:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux d'abord vous transmettre mes félicitations. C'est la première fois que je vous vois depuis les élections. Pour vous, ça peut sembler un peu lointain, mais je vous félicite quand même.
[Traduction]
C'est toujours un plaisir de comparaître devant vous.
[Français]
J'aimerais aussi remercier le président d'avoir présenté mon équipe, d'autant plus qu'elle a été renouvelée.
[Traduction]
Je tiens à souligner que je suis heureux d'avoir l'occasion de vous rencontrer en ce début de nouvelle session parlementaire et, bien sûr, je tiens à vous féliciter, tous et toutes, pour votre nouveau mandat. Votre comité, de même que celui du Sénat, constitue un lien essentiel entre mon bureau et le Parlement. Vos rapports et vos interventions contribuent grandement à l'avancement des droits linguistiques des Canadiens et des Canadiennes.
Je trouve inspirant le fait d'être ici, car 2009 marque le 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles. Le droit de s'exprimer en français ou en anglais au sein des institutions parlementaires est l'un des premiers droits linguistiques à avoir été garanti aux Canadiens et aux Canadiennes. Ce lieu m'apparaît donc idéal pour entreprendre une évaluation pondérée des succès, des défis et des possibilités qui s'offrent au Canada sur le plan des langues officielles 40 ans après l'adoption de la première loi.
[Français]
Des progrès considérables ont été accomplis en matière de langues officielles. Certains sont le fruit de l'énergie déployée par les groupes linguistiques eux-mêmes, en particulier au sein des communautés de langue officielle, de la population francophone du Québec et du mouvement pour l'apprentissage du français langue seconde. D'autres sont une conséquence directe de l'action des parlementaires. Finalement, certains changements sont attribuables aux jugements des tribunaux, en particulier à ceux de la Cour suprême du Canada. À cet égard, il est important de mentionner le jugement très important que la Cour suprême vient tout juste de rendre dans l'affaire CALDECH — ou Desrochers, pour l'appeler par son nom formel — pour laquelle j'étais co-appelant. Je me réjouis de ce jugement, car il représente une victoire pour les communautés de langue officielle. Cette affaire a permis de clarifier la portée des obligations linguistiques des institutions fédérales en matière de prestation de services bilingues.
Plus précisément, la Cour a jugé important d'établir clairement que l'égalité linguistique ne doit pas être examinée de façon étroite et que le gouvernement doit plutôt tenir compte de la nature du service en question et de ses objectifs, pour répondre aux besoins particuliers des communautés de langue officielle. Ainsi, un traitement identique ne sera pas toujours approprié pour atteindre l'égalité linguistique dans la prestation de services.
Parmi les avancées réalisées au cours des 40 dernières années, mentionnons, à titre d'exemple, les suivantes: l'augmentation de la capacité bilingue de la fonction publique toujours imparfaite; la vitalité remarquable des communautés de langue officielle que votre comité a étudiée de près; l'augmentation lente, mais constante, du nombre de canadiens bilingues tant parmi les francophones que parmi les anglophones. Ces progrès ont profité à l'ensemble du pays. Ils ont contribué non seulement à la prospérité de diverses façons, mais aussi au bien-être de ses citoyens.
Quels sont maintenant les défis les plus importants? La pleine application de la partie VII de la Loi sur les langues officielles continue d'être une priorité importante. Les bulletins de rendement de plusieurs institutions fédérales qui seront publiés à même mon rapport annuel, au mois de mai, y accorderont une place importante. Si certaines institutions fédérales ont pris des mesures positives pour favoriser le développement des communautés de langue officielle et pour promouvoir la dualité linguistique, d'autres en sont toujours à s'interroger sur leurs obligations. J'ai pris bonne note des efforts de Patrimoine canadien, qui a émis des lignes directrices pour l'application de la partie VII dans l'ensemble de la fonction publique.
Les institutions fédérales devront tenir compte de la partie VII dans l'exécution de leurs programmes, particulièrement dans l'application des volets de la Feuille de route pour la dualité linguistique annoncée au mois de juin dernier par le gouvernement. Évidemment, j'attends avec grande impatience que celui-ci fasse part à la population canadienne des détails des investissements annoncés et des initiatives qui en découleront. À mon avis, le silence du récent budget à ce sujet était une occasion manquée. Si le gouvernement croit véritablement que l'égalité linguistique est une valeur canadienne, celle-ci doit être plus visible dans ses actions. Les engagements qui ne sont pas clairement établis ou les délais dans leur mise en oeuvre donnent souvent lieu à un certain recul. C'est pourquoi le délai actuel m'inquiète. Pour les ministères et leurs partenaires communautaires, le prochain exercice financier débutera dans 34 jours. Il me semble que cela devrait inciter le gouvernement à se hâter.
[Traduction]
Je constate que plusieurs d'entre vous ont manifesté un intérêt à l'égard de la façon dont les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010, à Vancouver et Whistler, refléteront la dualité linguistique au Canada. Je partage cet intérêt. Cet événement d'envergure mondiale est une occasion unique de montrer au monde entier que la dualité linguistique constitue une valeur fondamentale du Canada. Il s'agit également d'une occasion pour célébrer la richesse culturelle de ses communautés francophones et anglophones.
Dans un rapport que j'ai rendu public le 2 décembre dernier à Vancouver, j'ai souligné que le Comité organisateur des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 témoignait d'un intérêt certain à l'égard du bilinguisme, mais que des efforts demeuraient nécessaires dans divers domaines. Une attention particulière doit être accordée aux communications avec le grand public, les médias et les athlètes, trois groupes qui joueront un rôle clé dans le succès des Jeux.
Mon rapport comporte 18 recommandations concernant tant l'interprétation simultanée que le recrutement de bénévoles bilingues, la signalisation, l'implication des commanditaires, le rôle du Secrétariat des Jeux et les ressources allouées à la Fonction des langues officielles de l'organisation. Le rapport a été bien accueilli par le COVAN, et nous surveillons les progrès réalisés.
L'un des aspects qui me semble très problématique est la traduction. En effet, le budget prévu m'apparaît tout à fait insuffisant compte tenu de la tâche à accomplir. Je crains que le COVAN n'attende trop longtemps avant d'apporter des correctifs.
Outre cette étude, nous avons entrepris une campagne de sensibilisation auprès des institutions fédérales dont la contribution est nécessaire au succès des Jeux. Il s'agit d'une vingtaine d'institutions travaillant, par exemple, dans les domaines de la sécurité, du transport ou des services directs au public. Il importe que ces dernières comprennent que les Canadiens et les étrangers qui se rendront aux Jeux s'attendront à traiter avec les autorités du Canada en français comme en anglais. L'expérience olympique canadienne commencera dès l'arrivée des visiteurs au pays, et non seulement sur le site des Jeux.
[Français]
Nous ciblons évidemment les installations aéroportuaires de Vancouver, mais également celles de Toronto. En effet, l'aéroport international Lester B. Pearson servira de porte d'entrée à près de la moitié des voyageurs étrangers qui se rendront à Vancouver. Nous communiquons régulièrement avec les administrateurs de cet aéroport depuis plusieurs mois déjà. Durant ce temps, j'ai pu constater que la prestation de services bilingues au cours d'une période d'achalandage exceptionnel représentera un défi de taille.
Air Canada devra aussi relever un défi semblable. Le rendement du transporteur sera évalué dans le cadre de son bulletin de rendement, qui sera inclus dans mon rapport annuel, comme le sera d'ailleurs le rendement de certains des grands aéroports canadiens.
Je profite de ma présence aujourd'hui pour rappeler que le gouvernement s'était engagé à déposer, au cours de la 38e législature du Parlement, un projet de loi ayant pour objet de maintenir les acquis linguistiques du public voyageur et des employés d'Air Canada. Trois projets de loi à cet effet ont été présentés depuis la restructuration d'Air Canada, en 2004, dont deux par le gouvernement actuel, mais tous sont morts au Feuilleton. La situation est critique, car la structure organisationnelle d'Air Canada continue d'évoluer. De plus, le passage du temps risque de rendre impossible l'engagement du gouvernement. Je demande donc à ce dernier de présenter un nouveau projet de loi dans les meilleurs délais afin de combler ce vide juridique.
Au cours des prochains mois, je prêterai attention également aux changements au sein de l'appareil fédéral. En effet, nous assistons actuellement au départ graduel d'une génération de fonctionnaires et à l'arrivée d'une nouvelle. Comme je vous l'ai déjà mentionné, j'estime que l'exercice de renouvellement de la fonction publique est une excellente occasion de renforcer la capacité bilingue des fonctionnaires et d'améliorer la prestation des services au public. Cependant, si le recrutement et la formation des nouveaux employés sont effectués sans tenir pleinement compte des besoins en matière de bilinguisme, la situation pourrait devenir source d'inquiétude.
Un changement important dans la gouvernance des langues officielles vient d'ailleurs tout juste de se produire. En effet, certaines des fonctions de l'Agence de la fonction publique seront désormais assumées par le Conseil du Trésor. On ne connaît pas encore la place que tiendra à l'avenir le dossier des langues officielles dans cette organisation. J'espère toutefois que nous verrons des changements qui viseront à améliorer le rendement du gouvernement fédéral à l'égard de ses obligations linguistiques, ainsi qu'un leadership plus ferme de la part du Conseil du Trésor dans ce domaine.
[Traduction]
J'aimerais maintenant parler brièvement des Forces canadiennes dans le contexte de l'égalité linguistique. D'abord parce que nos échanges à ce sujet ont toujours été soutenus et constructifs, mais aussi pour vous faire savoir que la vérification de l'ensemble de la formation offerte par les forces avance à grand pas. Mon personnel s'est rendu dans de nombreux lieux de formation au cours des derniers mois. Vous devriez recevoir un rapport de ma part au cours de la prochaine année.
On m'a informé, le mois dernier, que les familles de plusieurs soldats francophones de la base d'Edmonton s'étaient plaintes du peu de services offerts en français par le centre d'aide aux familles. Mon représentant dans cette région étudie ce problème depuis quelque temps. J'ai également demandé à mon personnel de faire des démarches à ce sujet auprès des bases militaires de l'Alberta et de la communauté franco-albertaine. Nos soldats qui sont à l'étranger pour de longues périodes ne devraient pas avoir à se demander si les membres de leur famille ont accès aux services de soutien auxquels ils ont droit dans leur langue. Selon moi, cette situation peut avoir des répercussions opérationnelles sérieuses et j'entends suivre le dossier de près.
En conclusion, je ne vous cacherai pas ma crainte de voir les gouvernements réduire, en cette période de difficultés économiques, les investissements dans les programmes appuyant le développement des communautés de langue officielle et l'enseignement des langues. C'est ce qui s'est produit au milieu des années 1990, et les reculs provoqués par cette décision ont, à ce jour, à peine été rattrapés.
Dans un contexte de commerce mondial, la dualité linguistique est un atout important qu'il nous faut préserver. Le gouvernement fédéral a des responsabilités très importantes dans le domaine des langues officielles. Les reculs se sont toujours produits durant des périodes où le leadership à Ottawa était chancelant; les progrès, quant à eux, ont été le fruit d'un leadership fort. En cette période d'incertitude économique, il est particulièrement important de garder une main ferme sur le gouvernail et de ne pas compromettre les gains des 40 dernières années.
Il va de soi que nous veillons à ce que les fonds publics utilisés par le commissariat soient gérés avec rigueur. À tire d'exemple, le nouveau Comité de vérification interne du commissariat dont je vous ai parlé lors de notre dernière rencontre a déjà apporté des contributions appréciables à la bonne gestion de notre organisation. À notre demande, le Bureau du vérificateur général continue de vérifier annuellement nos états financiers et il nous a communiqué une opinion sans réserve pour une cinquième année consécutive. Cette marque d'excellence est une source de grande fierté pour l'ensemble des gestionnaires et des cadres du commissariat. Nous entendons poursuivre dans cette voie.
Nos démarches auprès des diverses institutions fédérales assujetties à la Loi sur les langues officielles font l'objet des mêmes soucis d'efficacité et d'atteinte de résultats. Au cours des derniers mois, nous avons mis en place de nouvelles façons de faire pour traiter les plaintes des citoyens, mais également pour agir de façon proactive dans le but de prévenir ou de corriger des situations qui pourraient susciter des plaintes.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
Il nous fera plaisir de répondre à vos questions et d'accueillir vos commentaires.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le commissaire. Je remercie également les membres de votre équipe.
Monsieur le commissaire, de mémoire, vous vous êtes déjà intéressé à certaines situations au sein de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, la porte d'entrée dans les aéroports. Je dois vous dire que c'est extrêmement frustrant pour un francophone d'entrer dans un aéroport canadien désigné bilingue, en ce qui a trait à la sécurité.
À un certain moment, on doit se poser la question à savoir si les gens nous prennent au sérieux — les parlementaires et le gouvernement — lorsqu'on leur dit que la loi doit être appliquée. C'est bien beau de placer un avis comme quoi le service est offert en français et en anglais — on peut aussi placer une plaquette de plastique, du style de celle que je vous présente, où c'est écrit « bilingue » au-dessus de l'appareil servant à faire la vérification —, mais si on n'applique pas cette politique... Je considère que c'est tout simplement de la nonchalance de la part de l'organisme que de ne pas faire respecter cette règle. On devrait tout simplement enlever l'avis et, au moins, on ne s'attendrait pas à recevoir un service dans notre langue.
J'ai deux exemples à vous donner d'expériences que j'ai vécues dans deux aéroports que je vais vous nommer: l'Aéroport International d'Ottawa et l'Aéroport de Winnipeg. À Ottawa, on m'a demandé ma boarding pass. D'accord, je suis du Nouveau-Brunswick et je sais ce qu'est une boarding pass et je suis capable de parler anglais. Toutefois, j'ai décidé de parler français. Or, on a continué à me parler en anglais. J'ai alors parlé de nouveau en français, mais on a continué à me parler en anglais. J'ai bien vu qu'on me comprenait parce qu'on était capable de me répondre, mais pas dans ma langue.
J'ai alors exigé de parler à un superviseur. Le superviseur s'est informé si j'avais bien demandé à être servi en français. Fallait-il que j'envoie un fax à l'avance à l'aéroport d'Ottawa pour dire que j'arrivais, que j'allais passer au contrôle de sécurité et que je souhaitais être servi en français. Ses situations semblables sont tout de même aberrantes.
Il s'est informé si j'avais demandé à être servi en français! Je ne savais pas ce que je pouvais lui dire de plus. C'est un premier exemple.
Le deuxième épisode — et ma collègue en face de moi est de la région de Winnipeg — s'est produit à l'aéroport de Winnipeg. Il y a tout de même différentes portes d'entrée pour des vérifications de sécurité. J'arrive et je suis l'un des chanceux qu'on demande à fouiller...
Des voix: Oh, oh!
M. Jean-Claude D'Amours: Habillé; on se comprend. Mais quand on lit le petit dépliant au sujet de la fouille, il est écrit que je suis l'un des chanceux à être sélectionné dans le cadre d'une rotation normale. Mais là aussi, il y avait une plaquette stipulant qu'on offrait un service bilingue. Je parlais en français et on me répondait en anglais. J'ai bien compris qu'on me comprenait, mais qu'on n'était pas capable de me parler dans ma langue.
Quand est survenue la question de la fouille, je me suis interrogé sur ce qui se passait. C'était la première fois que cela m'arrivait. On me parlait en anglais et je disais vouloir être servi en français. Je voulais être sûr de comprendre ce qu'on allait me dire, parce qu'à cette étape, je ne savais pas pourquoi on me faisait subir cette fouille. Finalement, on a trouvé un gentil monsieur parmi tout le personnel, le seul capable de parler un petit peu en français. Il m'a demandé si je voulais avoir un massage.
Des députés: Ah! ah!
M. Jean-Claude D'Amours: Monsieur le commissaire, je comprends bien qu'il peut parfois être difficile de traduire certains mots. J'ai tout de même compris, et le monsieur faisait un effort. Mais est-ce que vous imaginez la situation? Par la suite, l'homme est reparti. J'ai dû faire face de nouveau à un autre unilingue anglophone. Ma femme, qui était devant moi, m'a alors dit qu'on allait manquer notre avion. On était accompagnés de notre fille ainée, qui avait trois ans à l'époque. Imaginez! Le processus nous oblige à suivre la file et à avancer.
Ces deux exemples font état de situations aberrantes. On peut se poser des questions. J'ai demandé à l'Aéroport de Winnipeg qu'on me fournisse des documents afin de porter plainte. Savez-vous ce qu'on m'a remis? Un guide de renseignements pour les voyageurs! J'ai demandé le nom de la personne responsable ce jour-là et on a refusé de me donner son nom de famille. Cette personne, qui se dit responsable — et j'ai ses coordonnées — a refusé de me renseigner. Alors, comment fait-on pour savoir si deux personnes portent le même nom? Je n'ai donc pas de preuve. On m'a refusé cela.
En tant que citoyens canadiens, nous avons des droits lorsque nous arrivons dans les aéroports bilingues. Je n'utilise pas tous les jours des aéroports désignés bilingues, mais à un certain moment, la situation devient frustrante et on se dit qu'il vaut peut-être mieux parler anglais puisque, d'une manière ou d'une autre, on ne gagnera jamais rien. Qu'ils enlèvent les plaquettes ou qu'ils nous respectent!
Il ne vous reste peut-être pas beaucoup de temps, mais je vous ai fait le récit de situations qui se produisent tous les jours.
C'est comme l'histoire d'Air Canada que je racontais où il était inscrit, sur la porte de la toilette: « Ne pas fumer la toilette. » J'imagine que les traducteurs seront capables de bien rendre cette image. Ces exemples nous incitent à nous questionner sur les institutions fédérales. Pourquoi rencontrons-nous de tels problèmes alors que nous sommes censés être respectés?
Monsieur le président, je remercie la députée de sa question.
Je crois que c'est très important à l'égard de la vitalité des communautés. Trois éléments importants font en sorte que l'arrivée et l'intégration des immigrants francophones dans les communautés minoritaires fonctionnent bien: l'appui du gouvernement fédéral, l'appui du gouvernement provincial et le rapport avec la communauté en question.
Je vais vous faire part de bons et de mauvais exemples. Au Manitoba, de véritables efforts sont déployés, et ça donne des résultats positifs. Citoyenneté et Immigration Canada travaille étroitement avec cette province ainsi qu'avec la Société franco-manitobaine et le RDÉE. Des gens du RDÉE rencontrent tour à tour des immigrants et des réfugiés qui arrivent à l'aéroport. De plus, dès qu'un immigrant ou un réfugié francophone se trouve dans un lieu d'hébergement temporaire, un système de transport est organisé pour que les enfants puissent se rendre à une école francophone, même avant qu'un hébergement permanent soit établi.
Dans d'autres provinces, on ne dit pas aux immigrants qu'il existe une communauté francophone minoritaire. Les gens responsables de l'hébergement, de l'appui, n'orientent pas vers des services en français les immigrants dont la langue maternelle est autre que le français ou l'anglais mais dont la première langue officielle est le français. Si leur première langue est le wolof, la langue du Sénégal, on leur organise des services d'appui en anglais.
Des gens oeuvrant dans les services communautaires m'ont dit que six mois ou un an après leur arrivée, des immigrants qui parlaient français avaient découvert par hasard l'existence d'une clinique, d'écoles ou de services francophones. Personne ne leur en avait parlé. Certains organismes ont même orienté ces gens vers des points de service ou des écoles anglophones. Dans ce genre de cas, un an après leur arrivée, leurs enfants sont déjà inscrits à l'école anglaise. Il devient alors plus difficile de se prévaloir des services existants.
Je ne vais pas préciser de quel exemple il s'agit parce qu'il existe probablement d'autres versions de l'histoire, mais je sais que des communautés francophones souffrent du fait qu'il n'y a pas de coordination. Je suis toutefois très impressionné par la collaboration qui existe au Manitoba, non seulement entre les gouvernements mais au sein même de la communauté.
:
Merci, monsieur le président.
On constate que le temps passe vite et on a beaucoup de questions. Il a fallu 40 ans pour se rendre où on est; il faudra du temps pour présenter toutes nos questions.
Revenons au sujet des Jeux Olympiques de Vancouver. Les Jeux Olympiques auront lieu dans près d'un an, et les Canadiens français ne sont pas encore assurés de pouvoir les capter dans leur langue. Plusieurs le pourront, mais il y a encore des endroits où certains ne le pourront pas. C'est une chose. Le CRTC a fait une déclaration il n'y a pas longtemps à ce sujet en ce qui touche Radio-Canada. Toutefois, CTV et Rogers sont aussi responsables de la programmation. J'aimerais vous entendre à cet égard, à savoir où en est ce dossier et qu'est-ce qui pourrait être fait.
Quant aux services offerts par les tierces parties, je suis un peu déçu de votre recommandation à l'effet que Patrimoine canadien renforce les obligations lors des prochaines ententes. Pourquoi ne pas les renforcer tout de suite? Pourquoi attendre les prochaines ententes? C'est un peu insultant, dirais-je, de voir que des annonces faites par une tierce partie sur Internet au sujet des Jeux Olympiques, soit par une agence de publicité de la Colombie-Britannique, ont été traduites en d'autres langues à partir de l'anglais, mais pas en français.
Une voix: Ça n'a pas de bon sens.
M. Yvon Godin: J'ai personnellement porté plainte à votre bureau à ce sujet.
Si votre recommandation dit que Patrimoine canadien devrait renforcer les obligations à l'intérieur des prochaines ententes, cela signifie-t-il que ma plainte ne vaut rien et qu'il n'y a pas de violation à la loi? Il est complètement aberrant de voir que le COVAN est venu ici nous dire à quel point il travaillait fort et, par ailleurs, qu'il engage une agence qui fait de la publicité en différentes langues à part une langue officielle de notre pays, soit le français.
N'invitons-nous pas la France à venir ici? Qu'est-ce qui se passe? N'invitons-nous pas la Suisse et les francophones de l'Afrique? Quel message donnons-nous à d'autres pays, alors que le Canada a la chance de s'exprimer mondialement et que l'invitation ne se fait même pas dans l'une de ses langues officielles?
:
L'Agence de la fonction publique avait certaines responsabilités sur le plan de la formation. À présent, l'agence est en train de disparaître, et ces fonctions vont revenir au Conseil du Trésor, qui a eu, dans le passé, des responsabilités en ce qui a trait à la dualité linguistique.
Une chose m'a frappé. Je vais vous répondre de façon plus détaillée, mais d'abord de façon plus générale. Depuis maintenant trois ans, il y a eu des changements de responsabilité au gouvernement concernant les langues. Jusqu'au début de 2006, un contrôle de surveillance était exercé par le Conseil privé. Cette responsabilité a été transférée au ministère du Patrimoine qui a, en même temps, la responsabilité de surveiller le respect de la loi au sein des autres ministères, ainsi que la responsabilité directe des langues officielles. On a pris la décision de confier cela à deux directions différentes, et cela nous a un peu inquiété.
De votre côté, j'ai constaté dans le passé que cela soulevait quelques inquiétudes de voir que cette obligation de surveillance n'était plus la tâche du Conseil privé. L'analogie que je fais, c'est que dans un bureau, quand il y a une directive qui vient d'en haut, elle est respectée plus vite que si elle vient du bureau d'à côté.
On a commandé une étude au professeur Donald Savoie. Elle comporte un chapitre sur l'horizontalité. C'était une étude assez nuancée sur la question. Je ne vais pas vous répéter de quoi il s'agit; il y a un chapitre dans le dernier rapport annuel. Ce que je constate, c'est que les changements institutionnels sont déstabilisants en termes du respect des obligations linguistiques. Chaque fois qu'il y a un changement, il faut que les gens s'habituent aux obligations, aux responsabilités. Personne n'est tout à fait sûr de ses nouvelles responsabilités. Les priorités peuvent changer. Donc, chaque transfert des responsabilités de ce genre m'inquiète un peu.
Il faut être davantage vigilant pour faire en sorte qu'un transfert ne veuille pas dire une baisse de priorité en ce qui concerne la question. Je ne dis pas nécessairement que c'est en soi une mauvaise chose qu'il y ait un transfert de l'agence au Conseil du Trésor, mais je vais faire un effort supplémentaire pour suivre le dossier, pour faire en sorte que la priorité ne soit pas perdue.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Fraser, et bon retour devant nous. Je salue aussi votre équipe.
À plusieurs reprises, nous avons eu l'occasion de vous parler et de recevoir vos différents rapports, qui sont toujours très intéressants. Naturellement, on voit qu'il y a des améliorations et parfois des baisses, et parfois des hausses. Vous cernez très bien l'ensemble de la dynamique de la Loi sur les langues officielles.
Étant donné que vous êtes un agent du Parlement, j'ai une question à vous poser. Il existe ce qu'on peut appeler des attaques frontales contre la Loi sur les langues officielles, par exemple le projet de loi C-307 qui a été déposé le 10 février 2009 et qui porte le titre suivant, Loi modifiant la Loi sur les langues officielles (Charte de la langue française) et d’autres lois en conséquence. Il a été déposé par M. Paquette, qui est membre du Bloc québécois.
Tout comme moi, vous savez que selon ce projet de loi, l'ensemble de la Charte de la langue française et de la loi 101 devrait totalement s'appliquer à toutes les institutions fédérales qu'on a citées plus tôt: Postes Canada, Air Canada, les douanes, l'armée, la fonction publique, la garde côtière, etc. Il s'agit d'une attaque frontale contre la Loi sur les langues officielles. S'ils déposent un projet de loi, c'est qu'ils veulent qu'il soit adopté. S'il l'était, vous n'auriez plus d'emploi. On aurait un problème.
D'autre part, et c'est ce qui m'inquiète le plus, il y a autour de cette table des francophones du Nouveau-Brunswick et du Manitoba. Mes enfants sont Franco-Albertains. Par conséquent, si nous appliquions la loi 101 dans toutes les institutions fédérales, ce qui signifierait que ce serait dorénavant totalement francophone mur à mur, cela voudrait dire que dans les autres provinces à part le Nouveau-Brunswick, qui a quelque chose de différent dans sa charte, les deux millions de francophones vivant à l'extérieur du Québec ne pourraient plus recevoir de services dans la deuxième langue. Le grand principe est l'application des deux langues.
Vous avez lu le projet de loi. Cette attaque frontale menace directement votre emploi. Je vous le dis: si ce projet de loi est adopté, vous n'aurez plus d'emploi demain matin. Si vous lisez le projet de loi, vous verrez que c'est très précis, mur à mur, et qu'il touche tout ce qui est au Québec, les institutions fédérales et les banques y compris. Je voudrais vous entendre sur ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Simplement pour rassurer M. Petit, je souligne que ce projet de loi avait été déposé par Mme Pauline Picard en 2007. Elle était députée de Drummond, à ce moment-là. On avait d'ailleurs rencontré M. Fraser au sujet du projet de loi en question. M. Fraser n'a pas à s'inquiéter pour son avenir.
Vous avez voté vous-même, monsieur Petit, en faveur de la reconnaissance de la nation québécoise. Le Bloc québécois mettra de la chair autour de l'os. C'est un projet de loi qui dit, entre autres, que la Charte de la langue française doit prévaloir sur toute autre loi, même la Loi sur les langues officielles, au Québec. Si on respecte la nation québécoise, c'est là l'objet de la loi.
Plus tôt, Mme Glover, qui est secrétaire parlementaire, parlait de la Feuille de route. Monsieur Fraser, dans votre introduction, vous avez dit que vous attendez toujours des nouvelles au sujet la Feuille de route.
Alors, madame Glover, il n'y a pas encore de Feuille de route, on ne peut pas en parler vraiment.
Ceci dit, le dossier de VIA Rail en est un parmi tant d'autres, nous dira-t-on. En ce qui concerne ce mode de transport, on sait qu'il y a une zone désignée où le français et l'anglais sont les langues de travail, entre Montréal et Alexandria, en Ontario. Un citoyen qui travaille à VIA Rail, M. Chevalier, a porté plainte parce que son patron — c'est enregistré sur bande sonore — lui ordonnait de lui parler en anglais alors que lui répondait qu'il préférait parler français car c'était sa langue de travail.
Où en est-on en ce qui concerne VIA Rail? Y a-t-il d'autres circonstances où VIA Rail n'a pas respecté le fait que les employés qui veulent travailler en français doivent pouvoir le faire?
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Fraser. J'ai déjà eu l'occasion de vous poser des questions au sujet de l'éducation, qui à mon avis, est de première importance. J'aimerais y revenir puisque l'un des sujets à l'étude par notre comité, lors des prochaines semaines et prochains mois, sera le rôle des institutions postsecondaires et des institutions secondaires dans la promotion du bilinguisme. J'ai deux questions pour vous.
[Traduction]
Le premier plan d'action pour les langues officielles avait pour objectif de doubler d'ici 2013, soit dans quatre ans environ, le nombre de diplômés des écoles secondaires ayant une connaissance fonctionnelle du français et de l'anglais. Pouvez-vous nous dire si cet objectif va être atteint? Si non, pourquoi?
Ma deuxième question porte sur votre déclaration. Vous avez dit que le renouvellement de la fonction publique constitue une excellente occasion de renforcer la capacité bilingue des fonctionnaires. Comme je l'ai déjà mentionné dans le passé, le gouvernement du Canada est le principal employeur du pays. La fonction publique —les sociétés d'État, les agences, les Forces canadiennes — emploient, si je ne m'abuse, près d'un demi-million de Canadiens. Or, nous assistons à une transformation générationnelle dans la fonction publique et nous n'arrivons pas à recruter les diplômés dont nous avons besoin des universités et des collèges du Canada. Bon nombre d'entre eux, voire la plupart, ne maîtrisent pas les deux langues officielles. Le gouvernement doit investir des ressources énormes pour assurer la formation des diplômés universitaires nouvellement embauchés dans la deuxième langue.
Pouvez-vous nous dire ce que fait le gouvernement du Canada pour encourager les universités à former les diplômés dont nous avons besoin? Si aucun effort n'est déployé, pourquoi?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'avoir posé la question, parce qu'elle est très importante. La seule façon dont le gouvernement fédéral peut remplir ses obligations et faire en sorte que le départ d'une génération et l'arrivée de nouveaux fonctionnaires n'entraînent pas de recul, c'est en encourageant les universités à intensifier leurs efforts.
Pour répondre très brièvement à votre première question, nous accusons du retard. Le Canada ne sera pas en mesure d'atteindre l'objectif de 50 p. 100 qu'il s'est fixé. Il affiche plutôt un léger recul à cet égard.
Pourquoi? Parce que le gouvernement fédéral, à mon avis, ne sait pas vraiment comment cibler ses efforts dans le secteur de l'enseignement secondaire. Il intervient de façon très claire au niveau de l'enseignement post-secondaire. Toutefois, les provinces sont très jalouses de leurs compétences en matière d'enseignement primaire et secondaire. Malgré l'existence d'ententes fédérales-provinciales concernant le financement de la formation en langue seconde, j'ai déploré, dans le passé, l'absence de mesures permettant de faire en sorte que le financement fédéral prévu dans le cadre de ces ententes s'appuie sur des résultats.
Par ailleurs, je crois, tout comme vous, que l'enseignement post-secondaire est important. Nous avons réalisé, et cela recoupe le travail que vous êtes sur le point d'entreprendre, une étude de concert avec l'AUCC, l'Association des universités et collèges du Canada, sur les programmes de formation en langue seconde qui sont offerts par les universités, les cours qui sont donnés dans l'autre langue, les possibilités d'échange — les efforts qui sont déployés à l'heure actuelle.
Nous en sommes à la deuxième étape. Nous avons compilé les données fournies par les universités et les collèges de toutes les régions du pays. Nous avons mis sur pied des groupes de discussion composés d'étudiants et de professeurs dans 18 établissements à l'échelle nationale. Au cours des prochains mois, nous allons publier un rapport à ce sujet. Il ne s'agit là que d'un premier pas, le but étant de créer, à tout le moins, une source unique de référence sur ce qui existe actuellement. Le comité pourra s'en inspirer quand viendra le temps de poser des questions aux témoins. Vous pourrez dire, « Nous constatons que vous offrez ces programmes. Pourquoi ne sont-ils pas mieux intégrés? »
S'il y a une chose que nous avons remarqué, c'est qu'il y a toutes sortes d'universités qui offrent des programmes pour étudiants du premier cycle, des programmes semestriels en langue seconde dans des établissements à l'étranger. Or, il est très difficile de procéder, ici, à des échanges entre les établissements post-secondaires de langue anglaise et de langue française. Il est très difficile pour un étudiant de l'Université de Calgary de passer un semestre ou une année à Laval, parce qu'aucun effort en ce sens n'a été déployé pour permettre ce genre de chose.