HUMA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 6 mai 2003
¹ | 1530 |
La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)) |
M. Paul Cappon (directeur général, Conseil des ministres de l'Éducation (Canada)) |
¹ | 1535 |
La présidente |
M. Gurbax Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.) |
M. Paul Cappon |
M. Gurbax Malhi |
M. Paul Cappon |
¹ | 1540 |
M. Gurbax Malhi |
La présidente |
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne) |
M. Paul Cappon |
M. Monte Solberg |
M. Paul Cappon |
M. Monte Solberg |
M. Paul Cappon |
M. Monte Solberg |
M. Paul Cappon |
¹ | 1545 |
M. Monte Solberg |
La présidente |
M. Paul Cappon |
La présidente |
M. John Finlay (Oxford, Lib.) |
M. Paul Cappon |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
¹ | 1550 |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
¹ | 1555 |
M. John Finlay |
La présidente |
M. Sébastien Gagnon (Lac-Saint-Jean--Saguenay) |
M. Paul Cappon |
M. Sébastien Gagnon |
M. Paul Cappon |
M. Sébastien Gagnon |
M. Paul Cappon |
º | 1600 |
M. Sébastien Gagnon |
La présidente |
M. Ovid Jackson (Bruce—Grey—Owen Sound, Lib.) |
M. Paul Cappon |
M. Ovid Jackson |
º | 1605 |
M. Paul Cappon |
M. Ovid Jackson |
M. Paul Cappon |
La présidente |
M. Paul Cappon |
La présidente |
º | 1610 |
M. Paul Cappon |
La présidente |
M. Paul Cappon |
La présidente |
M. Paul Cappon |
La présidente |
M. Paul Cappon |
La présidente |
M. Paul Cappon |
º | 1615 |
M. John Finlay |
M. Paul Cappon |
La présidente |
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.) |
M. Paul Cappon |
Mme Diane St-Jacques |
M. Paul Cappon |
Mme Diane St-Jacques |
La présidente |
M. Sébastien Gagnon |
La présidente |
M. Paul Cappon |
º | 1620 |
La présidente |
M. Paul Cappon |
La présidente |
CANADA
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 6 mai 2003
[Enregistrement électronique]
¹ (1530)
[Traduction]
La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)): La séance est ouverte.
Soyez les bienvenus à la 28e réunion du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition de personnes handicapées.
Nous sommes à la fin de la partie de notre étude sur l'alphabétisation réservée aux experts, et nous avons gardé l'un des meilleurs pour la fin.
Monsieur Cappon, vous n'ignorez pas que nous avons reçu d'excellents témoins, et je m'en voudrais de ne pas leur rendre justice. J'aurais certainement pu dire à chacun d'entre eux que nous avons gardé le meilleur pour le milieu ou pour le début, mais jusqu'à maintenant, nos témoins nous ont beaucoup impressionnés, et je suis sûr que vous ne nous décevrez pas.
Sans plus attendre, je vous invite à vous présenter. J'ai souvent constaté, lorsque je présentais un témoin, qu'il avait préparé des notes dans lesquelles il se présentait de nouveau. Je vous laisse donc le soin de le faire.
[Français]
M. Paul Cappon (directeur général, Conseil des ministres de l'Éducation (Canada)): Merci, madame la présidente.
Je suis Paul Cappon, directeur général du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, qui s'appelle la voix pancanadienne en éducation, parce que, comme vous le savez, c'est le Conseil des ministres de l'Éducation qui coordonne les politiques pancanadiennes en éducation et qui, à l'international, représente le Canada dans le domaine de l'éducation.
Cela étant dit, on travaille étroitement avec différents partenaires au niveau fédéral, mais le conseil est composé uniquement de ministres provinciaux et territoriaux.
On m'avait demandé de parler de toute la question de l'alphabétisation des adultes. Je vais référer à deux documents que vous avez peut-être reçus. L'un s'appelle Un effort concerté en vue de renforcer l'apprentissage et la formation de la main-d'œuvre. C'est un document qui a été préparé par les ministres de l'Éducation avec les ministres responsables du marché du travail dans les provinces et dans les territoires. L'autre document, c'est une analyse que nous avons préparée au CMEC sur la question de la perte des capacités de lecture au Canada chez les personnes âgées de 20 à 65 ans.
Vous allez trouver que je vais pouvoir vous donner beaucoup plus d'indications au niveau du problème que des solutions aujourd'hui, mais on va quand même parler de solutions également.
[Traduction]
Je voudrais tout d'abord vous parler du diagnostic, du problème de l'alphabétisation des adultes au Canada tel que nous le percevons, en particulier en milieu de travail, puisque c'est, je crois, l'objet même de vos travaux.
Dans ce domaine, les nouvelles ne sont pas particulièrement bonnes. Si l'on se réfère au document sur le recul de l'alphabétisation au Canada parmi les personnes âgées de 20 à 65 ans par rapport à la situation du même groupe d'âge dans d'autres pays de l'OCDE, nos résultats ne semblent guère brillants. Le document qui vous a été distribué, je crois, ou qui est à votre disposition, c'est-à-dire l'analyse que nous avons faite avec Statistique Canada, montre que le travailleur canadien moyen commence dès l'âge de 20 ans à perdre son aptitude à la lecture courante, qui constitue une compétence essentielle en milieu de travail, quel que soit le domaine d'activité considéré.
On peut prétendre, comme le font sans doute les ministres de l'Éducation, que le réseau de l'enseignement fait son travail jusqu'à la fin de la scolarité officielle, mais que le milieu de travail ne réagit peut-être pas comme il devrait le faire.
L'analyse que vous trouverez dans ce document très succinct fait une comparaison entre le Canada et la Suède. Elle utilise l'enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes, et j'insiste sur ce point, car au conseil des ministres, nous jugeons particulièrement utile ces comparaisons au niveau international.
L'enquête définit cinq niveaux d'alphabétisme; d'après l'OCDE et d'après l'enquête sur l'alphabétisation, il faut atteindre le troisième niveau, c'est-à-dire le niveau moyen d'aptitude à la lecture, pour être en mesure de contribuer pleinement au monde du travail, quelles que soient les fonctions que l'on exerce.
On constate sans surprise que les Canadiens qui ont fait des études postsecondaires ne perdent leur aptitude à la lecture courante que lentement. Ceux qui n'ont pas fait d'études postsecondaires la perdent très rapidement, beaucoup plus vite que dans la plupart des pays de l'OCDE, à telle enseigne que dès l'âge de 40 ans, cette aptitude est déjà inférieure au niveau acceptable auquel le travailleur pourrait contribuer efficacement au monde du travail.
Si l'on compare le travailleur canadien moyen au travailleur suédois moyen, comme on l'a fait dans les tableaux de ce document, on constate que le travailleur suédois conservera un niveau satisfaisant d'aptitude à la lecture courante jusqu'à l'âge normal de la retraite, soit 65 ans.
Cela signifie que le travailleur canadien est sérieusement handicapé par rapport à ses homologues des autres pays développés de l'OCDE et que ce handicap se répercute sur la productivité au Canada.
Voilà en résumé ce que nous indiquent les données sur lesquelles nous avons travaillé avec Statistique Canada. On peut en tirer la conclusion qu'en matière de formation et d'alphabétisation en milieu de travail, nous n'avons pas ce qu'il faut dans les entreprises où les gens vont travailler une fois qu'ils ont terminé leur scolarité normale.
Je voudrais vous signaler brièvement quelques mesures prises par les provinces et les territoires et dont il est question dans le document intitulé « Un effort concerté ». Ce n'est pas une réponse au programme fédéral en matière de compétences et d'apprentissage, parce qu'il n'a pas été rédigé dans le cadre de ce programme, mais il est tout à fait conforme aux mesures envisagées par le gouvernement du Canada.
Il s'agit du résultat de travaux entrepris conjointement par le Forum des ministres du marché du travail et par le conseil des ministres de l'Éducation, qui ont défini quatre secteurs de collaboration prioritaires pour dynamiser la main-d'oeuvre et améliorer le niveau d'alphabétisation.
Ces quatre secteurs sont les suivants : renforcer le développement de la main-d'oeuvre, accroître la capacité du système d'enseignement postsecondaire—et je signale à ce propos que nous sommes convaincus de l'existence d'un grave problème de capacité. Même si les Canadiens considèrent l'accessibilité aux études postsecondaires comme un problème important, il faut quand même des places disponibles, quitte à se les payer. Le troisième domaine de coopération prioritaire consiste à favoriser l'intégration complète au marché du travail des groupes sous-représentés. Le quatrième consiste à assurer l'accès Internet pour l'apprentissage en ligne dans tout le Canada.
Faute de temps, le seul domaine dont je pourrai parler aujourd'hui dans le contexte de l'alphabétisation en milieu de travail est celui du renforcement du développement de la main-d'oeuvre. Dans ce document, nous proposons au gouvernement fédéral d'établir avec lui une relation de coopération sur ce thème particulier. Je signalerai simplement deux faits saillants à cet égard, puis je m'arrêterai afin que nous puissions répondre à vos questions.
¹ (1535)
Les deux secteurs dans lesquels il faut insister dans nos relations avec le gouvernement fédéral sont d'abord les partenariats avec les employeurs, et ensuite, la question de l'alphabétisation et des compétences essentielles. Nous serons sur la bonne voie si nous mettons l'accent sur les capacités de lecture et d'écriture en milieu de travail.
Nous pensons qu'il faut établir systématiquement des relations avec les employeurs du secteur public et du secteur privé de façon à les inciter à offrir aux travailleurs la possibilité d'améliorer leurs capacités de lecture et d'écriture. Si on ne s'oriente pas dans cette direction de façon cohérente et durable, en y consacrant les ressources nécessaires, on obtiendra toujours les mêmes résultats, qui ne sont guère positifs en matière d'alphabétisation en milieu de travail.
Je vais m'arrêter là, madame la présidente, car dans ce genre de séance, ce sont généralement les questions et réponses qui présentent le plus grand intérêt.
La présidente: Je m'emporte garante.
Nous allons commencer par M. Malhi, puis M. Solberg pourra intervenir.
M. Gurbax Malhi (Bramalea—Gore—Malton—Springdale, Lib.): Merci, madame la présidente.
Dans quelle mesure l'actuel système d'enseignement contribue-t-il au problème du faible niveau d'alphabétisation de notre pays?
M. Paul Cappon: Si vous voulez parler du système d'enseignement officiel, je pense que ce n'est pas le principal problème. J'en veux pour preuve le fait que le test de l'OCDE, qui évalue de façon normalisée des jeunes de 15 ans dans 30 pays de l'OCDE, montre que les élèves canadiens se classent au deuxième rang sur les 30 pays participants en ce qui concerne la capacité de lecture. Je ne pense pas que le problème soit donc situé entre la maternelle et la 12e année. Je crois qu'il y a quelque chose qui devrait se produire à la fin de la scolarité, et qui ne se produit pas.
M. Gurbax Malhi: Quelles mesures prend-on pour illustrer les besoins en alphabétisation des adultes et en développement des compétences essentielles? À votre avis, quel rôle devraient jouer les établissements canadiens d'enseignement dans un régime pancanadien d'alphabétisation et de développement des compétences essentielles?
M. Paul Cappon: Il faudrait un système plus cohérent, axé davantage sur la coopération entre le primaire, le secondaire, le postsecondaire et le milieu de travail. Il faudrait tirer parti de l'aptitude des gouvernements à établir de bonnes relations avec le secteur privé pour proposer des incitatifs, en particulier aux employeurs, afin qu'ils offrent à leurs employés la possibilité de préserver leurs capacités de lecture et d'écriture.
C'est souvent parce que les employés ne sont pas mis au défi de se servir de ces capacités qu'ils les perdent. Ce sont des capacités qui ne s'effritent que si on ne s'en sert pas.
¹ (1540)
M. Gurbax Malhi: Merci.
La présidente: Merci, monsieur Malhi.
À vous, monsieur Solberg.
M. Monte Solberg (Medicine Hat, Alliance canadienne): Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous remercie de votre exposé. Pour faire suite à la question que vient de poser M. Malhi, j'aimerais que vous nous proposiez quelques idées sur la façon dont le gouvernement pourrait amener les entreprises à faire preuve d'un plus grand dynamisme pour offrir à leurs employés l'occasion d'améliorer leurs compétences au travail.
M. Paul Cappon: Il y a plusieurs idées qui circulent actuellement dans d'autres pays de l'OCDE et dont nous pourrions nous inspirer. Elles font généralement appel à des mesures incitatives, comme vous l'avez dit, qui sont destinées non seulement au secteur privé mais aussi au secteur public et qui visent à réserver une partie du temps de travail pour permettre aux employés d'améliorer leurs aptitudes à la lecture et au calcul mais aussi, ce qui est très important, de leur offrir cette possibilité sur les lieux mêmes du travail de façon systématique.
Il n'est pas très efficace de libérer périodiquement une heure que l'employé pourra occuper comme il l'entend. Il faut que les cours aient lieu en milieu de travail. C'est ce qu'ont fait les pays qui ont obtenu les meilleurs résultats.
Ce qui est important également, même s'il s'agit non pas d'un incitatif destiné à un employeur mais plutôt d'une mesure plus générale de promotion de la culture, c'est que les pays qui obtiennent les meilleurs résultats en matière d'alphabétisation et de préservation de la capacité de lecture et d'écriture disposent en grandes quantités de bibliothèques, de matériel de lecture et de mesures incitant la famille à venir en aide à l'apprenant.
Quitte à sortir du contexte de votre question, je voudrais signaler que les tests de l'OCDE sur l'aptitude à la lecture ont montré que le soutien familial, la fréquentation des bibliothèques, les lectures faites aux enfants et les discussions autour de la table familiale sont des facteurs presque aussi importants que le statut socio-économique du point de vue des résultats obtenus. C'est là qu'il faudrait faire porter l'effort, en plus de l'aide accordée aux employeurs des secteurs public et privé.
M. Monte Solberg: S'il s'agit de faire pénétrer la formation dans le milieu de travail pour que les employés améliorent leurs compétences, je suppose que cela s'adresse essentiellement aux grosses sociétés. Je ne pense pas que ce soit à la portée des très petites entreprises.
Avez-vous des exemples de ce que l'on peut faire en la matière? Y a-t-il un pays ou une société qui réussisse bien sur ce point et qui pourrait servir de modèle?
M. Paul Cappon: J'hésite à mentionner une société en particulier, mais les Scandinaves obtiennent de très bons résultats dans toutes les enquêtes sur l'alphabétisation, sans doute parce qu'ils incitent les entreprises, même les plus petites, par différents moyens, à permettre à leurs employés d'améliorer leurs capacités de lecture et de calcul, mais aussi parce que ces capacités sont mises à l'épreuve en milieu de travail, ce qui est tout aussi important que les mesures incitatives. Autrement dit, on veille à ce que les employés lisent et qu'ils aient des défis à relever dans leur travail.
M. Monte Solberg: Je comprends, mais je ne suis pas certain de la façon dont il faut procéder. Peut-être pouvez-vous m'aider. Prenons le cas d'un mécanicien qui travaille chez un concessionnaire. Que faut-il lui proposer? Comment va-t-on l'inciter à lire davantage et à préserver sa capacité de lecture et de calcul?
M. Paul Cappon: Il faut une culture d'entreprise telle que le travailleur qui a ou qui pense avoir des difficultés en lecture pourra en parler sans crainte à un superviseur compréhensif qui ne le jugera pas, et qui connaît parfaitement les cours disponibles dans les collèges ou les polyvalentes. L'employé pourra obtenir rapidement et gratuitement de l'aide.
M. Monte Solberg: Avez-vous réfléchi aux mesures incitatives qu'on pourrait mettre en oeuvre, que ce soit par le biais de l'impôt sur le revenu ou d'une exonération des cotisations de l'assurance-emploi? Avez-vous réfléchi à la question?
M. Paul Cappon: Nous avons effectivement envisagé le congé de cotisation à l'assurance-emploi. Nous voulons précisément voir avec le gouvernement fédéral s'il serait possible de se servir de l'assurance-emploi pour envisager les mesures incitatives qu'il faudrait proposer.
Puisque vous posez la question, j'irai encore un peu plus loin pour dire que les provinces et les territoires ne peuvent pas s'en occuper à elles seules, à cause du fardeau financier que comporte cette formation. Il faut qu'ils agissent en partenariat avec le gouvernement fédéral. Aussi bien dans le domaine fiscal que dans celui de l'assurance-emploi, ce genre de partenariat est indispensable.
¹ (1545)
M. Monte Solberg: Merci.
La présidente: J'aimerais parler moi aussi de l'assurance-emploi. Pouvez-vous nous donner un avant-goût de ce que vous allez demander au gouvernement fédéral en matière d'utilisation de l'assurance-emploi?
M. Paul Cappon: Je ne saurais faire mieux que vous citer le document que nous vous avons remis.
À la rubrique « Amélioration des ententes sur le développement du marché du travail », nous disons ceci :
Augmenter le financement prévu en vertu de la partie II de la Loi sur l'assurance-emploi d'environ 700 millions de dollars, pour atteindre le maximum autorisé par la loi. Les provinces et les territoires pourraient ainsi venir en aide à plus de personnes en permettant à leurs citoyens de profiter d'un meilleur accès à des programmes conçus pour fournir aux prestataires des compétences et des connaissances leur permettant de se tailler leur place dans la nouvelle économie. |
L'important, c'est qu'il existe des collèges communautaires, des écoles polytechniques, toutes sortes d'établissements d'enseignement qui peuvent devenir nos partenaires, sous réserve qu'ils bénéficient d'une souplesse suffisante quant à l'utilisation du financement à des fins éducatives.
La présidente: Merci.
À vous, monsieur Finlay.
M. John Finlay (Oxford, Lib.): Merci, madame la présidente.
La comparaison entre les travailleurs canadiens et les travailleurs suédois est fascinante.
À votre avis, pourquoi les travailleurs canadiens perdent-ils leurs capacités de lecture et de calcul beaucoup plus tôt? Pourquoi ne les conservent-ils pas aussi longtemps que les autres?
M. Paul Cappon: Vous voyez sur les graphiques qu'au début, on est à peu près au même niveau que les Suédois, et que les études postsecondaires mettent le travailleur à l'abri d'une perte de capacité, étant donné qu'en milieu de travail, ceux qui ont fait des études postsecondaires sont amenés à lire et à se servir de leurs capacités de lecture et de calcul. C'est différent pour ceux qui n'ont pas fait d'études postsecondaires. La question qu'on m'a posée tout à l'heure à propos d'un mécanicien en donne un bon exemple. Il ne semble pas que les mécaniciens soient incités à mettre leurs capacités à l'épreuve.
Nous prenons donc du retard parce que nous n'avons pas de programmes cohérents d'alphabétisation en milieu de travail, et nous n'avons pas de tels programmes parce que nous n'avons pas les infrastructures nécessaires et parce que tout cela coûte très cher.
M. John Finlay: Et parce que dans l'industrie, on s'efforce de tout simplifier. La production de masse n'incite guère à se servir de ses capacités intellectuelles au travail, n'est-ce pas?
M. Paul Cappon: On constate quand même désormais que la subtilité et la complexité des aptitudes requises des travailleurs se situent à un niveau très élevé. Il ne reste plus guère d'emplois non spécialisés, en dehors des commerces du genre de McDonald. En ce qui concerne les entreprises de production, elles exigent une bonne capacité de lecture. En fait, même un mécanicien doit être assez fort en lecture.
Ce n'est pas tellement que le travail a été simplifié. Je pense même qu'il est plus complexe qu'avant.
M. John Finlay: Eh bien alors pourquoi les gens ne réussissent-ils pas à maintenir leurs capacités de lecture et d'écriture? Au troisième niveau c'est en partie...—
M. Paul Cappon: Parce que nous n'avons pas les programmes qu'il faudrait. En fait, ce qui se passe plutôt—et c'est ce qui m'inquiète—c'est que nos travailleurs, qui ne maintiennent pas ces capacités de lecture et d'écriture, se retrouvent en-deçà du niveau auquel ils pourraient contribuer utilement à leur milieu de travail. Ils perdent ainsi les compétences très importantes dont ils ont besoin afin d'être productifs. Cela veut dire que nos travailleurs seront moins productifs que les travailleurs suédois parce qu'ils n'ont pas un niveau suffisant, et à mesure que le temps passe et que la production devient plus complexe, il faut sans cesse rehausser ses capacités.
Ce n'est pas seulement en milieu de travail. J'ai mentionné la culture générale, la capacité de lire des documents, des journaux; est-ce que les Canadiens lisent autant de journaux ou d'autres documents que les Scandinaves? Il existe en Amérique du Nord une culture générale qui n'est pas propice à l'alphabétisation et cela va bien au-delà du milieu de travail.
Il nous faut une solution pancanadienne car aucune province ne peut réussir seule. Les entreprises sont nationales et internationales, n'est-ce pas?
¹ (1550)
M. John Finlay: Dans bien des cas, c'est exact.
M. Paul Cappon: Bon nombre des principaux employeurs le sont, il nous faut donc des approches pancanadiennes. Cela reflète la structure de l'économie. Certaines provinces peuvent peut-être offrir plus d'encouragement que d'autres. S'il y avait un système provincial d'incitatifs en milieu de travail à l'intention des employeurs, on constaterait probablement une migration vers les régions les plus riches.
M. John Finlay: Cela ne pose pas de problème. Mais je n'imagine pas l'industrie en train de faire cela. Il faudra une évolution au niveau des gestionnaires de l'industrie. C'est eux qui devront comprendre que pour obtenir un meilleur produit, de meilleurs travailleurs, et réduire le nombre d'accidents, etc., il leur faudra des personnes mieux alphabétisées ou plus compétentes. Si on ne leur pose pas de défi à ce niveau, il est évident...
M. Paul Cappon: Vous savez, c'est un commentaire très intéressant, car lorsque vous examinez les compétences qui améliorent l'employabilité selon le Conference Board et que vous posez la question aux employeurs, vous constatez qu'ils veulent que leurs employés possèdent des compétences de base, comme les capacités de lecture et d'écriture. Ils peuvent donner à leurs employés une formation spécialisée selon leur secteur d'activité, mais ils recherchent des compétences de base. Ils savent donc qu'elles sont importantes, mais ils n'encouragent pas leurs employés à les maintenir.
M. John Finlay: Je m'interroge également au sujet de nos loisirs. Cela doit dépendre en grande partie de notre style de vie.
M. Paul Cappon: Oui, mais ce problème existe dans tous les autres pays. Vous voulez dire la télévision, l'Internet, etc.?
M. John Finlay: La télévision, l'Internet, les bibliothèques, les sports et les passe-temps.
M. Paul Cappon: Bien sûr, il y a tous ces facteurs et se sont justement le genre de facteurs culturels que j'ai mentionnés. Cela fait partie de notre culture. Mais la question est de savoir si les gens profiteront des services si nous en offrons. Je pense que cela présente un certain risque, mais j'ose croire que les gens voudraient en profiter.
M. John Finlay: Je souhaite que vous ayez raison.
J'ai participé dans ma circonscription à une activité qu'on appelle un défi canadien. C'était un samedi et les musées avaient lancé un défi aux étudiants intéressés de tout le pays. Il s'agissait en quelque sorte d'un jeu-questionnaire comme on en voit à la télévision où il y a des catégories et où les gens essaient de trouver plus de bonnes réponses que leurs concurrents.
On a posé 24 questions à ces étudiants et l'un d'entre eux a obtenu une note de 45 sur 50. Les questions les plus difficiles valaient plus de points et il y en a deux ou trois... c'était très amusant. Mais on a mis les adultes au défi de jouer avant les étudiants.
Le type assis devant moi était très bon, il a trouvé presque toutes les réponses. Nous, nous avons eu quatre ou cinq bonnes réponses. J'ai demandé au type assis devant moi : « Est-ce que vous écoutez Radio-Canada? ». Il m'a répondu : « Oui, toujours. » C'est sa fille qui a gagné. Il est mécanicien, ou agriculteur ou quelque chose comme ça, un type tout à fait ordinaire.
J'ai bien pensé qu'il écoutait Radio-Canada, c'est ce que je fais moi aussi lorsque je conduis. J'apprends beaucoup de choses que je n'apprendrais jamais en écoutant des stations de musique western ou bien d'autres stations de radio qui se contentent de jouer de la musique, de donner les nouvelles, les résultats sportifs, etc. Mais je me suis dit qu'il fallait qu'il y ait une raison pour qu'il connaisse la réponse à toutes ces questions sur la littérature et l'histoire.
M. Paul Cappon: Probablement qu'il lit aussi lorsqu'il en a le temps.
¹ (1555)
M. John Finlay: Merci.
La présidente: Monsieur Gagnon, vous avez la parole.
[Français]
M. Sébastien Gagnon (Lac-Saint-Jean--Saguenay): Je regardais un peu votre document. Peut-être pourriez-vous m'orienter, par exemple, quant à l'implication que vous tentez d'avoir par rapport aux provinces, par exemple le Québec. Je ne comprends pas très bien et j'aimerais que vous fassiez une mise en contexte. J'ai été élu il y a quelques mois--c'est nouveau--, mais je ne comprends pas très bien la façon dont vous voulez intervenir au niveau de l'alphabétisation au Québec.
M. Paul Cappon: Je crois que l'approche du Québec n'est pas très différente de celle des autres provinces, c'est-à-dire qu'on veut collaborer et travailler avec le gouvernement fédéral dans le sens des priorités qu'on a identifiées ensemble et qu'on a énumérées ici, et qui sont partagées par toutes les provinces. Donc, c'est pour cette raison qu'on parle de renforcement du développement de la main-d'oeuvre. On parle d'accroître la capacité du système d'enseignement postsecondaire. On parle d'assurer l'accès à Internet pour un apprentissage en ligne. Donc, je pense que le Québec souscrit à toutes ces priorités. La question qui se pose pour nous, dans un champ spécifique comme celui de l'alphabétisation, c'est la suivante. Comment le faire et quel est le contexte du partenariat qu'on va créer avec le gouvernement fédéral? De quelle façon on peut travailler ensemble, en respectant le champ de juridiction de chacune des entités?
M. Sébastien Gagnon: Je comprends la structure du gouvernement du Québec par rapport à son système d'éducation et je voyais dans votre conclusion que vous disiez que le gouvernement fédéral dispose des moyens financiers nécessaires pour aider les provinces à relever les défis. On a eu aussi les données de Statistique Canada, il y a quelques semaines, qui démontraient les progrès que le Québec avait faits comparativement à certaines autres provinces. J'attribue ces succès aux engagements qu'il a pris au cours des dernières années. Donc, j'invite le gouvernement fédéral à poursuivre en ce sens-là, à donner les moyens financiers dont il dispose au gouvernement du Québec pour que ce dernier puisse continuer à intervenir dans son champ de compétence qu'est l'éducation.
M. Paul Cappon: C'est la position que le Québec met toujours de l'avant dans nos discussions et qui, je pense, trouve son reflet dans le document. C'est que les provinces ne sont pas capables de faire ça sans l'aide financière du fédéral, parce que c'est un grand défi, et les enjeux sont importants.
Ce qui est délicat, ce n'est pas le choix des priorités, car on est d'accord. Ce document ressemble pas mal à celui que le gouvernement fédéral a produit. La question qui se pose maintenant, c'est de savoir comment le faire. Quelles sont les règles du jeu? De quelle façon va-t-on engager le partenariat? Les 5 et 6 juin, je l'ai mentionné tout à l'heure à la présidente, il y aura une réunion entre Mme Stewart et les ministres de l'Éducation de toutes les provinces et territoires, y compris le Québec, et les ministres responsables du marché du travail dans chacune des provinces. Là, j'espère qu'on va discuter de cette question, à savoir comment cet appui financier va se faire et dans quelles conditions. Sans doute que différentes provinces auront différents points de vue, mais il faut arriver à une vue d'ensemble. Dans ce document, nous avons simplement constaté quelles sont les priorités partagées des provinces, et non pas la façon dont on va engager le partenariat avec Ottawa.
M. Sébastien Gagnon: Je trouvais qu'il y avait des éléments importants dans le document qui démontraient l'importance de la problématique, mais il s'agit aussi de déceler la façon de le faire. Comme je l'ai dit tout à l'heure, et je le répète, on voyait nécessairement un bon bilan de ce qu'on avait fait. Donc, pourquoi chercher des solutions supplémentaires? Comme vous l'avez dit, effectivement, il ne faut pas oublier que 50 p. 100 des impôts des Québécois et des Québécoises sont prélevés par Ottawa. Il est donc pensable que si on veut améliorer le bilan au niveau de l'alphabétisation, il est important que le gouvernement fédéral envoie ces sommes aux provinces, entre autres au Québec, pour qu'elles puissent trouver une solution, mais aussi pour ne pas qu'il y ait de dédoublement dans ce champ de compétence.
M. Paul Cappon: Effectivement--on le lit dans le document d'ailleurs--, nous avons des pratiques dans chacune des provinces et chacun des territoires, que nous trouvons valables et qui, selon nous, méritent un plus grand appui de la part du fédéral. On aimerait bien les porter à l'attention du gouvernement. On demande donc un appui qui reconnaisse ces pratiques-là.
º (1600)
M. Sébastien Gagnon: Merci.
[Traduction]
La présidente: Merci.
Monsieur Jackson, à vous.
M. Ovid Jackson (Bruce—Grey—Owen Sound, Lib.): Merci, madame la présidente.
C'est intéressant. Je suis un ancien mécanicien et lorsque vous parliez des mécaniciens, je me demandais si vous faisiez une distinction entre un vrai mécanicien et un mécanicien à la gomme. Il y a une différence. Les mécaniciens d'aujourd'hui travaillent dans des milieux très techniques. Lorsque vous démarrez votre voiture le matin, vous tournez la clé de contact. Il y a une sonde d'oxygène des gaz d'échappement qui indique qu'il y a de l'oxygène. Il y a une sonde qui indique la température. Puis il y a un truc qui mesure la pression absolue dans la tubulure d'admission. Puis il y a un, deux, trois, quatre, cinq ou six ordinateurs qui ajustent le rapport stoechiométrique, qui est le rapport idéal entre la quantité d'air requise pour une certaine quantité de carburant. Ce sont des concepts très complexes, de sorte que le mécanicien est obligé de savoir lire. Dans bien des cas, ils utilisent même des programmes satellite qui sont transmis au concessionnaire.
Alors je dirais que cela dépend de qui vous parlez dans le monde d'aujourd'hui. Vous ne voulez pas confier votre voiture à n'importe quel mécano.
Cela dit, il n'y a aucun doute qu'il y a probablement une différence entre la lecture... Peut-être que l'alphabétisation comporte la lecture, l'apprentissage de sujets comme le théâtre, l'histoire et les guerres et bien d'autres choses. Dans notre société il y a probablement un petit groupe de personnes qui ne vivent pas dans un milieu propice à cet apprentissage. Le défi est donc d'offrir cette formation en milieu de travail.
Voici ma question. Il faudrait qu'il y ait une corrélation entre la personne qui maintient ses capacités de lecture et d'écriture... et je soupçonne que cela commence même avant la naissance, lorsque les parents lisent pour l'enfant à naître et lui font écouter de la musique classique. Tout découle de la lecture et de l'amour de la lecture. Je ne sais pas, mais lorsque cette personne grandit—je ne veux pas dire lorsqu'elle a cinq ans car c'est l'âge le plus important dans l'évolution de l'enfant—mais lorsqu'elle devient adolescente, si elle ne lit pas, peut-on vraiment lui faire apprendre ces choses?
M. Paul Cappon: Avant de répondre à cette question, je dois vous dire que j'ai suivi un cours en mécanique d'automobile lorsque j'étais jeune homme et que j'ai échoué. J'ai donc fait un cours de médecine et c'était plus facile.
On a fait beaucoup de recherche sur le cerveau et sur l'âge auquel on est le plus susceptible d'apprendre à lire et d'en prendre l'habitude. Vous avez raison, il y a 10 ans environ nous pensions qu'à l'âge de cinq ans tout était déterminé—il y a tellement de recherche sur le cerveau qui se font à l'heure actuelle, c'est vraiment fascinant et je me tiens au courant que ça m'intéresse vraiment. Mais aujourd'hui nous pensons que le cerveau est très élastique et qu'on peut en fait apprendre à tout âge et que tout n'est pas fini si on n'est pas initié à quelque chose avant d'avoir cinq ans, y compris à la lecture. En fait, on croit maintenant qu'il est en fait plus facile d'apprendre la grammaire d'une autre langue lorsqu'on est plus âgé alors qu'il est plus facile d'apprendre le vocabulaire lorsqu'on est un enfant de 10 ou 11 ans.
Quoiqu'il en soit, pour l'essentiel, vous avez raison. Même si nous intervenons en milieu de travail... cela ne remplace pas ce qui n'a pas été fait pendant l'enfance. Il ne fait aucun doute que nous devons investir beaucoup pour créer des conditions propices à l'apprentissage même pour les enfants d'âge préscolaire. Je pense que cela veut dire qu'il nous faut un système d'apprentissage tout au long de la vie; c'est-à-dire que nous devons aller au-delà du modèle industriel selon lequel on apprenait à partir de 6 ans et jusqu'à 16 ans et ensuite on n'apprenait plus rien; on commence en quelque sorte avec une page blanche à l'âge de 6 ans et on n'apprend plus rien du tout passé l'âge de 16 ou 18 ans.
Nous disons maintenant qu'il faut aller bien au-delà de ces âges-là. Et cela veut dire que nous devons investir et je dirais même que nous devons investir lourdement dans l'apprentissage à l'extérieur du système scolaire institutionnel, soit en milieu de travail mais également, comme vous le disiez, pendant les premières années de la vie.
M. Ovid Jackson: Il faut donc sortir des sentiers battus. D'après mon expérience, certains employeurs—mais pas tous—ne veulent pas nécessairement que leurs employés aient trop de compétences mesurables, tout simplement parce qu'il suffit parfois, pour bien faire un travail, de répéter assez souvent le même geste que quelqu'un nous a montré sans connaître tous les concepts qui sous-tendent ce geste.
Je suis allé en Afrique avec le premier ministre. Le sida est très répandu sur ce continent. Les Africains ont réuni un groupe de camionneurs pour leur montrer comment ne pas se laisser séduire par les jolies filles le long de la route et pour leur apprendre à respecter les valeurs familiales. C'est intéressant. En fait, on leur a présenté une pièce de théâtre à laquelle tout le monde devait participer.
C'est peut-être ce genre d'idées originales qu'il faut mettre en oeuvre, peut-être en racontant des histoires pour susciter l'intérêt et la participation.
Je pense que mon collègue John Finlay avait raison de parler de notre style de vie... même si vous comparez le style de vie des jeunes d'aujourd'hui avec la vie que nous menions lorsque nous allions à l'école... nous avions beaucoup plus de temps libre pour lire un livre. Il y a maintenant tellement de distractions et les jeunes peuvent se divertir sans lire. Pour pouvoir lire il faut éteindre la télévision.
Je sais que bien des gens demandaient à ma fille de garder leurs enfants parce qu'elle était l'une des rares personnes à prendre le temps de lire un livre avec les enfants plutôt que de les installer devant la télévision.
Qu'en pensez-vous?
º (1605)
M. Paul Cappon: Je pense que vous avez tout à fait raison. Nous devons être beaucoup plus créatifs que lorsque l'éducation était une ligne de montage.
Votre collègue, M. Solberg, lorsqu'il a demandé ce que nous pourrions faire en milieu de travail... l'une des choses que nous devons faire, c'est créer des partenariats avec les créateurs du matériel d'apprentissage qui pourrait vraiment intéresser les gens, non seulement parce que c'est quelque chose qu'il faut apprendre, mais parce qu'en fait cela attire leur attention—donc créer des partenariats avec les créateurs de matériel d'apprentissage qui pourraient connaître les intérêts de ces gens.
Il faut faire preuve de créativité plutôt que de donner tout simplement un cours magistral, car cela ne peut fonctionner. Il faut une méthode d'enseignement très interactive. Il faut que ça intéresse ces personnes.
Pour vous donner un autre exemple, l'une des raisons, semble-t-il, que les garçons accusent un tel retard en lecture par rapport aux filles à l'école—et c'est effectivement le cas—, c'est que le matériel ne semble pas intéresser les garçons. Tant que cela n'intéresse pas les garçons, ils ne vont pas lire. Tout comme dans votre cas, si au travail une personne se fait imposer un document qui n'est pas particulièrement intéressant, elle le laissera de côté et fera autre chose.
Vous avez tout à fait raison. Nous devons faire preuve de créativité. Cependant, il faut y mettre de l'argent.
Je reviens toujours à cette question, n'est-ce pas, madame la présidente?
M. Ovid Jackson: Pas de problème pour l'argent. J'ai déjà été enseignant à l'école secondaire.
Le problème avec l'argent, c'est qu'on a besoin d'argent mais il faut aller chercher les bonnes recrues. Par exemple, j'allais dans ce que j'appelle les salles de classe des enseignants principaux. Ce sont les gens qui utilisent beaucoup d'argent et qui ne sont pas nécessairement récompensés. Ils ne deviennent pas directeur d'école, ils n'atteignent pas la catégorie 4 ou autre. Les gens qui recrutent pour cet emploi doivent faire preuve de créativité car ils font des choses magiques, et ils seront en mesure de stimuler les élèves. Ce ne sont pas des gens ordinaires qui arrivent à faire cela. Les gens ordinaires sont ennuyeux à mort.
Quoi qu'il en soit, c'est une suggestion.
Merci, madame la présidente.
M. Paul Cappon: Je suis d'accord.
La présidente: Avant de donner la parole à Mme St. Jacques, j'ai mis par écrit quelques questions que je voulais vous poser.
Vous dites que vous voulez augmenter les montants admissibles aux termes de la partie II à 700 millions de dollars. Si nous accordions une telle augmentation, à votre avis, qu'est-ce que les provinces offriraient en contrepartie?
M. Paul Cappon: Il faudrait bien sûr négocier, de sorte que je ne peux répondre en termes absolus. Cela dépendrait également de la capacité de chaque province.
Je sais que l'on tient à ce que l'assurance-emploi se limite à l'emploi, puisqu'elle est censée créer une capacité pour qu'une personne puisse être apte au travail lorsqu'elle est sans emploi. Ce serait donc une extension logique de l'utilisation de l'assurance-emploi. Je ne peux dire cependant quel montant les provinces pourraient offrir. Naturellement, cela ferait partie du partenariat, et nous devrions nous entendre là-dessus.
La présidente: À votre avis, les provinces appuieraient-elles une expansion des conseils sectoriels afin de permettre l'utilisation des fonds de l'assurance-emploi pour l'alphabétisation et l'acquisition des compétences essentielles?
º (1610)
M. Paul Cappon: Nous avons eu des entretiens relativement à l'utilisation des conseils sectoriels, et nous allons sans doute aborder la question avec la ministre Stewart lorsque nous la rencontrerons à nouveau le mois prochain. Je pense qu'ils sont ouverts à toutes sortes de suggestions. Vous me demandez comment nous nous y prenons, ce qui est une question importante. Nous sommes d'accord sur le principe, mais il s'agit de déterminer la façon de s'y prendre, et je n'ai entendu aucune province se fermer à quelque possibilité que ce soit quant à la façon de le faire.
Je pense qu'il serait utile que le gouvernement fédéral présente des propositions sur la façon dont cela pourrait se faire et sur ce que cela coûterait.
La présidente: L'autre chose, c'est qu'un certain nombre de témoins ont parlé de la nécessité d'avoir une approche pancanadienne, que les provinces et les sociétés, le secteur privé, ne peuvent réussir seuls, que nous devons nous pencher sur la question. Pour ce faire, je dirais que nous avons besoin d'avoir des outils d'évaluation à l'échelle nationale. Je me demande si le gouvernement fédéral a accepté de financer le programme d'évaluation pancanadien, et si c'est le cas, à combien s'élève ce financement?
M. Paul Cappon: Le programme d'évaluation pancanadien ne s'adresse qu'aux élèves du secondaire. À l'heure actuelle, le contribution de DRHC s'élève à environ 1,6 million de dollars par an pour le PIRS, la version actuelle du programme pancanadien d'évaluation, et il n'a pas encore décidé de financer le PPCE qui est son successeur. Il n'a pas dit non, mais il n'a pas dit non plus qu'il allait continuer de financer ce programme.
Franchement, si nous perdons cette capacité, nous ne savons pas comment nos jeunes vont réussir au niveau de la lecture, de l'écriture, des mathématiques et des sciences à l'échelle pancanadienne. Donc, je pense qu'il serait impensable de ne pas continuer à financer le programme.
Par ailleurs, si nous perdons cette capacité, nous perdrons sans doute également notre capacité à nous comparer à d'autres pays de l'OCDE, au moment même où nous disons que nous avons besoin de preuves plus objectives de la façon dont nous nous comparons aux autres pays.
Je sais que vous n'avez pas posé la question, mais elle est soulevée de toute façon. Les gens disent que puisque les provinces ont déclaré que l'éducation relève de la compétence provinciale, alors pourquoi ne financeraient-elles pas elles-mêmes ces tests? La réponse est en deux parties. Les provinces financent en partie ces tests. En plus du financement, cela représente beaucoup de travail.
Deuxièmement, il n'y a aucune responsabilité politique en matière d'éducation à l'échelle du Canada; cette responsabilité politique n'existe qu'au palier provincial. Donc, demander aux ministres provinciaux de verser de grosses sommes pour du travail pancanadien dans le domaine de l'éducation est leur demander de faire beaucoup plus que ce qu'ils font habituellement.
La présidente: Je ne voudrais pas vous mettre les mots dans la bouche, mais si vous nous aidiez à rédiger des recommandations, le maintien et l'augmentation du soutien financier pour ces outils d'évaluation figureraient donc sur votre liste de recommandations?
M. Paul Cappon: C'est une question à laquelle il est facile de répondre. Oui, en effet. Je dirais d'abord que le gouvernement fédéral devrait tout au moins continuer de financer le programme au niveau actuel, sinon à un niveau supérieur, ainsi que l'évaluation internationale que nous faisons par l'intermédiaire de l'OCDE.
Nous songeons par ailleurs à élargir le programme pancanadien d'évaluation à d'autres domaines qui peuvent être testés, notamment les sciences sociales et les sciences humaines. Certaines personnes sont convaincues que nous avons un parti pris pour les mathématiques et les sciences et que nous devrions examiner également d'autres domaines, entre autres la citoyenneté et l'histoire du Canada.
Par ailleurs, je pense que le gouvernement fédéral devrait appuyer davantage la recherche que nous faisons, c'est une recherche très peu importante, la recherche nationale, sur l'éducation, qui sous-tend l'orientation stratégique, de sorte que nous puissions fonder nos décisions en matière de politique d'éducation sur des preuves. Ce que le gouvernement fédéral doit comprendre, c'est qu'il fait cela dans l'intérêt national, non pas en raison de sa visibilité, car bien sûr il n'est pas membre du conseil... Mais je crois qu'il est très important pour vous de continuer d'appuyer ces processus.
La présidente: Eh bien, nous semblons être bien partis. Vous avez dit que vous alliez parler de certains problèmes alors que vous n'aviez pas de solutions à proposer. Vous m'avez donné d'assez bonnes recommandations jusqu'à présent. Donc, je voudrais vous demander, si vous pouviez faire une deuxième ou une troisième recommandation, que serait-elle?
M. Paul Cappon: Pour l'alphabétisation des adultes ou en ce qui concerne l'apprentissage en général?
La présidente: À vous de choisir.
M. Paul Cappon: Il y en aurait tellement. Permettez-moi de mentionner les plus importantes.
Nous avons de nombreuses régions au pays où le nombre d'élèves diminue énormément parce que les écoles ferment, dans presque toutes les provinces, même en Ontario et en Alberta. Lorsqu'on perd son école publique, on peut perdre sa communauté. Même dans les régions où l'effectif scolaire ne diminue, le rôle de l'école publique dans la société est en train de diminuer en raison des données démographiques. Les gens n'ont tout simplement pas le même intérêt.
Ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont des écoles qui sont ouvertes de 16 à 18 heures par jour, qui sont des centres de la communauté. Donc pourrions-nous avoir une aide pour l'éducation informelle et non structurée, pour nous aider à intégrer les systèmes d'apprentissage formels et informels? C'est un problème énorme si le gouvernement fédéral n'intervient pas dans le domaine de l'éducation, mais il est très important de se pencher sur cette question et de voir comment le gouvernement fédéral pourrait aider les provinces dans ce domaine en particulier.
Un autre domaine très important est celui de l'éducation des adultes. L'OCDE a fait un examen de l'éducation des adultes au Canada et a constaté une fragmentation, un manque de cohésion et de cohérence en raison des problèmes qui existent entre les paliers de gouvernement, et cela comprend la question de l'alphabétisation en milieu de travail. Nous devons donc faire preuve d'une beaucoup plus grande cohésion à cet égard.
º (1615)
M. John Finlay: Pourquoi? Y avait-il des problèmes? Je n'ai pas compris ce que vous avez dit.
M. Paul Cappon: Pourquoi? Parce que nous n'avons pas d'entente entre les paliers de gouvernement sur la façon de procéder au niveau de l'éducation des adultes, et nous ne communiquons pas bien à ce sujet. Il y a également double emploi et répétition à divers niveaux. Le secteur privé n'a pas de rôle bien défini dans l'apprentissage des adultes. Il existe donc de nombreux problèmes. Je vous demanderais de vous reporter au rapport de l'OCDE sur le Canada en ce qui concerne l'apprentissage des adultes pour voir en quoi consistent ces problèmes. Je pense que nous avons beaucoup à faire à cet égard.
L'autre question, celle dont nous avons parlé, le principal objectif de notre travail, consiste à travailler avec les employeurs pour offrir une formation en milieu de travail, non pas uniquement pour l'alphabétisation mais pour la formation en milieu de travail, car si nous ne faisons pas cela, nous allons tout simplement continuer dans le sens dont je vous ai parlé aujourd'hui.
Ce serait donc mes trois principales recommandations, en plus de celles que nous vous avons déjà présentées.
La présidente: Merci.
Madame St-Jacques, allez-y.
[Français]
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.): Merci, madame la présidente.
Bonjour, monsieur Cappon. Je m'excuse d'avoir manqué votre présentation, mais je recevais des jeunes étudiants de mon comté qui étaient ici pour se sensibiliser à la vie politique. C'était important de les rencontrer. Quand on connaît le fort degré de décrochage scolaire, je pense qu'il faut leur accorder une grande attention.
Les questions que je voulais vous poser ont déjà été posées. Peut-être même avez-vous déjà répondu à celle que je vais vous poser, étant donné que j'ai manqué une partie de la rencontre.
En matière de recherche dans le domaine de l'alphabétisation, qui selon vous devrait prendre cette responsabilité? Est-ce que ça devrait être l'Institut canadien sur l'apprentissage ou si on devrait laisser cet aspect aux provinces?
M. Paul Cappon: Nous avons déjà un programme pancanadien de recherche en éducation, qui est un partenariat entre nous et Statistique Canada. Il est très mal financé, il a très peu de moyens, mais je pense qu'on fait du bon travail. À mon arrivée au conseil, il y a sept ans, il n'y avait pas de programme de recherche pancanadien en éducation, mais on l'a créé et c'est intéressant. La question de l'alphabétisation et des modèles et pratiques exemplaires en est une qui est très importante. Le système est déjà là; je trouve qu'on devrait l'appuyer davantage.
Mme Diane St-Jacques: Donc, donner plus d'argent pour s'assurer qu'on réussisse à...
M. Paul Cappon: Oui, mais il ne s'agit pas de donner l'argent aux provinces, mais au Conseil des statistiques canadiennes de l'éducation, qui est un partenariat entre nous et Statistique Canada. Ce n'est pas simplement un transfert d'argent aux provinces pour des fins qui seront déterminées ultérieurement par elles. C'est vraiment à l'intérieur d'une série d'objectifs qui sont très clairs.
Mme Diane St-Jacques: Je vous remercie beaucoup.
[Traduction]
La présidente: Monsieur Gagnon, aviez-vous une question?
M. Sébastien Gagnon: Non, merci.
La présidente: Un autre membre du comité aurait-il une question à poser?
Avez-vous quelque chose à ajouter en conclusion?
M. Paul Cappon: Seulement ceci. Tout d'abord, je suis très heureux que vous étudiiez la question de l'alphabétisation en milieu de travail. J'ai l'impression que je n'ai pas fourni les réponses détaillées et exemplaires que certains membres du comité auraient peut-être voulu obtenir, c'est-à-dire ce que l'on fait exactement dans telle ou telle situation, mais je pense que lorsque nous nous entendrons pour examiner une question et trouver des approches, nous pourrons donner davantage de détails. Je pense que vous êtes en train d'examiner une question très importante.
Par ailleurs, madame la présidente, je pense que vous avez vous-même souligné qu'on ne pouvait vraiment examiner cette question isolément; c'est avec un continuum d'apprentissage, et nous devons examiner tout ce continuum. J'espère que les gouvernements à tous les échelons seront en mesure de s'entendre sur la façon de s'y prendre, car je pense que nous sommes d'accord avec le principe.
º (1620)
La présidente: Merci.
Nous ferons notre possible pour produire un rapport qui sera tout au moins un point de départ pour travailler ensemble avec nos partenaires tant du secteur privé que public, sur une question qui est sans doute l'une des plus urgentes pour les Canadiens. Je pense que le problème est mal compris, et je ne pense pas que les gens comprennent le nombre de... je ne veux pas dire d'analphabètes, mais de personnes qui n'ont certainement pas atteint leur pleine capacité. Je pense qu'en tant que société, il nous incombe de nous assurer que tout le monde puisse participer pleinement et de la façon la plus productive possible.
Je suis impatiente de voir le bon travail de nos deux attachés de recherche qui, à partir des volumineux documents et témoignages qui nous ont été présentés, tenteront de rédiger un rapport à notre intention.
M. Paul Cappon: Bonne chance, et merci de m'avoir invité.
La présidente: Merci beaucoup.
La séance est levée.