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Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 24e séance du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 19 octobre 2020, le Comité se réunit pour son étude sur l'état du saumon du Pacifique.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 janvier. Les membres seront donc présents en personne ou sur la plateforme Zoom. Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes, et la diffusion montrera toujours la personne qui parle et non l'ensemble du Comité.
Compte tenu de la pandémie actuelle, des recommandations des autorités sanitaires et de la directive du Bureau de régie interne du 28 janvier, afin de préserver la santé et la sécurité de tous, toutes les personnes qui assistent à la réunion en personne doivent maintenir une distance physique d'au moins deux mètres et porter un masque non médical lorsqu'elles circulent dans la salle. Il est fortement recommandé de porter le masque en tout temps, même lorsqu'on est assis. Vous devez aussi vous désinfecter correctement les mains en utilisant le produit fourni à l'entrée de la pièce. En ma qualité de président, je veillerai au respect de ces mesures pendant la réunion, et je remercie d'avance tous les membres de leur collaboration.
Pour ceux qui participent virtuellement, je voudrais énoncer quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix, car des services d'interprétation sont disponibles. Vous avez le choix au bas de votre écran entre le parquet, l'anglais ou le français. Dans la nouvelle version de Zoom, vous pouvez vous exprimer dans la langue de votre choix sans avoir besoin de sélectionner le canal correspondant. Vous remarquerez aussi que la fonction « lever la main » de la plateforme est désormais plus facile d'accès dans la barre d'outils principale, si vous souhaitez parler ou alerter la présidence.
Quant aux membres qui participent en personne... Je ne crois pas qu'il y en ait aujourd'hui, donc je ne passerai pas la procédure en revue, mais la greffière et moi tenterons de conserver un ordre d'intervention adéquat durant la réunion.
Je rappelle aux députés et aux témoins que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être éteint. Durant la période de questions, ce serait bien que les députés puissent nommer le témoin à qui ils posent une question, car il est parfois un peu difficile de savoir qui devrait répondre.
Nous recevons aujourd'hui Robert Hauknes et Brian Riddell, à titre personnel, ainsi que Josh Temple, de la Coastal Restoration Society.
Monsieur Hauknes, vous avez cinq minutes ou moins.
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J'aimerais remercier le Comité permanent des pêches et des océans de m'avoir invité à présenter un mémoire. Tout d'abord, permettez-moi de raconter mon parcours dans la pêche au saumon.
Je suis un pêcheur commercial de troisième génération de Prince Rupert, en Colombie-Britannique. Je pêche avec mon père et mon frère sur le bateau de mon père. Mon père a commencé à pêcher le saumon lorsqu'il avait 14 ans. Il a acheté son premier bateau à 19 ans, et il a bâti une entreprise de pêche prospère au fil des ans.
Mon frère et moi avons commencé à pêcher lorsque nous étions enfants; il avait 8 ans, et j'en avais 10. Durant ces premières années, nous n'avions pas grand-chose à faire. Nous passions surtout du temps avec notre père, même si nous avons appris beaucoup de choses durant cette période. Lorsque nous avons chacun commencé l'école secondaire, nous avons pêché du saumon tout l'été. Une fois que nous avons terminé nos études secondaires, nous avons tous les deux commencé à participer aux autres pêches auxquelles mon père participait. Nous pêchons actuellement le hareng, le saumon, le flétan et la morue charbonnière.
Cela fait plus de 30 ans que je fais de la pêche au saumon à la traîne. J'ai vu comment la pêche a changé durant cette période. Elle était d'abord ouverte sur toute la côte et capable de retenir toutes les espèces de saumon durant l'été, puis elle s'est fait imposer un permis de zone et n'était en mesure de retenir que certaines espèces, jusqu'à s'exposer à une gestion des stocks faibles qui restreignait le moment et les zones où le saumon pouvait être pêché. Durant cette période, nous avons participé à d'innombrables expéditions nolisées pour prélever des échantillons d'ADN sur le saumon quinnat et le saumon coho afin d'aider à déterminer la période de montaison des différents stocks de ces espèces de saumon.
La pêche au saumon a toujours représenté une partie importante de notre revenu annuel. Au fil des ans, j'ai vu une lente diminution du revenu généré par cette pêche. Mon père a fait de son mieux pour maintenir une activité viable et il a réinvesti énormément d'argent dans la pêche au fil des ans.
Lorsque le saumon quinnat a été intégré dans le système de QIT, nous nous sommes procuré un autre permis de pêche à la traîne dans le Nord dans la zone visée par la désignation ATF, parce que lorsqu'on divisait l'attribution des quotas, c'était en fonction de la moyenne, et nous n'avions jamais pêché la moyenne durant toute année où nous avions pêché du saumon. Cela reposait non pas sur les antécédents de prises ou la participation à la pêche, mais bien sur le permis.
Nous nous sommes procuré ce permis, de façon à pouvoir continuer à pêcher la même quantité de saumons quinnats que nous avions toujours pêchée. Compte tenu de la manière dont le saumon est maintenant géré, il est extrêmement difficile depuis quelques années de générer le même revenu que celui que nous gagnions auparavant. Nous avons dû élargir nos activités à d'autres pêches, de manière à pouvoir gagner assez d'argent pour survivre et rémunérer assez bien les membres de notre équipage pour qu'ils puissent gagner leur vie dans la pêche.
Je me rends compte que les priorités changent au fil du temps, et ce qu'un gouvernement valorise peut changer avec le prochain gouvernement. Les poissons et les permis ne sont pas des biens, ils sont un privilège, du moins, c'est ce que dit le tribunal. Toutefois, lorsque vous avez investi des efforts surhumains et avez sué sang et eau pour bâtir une entreprise, vous ne devriez pas être pénalisés parce que les priorités ont changé.
La réconciliation avec les Premières Nations doit avoir lieu. Toutefois, elle doit être équitable pour tout le monde qui participe à l'industrie de la pêche. Ce qui ne doit pas arriver, c'est qu'on immole la flotte commerciale sur l'autel de la réconciliation. Les Canadiens sont responsables de la réconciliation, et ce n'est pas aux pêcheurs commerciaux d'en assumer le fardeau financier. La conservation ne peut reposer uniquement sur la flotte commerciale, quand il y a de nombreux utilisateurs et de nombreuses raisons pour lesquelles on a de faibles stocks de saumon.
La dégradation de l'habitat, la pollution, le ruissellement provenant des routes et les aménagements résidentiels sont certains des facteurs qui ont contribué à la diminution du saumon; pourtant, on ne parle pas de limiter le développement humain autour de l'habitat du saumon: on se borne à réduire la pêche commerciale. On n'a pas non plus parlé de la comptabilisation adéquate des prises par d'autres groupes d'utilisateurs, soit les Premières Nations et ceux qui s'adonnent à la pêche récréative. Je crois que tout le monde a le droit au saumon et au poisson en général, mais il devrait exister une législation obligeant une comptabilisation crédible des prises.
Il devrait y avoir une déclaration obligatoire des prises de façon semblable à ce qui se passe dans la pêche commerciale. Il est pratiquement impossible de gérer quelque chose si vous ne connaissez pas les chiffres exacts des retraits. Le gouvernement doit aussi investir pour effectuer les évaluations scientifiques et les évaluations des stocks qui s'imposent pour gérer les différents stocks de saumon.
En ce moment, on fait des estimations inflexibles, où on ne modifie pas, au cours de la saison de pêche, l'abondance des montaisons qui apparaissent. Les responsables font une prévision avant la saison, et si plus de poissons que prévu arrivent, on n'augmente pas la pêche disponible, et c'est la même chose pour les faibles montaisons: on ne réduit pas l'effort de pêche. Des données médiocres mènent à une prise de décisions médiocre en matière de gestion.
J'espère sincèrement que le Comité recommandera d'investir dans la science et la surveillance nécessaires de façon à maintenir les stocks de saumon pour les générations futures.
En terminant, j'aimerais dire que ce témoignage a été rédigé lundi soir, le 12 avril, après réception le lundi matin du 12 avril d'un courriel où on me demandait si je pourrais comparaître devant le Comité le mercredi 14 avril. Même si je vous remercie de m'avoir fourni l'occasion de témoigner, j'aurais bien aimé que l'on me donne un meilleur préavis, et j'aurais donc eu plus de temps pour me préparer.
Merci beaucoup de votre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis ravi d'être ici aujourd'hui avec le Comité.
Je m'appelle Brian Riddell. J'ai obtenu un doctorat de l'Université McGill, et je suis immédiatement venu dans ce pays béni de Dieu, sur la côte Ouest, où je travaille au rétablissement et à la conservation du saumon, ainsi que dans le domaine de la science et de la gestion halieutiques, depuis maintenant 42 ans.
Je m'adresse aujourd'hui à vous à titre personnel, mais je devrais dire que je suis toujours employé par la Fondation du saumon du Pacifique en tant que conseiller scientifique.
J'ai fourni un mémoire au Comité, mais j'imagine que vous ne l'avez pas encore vu. Vous le verrez dans l'avenir. Je vais uniquement traiter des faits saillants de ce mémoire aujourd'hui.
La Fondation du saumon du Pacifique s'est adressée au Comité en juillet 2020. Je tiens à appuyer ce mémoire, car il renfermait beaucoup de commentaires utiles. La personne en question était Jason Hwang. Je pense que vous devez vraiment examiner les principales mesures fédérales qu'il a préconisées pour vous rappeler ce qui a été dit à ce moment-là.
Fondamentalement, même s'il est bien de parler de l'état du saumon aujourd'hui, nous devons vraiment réfléchir à notre façon d'agir pour l'avenir. Il a soulevé un point important: nous devons vraiment penser au bien-être de notre communauté dans 20 ans en ce qui concerne le saumon. Il n'est pas question du rendement à court terme d'un investissement.
Brièvement, ce dont je veux vous faire part aujourd'hui, c'est que résumer l'état du saumon n'est pas simple. Il existe plus de 9 000 populations de saumon. M. Hauknes a soulevé un point extrêmement important, c'est-à-dire que la qualité de nos données n'est simplement pas suffisante. Qu'il s'agisse de prises, d'échappées ou d'échantillonnage biologique, il nous manque le nécessaire.
Malheureusement, l'état du saumon aujourd'hui est encore pire que ce que vous avez entendu dire l'été dernier dans l'exposé. À titre d'exemple, le point particulier est la remonte. Le modèle par excellence pour le saumon sur la côte Ouest est probablement le saumon rouge du Fraser. Vous ne savez peut-être pas que la remonte du saumon rouge du Fraser en 2020 a représenté le plus faible taux jamais enregistré. En 2009, la commission Cohen a été créée en raison des remontes de saumon rouge du Fraser. Notre remonte en 2020 était moins du cinquième de celle de 2009. Les choses ne pourraient pas être pires.
Nous avons un problème très grave, et il préoccupe de nombreuses personnes sur cette côte, comme vous venez de l'entendre dire.
Je crois que le saumon rouge du Fraser illustre aussi la difficulté pour ce qui est de comprendre les causes de l'état du saumon. Le saumon rouge du Fraser est élevé dans les ruisseaux et les lacs du bassin hydrographique du Fraser. Il traverse un estuaire fortement perturbé dans la ville de Vancouver et les régions périphériques. Puis, il passe de deux à trois mois dans le détroit de Géorgie, ce que nous appelons le « littoral ». Il dépasse les îles Discovery, dont on entend évidemment souvent parler dans les médias, vu l'état des fermes salmonicoles qui utilisent des parcs en filet et leur transition. Puis, ils s'en vont en mer pendant deux ans et reviennent.
La quantité de saumons que nous voyons remonter est l'effet cumulatif de tous ces facteurs. Tous ces facteurs interagissent, et nous avons donc une tâche énorme lorsque nous parlons de rétablir l'état du saumon du Pacifique et de revenir à l'abondance de la ressource.
Dans le mémoire, je vous ai fourni un diagramme sur le cycle de vie. Vous connaissez maintenant tous le cycle de vie du saumon, mais je crois que le point principal que je veux souligner, c'est que tous les divers habitats peuvent interagir pour exacerber des problèmes ou en atténuer. Ils agissent tous de manière indépendante. Ce n'est presque jamais un facteur unique qui entraîne un changement dans l'état du saumon, et il nous faut donc les systèmes de surveillance en place pour que nous puissions comprendre les bonnes choses comme les mauvaises.
Malheureusement, aujourd'hui, le saumon est généralement en mauvais état. J'utilise le terme « mauvais » pour insister sur ce point. Il y a des variations entre les populations de saumon, mais de façon générale, il n'a jamais été en très mauvais état de façon globale.
La difficulté pour nous tient au fait de savoir ce que nous devons faire pour aller de l'avant. En ce moment, nous voyons un fort leadership pour agir afin de conserver ce poisson inestimable pour la Colombie-Britannique. Ce n'est pas juste pour nos populations autochtones et leur culture; nous devons aussi le faire pour favoriser notre mieux-être social et notre économie en Colombie-Britannique et les écosystèmes de la province. Les remontes de saumon du Pacifique ont une incidence sur de nombreuses industries différentes. Nous avons besoin d'un engagement de ressources pour agir par rapport à cette question, et il nous faut déployer des efforts constants. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Je fournis mes cinq mesures sommaires, essentiellement, qui pourront aider à nous guider.
Fait ironique, nous avons un énoncé stratégique très ferme, qui est le cadre de gestion pour aller de l'avant. En 2005, nous avions la « Politique pour la conservation du saumon sauvage du Pacifique ». C'est une politique fédérale, et elle n'a pas été entièrement mise en œuvre.
Dans cette politique, il y a une ligne directrice selon laquelle vous devez protéger la diversité et la distribution du saumon d'abord. Nous ne savons pas dans quelle mesure l'environnement changera ni quels changements de l'habitat surviendront. Votre seul moyen de planifier les choses, c'est en gérant la diversité du saumon afin de protéger la production future.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je suis le capitaine Josh Temple, directeur exécutif de la Coastal Restoration Society, un organisme à but non lucratif établi en Colombie-Britannique qui a pour mission de soutenir le saumon sauvage du Pacifique dans l'environnement dans lequel il vit.
J'ai l'honneur de me joindre à vous aujourd'hui depuis les terres ancestrales non cédées de la Première Nation Tla-o-qui-aht dans ce qui est actuellement connu comme Tofino, en Colombie-Britannique. Je suis le fils d'Arlene Rees et de feu Ian Temple, frère de Lyndsay et de Craig, père de Soleille et de Kalum, et grand-père de Kali Temple. Je fais intervenir dans la réunion ma famille et ces terres, car elles m'ancrent en tant que personne, en tant que capitaine, et fournissent le cadre de ma compréhension à l'égard du sort du saumon du Pacifique.
J'ai passé toute ma vie à être guidé par les mouvements du poisson; dans mon cas, ma vie entière a été guidée par les migrations du saumon. Né sur les rives du grand delta du fleuve Fraser dans la collectivité de pêcheurs de Steveston, en Colombie-Britannique, sur la terre des Premières Nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, et ayant grandi sur les rives occidentales de l'île de Vancouver, j'ai étudié les habitudes des saumons et j'ai entrepris de les capturer.
J'ai obtenu mon permis de capitaine lorsque j'étais adolescent et j'ai commencé toute une vie de service en tant que capitaine, pêcheur commercial et exploitant touristique. Je ne le savais pas à l'époque, mais j'avais amorcé une carrière à la poursuite d'un poisson qui était destiné à avoir des ennuis. Durant mes dernières années, je me retrouve intéressé non pas tant par la capture de saumon, mais par le fait de m'assurer que la famille et les gens dont j'ai parlé auront encore du saumon à pêcher dans l'avenir. Après avoir assisté pendant des années au déclin inéluctable du saumon, j'ai créé la Coastal Restoration Society et je me suis donné comme mission de soutenir le rétablissement du saumon.
Le Comité est très bien renseigné sur les causes qui ont contribué à la disparition de montaisons de saumon autrefois prolifiques sur notre côte et il est au courant du fait troublant qu'il y a eu peu de changement dans la trajectoire du déclin. Je ne comparais pas devant vous aujourd'hui pour m'appesantir sur la perte de l'habitat, la pollution, la surpêche, la prédation par les pinnipèdes, les espèces aquatiques envahissantes ou les effets résiduels que les industries côtières continuent de laisser derrière elles. Des membres des Premières Nations, des scientifiques et des experts de l'habitat ont tous témoigné devant le Comité et fourni une abondance de données probantes pour appuyer ces faits.
Je comparais plutôt devant vous aujourd'hui en tant que citoyen canadien, pêcheur et environnementaliste, pour mettre l'accent sur le fait que ces mêmes personnes participent déjà à la lutte visant à empêcher la disparition du saumon et qu'elles sont déjà fortement engagées dans cette lutte depuis des générations. Nous avons répondu aux données scientifiques sur la diminution du saumon en présentant des solutions claires et efficaces faisant intervenir des légions d'équipes dédiées en rétablissement, de techniciens en écloserie, de militants et les enseignements de milliers d'années de savoir en gestion des écosystèmes des Premières Nations. Nous avons créé des initiatives fédérales et provinciales de financement pour soutenir les initiatives de rétablissement. Sachant que des milliers d'esprits ont collaboré pour trouver des solutions et que d'innombrables initiatives de rétablissement du saumon sont en cours, on se demande: pourquoi le saumon ne se rétablit-il pas?
La réponse est claire: le rétablissement du saumon n'est pas financé adéquatement. Avec chaque évolution du FRISCB ou du Fonds pour la restauration côtière, des dizaines de projets viables qui contribueraient au rétablissement du saumon ne sont pas pris en considération. Les priorités de financement changent d'une année à l'autre, ce qui laisse des projets essentiels languir ou mourir. On pourrait penser que les centaines de millions de dollars qui ont été affectés au rétablissement du saumon au fil des ans auraient réussi à renverser la tendance, mais de toute évidence, ce n'est pas le cas. Il demeure qu'il n'y a pas de mauvais projets; il y a seulement des projets sous-financés.
Monsieur le président et mesdames et messieurs, si nous devons accepter concrètement la responsabilité pour le rétablissement du saumon, alors nous devons nous tenir responsables du financement des projets qui ont été recensés comme des solutions pour le rétablissement du saumon. Nous devons reconnaître que nous sommes sur la bonne voie, que nos données scientifiques et nos solutions sont bonnes, mais nous échouons dans nos tentatives, parce qu'on nous refuse la possibilité de concrétiser la portée et l'ampleur que cette solution exige. Sans fonds d'urgence d'une ampleur que nous n'avons pas encore connue, il est de ma responsabilité de vous dire que nous risquons de perdre le saumon à jamais.
Toute ma vie, j'ai été guidé par les mouvements du saumon. En vieillissant, je ne sais que trop bien que l'endroit où je me trouve pourrait être l'endroit où je devrai rester si ces mouvements cessent.
Pour terminer, je vous demande de reconnaître que nous tous — membres des Premières Nations, scientifiques, pêcheurs, gouvernement et environnementalistes — travaillons ensemble pour endiguer l'extinction du saumon. Je vous prie d'utiliser les pouvoirs du Comité afin d'encourager tous les paliers de gouvernement à affecter des fonds d'urgence pour mettre fin au déclin inéluctable du saumon et nous permettre d'enfin faire des gains dans notre quête et d'avoir plus de marge de manœuvre. Je vous remercie énormément de votre temps.
Merci.
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Nous avons terminé la deuxième phase du travail, qui représente une partie de traitement et d'analyse de données à très grande échelle. La troisième phase visait à prendre les extrants de la deuxième phase et à diriger des installations de tests expérimentaux, où vous pouviez utiliser des pathogènes particuliers et exposer le saumon à ces pathogènes pour voir quel serait l'effet, s'ils transmettaient la maladie, etc. La quatrième phase est simplement une phase de publication et de consultation à l'intention du gouvernement. Malheureusement, la troisième phase ne peut pas aller de l'avant, parce que nous n'avons pas obtenu accès à un espace suffisant pour mener les études d'exposition.
Dans le cadre du projet, on a bel et bien tenté de construire des installations d'exposition par l'intermédiaire de l'Université Vancouver Island, et cela a échoué à la toute dernière minute, pour une quelconque raison. Aujourd'hui, nous avons fermé le programme mené avec l'UNBC. Nous aurons produit environ 62 publications scientifiques à partir de ce programme, mais il plane une incertitude par rapport à certaines études d'exposition.
Dans cette étude, nous avons décelé 15 nouveaux virus qui n'ont jamais été consignés dans le cas du saumon de la Colombie-Britannique. Cette étude s'est révélée très réussie sur le plan scientifique, mais elle laisse planer un certain nombre de préoccupations importantes.
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Merci, monsieur Arnold.
Oui, en fait, nous le faisons. Nous avons reconnu dans le cadre de notre travail en tant que société que le crabe vert européen est une menace importante — et non seulement pour l'habitat du saumon sauvage. De solides données empiriques d'organisations des Premières Nations et d'organisations assurant une surveillance scientifique montrent qu'il s'en prend en réalité aux jeunes saumons, lorsqu'il quitte sa rivière natale et passe du temps dans l'habitat de zostère marine près de la rive.
Beaucoup de travail doit être fait pour comprendre l'évolution et les répercussions du crabe vert ici, dans la région du Pacifique. Et nous connaissons une énorme éclosion ici, dans le Sud de la Colombie-Britannique, particulièrement le long de la côte ouest de l'île de Vancouver. Je peux dire que, au cours des 14 ou 15 derniers mois maintenant, notre société a collaboré intensément avec les Premières Nations côtières, la province et le MPO en vue de trouver une réponse industrielle à grande échelle visant la gestion et le contrôle du crabe vert.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins qui se sont joints à nous aujourd'hui.
J'aimerais commencer par M. Hauknes. Je crois savoir que vous avez eu un très bref délai pour vous préparer. Ce n'est pas la seule et unique occasion qui s'offre à vous, monsieur. S'il y a d'autres choses que vous voulez porter à notre attention, assurez-vous de les inscrire dans une note à notre attention et de nous les faire parvenir par l'entremise du président. On s'assurera que l'information nous est transmise.
Le but principal de l'étude est la santé des stocks. Lorsque vous êtes allé pêcher durant la période où vous avez pu le faire, avez-vous été en mesure d'attraper du poisson? Y a-t-il des signes que les stocks, lorsque vous pêchez, sont bons?
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C'est une très bonne question. On me la pose souvent.
Il n'y a pas tant de choses que nous puissions faire pour réparer l'océan. Le problème tient au changement climatique. Ces périodes chaudes que nous avons connues sont, de toute évidence, de plus en plus fréquentes. Elles sont plus intenses. L'eau chaude dont vous parlez n'est pas juste chaude — elle est extraordinairement chaude. On parle de trois à quatre degrés Celsius au-dessus de la moyenne à long terme. C'est quelque chose qu'aucun statisticien ne s'attendrait à voir, n'est-ce pas?
Ce sont les fortes tendances environnementales qui causent la diminution, particulièrement d'espèces comme le saumon rouge du Fraser. Une des raisons pour lesquelles nous voyons des variations dans les différents stocks de saumon et les différentes espèces, c'est qu'ils n'utilisent pas tous l'océan de la même façon. Les très faibles remontes du saumon rose, kéta et rouge sont attribuables au fait qu'ils sont les résidents de l'océan, au large. Le saumon coho et le saumon quinnat ont des types d'utilisation de l'océan et des histoires de vie différents, donc vous pouvez voir de meilleurs retours chez ces saumons que chez certains des autres.
Il ne fait aucun doute que nous devons comprendre l'océan, pour que nous puissions savoir quoi faire pour protéger le saumon dans l'avenir, mais vous ne changerez pas l'océan tant que nous ne nous serons pas attaqués aux changements climatiques.
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Merci de poser cette question, monsieur Hardie.
Avant de répondre, j'aimerais dire que beaucoup d'autres études du crabe européen sont nécessaires. Nous en sommes essentiellement aux étapes préliminaires pour ce qui est de comprendre non seulement les espèces et la façon dont elles interagissent avec notre environnement, mais aussi ce qui cause cette prolifération rapide, tout particulièrement le long de la côte Ouest de l'île de Vancouver.
Je dirai qu'il semble y avoir une conjoncture parfaite ici, dans le Sud de la Colombie-Britannique, notamment le long de la côte Ouest de l'île de Vancouver, qui contribue à la propagation du crabe européen. Dans des zones au sud — à Washington ou en Californie, par exemple — où l'espèce existe depuis beaucoup plus longtemps qu'ici, en Colombie-Britannique, on ne voit pas cette même prolifération rapide que nous connaissons ici. Nous ne comprenons pas encore pourquoi c'est le cas.
La réponse à la deuxième partie de votre question au sujet d'autres espèces qui pourraient présenter une menace requiert aussi d'autres études. Toutefois, nous voyons de grands poissons pélagiques qui deviennent plus courants dans les eaux extracôtières, comme la limande à queue jaune de Californie, et même des espèces d'aiguilles de mer, comme l'espadon et le marlin rayé, et d'autres espèces de thon, comme le thon obèse et le thon rouge, qui pourraient tous potentiellement se nourrir de certains des plus grands saumons ou même des saumonaux tandis qu'ils migrent en passant par ces eaux extracôtières.
En ce qui concerne ce à quoi on doit s'attendre et les répercussions que certains de ces grands poissons pélagiques peuvent avoir sur le saumon, c'est très incertain, mais on devrait assurément les considérer comme une menace à l'heure actuelle.
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Merci. C'est une question très importante lorsque nous parlons de rétablissement.
La toute première chose à laquelle nous devons nous attaquer en Colombie-Britannique, c'est la gestion de l'eau. En Colombie-Britannique, il y a une loi de 2014 qui s'appelle la « Water Sustainability Act ». Elle comprend en réalité un engagement à l'égard du débit minimal écologique, de sorte que l'eau soit partagée entre l'écosystème et les autres utilisations. Cela doit être vraiment mis en œuvre à mesure que nous connaissons des périodes estivales de plus en plus sèches et moins d'accumulation de neige, etc.
L'autre élément, c'est notre longue histoire d'utilisation et de modification des terres à laquelle nous devons remédier.
La troisième chose, que nous oublions très souvent, c'est que l'endroit où la terre rejoint l'eau dans nos estuaires est extraordinairement développé dans de nombreux cas. Ce sont des habitats très importants, où le saumon doit passer même jusqu'à un mois et où il s'adapte à l'eau salée et continue de grandir avant de se rendre en mer.
Ce sont de nombreuses mesures qui, nous le savons, sont importantes pour le saumon et qui peuvent être entreprises. Nous avons entendu M. Temple parler des mesures à prendre. Il y a le Fonds de restauration et d'innovation pour le saumon de la Colombie-Britannique. On peut investir dans toutes ces choses, mais il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire en eau douce et dans les estuaires avant de nous soucier de la haute mer.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins du travail important que vous faites au profit du saumon sauvage.
Nous avons évidemment connu la plus faible remonte de l'histoire documentée de saumon du fleuve Fraser, le plus grand cours d'eau à saumons du monde — je vous entends rire, monsieur le président, en passant — au cours de la dernière année et demie, ou presque deux ans. Cela a été suivi par ce qui est maintenant la plus faible remonte de l'histoire documentée pour le saumon sauvage du Pacifique dans le Fraser.
Le gouvernement n'a pas apporté de changements importants à l'investissement sauf pour ce qui est de Big Bar. Il n'avait pas de budget l'an dernier. Il n'en a pas déposé en raison de la COVID. Dans l'énoncé économique de l'automne, il n'a pas répondu à cette urgence critique. Nous avons demandé au ministre de déclarer que la situation du saumon sauvage est critique, parce que c'est exactement ce qu'elle est.
Monsieur Riddell, pouvez-vous parler de l'importance qu'aura le budget 2021 pour réagir à la situation critique du saumon sauvage? Vous avez parlé de ce qui pourrait se passer l'an prochain, au cours des cinq prochaines années et au cours des dix prochaines années si nous ne réagissons pas immédiatement à cette situation critique.
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Eh bien, j'aimerais bien savoir ce qui se trouvera dans le budget lundi. J'entends dire qu'il y a un investissement dans le saumon sauvage. Je suis sûr qu'il sera très chaleureusement accueilli. Le fait de savoir si cela sera adéquat ou non est, à mon avis, une autre question, parce que je ne connais en réalité personne qui a eu son mot à dire dans l'établissement du montant.
La somme d'argent qui est requise doit supposer un engagement à long terme, et il sera important. Il n'y a pas vraiment lieu de cacher cela. Vous avez entendu chacun de nous donner des exemples de toutes les choses qui pourraient être faites et des problèmes. On doit s'occuper de nombreuses choses.
Je suis commissaire pour le Canada en ce qui a trait au Traité sur le saumon du Pacifique, donc je m'occupe de la question de M. Hauknes concernant la répartition entre les diverses zones et la réglementation.
Nous avons beaucoup d'excellentes personnes qui savent quoi faire. Le problème, c'est que nous ne possédons pas d'excellentes données. Nous avons besoin de nous engager à comprendre ce qui se passe vraiment. Nous avons entendu parler de l'échantillonnage d'ADN. Nous le faisons depuis longtemps, mais cela ne s'appuie pas sur la quantité de saumons. Nous devons faire d'autres choses.
Ce que nous découvrons, c'est que nous devrons examiner de près la dépendance aux écloseries, parce que je pense que la grande inconnue dans le cas du saumon, c'est...
Je pense qu'il est important de mentionner que l'enthousiasme et la volonté ainsi que les données scientifiques sont tous présents. Ce qui nous fait défaut, de toute évidence, c'est un financement adéquat pour soutenir l'éventail et la multitude de projets qui, nous le reconnaissons tous, doivent être achevés.
La question est de savoir d'où vient l'argent. Cette question dépasse de loin mes compétences, mais je peux dire que nous devons d'abord nous concentrer sur la restauration de l'habitat, puis sur le contrôle des espèces envahissantes, et éventuellement, la production des écloseries. Il n'y aura pas d'augmentation si l'habitat se détériore, et nous ne pouvons pas assurer la viabilité si l'habitat est rempli d'espèces envahissantes. C'est un cercle: restaurez l'habitat, retirez les espèces aquatiques envahissantes, et regarnissez au moyen de la production d'écloseries, au besoin, et ce semble être le cas.
Cette marche à suivre est fortement appuyée par les données scientifiques et elle a été prouvée par des projets de rétablissement du saumon localisés très réussis. Il s'agit simplement de trouver la somme supplémentaire dont nous avons désespérément besoin, si nous avons l'espoir de parvenir à un véritable rétablissement.
Merci, monsieur Johns.
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Monsieur Johns, je pense qu'il importe de reconnaître l'importance du savoir traditionnel des Premières Nations.
Puisqu'elles sont les gardiennes originales de ces terres, je pense que tout partenariat est voué à l'échec si nous ne nous appuyons pas fortement sur les conseils, l'information et le savoir écologique traditionnel des collectivités des Premières Nations pour tout ce qui concerne le saumon du Pacifique.
Conjointement avec les Premières Nations, nous avons aussi besoin d'organisations de restauration qui possèdent les connaissances techniques pouvant compléter les connaissances écologiques traditionnelles, pour que nous puissions mener le type de projets de restauration industrielle à grande échelle qui doivent se faire. Nous avons besoin des données scientifiques, évidemment, pour toutes les raisons qui font en sorte que l'étude scientifique ajoute à l'efficacité de la collaboration. Puis, nous devons obtenir l'appui des collectivités locales, et enfin, le soutien du gouvernement, parce que quelqu'un doit payer pour cela, et que, en grande partie, beaucoup de travail a été réalisé avant l'existence du FRISCB et du Fonds pour la restauration côtière, et le financement était généré par des particuliers privés ou au sein des industries maritimes. Depuis lors, la province et le gouvernement fédéral sont fortement intervenus, et je pense que nous sommes sur la bonne voie; cependant, je pense que nous pouvons tous nous entendre sur le fait qu'il faut en faire davantage pour renverser la tendance apparente, qui est le déclin, encore et toujours.
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Merci, monsieur le président.
Je vais d'abord poser quelques questions à M. Temple concernant le crabe vert et le retard lié au financement du FRISCB qu'on avait demandé.
Pour avoir parlé avec des gens comme Ryan Chamberland, sur son quai dans le bassin Sooke, où je l'ai regardé capturer des crabes verts, je sais qu'il n'y a pas de marché pour cela, et il y a des limites de prises pour ces espèces envahissantes.
Monsieur Temple, je me demande simplement si vous pouvez me dire ce qui doit se passer pour qu'on puisse gérer le problème du crabe vert. Doit-on avoir plus de financement? Plus de prises? Y a-t-il un marché? Quelles sont les choses que nous pouvons faire?
Aussi, quelles sont les menaces réelles que pose le crabe vert? J'ai cru comprendre après avoir parlé à des gens sur la côte que l'habitat de zostère marine pourrait s'appauvrir en raison de ces espèces envahissantes. Est-ce le seul problème ou y a-t-il autre chose dans l'histoire?
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Merci, monsieur Calkins. C'est une question large, et je ferai de mon mieux pour y répondre le plus rapidement possible.
Tout d'abord, le crabe européen est reconnu comme une des espèces envahissantes les plus mortelles du monde. Ce sont des ingénieurs de l'écosystème. Ils ont prouvé leur capacité de reconstruire en totalité les écosystèmes du littoral, comme nous le montre ce qui s'est produit dans les régions de l'Atlantique de notre pays, où le crabe vert s'est établi des décennies plus tôt qu'il ne l'a fait ici, dans la région du Pacifique. Il cible non seulement l'habitat très critique du jeune saumon sauvage dans les herbiers de zostères, mais il y a aussi des données probantes empiriques montrant qu'il s'installe dans les rivières et nettoie les frayères à saumons pour se nourrir également des œufs.
Comme je l'ai dit plus tôt dans ma première question et ma réponse, on l'a aussi souvent vu se nourrir du jeune saumon sauvage lorsqu'il quitte sa rivière natale et passe du temps d'élevage dans cet habitat de zostères également.
Il est donc très important que nous comprenions davantage comment il touche le saumon sauvage du Pacifique ici, dans notre région.
Quant à savoir ce que nous pouvons faire de plus, je pense qu'il y a eu un effort concerté par les secteurs des espèces aquatiques envahissantes du MPO et les domaines scientifiques du MPO, les Premières Nations côtières et des ONGE comme la nôtre pour vraiment comprendre la meilleure façon d'aller de l'avant et de s'attaquer au problème du crabe vert.
Il y a de nombreuses inconnues qui exigent une étude scientifique concertée, mais en réalité, ce que nous devons faire pour ramener les choses à l'essentiel, c'est de faire sortir le plus grand nombre de crabes verts de l'eau le plus rapidement possible. Nous devons adopter une approche de précaution, parce que nous devons comprendre les meilleures méthodes de capture industrielle ciblée, et je pense que certains des progrès que nous avons réalisés au cours de la dernière année et demie pour comprendre la meilleure façon de procéder seront utilisés très rapidement.
Pour terminer, j'aimerais juste dire que, même si nous aimerions voir les pièges mis à l'eau le plus rapidement possible, nous reconnaissons qu'il y a eu des retards importants, probablement attribuables au fait que le Canada et le reste du monde se sont retrouvés dans une pandémie mondiale et, manifestement, le fait d'assurer la sécurité de nos citoyens l'a emporté sur tout le reste, mais nous voyons des progrès importants, et j'espère que nous aurons quelques bonnes nouvelles au cours des prochaines semaines ou des prochains mois pour ce qui est de mettre des pièges à l'eau le plus rapidement possible.
Merci.
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Oui. Dans la pêche commerciale, nous avons un registre que nous devons tenir. Nous consignons chaque poisson que nous attrapons. Une fois rendu au quai, le registre est contrevérifié par rapport à ce qui est déchargé. Nous devons rendre des comptes à un organisme gouvernemental, à nos frais.
Du côté des Premières Nations et de la pêche récréative, il y a aussi une collecte de données, mais elle est très loin de refléter exactement la véritable quantité pêchée. Il y a énormément de poissons, qui sont utilisés à des fins alimentaires, sociales ou rituelles, qui ne sont pas consignés. Les pêcheurs récréatifs ne prennent pas de notes non plus. Il y a des camps de pêche qui recueillent des données, dans une certaine mesure, et qui les transmettent. Quand vous avez un permis de pêche récréative, vous êtes effectivement tenu de rendre des comptes, parfois. Il y a un sondage, et vous devez dire combien de poissons vous avez attrapés en un mois, mais à l'extérieur du mois...
Quand j'ai été pêché en novembre, j'ai attrapé des crevettes, entre autres. J'ai dû le rapporter, en tant que pêche récréative. Mais ensuite, si j'étais allé faire de la pêche à la traîne pour attraper du saumon quinnat, et il est écrit nulle part que je devais le divulguer.
Je dirais donc qu'il faudrait en faire plus du côté de la collecte des données, afin qu'on puisse savoir combien de ressources ont été enlevées.
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C'est très important, présentement. L'océan a soutenu les saumons de façon très stable pendant de nombreuses années. Nous avions beaucoup d'outils qui pouvaient prédire n'importe quel retour à 10 ou 20 % près. Maintenant, la marge d'erreur est plus de 100 fois plus grande. Il y a de nombreux outils qui ne sont plus utilisables.
C'est un gros défi, mais pour pouvoir décider de la meilleure façon de procéder et de la façon d'investir votre argent, il faut que vous compreniez à quel point cela a un effet grave sur l'océan, et où, particulièrement. Par exemple, dans le meilleur des cas, ce serait possible d'ouvrir plus d'écloseries si le problème était seulement qu'il faut produire plus de saumons. Le problème, c'est que si vous produisez des saumons qui vont rejoindre l'océan, et que vous savez qu'ils ne vont pas survivre, alors une meilleure idée serait d'investir votre argent dans les divers programmes de restauration de l'habitat en Colombie-Britannique, de soutenir les collectivités et d'ouvrir des écloseries à petite échelle pour rétablir les cours d'eau communautaires. Comme M. Temple l'a dit, tirer parti des gens de la collectivité pour accroître le nombre de reproducteurs.
Les saumons ont des habitats multiples, mais le seul qui a une incidence sur tous les saumons, c'est l'océan. C'est pour cette raison que les gens se rendent compte que c'est de plus en plus important de le comprendre. Pour être honnête, nous avons une bien piètre compréhension des liens entre le climat, les océans et le saumon. Nous n'avons tout simplement pas mis assez d'efforts de ce côté-là. C'est difficile, et le Canada n'est pas suffisamment bien préparé à cela; nous n'avons même pas de navires de pêche hauturière. Nous avons le chalutier de la côte Ouest, mais il fait partie de la Garde côtière, et elle ne peut pas le laisser aller jusqu'au centre du Pacifique, parce qu'il ne pourrait pas revenir s'il y avait une urgence. Cela veut dire que nos recherches coûtent très cher, parce que nous devons trouver des navires et de l'argent pour payer ces navires.
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Comme je l'ai dit dans mes commentaires, tous ces habitats sont interreliés. Si nous savons qu'il y a un problème avec l'océan, cela veut dire que nous devons prendre des mesures supplémentaires à l'égard des autres habitats. Une caractéristique commune des saumons est qu'ils passent par des estuaires. Donc, rétablir et préserver nos estuaires pourrait être très bénéfique. Cela pourrait être fait conjointement avec l'échantillonnage des crabes verts dont nous avons parlé et leur élimination.
La grande question est alors: qu'est-ce que nous faisons du côté de la gestion des eaux et des habitats terrestres. Il y a énormément de mesures possibles que nous pouvons prendre, de ce côté-là. Le problème, c'est que ce n'est pas utile. Ce qu'il faut faire, c'est mettre suffisamment de mesures en place pour vraiment avoir une incidence sur la survie des saumons. Cette idée d'avoir une grande multitude d'activités, c'est bon pour l'engagement communautaire, c'est excellent pour cela, et c'est une bonne chose de soutenir les collectivités des Premières Nations de la Colombie-Britannique, mais ce ne sera peut-être pas suffisamment efficace pour vraiment accroître l'importance d'un stock de saumon donné.
C'est le genre de compromis difficiles que nous devons faire, mais il y a tout de même plein de mesures que nous pouvons prendre par l'intermédiaire des collectivités, comme M. Temple l'a dit. La Fondation du saumon du Pacifique travaille avec 345 organismes communautaires reconnus en Colombie-Britannique, et ils sont tous capables de faire du bon travail local.
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Si on ne prend pas les mesures d'urgence, la population va diminuer, et passé une certaine limite, il y aura une extinction massive. Nous en sommes déjà très près.
C'est quelque chose que j'ai constaté dans les bassins versants près de chez moi, à la baie Clayoquot, il n'y avait absolument aucun saumon qui remontait. La même chose se produit dans de nombreux petits cours d'eau, dans toute la province, et c'est certain qu'il y a des bassins versants plus importants qui sont très près de la limite.
Sans mesures d'urgence et sans financement, si nous n'agissons pas, alors, comme je l'ai dit dans ma déclaration, peut-être qu'il y aura une extinction massive du saumon de mon vivant.
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Vous voulez savoir si la collaboration a été suffisante, mais seulement en ce qui concerne le gouvernement fédéral? Cela me semble un peu contradictoire par rapport au concept de collaboration.
Il n'y a pas eu une collaboration assez efficace avec la province de la Colombie-Britannique. La Colombie-Britannique assume la responsabilité en ce qui a trait à l'eau douce, le paysage terrestre, les pratiques forestières, les mines, etc. Nous ne pouvons pas séparer les deux, alors les deux ordres de gouvernement doivent travailler main dans la main.
Il y a d'énormes possibilités de collaboration. Il y a des gens partout qui sont préoccupés par le saumon. Il n'y a pas que le capitaine Temple sur la côte Ouest. Il y a de petites collectivités sur la côte Nord que cela concerne aussi beaucoup. J'ai commencé toute ma carrière à Prince Rupert, et je me suis entièrement dévoué à des groupes des Premières Nations. Il y a énormément de gens qui auraient la capacité de collaborer et avec qui on pourrait travailler sur ces projets.
Cependant, nous avons besoin de déployer des efforts à grande échelle pour éviter que ce soit des régions particulières qui soient sélectionnées. Nous avons besoin de programmes qui soient vastement répartis.
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Merci, monsieur le président.
Je partage mon temps avec Mme May, parce que je sais qu'elle a toujours une excellente question à poser.
J'ai seulement une question, pour M. Riddell, mais je vais laisser le capitaine Temple faire les commentaires à ce sujet, ensuite.
Monsieur Riddell, vous nous avez donné un chiffre intéressant: la Fondation du saumon du Pacifique travaille avec 345 groupes. J'imagine qu'il y en a bien davantage, des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux.
Selon vous, y a-t-il quelqu'un qui surveille tout cela, pour assurer la coordination et optimiser les efforts, et surveiller l'argent qui est donné à tous ces organismes individuellement, pour faire en sorte que nous obtenions effectivement, dans l'ensemble, les meilleurs efforts possible par rapport à l'argent investi?
Monsieur le président, faites-moi signe quand je dois m'arrêter.
Je vais m'adresser à M. Riddell, mais je souhaite remercier tout d'abord tous les témoins. J'aurais aimé avoir un peu plus de temps, mais je suis tout de même reconnaissante pour ce que j'ai.
Monsieur Riddell, j'ai été vraiment abasourdie par le chiffre que vous avez mentionné, l'augmentation moyenne de trois à quatre degrés Celsius à long terme de la température de nos eaux. Cela est lié, présentement, à l'augmentation d'un degré Celsius de la température moyenne à l'échelle mondiale, en comparaison d'avant la révolution industrielle. Si la tendance se maintient, la température mondiale va augmenter de trois à quatre degrés.
Si la température de l'eau est déjà plus élevée que la moyenne mondiale de trois à quatre degrés, savez-vous s'il y a des études scientifiques qui ont été menées et qui montrent que le saumon pourrait même survivre si nous nous en tenons autant que possible à la cible de l'accord de Paris de 1,5 degré ou de moins de deux degrés? Je trouve cette information terrifiante.
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Eh bien, je redoutais cette question, madame May, mais c'est une question très avisée.
Pour que ce soit clair: l'augmentation de trois à quatre degrés est l'écart maximal. Quand vous regardez des cartes de l'océan, vous pouvez voir la variation selon la couleur, mais quand il y a ce genre d'extrêmes, cela veut dire que les autres eaux aux alentours vont tout de même être chaudes... assurément dans l'écart que vous avez mentionné.
Vous avez soulevé un point très important. Nous avons toutes ces projections et tous ces modèles à l'échelle mondiale, mais nous avons très peu de prédictions en ce qui concerne ce qui va se passer à long terme dans l'océan. L'océan est un milieu très dynamique. Même dans le Pacifique, il y a de nombreux courants, et les saumons les utilisent tous à diverses fins.
D'ailleurs, nous sommes en train d'élaborer un vaste programme, dans le cadre de la Décennie des Nations unies des sciences océaniques au service du développement durable. Notre projet correspond exactement à ce que vous venez de dire. Nous voulons mettre en place un programme pour établir des liens entre les changements climatiques et les conséquences dans l'océan sur les ressources des pêches, puis sur les collectivités de la Colombie-Britannique, parce que ce seront ces collectivités, au bout du compte, qui paieront le prix.
C'est quelque chose que nous pouvons faire pour le saumon. C'est une occasion idéale pour ce genre de travail, mais il sera onéreux de travailler en haute mer pendant de nombreuses années. Je ne crois pas que cela sera possible si nous avons...
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Malheureusement, nous ne sommes pas d'accord. Je dis « nous », parce que la Fondation du saumon du Pacifique a préparé une réponse écrite, et nous l'avons envoyée au ministère pour lui faire part de nos préoccupations à propos de ces neuf évaluations. Une lacune évidente est que rien n'a été fait sur les poux de mer. Il n'y a eu absolument aucun examen des poux de mer depuis 2012. Nous avons environ une décennie de connaissances supplémentaires sur cette espèce.
Nous sommes préoccupés des statistiques ainsi que de la façon dont on définit un « risque minime ». Votre définition sera sûrement différente de la mienne et de celle du reste du monde. Il y a un problème fondamental, par rapport à la façon dont les évaluations sont faites, concrètement. Nous avons documenté nos préoccupations à propos de l'étude sur le RVP, de l'étude sur la bactérie Tenacibaculum ainsi que sur l'absence d'études sur les poux de mer.
Ces évaluations ne tiennent même pas compte des effets cumulatifs de tout cela. Leurs conséquences sont rarement isolées. Les évaluations ne tiennent pas compte non plus des effets écologiques. Un exemple d'effet est le virus de la septicémie hémorragique virale, un virus qui est transmis du hareng au saumon, puis retransmis au hareng. C'est un exemple parfait de nos préoccupations à propos du fait que les piscicultures amplifient le nombre de bactéries, et ainsi de suite.
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Pour être honnête, monsieur Arnold, il y a très peu de documentation à ce sujet au Canada. Nous avons énormément d'information sur la qualité de l'eau. Je ne crois pas que ce soit un facteur aussi grave que les autres. À mon avis, une préoccupation plus pressante serait la perte continuelle de l'habitat dans l'estuaire du Fraser, par exemple.
À la lumière d'une partie du travail que nous avons fait dans le détroit de Puget, dans le cadre de notre programme de survie dans la mer des Salish, il est clair qu'il y a des polluants particuliers qui nuisent à la survie des saumons quinnats et des saumons coho. Il y a des programmes, et le MPO est en train d'intervenir: il rétablit divers programmes sur les contaminants dans le détroit de Georgie.
Je ne crois pas que nous ayons beaucoup d'information à jour, mais le ministère prend des mesures pour que cela s'améliore. Je crois que c'est un problème auquel nous allons devoir nous attaquer, pour la suite des choses. Ce sera un élément dans l'ensemble, mais je ne crois pas que c'est une composante importante pour l'instant.
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Je vais essayer de résumer cela assez rapidement.
Avant, il y avait un permis qui vous permettait de pêcher de la frontière de l'Alaska jusqu'à celle de Washington. Ensuite, il y a eu les permis par secteur. Donc, de la côte Nord jusqu'au Nord de l'île Pine, on trouve un secteur pour la pêche à la traîne. La côte Ouest de l'île de Vancouver est un autre secteur, puis il y a un autre secteur, celui de la mer des Salish, pour la pêche à la traîne. Il y a deux permis pour les navires de pêche à la senne: nord-sud; et filets maillants, pour la côte Nord du Fraser, puis pour l'île de Vancouver, je crois. Je n'utilise pas de filets maillants, alors je ne... il y a d'autres secteurs pour cela.
Si vous voulez pêcher dans tous ces secteurs, vous devez acheter trois permis pour votre navire. À cause de la gestion inefficace, vous êtes limité encore plus par les secteurs de pêche. Quand la pêche au saumon quinnat ouvre, nous pouvons seulement pêcher entre Tian et l'Ouest d'Haida Gwaii, en plus de la majeure partie de l'entrée Dixon. C'est un très petit secteur dans lequel nous pouvons pêcher présentement.
En ce qui concerne la gestion du déclin des stocks, nous n'avons pas vraiment constaté d'augmentation du nombre de poissons que nous pouvons garder. On dirait simplement que notre capacité de récolter les poissons est plus limitée. C'est pour cela que la gestion est axée sur le déclin de stocks, parce que s'il y avait plus de poissons pouvant être récoltés, alors il y aurait une augmentation de l'attribution des prises commerciales, ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps.
Comme tous les députés de la Colombie-Britannique et de nombreux Britanno-Colombiens, nous ressentons de plus en plus un sentiment de panique par rapport à la crise du saumon, comme l'a dit récemment M. Gord Johns. Nous devons réfléchir à des approches différentes. J'ai déjà soulevé un point clé quant à l'approche que nous devons prendre, selon moi, pour lutter contre la crise climatique.
Capitaine Temple, monsieur Riddell et si nous avons le temps, M. Hauknes également, si nous devons fondamentalement faire quelque chose d'aussi radicalement différent que diviser le MPO afin d'avoir un ministre pour les pêcheries de la côte Ouest, un ministre pour les pêcheries de la côte Est, et une certaine combinaison des deux pour s'occuper de l'Arctique... Capitaine Temple, si nous pouvions transformer de façon radicale la façon dont nous gérons le saumon, qui se dirige vers l'extinction, comme vous le disiez, que devrions-nous faire?
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C'est une question intéressante. Le Canada est un tout petit joueur en ce qui concerne la production en écloserie. Le Japon et la Russie ont des programmes énormes, et à certains endroits de l'Alaska, il y a une production des centaines de fois supérieures à la nôtre.
Le problème, c'est que ces poissons vont se mélanger dans l'océan. Quand nous sommes allés faire de l'échantillonnage dans le golfe d'Alaska en hiver, nous avons trouvé des poissons de la Russie, du fleuve Yukon et du Japon. Ce sont des poissons hautement migratoires.
Aussi, de nombreux articles scientifiques donnent des statistiques sur la concurrence entre les poissons de divers pays et nos poissons.
Si la nourriture disponible est limitée — je ne sais pas si cela a été vraiment démontré également —, cela peut vouloir dire qu'il y a une compétition effective entre les espèces et les pays.
Un autre aspect de la question internationale, bien sûr, est la pêche illégale en mer. Cela semble être de retour, dans une certaine mesure, et c'est préoccupant, mais c'est un problème distinct de la concurrence entre les espèces de saumon.
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Je vous remercie de la question, madame Gill.
[Traduction]
Comme je l'ai dit plus tôt dans l'une de mes réponses, la remise en état de l'habitat devrait certainement être la première priorité, de mon point de vue.
Très rapidement, je vais faire une analogie: il n'y a personne parmi nous qui s'attendrait à avoir un jardin productif si la terre était contaminée ou pleine de roches. Il faut d'abord s'occuper du jardin. Le jardin, pour les saumons, comme je le comprends du point de vue des Premières Nations, n'est pas du tout en santé, et nous savons que c'est vrai. Nous devons d'abord remettre en état l'habitat si nous voulons qu'il y ait une véritable possibilité de restauration.
Je vais laisser un peu de temps pour les autres témoins.
Je vais poser mes questions à M. Riddell.
Nous nous sommes déjà rencontrés. Je suis sûr que vous vous en rappelez.
M. Brian E. Riddell: Oui.
M. Blaine Calkins: Il y a un sujet dont je veux que vous parliez, nonobstant les certitudes du capitaine Temple quant au fait qu'il est insensé de renforcer la capacité des écloseries s'il n'y a pas d'abord d'habitat. Je crois que vous et moi avons pu discuter franchement, et j'aimerais que vous me rappeliez ce que vous pensez de... Je ne veux pas parler d'attitude, mais peut-être un synonyme d'attitude... du ministère actuel à l'égard des écloseries communautaires, que ce soit des écloseries pour utilisation scientifique, pour le renouvellement des stocks ou le rétablissement des stocks de reproduction. Est-ce que le ministère respecte réellement les connaissances des écloseries communautaires locales et est-ce qu'il les utilise adéquatement? Sinon, qu'est-ce qui pourrait être amélioré?
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Eh bien, je crois que cela pourrait être amélioré, mais, ce que je veux dire, c'est que les écloseries peuvent avoir des objectifs très différents. Les grandes écloseries qui ont été construites dans le cadre du Programme de mise en valeur des salmonidés ont comme but de fournir des poissons aux pêcheurs commerciaux et aux pêcheurs récréatifs, et la composition de l'espèce a été modifiée. Elles n'ont pas été construites à des fins de conservation, n'est-ce pas?
Les écloseries communautaires peuvent être très efficaces, tout comme M. Temple en a justement parlé. Vous pouvez retourner une partie des populations reproductrices grâce à des écloseries communautaires locales. Aussi, une possibilité est de ne pas se limiter à un cours d'eau dans une collectivité. Vous pouvez alterner au fil du temps entre plusieurs cours d'eau.
Il faut vraiment déterminer clairement l'objectif de l'écloserie avant de pouvoir regarder ce qui se fait et ce qui pourrait être fait. Je crois qu'il y a une excellente occasion de fournir de la diversité en utilisant davantage les écloseries communautaires. L'envers de la médaille, c'est qu'elles peuvent coûter plus cher, parce que vous devez avoir plus de personnel qualifié, des installations beaucoup plus diversifiées, et ainsi de suite. Une autre idée serait de construire encore une fois de grandes installations, mais de fonctionner par « satellites » — nous appelions cela comme ça —, c'est-à-dire d'intégrer des populations différentes, puis de les redéplacer dans leurs cours d'eau d'origine. Je crois que nous avons appris énormément de choses sur la génétique des salmonidés, sur leur physiologie et leur génomique, et cela nous permettrait d'utiliser les écloseries dans des buts beaucoup plus précis, au lieu de simplement produire de grands nombres de poissons.
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Eh bien, malheureusement, ce dont il est question ici, c'est essentiellement un mélange de biologie, de sociologie et de cultures. Il n'y a pas de réponse simple, oui ou non, vous devez faire cela. Vous pourriez certainement faire quelques aspects, et j'ai d'ailleurs encouragé la prise en considération du marquage à grande échelle, parce que si nous voulons soutenir nos collectivités côtières et avoir une industrie touristique et de pêcherie créative durable, nous devons fournir des occasions avantageuses.
On ne peut pas simplement fermer, parce que cela entraîne une perte de la ressource, une perte de l'infrastructure, etc. La décision doit être de veiller au rétablissement des populations naturelles qui ont des besoins en matière de préservation. Est-ce que le taux de récolte ou de mortalité est durable, pendant qu'on fait cela? Vous allez devoir décider très clairement que vous allez permettre un taux de mortalité limité pour soutenir les collectivités pendant qu'on rétablit les populations.
Le rétablissement ne va pas se faire du jour au lendemain; cela pourrait prendre de 10 à 20 ans, alors vous devez réfléchir à long terme et prendre aussi en considération les collectivités. Il va falloir que ce soit limité, parce que ce n'est pas une solution miracle. Si vous jugez que la récolte autorisée doit être de 5 % de la remonte — et ce pourrait effectivement être aussi bas —, alors, en proportion, la pêche que vous pouvez autoriser va être limitée.
Nous pouvons savoir toutes ces choses; nous pouvons déterminer le cours d'eau d'origine des poissons, pour faire des évaluations. Tout cela revient à la mesure dans laquelle nous sommes ouverts à de nouvelles façons de faire des analyses et de rétablir la population. Nous devons réfléchir à long terme. Nous devons réfléchir aux poissons sauvages, mais nous devons aussi tenir compte des collectivités, je crois, pour que ce soit acceptable à long terme.
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À dire vrai, il y a seulement un virus que nous avons étudié de façon très détaillée, et c'était l'orthoréovirus pisciaire. C'est celui dont on a beaucoup parlé dans les médias, qui est lié à l'inflammation des muscles squelettiques et cardiaques. Nous avons mené des études génétiques très rigoureuses sur ses origines pour voir d'où il provenait et s'il est transmis entre les fermes salmonicoles.
C'est parce que nous avons fait cette étude que j'ai pu répondre, à une question précédente, que, oui, d'après l'évaluation de la Fondation du saumon du Pacifique et l'initiative stratégique visant la santé du saumon, le risque n'est pas minime, et l'orthoréovirus pisciaire vient de la région européenne de l'Atlantique. Nous croyons qu'il est arrivé ici il y a 30 ans environ. Partant, cela laisse croire à une relation étroite entre le virus et le développement de l'aquaculture de salmonidés.
Donc, dans ce cas précis où nous avons pu mener une telle étude, on constate que c'est effectivement ce qui s'est passé.
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Je ne suis pas certain de savoir de quelles activités de la FSP vous parlez, en ce qui concerne la Nass. Nous n'avons rien fait de cela. Si cette étude a bien été faite, alors cela fait très longtemps.
Il y a beaucoup de facteurs en jeu, parce que la vallée de la Nass est aussi beaucoup moins développée. Au départ, c'est une énorme différence.
Malheureusement, ce qui se passe dans la Nass se fait l'écho de nos préoccupations en matière de changements climatiques et de changements dans l'océan, parce que la productivité des retours dans la Nass, actuellement, est moins élevée que les moyennes récentes, sauf en 2020, où nous avons eu une excellente remontée des saumons kéta.
C'est le problème, avec le saumon du Pacifique. Tout d'un coup, vous constatez ce genre d'exceptions, qui sont soit très bonnes soit très mauvaises. Dans l'ensemble, ce qui se passe dans la Nass ressemble beaucoup à la situation de la rivière Skeena, du Sud-Est de l'Alaska, de l'Alaska central, c'est-à-dire qu'il y a un déclin de la population.
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Je peux peut-être commencer.
Je pense que votre perception est correcte. Il y a très certainement une scission au sein de la communauté scientifique. Dans ses récentes décisions concernant le saumon de la côte Ouest, le Comité sur la situation des espèces en péril, ou COSEPAC, a vraiment critiqué les écloseries à échelle industrielle. Ce sont les grandes écloseries, pas les écloseries communautaires. Le COSEPAC craint que ces écloseries à grande échelle produisent un grand nombre de saumons juvéniles qui entreront en concurrence avec le saumon sauvage que nous essayons de restaurer, ce qui n'est pas forcément positif.
Le revers de la médaille, c'est que nous ne pouvons pas simplement faire une croix sur les écloseries. Nous avons parlé avec le capitaine Temple du fait qu'il peut y avoir très peu de poissons dans certains cours d'eau de la côte Ouest. Il serait irresponsable de ne rien faire, car tout ce que vous faites, c'est créer ce que nous appelons un « goulot d'étranglement génétique ». Vous allez reproduire en consanguinité cette population. Ce qu'il faut faire, c'est utiliser une écloserie axée sur la conservation — peut-être juste pour une courte période — pour restaurer quelques reproducteurs afin d'augmenter la production de la population.
Les écloseries deviennent un sujet de discussion assez polarisé. Je pense que cela dépend vraiment du problème que vous avez et des outils dont vous disposez pour le résoudre.
Votre perception est correcte. Il y a une différence, et tout dépend de votre objectif.
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C'est excellent pour l'orgueil ce genre d'incident.
Je voulais savoir si les raisons pour lesquelles les populations de saumon du Pacifique se portaient mal étaient exclusives à la côte Ouest du Canada. Je me demandais si, à l'étranger, on remarquait la même situation.
Nous avons parlé, bien sûr, de l'Amérique du Nord ainsi que de la Russie, mais y a-t-il des situations semblables qui existent actuellement ailleurs? Si des mesures efficaces ont déjà été prises dans d'autres pays pour protéger leurs populations respectives de saumon, pourrions-nous nous en inspirer? Si c'est le cas, comment pouvons-nous le faire? C'est une question à plusieurs volets.
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Oui, certainement. Merci, monsieur Johns.
Grâce à mon travail à la table ronde locale sur le saumon de Clayoquot, qui regroupe, bien sûr, les Premières Nations, la province, le MPO, les ONGE et les pêcheurs, tant commerciaux que récréatifs, je comprends très bien le fonctionnement des écloseries locales. Nous recevons régulièrement des rapports et des mises à jour sur leurs progrès, sur le succès ou l'échec de la collecte des stocks de reproducteurs et leur situation de financement.
Une chose est sûre. Lorsque les flux de financement sont coupés ou réduits au minimum, le nombre de poissons chute dans nos réseaux locaux, car ces réseaux, du moins ceux sur lesquels travaillent les écloseries communautaires, dépendent fortement de la production de ces écloseries. Une fois que la production et le financement sont interrompus, le nombre de saumons quinnat diminue jusqu'à être proche de zéro ou nul.
Sans ce financement dont nous avons parlé plus tôt, nous n'avons pas un nombre appréciable de saumons qui reviennent naturellement dans nos cours d'eau locaux. Nous avons de petites remontes, mais au cours de ma vie, j'ai vu ces remontes diminuer, passant de plusieurs milliers à quelques spécimens. Sans le travail d'éclosion effectué par les équipes extraordinaires des écloseries communautaires, il n'y aurait plus du tout de poissons dans nos fleuves et rivières.
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Je ne crois pas qu'un nouveau nom serait utile. Tout dépend de la mesure prise. Nous avons besoin des ressources, nous avons besoin des gens. Beaucoup de gens vous donneront beaucoup trop de bons conseils; il faut donc des personnes qui puissent vraiment les trier. Il y a eu une bonne question un peu plus tôt concernant les mille projets aléatoires qui étaient tous dignes d'intérêt à l'échelle locale. Ils ne permettaient pas le rétablissement. Vous devez avoir une vision d'ensemble sur la façon d'utiliser efficacement l'argent des contribuables pour restaurer le saumon. Ce ne sera pas facile. Vous allez devoir vous préparer à quelques échecs.
Il faut étudier le problème dans l'océan. Je suis désolé de revenir là-dessus, mais tous ces commentaires concernant la situation ont changé au fil du temps. Ce n'est pas parce que les écloseries font quelque chose de différent, c'est parce que l'environnement a changé, ou c'est parce que nous n'avons pas soutenu l'estuaire local. À Campbell River, nous avons construit une marina sur le plus bel herbier de zostères que j'aie vu de toute ma vie. Cela n'a pas suffi à arrêter le problème. Ce genre de choses ne peut pas continuer.
S'il y a un moyen d'améliorer les choses, c'est peut-être de donner l'argent à un groupe qui se consacre à la restauration, et à faire ce qu'il y a de mieux. Former un groupe qui va se servir de ses connaissances, collaborer et acquérir de l'expérience. Incluez des personnes comme M. Hauknes, qui a un besoin sincère de revenu et qui comprend la complexité de la pêche.
Il y a beaucoup de personnes qui vous accorderont du temps pour faire ce travail. Nous devons faire les choses un peu différemment. Un de mes amis dit que si vous ne regardez pas ce que vous faites, vous continuez à faire toujours la même chose. Ce n'est pas très judicieux si ça débouche sur un échec.
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Je vous remercie. Merci, madame May.
Je tiens à remercier nos témoins d'être venus comparaître devant le Comité et de nous avoir fait part de leurs merveilleuses connaissances. Il s'agit probablement de l'une des réunions les plus instructives que nous ayons eues depuis longtemps.
Je rappelle aux membres du Comité qu'il n'y a pas de réunion du Comité lundi, car c'est le jour du budget. Mercredi, la première heure sera consacrée à la version finale de notre rapport concernant la subsistance convenable. Nous espérons y mettre la dernière main. La deuxième heure sera strictement consacrée aux travaux du Comité. Si nous terminons rapidement la première heure, nous aurons un peu plus de temps pour les travaux du Comité.
Je remercie le personnel, les greffiers, les analystes et les interprètes de nous avoir soutenus cet après-midi.
Je souhaite à tous une excellente soirée. Je verrai certains de mes collègues demain. Nous nous reverrons tous au Comité mercredi prochain.