elles sont créées en collaboration avec l'ensemble des intervenants, avec les peuples autochtones, les collectivités, les pêcheurs. C'est ce qui assure leur succès.
Bien entendu, le but d'une aire marine protégée n'est pas de fermer une pêcherie. L'objectif est plutôt d'assurer la viabilité à long terme de l'aire ainsi que la pêche pour les générations à venir.
Y a‑t‑il des aires qui sont fermées? Tout à fait. Ce n'est toutefois pas le cas ici. Nous ne parlons pas de cela. Nous ne parlons pas de fermer une industrie.
Je vais faire des félicitations, car je sais que le Parti conservateur, lors de sa récente réunion annuelle, a approuvé l'objectif de conservation de 25 % de nos zones marines et côtières d'ici 2025 grâce à des aires marines protégées. Je pense que c'est un pas dans la bonne direction pour les conservateurs.
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C'est ce qui est formidable à propos de la pêche sélective; elle nous permet de faire les deux.
Vous parlez beaucoup de collaboration, ce qui, par définition, désigne l'action de travailler avec quelqu'un pour produire quelque chose.
Vous vous servez beaucoup de ce mot. Vous aimez beaucoup les salmigondis de mots, madame la ministre.
Les gens du milieu de la pêche publique sont entièrement disposés à faire une démonstration et à vous montrer que cette pratique fonctionne, mais ils n'ont pas l'impression qu'on collabore avec eux. Ils ont l'impression que vous avez pris leurs données et que vous les avez tout simplement ignorées. Vous avez ignoré les discussions des séances auxquelles ils participent depuis des mois.
Quand allez-vous établir la pêche sélective qui est demandée? Je sais que vous allez répéter votre réponse, mais j'espère que vous allez nous donner une date, une date prévue: « Je ne peux pas faire mieux, monsieur Zimmer. L'essai se fera en 2021. Nous verrons peut-être en 2022 une pêche sélective de l'ordre de 50 %, et peut-être de 100 % dans trois ou quatre ans.
Madame la ministre, il nous faut des réponses maintenant.
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Merci, monsieur Battiste.
Je veux également remercier le Comité pour le rapport et les recommandations. C'est un excellent rapport, et je suis impatiente de pouvoir vous répondre dans un avenir rapproché.
Une chose que nous avons entendue haut et fort dans une grande partie de ces démarches, et dans votre rapport, c'est que nous avions besoin d'une communication accrue entre le ministère — moi —, les pêcheurs commerciaux et les Premières Nations. Nous avons prévu des rencontres pour y remédier.
Nous avons fait des progrès pour ce qui est de mettre à la disposition des pêcheurs de l'information sur les droits des Premières Nations, ce qu'ils signifient et à quoi ils ressemblent. Nous avons vu une grande participation du secteur commercial aux séances d'information que nous avons données et aux ateliers que nous avons mis en place, mais nous savons qu'il reste du travail à faire.
C'est un problème de longue date, comme vous le savez bien. Nous n'allons pas le résoudre du jour au lendemain, mais nous sommes déterminés à faire en sorte que nous écoutons. Nous faisons tout notre possible pour écouter les préoccupations et y donner suite.
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Madame la ministre, pour faire suite à ma question précédente au sujet de la gouvernance, je dois dire qu'il est clair que le système actuel ne fonctionne pas. Le ministère ne dispose pas d'un système permettant d'évaluer l'état d'une population et l'état de l'habitat, de fixer une cible pour la gestion de l'espèce et de gérer les résultats souhaités à l'aide d'une approche intégrée faisant appel aux outils de gestion que sont l'habitat, les écloseries et la pêche.
Le ministère a eu des décennies pour mettre en place un tel système, et il ne l'a jamais fait. C'était prévu dans la politique sur le saumon sauvage, qui a été rédigée il y a plus de 15 ans, mais il n'y a pas eu de suite. Dans le rapport Cohen, on précisait qu'il fallait nommer un responsable de l'intégration de toutes les mesures visant le saumon, mais le ministère ne l'a jamais fait.
Si vous consacrez 647 millions de dollars à un système qui ne fonctionne pas et qui n'a jamais donné lieu à l'élaboration d'un cadre de gestion efficace, je crains que nous rations l'occasion d'obtenir de meilleurs résultats. C'est pourquoi nous devons mettre en place un nouveau cadre de gouvernance, qui doit inclure le ministère, la province et les Premières Nations. Autrement, nous allons tout simplement nous retrouver à investir davantage dans un système qui ne comporte aucun cadre de gestion, aucun système de rapports et aucune reddition de comptes relativement aux résultats.
Nous savons qu'agir dans l'intérêt du saumon doit être une priorité et qu'agir dans l'intérêt des utilisateurs doit venir en second lieu. Pourriez-vous nous parler d'un nouveau modèle?
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Je ne suis pas figé; ne vous inquiétez pas.
Madame la ministre, Stephen McNeil, l'ancien premier ministre de la Nouvelle-Écosse, votre province natale, vous a accusée, ainsi que le gouvernement. Il a déclaré, très honnêtement, qu'il n'était pas satisfait du tout de la gestion de la situation dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Il a affirmé ceci :
Nous sommes dans une situation où (toutes les parties) ne sont pas présentes à la table en vue de trouver une solution pratique... Les parties ne font que continuer de se retrancher davantage dans leur position.
De notre côté, sur la côte Ouest, nous entendons le gouvernement provincial affirmer qu'il n'a pas été consulté adéquatement au sujet de la décision ayant mené à la fermeture des fermes piscicoles des îles Discovery utilisant des cages en filet. Le gouvernement provincial n'a pas été invité à la table des discussions. Il a été pris de court par l'annonce de la décision et il s'est senti exclu du processus.
Des intervenants de l'industrie nous ont dit qu'ils ont tenté de communiquer avec vous personnellement et avec votre ministère pour obtenir des réponses et de l'information. Ils se sont sentis exclus et ils n'ont obtenu aucune réponse.
Madame la ministre, pourquoi ne rencontrez-vous pas les personnes les plus touchées par ces décisions, dont le gagne-pain est en péril en raison de ses décisions que vous prenez? Pourquoi ne pas les consulter?
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Merci, monsieur le président.
Madame Jordan, je dois vous dire que j'ai parlé à ma vieille amie Alex Morton, qui se trouve sur la côte Ouest. Elle a examiné la situation relativement au pou du poisson et aux jeunes saumons qui nagent au-delà des fermes piscicoles qui ne sont plus en exploitation. Elle a constaté une diminution d'environ 90 % des infestations.
D'un côté, nous entendons dire: « Eh bien, vous devez agir. », et de l'autre, nous entendons dire: « Non, avant d'agir, il vaut mieux parler à telle et telle personne, puis à telle autre personne. » La situation était urgente, et vous avez pris, à mon avis, une décision très courageuse sans attendre, et il est clair qu'il était nécessaire de le faire, compte tenu des torts qui étaient causés. C'est le commentaire que je voulais faire.
Ma question est la suivante: De qui relèvera le centre d'excellence?
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Je vous remercie, monsieur Cormier, de votre question.
Je dirais que la COVID‑19 a eu des répercussions extrêmement néfastes sur nos transformateurs de poissons et de produits de la mer, ainsi que sur nos pêcheurs. En effet, nous avons observé un déclin de nos marchés d'exportation.
L'année dernière, lorsque nous nous sommes rendu compte, vers le début de la pandémie, que l'industrie canadienne du poisson et des produits de la mer serait touchée — elle a été l'une des premières industries à être touchée —, nous avons notamment créé le Fonds canadien pour la stabilisation des produits de la mer. Ce fonds a permis aux transformateurs de passer d'un produit destiné au marché frais à un produit qui pouvait se conserver plus longtemps, car nous savions qu'ils n'avaient pas cette capacité. Ce fonds leur a également permis de fabriquer des produits à valeur ajoutée et de chercher de nouveaux marchés.
En outre, nous avons modifié le fonds qui avait été mis en place pour promouvoir les produits de la mer dans d'autres pays, afin de pouvoir en faire la promotion au Canada. Nous avons observé une augmentation de la quantité de produits de la mer consommés au Canada. Je dois dire que les Canadiens se sont mobilisés pour aider nos producteurs de produits de la mer et nos pêcheurs l'année dernière, et je pense que cela a permis de changer la donne.
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Merci, madame la ministre.
Comme vous l'avez dit, nous avons des programmes et des fonds pour nous aider à essayer de trouver de nouveaux marchés.
Madame la ministre, nous avons eu la chance de discuter d'un autre sujet qui m'inquiète vraiment. Il s'agit de la vente des permis de pêche au Nouveau‑Brunswick ou dans les autres provinces de l'Atlantique, et même des permis de pêche au homard, que nous voyons de plus en plus dans nos régions. Un permis de pêche au crabe vaut actuellement entre 12 millions et 15 millions de dollars.
Au cours des deux ou trois dernières années, seulement dans ma région et au Nouveau-Brunswick, nous avons vu les permis de pêche quitter la région pour être accordés au Québec, à l'Île‑du‑Prince‑Édouard ou ailleurs.
L'un des défis que nous rencontrons est le critère de résidence. Comme vous le savez, il n'est que de six mois pour le Nouveau‑Brunswick, comparativement à deux ans pour le Québec, par exemple.
Je veux prendre le temps de bien comprendre.
D'après ce que je comprends, madame la ministre, nous voulons travailler avec les gens des associations et, s'ils nous demandent de changer le critère de résidence, nous sommes prêts à les écouter pour faire en sorte que les permis de pêche demeurent à l'intérieur de nos communautés et de notre province. Est-ce bien le cas?