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Je déclare la séance ouverte. Bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes. Conformément à l’article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le comité le lundi 19 octobre 2020, le Comité reprend son étude sur la mise en œuvre des droits de pêche issus de traités des Micmacs visant à assurer une subsistance convenable.
La réunion d’aujourd’hui se déroule dans un format hybride, conformément à l’ordre adopté à la Chambre le 23 septembre 2020. Les débats seront diffusés sur le site Web de la Chambre des communes.
Comme vous le savez, la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que l’ensemble du Comité. Afin d’assurer le bon déroulement de la réunion, je voudrais vous exposer quelques règles à suivre. Les membres et les témoins peuvent s’exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d’interprétation sont offerts pour cette réunion. Vous avez le choix au bas de votre écran entre le parquet, l’anglais ou le français.
Pour les membres qui participent en personne, procédez comme vous le feriez habituellement lorsque l’ensemble du Comité se réunit en personne dans la salle de réunion. Gardez à l’esprit les directives du Bureau de régie interne relatives aux protocoles concernant le port du masque et la santé.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous identifie par votre nom. Si vous êtes en vidéoconférence, veuillez cliquer sur l’icône du microphone pour l’activer. Pour les personnes présentes dans la salle, votre micro sera contrôlé comme d’habitude par l’agent des délibérations et de la vérification.
Je vous rappelle que tous les commentaires des membres et des témoins doivent être adressés à la présidence. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
En ce qui concerne la liste des intervenants, la greffière du Comité et moi-même ferons tout notre possible pour maintenir un ordre des interventions consolidé pour tous les membres, qu’ils participent virtuellement ou en personne.
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins qui reviennent aujourd’hui.
Nous accueillons Naiomi Metallic, titulaire de la Chaire du chancelier en droit et politiques autochtones et professeure adjointe, Schulich School of Law, Université Dalhousie. Nous recevons aussi Thierry Rodon, professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche sur le développement durable du Nord, Université Laval. De même, nous entendrons William Craig Wicken, professeur au Département d’histoire de l’Université York.
Comme les témoins ont comparu devant nous le 2 novembre et ont déjà fait leurs déclarations liminaires, nous allons maintenant passer aux questions des membres.
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J’invoque le Règlement, monsieur le président.
Nous avons reçu la convocation et le courriel cette semaine, et je voulais clarifier un point concernant le sous-comité. Est-il possible pour la greffière de trouver du temps à un autre moment que celui prévu pour les travaux du Comité pour que les membres du sous-comité puissent se réunir et passer en revue certains points de l’ordre du jour et les listes de témoins, par exemple, en vue des prochaines réunions? Est-il possible de trouver du temps de plus ailleurs? Si ce n’est pas le cas, je suggère que nous devions, peut-être en comité plénier, réserver du temps pour les travaux du Comité, peut-être pas à la prochaine réunion du Comité, mais à celle qui aura lieu dans une semaine, le lundi, de manière à disposer d’un peu de temps pour traiter des travaux du Comité.
Je me demande s’il est possible que le sous-comité se réunisse à un autre moment avant les réunions de la semaine prochaine.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président. Je suis si heureux que nos témoins aient pu revenir.
J’espère que vous comprenez qu’au moment où nous avons été interrompus — et j’étais le premier à interrompre —, nous nous efforcions de faire venir devant nous, alors nous y voilà. Je suis ravi que nous puissions poursuivre et je suis également ravi de vous annoncer que la ministre des Pêches nous rejoindra après-demain. Votre témoignage nous aidera, je pense, à nous informer en vue de cette réunion.
J’ai quelques questions d’ordre général. Je suppose que je vais vous demander à chacun d’y répondre brièvement.
[Français]
Je vais poser mes questions en anglais, mais vous pouvez répondre en français.
[Traduction]
Dans le cadre de l’étude que nous menons, quelles sont, selon vous, les principales différences entre les droits individuels et les droits collectifs des Autochtones?
J’espère que la réponse de chaque témoin durera entre 35 et 45 secondes.
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Je suppose que puisque je suis avocate, il serait logique que je le fasse.
Je vous demanderais probablement de préciser votre question, car elle est assez générale.
En ce qui concerne l’article 35, la Cour suprême a estimé qu’il fallait protéger les droits collectifs. Cependant, elle a également reconnu que ces droits collectifs pouvaient être exercés individuellement.
Dans la décision Sally Behn, et al. c. Moulton Contracting Ltd, et al., de 2014, la Cour suprême a déclaré que dans certaines circonstances — elle ne les a pas toutes énoncées; elle ne le fait jamais — il peut y avoir des exercices individuels de droits et des situations où les personnes pourraient uniquement compter sur ces droits collectifs pour se défendre contre des accusations, par exemple.
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Oui, merci pour la question. J’espère que vous pouvez m’entendre.
J’ai présenté un témoignage dans le cadre du suivi de l’affaire Marshall, connue sous le nom de R. c. Alex MacDonald, et j’ai préparé le rapport de 246 pages à ce sujet. J’ai directement abordé cette question.
Nous disposons d’une vaste documentation allant de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle sur la participation des Micmacs à la pêche au homard. Nous avons en fait une photo datant de 1795 qui montre une femme mettant un homard dans un casier à homards.
Nous savons également qu’avant la signature des traités, dans les années 1760, les Micmacs participaient à la pêche au homard. Ils utilisaient ce... C’était un peuple de pêcheurs. Ils exerçaient ce droit de façon communautaire, collective. Le homard était l’une des nombreuses espèces qu’ils pêchaient et vendaient à des non-Autochtones en Nouvelle-Écosse et dans les Maritimes.
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Ce fut un long processus. Il s’est déroulé à partir de la Révolution américaine dans les années 1770 et de l’immigration des loyalistes en Nouvelle-Écosse dans les années 1770 et 1780.
La plupart des Micmacs vivent, en fait, en aval de la Shubenacadie, dans les régions de Queens, Shelburne et Yarmouth, ainsi que dans le comté de Kings. Ce fut un processus progressif. Ils ont été dépossédés de leurs zones côtières où ils avaient historiquement vécu. C’est un peuple côtier et un peuple de pêcheurs.
Des réserves ont été créées à partir des années 1840, mais la plupart d’entre elles étaient à l’intérieur des terres et très, très petites, et comme à Bear River et Shubenacadie, qui sont des zones marécageuses, elles ne sont pas très accessibles aux zones côtières. Ce fut donc un processus progressif.
Lors du recensement de 1871, 22 Micmacs vivaient dans la baie Sainte-Marie. Beaucoup d’autres Micmacs vivant en zone côtière ont pêché jusqu’au début du XXe siècle.
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Monsieur le président, je remercie tous les témoins qui sont de retour aujourd'hui.
Lorsque nous nous étions laissés, il y a quelques semaines, j'avais parlé avec M. Rodon. Nous avions mentionné à quel point la cogestion pouvait, dans une certaine mesure évidemment et selon les circonstances, abaisser les tensions et qu'elle était un modèle pour certaines communautés afin de réussir à gérer les ressources de façon convenable et au moyen de compromis.
J'aimerais entendre de nouveau l'avis de M. Rodon sur les préalables et sur ce qu'il nous faudrait pour établir une formule de cogestion. On voit les tensions en Nouvelle-Écosse.
Qu'est-ce qui nous manque actuellement pour être en mesure de mettre sur pied une formule de cogestion?
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Je vous remercie de la question.
Je vais essayer de répondre en vous donnant d'abord un peu de contexte. J'ai eu quelques contacts avec des pêcheurs innus de la Côte-Nord, qui ont vécu une situation de tension qui n'était pas aussi importante que celle que nous avons connue avec les Micmacs. Cependant, au début de la saison de la pêche à la fois commerciale et de subsistance, du côté des Innus, ce sont exactement les mêmes processus pour la pêche commerciale, avec rachat de permis et le reste, et la pêche de subsistance qui se déroulent dans la région. Il y a eu beaucoup de frictions au départ, même si elles n'ont pas eu la même ampleur, c'est-à-dire qu'il n'y a pas eu d'acte criminel, notamment.
Par ailleurs, le gestionnaire des pêches innues de l'époque me disait, lors de nos discussions, que leur solution à eux consistait à se mettre au cœur des associations de pêcheurs. Ainsi, les Innus de la Côte-Nord font partie de l'Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, donc de l'ensemble des associations de pêcheurs. Il y avait vraiment une volonté proactive de faire partie de ces associations pour avoir une voix et être capable d'avancer.
Je pense que cela ne se passe pas comme tel du côté de la Nouvelle-Écosse, où, manifestement, il y a des divisions et une tension très forte.
Pour revenir à votre question, on voit que la cogestion est parfois utilisée dans des périodes de tensions extrêmement fortes. C'est une façon d'obliger des gens à s'asseoir autour de la table pour trouver des solutions. Cependant, il faut que quelqu'un les convoque. Je pense que le rôle du fédéral pourrait être important à cet égard. Comme nous l'avons dit au départ, tout le monde est là pour de bon. Toutefois, tout le monde a droit à sa part et doit pouvoir jouir d'un niveau de vie convenable. Je vous rappelle quand même que le taux de chômage chez les Micmacs de la communauté dont on parle est de 20 %, soit le double du taux de chômage de la Nouvelle-Écosse. Donc, c'est une question de développement économique.
Évidemment, il faut trouver une façon de gérer la ressource de façon responsable. Selon mon expérience de travail avec les Innus, ils ont autant intérêt, sinon plus, à gérer la ressource de façon aussi responsable que les autres. De toute évidence, les Autochtones ne vont pas déménager. Les Micmacs, qui sont là depuis des millénaires, ne vont pas épuiser la ressource pour ensuite déménager, comme c'est le cas souvent d'autres pêcheurs. C'est ce qu'on voit un peu partout. Je pense que ce ne sont pas des arguments nécessairement valides de penser que la pêche autochtone va détruire un mode de vie pour tout le monde, puisque personne n'a intérêt à faire cela.
Néanmoins, il faut trouver un moyen pour enrayer cette méfiance. Il faut que les gens puissent disposer de lieux où ils peuvent se parler et montrer qu'il y a une gestion responsable de part et d'autre. En fait, ce ne sont pas seulement les Micmacs qui doivent démontrer cela, mais les pêcheurs commerciaux aussi; ensemble, il leur faut définir ce qui peut être pêché et ce qui ne peut pas l'être. Nous ne pourrons pas y arriver autrement, à mon humble avis.
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Effectivement, cela devrait être son rôle, rôle qu'il a d'ailleurs rempli à quelques reprises.
Je suis un peu étonné de son inaction dans ce conflit. Je ne suis pas le seul en fait, puisque plusieurs ont mentionné qu'à la suite de l'arrêt Marshall et en raison de pratiques bien établies, Pêches et Océans Canada a été beaucoup plus proactif avec les Innus pour faire accepter la pêche, mais là, il a choisi de ne pas être très présent. Je pense que ni les pêcheurs ni les Micmacs ne pourront régler cela tout seuls. Il ne s'agit pas d'aller en arbitrage, car la question n'est pas là, mais le fédéral a une responsabilité fiduciaire envers les Autochtones, au nom de la Couronne. Donc, il s'agirait de prendre cette responsabilité et de protéger le droit des Micmacs d'avoir accès à la ressource, un droit qui est reconnu constitutionnellement et par traité, tout en ne permettant pas la création de tensions dans la région. Il y a des moyens de le faire. En fait, comme beaucoup l'ont dit, c'est cette absence de volonté de la part de Pêches et Océans Canada de s'impliquer dans la région qui a suscité ces tensions.
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D'accord. Je pense que certaines des suggestions de M. Rodon concernant la cogestion sont vraiment cruciales. Je crois qu'il s'agit de faire en sorte que les parties travaillent ensemble et discutent entre elles.
Le contexte juridique qui s'applique est complexe, n'est-ce pas? Il n'est pas noir ou blanc. Cela est mentionné dans l'article que j'ai soumis au Comité. Ce n'est pas noir ou blanc. La Cour suprême a recours à ce test très complexe qui exige que le gouvernement s'acquitte de ses obligations fiduciaires et respecte l'honneur de la Couronne, mais ce n'est pas une liste de contrôle de ce que [Difficultés techniques] C'est une question d'écoute mutuelle. Je pense qu'il s'agit vraiment de reconnaître que les Micmacs s'intéressent non seulement à la pêche, mais aussi à la gestion de ce droit, et au fait d'être traités comme une nation et non comme des intervenants seulement. J'estime que c'est vraiment essentiel.
Je pense que l'autre partie de l'histoire, c'est que vous ne pouvez pas considérer cela comme problème ponctuel: « Oh, nous allons résoudre cela; nous allons y consacrer un peu d'argent, et le problème va disparaître. » Il s'agit d'une relation entre deux nations. Elle va grandir et changer, et il faudra continuer à entretenir cette relation et à regarder les choses en face. Un moyen de subsistance convenable en 2020 va différer d'un moyen de subsistance convenable en 2030, et il faut tenir compte du rôle des parties en présence.
Divers autres facteurs peuvent influer sur cette situation, mais ce sont là quelques-uns des principaux enjeux.
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Il est difficile, dans l'abstrait, de donner beaucoup d'exemples. Là encore, je pense qu'il s'agit probablement de parler d'une espèce à la fois... Le homard est peut-être différent de la crevette, et d'autres espèces peuvent être différentes, mais il faut examiner les exigences auxquelles sont soumises les pêches et discuter honnêtement des enjeux de conservation. La question n'est pas de savoir quelles sont les autres exigences des autres pêcheurs. Le tribunal a déclaré que le Canada peut aussi prendre en compte les intérêts des autres pêcheurs, mais qu'il doit en même temps accorder une certaine priorité aux droits issus des traités.
Il est difficile de vous fournir les règles du jeu, parce qu'il n'y en a pas. Il faut que les parties dialoguent honnêtement, qu'elles écoutent, que les intérêts des Micmacs soient reconnus et qu'on leur accorde la priorité. Il est également essentiel de reconnaître les intérêts des Micmacs en matière de gestion ou de gouvernance, car c'est ce qui a servi de modèle ces 20 dernières années pour les permis de pêche communautaires des Autochtones, en vertu de la réglementation sur les pêches... Je veux dire qu'elle n'a jamais été mise en place pour répondre à l'affaire Marshall, mais comme elle traite justement les Micmacs comme n'importe quelle autre partie prenante, cela représente une part importante du problème.
M. Gord Johns: Combien de temps me reste-t-il, monsieur le président?
Le président: Il vous reste une minute.
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Merci, monsieur Johns. Vous avez légèrement dépassé votre temps de parole.
Si je n'entends aucune objection à ce sujet, je vais prendre, au nom de l'exécutif, la décision de prévoir une série complète d'interventions de trois minutes afin que chacun des quatre partis dispose de trois minutes pour interroger ce groupe de témoins avant son départ.
Je n'entends aucune objection.
Monsieur Arnold, vous avez la parole pendant un maximum de trois minutes.
Dans ce qui est maintenant connu sous le nom de l'affaire Marshall II, la Cour suprême déclare, à l'alinéa 6, ce qui suit: « Dans une série de décisions importantes, dont la première a été l’arrêt R. c. Sparrow, [1990] 1 R.C.S. 1075, qui concernait la pêche sur la côte Ouest, notre Cour a confirmé que les droits ancestraux et issus de traités visés à l'article 35 sont assujettis à la réglementation... » À l'alinéa 61 de la décision Marshall, le juge Binnie a déclaré, au nom de la majorité, ce qui suit: « Des limites de prises, dont il serait raisonnable de s’attendre à ce qu’elles permettent aux familles mi’kmaq de s’assurer une subsistance convenable selon les normes d’aujourd’hui, peuvent être établies par règlement et appliquées sans porter atteinte au droit issu du traité. »
En vous basant sur l'affaire Marshall, êtes-vous d'accord pour dire que le MPO a le droit de réglementer la pêche pour les pêcheurs commerciaux autochtones et non autochtones, y compris ceux qui cherchent à s'assurer une subsistance convenable?
Peut-être pourriez-vous formuler des observations sur la question suivante, car je ne suis pas sûr que quelqu’un y ait fait allusion jusqu’à maintenant.
On a l’impression que depuis l’affaire Marshall, il y a un vide en ce qui concerne l’accès aux pêches pour les communautés des Premières Nations. Nous savons tous que le bilan dira qu’il y a eu un important transfert de droits de pêche et d’accès aux pêches pour les communautés des Premières Nations depuis l’affaire Marshall.
Le transfert des permis de pêche depuis l’affaire Marshall de 1999 répond-il à une définition de subsistance convenable?
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En fait, dans le document que j’ai remis au Comité et qui a été publié récemment sous la forme d’un article dans Policy Options, cette question est abordée directement.
Quand les accords commerciaux ont découlé de l’affaire Marshall, les négociateurs ont en fait dit aux Micmacs qu’il ne s’agissait pas de la mise en œuvre du droit à une subsistance convenable. Compte tenu des déclarations qui ont été faites, il est problématique de considérer les accords comme une telle mise en œuvre.
Au-delà de cela, oui, l’accès a aidé financièrement les communautés. Cependant, l’un des problèmes à cet égard, c’est qu’en plus de 20 ans, la population s’est accrue au sein de la communauté; les bateaux qui avaient été fournis ont vieilli et les permis sont devenus insuffisants pour répondre aux besoins. Une relation qui est entretenue ne peut pas être un événement unique. C’est le problème que pose l’examen de l’accès personnel.
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Monsieur le président, j'aimerais poser une autre question à M. Rodon, toujours relativement à la cogestion.
Je le remercie d'avoir donné l'exemple innu de chez nous, sur la Côte-Nord, où l'on voit que les tensions ne sont vraiment pas les mêmes et qu'on est capable de discuter présentement. Souhaitons qu'il en soit toujours ainsi.
Excusez-moi, car je n'aime pas faire de la fiction, mais j'aimerais quand même vous entendre sur ce qui suit, parce que vous avez des solutions. À ce moment-ci, si vous étiez ministre des Pêches et des Océans, quelles seraient les premières mesures à prendre pour régler cette situation urgente, atténuer les répercussions actuelles et trouver une solution, étant donné que ce n'est pas le ministère qui fera les négociations sur les questions de droit?
Je vous demande votre avis en toute humilité. J'en conviens, ni vous ni moi ne sommes ministres.
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Vous m'en mettez beaucoup sur les épaules.
L'un des seuls politicologues à être allés en politique n'a pas toujours bien réussi.
Sans me mettre dans les chaussures d'un ministre, il faut manifestement de l'action, comme je l'ai dit. En fait, l'inaction de Pêches et Océans Canada a posé un grand problème, comme je l'ai dit plusieurs fois et comme cela a été noté par beaucoup de monde, parce que cela a fait monter les tensions. Quand les tensions montent et qu'il y a des actes criminels, entre autres, cela devient toujours beaucoup plus difficile de négocier, de toute évidence.
Je pense qu'il y a toujours une chance et je reviens à cela. Ils ont nommé un négociateur, mais je crois qu'ils pourraient formuler des propositions pour s'assurer d'avoir une gestion saine de la ressource. Il faut reconnaître le droit constitutionnel des Autochtones à avoir un accès aux ressources.
J'ai commencé mon allocution d'ouverture en disant qu'en fait, l'histoire des Autochtones au Canada est une histoire de dépossession de l'accès aux ressources. Elle est très marquée par cela. Finalement, au cœur de ces tensions, on voit qu'un joueur qui avait un rôle central a été éliminé et que des droits protégés lui reviennent. C'est là où il est important que le gouvernement soit présent, justement pour éviter les tensions. Des solutions, il en existe.
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Merci, monsieur le président.
Je m'entends avec M. Wicken pour dire qu'il y a des gens fantastiques qui travaillent au ministère des Pêches et des Océans, mais nous avons observé le recours répété à une série de préjugés à l'encontre des peuples autochtones, des préjugés qui guident les décideurs et le gouvernement.
Madame Metallic, pouvez-vous nous dire si vous observez un racisme systémique au sein du ministère des Pêches et des Océans, et, le cas échéant, comment ce racisme touche-t-il les peuples autochtones en ce qui concerne les pêches?
Voilà qui clôt la première moitié de nos discussions en comité pour aujourd’hui.
Je remercie nos trois témoins de leur patience et de leur bienveillance. Merci aussi d'être revenus et de nous avoir informés, les membres du Comité et moi, au sujet de ce très important enjeu.
Nous allons dire au revoir à nos témoins et suspendre la séance un instant, le temps de mettre en place notre prochain groupe de discussion.
Merci.
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Bienvenue. Nous allons commencer.
Veuillez cliquer sur votre écran en haut à droite et vous assurer que vous êtes bien en mode Galerie, ce qui vous permettra de voir tous les participants dans une grille.
Je voudrais répéter quelques observations à l’intention de nos nouveaux témoins.
Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous nomme. Lorsque vous êtes prêt à parler, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Je vous rappelle que toutes les interventions doivent se faire par l'intermédiaire de la présidence.
L’interprétation dans cette vidéoconférence fonctionnera comme dans une réunion de comité ordinaire. Au bas de votre écran, vous avez le choix entre la langue du parquet, l'anglais et le français. Lorsque vous prenez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, assurez-vous de mettre votre micro en mode silencieux.
Je voudrais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins du deuxième groupe. Nous accueillons le chef George Ginnish, de l'Eel Ground First Nation, premier dirigeant du North Shore Mi’gmaq District Council. Nous accueillons également la chef Darlene Bernard, de la Première Nation de Lennox Island.
Nous allons maintenant procéder aux observations liminaires de cinq minutes ou moins. Le chef Ginnish commencera.
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Merci, monsieur le président.
Bonsoir. Je suis le chef George Ginnish. Je suis le chef de la Première Nation Natoaganeg et je copréside Mi’gmawe’l Tplu’taqnn, qui est l’organisation de nos Premières Nations micmaques au Nouveau-Brunswick. Je suis le chef de ma communauté depuis 1996 et je m’adresse à vous aujourd’hui depuis le Mi’kma’ki, le territoire non cédé et non abandonné du peuple micmac.
Les Micmacs sont signataires de traités de paix et d’amitié avec la Couronne britannique, dont le Canada est aujourd’hui un bénéficiaire. Nos ancêtres ont négocié des traités dans lesquels on leur a promis que nous serions autorisés à continuer à chasser et à pêcher, comme nous l’avons fait pendant des milliers d’années, et à faire le commerce des biens générés par ces activités. La signature de ces accords visait à instaurer une relation pacifique entre notre peuple et le vôtre. Malheureusement, cela ne s'est pas concrétisé. Les règles du ministère des Pêches et des Océans ont été expressément conçues pour nous exclure systématiquement de la pêche.
Nous avions espéré que l’arrêt Marshall inaugurerait une nouvelle ère de paix et de prospérité pour nos communautés. Nous espérions pouvoir travailler avec vous à la mise en œuvre de notre droit à une subsistance convenable, d’une manière qui respecte nos droits en tant que peuple autonome et conformément aux lois micmaques. Encore une fois, ce n'est pas ce qui est arrivé. Au lieu de travailler à la mise en œuvre des traités, le gouvernement fédéral a opté pour une réponse politique à une décision judiciaire, réponse que l'on a appelée l’Initiative de l'après-Marshall.
Dans le cadre des accords Marshall, au lieu de mettre en œuvre une pêche fondée sur les traités, Pêches et Océans a offert un financement aux bandes pour qu’elles achètent des permis, des bateaux et de l'équipement de pêche aux pêcheurs existants afin qu'ils puissent participer à la pêche commerciale en vigueur selon les règles du ministère. Cette mesure visait à apaiser les pêcheurs non autochtones, et non à mettre en œuvre les droits des Micmacs. Bien que certaines communautés micmaques aient refusé de signer ces accords unilatéraux, de nombreuses autres, appauvries et privées depuis longtemps de tout accès à la pêche, se sont senties obligées de les signer.
Il y avait des inégalités importantes dans le financement et dans la répartition de l’accès aux différentes pêcheries. On a sciemment empêché ma communauté d'avoir accès à la lucrative pêche au crabe des neiges, accès dont bénéficient toutes nos communautés micmaques voisines du nord du Nouveau-Brunswick. Certaines communautés ont également reçu un financement par habitant beaucoup plus important que d’autres.
On nous a dit qu’il s’agissait de mesures provisoires, que les inégalités seraient corrigées et que nos droits seraient mis en œuvre par l'intermédiaire d’une table de négociation trilatérale. Une table de négociation a effectivement été créée au Nouveau-Brunswick, en 2007-2008, mais peu de progrès ont été faits durant la décennie suivante, puisque Pêches et Océans a refusé de négocier. Cela devait changer en 2017, lorsque le gouvernement fédéral est venu à notre table avec un nouveau mandat en matière de pêches et un nouveau négociateur.
Lorsque nos chefs ont rencontré pour la première fois le nouveau négociateur fédéral, Jim Jones, en décembre 2017, nous avons clairement indiqué que nous ne voulions pas que ce processus de négociation soit une répétition de l’Initiative de l’après-Marshall. Nous voulions que le ministère négocie avec les Micmacs en tant que groupe et respecte notre besoin de mettre en œuvre nos droits issus de traités d’une manière qui soit respectueuse de notre droit à l’autodétermination et de nos relations de nation à nation. Plus précisément, nous voulions travailler avec le ministère pour définir ce qui constituait un moyen de subsistance convenable et le mettre en œuvre. Nous voulions en outre que soit reconnu le fait qu’une pêche micmaque fondée sur les droits devait être autonome, et qu'un accès prioritaire soit donné à nos communautés qui ont longtemps été privées de leurs droits.
Malheureusement, une fois de plus, ce n'est pas ce qui s'est produit. Pêches et Océans s’est présenté à la table avec un mandat élaboré unilatéralement. Ce mandat consiste à fournir des fonds pour acheter un accès commercial plus important et non à définir et à mettre en œuvre une véritable pêche de subsistance. Le ministère a une fois de plus cherché à nous nuire et à nous diviser en tant que collectivité, notamment en cherchant à négocier des ententes particulières avec certaines bandes.
Bien qu’il reconnaisse que l’achat d’un accès commercial n'est pas une façon d'assurer un moyen de subsistance convenable, le ministère refuse d’envisager d’autres solutions. Tout ce que les Micmacs ont proposé comme solutions possibles à cette impasse a été rejeté par le ministère sous prétexte que ces solutions allaient au-delà de son mandat.
Nous avons tenté de faire part de ces préoccupations à plusieurs ministres, mais tous sont restés sourds à nos doléances. Malgré nos demandes répétées, nous n’avons pas pu obtenir de rencontre avec la . Dans les réponses que nous recevons, elle ne fait que réitérer la position inflexible que nous avons entendue à la table de négociation.
Il faut que ça change. En collaboration avec les Micmacs, le gouvernement du Canada doit réexaminer et réviser le mandat de négociation du ministère. Ce mandat doit reconnaître notre droit à l’autodétermination, et il doit reconnaître qu’une pêche fondée sur les droits doit être autonome, conformément aux lois des Micmacs.
Je vous remercie de votre attention et je répondrai volontiers à vos questions plus tard.
Wela'lin. Merci.
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J’ai beaucoup de notes, alors puis-je utiliser le reste de son temps? Je ne sais pas s’il a utilisé ses cinq minutes ou non.
Je vais lire assez rapidement, mais je vais veiller à ce que ce soit très clair.
Monsieur le président, honorables membres du Comité, mesdames et messieurs, je vous remercie de m’avoir invitée à faire une présentation aujourd’hui.
Je m’appelle Darlene Bernard, et je suis la chef de la Première Nation de Lennox Island et l’une des chefs des Micmacs d’Epekwitk, ici en Mi’kma’ki. Nous sommes les bénéficiaires des droits ancestraux et des droits issus de traités inscrits dans la Constitution de l’Île-du-Prince-Édouard.
Je ne suis pas la première chef de l’Île-du-Prince-Édouard à faire un exposé sur cette question devant ce comité. Mon prédécesseur, le chef Charlie Sark, a fait un exposé devant ce comité il y a près de 21 ans. Les membres et la présidence ont changé depuis. Cela dit, il est déconcertant de constater qu’aucune résolution n’a été adoptée au cours des deux décennies qui ont suivi.
Il y a 21 ans et deux mois, la Cour suprême du Canada prononçait l’arrêt Marshall. Ce fut un jour historique pour mon peuple, les Micmacs. L'arrêt confirmait ce que nous maintenions depuis des générations, à savoir que les traités signés par nos ancêtres garantissent notre droit de chasser, de pêcher et de faire de la cueillette pour nous assurer une subsistance convenable. Nos droits de pêche sont pratiqués depuis des millénaires. Ils ont été codifiés avec la Couronne il y a 260 ans, enchâssés en 1982 et confirmés par la Cour suprême en 1999. Le droit qu'ont les Micmacs de pêcher pour assurer une subsistance convenable est constitutionnel, c'est-à-dire conforme aux termes de la loi suprême du pays en matière de droit canadien.
Comme cela s'est fait immédiatement après l’arrêt Marshall, nous avons engagé notre communauté dans des discussions et dans le processus décisionnel concernant la mise en œuvre du droit de pêche qui nous a été conféré par traité. Nous avons toujours été conscients que l’exercice de ce droit allait être réglementé. Nous comprenons que lorsque la Cour suprême a confirmé notre droit en la matière, il a été établi que le gouvernement du Canada allait réglementer ce droit. Or, la capacité de réglementer n'est pas inconditionnelle. La haute cour a défini les objectifs pour lesquels il était approprié de réglementer. Plus précisément, la pêche de subsistance ne peut être réglementée qu’à des fins de conservation ou pour des objectifs publics impérieux et substantiels. Toute tentative de réglementation de la Couronne doit être justifiée et conforme aux paramètres établis par la Cour suprême du Canada dans le cadre de l’affaire R. c. Sparrow puis, plus tard, dans l’affaire R. c. Badger — toutes deux référencés dans l’arrêt Marshall. L’arrêt est clair. Si la Couronne tente de réglementer, elle doit justifier les limitations à l’exercice du droit issu de traités comme suit:
Il doit y avoir un objectif législatif valable, et on ne doit pas perdre de vue que l’objectif cerné par le ministère quant à la définition de règlements particuliers sera examiné.
L’honneur de la Couronne doit être préservé. L’honneur de la Couronne est en jeu lorsqu’il s’agit de traiter avec les peuples autochtones. La relation de confiance particulière et la responsabilité du gouvernement vis-à-vis des Autochtones doivent être les premiers éléments à prendre en considération pour établir si les mesures législatives ou l’action envisagée peuvent être justifiées.
Il doit y avoir le moins d’atteintes possible au droit afin d’obtenir le résultat souhaité. En outre, le groupe autochtone visé doit être consulté de manière significative au sujet des règlements que l'on entend mettre en œuvre.
Bien que le droit issu de traités des Micmacs ait été établi, il incombe à la Couronne de justifier toute limitation de ce droit. La ne peut pas utiliser son pouvoir discrétionnaire arbitraire pour limiter un droit issu de traité par voie de réglementation. La reconnaissance et l’affirmation nécessitent une sensibilité et un respect des droits des peuples autochtones de la part du gouvernement, des tribunaux et, en fait, de tous les Canadiens.
Les Micmacs vivent à Epekwitk depuis 12 000 ans, et notre priorité pour les ressources a toujours été et sera toujours intrinsèquement basée sur la conservation. Nous ne cherchons pas à épuiser la ressource. Depuis des siècles, nous vivons en accord avec le netukulimk, ce principe qui dit qu'il faut prendre ce dont on a besoin et laisser le reste à la génération suivante.
Nous sommes respectueux et reconnaissants à l'égard de nos ressources. Au Canada, toute surpêche d’une espèce particulière ayant suscité des inquiétudes sur le plan de la conservation est le fait de la pêche commerciale postcoloniale et non celui de la pêche autochtone. Les Micmacs ont survécu pendant des milliers d’années en exploitant les ressources dans une optique de durabilité. Il est difficile de traduire adéquatement l'ampleur de l'irrespect et de l'opprobre que nous ressentons en lisant les articles sur ceux, y compris les députés actuels du Parlement, qui tentent de contrecarrer nos droits protégés par la Constitution en faisant des affirmations irresponsables fondées sur des arguments de conservation qui ne tiennent pas la route. Les Micmacs sont les premiers gardiens de nos terres et de nos ressources, et ce respect pour la Terre mère et ce qu’elle nous donne ne s'éteindra jamais.
Il convient également de noter qu’à la fin du mois de septembre, selon une recherche de l’Université de Dalhousie, la pêche de subsistance ne pose en fait aucun problème de conservation.
Je déclare à l'intention du Comité que nous avons besoin d’un leadership et d’un processus décisionnel basés sur la science et les faits, et non sur des insinuations et des craintes. Il faut également noter que s’il devait y avoir des problèmes concernant la conservation, la pêche commerciale fondée sur des privilèges serait le premier endroit où il y aurait lieu d'envisager des restrictions, et non la pêche de subsistance fondée sur des droits.
Je ne suis pas ici pour débattre...
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Je vous remercie, monsieur le président. Je remercie les témoins de cette deuxième partie de la réunion du Comité.
J’ai une question pour le chef Ginnish et la chef Bernard.
Si vous étiez dans la salle de négociation... Je ne veux pas que vous divulguiez de secrets sur ce que vous essayez de faire ou d’accomplir, mais aidez-moi à comprendre. Quelle est votre définition d’un moyen de subsistance convenable?
Je vais replacer la question dans son contexte. Nous savons que les pêches ont été organisées pour le bien de la communauté. Or, des témoins précédents, dont Mme Metallic qui était là avant vous, ont dit qu’il y a des actes individuels qui peuvent être autorisés dans ce contexte où l'on vise le bien de la communauté.
Je me demande simplement si le moyen de subsistance convenable s'applique à un individu qui pêche ou s'il procède de la redistribution communautaire de cette richesse, redistribution qui fera en sorte que tous les membres de la bande aient un moyen de subsistance convenable grâce à la pêche.
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Je peux commencer, monsieur le président.
Parce que nos négociations ont été peu fréquentes et sans rapport direct avec la directive renvoyant à la décision judiciaire, il a été difficile de commencer à parler de ce que pourrait être un mode de vie convenable pour notre communauté.
Permettez-moi de communiquer très rapidement quelques renseignements qui vous donneront une idée de la situation économique de nos communautés. D’après les données du recensement de 2016, le revenu familial médian après impôt au Nouveau-Brunswick est de 52 000 $. Dans ma Première Nation, à Natoaganeg, il est de 25 000 $ par famille après impôt. Le taux de chômage dans ma communauté est au moins deux fois plus élevé qu’au Nouveau-Brunswick. Notre population est très jeune et elle va en grandissant. Elle a besoin d'occasions favorables et elle souhaite pouvoir exercer ses droits issus de traités. À ce jour, cette possibilité ne leur est pas offerte.
Je peux vous dire que nous sommes une communauté de 1 000 personnes. Nous avons près de 260 familles. Nous avons six permis de pêche à la langouste qui faisaient partie de l’allocation provisoire initiale de Marshall. Cela n'a selon moi rien à voir avec ce que serait un moyen de subsistance convenable.
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Je suppose que si notre communauté devait être soutenue grâce à une pêche diversifiée qui inclurait d'autres espèces et d'autres quotas établis, cela pourrait être réalisable.
N'importe quel pêcheur, muni de n'importe quel permis, peut avoir une bonne ou une mauvaise année, mais grâce à un accès accru, un plus grand nombre de nos membres auraient en fait la possibilité de travailler. C'est la première étape. Si vous êtes en train de pêcher et que vous gagnez, au minimum, un salaire pour pouvoir le faire, alors cela améliore votre vie, votre subsistance. Est-ce une subsistance convenable? Nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous pencher sur ce que cela signifie, car nous sommes au tout début de cette conversation.
À tout le moins, si vous disiez dès le départ: « Ne serait-il pas formidable si toutes les familles de ma communauté touchaient au moins le revenu médian? »...
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Bien sûr. En ce qui concerne les droits à une pêche de subsistance convenable, nous n'avons rien. Il n'y a pas de pêche de subsistance au sein de notre communauté.
Nous avons une pêche commerciale communautaire; ainsi, il y a, je crois, 10 bateaux qui pêchent commercialement pour la communauté. Cet argent sert à financer des projets, en raison des déficits accumulés par le gouvernement fédéral, parce que nous sommes sous-financés dans tous les domaines. Bref, à l'heure actuelle, nous n'avons pas de pêche de subsistance.
Lorsque la décision Marshall a été rendue, nous avons signé des accords Marshall qui ne contenaient aucune disposition préjudiciable. Il s'agissait pour nous d'obtenir un accès afin de pouvoir recommencer à enseigner à nos membres comment pêcher, parce que nous ne pouvions pas y participer pendant 260 ans. Nous avions besoin de cet accès pour l'introduire dans notre communauté.
Il s'agissait d'accords ayant fait l'objet de négociations. À l'époque, ils ont été négociés de bonne foi, et je pense que si le gouvernement envisage de les rétablir, cela mettra davantage de pression sur les bandes pour qu'elles pratiquent la pêche de subsistance.
Il faut que toutes les bandes aient un meilleur accès commercial pour que nous puissions réduire les pressions qui se font sentir à l'égard d'une pêche de subsistance, à mon avis.
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Il y a, dans notre communauté, beaucoup de gens pauvres qui n'ont pas les moyens de se procurer un gros bateau ou quelque chose de ce genre, mais qui aimeraient aller pêcher pour s'assurer un moyen de subsistance convenable en utilisant, disons, 50 casiers. Je ne sais pas. Nous allons mobiliser notre communauté et tous nos membres pendant l'hiver pour déterminer quels sont les besoins de la communauté. Nous élaborerons ensuite un plan de gestion et un plan d'application.
Nous avons déjà entamé un dialogue avec les gens de la P.E.I. Fishermen's Association. Nous leur avons parlé. J'ai demandé aux jeunes pêcheurs: « Comment qualifieriez-vous votre moyen de subsistance? Vous allez pêcher. Vous travaillez dur chaque jour et vous rentrez à la maison. À la fin de la semaine, vous êtes rémunérés. Vous faites vos paiements de voiture et de bateau. Vous faites votre épicerie, vous payez votre loyer et vous vous assurez que vos enfants ont ce dont ils ont besoin. Après toutes ces dépenses, il vous reste un peu d'argent. » Ils ont dit oui. Je leur ai demandé s'ils estimaient gagner leur vie de façon convenable. Ils ont répondu par l'affirmative.
C'est suffisant pour moi. S'ils gagnent leur vie convenablement, alors nous devrions pouvoir en faire autant, à mon avis.
Selon moi, les pêches pratiquées au sein de nos communautés dans la région de l'Atlantique vont toutes être différentes. Elles sont très hétérogènes.
À Lennox Island, nous pratiquons la pêche à des fins alimentaires, sociales et rituelles, et ce, depuis toujours. À cela s'ajoute notre pêche commerciale communautaire et, au printemps prochain, nous allons commencer notre pêche fondée sur les droits. Ce sont tous là différents types de pêche, mais nous allons les gérer sous une seule bannière, et c'est ce que nous faisons déjà.
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Je demanderais que nous ayons effectivement des discussions avec le ministère des Pêches au sujet de l'accès accordé en vertu des traités. Il n'y a pas eu ce genre de pourparlers avec nos communautés.
Le ministère des Pêches et des Océans doit modifier son mandat. Il ne tient pas compte de la subsistance convenable, et cela doit se faire en collaboration avec nous. Ce qui est sur la table jusqu'ici, c'est l'entente conclue avec Jim Jones sur la réconciliation et la reconnaissance des droits, laquelle ne prévoit aucune latitude. Dans le cadre du processus de signature, on nous demande d'accepter de ne pas faire valoir nos droits issus des traités pendant 10 ans encore si nous signons ces ententes.
Cela fait 21 ans que nous n'avons pas pêché aux termes des traités. On nous demande donc de ne pas le faire pendant 10 ans encore alors qu'on nous promet des fonds supplémentaires, ce qui est une insulte. Nous avons soulevé cette question auprès de la ministre, et nous estimons qu'il faut supprimer la disposition de non-affirmation contenue dans ces ententes — cela fait 20 ans — et nous asseoir ensemble pour vraiment commencer à parler de l'accès prévu en vertu des traités et de l'inclusion de nos membres.
Notre organisation politique, MTI, s'entretient maintenant avec nos communautés pour voir qui veut pêcher, quelles sont les habiletés des gens et de quelles compétences nous avons besoin. Nous savons quels sont nos défis en matière de pauvreté dans notre communauté. C'est une réalité. Il s'agit d'un droit. Nous voulons pouvoir aider nos membres à gagner leur vie, à subvenir aux besoins de leur famille et à se sentir fiers d'exercer un savoir-faire traditionnel.
Lorsque vous regardez la rivière Miramichi, 150 ans après la Confédération, il y avait du saumon en abondance dans nos rivières. Le saumon était pêché commercialement par tout le monde, sauf les trois Premières Nations situées le long de la rivière. Ainsi, le saumon a été pêché jusqu'au point de disparaître. Nos communautés n'ont jamais été autorisées à pêcher et à vendre du poisson.
C'est vraiment difficile à avaler. Mon grand-père avait un permis de pêche commerciale. Il a finalement pu pêcher du poisson dans les années 1960 pour nourrir sa famille, mais il n'avait pas le droit d'en vendre. Ce n'est que des années plus tard qu'il y a finalement eu des procès qui ont permis de faire valoir notre droit de pêcher pour subvenir aux besoins de nos familles.
Notre situation a été difficile...
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier la chef Bernard et le chef Ginnish de leurs témoignages importants.
Chef Ginnish, je suis heureux de vous revoir. Je vous ai rencontré lorsque le Comité des pêches et des océans s'était rendu dans votre communauté. Merci beaucoup de nous avoir accueillis il y a quelques années.
Ces derniers mois, vous avez beaucoup parlé du racisme systémique dont sont victimes les Micmacs, en particulier ceux de la communauté de Sipekne'katik. Vous avez également parlé du racisme systémique qui règne dans le système judiciaire. Chantel Moore était une résidante de ma circonscription, Courtenay-Alberni. Les Nuu-chah-nulth et moi-même tenons à vous exprimer notre gratitude pour avoir dénoncé les injustices commises non seulement envers elle, mais aussi envers les peuples autochtones.
En ce qui a trait au racisme systémique, nous avons entendu dire au Comité que de nombreux Autochtones doivent simplement enfreindre la loi pour qu'on mette en place la bonne mesure législative. J'imagine que cela mène à une criminalisation accrue des Autochtones qui ne font qu'exercer leurs droits inhérents. Pouvez-vous nous parler du racisme systémique et de ce que vous pensez de cette récurrence de préjugés de la part du gouvernement? Qu'est-ce qui doit changer?
Je vais commencer par le chef Ginnish, après quoi ce sera à vous, chef Bernard.
Oui, absolument. C'est une réalité. Notre Première Nation se trouve près de la rivière ici — Metepenagiag, Natoaganeg, Esgenoopetitj — depuis plus de 5 000 ans. Nous avons toujours partagé nos ressources. C'est vraiment navrant de voir qu'on ne nous manifeste pas la même courtoisie. Nous devons, me semble-t-il, continuer à lutter pour l'équité et l'accès pour pouvoir nous occuper de nos...
Je sais que c'est hors sujet, mais nous avons parlé au premier ministre du Nouveau-Brunswick à propos de la nécessité de mener une enquête sur le système judiciaire. En Nouvelle-Écosse, il y a eu la commission d'enquête sur l'affaire Donald Marshall. La réalité, c'est que la pauvreté force beaucoup de membres de nos communautés à faire de mauvais choix quant à leur mode de survie. Ils sont poursuivis pour cela, et ils n'ont pas les moyens de se payer des services juridiques. Nous proposons un certain nombre de mesures à prendre, en collaboration avec la province du Nouveau-Brunswick, pour lutter contre le racisme dans le système judiciaire, le racisme systémique, l'exclusion et la marginalisation.
Certains de nos membres demanderont de l'aide. Ils essaieront de travailler à l'extérieur de leur communauté. Souvent, ils reviendront avec des histoires du genre: « Bon sang, je voulais juste travailler. On m'a dit de retourner dans la réserve. Ils m'ont demandé ce que je faisais à essayer d'enlever un emploi à un membre de leur famille. » Il faut vraiment se battre pour y arriver. C'est une réalité constante pour beaucoup d'Autochtones. Cela fait mal. Je me sens vraiment triste pour nos jeunes, qui ne sont pas prêts à prendre le risque et à contester ce genre de comportements tout à fait déplorables.
Je vais m'arrêter là et laisser la chef Bernard intervenir.
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Je ne vois pas en quoi il s'agit d'une négociation lorsqu'un négociateur vient voir les chefs pour leur dire: « Voici ce que nous proposons comme entente. C'est à prendre ou à laisser. » Je ne vois pas comment cela permet d'aborder la question de la subsistance convenable.
Bon nombre de nos communautés avaient signé ces ententes initiales il y a 21 ans en raison de la pauvreté extrême, dans l'espoir d'aider à bâtir nos économies. Or, 21 ans plus tard, pourquoi cela prend-il autant de temps?
J'ai également fourni une pile de documents aux participants. Ils n'étaient pas disponibles aujourd'hui, mais cela témoigne des efforts que nous avons déployés au cours des 10 dernières années pour tenter d'amener les ministres à la table des négociations afin d'en parler. Ce n'est pas seulement au cours des trois derniers mois. Cela se fait constamment.
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Merci, chef Bernard et chef Ginnish, d'avoir pris le temps d'être avec nous ce soir. Nous vous en sommes reconnaissants.
J'ai quelques questions à vous poser.
Nous avons entendu ce message de la part d'une multitude de témoins, et vous l'avez vous-mêmes évoqué à plusieurs reprises ce soir. L'absence d'une communication directe, pour ainsi dire, avec la et le ministère en ce qui concerne la pêche autochtone et le secteur des pêches dans tout le Canada atlantique suscite une frustration croissante. Bien entendu, les communautés autochtones se sentent de plus en plus frustrées, et il en va de même pour les pêcheurs commerciaux, qui estiment qu'il n'y a pas eu de consultation ou de communication adéquate ou que les gens n'ont pas été invités à prendre part à un dialogue. J'aimerais connaître votre avis à ce sujet.
Pensez-vous qu'il y a eu une communication adéquate avec les communautés autochtones, ainsi qu'avec les autres intervenants et parties intéressées, comme les pêcheurs commerciaux de la région?
Si vous pouviez, tous deux, nous en parler brièvement, ce serait formidable.
Je vais commencer par vous, chef Bernard.
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Je me suis entretenue avec la P.E.I. Fishermen's Association, à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous avons eu des discussions. J'ai parlé aux représentants du ministère des Pêches et des Océans à l'Île-du-Prince-Édouard, et je leur ai dit, en gros, que nous devons vraiment nous asseoir et discuter de la question, car ils ont besoin de savoir quel est leur rôle. Je ne pense pas que leur rôle soit clair. Regardez ce qui s'est passé en Nouvelle-Écosse. Leur rôle ne consistait pas à aller couper les pièges utilisés pour la pêche de subsistance. C'était une erreur. Ils n'auraient pas dû le faire.
Dans le cas de la GRC, je pense qu'il faut être prudent. La GRC doit savoir quel est son rôle dans ce dossier pour aider à protéger les Micmacs, car c'est bien ce dont il s'agit lorsque nous faisons valoir notre droit à une subsistance convenable.
Je leur ai parlé. Cependant, je pense que ce qui s'impose vraiment, c'est que le ministère des Pêches et des Océans doit se retirer des négociations. Il ne devrait pas négocier nos droits alors qu'il veille au respect de la Loi sur les pêches. C'est le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord qui doit participer aux négociations. C'est Carolyn Bennett qui doit fixer les paramètres et nommer les négociateurs qui viendront nous parler.
Nous voulons parler aux négociateurs. Les ententes de réconciliation et de reconnaissance des droits ne sont rien d'autre qu'une gifle pour les Premières Nations. Au bout du compte, s'ils ont une enveloppe d'argent et qu'ils la brandissent pour essayer de nous faire signer des ententes qui portent atteinte à nos droits, nous ne pouvons pas accepter cela. Nous ne pouvons pas signer de telles ententes. Cet argent devrait simplement être donné aux Premières Nations afin que nous puissions continuer à développer notre pêche commerciale et notre pêche de subsistance.
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Je vous remercie tous les deux.
Il semble qu'au cours de nos séances, on ait expressément souligné l'absence de dialogue direct adéquat entre les parties, en particulier avec le ministère et la ministre des Relations Couronne-Autochtones, ainsi qu'avec les communautés qui seront directement touchées par toutes ces décisions et par les pourparlers qui ont été entrepris.
Dans la foulée des affaires Marshall, pouvez-vous décrire la relation? Il semble que vous en ayez parlé au cours de votre témoignage de ce soir, et je pense que vous y avez fait référence, chef Bernard. Vous avez entretenu un dialogue constant avec le secteur de la pêche commerciale de l'Île-du-Prince-Édouard. Je suis certain que le chef Ginnish peut parler de certaines activités de pêche du Nouveau-Brunswick.
Il y a eu un certain dialogue et des conversations entre vos communautés et les entreprises de pêches. Comment décririez-vous ces échanges par suite des affaires Marshall? Il semble que récemment, peut-être en raison de ce qu'il se passe en Nouvelle-Écosse et de la tension qui monte sous la surface, les relations sont en quelque sorte rompues.
Pourriez-vous traiter tous les deux de la question?
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie la chef Bernard et le chef Ginnish de prendre le temps de témoigner aujourd'hui.
Je commencerai par le chef Ginnish, mais je suis sûr que cela s'applique également à la chef Bernard.
Comme vous le savez certainement, chef Ginnish, vous avez pris part aux négociations et aux prétendues... Dans notre région, le processus s'est déroulé sous l'égide de Jim Jones. Je ne dis pas que ces ententes devraient remplacer les droits issus de traités; nous le savons tous.
Plusieurs communautés ont adhéré à ces ententes, mais plus nombreuses encore sont celles qui s'en sont abstenues. À votre avis, quelles sont les pierres d'achoppement? Je sais que c'est juste... Je ne qualifierais pas ces ententes de pansement, mais cela fait 20 ans que votre communauté tente d'obtenir un quota pour le crabe, par exemple, chef Ginnish.
Y a-t-il moyen de résoudre la question et de passer ensuite aux droits?
Cette question s'adresse à vous deux.
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C'est vraiment frustrant, monsieur Finnigan. Nous avons discuté de la question un certain nombre de fois, et vous comprendrez que, quand on examine le...
Les ententes conclues avec Jim Jones, dont les quotas sont censés avoir été calculés en fonction du nombre d'habitants, sont supposément équitables, et cela pourrait avoir influencé les communautés. Elles ont peut-être été traitées plus équitablement lors des allocations initiales, mais nos communautés ne l'ont pas été.
Quand je regarde les 35 communautés micmaques et les allocations par habitant accordées à notre Première Nation, je constate que nous figurons en quatrième place sur la liste. J'ignore comment ces décisions ont été prises, mais ces allocations initiales sont très inéquitables. Comme je l'ai souligné précédemment, on ne peut pas édifier une économie pour 250 foyers et pour plus de 1 000 habitants avec six permis de pêche au homard.
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Ce qui me frustre considérablement, c'est que nous avons envoyé des lettres, dont une à la ministre des Pêches et des Océans il y a de cela des mois, en août, dans laquelle nous indiquions que nous voulons qu'elle revienne ici pour nous parler, car il y a beaucoup d'agitation ici. Nous n'avons même pas reçu de réponse.
Nous n'obtenons pas de réponse quand nous demandons aux ministres de venir nous parler. Il faut que cela change. Il faut faire beaucoup d'éducation à propos des traités dans la région de l'Atlantique, et je pense que le gouvernement doit soutenir ces démarches.
De plus, la ministre doit cesser de qualifier nos activités de pêche illégale, car ce n'est pas illégal. Qui plus est, le Comité ou quelqu'un d'autre doit travailler afin de modifier la loi pour que la pêche de subsistance figure dans son libellé.
C'est un travail que vous devez faire.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais reprendre là où Mme Bernard était rendue.
Comme j'aime bien que les gens se mettent à la place des ministres, je vais vous demander quelles mesures et le gouvernement devraient prendre, à votre avis.
Quelles sont les premières mesures que vous souhaiteriez voir adopter? Il y en a énormément qui n'ont pas été prises au cours des 21 dernières années, voire davantage. Que souhaiteriez-vous?
Bien entendu, mes questions s'adressent également à M. Ginnish.
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Le comportement observé en Nouvelle-Écosse est déplorable. Quand une Première Nation exerce son droit légitime de pêche en vertu des traités, le fait qu'elle soit traitée de cette manière...
Il est rassérénant de savoir que tout le monde ne pense pas ainsi. Selon le dernier sondage réalisé par Nanos pour le compte de CTV, 74 % des Canadiens jugent que les droits issus de traités des Micmacs devraient être respectés et honorés.
C'est de cette manière dont nous devons procéder dans l'avenir. Nous devons éduquer les gens. Nous devons partager. Nous devons avoir l'occasion de rencontrer la ministre. Si nous devons l'éduquer, nous le ferons. Nous n'avons cessé d'essayer de le faire, mais nous nous sommes butés à...
Nous avons fait la même chose. Cette année, nous avons de nouveau essayé d'avoir accès au crabe des neiges. Le MPO impose, données scientifiques à l'appui, un quota de 3 500 tonnes de crabe, qu'il utilise pour générer des fonds pour son programme scientifique. Mais pourquoi diable ne pouvez-vous pas... Et cela, c'était à l'origine. Un autre quota a été prévu pour l'Union des pêcheurs des Maritimes, quand les pêcheurs de homard ont connu une période difficile. Un quota a été utilisé pour aider des pêcheurs quand les homards se sont faits rares.
Écoutez, les Premières Nations se trouvent en situation difficile depuis deux cents ans. Que penseriez-vous de partager avec elles une partie de l'accès?
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins du Canada atlantique, grâce auxquels nous bénéficions d'une séance fort instructive. Vous nous avez fort bien expliqué les difficultés que vivent vos communautés depuis de nombreuses générations. Nous avons entendu votre point de vue sur des solutions possibles. Nous vous avons également demandé de nous indiquer ce que vous feriez si vous étiez investis du pouvoir ministériel.
C'est peut-être là l'autre facette de l'affaire. J'aimerais connaître votre point de vue. Comment pensez-vous que le développement ou la mise en œuvre des arrêts Marshall devraient se dérouler, en collaboration avec ce que j'appelle les pêches traditionnelles, les pêches commerciales, les propriétaires-exploitants et tous ces intervenants? Vous préoccupez-vous de la conservation ou jugez-vous que ce n'est pas un problème? S'agit-il simplement d'accorder de l'espace ou est-ce qu'un intervenant déplace l'autre? Comment pensez-vous que les diverses communautés peuvent cohabiter dans vos régions ou dans vos provinces?
Je suis plus qu'heureux de vous céder le temps qu'il me reste, dans la mesure où vous vous le partagez équitablement, si vous le voulez bien. J'aimerais entendre que votre opinion à tous les deux.
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Il y a trois Premières Nations près de la rivière ici. Miramichi s'en ressentirait si nous décidions tous de vendre nos ressources à Moncton, à Eel River Bar ou à Dalhousie.
À dire vrai, nous comprenons comment se sentent les petits pêcheurs qui luttent pour survivre. On penserait qu'ils comprendraient notre situation mieux que la plupart des gens. Regardez nos taux de pauvreté et de chômage. La situation perdure depuis 21 ans, mais la relation était vraiment difficile d'entrée de jeu. Les quelques permis que nous possédons sont à Pointe-Sapin, qui se trouve à une heure d'ici. Il a fallu du temps, mais les hommes travaillent ensemble maintenant.
La pêche au homard n'est guère facile pendant la saison hivernale au Nouveau-Brunswick, mais elle présente l'avantage de fournir de l'emploi. Nous avons six permis à l'heure actuelle. Des membres d'au moins deux ou trois Premières Nations d'Eel Ground sont à pied d’œuvre sur chaque bateau. Ces activités sont importantes, car elles fournissent de l'emploi. Si nous pouvions doubler ou tripler ce nombre, nous serions dans une position encore meilleure.
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Je vous remercie tous les deux.
Je vous remercie, monsieur Battiste.
Bien entendu, nous remercions les chefs Ginnish et Bernard de tout cœur d'avoir comparu devant le Comité aujourd'hui pour nous éclairer dans cet important dossier.
Voilà qui conclut notre séance d'aujourd'hui. Je tiens à remercier tous les membres du Comité de leur patience et de leur indulgence, ainsi que la greffière, les analystes, les interprètes et tout le personnel de nous avoir accompagnés alors que nous avons, une fois encore, dépassé le temps prévu ce soir.
Nous nous reverrons tous mercredi.