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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
Je remercie le comité de m’avoir invité ce matin pour discuter du traitement réservé aux militaires unilingues sur les bases des Forces canadiennes Borden et Gagetown ainsi qu’à la Garnison Saint-Jean. Comme vous l'avez mentionné, monsieur le président, je suis accompagné de M. Denis Egglefield, qui était le directeur responsable de cette enquête.
Monsieur le président, si vous le permettez, j'aimerais commencer par dire comme je suis honoré d'avoir été nommé ombudsman du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes en février 2009.
Au cours des 10 dernières années, le bureau a aidé à apporter des changements tangibles, positifs et durables qui ont profité à tous les membres de la communauté de la Défense du Canada. Le bureau a joué un rôle important sur les plans de l’ouverture, de la transparence et de la reddition de comptes. En ma qualité d’ombudsman, je suis déterminé, bien entendu, à perpétuer cet héritage. Je suis également fermement résolu à veiller au traitement juste et équitable de tous les membres de notre communauté de la Défense, y compris celui des militaires unilingues des Forces canadiennes, comme c’est le cas dans le dossier qui nous préoccupe aujourd'hui.
Au cours des prochaines minutes, je vais vous rendre compte du travail effectué par notre bureau dans le domaine des langues officielles depuis la comparution devant ce comité de l’ombudsman intérimaire, Mme Mary McFadyen, qui a eu lieu au mois de mars 2008.
Je vais maintenant vous donner un aperçu du contexte. Comme les membres du comité se le rappellent peut-être, le Bureau de l’Ombudsman a effectué une enquête sur la Base des Forces canadiennes Borden en 2007 après que l’ancien ombudsman, M. Yves Côté, ait constaté que les militaires francophones avaient de grandes difficultés à travailler et à obtenir de l’instruction et des services essentiels dans leur langue officielle maternelle.
Lors de sa comparution devant ce comité en 2008, l’ombudsman intérimaire, Mme McFadyen, a indiqué que le Bureau de l’Ombudsman était à vérifier les progrès réalisés afin de régler ces problèmes, au terme d’une visite effectuée par des enquêteurs à Borden en janvier et en février 2008. L’ombudsman intérimaire a également informé le comité que des enquêteurs avaient été délégués sur la Base des Forces canadiennes Gagetown et à la Garnison Saint-Jean afin de déterminer si les militaires unilingues des Forces canadiennes étaient aux prises avec les mêmes types de problèmes en ce qui concerne l’accès à l’instruction et aux services dans leur langue officielle maternelle.
[Traduction]
Après la visite à Gagetown et à Saint-Jean, Mme McFadyen a écrit au chef d'état-major de la Défense pour l'informer de problèmes graves soulevés par les enquêteurs de l'ombudsman. Monsieur le président, le bureau a déterminé que les problèmes signalés à Gagetown et à Saint-Jean ressemblaient, dans l'ensemble, à ceux relevés à la BFC Borden. À Gagetown, les francophones ont de la difficulté à obtenir de l'instruction et des services de base dans leur langue officielle maternelle. Plus précisément, il manquait d'instructeurs et de matériel de formation bilingues, et un grand nombre de membres des Forces canadiennes ignoraient carrément leurs droits en matière de langues officielles. À Saint-Jean, les anglophones ont difficilement accès à des services dans leur langue officielle maternelle, y compris aux soins de santé.
Au sujet de la BFC Borden, Mme McFadyen a écrit au chef d'état-major de la Défense, le 6 août 2008, au sujet des progrès réalisés relativement au traitement des francophones unilingues à cette base, à la suite des préoccupations exprimées par le bureau. Elle lui a mentionné que les enquêteurs avaient observé des améliorations, y compris une plus grande connaissance des droits linguistiques grâce à l'élaboration d'une section consacrée aux langues officielles sur le site Web de la base et à la nomination d'un champion des langues officielles.
Cependant, par la même occasion, Mme McFadyen a insisté sur le fait que nombre de problèmes graves signalés par le bureau n'avaient toujours pas été réglés, notamment au chapitre de l'instruction, de la disponibilité des services essentiels dans les deux langues officielles ainsi que de l'aide et de la formation dans la langue seconde.
[Français]
Monsieur le président, même si je suis l’ombudsman de la force militaire seulement depuis un peu plus de trois mois, je trouve cette situation inacceptable. Les Forces canadiennes ont eu un an et demi pour régler ces problèmes de justice fondamentale et n’en ont tout simplement pas assez fait.
Dans sa lettre d’août 2008 au chef d’état-major de la Défense, l’ombudsman intérimaire l’a informé que les problèmes systémiques qui n’avaient toujours pas été réglés seraient confiés au commissaire aux langues officielles, étant donné que son organisation entreprenait une vérification des établissements d’instruction des Forces canadiennes. De plus, le mandat du commissaire lui permet d’examiner toute question ayant trait aux langues officielles, y compris l’observation de la Loi sur les langues officielles.
Au moment de confier les problèmes qui n’avaient toujours pas été réglés au commissaire aux langues officielles, l’ombudsman intérimaire lui a fait part de deux domaines de préoccupation d’importance critique. Le premier avait trait à l’instruction. En raison du nombre insuffisant d’instructeurs bilingues ainsi que du manque de matériel didactique de qualité en français et de cours offerts en français, les étudiants francophones n’avaient pas de possibilités égales de formation, ce qui retardait leur progression de carrière.
Le deuxième avait à voir avec les services. Plus particulièrement, le bureau a constaté qu’un certain nombre de services essentiels, y compris les services médicaux et de la police, n’étaient pas offerts aux militaires francophones des Forces canadiennes dans leur langue officielle maternelle à Borden. Le bureau a aussi découvert des problèmes sérieux de santé et sécurité, à Gagetown et à Saint-Jean, relativement à la communication d’allergies alimentaires, à la conduite d’exercices d’évacuation en cas d’incendie et à la transmission des ordres sur les champs de tir.
[Traduction]
J'ai fait de ce dossier ma priorité dès ma nomination au poste d'ombudsman, en février dernier. J'ai rencontré le commissaire en avril et l'ai assuré que nous continuerions d'aider le commissariat à régler les problèmes systémiques ayant trait aux langues officielles.
Je suis déterminé à surveiller les progrès réalisés dans l'application de notre recommandation et à traiter toutes les plaintes individuelles portant sur les langues officielles. Je porterai une attention particulière aux défis linguistiques que doivent relever les membres des Forces canadiennes, lorsque je me rendrai à Borden, à Gagetown, à Saint-Jean et dans les autres installations militaires situées au pays au cours des prochains mois.
[Français]
En conclusion, je crois qu'il s'agit d'une question de justice fondamentale pour les femmes et les hommes des Forces canadiennes. Il est essentiel que tout le personnel des Forces canadiennes ait les mêmes possibilités d'instruction et un accès égal aux services, peu importe la langue maternelle officielle. Nous sommes prêts à aider le comité du mieux que nous le pouvons.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Daigle, d'être parmi nous.
Après avoir entendu vos commentaires, je dois vous avouer qu'il est extrêmement inquiétant de voir la situation actuelle. On dirait qu'il y a des gens, au sein de l'état-major, qui ne prennent pas les questions linguistiques au sérieux.
Plus tôt, vous avez parlé des problèmes liés à la santé, aux allergies alimentaires et aux exercices d'évacuation. Toutes les situations que vous avez évoquées sont courantes dans la vie des militaires. On dirait qu'on tient pour acquis qu'on est censé savoir exactement ce qu'il faut faire lorsqu'il y a une alerte d'incendie, par exemple. Ce n'est plus une question de langue. À un moment donné, il faut être capable d'être présent, de montrer aux gens les démarches à suivre et de s'assurer de leur bonne santé.
Imaginez les problématiques qui peuvent se présenter quand on n'est pas en mesure de se faire soigner dans sa langue maternelle. On l'a déjà dit au sein de ce comité. Souvent, on prenait l'exemple d'une personne un peu plus âgée qui ne connaît pas l'autre langue, qui arrive à l'hôpital et qui ne peut pas expliquer la nature de sa maladie. De toute évidence, elle peut se retrouver avec un médicament qui peut davantage lui nuire que l'aider.
Aujourd'hui, on parle sensiblement des mêmes choses, mais à propos de nos militaires. On embauche des gens pour servir le pays et on les charge de diverses fonctions, que ce soit à l'étranger ou à l'intérieur du pays. Toutefois, on n'est même pas en mesure de leur offrir des services de base dans leur langue première. On ne peut même pas s'assurer de soigner ces gens dans la langue de leur choix.
La situation concernant la transmission des ordres sur les champs de tir est encore pire — j'avais déjà soulevé ce point auprès de l'ancien ministre de la Défense nationale. Imaginez, monsieur Daigle, qu'un problème survienne sur le champ de tir et qu'on n'entende pas bien les ordres, comme vous l'avez dit. À quelle sorte de désastre pourrions-nous assister? Ça, c'est une chose.
Je citais aussi un autre exemple au ministre de l'époque. Je lui disais d'imaginer qu'on envoie des hommes et des femmes à l'étranger en mission de combat, comme c'est le cas actuellement. Si ces gens ne comprennent pas bien l'ordre qu'on leur donne parce qu'on n'a pas les outils pour leur parler dans leur langue maternelle ou dans la langue de leur choix, que ce soit le français ou l'anglais, que pourrait-il arriver? C'est la vie de ces gens qui est en jeu, la vie du simple citoyen.
On est en train de mettre la vie de nos militaires en danger et on ne semble même pas prendre ça au sérieux. Vous avez parlé avec éloquence. Il était clair et net que vous ne semblez absolument pas satisfait de ce qui se passe. C'est normal, puisqu'on ne doit pas accepter une telle situation.
Les gens qui sont à la tête du ministère, au sein de l'état-major, devraient être plus sérieux dans leur travail. Je pense qu'ils ne comprennent pas le sérieux qu'il faut accorder au respect des deux langues officielles partout au pays, et plus précisément au devoir d'offrir les services de santé de base dans la langue du soldat, francophone ou anglophone, et ce, peu importe où il se trouve.
Imaginez qu'on donne aux militaires des ordres sur le champ de tir, sur le terrain ou dans une situation de guerre. Dans un tel contexte, à quelle sorte de situation dramatique pourrait-on faire face?
Trouvez-vous que des choses semblables soient acceptables?
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Merci, monsieur le député.
Comme je le disais, il y a encore beaucoup de progrès à faire. Bien entendu, les gens des Forces canadiennes nous ont informés que, depuis que mon prédécesseur leur a fait part de ses remarques lors de sa visite à la base militaire de Borden au début de l'année 2007, ils avaient fait des progrès. On a envoyé une équipe pour vérifier ces affirmations, et rien ne s'était produit jusque-là.
À une deuxième reprise, en décembre, on nous a informés que des progrès avaient été réalisés. On a envoyé, après deux visites de suivi, une équipe d'enquêteurs pour vérifier ces affirmations. Effectivement, certains progrès avaient été accomplis. Toutefois, malheureusement, il a été constaté que la majorité de nos recommandations importantes n'avaient pas encore été suivies.
Les questions relatives à la sécurité, à la santé, à l'entraînement, à la formation et aux services aux gens sont fondamentales. En février, lorsque je suis entré en fonctions, j'ai étudié les dossiers et je considère qu'il n'y a pas eu assez de progrès.
Pourquoi le temps de réaction est-il si long? Il faudrait peut-être poser cette question à ceux qui ont la responsabilité de mettre en place des mesures pour se conformer à ces recommandations. Nous, effectivement, nous rapportons qu'il n'y a pas eu assez de progrès réalisés à cet égard. On mentionne ces choses depuis deux ans.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord vous souhaiter la bienvenue et vous féliciter pour votre nomination.
Je salue également monsieur Egglefield.
Il est intéressant de voir que depuis janvier 2008, l'ombudsman est parti et a été remplacé par un ombudsman intérimaire, qui a fait de son mieux mais n'a eu que le temps de surfer un peu sur la vague et de repartir sans avoir pu faire quoi que ce soit. Je ne veux pas la blâmer, cependant. Vous avez maintenant un poste permanent. Il devrait donc y avoir une continuité dans vos démarches de recherche, d'autant plus que vous connaissez bien la situation.
L'information qu'on a reçue indique que du côté des services dentaires, 77 p. 100 des cours ne sont pas offerts en français. On dit que 33 cours sont offerts en anglais, que six sont dispensés en français et qu'un est offert dans les deux langues. On connaît la situation: ils se moquent carrément des langues officielles. On fête le 40e anniversaire de la Loi sur les langues officielles, et pourtant, les choses vont de mal en pis. Il y a eu des améliorations jusqu'au mois de septembre de l'année dernière, mais depuis la dernière élection, rien ne s'est passé. C'est comme si tout était retombé de nouveau dans le vide.
Selon vous, quelle est l'attitude des Forces canadiennes? Est-ce que les généraux et les colonels veulent qu'on cesse de les embêter avec ça parce qu'ils considèrent que leur mission est de défendre les gens à l'étranger et au pays? Est-ce qu'ils veulent qu'on cesse de les écoeurer avec les langues officielles? Est-ce leur attitude?
Je vous remercie d'être présents aujourd'hui. Il s'agit d'un enjeu très important.
Je suis un député qui représente beaucoup de francophones de l'Ontario, de la circonscription de Glengarry—Prescott—Russell. Pour les jeunes francophones, il est nécessaire d'avoir l'opportunité de faire leur carrière en français. Je sais qu'il y a des choses positives. Par exemple, je suis allé à la Cité collégiale. Les Forces canadiennes ont des liens avec la Cité collégiale afin de former les militaires en français dans leur métier. Il y avait aussi le Collège militaire royal de Saint-Jean, que j'ai eu l'occasion de fréquenter quand j'ai joint les Forces canadiennes, à l'âge 17 ans. Malheureusement, il a été fermé par l'ancien gouvernement, mais on l'a rouvert. C'est un aspect positif pour les jeunes sous-officiers francophones.
À Borden, il y a toutefois des problèmes qui doivent être réglés.
[Traduction]
Quand j'étais dans les Forces canadiennes, j'ai constaté que les militaires excellaient dans l'art d'examiner un problème, de le comprendre, de le scinder en sous-éléments et en objectifs, puis d'y faire face. Mais il y a toujours des priorités contradictoires.
J'aimerais savoir comment vous et votre bureau prenez note des priorités contradictoires, ou comment vous les intégrez dans vos rapports, le cas échéant.
Je vais vous donner un exemple. Vous mentionnez dans vos rapports que des progrès notables ont été réalisés, et c'est bien. Il reste encore, toutefois, d'importantes lacunes, comme le manque d'instructeurs
[Français]
qui sont capables d'enseigner en français à la base militaire de Borden.
La plupart des francophones de la 5e brigade résident probablement à la base militaire de Valcartier. Toutefois, la 5e brigade peut être engagée en Afghanistan.
[Traduction]
Comment en tenez-vous compte, si vous le faites? Comment évaluez-vous les autres priorités de l'armée, par exemple les priorités opérationnelles qui exigent des mutations? Il est possible que des gens qui feraient d'excellents instructeurs francophones soient en service en Afghanistan. Alors, comment intégrez-vous ça dans votre rapport ou votre évaluation?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Daigle. Bonjour, monsieur Egglefield.
En 2007, nous avions posé certaines questions à votre prédécesseure qui était venue ici. Voici ce que nous avions obtenu. Je vais vous résumer cela en quelques mots.
D'abord, je viens de la province de Québec, vous aussi. Vous savez comme moi que la fermeture du Collège militaire royal de Saint-Jean pendant presque 10 ans nous a fait extrêmement mal, au chapitre de la chaîne de commandement, parce que ce sont des sous-officiers qui s'instruisent à cet endroit. Par la suite, ces sous-officiers sont affectés un peu partout au Canada. Cela nous a fait très mal. Naturellement, on l'a rouvert, mais la réouverture remonte à très peu de temps. C'est nous qui l'avons rouvert.
Il y a autre chose. Et là, je rejoins les gens de l'opposition. N'y a-t-il pas une volonté d'inertie dans l'état-major, peu importe que celui-ci soit bilingue ou non? Je m'explique au sujet de l'inertie. Vous avez témoigné de votre vécu: vous avez été enrôlé dans les Forces armées canadiennes, vous avez fait partie du Royal 22e Régiment, vous avez été affecté à Borden où vous avez tenté d'améliorer les choses. Toutefois, vous n'y étiez pas le supérieur; il y en avait d'autres au-dessus de vous. Et peut-être que ces gens-là ne comprenaient pas votre désir d'appliquer la Loi sur les langues officielles. Voilà la deuxième chose.
Il y a une troisième chose. Nous avons installé le Modèle de transformation du programme des langues officielles de la Défense nationale, et, effectivement, c'est un modèle qui s'étend sur plusieurs années. Naturellement, vous êtes comme moi: vous venez d'arriver, et moi, j'ai été élu récemment. Pendant ces 10 années où le Collège militaire royal de Saint-Jean a été fermé, je ne pouvais pas être présent, car je n'étais même pas député. Eux, ils étaient là et ils l'ont gardé fermé. Ils ont donc fait mal à ma province.
Je veux savoir si vous êtes capable — comme le demandait Mme Guay — de nous préparer un rapport pour qu'on puisse voir l'évolution de ce programme. Sinon, je vais vous demander de revenir, et on en sera encore au même point. Allez-vous pouvoir nous fournir un rapport sur la base de votre expérience? Vous avez vu comment c'était sur la base militaire de Borden, sans les langues officielles. Et maintenant, qu'est-ce que c'est? On vous pousse dans le dos pour que vous puissiez nous donner une réponse, car c'est ce dont on a besoin. On a besoin de rassurer nos jeunes qui s'enrôlent dans les Forces canadiennes.
Pouvez-vous répondre en quelques secondes, car j'aurai une autre question à vous poser?
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Merci, monsieur le président.
En passant, le champion est identifié dans le document qui nous a été remis: c'est M. Jack Bouchard, qui est major. C'est un programme qui existe dans tous les ministères. C'est Patrimoine canadien qui s'occupe de cet aspect des langues officielles. Cela n'existe pas que dans l'armée.
Ce que vous dites, c'est que cette personne est arrivée dans le décor un peu comme Jeanne D'Arc, pour essayer de régler tous les problèmes. Elle devient une personne ressource, mais cela ne réglera jamais le problème de manque de matériel didactique et de manque de cours au sein des Forces canadiennes.
Quand j'étais en Saskatchewan, lors du débat des chefs de la campagne électorale de 1997, le chef du Bloc québécois avait souligné qu'à Bagotville, par exemple, les enfants des militaires anglophones pouvaient avoir accès à des cours en anglais, mais à Moose Jaw, il n'était pas possible d'avoir des cours en français. Cela a changé depuis parce que la communauté a pris la situation en main. C'est toujours ce qui me revient quand je pense aux Forces canadiennes: le non-respect du fait français.
Monsieur l'ombudsman, j'espère que vous plongerez dans cette question. C'est non seulement l'officier, homme ou femme, mais c'est toute la famille qui écope du fait que le fait français devient inexistant à trop d'endroits. Les enfants sont assimilés parce qu'ils n'ont même pas les éléments de base pour maintenir leur connaissance du français. Par conséquent, l'instruction doit être donnée en français. Il faut que cela existe sur les bases, sinon dans les systèmes publics qui existent autour de la base. Il faut s'assurer qu'ils puissent avoir accès à ces services. Là où il n'y en a pas, il faut en créer, il faut faire de l'offre active. C'est toute la base même de ce que le commissaire aux langues officielles apporte. Il faut faire de l'offre active, c'est une obligation prévue dans la loi.
On a rencontré M. Fraser, il n'y a pas longtemps. J'ai hâte de rencontrer M. Semianiw et M. Meloche, qui sont les responsables du programme de transformation en matière de langues officielles au sein de l'armée.
Je voudrais savoir si j'ai bien saisi. Les colonels et les généraux qui n'auront pas une connaissance du français au niveau CBC perdront leur poste ou n'auront plus droit à des promotions à compter de décembre 2009. Êtes-vous au courant de cela?
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins qui comparaissent aujourd'hui.
En mai dernier, le bureau de l'ombudsman avait mentionné dans une lettre au chef d'état-major de la Défense que des progrès avaient été réalisés en ce qui concerne le traitement des francophones à Borden. Il avait toutefois indiqué à cette époque, comme maintenant, que des problèmes graves n'étaient toujours pas réglés.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez mentionné qu'il manquait d'instructeurs bilingues, de manuels de formation de qualité en français et de cours offerts en français. Vous avez également signalé que l'accès aux services médicaux et policiers en français est difficile.
Je ne doute pas de la volonté du ministre de la Défense nationale, du gouvernement et des parties concernées de résoudre ces problèmes rapidement. Mais pourquoi sont-ils si difficiles à résoudre?
Prenons seulement la question du manque de manuels de formation de qualité en français. Ces services sont-ils donnés en sous-traitance? Est-ce qu'il y a un problème avec l'entreprise chargée de traduire les manuels? Manque-t-il de traducteurs pour les traduire? Qu'est-ce qui explique le manque de manuels de formation en français?
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Merci, monsieur le président. L'an dernier, 28 plaintes ont été adressées au commissaire aux langues officielles concernant la Défense nationale. La Défense nationale se classait parmi les 10 premières de toutes les agences, sociétés de la Couronne et ministères pour ce qui est du nombre de plaintes. C'est une information qui a été demandée un peu plus tôt et qui m'est revenue à l'esprit.
Je suis député de Gatineau. Je présume que votre bureau est à Ottawa ou à Gatineau.
Mgén Pierre Daigle: Il est à Ottawa.
M. Richard Nadeau: Je serais curieux de savoir — sans que vous me donniez leurs noms — si les personnes de votre entourage dans les bureaux de la Défense nationale sont toutes bilingues. Y a-t-il des unilingues francophones ou anglophones? Et s'il n'y a pas d'unilingues francophones, il y a des unilingues anglophones. Vous voyez un peu l'inégalité de la situation. De plus, habituellement, les gens qui parlent le français et l'anglais sont, pour la très vaste majorité, des personnes qui ont le français comme langue première.
Je vous pose la question simplement par curiosité. Y a-t-il effectivement des unilingues francophones, selon vous, qui ont autant de chances que des unilingues anglophones d'obtenir des postes dans la région au sein les Forces armées canadiennes? Une attention spéciale est-elle portée à cela?
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Vous avez aussi dit que vous n'êtes pas au courant de notre Modèle de transformation du programme des langues officielles de la Défense nationale. Cependant, vous êtes prompt à faire des critiques. Pourtant, de bonnes choses ont été faites.
Cette lettre, que je tiens à partager avec mes collègues, le général Walter Natynczyk l'a envoyée, le 5 janvier 2009, à tous les officiers généraux dans les Forces canadiennes. Cela comprend les grades militaires suivants: général, lieutenant-général, major-général et brigadier-général, pour ce qui est des forces armées terrestres et aériennes; et amiral, vice-amiral, contre-amiral et commodore, pour ce qui est des forces navales.
Cette lettre établit que la maîtrise du français ou de l'anglais langue seconde constitue dorénavant une compétence en matière de leadership. On ne peut pas obtenir de promotion sans avoir la maîtrise de ces langues.
Je suis un peu surprise. Ce n'est probablement pas de votre faute, car vous êtes en poste seulement depuis trois mois. Néanmoins, vous avez appris certaines choses des autres ombudsmans. Vous avez présenté ici aujourd'hui, monsieur Daigle, des réponses qui se veulent des critiques, mais les bonnes nouvelles, vous ne les avez pas partagées avec nos collègues.
Je m'excuse, mais j'aimerais qu'ils sachent que cette lettre démontre une volonté de s'assurer que la langue française fait partie de notre procédure de promotion.
De plus, je vous suggère sincèrement de regarder notre Modèle de transformation du programme des langues officielles de la Défense nationale. Je sais que vous êtes en poste depuis seulement trois mois. Toutefois, j'aimerais bien qu'il y ait un peu plus d'équilibre et d'équité, car de bonnes choses se sont produites. Je ne veux pas que nos collègues aient l'impression que rien n'a été fait, puisque d'autres choses ont été faites dont je sais que vous n'êtes pas au courant.
Sous peu, on va recevoir le ministre. Il viendra expliquer ces autres choses qui sont de bonnes nouvelles pour nos forces armées terrestre, aérienne et navale. Je suis d'avis qu'on prend sincèrement en compte la dualité linguistique dans nos démarches. Je veux seulement accorder du crédit à cela.
Je vous remercie.
:
Je désire faire un commentaire au sujet de l'analyse faite par notre analyste, M. Jean-Rodrigue Paré. Il a préparé un rapport. Il y a à peu près 35 pages de matériel didactique au sujet des cours. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la plupart du matériel est bilingue. Selon une estimation rapide, il y a peut-être 1 400 manuels didactiques, dont 50 sont peut-être en anglais seulement, ce qui correspond à une proportion d'à peu près 3 p. 100 ou 4 p. 100.
J'ai aussi remarqué que les manuels en anglais ne sont pas des manuels miliaires; ce sont plutôt de manuels destinés à aider lors des cours.
[Traduction]
Par exemple, ils portent des numéros ISBN. En voici un: Machinery's Handbook, 24th Edition. C'est un gros livre qui est utilisé comme complément au cours. En voici un autre sur la technologie des machines-outils. Ce sont des exemples de livres qui ne sont disponibles qu'en anglais.
[Français]
C'est pourquoi j'ai posé la question au sujet des pourcentages. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème à la base militaire de Borden. Je tiens à souligner qu'il y a des problèmes qu'on doit régler. Cependant, il y a aussi des perspectives importantes qui aident à mieux comprendre où on met l'effort d'abord. J'ai dit que les militaires sont reconnus pour établir les priorités.
[Traduction]
Voilà à quoi ils vont s'attaquer. Je crois qu'il est toujours bon de jeter un coup d'oeil aux statistiques associées aux commentaires qui sont faits afin de saisir l'ampleur d'un problème.
Comme je l'ai mentionné, je n'ai fait qu'un survol très rapide. Je sais que l'analyste va distribuer ce document. Nous pouvons tous faire un examen plus poussé. Mais d'après ce que j'ai pu voir, de 90 à 95 p. 100 des manuels sont bilingues. Seulement quelques-uns ne le sont pas, et ils portent un numéro ISBN, ce qui signifie qu'on peut les acheter sur le marché.
Merci, monsieur le président, de m'avoir permis de m'adresser au comité.