Bienvenue à la 32e réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée le 21 avril 2021, le Comité se réunit dans le cadre de son étude sur les crevettes tachetées congelées en mer.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon un format hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021. Les membres peuvent donc y assister en personne dans la salle ou à distance en utilisant l'application Zoom.
Les délibérations seront diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. La webdiffusion montrera seulement la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Afin d'assurer le bon déroulement de la réunion, j'aimerais énoncer quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre « parquet », « anglais » et « français ».
Vous remarquerez également la fonction « lever la main » de la plateforme, sur la barre d'outils principale, au cas où vous souhaiteriez prendre la parole ou faire signe au président.
Avant de parler, veuillez cliquer sur le microphone pour l'activer. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins de notre premier groupe aujourd'hui. Du ministère des Pêches et des Océans, nous accueillons Rebecca Reid, directrice générale régionale, Région Pacifique; Neil Davis, directeur régional par intérim, Gestion des pêches; et Nicole Gallant, directrice régionale par intérim, Conservation et protection.
Nous allons maintenant écouter les déclarations liminaires.
Madame Reid, vous avez la parole pour cinq minutes au maximum, je vous prie.
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
Comme vous l'avez déjà entendu, je m'appelle Rebecca Reid. Je suis la directrice générale régionale de la région du Pacifique au ministère des Pêches et des Océans.
[Français]
Mes collègues et moi-même vous remercions de nous donner l'occasion de comparaître devant le Comité.
Nous tenons d'abord à vous remercier de vous intéresser à cette question importante.
[Traduction]
Notre objectif aujourd'hui est de vous fournir le plus d'information possible pour éclairer vos travaux. Je suis accompagnée de Neil Davis, directeur régional par intérim, Gestion des pêches, région du Pacifique, et de Nicole Gallant, directrice régionale par intérim, Conservation et protection, région du Pacifique.
Comme vous le savez, une partie importante du mandat de Pêches et Océans Canada consiste à gérer les pêches canadiennes de manière durable. Conformément à ce mandat, le ministère applique une approche de précaution à la gestion des pêches qui donne la priorité à la conservation des stocks. L'utilisation de limites de taille dans la pêche commerciale à la crevette est un élément important de cette approche, car ces limites permettent de garantir que les crevettes sont pêchées de manière durable et qu'elles atteignent la maturité sexuelle et se reproduisent avant d'être pêchées, ce qui favorise la régénération des stocks à long terme.
La pêche de crevettes de plus grande taille augmente également le prix par livre des prises, ce qui améliore le rendement économique de cette pêche. C'est pourquoi l'industrie soutient l'utilisation de limites de taille depuis leur introduction dans la pêche commerciale à la crevette dans les années 1980.
Pêches et Océans Canada entretient depuis longtemps une relation de travail constructive avec les représentants de l'industrie de la pêche à la crevette, et la mise en œuvre de limites de taille n'est qu'un exemple du travail que le ministère accomplit en collaboration avec l'industrie pour renforcer la gestion de cette pêche.
Récemment, le ministère a commencé à travailler avec des représentants de l'industrie pour élaborer des normes d'emballage et d'étiquetage qui limiteraient l'accès aux marchés pour les produits illégaux, ainsi que des normes d'emballage qui respecteraient tous les règlements fédéraux et provinciaux en vigueur. Au cours de ces discussions, au début de l'année, la pratique de l'industrie consistant à congeler les crevettes dans des contenants avec de l'eau de mer, une pratique appelée « mise en contenants », a été soulevée. Nos représentants ont noté que cette méthode de congélation des crevettes fait en sorte qu'il est difficile pour les agents des pêches de déterminer facilement si la prise d'un pêcheur est conforme à la limite de taille. La capacité de déterminer facilement l'observation des limites de taille est une exigence réglementaire prévue à l'article 36 du Règlement de pêche (dispositions générales).
Les représentants de l'industrie se sont dits préoccupés par la possibilité que la mise en contenants ne soit pas conforme aux exigences du Règlement. Ils ont notamment souligné l'importance accrue de la mise en contenants pour de nombreux pêcheurs qui transportent des congélateurs à bord, surtout depuis que la pandémie de COVID-19 a entraîné un affaiblissement des marchés internationaux. Les crevettes mises en contenants constituent une solution de rechange, car il s'agit d'un produit prisé sur les marchés du pays.
En réponse à ces préoccupations, le ministère a rencontré des représentants de l'industrie entre février et avril pour explorer des solutions. Au cours de ces discussions, la Pacific Prawn Fishermen's Association, qui représente les détenteurs de permis de pêche commerciale à la crevette, a proposé un protocole pour aider les pêcheurs à s'assurer que leurs prises, y compris les prises congelées dans des contenants, peuvent être facilement inspectées par nos agents des pêches. Le ministère a confirmé qu'il soutient le protocole en tant que mesure provisoire pour cette année, pendant que nous continuons à collaborer avec l'industrie pour trouver des solutions à long terme.
Bien que nous ayons obtenu un résultat positif pour cette année, je souhaite préciser plusieurs points pour le Comité avant de conclure.
Le ministère n'a pas interdit la mise en contenants des crevettes en mer. Tout pêcheur commercial doit conditionner ses prises d'une manière qui permet d'en déterminer facilement la taille. Ce règlement est en vigueur depuis 1993, s'applique à toutes les pêches, et est essentiel pour que le ministère puisse vérifier les prises des pêcheurs et gérer correctement les pêches.
L'évolution des pratiques de pêche et de conditionnement au fil du temps, par exemple l'utilisation croissante de la mise en contenants, peut mettre en lumière des enjeux de réglementation et nécessiter une mobilisation des parties prenantes concernées pour déterminer les modifications qui s'imposent aux pratiques de gestion. Il s'agit du processus que nous suivons ici.
Nous tenons à trouver avec l'industrie une solution durable à ce problème. Au cours de l'année à venir, le ministère collaborera avec l'industrie de la crevette pour élaborer des solutions à long terme, comme des exigences claires en matière de conditionnement ou d'autres mesures, qui contribueront à ce que les crevettes continuent d'être pêchées de façon durable.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
C’est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je m'attendais à plus de déclarations liminaires, mais je suis heureux que nous ayons plus de temps pour les questions.
Merci, madame Reid, de votre déclaration, et merci d'être ici aujourd'hui pour aider à clarifier ce qui s'est passé.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez mentionné qu'un élément clé du mandat du MPO est de gérer de façon durable les pêches du Canada. J'appuie entièrement cette déclaration et ce mandat, mais je ne vois pas très bien comment la nouvelle interprétation du MPO, qui interdira la mise en contenants, favorisera la gestion durable de l'industrie de la crevette tachetée. Ce qui est clair, c'est que la décision d'interdire la mise en contenants a plongé quelque 600 pêcheurs de crevettes de la Colombie-Britannique dans une grande incertitude quant à leur avenir.
Le MPO a-t-il un plan pour aider les pêcheurs qui pourraient être forcés de renoncer à leur gagne-pain en raison de la nouvelle interprétation du ministère?
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C'est vraiment ce que j'essaie de faire pour répondre à la question. Il y a un certain nombre de problèmes autour de cette question.
Vous avez un contenant de crevettes congelées. Vous devez être capable d'évaluer la taille des crevettes. Vous ne pouvez pas le faire si elles sont plongées dans l'eau de mer gelée, donc vous devez être capable de décongeler le contenant assez rapidement pour que ce soit efficace. Il y a des questions sur la façon dont cela fonctionne lorsque vous êtes sur un bateau. Il y a ce genre de problèmes.
Un certain nombre de préoccupations ont été soulevées quant à la façon dont cela allait fonctionner, notamment la question de la « facilité d'accès » et de ce qu'il adviendrait du produit par la suite, parce qu'une fois qu'il est réchauffé ou décongelé, il est détruit. Il y avait des questions de cette nature.
Je pense que le résultat — le protocole qui a été adopté — est une solution qui répond à certaines de ces préoccupations, et que cette solution a été jugée acceptable tant par le MPO que par les représentants de l'industrie.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier l'ensemble des témoins qui comparaissent aujourd'hui de nous fournir des réponses. Nous leur en sommes très reconnaissants.
Ma question porte sur l'historique de la question qui nous intéresse aujourd'hui.
Du côté de l'Atlantique, les usagers du port de Cap-aux-Meules éprouvent des difficultés qui mettent en péril la pêche elle-même cette année.
À partir de quel moment avez-vous discuté, au ministère, des soucis que vous aviez relativement à ce type de pêche? J'aimerais que vous nous fournissiez quatre dates, soit la date à laquelle vous en avez discuté; la date à laquelle la décision a été prise; la date à laquelle vous avez avisé les pêcheurs; et la date de début de la pêche.
Je m'adresse à Mme Reid, à Mme Gallant ou, bien sûr, à M. Davis.
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Je peux certainement répondre à ces questions.
En ce qui concerne votre dernier point, à des fins d'éclaircissements, je répète que nous n'avons pas interdit la surgélation avec mise en contenant. En effet, si la surgélation peut se faire de manière à permettre de déterminer facilement la taille limite, elle est permise. Nous poursuivons les discussions avec les représentants de l'industrie pour déterminer nos options à long terme à cet égard.
En ce qui concerne le rôle des limites de taille pour assurer la durabilité de la pêche ou la question de savoir si la conservation est une préoccupation, je pense que quelle que soit la pêche, nous préférons gérer de manière plus proactive, afin que la conservation des stocks ne devienne pas une préoccupation. Dans le cas de la pêche à la crevette, le rôle de la limite de taille est utile à cet égard, car elle permet aux crevettes de se reproduire — ou du moins elle les aide à atteindre une taille suffisante pour se reproduire — avant qu'elles ne soient pêchées. Elle leur permet également d'atteindre une taille plus importante et donc d'avoir une valeur économique plus élevée par livre. Ce sont deux bonnes choses et elles ont toutes deux profité du soutien de l'industrie depuis leur mise en œuvre dans les années 1980.
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Tout d'abord, j'aimerais rassurer les membres du Comité sur le fait que nous faisons de notre mieux pour répondre à leurs questions. Je suis consciente qu'il y a beaucoup de frustration et d'inquiétude.
Le problème qui se pose dans le cas de la surgélation avec mise en contenant, c'est l'accessibilité au produit. Ce règlement s'applique à tous les secteurs, et pas seulement à celui des crevettes. Il s'applique dans ce cas-ci, et il a été soulevé dans le cadre d'une conversation distincte, car la surgélation avec mise en contenant est de plus en plus utilisée. Le problème a été soulevé parce que nous devons nous assurer d'être en mesure d'inspecter le produit et de trouver la meilleure façon de le faire. Il a donc fallu se demander s'il était possible ou non d'inspecter le produit dans ces contenants et, au bout du compte, un protocole provisoire a été élaboré à cet égard.
De mon point de vue, le problème a été soulevé, il a fait l'objet d'une discussion appropriée avec les membres de l'association et une solution — que nous avons acceptée — a été trouvée. Nous devons donc continuer de travailler ensemble.
C'est un processus couramment utilisé lorsque nous travaillons avec des représentants de l'industrie. Des problèmes sont soulevés, nous les examinons et nous faisons de notre mieux pour trouver des solutions.
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D'accord. Vous voulez donc dire qu'à cause de seulement deux violations liées à la taille, vous voulez apporter des changements, en l'espace de deux mois, je crois, à une pêche qui se pratique depuis de très nombreuses années.
Je ne sais pas si vous le savez, mais mon père a été pêcheur toute sa vie. On ne peut pas changer la façon dont une pêche se pratique du jour au lendemain. Il faut du temps pour s'organiser. Il faut du temps pour préparer l'équipement et tout le reste. Par exemple, ici, sur la côte Est, nous pêchons le homard. S'il y a une violation liée à la taille, nous donnerons une amende aux responsables et nous poursuivrons certains d'entre eux en justice. Nous ne modifierons pas la façon dont nous mesurons le homard l'année suivante.
S'il n'y a eu que deux violations de ce type, pourquoi voulez-vous modifier un processus qui est en place depuis des années? Il semble qu'il n'y ait pas le moindre problème lié à la conservation. Pourquoi modifiez-vous les règles tout d'un coup, sans laisser aux intervenants de l'industrie le temps de se préparer? Ce serait comme leur demander de tondre leur pelouse avec une souffleuse à neige pendant l'été. Il faudrait leur donner le temps de s'adapter, n'est-ce pas?
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Si vous le souhaitez, vous pouvez envoyer les informations au Comité. Ainsi, nous pourrons poursuivre la discussion. Je voulais simplement avoir une idée du nombre d'inspections.
Mme Reid a dit à plusieurs reprises qu'il n'y avait aucun changement. Sauf le respect que je vous dois, s'il n'y avait pas de changements, nous ne serions pas ici en ce moment.
Vous avez parlé du temps très long de décongélation des crevettes. Combien de temps faut-il? Les pêcheurs nous ont dit qu'il s'agissait d'environ deux minutes.
Je me demandais combien d'inspections il y avait annuellement. Cela nous permettrait de savoir combien de temps par année est consacré à la décongélation et à la prise de mesures. Cela ne dépend pas de la congélation.
Comment, selon le présent protocole, avez-vous pu accélérer la mesure des crevettes?
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Wow! Alors toute cette initiative se fonde sur une estimation de 10 à 20 %, potentiellement. C'est une estimation. Nous ne savons même pas ce qu'il en est. Vous ne surveillez même pas ce qu'il se fait. Il n'y a pas de rapport, pas d'information.
Une entente serait intervenue avec l'industrie au sujet du protocole. Je crois comprendre que trois contenants seront faciles à inspecter et que si les crevettes sont jugées trop petites, une inspection plus poussée aura lieu.
Cela me semble équitable. Tout le monde serait disposé à agir ainsi, je pense, si c'était là les règles de procédure pour les prochaines décennies, mais ce protocole n'est pas assez bon, sinon nous ne serions pas ici, je peux vous le garantir. L'industrie veut des réponses plus sûres à ce sujet.
Ce qui me préoccupe, c'est que la a évoqué la conservation dans ce dossier, alors que ce n'est pas une question de conservation. Je vous demanderais donc ce qui suit: cesserez-vous d'exercer des pressions sur l'industrie pour adhérer au protocole en place dans les années à venir, ou est-ce que la ministre vous incite à exercer des pressions sur l'industrie et à continuer d'imposer incertitude et injustice aux familles et de mettre la côte en péril en raison de deux violations?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Ma question s'adresse aux trois fonctionnaires du MPO qui témoignent devant le Comité.
Vous pouvez sentir la frustration presque unanime des membres du Comité. Vous avez déclaré à maintes reprises que nous n'imposez aucun changement, mais vous provoquez certainement beaucoup d'anxiété chez les pêcheurs avec le protocole que vous avez commencé à appliquer l'hiver dernier.
Vous avez interverti des choses, madame Reid. Vous êtes revenue plusieurs fois à la conservation et à la taille. Or, des pêcheurs nous ont affirmé qu'ils utilisent cette méthode depuis 50 ans et que ce n'est pas une question de stocks.
Vous revenez continuellement au fait qu'il faut pouvoir facilement inspecter le produit, mais vous n'avez pas répondu à la question suivante: combien de temps faut-il pour décongeler un contenant de crevettes?
J'aimerais remercier les témoins de se joindre à nous ce soir. Je voudrais prendre quelques minutes pour rappeler quelques directives à nos prochains témoins.
Lorsque vous êtes prêts à prendre la parole, cliquez sur l'icône du microphone pour activer le micro. Quand vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
L'interprétation fonctionne à peu près comme lors d'une réunion normale du Comité. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre le parquet, l'anglais ou le français. Lorsque vous parlez, veuillez vous exprimer lentement et clairement.
J'aimerais maintenant accueillir notre deuxième groupe de témoins.
Nous discutons avec Sonia Strobel, directrice générale et cofondatrice de Skipper Otto's Community Supported Fishery.
Nous recevons également Andy Olson, directeur exécutif de la Native Fishing Association.
Nous sommes aussi en présence d'Ivan Askgaard, pêcheur commercial du Prawn Industry Caucus.
Nous allons maintenant passer aux remarques liminaires, à commencer par Mme Strobel, qui a tout au plus cinq minutes. Allez-y, je vous prie.
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Je vous remercie infiniment de me recevoir.
Comme vous l'avez dit, je m'appelle Sonia Strobel, et je suis la cofondatrice et la directrice générale de Skipper Otto. Nous sommes la première pêche soutenue par la communauté au Canada et une des premières dans le monde. Nous sommes situés ici à Vancouver, en Colombie-Britannique, sur le territoire des Salish du littoral.
Mon époux, que j'ai marié il y a 20 ans, vient d'une famille de pêcheurs. En toute honnêteté, j'ai été consternée de voir les difficultés que rencontraient mon beau-père Otto, mon mari Sean et les autres pêcheurs de petite taille. Ils sont confrontés à des risques et à des incertitudes que personne ne tolérerait dans son travail. Somme toute, bon nombre d'entre eux espèrent juste atteindre le seuil de rentabilité. Ils se versent à peine le salaire minimum.
Parallèlement, les Canadiens ont difficilement accès aux produits de la mer locaux. Le Canada exporte 90 % de ses prises, tandis que 80 % des produits que les Canadiens achètent dans les restaurants et les détaillants sont importés. Ces produits sont souvent de sources douteuses qui contribuent à la destruction de l'environnement et aux violations des droits de la personne dans des eaux internationales non réglementées. Pourtant, la demande pour les produits de la mer achetés directement aux producteurs locaux monte en flèche.
Nous avons créé Skipper Otto afin de réduire l'incertitude liée à la pêche et de lutter contre l'insécurité alimentaire au Canada. Notre modèle d'adhésion permet d'acheminer à des consommateurs de tout le Canada des fruits de mer congelés qui sont pêchés directement par des familles de pêcheurs. Nous faisons beaucoup d'autres choses pour réduire les risques associés à la pêche, mais comme il s'agit de l'élément central de l'étude d'aujourd'hui, c'est sur ce point que je vais m'attarder.
La congélation des fruits de mer permet aux pêcheurs de conserver leur produit et de dénicher leurs propres marchés équitables plutôt que d'être obligés de vendre à des acheteurs de produits vivants et à des marchés d'exportation qui fixeront le prix longtemps après avoir reçu le produit. Le monopole et la collusion sont monnaie courante dans cette industrie. En ce moment, la saison de la pêche aux crevettes tachetées est commencée depuis deux semaines. Ceux qui vendent aux marchés en vif ont déjà livré la majeure partie des prises de l'année. Pourtant, ils n'ont toujours aucune idée du prix, et ont encore moins été payés le moindre sou.
Autoriser la congélation en mer de produits de la mer comme les crevettes tachetées n'est pas seulement une question de justice sociale; c'est aussi essentiel pour améliorer d'autres enjeux tels que la sécurité alimentaire, la lutte contre le changement climatique et la lutte contre la fraude liée aux produits de la mer. Notre modèle permet aux membres de déguster des produits de la mer durables à l'année, partout au pays. Les produits sont livrés par des moyens de transport à faible émission de carbone, et sur chacun, il est indiqué exactement qui l'a pêché, à quel moment, à quel endroit et de quelle façon.
Votre comité a entendu de nombreux pêcheurs vous parler de la différence entre la vente sur le marché intérieur de queues de crevettes tachetées congelées en mer, et la vente sur les marchés vivants. L'année dernière, les pêcheurs qui ont équeuté, mis en contenant et congelé leurs crevettes en mer les ont vendues 300 % plus cher qu'à l'acheteur de produits vivants.
Skipper Otto soutient 34 familles de pêcheurs comme Joel Collier sur toute la côte de la Colombie-Britannique, ainsi que dans deux collectivités éloignées du Nunavut. Ces familles fournissent directement l'équivalent d'une année de fruits de mer à plus de 7 000 familles au pays. Beaucoup d'entre elles se sont d'ailleurs prononcées dans le cadre de nos pétitions sur le sujet.
Nos membres ont à cœur de soutenir les familles de pêcheurs du Canada. Ils le font en achetant des produits de la mer congelés directement aux pêcheurs. L'enjeu de la crevette tachetée les touche personnellement, et ils ne vont pas lâcher le morceau.
Au Canada, les crevettes sont de loin les fruits de mer les plus consommés. À l'échelle mondiale, cinq milliards de livres de crevettes sont produites chaque année. D'où vient la majeure partie de cette production?
Le commerce mondial de la crevette est le plus notoire pour la destruction de l'environnement et les violations des droits de la personne. La plupart des crevettes congelées que l'on trouve dans les épiceries canadiennes sont liées d'une manière ou d'une autre à la traite de personnes, à l'esclavage et à la déforestation des mangroves en Asie du Sud-Est. Il est donc merveilleux que nous ayons ce produit incroyablement écologique, bien géré et récolté de manière éthique à proposer aux consommateurs canadiens afin de remplacer une partie de ce produit douteux.
Cependant, cette nouvelle interprétation du règlement sur la mise en contenant des crevettes tachetées annule tous ces efforts. Elle prive les familles de pêcheurs d'une des pêches les plus rentables qui soit dans un secteur où il est désespérément difficile de gagner sa vie. Une fois de plus, cette interprétation permet aux grandes sociétés d'exportation étrangères de reprendre le contrôle et d'engranger les profits. Cette interprétation retire un produit durable, propre et éthique des mains des Canadiens pour faire plus de place sur les tablettes canadiennes aux crevettes capturées par des esclaves. Quelle en est la raison? Le ministère des Pêches et des Océans n'a pas fourni une seule explication plausible de sa décision. Bien sûr, nous sommes tous en faveur de mesures de conservation rigoureuses, mais personne n'a démontré qu'il s'agissait d'un enjeu de conservation.
Bien sûr, nous voulons tous mettre un terme aux activités de pêche illicites, non réglementées et non déclarées, mais il est injuste et irrationnel de faire porter ce fardeau à tous les pêcheurs. Si un petit groupe de pêcheurs et de transformateurs enfreint la réglementation, le Programme de conservation et protection a déjà des outils pour faire appliquer la réglementation sans bouleverser l'ensemble du secteur. Leur travail consiste à faire respecter les règlements établis par des législateurs indépendants, et non à réinventer les lois pour faciliter leur application.
Veuillez s'il vous plaît m'aider à annoncer à nos 7 000 familles membres au pays que le problème est résolu. Elles attendent toutes des nouvelles avec impatience, non seulement pour cette année, mais aussi pour l'avenir.
Pour conclure, je vous soumets les recommandations suivantes. D'une part, donnez aux pêcheurs la certitude que l'équeutage, la mise en contenant et la congélation des crevettes en mer demeureront légaux. D'autre part, faites en sorte que notre récolte locale de crevettes soit protégée dans l'intérêt des pêcheurs et des consommateurs canadiens, et non au bénéfice de sociétés et d'investisseurs étrangers.
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Je salue les membres du Comité et le président.
Je vous remercie de nous avoir invités à parler de cette question aujourd'hui. Je m'appelle Andrew Olson, et je suis le directeur exécutif de la Native Fishing Association. Nous sommes une institution financière autochtone située à West Vancouver qui est au service des pêcheurs autochtones de toute la Colombie-Britannique, à qui nous octroyons dans la mesure du possible des prêts, des permis et d'autres formes d'aide aux entreprises.
Avant d'être à l'Association, j'ai travaillé 10 ans pour la Première Nation Tseshaht, à Port Alberni, en tant que gestionnaire des pêches et biologiste des poissons. À ce titre, j'ai représenté de nombreuses années les Premières Nations au conseil consultatif sur la crevette. J'ai aussi travaillé avec le comité consultatif sur la crevette, qui est l'ancien nom du conseil. J'ai participé à bon nombre de discussions et à une grande partie du travail, mais je n'ai jamais entendu dire que les crevettes de petite taille étaient un enjeu. C'est un problème qui, selon moi, reflète d'autres préoccupations dans la région du Pacifique, à savoir que le MPO est manipulé et utilisé par les entreprises et l'industrie.
Quand le ministère parle de l'industrie, il s'agit de la Pacific Prawn Fishermen’s Association. Or, cette association n'est pas l'industrie. Le groupe représente les transformateurs commerciaux, et non les pêcheurs commerciaux indépendants, qui sont plutôt représentés par le Prawn Industry Caucus. Il faut bien comprendre. Lorsque le ministère parle de l'industrie, il fait allusion à la Pacific Prawn Fishermen's Association. Ce sont deux groupes différents dont les membres n'ont rien à voir. Bien souvent, l'organisation de taille supérieure représente les entreprises de transformation qui achètent les crevettes vivantes et qui les expédient sur le marché lucratif de l'Asie.
Pour les pêcheurs, le changement ne se limite pas à l'équeutage et à la mise en contenants des crevettes. Il s'agit d'un virage vers la vente de crevettes vivantes sur le quai, qui a transformé le marché pour ces gens. Leur possibilité de pêcher... Même si les fruits de mer sont expédiés sur un marché étranger robuste, les pêcheurs ne tirent rien de ce prix élevé outre-mer. Puisqu'ils ne gagnaient pas beaucoup d'argent sur ce marché, ils ont dû se rabattre sur le marché intérieur plus modeste. Or, ce marché a permis d'obtenir des prix potentiellement supérieurs à ceux qui sont offerts aux pêcheurs sur le marché international, de sorte qu'il ne s'agit pas d'un changement temporaire. Je pense que c'est un changement à long terme.
Un des arguments que j'ai entendu au cours des discussions avec le groupe précédent se rapporte en grande partie à la durabilité, à la taille et à ce genre de choses. De toute évidence, le Comité comprend tous ces enjeux. Il tente de saisir ce qui est à l'origine du problème et la façon d'aider les pêcheurs à gagner leur vie tout en protégeant la ressource — ce que nous trouvons tous important — afin qu'ils puissent continuer à pêcher.
Nous savons que la taille des crevettes est un enjeu de commercialisation plutôt que de conservation, et que la récolte de crevettes de taille inférieure à la normale ne pose pas de problème de durabilité, car la totalité de la population est mâle. Sachant cela, nous commençons à nous demander ce qui se cache derrière ces initiatives, et c'est ce qui m'inquiète le plus. Dans la région du Pacifique, nous avons souvent vu des processus et même des programmes d'application être manipulés par de grandes sociétés actionnaires, dont beaucoup appartiennent à des étrangers. Elles utilisent leur influence et les personnes sous leur emprise pour changer la politique et la façon dont les pêches sont gérées au moyen de mesures d'application, ce qui a pour effet d'entraîner des changements immédiats.
Les sociétés ont constaté qu'elles allaient perdre l'accès à toutes ces crevettes parce que les pêcheurs ont vu qu'ils pouvaient les vendre au pays. Ils allaient gagner plus d'argent en vendant les crevettes à leurs voisins et amis plutôt qu'à un établissement commercial de transformation du poisson qui va les mettre en boîte et les envoyer en Chine. Lorsque les entreprises de poissons ont vu qu'elles allaient perdre l'accès à un produit qui leur rapporte des millions de dollars lorsqu'elles l'expédient à l'étranger, elles ont soudainement dû intervenir.
C'est ce qui me préoccupe. Ce changement indique ce genre de choses et de corruption dans la région du Pacifique. Nous devons aller au fond des choses et nous assurer que les pêcheurs peuvent gagner leur vie. C'est d'une importance capitale.
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Merci, monsieur le président. Bonjour à tous les membres du Comité. Je suis ravi qu'on me demande de prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Ivan Askgaard. Je suis un pêcheur commercial. Cela fait 40 ans que je pêche des crevettes. Je possède un permis de pêche à la crevette et j'exploite un bateau de pêche. J'ai également un établissement d'entreposage enregistré où nous sommes autorisés à surgeler les queues de crevettes.
J'ai siégé au comité sectoriel sur la crevette dans les années 1980 et 1990, qui a collaboré avec le MPO concernant l'augmentation de la taille des mailles, l'augmentation de la taille minimale et la mise en œuvre de nombreuses autres mesures afin de rendre la pêche plus durable. Je me souviens que la mesure de la longueur du telson a été établie à l'époque pour que les queues de crevettes surgelées dans l'eau de mer puissent devenir un produit viable. Je dois dire que les consultations étaient menées de façon bien plus efficace à l'époque qu'aujourd'hui.
Pendant des années, j'ai investi dans la technologie pour attraper plus de poissons. Il y a quelques années, nous avons atteint un plafond quant à la quantité que nous pouvions attraper. Nous avons conclu que le moyen de survivre était d'ajouter de la valeur aux prises en améliorant leur qualité, leur commodité pour le consommateur et leur constance. Nous avons investi dans le marketing sur Internet, le conditionnement, l'entreposage frigorifique et les systèmes de distribution. Je dois dire que les pêcheurs n'en sont pas tous au même stade d'avancement que nous. Nous sommes indépendants et nous sommes avant-gardistes.
Je dois également dire que nous nous sentons privilégiés de pouvoir exploiter les ressources halieutiques de propriété commune. Les Canadiens comptent sur nous pour leur fournir des aliments et l'accès à quelque chose qui leur appartient, en fait; ils nous font confiance pour la récolte de cette ressource. De plus, parce que les pêcheurs commerciaux titulaires d'un permis s'en remettent à la bonne volonté des Canadiens pour avoir accès à la ressource, nous nous sommes fait un devoir de mettre une partie de nos prises à la disposition du public au cours des 30 ou 40 dernières années. Non seulement c'est extrêmement satisfaisant, mais c'est aussi une bonne affaire. Les fruits de mer vendus directement par les pêcheurs sont devenus si rares, même dans notre petite ville côtière de Powell River, que nos clients nous remercient régulièrement et chaleureusement de leur offrir nos produits. C'est un marché solide.
Concernant les saisons de pêche à la crevette de 2020 et de 2021, les marchés ont subi un autre effondrement cyclique sur les marchés des crevettes entières surgelées destinées à l'exportation vers le Japon et la Chine, où entre 80 et 90 % de notre production est destinée. La faiblesse des prix a été attribuée à la COVID dans ce cas-ci. Un témoin précédent a parlé d'une vaste collusion dans le secteur entre les acheteurs, et je peux réaffirmer ce fait. Les pêcheurs ont reçu à peine 3 $ la livre pour leur produit le plus petit l'année dernière. Leurs crevettes de taille moyenne se sont vendues sur le marché des fruits de mer surgelés à 3 $ la livre. Je peux vous dire que c'est inférieur au coût de production. Cette année, il semble que ce soit la même chose. Les pêcheurs essaient de faire tout ce qu'ils peuvent pour éviter la ruine.
L'effondrement du marché a incité les pêcheurs à innover pour s'adapter. Nous voulons pouvoir avoir de la certitude et nous adapter. Nous ne cherchons pas à obtenir une quelconque aide financière, mais nous voulons une certaine certitude. Nous essayons de créer des marchés à plus forte valeur ajoutée en produisant des queues de crevettes surgelées et en les vendant directement au public. Je peux dire qu'il s'agit d'une pratique de longue date, à laquelle nous avons eu recours lorsque les marchés étaient défavorables par le passé. Quand j'ai commencé à pêcher dans les années 1980, il y avait des gens qui vendaient des queues de crevettes surgelées. C'est dire que cette pratique existe depuis longtemps. Ce n'est pas une pratique récente.
Concernant la réinterprétation de la politique, ce n'est pas une question de conservation. Il s'agit de résoudre un problème qui n'existe pas. C'est tellement injuste que ce soit en raison de mon indignation que je témoigne ici aujourd'hui. Aucune accusation n'a été portée récemment contre des pêcheurs pour avoir conservé des crevettes de taille non réglementaire. Nous avons entendu l'un des témoins précédents dire qu'il y avait environ deux cas par année. Je pense qu'il y a eu un peu de confusion à ce sujet. À ma connaissance, il y a eu deux cas en 2019, et il n'y en a eu aucun en 2020 ou en 2021 pour des crevettes de taille non réglementaire, bien que de nombreuses autres accusations aient été portées dans le secteur de la pêche. J'ai parlé avec un agent des pêches et il dit que la conservation de queues de crevettes de taille non réglementaire dans des contenants par les pêcheurs commerciaux est le dernier de leurs soucis.
Je peux vous dire, par expérience, qu'il est relativement facile de savoir si un pêcheur a conservé des crevettes de taille non réglementaire, au-delà de toute discussion sur la décongélation des contenants. La technique de contrôle éprouvée consiste à se rendre, sans s'annoncer, au navire, dans une embarcation pneumatique, et à mener une enquête sur le produit qui est sur le pont. À la fin de la remontée d'une série de casiers, le MPO peut facilement examiner une grande quantité de produits — environ un sixième ou plus de la prise quotidienne du navire — pour obtenir une évaluation claire de ce qui est conservé par le navire.
Tout...
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence.
Je vous vois tous à l'écran. Pouvez-vous lever la main si vous avez écouté le témoignage des fonctionnaires du ministère, qui ont comparu pendant l'heure qui a précédé votre arrivée? Levez la main si vous avez pu entendre leur témoignage. D'accord.
Alors ma première question s'adresse à chacun de vous. Nous allons suivre l'ordre dans lequel vous avez fait vos déclarations préliminaires, soit Mme Strobel, M. Olson, puis M. Askgaard.
Croyez-vous que ce qu'ont dit les fonctionnaires du ministère reflète bien vos relations avec le ministère des Pêches et des Océans en ce qui concerne toute la question de la mise en contenants des crevettes?
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Un autre aspect, c'est que bon nombre des permis sont détenus par des entreprises de pêche, ce qui leur donne les moyens d'exercer une influence et de fixer le prix que ces pêcheurs accepteront. Souvent, le modèle commercial est le suivant: le pêcheur possède le bateau et le transformateur possède le permis.
Je voulais seulement revenir sur une question que vous avez posée et à laquelle je n'ai pas eu l'occasion de répondre. Vous vous demandiez si un pêcheur pouvait subir des représailles du MPO s'il se manifeste, ce qui est une accusation sérieuse.
Eh bien, je peux vous dire que, récemment, des gens se sont montrés très agressifs à l'égard d'un des dirigeants des organisations de pêche. Les choses ne s'étaient jamais passées de cette façon auparavant, en 40 ans. Ils ont sauté à bord de son bateau sans rien demander. Ils sont descendus dans sa cale pour voir s'il y avait des queues de crevettes, et les choses ne se sont pas passées de manière amicale du tout — ce genre de choses peut donc se produire sur le terrain.
Je vous remercie de votre attention.
Dans des études antérieures, nous avons examiné le lien entre le propriétaire-exploitant d'un bateau et la possession d'un permis.
Monsieur Askgaard, vous êtes dans la position privilégiée de posséder un permis et un bateau, et vous êtes donc le modèle, semble-t-il, sur la côte Est.
À Mme Strobel et M. Olson à présent, pensez-vous que c'est l'absence de dispositions relatives aux propriétaires-exploitants qui a permis à la situation actuelle de prendre la tournure qu'elles a prise sur la côte Ouest?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins, Mme Strobel, M. Askgaard et M. Olson.
Je dois vous dire que, si je ne suis pas surprise, je suis quand même inquiète quant à tout ce qui a été dit préalablement. Vous avez entendu les représentants du ministère des Pêches et des Océans nous dire, en résumé, que ce sont des représentants des pêcheurs, et non de l'industrie, qui ont demandé la tenue de rencontres, ce qui est très différent. C'est ce qui nous a été dit et c'est ce que j'ai compris, mais je vais vérifier cela de plus près.
Ils nous ont également dit qu'il n'y a eu aucun changement. C'est comme si on nous disait que, en tant qu'élus, l'étude que nous réalisons est absolument inutile et qu'il ne s'est jamais rien passé.
Ce qui m'inquiète, pour vous au premier chef, c'est que, si nous n'arrivons pas à obtenir les informations exactes du ministère en tant qu'élus, je n'ose même pas imaginer comment vous vous sentez. Je suis totalement solidaire avec vous dans ce cas-ci. Nous verrons s'il y a eu mensonge ou pas en la matière.
En passant, je salue le courage de Mme Strobel, qui a parlé de la question de la pétition.
Par ailleurs, toute la question du territoire m'inquiète aussi. Je vais vous parler du Québec, mais c'est la même chose qui se produit au Canada. Souvent, on considère que le territoire n'est composé que de terre, de roc et d'arbres, mais la mer en fait partie aussi.
Vous avez parlé aussi de toute la question de la souveraineté alimentaire et de l'occupation du territoire.
Vous avez évoqué une foule de sujets excessivement importants à mes yeux. Vous avez soulevé énormément de questions et j'ai l'impression que le temps accordé à cette étude devrait être prolongé. En fait, nous devrions continuer de travailler à cette étude.
Je salue également le courage de MM. Olson et Askgaard, qui ont prononcé deux mots qui peuvent faire peur: « collusion » et « corruption ». Bien entendu, cela m'inquiète également en tant qu'élue. Enfin, toute cette perte subie par l'industrie m'inquiète.
De plus, toute la question de l'intégration verticale des pêches m'inquiète, parce que j'entends la même chose au sujet de l'industrie de la transformation, à ce même comité.
Je vais vous laisser compléter, car j'ai beaucoup parlé. Habituellement, je me chronomètre, mais je ne l'ai pas fait cette fois-ci. Je vais donc vous laisser renchérir sur le sujet et sur les recommandations que Mme Strobel nous a proposées en ce qui a trait, entre autres, à la légalité. J'aimerais écouter vos recommandations et vous entendre vous prononcer sur ce que le Comité devrait faire, parce que celui-ci représente les citoyens, et non pas l'industrie.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins. Je suis désolé de l'injustice que vous subissez en ce moment et des répercussions qu'elle a sur vos familles.
Madame Strobel, vous avez dit qu'il n'y a pas la moindre raison plausible pour justifier ce que le gouvernement vous fait vivre, pour expliquer la décision prise par le ministère des Pêches et des Océans. Lors de la partie précédente de la présente séance, nous avons entendu les fonctionnaires du ministère des Pêches et des Océans nous dire qu'ils n'avaient aucune donnée scientifique susceptible de justifier la moindre inquiétude en matière de conservation. Ils n'avaient même pas de données sur le nombre de contenants... Ils ont décidé que l'augmentation du nombre de contenants était potentiellement de l'ordre de 10 à 20 %, et ils se sont appuyés sur le fait qu'il y avait deux infractions par an, en moyenne, pour l'ensemble de la côte.
Madame Strobel, pouvez-vous mettre cela en perspective, nous donner l'heure juste sur les proportions du phénomène? Combien de crevettes ou combien de voyages cela représente-t-il par navire? Pouvez-vous nous donner un aperçu des répercussions que ces deux infractions par an peuvent avoir sur le secteur et sur la conservation?
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Bien sûr. Merci, monsieur Johns.
Nous parlons de milliers de voyages. Pour une saison complète, il s'agit de milliers et de milliers de voyages. Par conséquent, les deux infractions évoquées sont si infiniment petites qu'elles ne sont même pas vraiment pertinentes sur le plan statistique, par rapport à...
M. Morrissey a parlé du proverbial marteau de forgeron utilisé pour tuer une mouche. Cela n'a aucun sens, surtout quand on pense à tous les problèmes réels de conservation qui se posent.
Il y a des espèces que nous devons protéger. Nous parlons du saumon rouge du fleuve Fraser et de choses comme ça. Pourquoi diable mettrions-nous autant d'attention et d'énergie — avec toutes les autres choses auxquelles nous aimerions consacrer notre temps — à parler de deux infractions pour des crevettes de taille inférieure à la norme? Il a déjà été démontré que les crevettes de petite taille ne posent pas de problème du point de vue de la conservation. Cela n'a aucun sens.
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Oui, c'est bien ce qui s'est passé.
Encore une fois, le processus de consultation s'est déroulé auprès de la Pacific Prawn Fishermen's Association, et la question n'a été portée à l'attention du reste de l'industrie que le 3 mars, lorsqu'ils ont compris que cette question n'allait pas tomber dans l'oubli. Lorsque nous leur avons demandé pourquoi nous n'avions pas été informés plus tôt, ils ont répondu qu'en février, lorsque la chose a été soulevée pour la première fois, ils pensaient qu'elle était si ridicule qu'elle ne pouvait pas se concrétiser et qu'elle ne reposait sur rien. Cela n'avait tout simplement aucun sens. Ils avaient obtenu un avis juridique pour dire que cela n'avait aucun sens. Ils pensaient vraiment que cela allait disparaître.
À l'époque, toutes les réponses du ministère des Pêches et des Océans à la Pacific Prawn Fishermen's Association — parce qu'ils ne voulaient parler à aucun d'entre nous et ne parlaient qu'avec cet organisme — étaient qu'il maintenait son affirmation selon laquelle la mise en contenants et la congélation des crevettes en mer étaient désormais illégales, et c'est à cela qu'il s'est tenu tenu jusqu'à la plus récente déclaration de la , qui a seulement concédé que le ministère mettrait en place certaines mesures pour permettre que cela puisse se faire cette année, mais sans engagement pour les années à venir. Bien sûr, c'est une piètre consolation pour les familles de pêcheurs qui, comme vous le savez, ont loué ou acheté des permis pour une somme d'argent considérable. Il n'est pas possible de bâtir une entreprise sur une seule année de certitude.
À vrai dire, il n'y a pas eu de consultation, en tout cas pas auprès de ceux d'entre nous qui sont sur le terrain.
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Merci, monsieur le président.
Selon les commentaires de M. Johns, ce n'est pas le gouvernement qui a fait cela, mais le MPO. Je pense que vous pouvez sentir que nous, les représentants du gouvernement ici présents, sommes tout aussi consternés que tous les autres et que nous l'avons toujours été. Les voyous nous font ce coup-là de temps en temps.
Quelqu'un a-t-il reçu des renseignements sur ce que le MPO voudrait que vous fassiez l'année prochaine, au moment de la saison de pêche à la crevette, si vous n'êtes pas autorisé à mettre les crevettes en contenants? Y a-t-il eu des discussions jusqu'à présent, ou vous ont-ils présenté une façon de procéder à l'avenir?
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J'ai une question à poser à chacun d'entre vous.
Ce que nous avons entendu au cours des deux dernières heures est profondément troublant, tout comme le manque d'informations fournies par le ministère.
Je ne veux pas manquer de respect à M. Hardie, car j'ai énormément de respect pour lui, mais je suppose que j'adresse ma question aux témoins.
Compte tenu des témoignages que nous venons d'entendre, croyez-vous que la ministre devrait jouir d'un passe-droit pour avoir négligé d'intervenir immédiatement, de faire marche arrière le lendemain et de demander à ses fonctionnaires de renoncer à cette mesure, afin qu'à l'avenir vous puissiez compter sur le gouvernement fédéral, ainsi que sur tous les ordres de gouvernement, pour assurer vos arrières? En fait, la question est la suivante: que devez-vous faire au juste, en plus de décongeler les contenants, si une inspection doit avoir lieu?
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Monsieur le président, j'invoque, moi aussi, le Règlement.
Je sais que ce n'est pas mon rôle de préciser aux gens qui ils sont, ce qu'ils sont ou ce qu'ils peuvent faire, mais M. Hardie a indiqué que des membres du gouvernement siégeaient au sein du Comité aujourd'hui, lorsqu'il a rejeté la faute sur le MPO. Je veux simplement rappeler à mes collègues qu'il n'y a en fait aucun membre de l'exécutif qui comparaît devant le Comité, et que même le secrétaire parlementaire n'est pas membre de l'exécutif.
Je sais ce que c'est que d'être un député membre du caucus du gouvernement, mais je pense que nous devons être prudents lorsque nous nous exprimons, et ce ne sont là que mes sentiments ou mes impressions. Je ne voulais pas réprimander M. Hardie devant les témoins, mais je pense que nous devons simplement faire attention à qui nous sommes et à la façon dont nous nous identifions et que nous devons être précis dans la façon dont nous nous présentons devant les témoins. Nous sommes simplement des députés, que nous soyons membres du caucus du gouvernement ou non, et nous ne devrions pas nous présenter comme des membres de l'exécutif ou du gouvernement.
Je pense que M. Johns avait tout à fait raison quand il a dit que la ministre, c'est-à-dire une personne qui a un pouvoir de décision, serait mieux placée pour prendre des mesures. Parfois, j'aimerais que le Comité jouisse des pouvoirs du gouvernement. Ainsi, nous pourrions réaliser certaines de ces choses.
Si un député ministériel était prêt à proposer la motion qui convient, je l'appuierais complètement.