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Bonjour tout le monde. Je suis très honoré d'être ici aujourd'hui pour représenter l'Université de Toronto à titre de vice-doyen à la recherche et aux études supérieures de OISE, l'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario, qui est la Faculté d'éducation de l'Université de Toronto.
Je vais utiliser les six minutes qui me sont allouées pour faire un survol de ce que fait l'Université de Toronto en matière de promotion du français et du bilinguisme. Vous savez comme moi que l'Université de Toronto est essentiellement un établissement de langue anglaise, et souvent les actions menées à l'Université de Toronto en faveur du français sont méconnues. Je vais vous offrir ce survol afin de vous montrer tout ce que l'Université de Toronto accomplit.
L'Université de Toronto a une histoire et un mandat particuliers. Elle existe depuis bientôt 200 ans, mais depuis 1853, l'université offre des cours de français ainsi que des cours de littérature française. Elle a donc commencé à le faire 14 ans avant la Confédération et 12 ans après l'union du Bas-Canada et du Haut-Canada.
L'université possède d'imposantes collections d'ouvrages dans ses bibliothèques de langue française, et plusieurs instituts, centres de recherche qui font progresser la connaissance sur les questions concernant la langue française et la francophonie.
En termes de démographie, comme c'est le cas pour la plupart des universités canadiennes, la grande majorité des étudiants de l'Université de Toronto proviennent de la région immédiate: 82 p. 100 des étudiants sont de l 'Ontario; 1,2 p. 100, du Québec; et 9 p. 100, de pays étrangers. Cette situation est typique des universités canadiennes en général. Nous avons 72 000 étudiants, dont 25 000 ont pour langue maternelle une langue autre que le français ou l'anglais. Je pourrais aujourd'hui vous parler de tout ce que l'Université de Toronto fait en faveur de l'anglais, langue officielle, mais je vais me concentrer sur ce qu'elle fait en ce qui concerne le français. Il y a donc 25 000 étudiants qui ont une langue maternelle autre que le français ou l'anglais et 613 étudiants qui ont le français pour langue maternelle, ce qui représente à peu près 1 p. 100 de notre population.
Toutefois, nous avons un plus grand nombre d'étudiants francophones, car les données dont on dispose ne nous permettent pas d'évaluer qui se considère comme francophone. On a seulement les données provenant d'étudiants qui font une demande d'admission et qui disent que le français est leur langue maternelle. On sait et vous savez aussi que, souvent, ce genre de statistiques n'est pas tout à fait clair. Trois cent sept étudiants proviennent des pays membres de la francophonie, soit 4 p. 100 de nos 8 000 étudiants étrangers.
Dans une étude que je mène présentement avec la professeure Sylvie Lamoureux de l'Université d'Ottawa, on a examiné les données du Centre de demandes d'admission aux universités de l'Ontario afin de savoir, au cours des années 1998 à 2006 soit durant une période de huit ans, à quelles universités ontariennes les francophones de l'Ontario se sont inscrits. On a découvert que sur 15 000 étudiants francophones — qui sont les étudiants qui terminent le secondaire dans des écoles de langue française ou encore les finissants dans des écoles de langue anglaise, mais qui se disent de langue maternelle française —, la moitié d'entre eux sont allés à l'Université d'Ottawa et 15 p. 100 sont allés à l'Université Laurentienne de Sudbury. Au troisième rang, pour le plus grand nombre d'étudiants francophones inscrits, vient l'Université de Toronto avec 618 étudiants. Au cours de cette période de huit ans, les universités de Windsor et de Carleton arrivent suivantes, en termes d'inscriptions, et le collège bilingue Glendon, de l'Université York, à Toronto, vient assez loin derrière avec 212 étudiants, donc le tiers du nombre d'étudiants que nous avons accueillis.
Nous offrons des programmes universitaires de langue française. Les étudiants de premier cycle à l'Université de Toronto ont la possibilité de choisir une majeure en français. Nous avons actuellement 321 étudiants qui ont opté pour une majeure en études françaises. Ceux-ci se spécialisent en langues, littérature, culture, civilisation, économie, etc. Nous avons également plusieurs étudiants qui suivent des cours de français, mais qui ne sont pas inclus dans ce groupe d'étudiants qui se spécialisent vraiment en langue française. Le département offre plusieurs cours sur l'histoire, la culture et la littérature du Québec dans le cadre de cette majeure en langue française. De plus, on a 13 étudiants à l'étape de la maîtrise et 73 étudiants à l'étape du doctorat en études françaises à l'Université de Toronto.
Vous voyez qu'on produit beaucoup de sources de connaissances et de futurs chercheurs qui seront des spécialistes du français plus tard.
La connaissance du français ne constitue pas une exigence pour l'admission à nos programmes, sauf pour les étudiants qui font une majeure en français. Ils doivent avoir une connaissance adéquate de la langue pour pouvoir faire ces études.
De plus, plusieurs programmes de maîtrise et de doctorat de la Faculté des arts et des sciences demandent une connaissance du français lorsque la thèse de maîtrise ou de doctorat exige des étudiants qu'ils travaillent sur des questions francophones au Canada. Dans ce cas, les étudiants doivent avoir une connaissance du français.
L'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario, d'où je viens, forme chaque année 1 300 étudiants en enseignement, tous de futurs enseignants. Nous offrons une cohorte de français pour les futurs enseignants de français langue seconde, d'immersion ou de français de base.
Au cours des trois dernières années, nous avons formé 173 futurs enseignants de français langue seconde. Une étude de l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario a démontré récemment que 70 p. 100 des finissants qui suivent un programme de formation en enseignement du français, que ce soit pour la langue seconde ou la langue maternelle, trouvent un emploi permanent dès la première année suivant la fin de leurs études, comparativement à 25 p. 00 seulement chez les finissants de programmes en langue anglaise. Il y a un taux d'obtention d'emplois permanents beaucoup plus élevé si on termine en français. Chez nous, cette règle s'applique également à nos étudiants, ils trouvent très facilement du travail dès la première année.
L'institut offre aussi des programmes de maîtrise et de doctorat. Au cours des 10 dernières années, près de 435 étudiants ont suivi des cours en français à l'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario ou ont fait des recherches et des thèses portant sur des questions francophones. Les thèses sont parfois écrites en anglais, et parfois en français. En tout, un très grand nombre de thèses et de mémoires ont été rédigés sur le français ou la francophonie en éducation.
On offre aussi des cours de qualifications additionnelles pour les enseignants en fonction qui doivent retourner à l'université pour se spécialiser. L'institut offre 100 différents cours de qualifications additionnelles et 7 de ces cours s'adressent aux enseignants de français langue seconde. Ils attirent environ 240 enseignants chaque année.
Enfin, l'Université de Toronto a aussi une école d'éducation permanente, qui offre des cours de français langue seconde pour adultes. Cette année, nous avions 12 cours différents avec 44 sections, et plus de 600 étudiants étaient inscrits à nos cours de français langue seconde pour adultes.
Permettez-moi de dire quelques mots sur la recherche. L'Université de Toronto est la première université au Canada dans le domaine de la recherche financée par des fonds externes chaque année. Nous avons plusieurs centres de recherche qui portent, soit directement sur le français ou la francophonie, soit sur d'autres sujets, mais avec une composante francophone.
Je donnerai quatre exemples seulement. Le Centre d'études de la France et du monde francophone, créé par l'ambassade de France et la Faculté des arts et des sciences en 2007, a pour but de fédérer tout ce qui se fait à l'Université de Toronto en termes d'enseignement et de recherche en français sur des questions francophones, ainsi que de promouvoir des échanges d'étudiants et de maintenir des ponts avec les communautés francophones en Ontario et dans le reste du Canada.
Le deuxième centre de recherche important est le Centre Joseph-Sablé dont les recherches portent sur le XIXe siècle en France et qui compte des archives qui n'existent nulle part ailleurs, comme les archives Émile Zola qui proviennent de la famille Zola. Les gens viennent de partout au monde travailler chez nous sur ces archives. C'est un centre qui comporte énormément de documents sur le XIXe siècle en France, c'est un lieu important.
L'Institut d'études pédagogiques de l'Ontario compte deux centres de recherche en éducation qui vous intéressent sûrement. Le premier, le Centre des langues vivantes, ou Modern Language Centre, existe depuis plus de 30 ans. On y fait des recherches sur l'enseignement des langues secondes. La recherche sur le français comme langue seconde a toujours été une composante très importante de ce centre.
En menant des recherches et en démontrant que l'immersion est un programme qui fonctionne bien, c'est le centre qui a vraiment popularisé l'idée de l'immersion au Canada au cours des 30 dernières années.
Le Centre de recherches en éducation franco-ontarienne porte sur des questions de minorité linguistique, les minorités francophones en Ontario et partout au Canada. J'ai eu le plaisir d'être le directeur de ce centre de recherches pendant 10 ans. C'est un centre qui est très actif et qui bénéficie de plusieurs subventions de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Il a beaucoup de succès à cet égard.
L'Université de Toronto a conclu des partenariats de recherche. Le plus important chez les francophones est celui avec l'Université Laval pour la rédaction du Dictionnaire biographique du Canada. C'est une ressource entièrement bilingue, en ligne et accessible gratuitement, qui offre des données biographiques sur les Canadiens importants décédés entre l'an 1000 et l'an 1930. Ce partenariat existe depuis 50 ans et a également été financé par les fonds de recherche fédéraux attribués au cours des années.
On a encore beaucoup de partenariats de recherche. Par exemple, au cours des 10 dernières années, environ 200 chercheurs de l'Université de Toronto ont collaboré à des projets de recherche menés par des universitaires québécois dans des universités francophones et se sont associés à ces équipes de recherche dirigées par des chercheurs du Québec.
L'Université de Toronto a un programme d'échange avec l'Université Laval. Chaque année, un de nos étudiants peut étudier à l'Université Laval grâce à des bourses d'études complètes pour une année.
On a également conclu des accords avec six universités de France et plusieurs accords d'échange d'étudiants avec plusieurs autres universités francophones. L'an dernier, une quarantaine d'étudiants de l'Université de Toronto ont étudié dans des universités francophones dans le monde.
Cette année, 265 étudiants de l'Université de Toronto ont participé à des échanges internationaux, pendant que l'université accueillait 377 étudiants étrangers de 33 pays différents. La France a été le pays le plus choisi par nos étudiants: une quarantaine d'étudiants sont allés dans ce pays. Ces échanges ont également permis d'accueillir une quarantaine d'étudiants de la France. C'est le quatrième contingent d'un pays étranger à venir à Toronto.
Avant de terminer, je vais dire quelques mots sur la bibliothèque de l'Université de Toronto, qui est la plus grande au Canada et la quatrième en importance en Amérique du Nord après Harvard, Barclay et Columbia. Sur un fonds de 13 à 14 millions d'ouvrages, 472 000 sont en français. Chaque année, la bibliothèque achète plus de 4 000 volumes en français édités dans des pays francophones étrangers et plus de 1 000 volumes publiés en français au Canada. Généralement, on essaie d'acheter tout ce qui existe de façon à ce que nos étudiants et nos chercheurs y aient accès.
La bibliothèque comprend également deux collections reliées à des centres de recherche que j'ai déjà mentionnés: celle du Centre des langues vivantes comporte environ 4 000 ouvrages sur l'enseignement et l'apprentissage des langues secondes, et celle du Centre de recherches en éducation franco-ontarienne, qui possède plus de 1 000 ouvrages sur des questions de langue minoritaire et de francophonie au Canada.
Pour conclure, l'Université de Toronto est véritablement un environnement académique, intellectuel et scientifique de calibre international. Elle offre beaucoup de possibilités aux étudiants, à la société en général et au monde universitaire en langue française, afin de développer des connaissances et de les acquérir.
Nous pensons que nos efforts de promotion du français et du bilinguisme dans le contexte dans lequel nous évoluons — je rappelle que la grande majorité de nos étudiants parlent une langue autre que le français et l'anglais — pourraient bénéficier d'un soutien financier accru du gouvernement fédéral, principalement au moyen de bourses d'études destinées à nos étudiants au niveau de la maîtrise et du doctorat qui veulent se spécialiser dans différents domaines, incluant le français. On espère aussi voir augmenter le financement destiné à la recherche en sciences humaines et sociales. Ce sera pour nous un moyen d'aider nos chercheurs à continuer de mener des recherches et d'en faire bénéficier la société en général, incluant les gens qui s'intéressent à la langue française.
On espère aussi que les ententes fédérales-provinciales sur les langues officielles seront maintenues et renforcées, car nos centres de recherche en bénéficient, notamment le Centre de recherches en éducation franco-ontarienne, qui obtient des subventions du gouvernement fédéral. C'est essentiel pour le maintien de ses activités.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
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Monsieur le président du comité permanent, mesdames et messieurs les députés, mesdames et messieurs, je vous remercie de cette occasion que l'on m'offre pour donner la vision de mon université en ce qui concerne le soutien du gouvernement fédéral aux universités dans la promotion du bilinguisme au Canada.
Après une brève présentation de mon université, j'évoquerai d'abord le financement fédéral qu'elle reçoit et les programmes d'enseignement offerts, puis j'aborderai quelques initiatives pour le développement des communautés en situation minoritaire et l'apprentissage de la langue seconde. Enfin, j'inviterai le gouvernement fédéral à soutenir des projets susceptibles de favoriser justement le taux de réussite des actions de renforcement du bilinguisme de la fonction publique fédérale.
L'UQO est un établissement universitaire francophone qui forme près de 5 500 étudiants en leur offrant près de 100 options d'études aux premier, deuxième et troisième cycles, et ce, dans des domaines aussi divers que les sciences administratives, les sciences infirmières, les sciences comptables, l'informatique et le génie informatique, les relations industrielles, les sciences sociales et le travail social, la psychoéducation et la psychologie, les arts et le patrimoine, ainsi que les études langagières. Notre université abrite également le Centre de recherche en technologies langagières, le CRTL, créé en 2003 et inauguré au printemps 2006, en partenariat avec le Bureau de la traduction et le Conseil national de recherches du Canada.
Le financement de source fédérale en appui aux activités du CRTL s'est décliné comme suit au cours des années passées: 9,2 millions de dollars de Développement économique Canada pour les régions du Québec à l'UQO pour la construction de l'édifice du CRTL, qui abrite également le Département d'études langagières; 2 millions de dollars par an au Conseil national de recherches du Canada, l'un des trois partenaires du CRTL; environ 450 000 $, de 2004 à 2006 afin de compléter la carte routière technologique de l'industrie canadienne de la langue et sa diffusion; et, enfin, environ 100 000 $ de Patrimoine canadien obtenus en 2008-2009 pour un projet dans le domaine des archives religieuses.
Ces différents soutiens ont été d'une importance capitale aux yeux de l'UQO et du CRTL étant donné le rôle central que ce centre de recherche entend jouer dans l'industrie de la langue et, surtout, dans le développement de la grappe industrielle de la région de la capitale nationale.
Rappelons ici que, selon Industrie Canada:
Dans son ensemble, l’industrie de la langue au Canada représentait un PIB de 2,7 milliards $ en 2004. Exprimé en terme réel ou en dollars de 1997, cela équivaut à 2,3 milliards $, soit 0,2 p. cent de l’économie canadienne. Environ 51 700 emplois auraient été attribuables à l’industrie de la langue en 2004. Finalement, les gouvernements fédéral et régionaux auraient profité d’un apport net dans leurs coffres respectifs de 764,9 millions $ et de 215,3 millions $.
Il faut rappeler aussi que l'UQO est un établissement francophone situé dans une province francophone, le Québec, ce qui l'exclut de tout financement provincial pour le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Pourtant, la situation géographique de l'UQO, en zone frontalière avec l'Ontario, une province majoritairement anglophone, lui confère un statut particulier empreint de contradictions et qui ne lui vaut néanmoins aucun financement public supplémentaire. Or, bien que l'Université d'Ottawa se définisse comme une université bilingue avec « des objectifs très précis » comme la promotion du bilinguisme et le développement des communautés francophones en milieu minoritaire — donc, en Ontario —, force pourtant est de constater qu'elle dessert prioritairement les mêmes populations francophones que l'UQO, à savoir le bassin de près d'un million de francophones de la région de l'Outaouais québécois et de l'Est ontarien, dont une forte majorité sont québécois. Pourtant, à la différence de son homologue ontarienne, l'UQO ne reçoit ni financement provincial ni financement fédéral pour favoriser la rétention des étudiants francophones et le développement des communautés anglophones en situation minoritaire, parce qu'elle relève d'une province francophone.
Cela illustre précisément le statut « atypique de la région de l'Outaouais, notamment au regard de la proximité avec l'Ontario [et surtout de la mise en] présence de deux systèmes d'éducation différents [munis de deux modes de financement tout aussi différents] dont la capacité d'adaptation est mise à l'épreuve », comme le soulignait à juste titre Mme Nicole Boutin, présidente du Conseil supérieur de l'éducation, lors de sa récente visite dans la région le 13 novembre 2008.
Malgré le caractère francophone de l'UQO contenu dans sa politique linguistique adoptée récemment, il existe une volonté institutionnelle de développer des programmes bilingues et multilingues, à condition que le soutien des gouvernements provincial et fédéral rime avec les objectifs de développement de cette jeune université.
Nous offrons déjà des programmes de premier cycle en traduction et rédaction — de traduction de l'anglais vers le français — et un programme de deuxième cycle en enseignement de langues secondes — français, anglais et espagnol —, et nous préparons en ce moment un programme de maîtrise en études langagières et technologies, programme qui n'est pas encore au fait. En outre, le Département d'études langagières compte mettre sur pied une école de langues qui permettrait d'offrir une formation linguistique efficace aux anglophones qui veulent apprendre le français dans un contexte d'immersion.
La plupart des experts et des témoins qui m'ont précédée sont unanimes sur un fait: commencer l'apprentissage d'une langue seconde dès le primaire et le secondaire est une excellente stratégie. Cependant, les adultes peuvent également apprendre une langue seconde, à condition d'utiliser une pédagogie fort distincte de celle utilisée avec les enfants.
L'Association des universités et collèges du Canada, l'AUCC, estime que « les universités devraient travailler à accroître le bilinguisme au Canada en offrant dans leurs murs des occasions de développer la connaissance des deux langues ».
L'UQO propose des programmes d'immersion dans un contexte universitaire francophone pour les apprenants anglophones qui veulent apprendre le français comme langue seconde. La combinaison des cours, des activités extra-universitaires en français et de l'environnement francophone est un levier vivifiant de l'apprentissage de la langue seconde pour ces apprenants anglophones.
En outre, contrairement à certaines croyances encore répandues, l'environnement majoritairement anglophone des établissements dits bilingues n'est pas de nature à favoriser la maîtrise de la langue seconde, le français, par ces étudiants issus des programmes d'immersion au secondaire. La langue seconde s'acquiert plus rapidement et aisément dans un site d'immersion entièrement unilingue.
L'UQO estime que le gouvernement fédéral gagnerait à s'investir davantage dans le financement des établissements postsecondaires, s'il veut atteindre les principaux objectifs de la Loi sur les langues officielles, en veillant à ce que la relève à la fonction publique soit compétente et efficace dans les deux langues officielles au moins. Les représentants de l'Association des universités et collèges du Canada ont rappelé aussi que « les universités ont la tâche importante de promouvoir et de développer davantage la connaissance des deux langues dans la société canadienne ».
Mais comment atteindre cet objectif fort louable? Selon l'UQO on peut l'atteindre:
- en promouvant la recherche et l'industrie de la langue par son soutien financier au CRTL, le Centre de recherche en technologies langagières;
- en finançant la recherche sur les langues officielles et le bilinguisme, les langues et littératures du monde ainsi que sur la diversité culturelle, voire le multilinguisme. En effet, l'apprentissage de plusieurs langues, dont les langues officielles, est un enjeu primordial pour le Canada, qui est par ailleurs très fier de sa diversité culturelle;
- et enfin, en finançant les programmes d'immersion en français à l'UQO et dans les autres établissements universitaires offrant un environnement entièrement francophone, un cadre idéal pour l'apprentissage de la langue seconde, le français, par les fonctionnaires anglophones, au lieu de ces cours de français dispensés dans leurs bureaux à raison de quelques heures par semaine. Comment peuvent-ils assimiler cette langue seconde tout en demeurant quotidiennement dans un contexte majoritairement anglophone?
Les observations évoquées plus haut montrent clairement que le gouvernement fédéral n'obtiendra pas de résultats probants s'il continue d'investir dans des formules pédagogiques qui ne produisent aucun effet ni à court ni à long terme.
En conclusion, je dirais que l'UQO est certes une université unilingue francophone, mais elle offre d'énormes possibilités en matière d'apprentissage de la langue seconde, dans un contexte d'immersion totale qui contribuerait à réduire le taux de non-satisfaction des programmes actuels de francisation des fonctionnaires fédéraux anglophones pour respecter la Loi sur les langues officielles.
Étant donné que tous les experts s'accordent pour dire que la meilleure période pour l'apprentissage de plusieurs langues, c'est avant l'université, que les adultes peuvent apprendre une langue seconde mais avec une pédagogie adaptée, et qu'il y a urgence d'améliorer les niveaux de compétences linguistiques des fonctionnaires fédéraux actuels, nous estimons qu'investir dans une formation d'immersion pendant plusieurs semaines dans un contexte totalement francophone, comme à l'UQO, aiderait la fonction publique à résoudre le problème du bilinguisme à court et à moyen termes, tout en établissant des stratégies pour les générations futures.
Je vous remercie.
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Je dois vous interrompre parce que j'aimerais en venir à une chose.
Vous dites qu'un anglophone devrait apprendre le français dans un milieu francophone. Par contre, les francophones peuvent apprendre l'anglais sans être dans un milieu anglophone. N'êtes-vous pas d'accord avec moi?
J'aimerais aussi entendre M. Labrie. Si les francophones veulent pouvoir occuper un emploi à Ottawa, ils doivent apprendre l'anglais. Ils n'ont pas le choix, s'ils ne l'apprennent pas, ils ne trouveront pas d'emploi.
Le gouvernement pourrait adopter des politiques qui indiqueraient aux universités et aux écoles primaires que, pour travailler pour le gouvernement fédéral, il va falloir être bilingue, que le futur, c'est un pays bilingue, qu'il y a deux langues officielles dans notre pays et que pour avoir un emploi au sein du gouvernement, il va falloir parler les deux langues.
Je suis acadien et je viens de la région de Saint-Sauveur, au Nouveau-Brunswick. Je peux vous garantir que le taux d'anglais n'est que de 1 p. 100. Je parle de la communauté, des écoles et tout. Malgré cela, si je n'avais pas appris l'anglais, je n'aurais pas eu d'emploi. C'était facile, je n'avais pas besoin d'anglophones autour de moi pour l'apprendre, car si je ne l'apprenais pas, je n'avais pas d'emploi.
Pourquoi les gens même dans des régions francophones vont-ils apprendre l'anglais sinon parce qu'ils veulent avoir un emploi? Je pense que c'est trop facile. Excusez-moi, c'est trop facile pour les anglais de faire toutes leurs études et se trouver un emploi après.
M. Labrie, vous avez clairement dit que les anglophones ou les francophones qui étaient capables de parler français en sortant de l'université se trouvaient un emploi en moins d'un an parce qu'ils possédaient les deux langues officielles.
Par contre, c'est plus difficile pour celui qui n'a pas appris les deux langues. Le gouvernement n'a-t-il pas un rôle à jouer, celui de dire à nos institutions de formation ce qu'est notre pays?
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Merci, monsieur le président.
Je vais poser mes questions en anglais.
[Traduction]
J'aimerais adresser mes questions à M. Labrie concernant le rôle que peuvent jouer les universités canadiennes dans le renouvellement de la fonction publique du Canada.
Nous sommes le plus important employeur au pays: nous employons directement 263 000 personnes. Si l'on compte le ministère de la Défense nationale, les Forces canadiennes ainsi que les sociétés et les organismes d'État, ce nombre est probablement plus près de 400 000 ou de 450 000.
Nous sommes l'employeur le plus important et le plus présent à l'échelle nationale. Nous exploitons 1 600 points de service et bureaux au Canada. Nous sommes également l'employeur le plus présent à l'échelle internationale: nous exerçons nos activités dans 150 pays.
Nous sommes le plus important employeur au pays, mais aussi le plus diversifié sur les plans de la répartition géographique, des capacités et des responsabilités. En outre, nous faisons l'objet d'un renouvellement massif sans précédent au pays.
D'ici 2012, 25 p. 100 du personnel de la fonction publique deviendra admissible à la retraite. Nous embauchons actuellement de 10 000 à 12 000 Canadiens par année. L'âge moyen des cadres est de 50 ans. Autrement dit, au cours des 10 à 15 prochaines années, l'ensemble des cadres de la fonction publique devra être remplacé.
Nous faisons face à de sérieux défis. Le renouvellement prévu de la fonction publique sera le plus important de l'histoire du Canada. Nous devons donc embaucher les diplômés les plus qualifiés au pays, qui refléteront non seulement notre diversité, mais aussi notre dualité linguistique. Cependant, je ne crois pas que les universités canadiennes, encore moins les universités anglophones, forment les diplômés dont nous avons besoin.
D'une part, la diversité qui existe au sein du bassin de diplômés n'est pas assez grande pour nous permettre de satisfaire les exigences en matière de diversité. Selon les statistiques, le nombre de minorités visibles au sein de la fonction publique est depuis longtemps insuffisant. D'autre part, nous n'avons visiblement pas assez de diplômés bilingues, puisque nous devons consacrer une part considérable de nos ressources à l'enseignement de l'autre langue officielle aux nouveaux diplômés du pays. La plupart du temps, c'est le français.
J'estime que l'Université de Toronto, la plus grande et l'une des plus prééminentes en Amérique du Nord, a un rôle prépondérant à jouer pour nous aider à obtenir les fonctionnaires dont nous avons besoin pour relever les défis du XXIe siècle. Je vous dit tout ceci pour vous mettre en contexte.
Les tendances ne sont pas favorables pour ce qui est des diplômés des écoles secondaires canadiennes. Selon Statistique Canada, le pourcentage d'élèves bilingues de 15 à 19 ans est passé de 25 à 22 p. 100 en 10 ans, soit de 1996 à 2006.
J'ai quelques questions à vous poser. En premier lieu, est-ce que le gouvernement du Canada, le greffier du Conseil privé et les institutions fédérales travaillent avec l'Université de Toronto et d'autres universités canadiennes pour élaborer des stratégies qui nous permettront de mieux répondre aux besoins de la fonction publique en personnel bilingue?
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Monsieur Labrie, vous disiez être surpris d'apprendre que la fonction publique fédérale aura besoin très prochainement d'environ 12 000 personnes, peut-être plus.
Dans ma région, un édifice fédéral a été bâti il y a une trentaine d'années, à Bathurst. Tous les gens de la région qui ont été embauchés à cet endroit sont à l'âge de la retraite ou commencent à y penser.
Plus tôt, vous avez dit qu'on ne peut pas rendre obligatoire l'apprentissage d'une langue seconde, mais dans l'administration, si on sait à l'avance que des emplois seront disponibles, le gouvernement peut prendre les devants et déclarer que ce seront des emplois bilingues. Quand une personne suit un cours à l'université, elle doit obtenir un certain nombre de crédits, il y a certaines exigences. S'il y avait des crédits obligatoires pour l'apprentissage de la langue seconde, et que le gouvernement disait qu'il a besoin de gens bilingues, cela pourrait représenter un encouragement.
Mme Kassi disait tout à l'heure que les manuels pour les études en administration sont en anglais au Québec. Si quelqu'un n'a pas appris l'anglais et doit lire un livre en anglais pour suivre un programme français, cette personne n'a plus le choix. Parfois, il faut des éléments pour forcer les gens à se soumettre.
Vous dites que cela ne devrait pas être obligatoire mais, d'un autre côté, comment apprendre si tout est laissé au choix de l'individu, si on ne fait aucune promotion, si on ne fait rien, si on dit qu'on n'a quasiment pas besoin du bilinguisme? J'aimerais vous entendre au sujet des emplois à venir et j'aimerais aussi savoir quel message vous nous envoyez.
Vous avez parlé plus tôt de l'enseignement au primaire, mais pourriez-vous nous dire ce dont on aurait besoin pour former une personne bilingue au Canada? Où commence-t-on, où s'arrête-t-on, qu'est-ce qui doit être mis en place sans laisser simplement le libre choix? Quand on accepte le libre choix, ça donne les résultats que l'on connaît aujourd'hui. Le bilinguisme est à la baisse, les services sont absents même si on est dans un pays reconnu bilingue et que c'est la loi du pays.
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Merci de nous donner l'occasion de vous présenter nos programmes de formation en langue seconde et multilingues. Tout d'abord, permettez-moi de répondre à la question qui a été posée au sujet des fonds que nous recevons du gouvernement fédéral. Au cours du dernier exercice, l'Université de la Colombie-Britannique a reçu 215 millions de dollars, principalement pour la recherche. Cette somme représente environ 12 p. 100 du budget d'exploitation de l'université, qui est d'environ 1,8 milliard de dollars.
Nous offrons un certain nombre de programmes de formation linguistique visant l'une ou l'autre des langues officielles à l'intention des communautés minoritaires. J'imagine que personne ne sera surpris d'apprendre que bon nombre des communautés en situation minoritaire, sur la côte Ouest, et assurément à Vancouver, qui veulent suivre des cours de français ou d'anglais ont comme langue maternelle une langue asiatique. Nous offrons un grand nombre de programmes d'anglais langue seconde, que ce soit à notre campus dans le quartier est du centre-ville, un secteur très pauvre, ou à notre département d'éducation permanente. Notre université propose aux nouveaux immigrants des programmes parascolaires grâce auxquels des formateurs, qui sont membres de la même communauté immigrante, leur enseignent l'anglais.
Certains de nos étudiants suivent des cours magistraux de français langue seconde, non pas dans le but d'obtenir des crédits universitaires, mais dans le cadre de notre programme d'éducation permanente. Environ 1 000 étudiants par année apprennent le français grâce à ces programmes. Toujours dans le cadre de notre programme d'éducation permanente, nous offrons des cours intitulés « Le français au travail » aux gens qui ne maîtrisent pas particulièrement le français ni l'anglais, mais qui travaillent dans un milieu bilingue. Le centre de français, administré par le département, permet aux gens de se rassembler pour regarder des films et discuter en français ou réaliser des échanges culturels en français. Toutes ces activités parascolaires sont coordonnées par le département d'éducation permanente.
Notre principale ressource pour offrir une formation en langue française dans un contexte plus encadré est le département d'études françaises, hispaniques et italiennes de la faculté des arts. Environ 5 000 étudiants par année suivent ces programmes de formation au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat.
La faculté d'éducation cherche également à élaborer des programmes d'été de certificat en français, soit pour les diplômés qui vont entreprendre un autre programme, soit pour les enseignants qui sont en vacances et qui veulent apprendre le français pour pouvoir l'enseigner comme langue seconde dans les écoles. Nous avons également un programme d'échanges nommé « Go Global », auquel participent 13 universités francophones, dont quatre au Québec. Leurs étudiants peuvent apprendre l'anglais ici, et nos étudiants peuvent apprendre le français là-bas.
Parmi les améliorations que nous voulons apporter, la plus importante vise à intégrer l'apprentissage du français dans l'ensemble du programme d'études. Plutôt que de simplement donner des cours de français, nous voulons accroître le nombre de cours donnés en français parmi la vaste gamme de cours offerts à notre université. Nous sommes contents et quelque peu surpris du fait que des milliers d'étudiants de l'Université de la Colombie-Britannique soient bilingues et capables de suivre des cours en français. Nous estimons qu'une centaine de professeurs peuvent enseigner dans cette langue. Nous tentons de concevoir un programme en français, pour offrir plus que de simples cours de français. Ce programme conduira à un grade bilingue, par exemple en biologie, en droit ou en médecine, à mesure que nous développerons le programme.
J'aimerais revenir sur la discussion lancée avant mon intervention. Nous sommes tout aussi intéressés à former des étudiants bilingues pour qu'ils puissent travailler dans la fonction publique. Nous sommes parfaitement conscients de l'accroissement de la demande dans ce milieu, mais aussi chez nos étudiants. Au cours des prochaines années, nous prévoyons une augmentation de l'offre de formation en français pour répondre à cette demande; les cours universitaires sont passablement régis par la demande.
Cela dit, j'aimerais parler de l'ensemble de la population étudiante à l'Université de la Colombie-Britannique. Près de la moitié des étudiants est d'origine asiatique. Souvent, des étudiants doivent suivre un cours préparatoire d'anglais pour être en mesure de s'inscrire à des cours et à des programmes menant à l'obtention d'un grade. À cet égard, je dirais que les plus importants programmes de japonais et de mandarin sont offerts à l'Université de la Colombie-Britannique.
Pour conclure, monsieur le président, nous offrons également un programme intensif en langues autochtones. Cela permet de revenir aux sources, car bon nombre des langues riches du nord-ouest du Pacifique sont presque disparues. Dès qu'une langue est le moindrement utilisée et maîtrisée, nous tentons d'en faire l'objet d'une recherche, puis d'élaborer des programmes pour l'enseigner aux étudiants de ces communautés, pour qu'ils apprennent à parler leur langue autochtone.
Voilà mon allocution d'ouverture, monsieur le président. Je répondrai avec plaisir aux questions et aux commentaires.