HUMA Réunion de comité
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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le mardi 26 novembre 2002
Á | 1110 |
La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)) |
Á | 1145 |
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.) |
La présidente |
M. Alan Tonks (York-Sud—Weston, Lib.) |
La présidente |
La présidente |
La présidente |
L'hon. Jane Stewart (ministre du Développement des ressources humaines) |
 | 1210 |
 | 1215 |
 | 1220 |
La présidente |
M. Larry Spencer (Regina—Lumsden—Lake Centre, Alliance canadienne) |
Mme Jane Stewart |
M. Larry Spencer |
Mme Jane Stewart |
M. Larry Spencer |
 | 1225 |
Mme Jane Stewart |
La présidente |
Mme Diane St-Jacques |
Mme Jane Stewart |
 | 1230 |
Mme Diane St-Jacques |
Mme Jane Stewart |
La présidente |
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Neigette-et-la Mitis, BQ) |
Mme Jane Stewart |
 | 1235 |
Mme Suzanne Tremblay |
La présidente |
Mme Jane Stewart |
La présidente |
M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.) |
Mme Jane Stewart |
 | 1240 |
La présidente |
M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD) |
 | 1245 |
Mme Jane Stewart |
M. Yvon Godin |
Mme Jane Stewart |
M. Yvon Godin |
Mme Jane Stewart |
La présidente |
Mme Raymonde Folco (Laval-Ouest, Lib.) |
Mme Jane Stewart |
 | 1250 |
Mme Raymonde Folco |
La présidente |
Mme Raymonde Folco |
La présidente |
M. Norman Doyle (St. John's-Est, PC) |
Mme Jane Stewart |
M. Norman Doyle |
Mme Jane Stewart |
M. Norman Doyle |
Mme Jane Stewart |
La présidente |
 | 1255 |
M. Alan Tonks |
Mme Jane Stewart |
M. Alan Tonks |
Le vice-président (M. Eugène Bellemare) |
M. Peter Goldring (Edmonton-Centre-Est, Alliance canadienne) |
· | 1300 |
Mme Jane Stewart |
M. Peter Goldring |
Mme Jane Stewart |
Le vice-président (M. Eugène Bellemare) |
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.) |
· | 1305 |
Mme Jane Stewart |
M. Raymond Simard |
Le vice-président (M. Eugène Bellemare) |
CANADA
Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées |
|
l |
|
l |
|
TÉMOIGNAGES
Le mardi 26 novembre 2002
[Enregistrement électronique]
Á (1110)
[Traduction]
La présidente (Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.)): Bienvenue à tous.
[Note de la rédaction—La séance publique reprend]
Nous étudions le budget de fonctionnement du Comité permanent du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées. Vous avez sous les yeux trois budgets distincts. Ils ont été élaborés ainsi pour rendre leur présentation au comité de liaison plus simples.
Le premier est le budget prévu du comité plénier et porte sur la période qui se terminera avec l'année financière en cours, soit le 31 mars. Le deuxième budget est celui du Sous-comité de la condition des personnes handicapées. Le dernier budget est celui du Sous-comité sur les enfants à risque.
J'attends vos observations sur le premier des trois budgets.
À vous la parole, madame St-Jacques.
Á (1145)
[Français]
Mme Diane St-Jacques (Shefford, Lib.): J'ai une question concernant le budget du Sous-comité de la condition des personnes handicapées pour le projet-pilote. On ne dit pas quand ça va commencer. Est-ce qu'on peut avoir une date plus précise? Est-ce que ça va commencer à l'hiver, au printemps ou à l'été?
[Traduction]
La présidente: Je ne suis pas certaine de pouvoir vous répondre. Ce budget reflète apparemment les travaux en cours qu'on projette de reprendre le 3 décembre. Une bonne partie du travail a déjà été abattue par le sous-comité. Avec ce budget, on pourra terminer les travaux commencés.
Y a-t-il d'autres questions ou remarques?
M. Alan Tonks (York-Sud—Weston, Lib.): Je propose l'adoption du budget, madame la présidente.
La présidente: M. Tonks propose que nous adoptions le budget.
(La motion est adoptée)
La présidente: Je propose que nous interrompions nos travaux qui reprendront à midi précisément. Nous accueillerons alors la ministre du Développement des ressources humaines. Merci.
Á (1148)
 (1209)
La présidente: Mesdames et messieurs, bonjour. Je souhaite la bienvenue à la ministre du Développement des ressources humaines.
Le comité vous attendait, madame la ministre, et nous sommes très heureux que vous soyez accompagnée de Margaret Biggs.
Madame Biggs est sous-ministre adjointe au Développement des ressources humaines.
Chers collègues, la ministre a accepté de venir témoigner à très court préavis. Je l'ai jointe au début de la semaine dernière et lui ai demandé de venir nous parler des compétences et de l'apprentissage.
Sans plus tarder, car le temps file, madame la ministre, je vous cède la parole.
[Français]
L'hon. Jane Stewart (ministre du Développement des ressources humaines): Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je suis désolée d'être un peu en retard, chers collègues, mais la réunion du cabinet s'est prolongée. Je suis ravie d'avoir cette occasion de faire le point sur certaines des activités qui se sont tenues l'année dernière, plus particulièrement dans le cadre du Sommet national sur l'innovation et l'apprentissage qui a eu lieu à Toronto lundi et mardi derniers.
Il ne me sera pas facile de résumer deux jours de délibérations intenses en un court exposé. Par souci de concision, je m'en tiendrai aux points les plus importants sur lesquels tous les partenaires sont parvenus à un consensus et se sont engagés à prendre des mesures. Je voudrais également aborder un domaine particulier où votre comité, je crois, peut jouer un rôle primordial.
Il ne fait pas de doute que nous avons atteint un tournant décisif en matière d'innovation et d'apprentissage, au-delà des «qu'arriverait-il si» pour s'engager sérieusement à produire des résultats tangibles.
 (1210)
[Français]
Il est clair que les Canadiens sont conscients de l'importance du perfectionnement des compétences. Il se manifeste, dans l'ensemble du pays, une volonté réelle d'agir de façon concertée pour relever les défis de l'innovation et de l'apprentissage.
[Traduction]
Du point de vue des principes, il est très encourageant de constater que toutes les recommandations résultant du Sommet correspondent en grande partie aux priorités du gouvernement . Même s'il y a toujours matière à amélioration, les recommandations viendront renforcer le sentiment que nous sommes sur la bonne voie.
Je crois que l'autre message important à retenir du Sommet, c'est que les Canadiens ne croient pas que, pour améliorer l'innovation et l'apprentissage, le gouvernement n'a qu'à tout simplement accroître le financement. Surprise agréable et rassurante, les représentants de tous les secteurs reconnaissent que tous ont un rôle à jouer. Et, ce qui est encore plus prometteur, ils ont exprimé la volonté de le faire.
Afin d'appuyer et de promouvoir cette démarche, permettez-moi de vous parler de quelques grandes réalisations du Sommet.
Le gouvernement s'est engagé à créer un institut canadien de l'apprentissage, en consultation avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et les intervenants, afin de soutenir l'essai et l'analyse d'approches novatrices à l'apprentissage, ainsi que la recherche sur les pratiques exemplaires. L'institut fera régulièrement rapport sur les progrès accomplis au Canada pour améliorer les résultats en matière d'apprentissage et publiera les principales constatations sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Nous avons aussi annoncé l'octroi de 12 millions de dollars au Forum canadien sur l'apprentissage et à Compétence Canada afin de mener une campagne nationale de sensibilisation des jeunes canadiens et de leurs parents à la gamme de choix de carrières qu'offrent les métiers spécialisés et d'éliminer tout stigmate du «col bleu» qui marque ces métiers.
[Français]
Nous allons réorienter notre Stratégie emploi jeunesse afin de permettre aux jeunes d'acquérir les compétences d'avenir dont ils ont besoin pour participer pleinement à tous les secteurs du marché du travail au XXIe siècle. Nous revitaliserons les programmes de la Stratégie emploi jeunesse afin de nous assurer qu'ils sont adaptés à l'environnement économique changeant et qu'ils satisferont de manière efficace aux besoins des jeunes Canadiens.
[Traduction]
Enfin, nous nous sommes engagés à travailler de concert avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et avec d'autres partenaires à établir des processus transparents et efficients de reconnaissance des titres de compétence étrangers. Si nous tenons réellement à attirer les personnes les meilleures et les plus intelligentes, il nous faut faire en sorte que les compétences des immigrants soient reconnues et utilisées au service du Canada. Cela correspond directement à certaines des recommandations clés qui ont été formulées au sommet.
Bien sûr, on a relevé d'autres domaines prioritaires. Par exemple, les participants nous ont fait remarquer que, pour accroître l'inclusion, il nous fallait améliorer l'accès aux programmes de perfectionnement professionnel, d'apprentissage et de stages et mieux cibler les Autochtones, les personnes handicapées et les nouveaux Canadiens. On s'est montré vraiment résolu à mettre à contribution les talents de ces groupes sous-employés et à accroître leur participation à la population active, grâce à des approches novatrices comme l'évaluation et la reconnaissance des acquis.
De toutes les recommandations du Sommet, la priorité la plus importante en matière d'apprentissage est celle qui se pratique en milieu de travail—domaine qui est sans cesse revenu au cours de nos consultations et qui a été réaffirmé lors du Sommet. D'après l'enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes, huit millions de nos travailleurs ont peu de capacité de lecture et d'écriture et peu de compétences essentielles. Et près du quart des jeunes terminent leurs études secondaires sans avoir acquis les capacités de lecture et d'écriture dont ils ont besoin pour participer pleinement à l'économie du savoir. Pour devenir la société d'innovation que nous voulons être, nous devons améliorer les capacités de lecture et d'écriture afin que tous les Canadiens puissent porter leurs talents à pleine contribution.
 (1215)
[Français]
Notre pays a trois grands défis à relever. Le premier tient aux faibles capacités de lecture et d'écriture d'un grand nombre de nos citoyens. Ce qui est également matière à préoccupation est le fait que bon nombre de ces gens ne semblent pas se rendre compte de leur problème.
[Traduction]
S'ils ne perçoivent pas le besoin de s'améliorer, il est peu vraisemblable que ces Canadiens cherchent des occasions de perfectionner leurs compétences. Enfin, même s'ils se rendent compte de leurs besoins, bon nombre d'entre eux ne savent tout simplement pas par où commencer pour régler le problème. Cela vaut pour les particuliers comme pour les employeurs.
Madame la présidente, chers collègues, malgré le consensus sur le besoin d'intervenir dans ce domaine, les participants ont conclu que nous n'en savons pas encore assez sur la meilleure façon d'aborder cette priorité nationale.
[Français]
Voilà qui m'amène au travail du comité. Si nous voulons continuer de prospérer en tant que nation, il nous faut trouver de nouvelles et meilleures façons de cibler et de soutenir les personnes qui ont une faible capacité de lecture et d'écriture et peu de compétences essentielles. J'espère que votre comité nous aidera à cerner ces moyens.
[Traduction]
J'aimerais demander au comité permanent d'étudier les défis que pose l'alphabétisation des adultes et le perfectionnement des compétences essentielles afin de sensibiliser davantage le public et l'aider à mieux comprendre les trois questions clés suivantes.
Premièrement, nous savons que huit millions de Canadiens ont peu de capacités de lecture et d'écriture et peu de compétences essentielles. Nous devons rejoindre ces Canadiens et déterminer comment les stimuler pour qu'ils veuillent apprendre.
Nous savons aussi que les programmes et les possibilités d'alphabétisation et de compétences essentielles en milieu de travail sont en place actuellement, à l'échelle du pays, q'ils soient dispensés par les gouvernements, les entreprises, les organismes syndicaux ou non gouvernementaux. Par contre, nous devons examiner les lacunes dans ce domaine et faire ressortir les pratiques exemplaires. J'aimerais que nous puissions discuter du rôle du gouvernement fédéral dans ce domaine.
Troisièmement, qu'est-ce que le Canada devrait faire, collectivement, pour appuyer le perfectionnement professionnel des travailleurs en matière d'alphabétisation et de compétences essentielles, surtout en milieu de travail? Nous espérons que davantage d'employeurs accepteront de relever le défi, mais qu'arrive-t-il aux petites entreprises qui n'ont peut-être pas les ressources pour appuyer de la formation?
Nous savons, grâce à nos consultations et aux résultats du Sommet, qu'il existe de nombreuses possibilités. Mais nous devons maintenant faire passer le message aux Canadiens dans le besoin ou aux Canadiens qui peuvent aider. Le gouvernement du Canada a reconnu que de solides compétences de base sont primordiales dans une économie et dans une société concurrentielles, et la collectivité de l'alphabétisation s'attend à ce que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership en la matière. Le comité permanent pourrait poursuivre dans la foulée des consultations dans le cadre du processus de mobilisation sur les compétences et l'innovation et du récent Sommet national.
[Français]
Sans vouloir présumer de la façon dont vous aborderez la tâche si vous choisissez de l'assumer, je vous encourage à étudier les données internationales dans votre recherche de modèles que le Canada devrait adopter ou mettre à l'essai. Également, je vous conseille fortement de bien consulter les groupes nationaux d'alphabétisation, les entreprises et les syndicats canadiens qui nous ont présenté une gamme d'options intéressantes.
[Traduction]
Nous pouvons appuyer les efforts de ces secteurs en affirmant le leadership fédéral en matière d'élaboration et de diffusion de l'information nécessaire sur laquelle fonder de saines décisions et des stratégies efficaces. Je peux vous assurer, madame la présidente, que ces défis suscitent un sentiment réel d'optimisme et de détermination. Je suis persuadée que l'énergie et l'enthousiasme que j'ai vus se manifester lors du Sommet national sauraient enrichir les activités de votre comité, pour autant que vous décidiez de prendre en main ce travail important.
Pour nous, il est important que toutes les initiatives qui ont été représentées et envisagées lors du Sommet national soient prises en compte. Cependant, permettez-moi de vous dire qu'en matière d'innovation, et plus particulièrement, du rôle que les Canadiens peuvent jouer individuellement pour faire de notre pays une nation novatrice, il est urgent d'agir. Il est clair que l'idée que ce sont des Canadiens qui seront à l'origine de ces innovations, qui appliqueront ces innovations et qui suggéreront à d'autres pays l'existence de toutes ces possibilités grâce aux technologies et aux talents canadiens, plaît à tout le monde.
Pour nous, la priorité des priorités est de nous assurer que dans notre travail sur l'innovation, nous assignons une priorité significative à la valeur de nos citoyens et au rôle que les Canadiens eux-mêmes jouent dans le succès de notre nation, qu'il s'agisse de notre cohésion sociale ou de nos capacités économiques. En fait, c'est la différence au niveau de l'approche qui est reconnue dans le contexte de ce travail, fruit de quelque 20 années de réflexion.
Certains disent que nous en parlons depuis longtemps et se demandent qu'est-ce qu'il y a de différent aujourd'hui. Franchement, je crois que c'est la reconnaissance du rôle que les particuliers, les citoyens, jouent pour garantir que le Canada soit une nation novatrice. Je ne doute pas un instant que les travaux et les conseils de votre comité seront d'une valeur extraordinaire non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour tous les partenaires qui doivent participer à cette stratégie nationale.
Un des grands points forts de ce Sommet national a été de créer l'occasion de réunir des partenaires qui jusqu'à présent n'avaient pas réellement cimenté leurs relations. Votre comité, lui aussi, peut participer à cet effort car pour nous c'est une priorité nationale. C'est essentiel pour notre avenir, qu'il s 'agisse, comme je l'ai dit, de cohésion sociale ou de prouesse économique.
Sur ce, madame la présidente, je suis à votre disposition ainsi qu'à celle des membres de votre comité pour répondre à vos questions.
 (1220)
La présidente: Bien.
Pratiquement tout le monde a levé la main pour poser des questions. Nous sommes dix. Il nous reste à peine 40 minutes. Si je veux donner une chance au maximum, il va falloir limiter les questions et les réponses à un maximum de cinq minutes. Je serai très ferme tant avec les membres du comité qu'avec la ministre. Il va falloir aller très vite.
Monsieur Spencer, votre temps commence maintenant.
M. Larry Spencer (Regina—Lumsden—Lake Centre, Alliance canadienne): Merci, et merci de surveiller la ministre pour que ses réponses ne soient pas trop longues.
Merci de votre exposé. Je suis certain que nous sommes tous fiers de savoir que notre pays accorde une telle valeur et une telle importance à l'innovation et à l'éducation. Nous savons que c'est la voie de l'avenir.
Ma première question sera probablement très brève. Étant donné que le gouvernement veut de toute évidence imposer de toute force l'adoption du Protocole de Kyoto cette année, est-ce la manière de répondre du gouvernement au rapport des manufacturiers et exportateurs canadiens, entre autres, qui prédit la disparition de 450 000 emplois? Est-ce que c'est sa réponse ou cela n'a-t-il rien à voir?
Mme Jane Stewart: En vérité, monsieur Spencer, c'est une excellente question.
Tout d'abord, je commencerais pas rejeter votre introduction. Je ne crois pas que nous fassions adopter de force quoi que ce soit. En fait, nous prenons un intense plaisir à écouter votre collègue M. Mills qui discourt en ce moment à la Chambre.
Ceci dit, permettez-moi de vous dire que le Sommet lui-même nous a permis de lier d'autres grosses priorités du gouvernement à cette grosse priorité du gouvernement. Il y avait des représentants de nos conseils sectoriels du développement économique environnemental. Nous avons établi des liens entre le changement climatique, la santé et d'autres grosses questions prioritaires et les priorités tout particulièrement en matière d'innovation et d'apprentissage.
Cela nous a donné l'occasion unique de proposer de nouvelles formes d'emploi dans le domaine de l'environnement directement liées au changement climatique mais pas seulement. Présumer aujourd'hui des pertes importantes d'emplois en ignorant l'énorme potentiel de création de nouveaux emplois serait une erreur.
Votre question est donc une bonne question. Il est tout à fait clair que tout cela est lié. Nous croyons que si le Canada ratifie le protocole de Kyoto et s'attaque au problème des gaz à effet de serre, grâce à notre esprit d'innovation, nous découvrirons de nouvelles formes d'emploi qui en fait créeront de nouveaux moteurs économiques pour le pays que nous pourrons exporter aux quatre coins du monde.
M. Larry Spencer: Malheureusement, madame la présidente, il est inévitable que le gouvernement, par la simple règle du nombre, soit accusé d'imposer de force la ratification de ce protocole. Ne le prenez donc pas trop durement.
Mme Jane Stewart: Bien sûr, monsieur Spencer.
M. Larry Spencer: Vous nous avez demandé de vous aider. Nous pourrions peut-être commencer aujourd'hui parce que certains de nos programmes actuels souffrent de problèmes systémiques qui ont une incidence sur l'apprentissage et sur la participation tout particulièrement du secteur privé. Par exemple, vous avez mentionné le Forum de l'apprentissage et toutes ces initiatives visant à faciliter l'apprentissage.
Pour vous donner un exemple très personnel, ma belle-fille vit à Vancouver et suit un cours prémédical. Elle a fait une demande de prêt au début du premier semestre de cette année. La demande a été approuvée. Elle attend toujours. Il ne reste plus qu'une semaine avant la fin du semestre, et aux dernières nouvelles elle devrait toucher son chèque d'ici trois semaines. Cela fait trois mois qu'on lui dit qu'elle le touchera dans trois semaines. Ce n'est vraiment pas facile pour les étudiants de faire des études. Où en sommes-nous au niveau du règlement de ce problème pour qu'enfin les étudiants aient de quoi survivre quand ils ont commencé leurs cours?
 (1225)
Mme Jane Stewart: La question de l'accès à l'éducation postsecondaire est excellente et on en a beaucoup parlé lors du Sommet. Certaines des recommandations qui ont été faites pourraient nous aider à renforcer et à consolider le programme de prêts aux étudiants. Je crois qu'à l'origine de certaines de ces recommandations que beaucoup d'entre vous ont faites on trouve l'ACAE, une des principales organisations estudiantines. Nous examinons actuellement le programme de prêts aux étudiants pour voir comment le moderniser.
Il y a aussi la table qui réunit les membres du Conseil des ministres de l'Éducation et qui se penche tout particulièrement sur la question de l'accès à ces prêts et aux outils qui en permettent l'accès. Comme vous le savez, les provinces offrent des subventions et des prêts tout comme le gouvernement du Canada. Nous faisons des progrès sur le plan de la coordination. Dans certaines provinces, comme la Saskatchewan et l'Ontario, nous sommes passés à la méthode du «prêt unique» pour faciliter la procédure.
Je vous rappellerais également que le gouvernement du Canada a réassumé la responsabilité de la gestion des prêts aux étudiants, laquelle jusqu'à présent était assumée par les banques. Je crois, monsieur Spencer, que cela devrait nous permettre de travailler de manière plus directe avec les étudiants bénéficiaires de prêts et de mieux les aider à comprendre les modalités de ces prêts et comment en tirer les avantages maximum.
Il y a toute une combinaison de choses que nous pouvons faire pour améliorer de façon constante ce programme très important, soit le programme de prêts aux étudiants qui sert 350 000 Canadiens par an sans oublier non plus d'ailleurs un certain nombre d'investissements supplémentaires par le biais de la Fondation des bourses du millénaire et d'un certain nombre d'autres choses dont nous pourrions peut-être discuter dans le contexte d'autres questions.
La présidente: Merci, madame le ministre.
Madame St-Jacques.
[Français]
Mme Diane St-Jacques: Soyez la bienvenue. On est très heureux de vous recevoir ce matin.
Permettez-moi de vous dire que je suis très heureuse de voir que le gouvernement se préoccupe du perfectionnement des compétences et d'innovation et surtout de voir, comme vous le dites dans votre rapport, que les représentants de tous les milieux ont l'intention de collaborer. Je pense que c'est important pour qu'on puisse connaître les réels besoins qui existent sur le terrain.
Dans votre rapport, vous avez parlé de l'Institut canadien de l'apprentissage. J'aimerais que vous élaboriez à ce sujet.
Mme Jane Stewart: J'espère que cet institut sera très important pour les Canadiens et les Canadiennes.
[Traduction]
Pendant notre série annuelle de tables rondes, nous avons noté avec intérêt que très souvent les Canadiens reconnaissent que nous consacrons des milliards de dollars à l'éducation et à l'apprentissage chaque année mais que nous n'avons pas vraiment le moyen de mesurer le succès de ces investissements. Qu'est-ce qui marche le mieux pour les Canadiens? Qu'est-ce qui ne marche pas? Quelles sont les meilleures techniques d'apprentissage adaptées aux circonstances personnelles?
De plusieurs horizons nous est arrivée la recommandation de faire évaluer le succès de nos investissements par une instance indépendante, un adjudicateur indépendant. Et il ne s'agit pas uniquement des investissements du gouvernement du Canada. Les provinces elles aussi ont demandé à avoir une meilleure idée des résultats de leurs investissements.
Madame St-Jacques, ce que nous aimerions pouvoir faire, c'est répondre aux parents qui nous interrogent sur les résultats des initiatives de leurs enfants qu'ils soutiennent. Selon l'OCDE, au Canada, nous informons insuffisamment les employeurs sur les avantages que représente l'investissement dans leurs employés. Il faudrait créer des banques de renseignements et de données. Les établissements scolaires eux aussi aimeraient une évaluation indépendante de leur travail pour améliorer les programmes actuels et en créer de nouveaux.
Il faut demander aux différents intervenants du cycle de l'apprentissage quels sont leurs problèmes, quelles informations leur sont nécessaires, et l'institut peut préparer et recueillir ce genre de données en s'adressant à des sources comme Statistique Canada. Bien entendu, Statistique Canada n'a pas pour mandat d'analyser ces données pour en déterminer les résultats. C'est la raison de la création de cet Institut canadien de l'apprentissage.
Il est indubitable que la création de cet institut a été très positivement reçue par les participants au Sommet. Je peux également vous dire qu'au cours de l'année de discussions avec les Canadiens, c'est une idée qui est souvent revenue comme addition importante à notre infrastructure d'apprentissage.
 (1230)
[Français]
Mme Diane St-Jacques: Est-ce qu'ils vont faire des rapports réguliers au secteur manufacturier, à celui de l'éducation ou au gouvernement, ou s'il faudra attendre longtemps avant qu'on puisse en voir les retombées?
[Traduction]
Mme Jane Stewart: Nous travaillerons avec les provinces et les territoires pour définir certaines des stratégies désirées. Pour le moment, je dirais qu'il y aura probablement des rapports annuels dans les domaines identifiés par l'institut au début de l'année. Il recueillera des données et sera en mesure de donner des réponses aux différentes parties intéressées.
J'imagine qu'il y aura un conseil d'administration ou un conseil extensif chargé de préparer des plans de travail comportant des rapports sur des sujets d'intérêt pour les Canadiens publiés sur une base annuelle. Nous voulons voir si nous pourrons avoir une incidence sur le nombre de jeunes qui choisissent la carrière des métiers spécialisés et déterminer quels outils il nous faudra pour obtenir de meilleurs résultats. C'est l'institut qui aura la responsabilité de préparer ces plans d'action et de publier les rapports annuels.
La présidente: Merci.
Madame Tremblay.
[Français]
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Neigette-et-la Mitis, BQ): Merci, madame la présidente.
Bonjour, madame la ministre. Je suis contente de vous rencontrer, mais je trouve dommage qu'on ait si peu de temps à notre disposition pour parler d'un sujet aussi important. Il y a beaucoup d'inconnus dans cette présentation que vous nous faites ce matin, et j'imagine que le comité pourra en apprendre davantage avec le temps.
Tout d'abord, je voudrais déplorer le fait que le comité n'a pas du tout été associé à toute la consultation que vous avez faite un peu partout au Canada, ainsi que le fait qu'on n'a pas été invités assez longtemps à l'avance au sommet que vous avez tenu à Toronto pour organiser nos programmes de travail en conséquence. On l'a appris à la toute dernière minute, et il s'est avéré que c'était une rencontre extrêmement importante pour la suite des choses.
J'ai passé 35 ans de ma vie dans le domaine de l'éducation à essayer de donner un cours sur les méthodes d'apprentissage à nos futurs enseignants et pour leur apprendre que, s'ils avaient 30 élèves devant eux, ils avaient 30 manières différentes d'apprendre, parce qu'il n'y a pas deux personnes qui apprennent de la même façon. Bien sûr, étant donné que nos écoles ne sont pas capables de s'adapter au système d'apprentissage des jeunes, l'école finit par diplômer quelque 30 p. 100 d'analphabètes, ce qui nous cause un énorme problème.
Je rencontrais récemment un industriel de chez nous qui me disait que son gros problème était qu'il avait besoin de changer de machinerie, mais que ses gens n'étaient pas capables de lire et de comprendre les directives. Dans beaucoup de milieux de travail, il y a des problèmes réels du côté de l'apprentissage. Les jeunes ne feront pas tous une carrière dans le même domaine; ils devront constamment se recycler avec l'évolution des choses. Quand on parle de l'input possible du comité, je me demande quel est le véritable souci de votre gouvernement quant à l'autoroute de l'information, d'autant plus qu'on sait que la rencontre que vous avez tenue s'appelait le Sommet sur l'innovation.
J'habite une région qui s'appelle le Bas-du-Fleuve. Il y a l'Internet à haute vitesse dans la ville de Rimouski, point à la ligne. Dans mon petit village du Bic, juste à côté, c'est inaccessible et, comme c'est inaccessible, le siège social d'une compagnie d'assurance qu'il y avait là a dû déménager à Rimouski parce qu'il ne pouvait plus faire des affaires sans l'accès à l'Internet à haute vitesse. À mon avis, c'est urgent. Il faut arrêter de parler de l'autoroute à haute vitesse et la faire, cette autoroute. Quel est le plan du gouvernement à cet égard?
Mme Jane Stewart: Madame Tremblay, vous avez soulevé des points très importants.
Premièrement, votre question sur l'Internet à haute vitesse est très bonne.
[Traduction]
Lors du Sommet, la question a été soulevée et on a dit que c'était une priorité sur laquelle le pays devait se pencher et, on l'espère, dans laquelle on devait investir, car il s'agit de reconnaître les besoins et les possibilités dans les régions rurales et plus éloignées de notre grand pays, et de déterminer les différents besoins dans les centres urbains. Vous pourrez donc constater à la lecture du rapport qu'on s'entend particulièrement là-dessus.
Vous avez par ailleurs fait allusion à l'alphabétisation ou à l'analphabétisme. Pour moi, il s'agit vraiment d'une question fondamentale lorsque nous parlons de l'importance des Canadiens en ce qui a trait à nos capacités d'innovation. En effet, c'est pour cette raison que j'ai laissé entendre dans mes observations liminaires que le comité pourrait nous aider, aider le pays, à réellement examiner cette question dans le contexte du plan que vous avez élaboré.
Comment peut-il être possible qu'un pays comme le Canada compte 8 millions de Canadiens qui n'ont pas le niveau d'alphabétisme nécessaire pour pleinement participer dans la nouvelle économie? Comme vous le signalez, les petits employeurs savent qu'ils doivent améliorer leur main-d'oeuvre, mais ils ne savent pas trop comment s'y prendre. Quel rapport le gouvernement du Canada devrait-il avoir avec eux, ou quel rôle devrait-il jouer pour les aider? Nous avons des suggestions, et nous pouvons parcourir le pays pour voir les régions où nous avons des rapports individuels à cet égard, mais il serait extrêmement utile que le comité entende le témoignage des groupes d'intervenants et de simples Canadiens sur la façon dont nous devrions les aider et dont d'autres partenaires devraient les aider également.
Je vous remercie d'avoir soulevé la question, et je serais d'accord avec vous pour dire que c'est une question sur laquelle nous devons nous pencher immédiatement.
 (1235)
[Français]
Mme Suzanne Tremblay: J'aimerais poser une toute petite question. Vous avez parlé dès le début de créer un institut en consultation avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. Avez-vous déjà commencé à parler de cette idée de créer votre institut au Conseil des ministres de l'Éducation, ou si c'est encore à faire?
[Traduction]
La présidente: Vous avez trente secondes, madame le ministre.
Mme Jane Stewart: Nous prévoyons faire cela très bientôt, avec les fonctionnaires du CME, non pas avec les ministres. Je peux vous dire que certains ministres nous ont laissé entendre que cet organisme leur serait très utile.
La présidente: Merci.
M. Bellemare, suivi de M. Godin.
[Français]
M. Eugène Bellemare (Ottawa—Orléans, Lib.): Merci, madame la présidente.
Je vais faire allusion à un commentaire que Mme Tremblay a fait. Mme Tremblay et moi avons quelque chose en commun. Nous avons été tous les deux éducateurs. Pour ma part, j'ai été administrateur à l'éducation permanente pendant plusieurs années.
Elle a parlé de l'autoroute de l'information. Elle aurait probablement mieux fait de poser cette question au ministre de l'Industrie, étant donné que ce dernier, il y a quatre ou cinq ans, nous avait affirmé qu'il était sur le point de terminer le branchement de toutes les bibliothèques et de toutes les écoles du Canada, y compris dans le Nord canadien, ainsi que des centres d'emploi, pour n'en nommer que quelques-uns. Donc, la question de Mme Tremblay est intéressante. Est-ce qu'il y a eu lacune dans son comté à elle? Je suis conscient que nous sommes complètement branchés au Canada, mais s'il y a des lacunes, le ministre de l'Industrie devrait s'en occuper.
On sait aussi, madame la ministre, que les gens veulent de plus en plus se lancer dans la haute technologie. Ils veulent tous devenir des médecins, des professionnels, des avocats et ainsi de suite. Dans les quotidiens du pays, on dit qu'on commence à avoir grandement besoin de gens de métiers. Je me demande ce que le gouvernement fédéral peut faire de plus que le provincial pour améliorer la situation que nous avons au Canada. Nous avons de moins en moins de gens dans les corps de métier, ce qui, j'en suis sûr, affecte négativement nos manufactures, nos industries.
[Traduction]
Mme Jane Stewart: Monsieur Bellemare, nous sommes fort préoccupés par le fait que, même si nous savons que l'âge moyen des gens de métier augmente—pour certains corps de métier, l'âge moyen est le début de la cinquantaine—il y a de moins en moins d'apprentis et de possibilités de faire son apprentissage au Canada. Malgré le fait que nous sachions qu'il y a des débouchés, que ces emplois sont bien rémunérés et qu'il est possible pour les gens de métier de se lancer en affaires, nous n'avons pas réussi à encourager les parents canadiens ou les jeunes à reconnaître que les métiers manuels ou col bleu devraient être une carrière de choix.
Pour ce qui est du gouvernement du Canada, une chose que nous nous sentons immédiatement à l'aise de faire, consiste à travailler avec deux partenaires très bien connus. Il s'agit d'une part du Forum canadien sur l'apprentissage, qui est un forum auquel participent les provinces, les syndicats et d'autres experts parmi les gens de métier. D'autre part, il y a Compétences Canada, et bon nombre d'entre vous savez sans doute qu'il s'agit de l'organisation qui encourage les jeunes à participer à des compétitions dans différents métiers au niveau local, régional et national. Les gagnants peuvent ensuite participer à une compétition internationale. Mme Folco s'est rendue à Séoul aux Olympiades internationales de la formation professionnelle et technique.
Nous avons affecté 12 millions de dollars au Forum canadien d'apprentissage et à Compétences Canada pour concevoir et mettre en oeuvre une stratégie visant à encourager les jeunes à envisager d'apprendre un métier. Un rapport a été préparé qui, je pense, nous sera utile à cet égard.
De la même façon, je pense que le gouvernement du Canada peut jouer un rôle utile pour ce qui est de fournir davantage d'informations. Nous savons qu'il y a des endroits au Canada où les collectivités ont créé ensemble des sites Web et des réseaux d'information pour aider ceux qui s'intéressent aux métiers. Ces personnes peuvent obtenir de l'information sur les endroits où ils pourraient aller faire des apprentissages dans le secteur privé et au sujet des exigences des différents métiers. Ces sites expliquent bien le processus c'est-à-dire comment devenir ouvrier ou faire un apprentissage.
Vous saurez que dans le contexte du régime de l'assurance-emploi, nous avons apporté des changements qui répondent directement aux demandes de ceux qui sont en apprentissage, c'est-à-dire qu'ils ne sont plus visés par une période d'attente de deux semaines avant de recevoir des prestations d'assurance-emploi chaque fois qu'ils vont en salle de classe. Ils n'ont qu'une seule période d'attente de deux semaines, car on reconnaît qu'il s'agit ici d'un particulier au lieu des aspects individuels de leur formation.
Il y a donc différentes choses que le gouvernement du Canada peut faire pour aider les Canadiens qui s'intéressent aux métiers et, nous l'espérons, accroître l'intérêt des Canadiens pour les métiers, car nous dépendons de nos artisans et de nos artisanes pour aider à construire le pays. Il s'agit donc d'un domaine dans lequel nous estimons avoir un rôle à jouer.
 (1240)
La présidente: Vous n'avez dépassé le temps qui vous était alloué que de 18 secondes.
Monsieur Godin.
[Français]
M. Yvon Godin (Acadie—Bathurst, NPD): Merci, madame la présidente. J'espère que j'aurai autant de temps pour poser mes questions que la ministre en a pris pour répondre aux autres questions. Cinq minutes, ce n'est pas beaucoup parce que c'est un sujet vraiment important.
Normalement, ce n'est pas moi qui félicite la ministre, mais je peux vous dire, madame la ministre, que la Stratégie emploi jeunesse en est une que j'appuie parce qu'elle donne à nos jeunes la possibilité d'acquérir de l'expérience. Je favorise beaucoup cette stratégie qu'on peut toujours améliorer.
D'autre part, j'aimerais savoir si le ministère est prêt à ouvrir davantage la porte à des personnes qui veulent faire l'apprentissage de la profession d'infirmière, par exemple. On a des problèmes dans le secteur de la santé, mais les personnes qui veulent suivre un cours d'infirmière ne sont pas reconnues aux fins de l'assurance-emploi.
Vous disiez tout à l'heure que vous aviez enlevé les deux semaines d'attente pour les gens de métier à une exception près. Pourquoi ne pas enlever celle-là aussi? Aller à l'école n'est pas un abus. Je trouve que la situation actuelle est terrible. Prenons l'exemple d'une personne qui travaille en foresterie et qui voudrait suivre un cours de mécanique. Quand vient le temps de suivre ses cours au collège communautaire, elle perd deux semaines de paie et toute sa famille en souffre.
J'aimerais qu'on supprime les deux semaines d'attente dans ces cas, même les premières de toutes, parce qu'il ne s'agit pas de quelqu'un qui quitte son travail, mais de quelqu'un qui veut s'améliorer. Je trouve, madame la ministre, que cela va à l'encontre de ce qu'on veut faire.
Ma troisième question concerne l'alphabétisation. Selon l'entente qui a été conclue entre le fédéral et la province du Nouveau-Brunswick dans le cadre de la phase 2 de l'assurance-emploi, les gens qui suivaient des cours d'alphabétisation et ceux qui faisaient une septième ou une neuvième année scolaire pouvaient prendre des cours et recevoir en même temps de l'assurance-emploi, mais la province en a décidé autrement: il faut maintenant suivre des cours de la neuvième à la douzième année. Ce n'est pas comme ça qu'on va encourager nos adultes à suivre des cours. Je trouve que c'est terrible. Cela va à l'encontre de ce que vous avez dit tout à l'heure, madame la ministre.
Également, dans le cadre de la phase 2 de l'assurance-emploi, c'est la province qui décide qui peut suivre des cours et avoir droit aux prestations, et il n'y a pas moyen de faire appel quand on n'est pas d'accord sur la décision.
Je vous ai posé beaucoup de questions et je sais qu'on a seulement cinq minutes, ce qui est regrettable, mais ce sont des points que je voudrais éclaircir avec vous, madame la ministre, et avec notre gouvernement.
 (1245)
[Traduction]
Mme Jane Stewart: Tout d'abord, il s'agit d'une initiative très importante. Si le comité décide de vraiment étudier la question, je serais ravie de revenir à n'importe quel moment, à votre demande, car c'est vraiment une priorité pour nous.
Pour ce qui est des infirmières, monsieur Godin, vous serez intéressé de savoir que nous avons un rapport sectoriel avec les infirmières qui sont en train d'examiner leurs besoins en ressources humaines dans le contexte des modèles de services médicaux actuels et prévus. À l'heure actuelle, les organisations d'infirmières disposent de plus de un million de dollars et je crois que nous devrions obtenir d'excellents résultats de leurs délibérations. Par ailleurs, nous leur demandons de travailler avec les médecins, avec qui nous avons également une relation sectorielle. Il s'agit donc là d'un rôle que le gouvernement du Canada peut jouer pour aider à déterminer les besoins en ressources humaines dans des professions très importantes au Canada.
Pour ce qui est de l'assurance emploi, la période d'attente de deux semaines sera maintenue, car cela reflète le principe d'assurance de l'assurance-emploi. Nous devons tous donner quelque chose. Lorsque nous avons examiné les différentes possibilités et options concernant la question de l'apprentissage en ce qui a trait à la période d'attente de deux semaines, je peux vous dire que les syndicats et tous les intervenants étaient vraiment très heureux des mesures que nous avons prises dans le dernier budget.
Enfin, en ce qui a trait à l'alphabétisation et aux rapports entre les provinces et le gouvernement du Canada, c'est un domaine surtout dans... Vous avez donné l'exemple du Nouveau-Brunswick où il faut suivre des cours de la neuvième à la douzième année plutôt que de la septième à la neuvième année. C'est le genre de choses que le comité voudra examiner pour voir les différentes approches que prennent les provinces. Vous pourriez ensuite recommander les meilleures méthodes à suivre. Il serait particulièrement utile de le faire.
M. Yvon Godin: Et le processus d'appel?
Mme Jane Stewart: Pour l'assurance-emploi?
M. Yvon Godin: Non. Les provinces reçoivent des fonds du gouvernement fédéral pour les ressources humaines et elles décident qui peut aller étudier, mais aucun processus d'appel n'est prévu lorsque les gens voient leurs demandes refusées. Cela dépend de la façon dont la personne qui prend la décision se réveille le matin, il n'y a pas de processus d'appel. Il n'y a pas de critères.
Mme Jane Stewart: C'est peut-être le genre de choses que vous aimeriez examiner. Naturellement, si ce sont des questions qui relèvent de la compétence provinciale, vous devez alors le reconnaître.
La présidente: Merci.
Madame Folco.
[Français]
Mme Raymonde Folco (Laval-Ouest, Lib.): Merci, madame la présidente.
Je voudrais aussi vous souhaiter la bienvenue, madame la ministre.
Plusieurs questions ont été posées sur les métiers. Je voudrais parler des professions. Je m'intéresse particulièrement aux professions de la santé, en particulier à la profession de médecin. Ayant lu les journaux et en ayant parlé à plusieurs députés et à vous-même, je sais qu'il se trame quelque chose afin que les médecins diplômés à l'étranger, qu'il s'agisse de Canadiens diplômés à l'étranger ou d'étrangers qui immigrent ici, au Canada, qui, traditionnellement, ne pouvaient pas pratiquer ici faute d'avoir des diplômes canadiens et aussi parce que les ordres professionnels ne leur permettaient pas de pratiquer, vont avoir la possibilité très bientôt--ou l'ont peut-être même déjà--de se recycler et donc de pratiquer ici. Il me semble que c'est une chose extrêmement importante compte tenu de la crise que nous vivons ici, au Canada, dans le domaine de la santé. Je pense en particulier à la pénurie de médecins. Je me demande donc ce qui se trame dans votre ministère. Je sais que d'autres ministères sont impliqués, notamment ceux de l'Industrie et de l'Immigration. J'aimerais que vous nous parliez aussi de la relation avec les provinces et les ordres professionnels.
[Traduction]
Mme Jane Stewart: La question de la reconnaissance des diplômes étrangers a été soulevée à plusieurs reprises lors du Sommet. Nous avons des exemples de Canadiens qui ont des compétences et une formation mais qui ne peuvent pas les utiliser et qui sont en train de suivre des cours de formation ici au Canada, pour les raisons dont vous avez parlées, madame Folco. C'est un gaspillage de cerveaux, comme l'un de nos collègues l'a dit.
Dans bon nombre de professions au Canada, nous commençons à comprendre l'importance de reconnaître les compétences étrangères. Environ 60 p. 100 des nouveaux immigrants qui arrivent au Canada ont fait des études post-secondaires et 43 p. 100 d'entre eux veulent travailler dans des professions réglementées—les professions de la santé, l'ingénierie, et autres professions; 17 p. 100 sont par exemple diplômés en ingénierie.
Puisque vous parlez des professions de la santé, je peux vous dire que nous faisons des progrès avec les ingénieurs. Nous travaillons avec le Conseil canadien des ingénieurs qui a déterminé que c'était leur plus gros défi. Avec une aide du gouvernement du Canada, le Conseil tente de faire en sorte que les conseils provinciaux se penchent sur la question de la reconnaissance des diplômes étrangers pour les ingénieurs. Nous prévoyons qu'il sera possible de transposer ce modèle à d'autres professions, et dans le cadre de notre rapport sectoriel avec les médecins, les infirmières et sans doute cinq autres professions de la santé, nous les encourageons à examiner les critères relatifs aux diplômes étrangers.
Nous travaillons donc sur deux plans. Pour ce qui est de la mobilité de la main-d'oeuvre au pays, nous avons fait des progrès importants avec les provinces et les territoires à cet égard lors du forum des ministres du marché du travail. Ce forum se penchera également sur la reconnaissance des diplômes étrangers. Une autre priorité pour nous consiste à travailler avec les associations qui réglementent les professions et, je crois que c'est également de plus en plus une priorité pour les provinces et les territoires.
 (1250)
[Français]
Mme Raymonde Folco: Est-ce qu'il me reste du temps, madame la présidente?
[Traduction]
La présidente: Vous avez 30 secondes pour votre question et 30 secondes pour la réponse.
Mme Raymonde Folco: Ce n'est pas une question, c'est en fait une observation. Je voulais dire que dans ma circonscription de Laval Ouest, il y a une semaine et demie, nous avons eu une exposition très intéressante.
[Français]
sur les métiers qui a été montée par une des commissions scolaires de l'île. On a vu le genre de publicité qu'une commission scolaire pouvait faire pour inciter les jeunes et les moins jeunes à s'inscrire à des cours de métiers en éducation permanente. Cela avait été fait en collaboration avec le bureau local de Laval de Développement des ressources humaines Canada. Cela s'est avéré un très beau succès. Cela se fait non seulement sur la scène internationale, mais aussi sur la scène locale.
[Traduction]
La présidente: Merci.
M. Doyle, suivi de M. Tonks.
M. Norman Doyle (St. John's-Est, PC): Merci, madame la présidente.
Bienvenue, madame le ministre. J'ai une question concernant la disponibilité de fonds de formation et les problèmes liés au fait que l'on déplace les fonds pour la formation d'une région de la province à l'autre. Je suis sûr que vous êtes au courant de ce problème.
Dans ma province, les grands centres urbains reçoivent toutes les demandes individuelles de formation. Le problème souvent, c'est que les bureaux satellites manquent d'argent très rapidement étant donné le très grand nombre de demandes qu'ils reçoivent. Cependant, dans des régions rurales, où le nombre de demandes est moins élevé, les fonctionnaires de DRHC me disent constamment qu'ils trouvent difficile d'envoyer l'argent d'une région où il y a moins de demandes à une région où la demande est élevée. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Êtes-vous au courant du problème? C'est vraiment un problème dans ma province et ce, depuis bon nombre d'années. Comment pourrait-on s'y prendre pour que ces divers bureaux puissent obtenir de l'information d'Ottawa?
Mme Jane Stewart: En fait, il est difficile pour moi de faire des observations à ce sujet étant donné que je n'ai pas suffisamment de détails, si on parle de l'EDMT , l'entente sur le développement du marché du travail, qui est cogérée—ou d'autres programmes. Cependant, si vous voulez venir me voir pour en discuter, monsieur Doyle, je serais ravie de faire cela avec vous.
M. Norman Doyle: J'aimerais vraiment le faire, car c'est un problème qui dure depuis de nombreuses années. Il s'agit des demandes provenant de personnes qui veulent aller dans une école de métier et avoir accès à des fonds de DRHC. Les fonctionnaires du ministère me disent souvent qu'ils n'ont plus d'argent dans la région de St. John's, par exemple, mais que la région de Gander—Grand Falls par exemple en a encore beaucoup. Les fonds ne sont pas utilisés dans cette région, mais il n'est pas possible de les transférer d'une région de la province à une autre.
Mme Jane Stewart: Ça ressemble à des fonds destinés à l'amélioration des compétences, qui pourrait relever de l'Entente sur le développement du marché du travail. S'il y a lieu de mettre cela un peu plus au point, je me ferai un plaisir de m'en occuper.
M. Norman Doyle: Oui, car c'est un véritable problème. Peut-être que si j'en discutais avec vous en tête-à-tête, nous réussirions à le résoudre.
Mme Jane Stewart: Avec plaisir.
La présidente: Je vous remercie.
Monsieur Tonks et M. Goldring.
 (1255)
M. Alan Tonks: Merci.
Madame le ministre, j'ai eu l'occasion d'assister à l'un des comités préparatoires concernant la stratégie en matière de formation et de compétences. Un consensus s'est dégagé des discussions des divers groupes, comme quoi il fallait trouver un modèle intégré semblable aux conseils sectoriels à l'intention de ceux qui s'occupent d'apprentissage, d'alphabétisation et de prestation de services de soutien aux enfants de façon globale, afin que les gens puissent acquérir la formation et les compétences nécessaires.
Si l'on s'est entendu sur la nécessité d'un modèle intégré, c'est bien parce qu'un modèle unique ne peut convenir à toutes les régions, si l'on tient compte par exemple des problèmes propres aux travailleurs saisonniers, ou des difficultés causées par les licenciements dans diverses industries.
Troisièmement un consensus s'est dégagé quant à l'urgence d'agir—c'est bien ainsi qu'ils l'ont exprimé—parce qu'il est nécessaire d'avoir en place un modèle communautaire intégré pour que les affectations budgétaires, d'élaboration des programmes et tout le reste, puissent se produire.
Pouvez-vous me dire en quoi consistera l'Institut canadien d'apprentissage? Est-ce qu'il traduira notre sentiment que ces modèles vont être communautaires et intégrés? Est-ce qu'il obtiendra de l'information à des fins d'analyse? J'entends par là des données recueillies par des travailleurs sur le terrain, dans la rue ou dans les collectivités, et qui savent quels sont les problèmes . Il pourrait en échange obtenir des crédits affectés à des programmes pour soutenir les initiatives communautaires.
Mme Jane Stewart: Vous posez une question extrêmement intéressante.
Pour ce qui est des bases de données portant sur l'apprentissage, j'ai mentionné celles de Statistique Canada, mais il y en a d'autres. Quoi qu'il en soit, nous avons vraiment de la difficulté à tenir compte des expériences liées aux interventions communautaires, au travail qui se fait sur le terrain. Nous ne disposons d'aucun moyen de communiquer cette information pour la diffuser davantage à des fins de comparaison et de pratiques exemplaires, pour savoir les mécanismes qui ont donné des résultats dans une collectivité donnée.
Dans toute cette initiative, les collectivités interviendraient certainement, car, monsieur Tonks, lors du Sommet, on a aussi mis en lumière le besoin de constituer des communautés d'apprentissage, où l'on connaît les ressources existantes, tant humaines que techniques comme les écoles, les infrastructures et les réseaux. C' est de plus en plus une question d'orientation sur la façon d'encourager l'apprentissage permanent, ou les programmes d'alphabétisation à la bibliothèque, les programmes d'enseignement postsecondaire, ou le rôle que peut jouer un collège communautaire pour diversifier l'économie et aborder les questions de commercialisation. Sur tous ces sujets, nous manquons de bonnes données. Nous ne disposons pas des moyens nous permettant de suivre, d'évaluer et de juger ce qui fonctionne bien.
Donc, votre argument en faveur d'approches communautaires en vue d'un apprentissage permanent et des mécanismes et services offerts, dont les particuliers ont besoin pour apprendre leur vie durant et s'épanouir,est un excellent argument et j'imagine qu'il s'insérerait dans le contexte de la collecte et de l'analyse des données, puis les recommandations.
M. Alan Tonks: Je vous remercie.
[Français]
Le vice-président (M. Eugène Bellemare): Le prochain intervenant sera monsieur Goldring.
[Traduction]
M. Peter Goldring (Edmonton-Centre-Est, Alliance canadienne): Madame la ministre, à mon avis, dans une certaine mesure, le manque de logements abordables et de mises en chantier est en partie causé par l'absence d'ouvriers du bâtiment. C'est peut-être même l'une des entraves les plus graves à la concurrence dans les métiers du bâtiment.
Si on remonte aux années 50 et 60, dans la ville de Toronto, par exemple, où l'on construisait des centaines de tours d'habitation, tout le monde sait que les ouvriers du bâtiment parlaient italien. Est-ce que le plan actuel vise à encourager l'immigration d'un plus grand nombre d'ouvriers du bâtiment pour combler ces effectifs?
La dépense de 12 millions de dollars qu'on veut affecter à la publicité afin de recruter davantage de gens de métier est une bonne initiative, mais combien de temps cela va-t-il durer? Le problème est vraiment systémique, et il dure depuis nombre d'années, depuis l'époque où l'on a découragé les gens d'entrer dans les métiers. Pouvez-vous me dire combien de temps cette initiative va durer et aussi ce qu'on fera pour la faire connaître davantage?
· (1300)
Mme Jane Stewart: Votre analyse est intéressante, monsieur Goldring.
D'abord, notre grande priorité, à l'époque et maintenant, c'est de faire en sorte que les Canadiens aient accès aux outils et à l'information dont ils ont besoin pour participer activement à la vie sociale et économique du Canada. Nous tenons à ce qu'il y ait du monde pour faire le travail dans notre pays. Il faut absolument que nous nous tournions vers nos jeunes et que nos programmes et données sur le marché du travail les atteignent, afin qu'ils se renseignent et qu'ils sachent où ils peuvent travailler. Or, nous savons que cela inclut aussi les métiers spécialisés.
Cela dit, le Canada a toujours été pays d'immigration. Cela fait longtemps que nous avons créé une tradition d'accueil envers ceux qui ont quitté leur pays pour venir s'établir ici. Dans le cadre de notre stratégie générale d'innovation et d'apprentissage, le ministre de l'Immigration a donc lui aussi un rôle important à jouer. Ainsi par exemple, nous tenons à ce que notre programme destiné aux travailleurs étrangers temporaires, dispose des technologies et des facilités administratives nécessaires pour faire entrer les gens rapidement, quand nous en avons besoin, et nous aide à passer à autre chose au fur et à mesure que l'économie évolue.
Maintenant, au sujet de ceux qui veulent venir au Canada, nous devons mieux les renseigner à l'étranger, c'est-à-dire les munir des renseignements dont ils auront besoin au sujet de leurs compétences et de la demande de notre économie, au sujet du marché du travail et aussi de la formation qu'ils peuvent commencer à acquérir dès avant leur arrivée. Cela leur permettra de s'intégrer d'autant plus rapidement à l'économie canadienne une fois dans notre pays. C'est en quoi consiste le volet immigration de la stratégie, et nous le gardons constamment à l'esprit lorsque nous concevons de nouveaux éléments.
M. Peter Goldring: Malgré cela, le système des points en vigueur en matière d'immigration semble vraiment accorder une pondération beaucoup plus favorable à la formation scolaire et aux connaissances linguistiques. Nous semblons avoir oublié notre histoire, à savoir et je le répète que, dans l'industrie du bâtiment, dans les années 60 et 70, on parlait italien. Quelle possibilité ces ouvriers ont-ils d'immigrer au Canada, en vertu des normes actuelles?
Je ne veux pas qu'on s'imagine que l'immigration est nécessairement la panacée à nos problèmes dans l'industrie du bâtiment. Ce n'est pas du tout ce que je pense. Nous devrions certainement commencer par nous adresser aux citoyens canadiens afin de les encourager à se lancer dans les métiers du bâtiment. Toutefois, il faut conjuguer cela à un effort du côté de l'immigration qui demeure un élément très important, à mon avis. Qu'en pensez-vous?
Mme Jane Stewart: Monsieur Goldring, il vous fera plaisir d'apprendre que lorsque nous élaborions la nouvelle Loi sur l'immigration, certains députés de ce côté-ci ont fait beaucoup d'instances auprès du ministre afin qu'on maintienne notre tradition d'accueil à l'endroit des ouvriers qualifiés pour qu'ils puissent immigrer au Canada sans problème. D'ailleurs, si vous vous reportez à la loi, vous y remarquerez des modifications tenant compte de cela.
En outre, nous avons créé un conseil sectoriel des corps de métier du bâtiment. L'entente a été longue à venir, mais les parties, c'est-à-dire les employeurs et les syndicats, ont fini par s'entendre. Elles sont d'ailleurs en train de préparer leurs documents et leurs stratégies de planification en matière de ressources humaines, et l'initiative me paraît très positive, car elle nous aidera à faire face à notre pénurie d'ouvriers qualifiés dans certains corps de métier.
Le vice-président (M. Eugène Bellemare): Merci beaucoup, monsieur Goldring.
[Français]
Je donne maintenant la parole à monsieur Simard.
[Traduction]
M. Raymond Simard (Saint-Boniface, Lib.): Merci, monsieur le président. Je me rends compte que le temps file, je serai donc très bref.
Madame le ministre, l'alphabétisation m'intéresse tout particulièrement. Dans ma région, il existe un organisme appelé Pluri-elles, qui s'occupait naguère d'alphabétisation des femmes. Cependant, le groupe s'est ouvert aux hommes aussi bien qu'aux femmes. Je vous dirai simplement que la réaction du public a été extraordinaire, à tel point qu'il a fallu envoyer des personnes ressources dans 20 ou 30 agglomérations du Manitoba.
Compte tenu de tous les partenaires avec lesquels nous devons négocier et discuter, ici je songe aux syndicats, aux établissements d'enseignement et aux entreprises, je crains que nous ne soyons pas en mesure de répondre assez vite à la demande. Le Canada est-il capable de répondre assez rapidement à ce qui me paraît être une demande assez importante en matière d'alphabétisation?
· (1305)
Mme Jane Stewart: Monsieur Simard, l'une de nos difficultés, c'est de disposer de l'information qui nous orientera dans la bonne voie. Cela ne fait aucun doute.
Ici, j'aimerais saluer le Secrétariat national à l'alphabétisation, car il a accordé des fonds de démarrage destinés à des projets pilotes partout au pays, et il a appuyé des organismes d'alphabétisation importants comme ABC Canada et d'autres. Cela dit, il faut quand même que nous comprenions mieux ce qui donne de bons résultats. Il faut aussi que nous ayons une meilleure idée des effets de l'alphabétisation familiale et en milieu de travail.
À propos de l'alphabétisation en milieu de travail, j'aimerais revenir à ce que disait Mme Tremblay, à propos de la différence entre les petits et les grands employeurs. Ainsi qu'elle le disait, les petits employeurs sont tout à fait capables de faire bénéficier leurs effectifs d'une formation de base, qui pourrait leur être offerte dans le cadre de nos projets.
Encore une fois, monsieur le président, c'est pourquoi je vous ai dit que j'accueillerai tout à fait favorablement les efforts et les conseils du comité sur cette question. C'est fondamental, je le répète car nous évoluons dans un monde différent. Ceux et celles qui ont réussi à suivre le courant dans la société canadienne et le milieu de travail malgré leur faible alphabétisation ne le pourront plus dans une économie fondée sur le savoir. Nous risquons ici de créer deux sociétés séparées par une frontière numérique, ce qui risque de compromettre notre intégrité sociale ainsi que nos capacités économiques.
Par conséquent, je vous le répète, chers collègues, si votre comité décidait de se consacrer à cette question, je vous serais certainement très reconnaissante de votre travail et de vos conseils.
M. Raymond Simard: Je vous remercie.
[Français]
Le vice-président (M. Eugène Bellemare): Monsieur Simard, je vous remercie beaucoup. Je remercie aussi Mme Biggs, la sous-ministre adjointe, d'être venue aider la ministre. Le sujet était extrêmement important et intéressant.
[Traduction]
Vous avez été très directe et intéressante et vous nous avez très bien renseignés, si bien que d'autres membres voudront certainement continuer à vous poser des questions sur le sujet.
Madame le ministre, vous avez offert de revenir témoigner devant nous lorsque nous aborderons l'alphabétisation des adultes et l'apprentissage de compétences essentielles. Nous aimerions certes vous accueillir ici de nouveau. Je suis sûr que chacun de nos membres aura de très bonnes questions à vous poser, et que vos réponses seront extrêmement intéressantes et étoffées.
[Français]
Madame la ministre, merci beaucoup.
La séance est levée.