:
Pendant que les députés prennent place, on va amorcer notre rencontre, puisqu'on a beaucoup de témoins.
Bienvenue à tous à notre deuxième rencontre sur le soutien du gouvernement fédéral aux efforts des institutions postsecondaires dans la promotion du bilinguisme au Canada. Ce matin, on a une très belle brochette d'invités. Je félicite nos attachés de recherche pour le travail qui a été fait.
C'est comme à la pêche, parfois on tend des lignes et ça mord moins, mais aujourd'hui, vraiment, on accueille beaucoup de gens qu'on est très contents de recevoir. Je vais vous les présenter. En commençant par la gauche, on accueille M. Laurier Thibault, qui est directeur général du Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada. Il est accompagné de M. Yves Chouinard, qui en est l'un des administrateurs.
Bienvenue à vous.
Ensuite, de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, on reçoit Mme Penni Stewart.
[Traduction]
Bienvenue, madame Stewart, à notre comité.
[Français]
Elle est accompagnée de M. Greg Allain, qui en est l'ancien président et à qui je souhaite la bienvenue.
On accueille aussi des représentants du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences qui s'occupent du volet dont il est question ce matin. Il s'agit de M. Mark Hopkins, qui est le directeur général des politiques sur l'apprentissage, et de M. Segard, qui est directeur général à la Direction de politique et planification de programmes.
Comme quatrième groupe, on a parmi nous l'Association canadienne des professeurs de langues secondes, représentée par le président, M. John Erskine, et la directrice générale, Mme Thibault.
Bienvenue à notre comité.
Sans plus tarder, je vais céder la parole aux témoins. On pourrait commencer par vous, monsieur Thibault, si vous voulez bien nous faire votre allocution d'introduction.
:
Monsieur le président, membres du comité, chers collègues, mon nom est Yves Chouinard. Je suis le directeur général du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick et je suis également administrateur du Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada. Je suis accompagné de M. Thibault, qui est le directeur général du RCCFC.
Je tiens tout d'abord à remercier le Comité permanent des langues officielles de donner à notre réseau l'occasion de faire valoir l'importance et le rôle unique de nos institutions d'enseignement et de formation postsecondaire collégiale. Nous savons jusqu'à quel point vous avez à coeur de promouvoir le développement de nos communautés. Inutile de vous convaincre que l'éducation et la formation en français sont des moyens privilégiés pour atteindre ces objectifs.
Nous croyons fermement que notre réseau, par l'entremise de ses membres d'un océan à l'autre, contribue activement au développement de chacune des communautés où ils sont implantés. Nous oeuvrons sur le terrain; nous sommes très près des préoccupations et des attentes de nos jeunes; nous offrons de la formation aux adultes; nous préparons les travailleurs qualifiés de demain, mais pas suffisamment. Bien sûr, comme vous tous, nous sommes conscients de la fragilité et de la précarité de l'enseignement collégial dispensé en français. C'est ce qui nous oblige à innover et à développer de nombreux partenariats pour nous distinguer et atteindre nos objectifs de formation et d'éducation.
Les collègues francophones en milieu minoritaire doivent remplir un double mandat. Ils doivent d'abord accroître l'accès aux études postsecondaires en français dans les domaines techniques et professionnels en plus d'appuyer par leur action et leur présence active le développement de leurs communautés. Nos institutions doivent développer des seuils d'inscription pour offrir une gamme de programmes concurrentiels en fonction des besoins du marché du travail et des attentes de leur clientèle. Vous comprendrez donc que cela soulève des défis de financement, d'innovation et de partenariat pour répondre aux besoins dans un milieu réceptif à l'apprentissage en français. Et ce financement doit être stable, continu et pluriannuel. Il doit non seulement viser la mise en place de services, mais surtout leur maintien et leur développement.
Depuis 1995, le RCCFC est la voix pancanadienne de 58 établissements d'enseignement collégial et de formation de langue française à la grandeur du pays. Depuis ses tout débuts, son fonctionnement et plusieurs de ses activités sont financés par Patrimoine canadien, sur qui nous avons toujours pu compter. Le RCCFC est principalement un réseau d'entraide, de promotion, d'échange et de partenariat. Il a pour mission de soutenir le développement de la francophonie canadienne en mettant à son service l'expertise de ses établissements et en donnant de la visibilité à l'enseignement collégial francophone auprès des instances gouvernementales.
Par ses programmes de collaboration et ses initiatives de réseautage, le RCCFC contribue de façon significative à la présence de l'enseignement et de la formation postsecondaire en français dans toutes les régions du pays. Grâce à son action, le collégial fait de plus en plus de percées en milieu minoritaire, au point où il dessert présentement 8 500 étudiants francophones à temps plein et 20 000 à temps partiel, principalement en Ontario, au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et en Colombie-Britannique.
Au cours des dernières années, le RCCFC a suscité et financé en partie plus de 65 projets de collaboration, couvrant différentes activités, le partage d'expertise et le développement de programmes d'enseignement adaptés aux communautés, ainsi que des échanges en formation à distance. Le réseau a piloté des projets de recherche, par exemple sur la motivation des finissants du secondaire à poursuivre leurs études au postsecondaire en français. Il a aussi animé le projet Far-Ouest pour la mise en place de formation collégiale en français en Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan.
Le RCCFC a de plus participé à des projets-pilotes de mobilité étudiante avec 27 collèges de partout au Canada pour que les jeunes puissent vivre une expérience collégiale dans une autre province. Ce programme visait non seulement à renforcer l'identité canadienne, mais aussi à améliorer chez les étudiants du collégial leurs capacités langagières, leur mobilité et leurs compétences.
Or, notre dernière demande de cofinancement a été refusée en 2007 parce qu'elle ne cadrait plus dans les programmes de financement existants. Toutefois, nous revenons à la charge avec notre demande d'aide financière pour les trois prochaines années, en attendant que Ressources humaines et Développement social Canada mette en place son propre programme pancanadien de mobilité étudiante qui viendrait compléter celui de la mobilité internationale.
Dans le but de favoriser et soutenir l’immigration au sein de nos communautés, nous avons entrepris une étude sur la réussite scolaire des étudiants de langue et de culture différentes inscrits dans nos établissements. Cette étude est financée par Patrimoine canadien et Citoyenneté et Immigration Canada. Nous voulons ainsi améliorer l’adaptation et l’intégration des immigrants francophones dans nos communautés en identifiant les pratiques qui fonctionnent le mieux et en les adaptant à leur environnement. Nous pourrons ainsi dégager les pratiques exemplaires et les partager avec tous les établissements collégiaux francophones afin d’augmenter leur taux de réussite scolaire.
Nos collèges sont des points de convergence et des partenaires de choix pour le développement des communautés. Ce n’est pas pour rien que les deux premières recommandations du rapport Lord mettent spécifiquement en évidence l’importance et la place de choix de l’éducation dans le développement des communautés et de la dualité linguistique, en invitant le gouvernement à y accentuer l’appui aux institutions postsecondaires, un point central de notre Plan d’action 2006-2011.
Nous croyons fermement que nos collèges cadrent fort bien dans les domaines d’action du gouvernement évoqués dans la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013, en particulier dans la valorisation de la dualité linguistique auprès des Canadiens, l’accent sur la jeunesse et l’amélioration de l’accès aux services. Par contre, il ne faut jamais oublier qu’un financement insuffisant et inadéquat peut donner une impression erronée sur notre façon de répondre aux besoins d’éducation et de formation. Ainsi, nos établissements ne peuvent se satisfaire du mode survie, car la recherche permanente de financement les condamne au rattrapage érigé en système. En éducation, qui dit rattrapage dit recul. Il nous faut avancer.
En 2006, le RCCFC a piloté la mise sur pied du Consortium national de développement de ressources pédagogiques en français au collégial, un partenariat pancanadien pour améliorer la qualité de l’enseignement aux étudiants dans les programmes professionnels, techniques et de métiers des collèges francophones en milieu minoritaire. Le consortium reçoit annuellement 250 000 $ de Patrimoine canadien, mais c'est insuffisant pour répondre aux nombreux besoins et demandes des collèges et pour rendre disponible encore plus de matériel pédagogique en français au niveau collégial.
Dans un autre ordre d’idées, c’est en nous appuyant sur les priorités du gouvernement exprimées dans la Feuille de route, sur nos expériences de partenariats et sur nos expertises techniques que nous sommes en train de développer un nouveau programme des services paralangagiers prévu pour le début de 2010. En effet, des études du Bureau de la traduction du Canada et de certaines associations de traducteurs révèlent que l’industrie langagière connaît un véritable essor. C’est pourquoi les intervenants du milieu s’entendent pour confirmer l’importance et la validité de la mise sur pied d’un tel programme de niveau collégial en techniques langagières.
D’autre part, plusieurs des collèges et établissements francophones offrent de la formation linguistique aux fonctionnaires fédéraux ainsi qu’aux nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas couramment l’une des langues officielles. Pour mieux réaliser ces mandats et appuyer le gouvernement fédéral, le RCCFC estime qu’il est important de former un consortium, avec le financement approprié, pour que les collèges soient reconnus collectivement comme fournisseurs de service de formation linguistique auprès du gouvernement du Canada.
C’est toutefois la question des infrastructures, l’une des pierres d’assise du budget de janvier dernier, qui offre à nos collèges et à nos établissements des occasions uniques de remplir leur mission d’éducation et de développement de leurs communautés. D’ailleurs, le Plan d’action 2006-2011 du RCCFC cadre parfaitement avec les objectifs du gouvernement.
Ce sont nos collèges qui forment la main-d’oeuvre qualifiée, innovatrice et bilingue, qui participent activement au renforcement de leurs communautés et qui mettent en pratique leur vaste expérience de partage d’expertises à la grandeur du pays. Notre première stratégie d’action vise la mise en place d’infrastructures physiques et virtuelles pour appuyer l’offre de programmes et de services collégiaux. La formation collégiale, à l’extérieur du Québec, est avant tout une formation technique et professionnelle qui prépare directement au marché du travail. La prestation de programmes de qualité nécessite la mise en place d’équipement et d’aménagement spécialisés.
Nous croyons qu’il faut davantage développer les infrastructures collégiales partout au pays, améliorer la qualité de celles qui sont en place, investir dans l’acquisition d’équipement et l’aménagement ou même la construction d’infrastructures, et favoriser l’offre de nouveaux programmes. C’est ce que nous pouvons appeler du renforcement des capacités au service du développement de nos communautés.
L’histoire récente de l’éducation au pays nous a démontré que l’offre de services et de programmes adéquats et de qualité, dans des infrastructures modernes, est un puissant stimulant de la demande pour des services en français.
Il ne suffit pas d'attendre que la demande se manifeste. Il faut la provoquer, la stimuler. En éducation, il n'y a rien de plus attirant pour les étudiants et leurs futurs employeurs qu'une variété de programmes pertinents dans des infrastructures modernes, des services d'aide à l'apprentissage avec des équipements à la fine pointe et, bien sûr, un enseignement de qualité.
Nous profitons de cette occasion pour faire valoir que nos demandes et nos besoins ne s'articulent pas uniquement en fonction des fonds disponibles pour le développement des langues officielles. Devant l'urgence de soutenir l'emploi au pays, d'autres organismes et ministères fédéraux devraient être mis à contribution avec Patrimoine canadien lorsqu'il s'agit tout particulièrement de projets d'infrastructure. Nous croyons qu'il est important que nos collèges et autres établissements de formation aient accès à une diversité de sources de financement pour se développer au même rythme que leur vis-à-vis anglophones. Il ne faut jamais oublier que nos étudiants francophones et leurs futurs employeurs s'attendent à des services de formation de qualité à la mesure de leurs objectifs de carrière et des besoins de main-d'oeuvre qualifiée.
Le RCCFC est d'avis que les collègues et les établissements de formation postsecondaire sont des partenaires privilégiés du gouvernement pour lutter contre les forces de rapetissement, de médiocrité et d'assimilation. En formant des travailleurs de qualité, innovateurs et bilingues, nous souhaitons remplir avec plus de pertinence notre double mandat d'éducation et de formation, tout en contribuant au développement de nos communautés.
Je vous remercie. Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président. Merci, Penni.
Mon nom est Greg Allain. Je suis professeur de sociologie à l'Université de Moncton et président sortant de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Je suis accompagné de notre présidente, Penni Stewart, professeure à l'Université York. Je remercie beaucoup le comité de nous avoir invités à faire une présentation, ce matin, sur les langues officielles.
Mon exposé comprendra trois points. Le premier point traitera du rôle de nos membres au niveau postsecondaire par rapport aux langues officielles.
Nos membres assurent la formation dans toute une gamme de programmes scolaires et professionnels dans les deux langues officielles au sein d'une grande variété de communautés de langue officielle en situation minoritaire, de Vancouver à Pointe-de-l'Église. Beaucoup de nos membres fournissent la formation dans la langue officielle minoritaire. Par exemple, on forme les enseignants pour le primaire et le secondaire, les infirmières, les médecins, les avocats, les travailleurs sociaux, sans compter les journalistes, les chercheurs, les artistes, etc. Nos membres offrent aussi des enseignements très variés dans la seconde langue officielle, et ce, à bien des niveaux, y inclus au niveau postsecondaire.
À l'extérieur du Québec, bon nombre de nos membres remplissent les fonctions en français dans des communautés de langue officielle en situation minoritaire, dans des programmes menant soit à un certificat ou à des diplômes universitaires de premier, deuxième ou troisième cycle, dans des collèges et universités à l'intérieur de chaque province.
Le deuxième point de ma présentation porte sur le financement. Nous reconnaissons tout à fait la place centrale qu'occupent les deux langues officielles au Canada, et nous sommes tout à fait en faveur de l'introduction de la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne 2008-2013: agir pour l'avenir, que je cite:
Les deux langues officielles, le français et l'anglais, représentent une grande richesse culturelle pour le Canada. Fondement et aspect fondamental de l'identité et de la culture canadiennes, la dualité linguistique est au coeur des valeurs sur lesquelles le Canada est édifié et qui en font un pays fort, uni et ouvert sur le monde.
Nous convenons tout à fait de cette importance accordée aux programmes destinés à appuyer et à promouvoir les langues officielles. Or, un des problèmes auxquels nous faisons face porte sur le financement. La nature même des programmes d'études postsecondaires requiert des engagements financiers stables et fermes, particulièrement dans des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Cela reflète en partie leur besoin d'être reconnus comme partenaires égaux, à côté des programmes qui s'adressent à des communautés majoritaires. Ces derniers vont toujours représenter un risque d'attirer les étudiants minoritaires, surtout si ces programmes de langue officielle majoritaire bénéficient, eux, d'un financement garanti.
La nature des programmes de niveau postsecondaire est telle qu'ils nécessitent fréquemment un cycle de trois à quatre ans avant de conférer un diplôme. En ce sens, tout financement mou ou périodique menace la capacité des institutions postsecondaires de livrer les programmes inscrits à tous les niveaux. Sans un tel engagement financier et institutionnel, les programmes peuvent paraître précaires aux yeux des professeurs et aussi des étudiants.
Pour attirer un personnel scolaire hautement qualifié pour offrir ces programmes et ainsi contribuer au développement des communautés de langue officielle en milieu minoritaire, les institutions postsecondaires ont besoin du type d'engagement à l'embauche, qui est la norme dans ce secteur d'emploi au niveau postsecondaire, c'est-à-dire des postes en voie de permanence pour les universités et des embauches régulières pour les collèges. Des programmes de financement à court terme, et même ceux répartis sur cinq ans, soit les fameuses ententes avec lesquelles nous vivons présentement, risquent de ne pas pouvoir attirer de professionnels qualifiés dans ces communautés de langue officielle minoritaire. S'ils y parviennent, ils risquent de ne pas pouvoir les retenir.
Je vais donner un exemple, puis on pourra revenir à la discussion.
À l'Université de Moncton, les ententes de cinq ans avec les universités semblent fonctionner assez bien, mais le processus de préparation de ces ententes est très long et ardu. L'autre problème, c'est qu'il paraît manquer de mesures pour que les ententes s'enchaînent bien, une fois arrivées à échéance. Autrement dit, il y a un problème de continuité. À mon université, la présente entente de cinq ans vient de se terminer. J'imagine que c'est la même chose dans les autres universités du Nouveau-Brunswick. L'université va acheminer ses demandes pour le mois d'avril, comme toutes les autres universités. On nous dit qu'on devra attendre deux ans avant de recevoir une réponse. Autrement dit, tout ce qui entre dans cette entente est gelé, ce qui représente beaucoup de choses. On est très redevable à Patrimoine canadien et aux ententes sur les langues officielles. Il y a une sorte un gel de facto de deux ans, ce qui entraîne beaucoup d'incertitude.
Mon propre département de sociologie travaille depuis trois ans à l'élaboration d'un nouveau baccalauréat en criminologie, un domaine très en demande partout au Canada. On reçoit beaucoup de demandes d'étudiants qui veulent suivre cette formation. Le programme vient d'être approuvé par toutes les instances et est arrivé à l'étape du financement. Comme il s'agit d'un nouveau programme dans un domaine ciblé, cette demande fait partie des demandes pour la nouvelle entente de cinq ans. On n'aura pas de nouvelles, nous dit-on, avant deux ans. Semble-t-il que la province prend pas mal de temps à faire sa part. Je ne sais pas à quel niveau se situe le blocage.
La criminologue qu'on a embauchée a élaboré le programme et est maintenant prête à le donner, à en faire la promotion, etc. Si ce n'est pas tout de suite, ce sera l'an prochain. Cependant, on n'a pas d'argent pour la payer et on ne recevra pas de réponse avant deux ans. C'est un problème majeur. On risque de perdre cette personne, et la mise en oeuvre du programme sera encore retardée. Voilà pour la question du financement.
Le troisième et dernier point porte sur le travail supplémentaire et non reconnu que nos membres doivent effectuer par rapport aux langues officielles. Selon la formule de financement actuelle, nos membres font souvent face à un surcroît de travail pour développer des programmes et la culture des communautés de langue officielle en contexte minoritaire. Or, ce surcroît de travail n'est pas reconnu officiellement, pas plus qu'il n'est rémunéré. Par exemple, les ressources documentaires pour l'enseignement et la recherche dans la langue officielle minoritaire sont fréquemment limitées, que ce soit les manuels scolaires, les ouvrages scientifiques ou les ressources électroniques. Les livres ou le matériel en français, quand ils existent, coûtent généralement plus cher.
À leurs débuts, les professeurs des grandes universités francophones du Québec étaient membres de l'ACPPU, qui existe depuis 1951, mais quand une fédération québécoise a été créée, aux environs de 1972, évidemment, ils y ont adhéré. Par conséquent, seuls quelques membres de l'ACPPU sont des francophones. Nos membres travaillent dans de plus petites institutions, l'Université de Moncton étant la plus grosse. Il y a aussi l'Université Sainte-Anne, le Collège universitaire de Saint-Boniface, etc. Comme les bibliothèques des petites institutions présentent souvent des carences, les professeurs sont souvent obligés de traduire du matériel pédagogique non disponible en français. Or, ce travail supplémentaire n'est pas reconnu et cela nuit au recrutement et à la rétention de professeurs qualifiés.
Il faudrait investir à plusieurs niveaux. On pourrait donner un appui aux petites maisons d'édition hors Québec qui traduisent des ouvrages anglophones n'ayant pas d'équivalents en français. Les gens nous disent de publier nos propres manuels. C'est ce que certains collègues ont essayé de faire, mais les grandes maisons d'édition sont situées au Québec et ne sont pas intéressées à publier des ouvrages qui ne s'adressent pas particulièrement aux Québécois. Elles disent que le marché hors Québec n'est pas assez grand. Il faudrait appuyer la création d'un consortium national d'achat pour les acquisitions des bibliothèques postsecondaires francophones de tout le Canada. On pourrait aussi appuyer la création d'un réseau électronique pancanadien pour un accès universel aux ressources électroniques qui sont en pleine croissance en raison du recours de plus en plus grand à la numérisation. Ce ne sont là que quelques exemples; ce n'est pas un relevé exhaustif.
En conclusion, notre préoccupation principale à l'heure actuelle est le manque de financement ferme, stable et continu pour tous les programmes de langues officielles au Canada, au niveau postsecondaire. Comme j'ai essayé de le démontrer plus tôt très rapidement, la formule actuelle engendre un certain nombre d'effets pervers, que ce soit la difficulté de recruter et de retenir aussi bien les étudiants que les professeurs ou les tâches supplémentaires non reconnues exigées des professeurs. Si la dualité linguistique est à la base même de notre pays et de notre identité, il devrait valoir la peine de financer adéquatement et sur une base permanente les programmes qui assurent l'appui et le développement des communautés de langue officielle.
Il me fera plaisir de répondre à vos questions. Merci beaucoup.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole ce matin. Mon discours d'ouverture vise à donner un aperçu de l'engagement de Ressources humaines et Développement des compétences Canada à l'égard des études postsecondaires. Je ferai ensuite des observations sur certains secteurs de dépenses grâce auxquels notre ministère appuie les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Finalement, je vais parler des mesures adoptées par mon ministère pour soutenir les études postsecondaires dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Tout d'abord, le gouvernement du Canada appuie l'éducation postsecondaire de trois façons: premièrement, grâce au Transfert canadien en matière de programmes sociaux, qui est destiné aux provinces; deuxièmement, grâce au financement accordé aux universités et aux collèges pour la recherche et le développement, et, troisièmement, grâce à l'aide financière octroyée aux étudiants.
Notre ministère, pour sa part, appuie l'éducation postsecondaire en aidant directement les apprenants. C'est notre rôle. Il favorise l'accès à l'éducation postsecondaire et permet aux étudiants de choisir leur établissement d'enseignement. L'appui du ministère est axé sur les personnes et non sur les établissements ou les provinces.
Permettez-moi de vous décrire les initiatives de RHDCC à l'appui de l'éducation postsecondaire.
[Traduction]
Le Programme canadien de prêts aux étudiants a été créé en 1964 sous forme de programme de dépenses législatives au sein de RHDCC. Il a pour mission de favoriser l'accessibilité à l'éducation postsecondaire des étudiants ayant un besoin reconnu, grâce à l'octroi de prêts et de bourses qui réduisent les obstacles d'ordre financier auxquels ils se heurtent, et de veiller à ce que les Canadiens aient la possibilité d'acquérir les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour jouer un rôle actif dans l'économie et la société.
Le Programme canadien de bourses aux étudiants offre de nombreuses bourses pour augmenter la participation des membres des groupes sous-représentés dans les établissements d'enseignement postsecondaire et pour encourager les parents à commencer tôt à épargner pour l'éducation postsecondaire de leurs enfants. Des bourses sont également disponibles aux étudiants dans divers domaines et à divers niveaux de leur éducation.
RHDCC offre également aux étudiants et à leurs familles divers incitatifs à l'épargne, qui sont administrés par le Programme canadien pour l'épargne-études. Ce programme incite les familles à épargner en vue de l'éducation postsecondaire en encourageant les cotisations aux régimes enregistrés d'épargne-études.
[Français]
Le ministère favorise aussi la mobilité internationale par son initiative Mobilité académique internationale, qui appuie la communauté de l'enseignement supérieur au Canada en établissant et en consolidant des partenariats dans le domaine de l'éducation internationale.
[Traduction]
RHDCC effectue également d'importants investissements pour appuyer la formation et le perfectionnement professionnel chez les adultes dans le cadre d'ententes bilatérales avec les provinces et les territoires. Les établissements postsecondaires bénéficient indirectement de bon nombre de ces investissements, puisque les collèges communautaires, en particulier, offrent la majeure partie de cette formation.
[Français]
Le budget de 2007 a annoncé une nouvelle architecture du marché du travail qui reconnaît la responsabilité des provinces et des territoires dans la conception et l'exécution des programmes relatifs au marché du travail.
Bien que vaste, le soutien du gouvernement du Canada à l'éducation postsecondaire continue de respecter la responsabilité constitutionnelle des provinces et des territoires à l'égard de l'éducation. Il existe un important intérêt national, bien sûr, dans l'éducation postsecondaire. Cependant, il s'agit d'une compétence provinciale à l'égard de laquelle les responsabilités des gouvernements provinciaux dans le domaine de l'éducation sont clairement énoncées, de sorte que l'administration et les pratiques de l'éducation postsecondaire relèvent des gouvernements provinciaux.
[Traduction]
De plus, RHDCC offre un ensemble de programmes et d'activités qui ont des incidences indirectes sur l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Ces programmes peuvent potentiellement bénéficier au secteur de l'apprentissage en particulier, et à celui de l'éducation postsecondaire car, en gros, un financement de l'ordre de 94 millions de dollars doit être versé à ces programmes entre 2008 et 2013.
Je peux vous énumérer les grands programmes de financement. Tout d'abord, un fonds d'habilitation de 69 millions de dollars procure des ressources pour renforcer la capacité des réseaux à obtenir des fonds pour réaliser des projets de développement économique communautaire; pour former des partenariats entre les secteurs privé, public et sans but lucratif; et pour optimiser les ressources financières provenant d'autres ordres de gouvernement. Il y a un projet pilote concernant les services de garde, qui vise à évaluer les incidences des programmes préscolaires francophones sur l'épanouissement linguistique et culturel. Il y a aussi une initiative d'alphabétisation familiale dont les objectifs sont d'étendre l'accès à l'alphabétisation familiale dans les communautés minoritaires de langue française et en partenariat avec les organismes gouvernementaux et divers organismes voués à l'alphabétisation familiale. En outre, il y a une initiative de 4 millions de dollars visant à renforcer les capacités des organismes non gouvernementaux à promouvoir le développement de la petite enfance.
Je vous décris ces programmes non pas parce qu'ils ont une incidence directe sur l'éducation postsecondaire, mais plutôt parce que tout ce que nous savons à propos de l'éducation postsecondaire fait ressortir l'importance du développement de la petite enfance, c'est-à-dire qu'il s'agit d'un élément crucial qui contribue à développer la capacité d'accéder à l'éducation postsecondaire plus tard dans la vie.
Je vous parlerai maintenant de la façon dont les activités du ministère influent sur les communautés linguistiques en situation minoritaire.
[Français]
La recherche est l'un des principaux secteurs d'activité où le soutien de RHDCC à l'éducation postsecondaire et celui destiné aux communautés de langue officielle en situation minoritaire se rejoignent.
[Traduction]
Par une participation à la recherche et l'utilisation d'instruments de sondage... J'ai devant moi un certain nombre d'instruments, à propos desquels je pourrai parler plus tard. Ils comprennent le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, l'Enquête auprès des jeunes en transition et l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes. Certains projets sont entrepris conjointement avec l'Organisation de coopération et de développements économiques, l'OCDE.
Bon nombre de ces projets font du suréchantillonnage. Ils fondent leurs travaux sur des échantillons plus larges établis à partir de populations de communautés linguistiques en situation minoritaire, ici même au Canada, de manière à mesurer les compétences linguistiques et les niveaux d'alphabétisation chez les populations d'élèves et les populations d'adultes. Grâce aux travaux de nos chercheurs à RHDCC, nous possédons une meilleure compréhension des compétences en matière de langues officielles.
En outre, le Programme canadien pour l'épargne-études a ciblé les communautés de langue officielle en situation minoritaire, par l'entremise d'une série d'activités de sensibilisation, dans le but d'informer les communautés francophones en situation minoritaire de l'Ontario au sujet de la subvention canadienne pour l'épargne-études et du Bon d'études canadien.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler ce matin.
[Français]
Je vais commencer et Nicole va ensuite prendre la relève.
[Traduction]
Je vous remercie de nous avoir invités à prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle John Erskine, et je suis président de l'Association canadienne des professeurs de langues secondes, aussi appelée ACPLS. Dans mon travail de tous les jours, j'exerce les fonctions de consultant en français et en langues pour la Division des écoles de Winnipeg, et je suis chargé de cours en formation initiale des enseignants au Collège universitaire de Saint-Boniface.
L'ACPLS a été créée par des bénévoles en 1970. Elle est devenue une organisation pluridisciplinaire qui vient principalement en appui aux enseignants de langues secondes, aux professeurs chargés de former les futurs enseignants et aux chercheurs dans le domaine des langues secondes.
Ces langues secondes englobent nos langues officielles de même que d'autres langues parlées dans le monde. Nous représentons plus de 4 000 membres qui proviennent de toutes les provinces et de tous les territoires. La grande majorité de nos membres sont des professeurs qui enseignent le français de base; nous comptons également parmi nos rangs des enseignants en immersion française et des professeurs d'anglais langue seconde du Québec et du Nouveau-Brunswick.
Il est important de noter que plus de 85 p. 100 des élèves canadiens qui apprennent le français l'apprennent comme langue seconde dans le cadre du programme de français de base. Actuellement, parmi ces apprenants du FLS, seulement 16,5 p. 100 satisfont aux exigences de français pour l'obtention du diplôme d'études secondaires. Seuls quelque 300 000 élèves sont inscrits à des programmes d'immersion en français.
Notre objectif principal est de venir en appui aux enseignants et de revitaliser les programmes de base, en français pour la très grande partie du pays et en anglais pour le Québec et le Nouveau-Brunswick.
La démographie changeante a fait en sorte de modifier la façon dont l'ACPLS vient en aide aux enseignants, dont le profil change, lui aussi. Nous tenons compte des différents contextes urbains et ruraux, par exemple, des régions où le nombre d'inscriptions est en déclin et où il manque de spécialistes qualifiés. La démographie influe également sur la composition des classes. Nous tenons également compte des besoins des enseignants qui travaillent auprès d'apprenants qui reçoivent leur éducation dans des langues autres que celle parlée à la maison ou que celle parlée couramment dans leur communauté.
[Français]
L'ACPLS valorise l'importance de la diversité ethnique, linguistique et culturelle du Canada. En fonction de sa capacité organisationnelle et financière, notre association reconnaît et fait progresser l'excellence au sein de l'enseignement de langues secondes au Canada. L'Association canadienne des professeurs de langues secondes oeuvre dans le système scolaire K-16, soit de la maternelle à la fin du secondaire, et ensuite nous nous intéressons à deux composantes de l'éducation postsecondaire.
[Traduction]
Tout d'abord, nous examinerons ce qui arrive aux apprenants de langues secondes tout de suite après qu'ils ont terminé leur secondaire, et nous analyserons leur capacité d'accéder à des programmes et des possibilités qui leur permettront d'utiliser leur deuxième langue officielle ou de poursuivre des études dans cette langue, que ce soit dans les collèges communautaires ou dans les universités. Ensuite, nous examinerons ce qui se produit dans les facultés de l'éducation des différentes universités canadiennes au regard de la préparation de nos futurs professeurs de langues secondes.
Nous présenterons des initiatives qui s'adressent à tous les niveaux compris entre la maternelle et la dernière année du secondaire, dont pourraient profiter les établissements d'enseignement postsecondaires et qui pourraient recevoir un soutien du gouvernement fédéral.
[Français]
De grands défis vis-à-vis des succès de l'enseignement et de l'apprentissage des langues secondes ont été déterminés lors des consultations sur la dualité linguistique et notés dans plusieurs projets de recherche. Ils incluent le manque de prestige des programmes de langue seconde dans les écoles, particulièrement en concurrence avec certaines autres matières; le manque d'uniformité vis-à-vis des niveaux de compétences linguistiques possibles pour chaque type de programme et d'un champ d'application à un autre; ainsi que le manque de politiques vis-à-vis de l'inclusion et de la participation des allophones aux programmes de langue seconde variés.
On a également noté un taux de renvoi élevé des cours de langue seconde au niveau secondaire. Si les étudiants laissent tomber leurs cours de langue seconde avant la fin du secondaire, peu seront motivés à poursuivre de telles études au niveau postsecondaire.
[Traduction]
Parmi les mesures possibles, nous pourrions notamment déterminer comment les systèmes scolaires valorisent ou dévalorisent le français dans leurs pratiques administratives et leurs politiques, mettre le doigt sur les obstacles et élaborer des solutions potentielles. Nous pourrions également explorer les identités bilingues et le processus de socialisation des apprenants de langues secondes, y compris des nouveaux Canadiens, pour pouvoir faire valoir les avantages et l'utilité de l'apprentissage des langues secondes, fournir des arguments à ce propos et sensibiliser les gens quant à l'importance du bilinguisme. Enfin, nous pourrions envisager la possibilité pour le Canada de se doter d'un cadre de référence linguistique commun, qui favoriserait l'application d'une même approche dans l'ensemble des provinces et des territoires, de la maternelle jusqu'à la fin du secondaire de même que par les employeurs, pour fixer les attentes en matière d'apprentissage linguistique et évaluer les compétences à ce chapitre.
Cette dernière proposition s'inspire d'un projet facilité par l'ACPLS au cours des dernières années. Nous avons appuyé l'adoption d'un cadre de référence linguistique commun pour le Canada; il s'agit d'un outil qui servirait à établir des normes claires à atteindre aux différentes étapes de l'apprentissage linguistique et qui permettrait d'évaluer les résultats ou les compétences linguistiques dans une optique de comparaison internationale. Nous appuyons cette idée parce que les programmes provinciaux et territoriaux de FLS poursuivent actuellement les mêmes objectifs, mais ceux-ci n'ont pas été liés à des normes reconnues en matière de compétence linguistique. De plus, il n'existe pas d'outil d'évaluation normalisé qui permette de mesurer le bilinguisme chez les diplômés en FLS. Par conséquent, il a été difficile de déterminer si nos programmes de langues secondes obtiennent les résultats voulus. L'ACPLS appuie également l'utilisation d'un portfolio ou d'un outil de suivi qui permettrait aux élèves d'établir leurs objectifs pour ce qui est de leur apprentissage linguistique, de documenter leurs réalisations et de suivre leur progression.
Pour appuyer ce cadre commun, l'ACPLS coordonne depuis 2004 un dialogue intergouvernemental auquel participent le Conseil des ministres de l'Éducation, les ministères de l'Éducation et les responsables de l'évaluation. Nous sommes heureux que le CME ait maintenant accepté le cadre, qui sera mis en oeuvre dans toutes les provinces. Par exemple, la commission des écoles publiques d'Edmonton a intégré l'usage du cadre et du portfolio dans tous ses programmes linguistiques. Elle a également piloté l'application de normes d'évaluation reconnues à l'échelle internationale auprès de ses élèves.
À l'ACPLS, nous sommes d'avis que l'application d'un cadre reconnu à l'échelle internationale redorera le blason des programmes de langues secondes dans les écoles, donnera de la crédibilité aux programmes linguistiques offerts et motivera davantage les élèves à persévérer dans leurs cours de langues.
Je cède maintenant
[Français]
la parole à Mme Thibault.
Je me présente. Je suis Nicole Thibault, directrice générale de l'Association canadienne des professeurs de langues secondes depuis 2003. Pendant ma carrière, j'ai oeuvré comme enseignante de français langue seconde en immersion et comme directrice adjointe dans plusieurs écoles ici, à Ottawa.
En ce qui a trait au niveau postsecondaire, deux de nos organismes partenaires, Canadian Parents for French et le Commissariat aux langues officielles, ont rassemblé des données sur les types de programmes et les appuis offerts aux étudiants intéressés à poursuivre leurs études ou à utiliser leur langue seconde officielle dans le cadre de leurs programmes collégiaux ou universitaires. Ils ont noté des programmes innovateurs qu'on a commencé à développer, et je pense qu'on veut encourager le développement d'autres programmes semblables. Il est question notamment du régime d'immersion offert à l'Université d'Ottawa, qui fournit un programme de tutorat pour les étudiants diplômés des programmes d'immersion française qui suivent des cours dans le secteur francophone avec les francophones. On note également une ouverture des collèges communautaires francophones à accueillir ces mêmes diplômés des programmes d'immersion.
[Traduction]
Entre autres, il serait possible d'appliquer des exigences linguistiques concernant l'admission ou l'obtention des diplômes pour certains programmes universitaires; utiliser différentes technologies dans les programmes de langues secondes pour enrichir les possibilités et accroître la valeur des expériences d'apprentissage; favoriser les échanges, les stages, les programmes coopératifs et le placement étudiant dans la deuxième langue officielle de l'étudiant, puis donner un crédit linguistique supplémentaire à l'issue de ces expériences; élaborer un programme commun de recherche qui tient compte des différents aspects sociaux et culturels associés aux langues officielles, et créer des liens et des réseaux entre chercheurs et praticiens autant dans le secteur francophone qu'anglophone. Enfin, il y aurait également lieu de contribuer davantage à la préparation et à la formation des professeurs de langues dans les universités.
Partout au Canada, il manque de professeurs pour dispenser des cours de langues secondes de qualité. De nombreux districts scolaires ont du mal à combler les postes de professeurs en FLS dans des domaines spécialisés, comme les cours de sciences ou de mathématiques en français. Donc, du point de vue de l'immersion, c'est très important.
[Français]
Il faut parler français, mais il faut aussi connaître les mathématiques.
[Traduction]
Nous avons également des problèmes dans les régions rurales de certaines provinces.
[Français]
L'ACPLS croit que l'enseignement du français langue seconde doit être présenté comme une option viable de carrière. Les nouveaux professeurs requièrent un soutien par la voie de perfectionnement professionnel, de partage de l'information et d'occasions d'enrichir leurs compétences linguistiques et culturelles.
[Traduction]
En 2006, l'ACPLS, avec deux partenaires — la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants et l'Association canadienne des professeurs d'immersion —, a publié un rapport sur les conditions d'apprentissage et de travail des professeurs de FLS. Deux choses intéressantes ressortent de ce rapport.
Seulement 32 p. 100 des répondants qui étaient des professeurs de FLS ont indiqué être titulaires d'un certificat de spécialiste; en d'autres mots, 32 p. 100 avaient reçu une formation précise pour enseigner le français langue seconde. La réalité actuelle est la suivante: si vous êtes en Colombie-Britannique et que par hasard vous parlez allemand, on fera de vous le professeur de français.
Près de 40 p. 100 des répondants qui étaient des professeurs de FLS ont indiqué avoir songé à quitter l'enseignement du FLS au cours de l'année précédente. Parmi les raisons invoquées, il y a la marginalisation du programme de FLS — le programme n'est pas reconnu, et on voit ce rôle comme insignifiant — de même que l'absence de soutien dans les collèges et universités et dans les communautés. Cet automne, l'ACTI a publié un autre rapport, qui se penchait sur la situation des nouveaux professeurs de langues ayant moins de cinq ans d'expérience et sur les raisons qui les incitaient à abandonner la profession. Les constats ont été les mêmes. Ce que nous voyons, c'est qu'il nous faut promouvoir les mécanismes d'appui aux nouveaux professeurs, comme les programmes de mentorat.
L'ACPLS a entrepris une étude liée à la création d'un portfolio et d'un profil de compétence pour les professeurs de langues. Cet outil permettrait de mieux comprendre les qualifications minimales requises au regard de la formation pédagogique, de la maîtrise de la langue, de la sensibilité à la diversité culturelle et de la matière enseignée et, du coup, de mieux informer les employeurs et d'encadrer et orienter les personnes chargées de former les futurs enseignants.
On pourrait également examiner différentes possibilités d'enrichissement et de perfectionnement pour ces professeurs de langues secondes, autant pendant leurs études qu'en situation de travail; examiner les possibilités d'échange de professeurs; se pencher sur les mécanismes de soutien offerts aux nouveaux professeurs et assurer une meilleure compréhension de leurs rôles de professeurs et spécialistes en FLS; et envisager la mise en oeuvre de ce portfolio ou profil de compétence des professeurs de langues comme outil dont pourraient se servir les districts scolaires pour évaluer ce qu'ils font actuellement pour venir en appui aux professeurs de FLS et les façons qu'ils ont de favoriser continuellement leur croissance et leur perfectionnement professionnels. Enfin, on pourrait cibler les possibilités de perfectionnement professionnel qui s'offrent aux professeurs déjà en exercice. Nous devons voir à maintenir les compétences linguistiques de nos professeurs tout au long de leur carrière.
[Français]
L'ACPLS tient à reconnaître le soutien financier du gouvernement fédéral par l'entremise des contributions du ministère du Patrimoine canadien dans le cadre du programme à l'appui de l'apprentissage du français et de l'anglais comme langue seconde. Cela nous permet d'avancer notre travail auprès de nos membres et du personnel enseignant au Canada. À partir de cette expertise, l'ACPLS est en position de jouer un rôle de leadership dans certains projets et aussi dans la coordination de projets avec plusieurs parties prenantes qui ont des objectifs complémentaires, y compris des partenaires fédéraux et provinciaux. Il est certain que pour nous, en matière d'éducation au niveau provincial, il faut établir un dialogue entre les provinces afin de s'entendre mutuellement sur la façon la plus efficace d'appuyer encore davantage la dualité linguistique et l'apprentissage des langues officielles au Canada.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous souhaiter la bienvenue. Veuillez excuser mon retard. J'étais chez le médecin. Comme vous pouvez le voir, j'ai la grippe.
Il y a eu un rappel au Règlement, et je suis d'accord pour dire que ce n'en était pas vraiment un. Les cinq minutes nous appartiennent et nous posons les questions que nous voulons poser.
Voilà un exemple de la façon de faire du gouvernement. Un juge de la Cour Suprême pourrait être nommé sans pour autant être bilingue. La loi est rédigée en anglais et en français. Elle n'est pas traduite mais bien écrite en français. Pourtant, après tout ça, on va demander aux traducteurs, malgré tout le respect qu'on leur doit, de traduire cette loi pour le juge — même si on n'accepte pas qu'elle soit traduite — , de façon à ce qu'il puisse prendre une décision de dernière instance. En effet, après la Cour suprême, il n'y a plus d'autre recours.
On parle de sous-ministres qui ne sont pas bilingues. Le message du gouvernement est que le bilinguisme au pays n'est pas très important, même si le Canada est un pays bilingue. Le gouvernement est un gros employeur. J'ai travaillé dans les mines. Je me rappelle avoir donné l'exemple suivant. Quand la compagnie voulait engager des personnes pour manier de l'équipement lourd, elle disait ce dont elle avait besoin. Il en allait de même si elle avait besoin d'un électricien. Quand la fonction publique a besoin de personnel, quelle est la position du gouvernement? Il fait comme si le bilinguisme n'était pas nécessaire malgré qu'une loi fasse du Canada un pays bilingue. Pourtant, c'est eux qui vont devoir former ces gens. Ne serait-ce pas préférable que ce soit fait par les institutions?
Pourquoi ne faites-vous pas cette demande? Aurez-vous les moyens de le faire avec les personnes compétentes en travaillant de concert avec l'employeur? En réalité, vous représentez des employeurs, étant donné que vous dispensez de la formation aux gens qu'ils vont recruter plus tard. N'est-il pas possible de régler ce problème une fois pour toutes?
:
Je vais répondre en anglais.
[Traduction]
Le processus est déjà enclenché. En fait, il faudrait que le Conseil des ministres de l'Éducation, qui regroupe tous les ministères de l'Éducation et qui se réunit régulièrement à Toronto, se penche sur des projets conjoints parce qu'un grand nombre des décisions sont prises à l'échelle provinciale.
Nous avons entamé un dialogue en 2003 si je ne me trompe pas, et l'une des plus grandes questions était de savoir ce qu'apporte un programme d'immersion en français. Quel est le niveau de bilinguisme d'un étudiant inscrit à un programme d'immersion en français de la maternelle à la 8e année ou de la maternelle à la 12e année? Il serait aussi utile aux universités de savoir quel est le niveau de bilinguisme des étudiants du programme de français de base et des étudiants en
[Français]
anglais langue seconde
[Traduction]
— le principe est le même dans les différentes provinces — pour qu'elles puissent avoir une idée précise de la condition d'admission qu'elles peuvent exiger.
Cela nous ramène à la question concernant les raisons qui ont entraîné le retrait de certaines de ces conditions. Elles ont été retirées parce que les attentes étaient différentes, selon qu'une personne venait d'une autre province ou d'une autre. Si vous aviez suivi votre programme dans cette province-ci, vous ne pouviez entrer dans cette université-là.
Voilà en gros pourquoi les règles ont été assouplies.
Le dialogue est déjà entamé. Les partis se sont déjà entendus sur le cadre à utiliser. Nous en sommes maintenant à l'étape où les différentes provinces doivent réfléchir à des façons d'instaurer ce cadre de la maternelle à la 12e année. Nous commençons à encourager la mise à l'essai du cadre.
John a cité en exemple l'Edmonton Public Schools, qui est un leader important dans le milieu. Cet organisme a d'ailleurs évalué des échantillons d'étudiants inscrits à un programme d'immersion, à un programme de français de base ou à un autre programme pour avoir une idée de leur niveau par rapport à l'échelle établie.
Il travaille également à la Faculté Saint-Jean de l'Université de l'Alberta, qui envisage d'exiger dans certaines facultés — pas dans toutes les facultés, mais dans certaines — le niveau B2 ou C1 ou tout autre niveau équivalent comme condition d'admission.
Je pourrais vous donner quelques renseignements généraux sur le cadre. Il est fondé sur un modèle européen qui a été élaboré sur une période de 20 ans et il constitue une très bonne base pour les recherches. En fait, le ministère du Patrimoine canadien a mené une étude sur l'ensemble des cadres existants, et, au terme de cette étude, il a choisi ce cadre. C'est celui qui convient le mieux dans le contexte de l'autonomie provinciale en matière d'éducation et des activités communes qui sont parfois menées au niveau pancanadien. Nous progressons, donc.
Notre prochaine étape consiste à étendre le projet aux établissements d'enseignement postsecondaire, ce qui implique de rencontrer les collègues communautaires et les responsables des programmes universitaires pour les encourager à instaurer l'utilisation des portfolios et d'un système de suivi pour les étudiants.
À l'heure actuelle, six différentes facultés d'enseignement s'apprêtent à tenter l'expérience en utilisant ces méthodes dans le cadre de programmes de formation des enseignants. C'est davantage ce à quoi nous nous intéressons.
:
Il s'agit de remarques destinées à M. Godin.
Dans ma présentation, j'ai parlé de la nécessité de mettre sur pied un consortium de collèges, ce qui nous permettrait d'être reconnus comme dispensateurs de formation en langue seconde partout au Canada. On a des assises dans toutes les provinces. Avec un peu d'argent, on pourrait établir ce consortium et dispenser la formation en langue seconde selon les besoins de la fonction publique canadienne, ainsi que dans les provinces.
Par ailleurs, je tiens à souligner ce qu'a dit M. Greg Allain. On investit de l'argent dans l'immersion, mais il va falloir penser à en investir dans les institutions postsecondaires francophones. En effet, plus on embellit les institutions anglophones, plus on donne à ceux qui sont en immersion l'envie d'opter pour celles-ci, au détriment de nos institutions francophones.
En Nouvelle-Écosse à l'heure actuelle, 4 000 étudiants du secondaire sont formés en français et 4 000 autres sont des ayants droit, ce qui fait un total de 8 000. Par contre, il n'existe aucun collège communautaire francophone. Un seul programme est offert à l'Université Sainte-Anne. À l'Île-du-Prince-Édouard, un petit embryon de collège a vu le jour récemment, mais il s'agit vraiment d'un, deux ou trois programmes. Par contre, de plus en plus d'élèves francophones s'inscrivent dans des écoles francophones, et c'est ce qu'il faut développer. Parallèlement, il faut développer des collèges et des programmes universitaires pour accueillir ces gens.
:
J'invoque mon droit canadien de m'exprimer en anglais afin de m'assurer que nous ayons un volet bilingue, comme le veut M. Gaudet.
Je suis satisfaite de votre motion, monsieur Godin. Il s'agit d'une question importante que nous devons vraiment examiner. J'apprécie l'historique que vous avez fait. Lorsque vous nous avez expliqué l'historique de cela à nous, nouveaux venus, c'était plein de bon sens. Je vous en remercie et je vous encourage à continuer à partager l'historique de certaines décisions qui ont été prises, car je trouve cela très utile.
Certains mots de la motion me laissent perplexe. Je crois qu'il est préférable d'obtenir d'abord l'information puis de tirer des conclusions. La plupart des gens ont semblé d'accord avec d'autres motions. Par conséquent, je recommande que nous amendions cette motion pour remplacer certains mots.
[Français]
« son opposition » dans la première ligne, qui se lit ainsi:
Que le Comité permanent des langues officielles exprime son opposition [...].
Je suggère qu'on remplace les mots « son opposition » par « ses inquiétudes », afin que la motion soit moins négative.
La phrase se poursuit ainsi:
[...] à la décision de retirer la fiche commentaire sur le service offert dans les deux langues officielles des pochettes de siège d’avion, et demande à Air Canada de lui faire parvenir par écrit les raisons justifiant cette décision et de l’invalider incessamment.
Je suggère qu'on supprime les mots « et de l'invalider incessamment ». Mais avant d'enlever ces mots, j'aimerais donner à Air Canada l'occasion de nous expliquer pourquoi elle a agi ainsi. Ensuite, on pourra dire ce qu'on en pense.